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06.03.2025 à 21:20

«Des quartiers à l’Assemblée: un député LFI témoigne» avec Aly Diouara

Tentatives d’invalidation de son élection, accusations infondées, injures, contrôles au faciès: élu en juillet 2024, le député LFI Aly Diouara a été confronté au mépris de classe et au racisme, comme d’autres élus issus des quartiers populaires, avant et après son arrivée à l’Assemblée nationale. Invité exceptionnel d’Aude Lancelin sur QG le jeudi 6 mars, … Continued

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Tentatives d’invalidation de son élection, accusations infondées, injures, contrôles au faciès: élu en juillet 2024, le député LFI Aly Diouara a été confronté au mépris de classe et au racisme, comme d’autres élus issus des quartiers populaires, avant et après son arrivée à l’Assemblée nationale.

Invité exceptionnel d’Aude Lancelin sur QG le jeudi 6 mars, il est revenu sur son entrée au Palais Bourbon, la cohabitation parfois compliquée avec les élus du RN, ses désaccords avec François Ruffin et sa vision de Jean-Luc Mélenchon, qu’il considère comme le seul candidat de la gauche de rupture qui soit à la hauteur des enjeux, accusant le PS d’avoir tout trahi, notamment sous François Hollande, et plus récemment en ne votant pas la censure.

04.03.2025 à 21:15

«Quand les élus se servent au lieu de servir» avec Philippe Pascot

Entre dépenses injustifiées, impunité judiciaire et enrichissement personnel, des élus s’octroient des privilèges exorbitants tout en demandant au peuple de se serrer la ceinture. Des sénateurs reçoivent des retraites confortables, nettes d’impôt, des ministres épinglés par le Fisc restent en poste sans la moindre sanction, tandis que les salariés, eux, sont traqués au centime près. … Continued

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Entre dépenses injustifiées, impunité judiciaire et enrichissement personnel, des élus s’octroient des privilèges exorbitants tout en demandant au peuple de se serrer la ceinture. Des sénateurs reçoivent des retraites confortables, nettes d’impôt, des ministres épinglés par le Fisc restent en poste sans la moindre sanction, tandis que les salariés, eux, sont traqués au centime près.

Haussman Vwanderday a reçu le mardi 4 mars sur QG, Philippe Pascot, écrivain, journaliste et auteur de Pilleurs d’État – Encore et encore, pour parler d’un système où les élus sont protégés par des instances telles que la CJR, où l’inéligibilité est contournée pour permettre aux mêmes visages de revenir encore et encore. Pendant que la société s’appauvrit, une élite politique s’engraisse en toute impunité.

03.03.2025 à 10:47

« Une campagne centrée sur l’immigration a permis à l’AfD de doubler son score en Allemagne »

À droite toute ! C’est la direction prise par les électeurs allemands à l’issue des élections fédérales anticipées du 23 février où le parti libéral-conservateur CDU est sorti en tête (29% des voix), suivi par le parti d’extrême-droite AfD (21%); le tout avec une abstention historiquement faible. Pour QG, l’économiste Bruno Amable, co-auteur de « L’Illusion … Continued

Texte intégral 2977 mots

À droite toute ! C’est la direction prise par les électeurs allemands à l’issue des élections fédérales anticipées du 23 février où le parti libéral-conservateur CDU est sorti en tête (29% des voix), suivi par le parti d’extrême-droite AfD (21%); le tout avec une abstention historiquement faible. Pour QG, l’économiste Bruno Amable, co-auteur de « L’Illusion du bloc bourgeois », professeur à l’université de Genève, revient sur une campagne électorale centralisée sur la question de l’immigration, occultant les thématiques économiques et sociales, favorisant ainsi le vote AfD. Un vote qui illustre également le maintien d’un fort clivage entre l’Ouest et l’Est de l’Allemagne, 35 ans après la réunification. Mais aussi un appel du pied de la CDU vers l’AfD à l’avenir, comme en atteste la loi anti-immigration portée par la CDU en janvier et votée avec les voix des députés AfD. Ce qui a, tout de même, contribué au rebond électoral de Die Linke, qui devra être scruté pour la suite, notamment face à un SPD, parti social-démocrate, en fort recul. Interview par Jonathan Baudoin

Bruno Amable, économiste français, spécialiste du néolibéralisme, professeur à l’université de Genève, co-auteur de L’illusion du bloc bourgeois (Raisons d’Agir)

Comment analysez-vous les résultats des élections fédérales allemandes du 23 février dernier?

Il y a un déclin des partis dits de gouvernement, une montée spectaculaire du parti d’extrême-droite AfD [Alternative pour l’Allemagne, NDLR] et un rebond quasi inespéré du parti de gauche Die Linke. Parmi les partis de gouvernement, les libéraux ont été lourdement frappés, n’atteignant pas le seuil de 5%, disparaissant ainsi du parlement. Le SPD [Parti social-démocrate d’Allemagne, NDLR] fait une des plus mauvaises performances de toute son histoire. Même la CDU [Union démocrate-chrétienne, NDLR], pourtant parti vainqueur des élections, ne fait pas un score terrible.

L’extrême-droite en revanche fait plus que doubler son nombre de voix, pour atteindre près de 21%. Ce qui est un énorme choc pour un pays comme l’Allemagne.

Avec une participation record depuis la réunification de 1990, peut-on dire que les votes pour la CDU et l’AfD marquent une adhésion très forte des électeurs allemands des à idées conservatrices, voire même réactionnaires?

Ce qu’il y a, c’est que tout a été fait pour que la campagne électorale soit dominée par la question de l’immigration. Celle-ci est prédominante car, contrairement à la France, sur les deux grandes vagues de réfugiés, Syrie et Afghanistan d’abord, Ukraine ensuite, l’Allemagne a accueilli beaucoup de personnes. Cette question de l’immigration est présente, car il y a eu un nombre très élevé de réfugiés.

D’un autre côté, les partis ont tout fait pour prendre position sur cette question et faire en sorte que la campagne électorale soit dominée par cette question-là. La CDU et le SPD n’ont pas d’énormes divergences sur le plan de la politique économique, ni sur la politique extérieure. Donc, une façon d’attaquer, pour la CDU, et une façon de se défendre, pour le SPD, était de se placer sur cette question migratoire. Ils ont fait de façon à être le plus restrictif possible en disant: « On va limiter les entrées », etc.

Comme on pouvait s’y attendre, à l’instar de ce qui se passe en France, la mise au premier plan du thème de l’immigration sur le mode « inquiet » a favorisé le parti qui a ce thème-là comme principal cheval de bataille. C’est-à-dire l’AfD, qui s’est trouvé valorisé par cette mise en avant de l’immigration.

Le basculement à droite serait mieux évalué si on avait une mise en avant plus prononcée des thèmes économiques et sociaux. Ce qui n’a pas été le cas au cours de la campagne qui vient de se passer.

La primauté à l’immigration dans les débats, ainsi que les influences extérieures en provenance des États-Unis avec Elon Musk, ont-elles biaisé la participation et les résultats, notamment en faveur de l’AfD?

Sur l’effet Elon Musk, je viens de lire un graphique qui montre que suite à l’intervention de Musk, il n’y a pas eu d’effet positif sur les votes conservateurs, mais plutôt sur le vote pour Die Linke. Mais cela semble être plutôt une coïncidence. Il n’y a pas de preuve que l’intervention de Musk ait joué en la faveur de l’AfD ou, au contraire, favorisé une mobilisation contre l’AfD.

La question du vote de la résolution anti-immigration, proposée par la CDU au Bundestag et votée avec les voix de l’AfD, a eu un effet probablement plus fort que les déclarations de Musk, à mon avis.

Est-ce que ces élections illustrent encore un fort clivage entre les Allemands de l’Ouest et les Allemands de l’Est selon vous?

Cela se constate toujours. L’AfD est le premier parti à l’Est. Ce qui n’est pas le cas à l’Ouest. Ce qui s’est passé, en revanche, c’est que Die Linke, qui était marginal à l’Ouest et fort à l’Est, s’est renforcé à l’Ouest, perdant en parallèle son héritage du PDS et donc son caractère de parti de l’Est pour être un parti de gauche pour toute l’Allemagne.

La carte des résultats des élections fédérales du 23 février montre clairement un clivage Est/Ouest: en bleu ciel l’AfD arrive en tête; en noir la CDU reste le premier parti ©Ifri

Quel regard portez-vous sur le recul historique du SPD, ainsi que des Verts et du FDP, qui formaient l’ancienne coalition gouvernementale depuis 2021?

Si on regarde sur une période longue, donc plusieurs décennies, il y a une tendance à la baisse du score du SPD. Cela se manifeste par le fait que son électorat de base est vieillissant. Il connaît, un peu, le déclin de tous les partis de centre-gauche en Europe, qui sont orientés dans une politique de moins en moins sociale-démocrate, qui ont perdu leur base populaire et qui ont du mal à renouveler leur base sociale parce qu’ils ne sont, soit pas assez écologistes, soit pas assez à gauche, soit pas assez en prise avec les thèmes qui intéressent les électeurs les plus jeunes.

Quant aux Verts, c’est un peu différent. Il y a un recul, mais il n’est pas aussi prononcé. Sur une longue période, c’est difficile à dire. Ce qui est notable, c’est qu’il devenu de plus en plus un parti centriste. Ce qui faisait la distinction historique des Verts, l’engagement pour le désarmement, pour la paix, est gommé depuis un bon moment. Mais cela a été particulièrement manifeste durant la participation au gouvernement Scholz. C’est un parti de gens assez aisés, qui ont, certes, des préoccupations pour l’environnement, mais qui ont aussi des préoccupations habituelles de gens aisés. C’est pour ça que je dis que les Verts sont un parti centriste, ou de centre-gauche, avec une particularité qui est l’orientation vers l’environnement.

Comment analysez-vous la dynamique observée autour du vote pour Die Linke et quelles leçons ce parti de gauche devrait en tirer pour avoir une base solide auprès de la population allemande à l’avenir?

Une bonne partie des problèmes de Die Linke était une sorte de flottement dans la ligne, qui se reflétait dans des conflits de leadership. C’était très compliqué d’avoir une orientation. Cela a culminé avec la scission, lorsque Sahra Wagenknecht a emporté une partie des députés de Die Linke pour créer son propre parti BSW. Cela a semblé très mauvais pour Die Linke, dans la période immédiatement consécutive à la scission, mais finalement, cela lui a permis de régler, au moins, les hésitations dans le leadership, dans la ligne politique, etc. Et comme ils ont pu réorienter leur ligne politique dans une direction définitivement antiraciste, sociale, contre l’extrême-droite, cela a plu à une partie des électeurs qui ne voyaient plus le SPD comme un parti de gauche porteur de valeurs sociales et économiques comme les valeurs d’ouverture vis-à-vis de l’immigration. Le SPD s’était présenté comme un parti qui présentait des mesures de limitation de l’immigration. Finalement, la scission a été un mal pour un bien, permettant à Die Linke de revenir sur les fondamentaux d’un parti de gauche.

Pour l’avenir, on peut dire qu’ils ont intérêt à poursuivre sur cette voie et à élargir leur offre politique en direction d’une politique économique et sociale qui soit vraiment une alternative à ce que proposent les partis traditionnels, la CDU mais aussi le SPD ou autres, et à ce que propose l’AfD, à savoir une ligne très trumpienne.

Sahra Wagenknecht, ex-communiste et ancienne membre de Die Linke, dirige désormais l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW), un parti classé comme « conservateur de gauche », critique sur la question de l’immigration

Dans une précédente interview que vous nous aviez accordée, nous avions évoqué l’alliance Sahra Wagenknecht (BSW), du nom de sa cheffe, ancienne leader de Die Linke ayant quitté le parti en 2023 sur fond de divergences, notamment sur l’immigration. Est-ce que l’échec de BSW à atteindre le seuil de 5% des voix pour obtenir des sièges au Bundestag marque un coup d’arrêt pour ce parti ?

BSW a échoué de peu à obtenir des députés, n’ayant manqué que 13.000 voix. Cela aurait pu changer la donne, car si le parti avait franchi ce seuil, la formation du gouvernement se serait compliquée : la CDU aurait dû chercher deux partenaires pour une coalition majoritaire au lieu d’un seul. Toutefois, cet échec ne signifie pas nécessairement un coup d’arrêt pour BSW. La dynamique ascendante du parti est temporairement freinée, et sa stratégie visant à récupérer des voix de l’AfD n’a pas porté ses fruits. Le transfert de voix entre les deux partis reste faible, voire négligeable. Ainsi, BSW n’a pas atteint son objectif initial : convaincre un électorat économiquement précaire, réticent à l’immigration mais potentiellement réceptif aux propositions économiques de gauche, de voter pour lui plutôt que pour l’AfD, dont le programme est loin d’être social.

Est-ce qu’un scénario de coalition CDU-AfD est plausible ou faut-il anticiper une nouvelle « grosse coalition » CDU-SPD?

Cette dernière suggestion est celle qui tient le plus la corde. Cela paraît très difficile de faire passer une coalition CDU-AfD en l’état actuel. À l’avenir, plus ou moins proche, ce sera plus envisageable. Là, telle quelle, cela me semble assez difficile. Les sondages disent qu’entre 2/3 et 3/4 des électeurs allemands sont opposés à une telle coalition.

Mon interprétation au sujet de la résolution sur l’immigration proposée par la CDU et votée par l’AfD est que la CDU a envoyé un signal disant qu’il pourrait très bien, sans avoir une coalition gouvernementale avec l’AfD, faire passer des textes avec les votes de l’AfD. Cela donnerait à la CDU une carte supplémentaire pour peser sur les négociations avec le SPD et pour avoir un accord de coalition sur un programme.

Pour l’instant, dans l’état actuel de l’électorat, je vois assez mal une coalition CDU-AfD crédible. D’autant plus que Friedrich Merz, leader de la CDU, a beaucoup insisté sur les différences avec l’AfD, notamment sur le plan de la politique extérieure et de l’attitude à tenir vis-à-vis de la Russie.

Friedrich Merz, chef de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), est devenu ke chancelier allemand suite à l’arrivée en tête de son parti aux élections anticipées

Quelles conséquences ces élections peuvent avoir sur la place de l’Allemagne en Europe et dans sa relation avec la France?

Cela a été un thème spécifique de la CDU qui, pour attaquer la coalition sortante et le chancelier Olaf Scholz, a déclaré que dans la situation actuelle avec la Russie, avec Trump, etc, il est important d’avoir un lien très fort avec la France et de renouer une coopération étroite avec la France dans le cadre de l’Union européenne. Merz en fait un de ses objectifs, accusant Scholz de n’avoir rien fait sur ce plan. S’il tient ses promesses, on peut s’attendre à ce qu’il tente de renouveler cette alliance, au niveau européen, entre les deux plus grands pays. Avec un objectif, celui de l’augmentation des dépenses militaires, des capacités de défense. Ce qui implique la question de la dette, du frein à la dette, avec une possibilité de changement de la constitution allemande pour abroger ce frein à la dette, pour pouvoir permettre un endettement supplémentaire. Pour Merz, ce serait la possibilité d’augmenter les dépenses militaires, augmentant éventuellement l’endettement pour la défense nationale. Dans cette optique-là, cela offre un rapprochement avec la position française, qui considère que cette histoire de limitation de l’endettement public est plus un empêchement sur le plan économique qu’autre chose. On est moins dans une opposition France-Allemagne sur la question de la dette publique et la nécessité de respecter les critères quantitatifs sur le déficit public.

Propos recueillis par Jonathan Baudoin

Bruno Amable est économiste, professeur à l’université de Genève (Suisse). Il est l’auteur de : Le Néolibéralisme (PUF, 2023), Où va le bloc bourgeois ? (avec Stefano Palombarini, La Dispute, 2022), La résistible ascension du néolibéralisme (La Découverte, 2021), L’Illusion du bloc bourgeois (avec Stefano Palombarini, Raisons d’Agir, 2017), L’économie politique du néolibéralisme (Presses de l’École normale supérieure, 2012), Les cinq capitalismes (Seuil, 2005)

Photo d’ouverture : Alice Weidel, cheffe du parti d’extrême droite allemand Alternative für Deutschland (Alternative pour l’Allemagne, AfD), arrivé en deuxième position des élections fédérales allemandes avec un score historique.

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