07.03.2025 à 18:28
Seize ans après, Claude Askolovitch tente de classer l'affaire Siné
« Ce que nous vivions en 2008 peut sembler dérisoire en comparaison de notre temps. »
- La presse satirique et Charlie Hebdo / Claude Askolovitch, France Inter, Siné Mensuel, Charlie Hebdo, SinéJuillet 2008 : Siné est renvoyé de Charlie Hebdo par Philippe Val. Cette affaire, qui a ébranlé la presse, avait fait vaciller la rédaction de l'hebdomadaire satirique [1]. C'est une histoire (ancienne) que les vivants peuvent réécrire à l'envi. Claude Askolovitch, qui en fut l'un des principaux instigateurs, fait partie de ceux-là. Alors que le dernier (et ultime) numéro de Siné Mensuel sort dans les kiosques, le libelliste y consacre un bout de sa revue de presse sur France Inter (5/03/2025) : Siné c'était un anar du dessin, qui avait entrepris de choquer le bourgeois dans la guerre d'Algérie. Mort en 2016, il avait lancé son journal en 2008 après avoir été renvoyé de Charlie hebdo pour une chronique où il moquait une éventuelle conversion au judaïsme d'un fils de Nicolas Sarkozy. A l'époque, l'été 2008, on s'était disputé sur la nature antisémite ou non du texte... Catherine Sinet qui, après son époux, a poursuivi son journal rappelle en ouverture que « le sieur Askolovitch », oui c'est moi, avait lancé cette polémique, c'était sur une autre radio. Il est étrange et juste de lire mon nom ainsi dans ce numéro qui va rester. Ce que nous vivions en 2008 peut sembler dérisoire en comparaison de notre temps – nous en parlons parfois Catherine Sinet et moi. Askolovitch raconte ici de manière très arrondie l'affaire et suggère même que Catherine Sinet et lui en ont devisé ensuite comme de vieux amis après une brouille. Et pourtant… Le rôle d'Askolovitch à l'époque n'avait pas été simplement de se « disput[er] sur le nature antisémite ou non du texte » mais bien de livrer la première estocade et de mobiliser l'armada médiatique contre Siné… jusqu'à provoquer son départ de l'hebdomadaire satirique. Et puis, contrairement à ce qu'il prétend, Catherine Sinet et lui n'en parlent pas « parfois ». Contactée par nos soins, la directrice du mensuel nous rappelle qu'ils ne se sont eus qu'une seule fois au téléphone il y a quelques mois et que la conversation n'avait rien d'amical. D'ailleurs, nous dit-elle, « cette histoire a complètement chamboulé ma vie. » Alors, rappelons les faits rapidement. Eté 2008, le dessinateur Siné écrit : « Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l'UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n'est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! » [2] Philippe Val qui déteste Siné cherchait un prétexte : il l'a trouvé. Grâce à son entregent, il mobilise les inquisiteurs médiatiques habituels (Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut, Laurent Joffrin, Daniel Leconte, Élisabeth Badinter ou Joann Sfar) pour dénigrer Siné dans la presse et lui faire un procès en antisémitisme. Il somme le dessinateur de s'excuser. Apprenant qu'une pétition contre lui circule au sein du journal, ce dernier refuse. La LICRA porte plainte contre Siné pour antisémitisme et Charlie Hebdo le renvoie. Le dessinateur fonde Siné Hebdo (qui devient Siné Mensuel). Il gagne ses procès et quelques années plus tard Charlie Hebdo est condamné à « verser des dommages et intérêts au dessinateur Siné pour rupture abusive du contrat qui le liait au journal depuis 16 années. » [3] Mais au départ, c'est bien Claude Askolovitch, journaliste alors au Nouvel Observateur qui est à l'origine de cette cabale. Lors d'une intervention sur RTL dans « On refait le monde » (émission de cabotinage – ancêtre de ce qui se fait de pire en termes d'émission de débats [4]), il dit à propos du texte de Siné, paru six jours plus tôt : C'est un article antisémite dans un journal qui ne l'est pas (...). Philippe Val n'a pas lu cette chronique, parce qu'il déteste tellement Siné qui fait partie de la vieille garde de Charlie Hebdo, d'un gauchisme imbécile qu'il exècre, dixit Philippe Val, qu'il ne les lit plus. (...) Et la semaine prochaine, il va faire son éditorial, je l'ai eu au téléphone, pour expliquer que Siné est une ordure, a dérapé totalement, et qu'il devrait partir. Dans la foulée, Siné intente un procès pour diffamation à l'encontre du chroniqueur. Pour tenter d'éteindre le feu, ce dernier propose à Catherine Sinet « qu'on se voie pour dîner ». « On ne va pas se faire des procès ! » lui aurait-il dit. Le couple ne se laisse pas amadouer. Aujourd'hui encore, elle n'en revient pas : « Je suis sur le cul qu'il m'ait appelée pour un dîner ! ». « Ce que nous vivions alors peut sembler dérisoire en comparaison de notre temps » commente à présent Askolovitch. Une façon de minimiser l'emballement médiatique suscité par sa chronique et la réaction de Val ? Pourtant, à l'époque déjà, Pierre Rimbert notait sur le site du Monde diplomatique que « depuis le début des années 1990, on ne comptait plus les adversaires de l'impérialisme, du néolibéralisme, des médias dominants…, qualifiés d'antisémites, voire de "nazis" par quelque gardien de l'ordre social. » Et d'égrener la liste des vilains : « Edgar Morin, Pierre Péan et Philippe Cohen, Daniel Mermet, Hugo Chavez, Pascal Boniface, Jacques Bouveresse, Charles Enderlin, Pierre Bourdieu, José Bové… sans oublier Le Monde diplomatique » qui furent « tour à tour suspectés ou accusés d'antisémitisme ». Seize années plus tard, la liste s'est encore allongée, mais les procureurs médiatiques sont toujours les mêmes et Claude Askolovitch est l'un des leurs [5]. Mathias Reymond [1] Lire Mohicans de Denis Robert, Julliard, 2015. [2] Charlie Hebdo, 2 juillet 2008. [3] Lire nos articles : « Charlie Hebdo condamné dans l'affaire Siné : "Tout le monde en parle" ? » et « Une nouvelle victoire de Siné contre l'éditocratie ». [4] Lire « Les cabotins des ondes », Le Monde Diplomatique, mai 2006. [5] Au diapason des médias dominants, il décochait récemment des flèches contre LFI (en particulier sur X contre Rima Hassan ou Aymeric Caron) Texte intégral 1542 mots
07.03.2025 à 10:00
Jean-Michel Aphatie, Barbara Lefebvre, Hanouna et compagnie : revue de presse de la semaine
Critique des médias : une revue de presse hebdomadaire. Si ce n'est exhaustive, au moins indicative [1]. Au programme : du 28/02/2025 au 06/03/2025. « Médias mainstream : servir les patrons, invisibiliser les travailleurs », Blast, 2/03. « L'obsession Retailleau », Acrimed, 4/03. « Chère Barbara Lefebvre », Blast, 1/03. « Sur CNews, "L'heure des pros" pro-Trump, pro-Poutine et complotiste de Pascal Praud », Télérama, 4/03. « Ary Abittan dans "C à vous" : qu'est-ce qu'on a fait au service public ? », Arrêt sur images, 1/03. « Hanouna version Bolloré, du trublion télé au propulseur de l'extrême droite », Arrêt sur images, 28/02. « Hanouna : un nouveau "TPMP" en ligne dure », Les Jours, 5/03. « Du "Point" à Elon Musk, qui veut la peau de Wikipédia ? », Arrêt sur images, 28/02. « Fin de partie pour Siné Mensuel », Blast, 5/03. « Les dessous de la nouvelle chaîne de Cyril Hanouna, Zoubida TV », L'Informé, 3/03. « Loin de la TNT, Cyril Hanouna séduit toujours 1,3 million de téléspectateurs », Le Figaro, 5/03. « France télévisions serre la vis sur les notes de frais », La Lettre, 4/03. « France TV : les préparatifs de la course à la présidence », La Lettre, 5/03. « L'audience radio, future victime collatérale de l'interdiction du démarchage téléphonique abusif ? », Le Figaro, 5/03. « L'arrivée de Cyril Hanouna dans le Groupe M6 suscite l'opposition des journalistes », Le Monde, 28/02. « Aphatie mis "en retrait" par RTL après ses propos sur l'Algérie et Oradour », Arrêt sur images, 5/03. « "Il faut vider la bande de Gaza" : retour sur dix jours de gestion de crise aux "Grandes gueules" », Arrêt sur images, 4/03. « Le malaise persiste au Parisien sur la couverture de LVMH », La Lettre, 6/03. « Médias : Les anciens patrons du Canard enchaîné condamnés pour discrimination syndicale », Blast, 3/03. « Bolloré embauche la propagandiste pro-Poutine Xenia Fedorova, ex-patronne de Russia Today », StreetPress, 6/03. « "C'est sa décision" : Après sa condamnation, Christophe Dechavanne quitte "Quelle époque !" sur France 2 le temps de la procédure judiciaire », Pure Médias, 28/02. « Censure électorale : le Conseil d'État donne raison à "Mediapart" », Arrêt sur images, 28/02. « Comment Meriem Laribi a fait entrer Gaza à l'Elysée », Arrêt sur images, 3/03. « Périclès : "Souveraine Tech", le média soutenu par le projet du milliardaire conservateur Pierre-Edouard Stérin », Le Monde, 3/03. « Comment le milliardaire d'extrême droite Stérin inonde le web d'influenceurs cathos-réac », StreetPress, 6/03. « Contrôle technique annuel ? L'État obligé de démentir des médias », Arrêt sur images, 28/02. « Seine-Saint-Denis : la vendeuse de journaux est la star du marché », La Revue des médias, 4/03. « "Guerre civile" : à Crépol et Romans-sur-Isère, des journalistes locaux en première ligne », La Revue des médias, 6/03. « Avant de s'éteindre, C8 diffuse par surprise le film anti-avortement "Unplanned" », Libération, 1/03. « "Libéré" de l'Arcom, Cyril Hanouna rappelé à l'ordre par… YouTube », L'Informé, 5/03. Et aussi, dans le monde : Allemagne, États-Unis, États-Unis (bis), Égypte, Nicaragua, Italie, Ghana, Mexique, Burundi, Équateur, Russie... Marie Bénilde, Le péril Bolloré, La Dispute, 7 mars 2025. Christophe Magis, Pour une critique matérialiste des médias, Éditions sociales, 7 mars 2025. Retrouver toutes les revues de presse ici. [1] Précisons-le : référencer un article dans cette revue de presse ne signifie pas forcément que nous y souscrivons sans réserve. Texte intégral 1424 mots
Critique des médias
Économie des médias
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Parutions
04.03.2025 à 14:56
Médias et capital politique. Plus d'une dizaine de Unes depuis septembre 2024 : Bruno Retailleau est sans nul doute l'obsession médiatique des derniers mois – il y a quelques semaines, le gratin des éditorialistes et journalistes politiques composant le jury du « Trombinoscope » l'a d'ailleurs élu « personnalité politique de l'année ». À l'exception de celle de Libération, ces Unes lui sont toutes favorables. Les médias de droite et d'extrême droite accompagnent quant à eux leur « champion » du moment et signent, bien sûr, leur alignement idéologique. Mais plus généralement, ces Unes témoignent de la concordance avec laquelle les grands médias suivent le tempo des « personnalités » qui concentrent le plus fort capital politique… et assurent elles-mêmes au mieux leur promotion et le développement de leur capital médiatique : communication agressive, saturation de l'espace, proximité avec les éditorialistes, etc. Bref, la construction médiatique des « incontournables » fonctionne à plein. Comme Emmanuel Macron avant lui, superstar médiatique observée jusqu'à l'obsession, mais aussi Alain Juppé, Bernard Cazeneuve, Gabriel Attal, Raphaël Glucksmann, Jordan Bardella ou encore Éric Zemmour, c'est au tour de Bruno Retailleau d'être celui qui, du point de vue des médias, « fait l'actu ». De quoi, en retour, renforcer encore davantage son capital politique… et demeurer au premier plan. Maxime Friot et Pauline Perrenot Lire 409 mots
02.03.2025 à 18:09
Médias et travail : célébrer la « valeur travail », invisibiliser les travailleurs (vidéo)
Acrimed sur Blast.
- Travail, salaires, emploi, etc. / Travail, Chômage, emploi, Accidents du travail, Acrimed sur Blast
28.02.2025 à 10:00
C8, BHL, Wikipédia et compagnie : revue de presse de la semaine
Critique des médias : une revue de presse hebdomadaire. Si ce n'est exhaustive, au moins indicative [1]. Au programme : du 21/02/2025 au 27/02/2025. « BHL : nouvelle parade médiatique », Acrimed, 25/02. « Cher Bernard Henri-Lévy », Blast, 22/02. « Le Point et l'éditocratie contre Wikipédia », Acrimed, 21/02. « Wikipédia, leur mauvaise conscience », Arrêt sur images, 21/02. « Sophia Aram, Caroline Fourest, Raphaël Enthoven : pourquoi veulent-ils tous la mort de Wikipédia ? », Le Média, 26/02. « "Cessez-le-feu" à Gaza : les œillères et les partis pris du Parisien », Acrimed, 27/02. « Que sont nos médias devenus ? », UJFP, 25/02. « Antisémitisme et "collabos" : les grands écarts de Franz-Olivier Giesbert », Blast, 25/02. « Bayrou et Bétharram : les médias face au scandale », Arrêt sur images, 21/02. « Affaire Bétharram : les mensonges de Bayrou, la complicité des médias », Blast, 23/02. « Les violences sur les enfants, nouvelle "tendance" de la téléréalité ? », Arrêt sur images, 22/02. « Affaire Louise : anatomie d'une instrumentalisation ratée », L'Humanité, 22/02. « Jacques Cardoze enterre C8 avec des enquêtes faisandées », Télérama, 21/02. « Le "JDD", l'Arcom et C8 : "révélations choc", (très) peu d'investigation », Arrêt sur images, 27/02. « Bernard Arnault, les patrons et la surtaxe : ne parlez surtout pas de chantage », Arrêt sur images, 23/02. « La fin de NRJ 12, un scénario noir pour le groupe NRJ », Le Monde, 21/02. « La disparition de C8 va-t-elle mettre "400 personnes au chômage" ? », Libération, 23/02. « Licenciements économiques chez PlayBac Presse (Le Petit Quotidien, l'Actu…) », L'Informé, 25/02. « Le mépris doit changer de camp ! », SNJ, 27/02. « La mission Soriano relance les rivalités entre quotidiens et magazines », La Lettre, 24/02. « Marianne : un tiers de la rédaction quitte le navire de Daniel Kretinsky », La Lettre, 25/02. « Guerre à Gaza : la rédaction de RMC veut écarter cette "Grande Gueule" après ses propos sur les Palestiniens », Huffington Post, 25/02. « Un nouveau patron de la rédaction chez Midi Libre », La Lettre, 27/02. « "20 Heures" de TF1 : enquête interne et mise en retrait du rédacteur en chef après un "incident" », Libération, 21/02. « On ne laisse pas Baba dans un coin », Les Jours, 27/02. « Publicités clandestines, agressions sexuelles, insultes : la liste des 36 alertes et amendes de l'Arcom à l'adresse de C8 », Libération, 25/02. « Soumya Bourouaha : "Loin d'être neutre dans sa ligne éditoriale, C8 a progressivement basculé dans une volonté manifeste de manipuler l'opinion" », L'Humanité, 27/02. « Hanouna, Wauquiez et Retailleau : pas touche à l'État de droit », Arrêt sur images, 22/02. « Askolovitch, "Madame Gardin" et moi », Arrêt sur images, 24/02. « "Brûler l'ambassade d'Algérie" : comment les propos de Louis Sarkozy sont devenus un sujet », Arrêt sur images, 25/02. « "Il n'y a aucune erreur factuelle" : La production de "Sur le front" défend Hugo Clément accusé de "complotisme" par des scientifiques après un reportage sur France 5 », PureMédias, 27/02. Et aussi, dans le monde : États-Unis, États-Unis (bis), États-Unis (ter), Canada, Mali, Russie, Chine, Iran, Turquie,Turquie (bis)... Retrouver toutes les revues de presse ici. [1] Précisons-le : référencer un article dans cette revue de presse ne signifie pas forcément que nous y souscrivons sans réserve. Texte intégral 1381 mots
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27.02.2025 à 17:29
« Cessez-le-feu » à Gaza : les œillères et les partis pris du Parisien
Déshumanisation et double standard.
- 2010-... La désinformation continue / Gaza, Israël, Palestine, Le ParisienLe 16 janvier 2025, à l'annonce d'un accord de « cessez-le-feu » entre l'État d'Israël et le Hamas, le Proche-Orient retrouvait le chemin de la Une du Parisien. Nous avons compilé tous les articles parus dans la version papier entre le 16 janvier et le 6 février, soit les trois premières semaines sur les six qu'est censée couvrir la première phase de cet accord. Leur analyse ne vient nullement contredire la conclusion du deuxième volet que nous avions consacré aux Unes du quotidien : « Alors que la guerre génocidaire fait rage […] en Palestine, le quotidien poursuit tête baissée sa caricature du double standard, où désinformation et déshumanisation des Palestiniens vont de pair. » « Jusqu'au bout, Israël n'a pas su s'il fallait y croire. » Cet incipit du premier article consacré aux suites de l'accord de « cessez-le-feu » à Gaza suffirait à synthétiser la ligne éditoriale du Parisien : raconter les événements du point de vue israélien et laisser Gaza hors-champ, au point de désinformer – parfois tout court, souvent par omission, toujours grossièrement – s'agissant du vécu des Palestiniens. Entre le 16 janvier et le 6 février, 29 articles ont nourri les pages de la rubrique « International » consacrées à la situation au Proche-Orient. Près des deux tiers (17) sont des reportages et des récits portant sur Israël, les otages israéliens, leur entourage, leurs souffrances ou leur libération. Sept autres sont des articles « grand angle » rapportant les termes de l'accord et ce qu'en dit la presse israélienne (16/01), les coulisses de la « trêve signée Trump » et le « rôle du Qatar » (17/01), les velléités du président américain de « déplacer les Gazaouis » (27/01) ou de « prendre le contrôle » de Gaza (6/02) et les réactions qu'elle suscitent en Israël, entre « euphorie et scepticisme » (6/02) ; ou encore des interrogations sur « la survie politique de Netanyahou » (31/01). Restent donc un édito, intitulé « Le séisme du 7 octobre » (17/01), deux interviews, menées avec le négociateur israélien Gershon Baskin (17/01) et l'ancien ambassadeur de France à Washington Gérard Araud (6/02)… et seulement 2 articles dédiés aux Palestiniens de Gaza [1], auxquels s'ajoute – au sein d'un article plus large sur les retours d'otages – un court focus sur « la libération de près de 800 prisonniers palestiniens ». Énoncé dans le chapô, cet événement y est d'emblée décrit comme une source d'« inquiétude » et donc commenté… selon un point de vue israélien, ce que laissait déjà entendre le titre de l'article en question : « Israël partagé entre la joie de retrouver les otages et le prix à payer » (19/01). « Prix à payer qui fait grincer des dents », nous dit même la suite de l'article. Une métaphore parmi d'autres pour réifier les prisonniers palestiniens : « monnaie d'échange aux otages » par exemple (2/02), mais aussi « contreparties qui crispent une partie de l'opinion » (20/01) – israélienne, pour peu que la précision fût nécessaire. Au sein du corpus, si l'on trouve 125 occurrences des termes « otage » et « captif », exclusivement employés pour désigner les Israéliens, on n'en trouve aucune pour « prisons israéliennes » ; quant aux « prisonniers » palestiniens, ils apparaissent de manière totalement résiduelle : seulement 20 occurrences, soit plus de six fois moins. Leur invisibilisation saute aux yeux dès les titres, puisqu'aucun ne les mentionne au cours de ces trois semaines. Ils ne sont pas, à proprement parler, une « information ». Pas une seule voix palestinienne n'est d'ailleurs présente pour exprimer un témoignage sur leurs libérations : ni famille, ni proche. Les Palestiniens qui assistent aux libérations d'otages israéliens à Gaza sont en revanche animalisés, systématiquement décrits comme une « foule » tantôt « désordonnée » (25/01), « déchaînée » (1/02) ou « chaotique » (26/01), quand la rédaction ne parle pas plus simplement de « hordes de sympathisants » (26/01) qui « gênent la progression des camionnettes blanches dans lesquelles se trouvent [les otages] » (31/01). Dès le premier article consacré aux suites du « cessez-le-feu », Le Parisien indique du reste à ses lecteurs l'essentiel de ce qu'il tient à leur faire savoir concernant les prisonniers palestiniens : « Un terroriste libéré sera le meurtrier de demain ». Choisie en guise d'intertitre, cette citation est un slogan scandé par « des manifestants […] réunis à Jérusalem pour protester contre les négociations en cours ». La rédaction aurait pu mettre en relief d'autres jugements ou d'autres acteurs, mais elle a décidé de distinguer ceux-ci. Et il n'en va pas là d'un accident éditorial, tant le portrait des prisonniers se brosse en un seul mot : une menace. En trois semaines, aucun article à part entière n'est dédié à couvrir leur libération, dont on ne dispose d'ailleurs d'aucune photographie – à titre de comparaison, les otages israéliens et les rassemblements qui les soutiennent font l'objet de 15 clichés. La couverture la plus « étoffée » provient de l'article du 19 janvier précédemment cité. Seuls deux noms sont alors donnés : Ahmed Barghouti et Zakaria Zubaidi [2], dont la rédaction indique qu'il a été libéré en 2011 puis « renvoyé en prison, ainsi que de nombreux autres détenus qui ont été aussi condamnés à des dizaines de peines de prison à perpétuité », mais aussi « trois membres de la cellule de Silwan impliqués dans le meurtre de 35 personnes ». En dehors de Mohammed Odeh, mentionné dans un article consacré au deuil de la mère de David Gritz (« Je lui pardonne », 2/02) – assassiné par Mohammed Odeh lors d'un attentat en 2002 –, il n'y aura aucun autre nom de prisonnier palestinien en trois semaines. Aucune femme, ni aucun enfant ne sont évoqués. Par omission, et parce qu'ils ne sont réduits qu'à des chiffres, tous sont donc assimilés à une masse informe de terroristes en puissance. Ce qu'induisent également les « mises en perspectives » du Parisien, convoquant pour cela quatre sources… univoques : le fondateur du Forum Gvoura [3], les ministres israéliens d'extrême droite vent debout contre l'accord de trêve, l'ancien directeur des services pénitentiaires israéliens et le directeur du Shin Bet (le service de sécurité intérieure israélien). « [Ce dernier] a rappelé cette semaine que "82 % des 1 027 prisonniers palestiniens relâchés en 2011 […] ont repris des activités liées au terrorisme. Tandis que 15 % d'entre eux ont planifié ou perpétré des attentats". Le plus connu n'est autre que l'architecte des attaques du 7 Octobre, Yahya Sinouar, éliminé voilà trois mois par Tsahal. » Aucune prise de distance, ni aucun recoupement de ces données ne semblent valoir la peine : les services israéliens parlent, Le Parisien transcrit. A contrario, lorsque 46 700 morts à Gaza sont évoqués dans un article du 17 janvier, la journaliste se sent obligée de marquer son détachement – en dépit de moult études de sources tierces qui les confirment et les estiment sous-évaluées –, présentant le bilan comme « [d]es chiffres non vérifiables du ministère de la Santé du Hamas. » Sans doute la rédaction a-t-elle dûment vérifié et corroboré les précédents… De fait, la propagande israélienne continue d'aller bon train au Parisien. Et il n'existe pas de garde-fou : les articles sont dépourvus de toute référence aux résolutions de l'ONU concernant Gaza ; on ne compte que deux occurrences du terme « droit international », lequel n'est cité que grâce à deux interviewés [4] ; les positions de la CIJ n'existent pas ; les multiples rapports des ONG ne sont nulle part rappelés aux lecteurs, et les termes « colonisation », « territoire occupé » ou « génocide » sont absents du corpus. Pour remplacer ce dernier, Le Parisien choisit d'innover avec une formule de choix : « fiasco humanitaire de Gaza » (19/01). Comme un « fiasco » médiatique, en quelque sorte. Dans le même temps, on évoque souvent l'armée israélienne par son acronyme – 11 occurrences de « Tsahal » – et on continue d'appeler Benyamin Netanyahou « Bibi » (31/01 et 6/02) ; on évite d'ailleurs de trop éreinter le Premier ministre en passant sous silence le mandat d'arrêt de la CPI émis contre lui. L'article consacré aux récentes déclarations du président américain – selon lesquelles les Palestiniens de Gaza devraient être expulsés en Égypte et en Jordanie – n'en finit pas non plus de recourir à des euphémismes. Le professeur d'histoire Vincent Lemire dit-il qu'« il s'agit d'un nettoyage ethnique » ? Le Parisien préfère parler de « déplacement ». « Trump propose de déplacer les Gazaouis » reformulait déjà le titre. « Faire le ménage » à Gaza, comme le déclare Donald Trump ? Une « rhétorique toute personnelle », juge Le Parisien, dont la rédaction, « pragmatique », entreprend de savoir s'il en va là d'un « scénario réalisable ». Annonce-t-il vouloir « prendre le contrôle » de Gaza ? Le Parisien questionne : « Tout est à jeter [dans son projet] ? » ; « La méthode Trump peut-elle faire bouger les lignes ? » Et lorsque l'historienne israélienne Fania Oz-Salzberger déclare que « "les êtres humains ne sont pas des jouets que l'on peut déplacer au gré des caprices d'un seigneur de guerre […]" […], tout en jugeant possible "un déménagement temporaire par consentement" », Le Parisien trouve la « position nuancée ». Les termes sont également choisis avec soin pour relayer les récits des autorités civiles et militaires israéliennes. On parle ainsi de « mainten[ir] une zone tampon de sécurité » à Gaza (16/01) ; on affirme à trois reprises que depuis l'annonce du « cessez-le-feu », « Tsahal frapp[e] les positions ennemies » (16, 20 et 25/01) et « a bombardé […] cinquante cibles dans la bande de Gaza. Preuve de la guerre inlassable de Tsahal contre l'organisation terroriste responsable des massacres du 7 Octobre. » (17/01) Le Parisien continue d'ailleurs de consacrer cette date comme le début – et presque la fin – de l'histoire : parfois écrite à la manière d'un nom propre, « 7-Octobre », elle est mentionnée 35 fois dans les 29 articles. Le terme « massacre », utilisé à 8 reprises, lui est exclusivement associé, à l'instar du terme « meurtrier » : jamais employé pour qualifier les bombardements israéliens, ses usages renvoient aux attaques du Hamas, à une exception près. De façon plus générale, nombre de qualificatifs véhiculant l'effroi sont à sens unique, réservés au 7 octobre ou au quotidien des victimes, des otages et de leurs familles depuis. Gaza et les Palestiniens en sont, quant à eux, largement privés. Le terme « terroriste » revient lui aussi fréquemment, 21 fois. Toutes les occurrences désignent les combattants du Hamas, dont les descriptions convoquent la monstruosité : « L'ennemi semble ressurgir des entrailles au premier silence des armes » (25/01) ; « des combattants du Hamas remonteraient à la surface à la faveur de l'arrêt des coups de canon, sortant du méandre de tunnels » (20/01). On ne trouve aucun champ lexical dépréciatif associé aux soldats israéliens, lesquels, d'ailleurs, ne « tuent » jamais (ou presque [5]) dans les pages du Parisien. Là où les Israéliens « ont été tués ou enlevés le jour du pogrom » (18/01), là où « 117 [habitants d'un kibboutz] sont tombés sous les balles du groupe islamiste » (25/01), on peut lire qu'à Gaza, « 27 personnes sont mortes » le 15 janvier (16/01) ou que « les autorités déplorent des dizaines de milliers de morts en quinze mois de conflit » (17/01). Dans un cas, on parle de « raid sanglant des terroristes islamistes dans le sud d'Israël » (16/01) ; dans l'autre, de « quinze mois d'un conflit armé meurtrier » (16/01) ou de « quinze mois de guerre [qui] ont aussi causé des problèmes d'accès à l'eau et à la nourriture » (17/01). Alors que depuis plus d'un an, ONG et instances internationales documentent les bombardements délibérés sur les infrastructures et décrivent la famine comme une arme et un crime de guerre, les journalistes mobilisent toutes les tournures possibles et imaginables pour déresponsabiliser les autorités civiles et militaires israéliennes, légitimant de fait le génocide de la population palestinienne, dont les victimes, en majorité, sont des femmes et des enfants. Le 17 janvier, il faut attendre la dernière page (sur quatre) du dossier pour lire un premier encart de 510 mots sur les Palestiniens de Gaza, lesquels partagent la page du journal avec une publicité – plus volumineuse que l'article – pour… Picard. Le message est décidément de très bon goût : « Régalez-vous sur le pouce sans que ça ne vous coûte un bras. » Est-il nécessaire de rappeler ici les maladies liées à la faim et le nombre d'amputés à Gaza – dont de nombreux enfants, opérés sans anesthésie ? Un deuxième choix de maquettage enfonce le clou : la photo illustrant cet article est celle d'une manifestation… en soutien aux otages israéliens, à Tel-Aviv. Inconsistance ou mépris délibéré ? Dans cet article, seul un Palestinien s'exprime, aux côtés de deux responsables d'ONG – Médecins sans frontières et Médecins du monde. Le deuxième (et dernier) article sur Gaza, publié le 20 janvier, est du même acabit. Deux fines colonnes, reléguées au bout de la double-page consacrée à la libération de trois otages israéliennes. Cette fois, les témoignages de quatre Palestiniens sont rapportés. Mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ne pèsent pas lourd. Nous avons ainsi dénombré toutes les fois où des Israéliens et des Palestiniens étaient cités au cours de ces trois semaines d'observation, en dehors des responsables politiques et militaires, des « experts », journalistes ou universitaires [6]. Le résultat est sans appel : 89% des 108 citations sont des voix israéliennes (ex-otages et leurs familles, citoyens lambdas, associations de défense des otages, etc.), contre 12 (11%) accordées à des Palestiniens. Uniquement des individus : contrairement aux Israéliens, aucune forme de structure collective palestinienne n'est donnée à voir ni à entendre. À bien lire Le Parisien, ils n'ont d'ailleurs aucun soutien nulle part dans le monde : si un article est dédié au « millier de personnes » rassemblées au Trocadéro, à Paris, en soutien des otages (19/01), les nombreuses manifestations de solidarité avec le peuple palestinien n'ont pas droit à une ligne dans le quotidien. Privés de voix, les Palestiniens sont naturellement des « sans-nom ». Seulement 9 (15 occurrences cumulées) sont donnés. Ceux des 5 habitants de Gaza et des 3 prisonniers évoqués plus haut, mais aussi celui d'un Palestinien tué, le seul à être prononcé parmi des dizaines de milliers d'autres victimes, anonymes quant à elles : Yahya Sinouar, l'ancien chef du Hamas à Gaza, lequel concentre 4 des 15 occurrences… Côté israélien, au cours de ces mêmes trois semaines, on lira 239 fois le nom d'un otage ou ex-otage, de leurs proches et de citoyens israéliens (69 noms au total sont donnés). Bien d'autres indicateurs permettent de mesurer cette (dés)humanisation à sens unique. Les liens de parenté par exemple, dont sont encore dépossédés les Palestiniens, qui ne sont presque jamais des « mères » ou des « pères », des « filles » ou des « fils », des « grands-parents », des « enfants » ou des « proches », etc. [7]. Là encore, la disproportion donne toute sa mesure puisque dans 91% des cas, l'évocation de ces liens concerne des Israéliens. Sans voix, sans nom, sans famille, sans âge, les Palestiniens sont aussi invisibles car sans visage. Il est en effet intéressant de constater que les termes « visage » (13 occurrences), « image » (9), « photo » (7), « regard » (3) ou « portrait » (2) renvoient systématiquement à des descriptions d'enfants, de femmes et d'hommes israéliens, charriant émotions et compassion : - Leurs portraits – entourés de peluches et de jouets – captent d'emblée l'attention : ceux de Kfir et Ariel Bibas, les deux plus jeunes otages retenus par le Hamas depuis 470 jours. (18/01) - Les caméras postées sur la célèbre place des Otages, à Tel-Aviv, captent des visages fermés, mutiques, sidérés par ce qu'ils découvrent. (26/01) - Elles affichent des visages souriants, pour la plupart juvéniles et des prénoms : Doron, Emily, Ziv, Gali et Keith (le seul sexagénaire). (20/01) - « Pourquoi suis-je encore là ? Pourquoi je reste si longtemps ? » Le regard de Nevenka Gritz se perd quelques instants à sa fenêtre. Elle a 88 ans et le deuil voile un quart de son existence. (2/02) - Au mur, un grand cadre rassemble les photos d'une jeune femme rayonnante. Bar, la fille de Meir et Katya, dansait au festival Nova le 7 octobre 2023. […] Les terroristes l'abattent. Bar aura 23 ans pour toujours. (26/01) - Les prisonnières sont « mortes de peur ». Une image, dans la soirée, frappe l'opinion. Quand elle enlace ses proches, Emily Damari dévoile une main bandée. (25/01) Au fil des articles, on ne trouve aucun tableau humain similaire s'agissant des Palestiniens. S'il leur arrive souvent de décrire des images (télévisées ou autres) figurant otages et citoyens israéliens, les journalistes n'ont même pas pris la peine d'en faire de même avec les (nombreuses) photos et vidéos postées sur les réseaux sociaux par les Palestiniens. Seules quelques phrases de description portent sur les libérations d'otages à Gaza et au soir de l'annonce du cessez-le-feu. Les Palestiniens sont alors des bruits – « La soirée de mercredi a été marquée par des scènes de liesse partout dans l'enclave » (17/01) – ou des « terroristes » en puissance : « À l'écran, des 4 x 4 blancs parfaitement rangés renferment les captives. Une foule chaotique acclame les combattants ennemis dans la ville de Gaza. » (26/01) Le projecteur est 100% braqué sur les souffrances israéliennes, tant individuelles que collectives. Des articles font état de leurs blessures physiques et morales – aucune occurrence des termes « blessé » ou « blessure » n'existe côté palestinien –, analysent le stress post-traumatique des otages, le « cruel ascenseur émotionnel » (16/01) et l'« année de deuil » (18/01) de leurs proches, toutes et tous membres d'une « société éprouvée » ayant traversé un « cauchemar collectif sans précédent » (16/01). Le problème n'est évidemment pas l'existence de ces mots, et encore moins de ces récits, mais leur absence quasi systématique s'agissant des Palestiniens, avec lesquels aucune proximité n'est possible, déshumanisés en tant qu'individus et en tant que peuple. Du reste, les dés étaient pipés à la seule lecture des titres des 19 articles dédiés surtout aux uns, très peu aux autres… Dans notre premier article consacré au flagrant déséquilibre des Unes du Parisien, nous espérions que « les pages intérieures atténuent [leurs] grossiers angles morts ». Un an plus tard, on voit qu'il n'en est rien… et l'espoir est éteint. L'occasion de boucler la boucle en prolongeant, pour finir, le bilan depuis le 7 octobre 2023. De cette date jusqu'au 6 février 2025, sur les 559 Unes du Parisien, 65 évoquent la situation au Proche-Orient, en gros-titre ou en manchette. Depuis le 8 septembre 2024, date de notre dernier recensement, gros-titres et manchettes confondus, 15 traitent explicitement d'Israël, des Israéliens et de la communauté juive tandis que 5 évoquent Gaza. Dans le premier cas, quatre invitent à la compassion avec les otages, deux portent sur les souffrances de la population israélienne et des Juifs en France, deux sur le cessez-le-feu – que nous avons comptabilisées également pour Gaza –, trois sur la guerre au Liban, deux sur les relations avec l'Iran, deux sur le match de football France-Israël. Sur les cinq couvertures du Parisien où apparaît Gaza, seules deux figurent des Palestiniens. Sur la première (16/01/2025), une image de rassemblement joyeux côté palestinien à Deir al-Balah (Gaza), jouxtée d'une photo figurant des Israéliens réunis à Tel-Aviv, titrée « L'espoir », en lettres capitales. La deuxième (13/10/2024) met en valeur un prêtre de Gaza. Sur la photo, il sourit, assis devant des ruines et quelques habitants en arrière-plan. Avec ce titre : « Le curé de Gaza : "Le pape m'appelle tous les soirs" ». Cette Une est la seule recensée qui laisse imaginer la souffrance des Gazaouis… chrétiens. Sur la troisième Une ne figure qu'un bandeau annonçant la mort du chef du Hamas, puis une manchette sur la déclaration de Donald Trump (avec sa photo) et enfin, la couverture commune sur « les coulisses du cessez-le-feu ». En photo, un bombardement à Gaza. Pas de Palestinien, pas de souffrance, pas d'humanisation. Rien d'autre. Pourtant, depuis notre dernier recensement, nombre d'événements auraient mérité la Une, depuis les mandats d'arrêt de la CPI jusqu'aux centaines de milliers d'écoliers et étudiants privés de rentrée scolaire pour la deuxième année consécutive, en passant par le plan des généraux de septembre visant à « nettoyer » le nord de Gaza, baptisé « Opération ordre et nettoyage » et surnommé « famine et extermination » [8]. Le Parisien aurait pu faire sa Une sur l'exode forcé de milliers de familles dans le dénuement le plus total, sur l'arrestation arbitraire, images à l'appui, de centaines de personnes à l'hôpital Kamal Adwan, puis sa destruction, sans oublier l'enlèvement spectaculaire de son directeur, le docteur Hossam Abou Safiya, devenu depuis une légende de la résistance pacifique palestinienne partout dans le monde… Et ce n'est qu'un petit échantillon. Depuis le 7 octobre 2023 et à date du 24 février 2025, le site internet du quotidien distingue 55 « Reportages sur la guerre Israël-Hamas » parmi ses productions… et seuls 15 articles portent sur les Palestiniens. Où que l'on regarde, Le Parisien ne s'embarrasse d'aucune forme. Il choisit définitivement un camp et donne à voir, en permanence, une ligne hiérarchisant les vies humaines et les souffrances. Pauline Perrenot, avec Meriem Laribi [1] Nous avons désindexé du corpus l'article « Cisjordanie, le nouveau front » (23/01), ce qui ne biaise pas l'analyse en cours. [2] Marwan Barghouti est également mentionné mais uniquement en tant que proche d'Ahmed Barghouti : sa libération n'est pas prévue à ce stade et Le Parisien ne mentionne d'ailleurs même pas qu'il est membre du Conseil législatif palestinien, dirigeant du Fatah, ni qu'il est en prison depuis 2002. [3] Association regroupant des familles d'otages et de soldats morts à Gaza, qui manifesta contre les négociations actuelles. [4] Le professeur d'histoire Vincent Lemire (27/01) et l'ancien diplomate Gérard Araud (6/02). [5] On ne trouve que deux collocations du verbe « tuer » rapportées à l'armée israélienne, à propos de la mort de Yahya Sinouar et de trois otages, en décembre 2023. [6] Les inclure aurait d'autant plus aggravé le déséquilibre puisque ces catégories sont très majoritairement représentées côté israélien et pour commenter les libérations d'otages. On ne compte par exemple que 7 citations de représentantes d'ONG intervenant à Gaza. [7] Nous avons effectué cette recherche sur la base de 23 entrées lexicales signifiant des liens de parenté et amicaux. [8] Meron Rapoport, « A plan to liquidate northern Gaza is gaining steam », +972 Magazine, 17/09/2024. Texte intégral 4937 mots
Prisonniers palestiniens : terroristes ou fantômes
Propagande israélienne
Palestiniens : la déshumanisation sous toutes ses formes
- Leurs petits-enfants, Kfir et Ariel Bibas, sont devenus le visage poupon du calvaire d'Israël. Les deux bambins roux ont alors 9 mois et 4 ans. (25/01)Unes : les miroirs grossissants
25.02.2025 à 16:44
BHL : nouvelle parade médiatique
Un nouveau livre de Bernard-Henri Lévy, une nouvelle campagne médiatique flatteuse, des entretiens complaisants, une presse élogieuse. Rien d'étonnant. On peut être las devant tant de flagorneries, devant l'anémie des journalistes. Mais rien ne change, l'histoire se répète. Qu'il s'agisse d'un roman enquête, d'une pièce de théâtre, d'un film, d'un essai, ou d'une biographie, la presse est toujours là, à ses côtés... [1] Cette fois, ce sont ses insomnies qui ont passionné tout le monde. De gauche à droite et de droite à gauche. De France Culture à CNews, du Figaro à Libération. BHL a tranché : « Les colonies juives, certaines sont illégales, mais trois caravanes en haut d'une colline, ce n'est pas non plus la lèpre ou la peste qui arrive en terre arabe » (CNews/Europe 1, 21/03/2024). Si ces propos n'ont pas fait grand bruit ni suscité d'indignation, pas plus que ceux appelant à « dénazifier Gaza » ou assimilant LFI à un « parti antisémite », la sortie de son dernier ouvrage [2] a, comme les précédents, occupé le devant de la scène médiatique. Omniprésent et omniscient, le philosophe de télévision a profité de tous les canaux pour prêcher sa vision du monde dans une campagne promotionnelle qui en dit plus sur ceux qui l'invitent que sur lui-même. Sans aucune contradiction, il a été interviewé dans Franc-Tireur le 8 janvier par Caroline Fourest, dont il ne se lasse pas de dire tout le bien qu'il pense en retour [3]. Cette recette du « renvoi d'ascenseur » qu'il sert à toutes les sauces depuis près de cinquante ans explique en partie sa présence au premier plan. Le 8 janvier, il a aussi été interviewé – avec bienveillance – dans l'émission en ligne « Le Figaro La nuit ». Le lendemain matin, on pouvait l'écouter au micro de Guillaume Erner sur France Culture. La Revue des médias indique à ce propos que l'animateur – qui « l'aime beaucoup » – a « un projet avec l'ex-nouveau philosophe : refaire L'Abécédaire de Gilles Deleuze, "en version modernisée". » [4] Et ce n'est donc pas une surprise : l'entretien a été cordial. Pour justifier cette invitation, Erner fait preuve de mauvaise foi et tord la vérité : « Je ne vois pas au nom de quoi, sous prétexte qu'il serait BHL, on ne l'inviterait pas. On me dit qu'il a été trop invité. J'ai regardé : il a été invité 0,6 fois par an sur la chaîne depuis dix ans, ce qui n'est pas trop. Par ailleurs, il ne va pas aller dans une émission spécialisée, donc si je ne l'invite pas, personne d'autre ne le fera. » [5] Outre le fait que Guillaume Erner ne sait pas compter – BHL a été invité 1,5 fois par an depuis 10 ans, soit plus de 6 fois sur la période observée par Erner [6] –, et qu'on a retrouvé BHL ailleurs que dans les « Matins » de France Culture, Erner aurait pu, en l'invitant (5 fois en neuf ans), le confronter à ses erreurs, mensonges ou raccourcis. Ce ne fut jamais le cas. Après ces mises en bouche, le tapis rouge a été déroulé un mois durant. On retrouve le « philosophe de la pensée jetable », comme l'appelait Pierre Bourdieu, dans les colonnes du Parisien et du Figaro [7], puis sur les plateaux de France Inter, de « C à vous » sur France 5, sur C8 chez Philippe Labro, dans « L'heure des pros » sur CNews, sur Radio J, dans « la Matinale » de Radio Classique, face à Darius Rochebin sur LCI, dans « La Grande Libraire » sur France 5 ou comme invité de Margot Haddad encore sur LCI [8]. Autant de tribunes qui lui sont offertes pour condamner le Hamas et Poutine, soutenir Israël sans condition, qualifier Jean-Luc Mélenchon de « fasciste » et « d'antisémite » et saluer le courage d'Emmanuel Macron. Son passage aux « Grosses Têtes » sur RTL (sa quatrième émission de la journée, le 14 janvier) est l'occasion pour la chroniqueuse (et compagne de BHL) Arielle Dombasle de lui donner du « mon cœur » à chacune de ses interventions et pour Laurent Ruquier, de saluer un « livre passionnant ». Évidemment. Le 26 janvier, il se rend une nouvelle fois sur la chaîne d'extrême droite CNews dans « Le grand rendez-vous » ; il enchaîne ensuite avec des passages sur France Info (27/01), TV5 Monde (28/01), dans le journal Causeur (31/01) et sur BFM-TV (1/02), où il assure qu'« il faut dénazifier Gaza ». Il donne une interview à La Tribune le lendemain, avant d'aller le soir-même flatter Emmanuel Macron sur LCI (ter) : « Il y a une part de responsabilité sur la libération des otages qui revient à la France et à son président, qui a œuvré personnellement. » Sur LCI, la chaîne des « copains », il y revient même une quatrième fois en moins d'un mois le 18 février, encore chez Darius Rochebin, toujours avec les mêmes lubies… et sans la moindre objection. Si les articles d'Acrimed se ressemblent quand il s'agit de BHL, c'est parce que ses tournées médiatiques se ressemblent. Comme nous l'écrivions déjà il y a 17 ans à propos d'une campagne médiatique similaire à celle-ci : Peut-on envisager, espérer (?), qu'un jour, une fois dans l'histoire de l'Humanité, un livre écrit (ou coécrit) par BHL ne soit pas encensé, sans le moindre recul, par les médias ? Peut-on s'attendre, à ce qu'une fois, une seule, les journalistes cire-pompes, les éditorialistes frotte-manches, les chroniqueurs lèche-bottes, ne repassent pas la chemise blanche du philosophe dans leurs émissions, sur leurs plateaux, dans leurs colonnes ? Une fois. Un coup. Un livre qu'ils liraient pour lui-même sans écouter les trompettes de la renommée de leur(s) auteur(s). C'est possible, non ? Même les brosses à reluire méritent le repos. Flatté sur les plateaux télé et bichonné à la radio, la presse écrite a unanimement acclamé son ouvrage. Avant même sa parution, Pascal Praud salue « le premier livre du reste de sa vie » dans le JDD (26/12) et réalise même une vidéo grotesque sur les réseaux sociaux, qui donne le la de la campagne à venir : « J'ai trouvé ce bouquin formidable, je l'ai trouvé tendre, je l'ai trouvé drôle, je l'ai trouvé intéressant, je l'ai trouvé intelligent, donc j'ai eu beaucoup beaucoup de plaisir à le lire. » Paris Match célèbre un « autoportrait surprenant et singulier » (26/12) ; Le Monde porte la plume dans la plaie – « Le philosophe étire ses nuits à lire, écrire ou flâner » ; « Il fut un temps où l'écrivain entrait dans le sommeil "comme on rentre dans un bain" » – en revenant également sur ses « messages nocturnes à Emmanuel Macron » (3/01), alors que la veille, dans le même journal, Roger Pol-Droit s'émouvait : « Nuit blanche est un texte inattendu, souvent touchant. La face cachée, intime, à vif, d'un personnage trop fabriqué pour être réel. » [9] Viennent ensuite des textes tous plus élogieux les uns que les autres dans L'Express, le JDD (encore), Causeur (de nouveau), Le Figaro, Atlantico, Marianne, Le Nouvel Obs… Naturellement, le copinage est de mise puisque le site de La Règle du Jeu, dont il est le fondateur et contributeur majeur, consacre deux articles dithyrambiques à sa dernière livraison (les 8 et 12/01), et Le Point, dont il est éditorialiste depuis plusieurs décennies, trouve le « récit fascinant » (9/01). En fin de tournée, Libération consacre un très long papier de quatre pages à Bernard-Henri Lévy (15/02). Ce portrait, qui n'aborde que succinctement son dernier livre, décrit comme une « plongée dans sa psyché d'insomniaque cognée par ses combats », rend toutefois le personnage aimable. De ces errements et erreurs, il ne sera point question si ce n'est une fois au détour d'un mot : « Le livre-enquête, controversé, sur Daniel Pearl ». Controversé seulement ? Le livre relève plus de la mystification que de l'enquête, comme le rappelait la New York Review of Books : « La manipulation des données est ici révélatrice de la méthode générale du livre : quand aucune preuve n'est disponible, l'auteur fait comme si elles existaient. » [10] Incomplet, l'article de Libération n'évoque jamais son incompétence patente sur l'Afghanistan, l'Algérie, la Colombie ou l'Iran. Et d'ailleurs, Lévy ne s'y trompe pas puisqu'il complimente l'autrice de l'article sur X : « J'aime mieux quand on parle de mes livres. Mais ce texte de Sophie des Déserts, dans @libe a un mérite. Et même deux. Il est exact. Et loyal. Et il dit vrai sur les engagements (#Israel, #Kurdistan, #Ukraine, guerres oubliées) qui guident aussi ma vie. Donc, tout va bien. » Tout va bien pour BHL et ses soutiers. On l'a compris (et lui aussi), les journalistes flattés sont toujours moins corrosifs que les journalistes tancés. Et BHL ne manque jamais de distribuer de petites flagorneries en retour d'articles élogieux, prenant bien soin de nommer les courtisans. Ainsi, durant sa récente campagne médiatique, attentif à chaque publication, il a régulièrement réagi sur X : après un article dans Le Monde (« Nuit Blanche dans Le Monde d'aujourd'hui. Merci, @rpdroit. ») ; à la lecture du papier de Paris Match (« Merci, Marie-Laure Delorme. Heureux que vous ayez donné le ton. ») ; ou encore après un article élogieux paru dans La Règle du Jeu (« Mes autres combats sont là : #Ukraine, #Israel et tant d'autres. Mais Nuit Blanche est, c'est vrai, le plus personnel de mes livres. Merci, Sylvain Fort. »). Il ne faut pas s'y tromper : si chaque ouvrage de BHL est salué de la sorte, ce n'est pas pour son contenu mais pour son auteur. Un auteur dont Guy Hocquenghem, avait déjà diagnostiqué, en 1986, la raison d'être dans sa lettre ouverte : « Drogué aux médias, à la popularité, tu ne tiens qu'à l'applaudimètre. Ton inexistence morale, chevalier du vide, révèle l'inexistence, sous l'armure, des croisés de notre génération blanche. Et cette inexistence est inscrite en tes initiales, BHL. Tu n'as même pas de nom à toi, rien qu'un sigle, comme RATP ou SNCF. » [11] Mathias Reymond [1] Lire « Cher Bernard Henri-Lévy », Blast, 22/02. [2] Nuit blanche, Grasset, 2025. [3] À propos de son livre Éloge du blasphème, il écrivait : « un livre à lire, toutes affaires cessantes » (Le Point, 1/09/2015). Et au sujet de son film Sœurs, il notait : « Film juste. Quiconque connaît le terrain, a couvert le #Kurdistan, voire a filmé, en vrai, la bataille de #Mossoul, est forcé de le reconnaître : Caroline Fourest, avec son talent et ses moyens d'artiste, a fait un beau film de guerre, d'héroïsme et de douleur. A voir absolument. » (X, 23/09/2023) [4] Lequel, on l'espère, contiendra au chapitre « N » l'entrée « Nouveaux philosophes », dont Deleuze résumait en 1977 ce qu'il en pensait – « Rien. » – et décrivait la « pensée » : « Nulle. » [5] Cité par La Revue des médias, 2/02. [6] Dans les « Matins » : les 3/02/2016, 1/03/2019, 26/05/2021, 18/03/2024 et 9/01/2025 ; dans « Les chemins de la philosophie » le 28/06/2019, « Répliques » le 5/03/2016, « Idées claires » le 3/03/2016, « La Grande table » le 8/06/2016, « Du grain à moudre » le 5/07/2018, « À voix nue », les 27/02, 28/02, 1/03, 2/03 et 3/03/2023. [7] Respectivement les 11 et 12 janvier. [8] Respectivement les 12/01, 14/01, 14/01, 14/01, 15/01, 21/01, 22/01, 25/01/2025. [9] De quoi alimenter une chronique faussement critique dans le magazine du quotidien de référence (10/01), récapitulant « cinquante ans de présence constante » de BHL au Monde : « 1 539 occurrences […] réparties entre des portraits, des critiques de ses livres ou de ses films, des tribunes, des entretiens et même quelques reportages signés de son nom dans le journal, où le célèbre intellectuel a été membre du conseil de surveillance de novembre 2010 à juin 2022. » [10] Article reproduit dans une version réduite dans Le Monde Diplomatique de décembre 2003. [11] Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, 1986, Agone, 2003, p. 168. Texte intégral 2913 mots
Des interviews complaisantes
Des critiques flatteuses
24.02.2025 à 15:03
Pour un statut d'éditeur indépendant
Nous publions ci-dessous sous forme de tribune et en accord avec son auteur un article publié sur le site d'Agone le 23 février. (Acrimed) Les 20 et 21 février, à Bordeaux, se tenaient les IIe Assises de l'édition indépendante. Ses partenaires médiatiques, Livres Hebdo et ActuaLitté, toujours à l'avant-garde du confusionnisme, ont tenté d'en miner les efforts – nous en donnons ici un décodage. Ce pétard mouillé fut sans effet sur la quinzaine de rencontres qui ont réuni près de 500 personnes. Ci-dessous l'une des interventions. En février 2023 à Aix-en-Provence, les premières Assises de l'édition indépendante étaient ouvertes par une rencontre rassemblant le directeur du livre et de la lecture au ministère de la Culture, le directeur général du CNL (Centre national du livre), le directeur de la Sofia (Société française des intérêts des auteurs de l'écrit) et le président du SNE (Syndicat national de l'édition), c'est-à-dire les représentants des principales instances nationales du livre en France. Comme pour accomplir cette mise en scène du pouvoir, on trouvait, au bout de cette longue table, après le directeur de la Culture de la Région Sud, mais sur le côté, la représentante de la Fédération interrégionale du livre et de la lecture. Il s'agissait d'un échange sur « Les politiques de soutien à l'édition indépendante ». En réponse à l'exposé des urgences pour l'édition indépendante donné par la représentante des structures régionales du livre – un exposé précis, clair (et, dans ce contexte, quand on songe à l'état du rapport de forces, particulièrement courageux), où il s'agissait de définir un plafond aux aides à l'édition en termes de chiffre d'affaires et de nombre d'aides par maison ; mais aussi, entre autres suggestions, d'établir une taxe à la surproduction en termes de coûts écologiques. En réponse donc à ces propositions modestes et de bon sens, le directeur général du CNL a expliqué que, au nom de la « diversité de la création, notre mantra au ministère de la Culture », il n'imposerait jamais de plafonnement : « Nous n'avons pas vocation à exclure des maisons d'édition des soutiens du CNL. » Et de donner, en exemple, le soutien par le CNL, en 2022, d'« un formidable ouvrage, un dictionnaire du Moyen Âge », dont il signale, en se penchant en arrière pour s'adresser, dans un geste de connivence, à deux chaises de lui, au président du SNE : « Un ouvrage publié aux éditions du Seuil, que Vincent connaît bien. » (Il n'est pas sûr que Vincent Montagne connaisse bien cet éditeur, mais il est sûr en revanche qu'il l'a racheté avec le groupe La Martinière cinq ans plus tôt.) Le directeur général du CNL précise encore : « C'est un ouvrage extrêmement coûteux, qui a vocation à être un ouvrage de référence. Il réunit tous les plus grands spécialistes, et nous nous devions de le soutenir pour le rendre accessible au public. Nous n'avons pas vocation, quel que soit le chiffre d'affaires du Seuil, à l'exclure de nos soutiens. » Si cette profession de foi ne souffre aucune ambiguïté – de fait, elle enterre les quelques pistes ouvertes par la représentante de la Fédération interrégionale du livre et de la lecture –, on pourrait faire quelques remarques sur ses prérequis. Ne serait-ce que sur la compatibilité entre la mission de sauvegarde de la « diversité de la création », l'état de concentration qu'a atteint l'édition française et le rôle de l'État dans ce processus, notamment au travers des soutiens symboliques et financiers accordés à des groupes éditoriaux qui – du fait de leur croissance et de leurs liens avec de puissants intérêts industriels et financiers –, ne sont plus seulement, désormais, en mesure d'acheter, comme depuis (presque) toujours, des maisons, mais d'autres groupes. C'est l'une des rares vertus de Vincent Bolloré que d'avoir mis à jour avec éclat les dangers de la concentration éditoriale. Même si la cause de cette révélation – l'outrance de son programme de restauration des valeurs millénaires de l'Occident chrétien – a un peu tendance à aveugler son public. Après tout, le problème vient surtout du fait qu'autant de pouvoir puisse tomber entre les mains d'un seul individu. D'autant plus quand on sait que ce type de profil – les États-Unis, en ce domaine, servent de modèle – est aussi loin que possible d'un humaniste dévoué aux causes telles que la défense des libertés publiques, de l'égalité économique et devant la loi, de la fraternité entre les peuples, de l'urgence climatique, etc. Le principal problème vient donc moins de l'arrivée d'un soutien actif des droites extrêmes à la tête du plus grand groupe éditorial français que du système qui l'a permise. Un constat qui ne semble pas être partagé par les médias dominants et les représentants de la politique culturelle de l'État français. Sans remonter avant le début de ce siècle, on se souvient des louanges reçues par Jean-Marie Messier pour son montage du groupe médiatique transnational Vivendi Universal (2000). On se souvient aussi que l'effondrement, en moins de deux ans, de son château de cartes a permis au groupe Hachette de doubler (provisoirement) sa taille. On se souvient bien sûr qu'alors, au nom de l'« indépendance éditoriale » un quarteron de « grands indépendants », dont les groupes Gallimard, La Martinière et Le Seuil sont montés à l'assaut de Bruxelles pour tenter d'arracher au lion sa part. On se souvient enfin que la victoire de cette geste a donné naissance au groupe Editis (2004), sous la férule du patron des patrons d'alors, le baron Ernest-Antoine Seillière ; mais aussi au rachat du Seuil par le groupe La Martinière avec l'aide de l'industriel du luxe Chanel (2004). La suite des années 2000 voit enfler les groupes Editis, Gallimard et Actes Sud par des acquisitions ponctuelles. Les années 2010 connaissent une accélération avec le rachat par le groupe Gallimard du groupe Flammarion – ce qui donne naissance au groupe Madrigall (2012-2013) avec des capitaux de LVMH (Bernard Arnault) ; puis le rachat de Payot-Rivages par le groupe Actes Sud (2012) et du groupe La Martinière par le groupe Média-Participations (2017) ; enfin la naissance des groupes Humensis (2016) et Bourgois (2019). Ces derniers ont été respectivement rachetés par les groupes Gallimard et Albin Michel l'an dernier. Cette situation peut-elle être favorable à la « diversité de la création » ? Beaucoup en doutent. Pour ceux-là, le « mantra du ministère de la Culture » ne peut être satisfait que par un développement de l'édition indépendante conjoint à un arrêt, voire une réduction, de la concentration éditoriale. Nous commercialisons en avril prochain une carte « Édition française, qui possède quoi » – dont une version simplifiée paraîtra dans Le Monde diplomatique. Prenant le contre-pied de la vision dominante, celle que donnent notamment les planisphères et classements de Livres Hebdo, elle ne représente pas seulement les seuls gros chiffres d'affaires, soit les groupes et une poignée d'indépendants : y est présent l'ensemble des éditeurs de littérature générale. En outre, contrairement à la vision habituelle, la représentation des maisons ne suit pas les chiffres d'affaires mais leur date de création et leurs statuts : les groupes (avec leurs maisons dépendantes) et les indépendants sont ici au même niveau. Enfin, on a retiré les industriels du livre scientifique ou pratique (les groupes Relx et Lefebvre Sarrut) – trop loin du marché du livre généraliste et de la formation des opinions. Cette carte représente l'ampleur de la concentration éditoriale – les 90 % du chiffre d'affaires de l'édition produits par une poignée de groupes dont les plus gros sont la propriété de grandes fortunes (les rangs dans les classements Challenges, en €, et Bloomberg, en $, sont indiqués). Mais elle expose en même temps la véritable source de sa diversité : les maisons indépendantes. On comprend bien en effet que ces groupes de moins en moins nombreux et de plus en plus gros sont devenus ce qu'ils sont en se nourrissant du renouvellement régulier de nouvelles maisons, dont ils absorbent, en les achetant, le chiffre d'affaires – qui leur permettra d'en acheter d'autres –, mais aussi la créativité – indispensable pour contrebalancer la stérilisation qui touche les maisons dépendantes soumises à une production standardisée pour assurer la rentabilité que réclament leurs contrôleurs de gestion. Ce qu'on voit moins, mais que la plupart des éditeurs indépendants éprouvent au quotidien, c'est qu'au niveau de concentration atteint par l'édition les conditions de précarité plus ou moins importantes dans lesquelles sont maintenues les indépendants ne sont rien d'autre que le maintien des conditions de leur rachat. Parmi les innombrables avantages qu'auraient les maisons dépendantes sur les maisons indépendantes, on mentionne toujours l'économie d'échelle réalisée par les groupes, notamment sur les charges fixes – une réalité économique qui n'a rien de spécifique à l'édition. Ce n'est pas le seul avantage. Les plus importants sont certainement les moyens logistiques et financiers dont bénéficient les grands groupes – les quatre plus gros possédant, en outre, les plus grosses entreprises de diffusion-distribution, et deux sont propriétaires de médias, voire de chaînes de libraires. Ces moyens leur permettent d'élever la surproduction au rang de stratégie d'occupation : déverser sur les librairies et les médias une vague pour repousser celles de la concurrence. Une mécanique qu'illustre la rentrée littéraire, quand déboulent des centaines de romans, dont la plupart sont destinés à être pilonnés avant la fin de l'année, quelques-uns (déjà choisis) surfent plus ou moins bien et d'autres (déjà choisis) sont poussés vers les prix littéraires pour booster les ventes en supermarché et celles de Noël. Pour l'essentiel, cette « édition sans éditeur » – pour reprendre la formule de l'éditeur franco-américain André Schiffrin – produit des livres vite faits, vendus en masse ou pilonnés en masse. Sur la base de ce diagnostic sommaire – mais qui a largement déjà été développé ici et là au fil d'articles et d'ouvrages –, tentons quelques suggestions pour corriger quelques-uns des dysfonctionnements de ce système en suivant les conseils du ministère de la Culture et du CNL. Pas seulement la sauvegarde de la diversité de création, mais aussi la satisfaction des enjeux sociétaux et de la lutte contre la casse écologique dont ces institutions soulignent, à juste titre, l'importance. Pour commencer, il faut donner un statut juridique à l'édition indépendante. Comme il en existe, par exemple, pour le secteur de la presse, protégée au nom de la liberté d'opinion. Un statut qui pourrait – comme l'évoquait, il y a deux ans, lors des premières Assises de l'édition indépendante, le directeur du livre et de la lecture au ministère de la Culture – « être inscrit dans notre constitution, parce qu'après tout, le livre, c'est aussi un moyen de communiquer et de former l'opinion » – moyens auxquels on devrait rajouter l'éducation. On pourrait partir de la définition élémentaire que le CNL donne d'un éditeur indépendant : ne pas être la propriété d'un groupe et ne pas dépasser le chiffre d'affaires annuel d'un demi-million d'euros [1] – pour ne pas être accusés de misérabilisme, on peut multiplier ce chiffre par deux, dix, voire vingt sans changer grand-chose. Sur la base de ce statut, on pourrait ajouter les avantages fiscaux associés à la presse ; mais aussi des tarifs postaux préférentiels – dans l'esprit du tarif Livre & Brochures pour l'exportation de la culture française que La Poste abandonne cette année dans l'indifférence générale. Si ce statut d'éditeur indépendant protégera la diversité de la création éditoriale, face à l'état de concentration, il sera insuffisant : il faut aussi réguler. Une première mesure simple – déjà évoquée voilà deux ans par la représentante de la Fédération interrégionale du livre et de la lecture – serait d'établir, pour l'attribution des aides à l'édition, un plafond en termes de chiffre d'affaires (à définir) et de nombre d'aides par maison ou par groupe – en tenant compte, non pas des enseignes mais de leur propriété. À ces exigences répond tout simplement le fait de réserver les aides aux maisons indépendantes. Ce serait en outre le seul moyen d'éviter que l'État, par les aides aux groupes, nourrisse la concentration éditoriale, principal facteur de stérilisation de la diversité de création. Le directeur du CNL et le directeur du livre au ministère de la Culture ayant réaffirmé, voilà deux ans encore, leur souci de l'impact écologique, s'impose l'établissement d'une taxe sur la surproduction. Ce qui serait aussi un premier pas pour répondre à la demande urgente, formulée par le Syndicat de la librairie française (SLF), en juin dernier, à quelques jours des Rencontres nationales de la librairie à Strasbourg, d'une « baisse drastique de la production de livres ». Pour que cette mesure ait un effet, il est de bon sens qu'elle s'adresse en priorité aux quelques-uns qui produisent 90 % du marché du livre plutôt qu'aux nombreux qui en produisent 10 %. Dans la même logique de décroissance, qui croise en l'occurrence la protection de la diversité de création, ciblons deux acteurs majeurs de la consommation de biens répondant moins aux besoins sociaux et environnementaux qu'à des soucis mercantiles et aux exigences de l'accumulation : d'abord la publicité – qui fut longtemps interdite pour le livre (un interdit qu'il est temps de rétablir) ; ensuite la vente en supermarché, où s'écoule une production standardisée avec un gâchis incompatible même avec les plus bas critères environnementaux. Sans parler de la régulation des supermarchés en ligne, dont l'emblème est Amazon, et dont on connaît l'ampleur des impacts écologiques et (puisque nous sommes aussi soucieux des enjeux sociétaux) l'indignité des conditions de travail faites à leurs employés dans leurs entrepôts dantesques. En outre, ces mesures devraient recevoir le soutien des libraires, qui accueilleront une partie de cette clientèle égarée, à qui on est sûr qu'elle offrira autre chose à lire que la production promue par les chaînes en continu de Vincent Bolloré. On le voit bien, ces mesures sont peu coûteuses et assez bénignes. Une fois acquises, il faudra s'attaquer à la racine. C'est-à-dire légiférer sur la possibilité pour un groupe éditorial de posséder médias, diffusion-distribution et chaînes de librairies. Il s'agit de réduire les concentrations horizontale et verticale dans l'édition française, désormais aux mains de quatre grandes fortunes. Produit des effets pervers de la concurrence par le jeu même des marchés, ce contexte d'oligopole débouche inévitablement sur des concentrations ; et les grands groupes issus de ce phénomène n'ont alors qu'une obsession : préserver leurs positions, quel qu'en soit le prix. C'est pourquoi l'ensemble des dangers qui pèsent sur la production et le commerce du livre comme outil d'émancipation et partie prenante de tout projet de démocratisation de la culture se résume à la concentration de l'édition. On remarquera que ces quelques mesures suggérées pour corriger les dysfonctionnements du marché éditorial sont indépendantes de tout critère intellectuel, artistique, politique, scientifique ou autre, pour ne s'en fixer qu'un seul : la taille. Limiter la taille d'un acteur économique, c'est limiter sa capacité de nuisance. Il en va pour le champ éditorial comme il en va pour la politique, la société et l'environnement : nous avons dépassé le stade du sauvetage des acquis d'un monde qui n'existe plus. Il faut passer à l'offensive avec des analyses et des propositions claires. La Fédération des éditeurs indépendants est bien sûr le lieu où ouvrir ce chantier. Thierry Discepolo Texte issu d'une intervention, jeudi 20 février 2025, aux IIe Assises de l'édition indépendante, sur le thème : « De la précarisation à la précarité : pourquoi ? comment ? » [1] Julien Leford-Favreau, « Quel avenir pour le livre dans l'après-Covid », The Conversation, 3 juin 2020. Texte intégral 2966 mots
21.02.2025 à 17:45
Le Point et l'éditocratie contre Wikipédia
Les éditocrates inquiets pour leur « réputation ». Wikipédia est un terrain de luttes, parfois incomplet, parfois inexact, en perpétuelle réécriture. C'est aussi un espace qui fait apparaître la critique des médias – ce qui s'apparente vite, pour les médias dominants, à un crime de lèse-majesté. Trop, c'est trop : Le Point a décidé de passer à l'action. Le 17 février, des centaines de « bénévoles contribuant à Wikipédia » publient une lettre ouverte dans laquelle ils dénoncent des « courriels d'intimidation par un journaliste du magazine Le Point ». Le lendemain (18/02), Le Point réplique et consacre un papier à Wikipédia, cette « machine à calomnier ». Le journaliste s'y indigne en passant que « Mediapart, Arrêt sur images, Acrimed, Le Monde Diplomatique, Reporterre, ou Politis [soient] des sources abondamment citées pour "crédibiliser" la fiche Wikipédia du Point. » Mais ce n'était là qu'un début. Le 19 février, le directeur du Point Étienne Gernelle publie un édito (« Dérives de Wikipédia : déliquescence journalistique à France Culture »). Et le 20, Le Point enchaîne avec une tribune (« Halte aux campagnes de désinformation et de dénigrement menées sur Wikipédia »). Hermétique à toute critique, l'éditocratie se mobilise. Parmi les signataires : Sophia Aram, Thierry Ardisson, Olivier Babeau, Élisabeth Badinter, Tristane Banon, Eugénie Bastié, Nicolas Bouzou, Alexis Brézet, Pascal Bruckner, Éric Chol, Ruth Elkrief, Raphaël Enthoven, Marc-Olivier Fogiel, Caroline Fourest, Marcel Gauchet, Xavier Gorce, Nathalie Heinich, Bernard-Henri Lévy, Rachel Khan, Gaspard Koenig, Luc Le Vaillant, Alain Minc, Benjamin Morel, Éric Neuhoff, Pascal Perrineau, Denis Olivennes, Natacha Polony, Jean Quatremer, Dominique Reynié, Abnousse Shalmani, Pierre-Henri Tavoillot, Vincent Trémolet de Villers, Philippe Val… Des omniprésents médiatiques qui, au vu de leurs exploits successifs, auraient tout intérêt à une certaine amnésie – c'est que leurs faits d'armes sont rarement glorieux. Les archives d'Acrimed, et celles de Wikipédia, en témoignent. Revenons à notre tribune. Après avoir exprimé leur « profonde inquiétude face aux campagnes de dénigrement systématiques et sans contradicteurs orchestrées par des contributeurs militants anonymes sur Wikipédia », les signataires s'inquiètent que « de nombreuses entreprises, personnalités publiques et organisations [fassent] l'objet de traitements infamants sur cette plateforme. » Avant de poursuivre : Propos décontextualisés, lecture partisane des faits, volonté d'entacher les réputations… La démultiplication de ces cas constitue une menace sérieuse pour l'intégrité de l'information, la qualité du débat public et de la démocratie. Défense de rire. Heureusement que les grands médias en général, et Le Point en particulier, sont immunisés contre les « propos décontextualisés », la « lecture partisane des faits » et la « volonté d'entacher les réputations ». La paille, la poutre… Comme si cela ne suffisait pas, Le Point remet le couvert le 21, avec le témoignage de Pierre-Henri Tavoillot (« "Wikipédia est vulnérable au militantisme exacerbé" »), qui « raconte les difficultés qu'il a rencontrées pour apporter des modifications à sa page Wikipédia ». Ce n'est d'ailleurs ni le premier ni le dernier : les figures médiatiques ont une propension certaine à tenter de (faire) modifier à leur avantage la page qui leur est consacrée, comme Eugénie Bastié en 2023 (nous rappelant au passage le cas Philippe Corcuff, épinglé par Le Plan B en 2007). L'obsession du Point non plus n'est pas nouvelle : un mois plus tôt, l'hebdomadaire publiait déjà une enquête : « Nous avons infiltré une formation d'Urgence Palestine pour influencer Wikipédia » (17/01)… Qui succédait déjà à un autre article, encore un mois avant : « Wikipédia, plongée dans la fabrique d'une manipulation » (13/12/2024). Une véritable campagne en somme, avec pour objectif de cadenasser davantage encore le débat public. Maxime Friot Texte intégral 908 mots
21.02.2025 à 10:00
C8, Robert Ménard, audiovisuel public et compagnie : revue de presse de la semaine
Critique des médias : une revue de presse hebdomadaire. Si ce n'est exhaustive, au moins indicative [1]. Au programme : du 14/02/2025 au 20/02/2025. « Insécurité, immigration et Robert Ménard : le tiercé dominical de BFMTV », Télérama, 14/02. « Meurtre de Louise : comment les médias réac' exploitent les prénoms des coupables », Arrêt sur images, 15/02. « Meurtre de Louise : la liberté éditoriale ne peut justifier l'abandon des règles éthiques du journalisme », CDJM, 15/02. « Les Prix du Trombinoscope, ou la consécration de l'entre-soi », Acrimed, 14/02. « Arthur, Merwane Benlazar : tout n'est pas permis sur le service public », Blast, 17/02. « Benlazar, Star Ac' : la télé française face au racisme », Arrêt sur images, 14/02. « Scandale Bétharram : Bayrou ment, ses potes éditocrates le protègent », Le Média, 19/02. « Après la Une de "Libé" : la délicate question de la représentation des personnes trans », Arrêt sur images, 19/02. « "Paris est nazi" : un si faible écho médiatique », Arrêt sur images, 20/02. « C8 et NRJ12 vont cesser d'émettre : le Conseil d'Etat valide une décision sans précédent », Le Monde, 19/02. « Au "Parisien", la rédaction inquiète face au plan d'économies et à la réorganisation voulue par la direction », Le Monde, 14/02. « La justice donne raison aux magazines français dans un litige avec Google », Le Figaro, 20/02. « Franceinfo : la rédaction adopte une motion de défiance contre le directeur de la chaîne, Laurent Delpech », Le Monde, 14/02. « Souffrance et harcèlement : L'inspection du travail saisit la justice au sujet de l'AFP après une vingtaine de signalements », L'Humanité, 14/02. « Le rédacteur en chef du 20h de TF1 suspendu de ses fonctions », L'Informé, 19/02. « Le patron du magazine Frontières visé par une plainte pour "harcèlement", "agression sexuelle" et "violences" », La Lettre, 20/02. « Chez "Économie Matin", l'IA est déjà partout », Arrêt sur images, 17/02. « Près de 2.000 élus soutiennent l'indépendance et la pluralité de l'audiovisuel public ! », Intersyndicale de l'audiovisuel public, 19/02. « Cyril Hanouna entraîne C8 dans son chut », Les Jours, 14/02. « Hanouna, plus près de toi mon vieux », Les Jours, 19/02. « Cyril Hanouna condamné à 4 000 euros d'amende pour ses insultes contre le député Louis Boyard », Le Monde, 20/02. Et aussi, dans le monde : États-Unis, États-Unis encore, Palestine, Russie, Malte, Bangladesh, Libye, Syrie, Turquie... Retrouver toutes les revues de presse ici. [1] Précisons-le : référencer un article dans cette revue de presse ne signifie pas forcément que nous y souscrivons sans réserve. Texte intégral 1096 mots
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