11.04.2025 à 09:57
Lettre ouverte d’organisations juives en défense de La France insoumise
Dans une lettre ouverte publiée sur Informations ouvrières, cinq organisations juives dénoncent les accusations infamantes d’antisémitisme, et sans fondement, portées contre la France insoumise par des campagnes médiatico-politiques. « Ces fausses allégations détournent l’attention de l’horrible génocide et dissimulent les politiques racistes et génocidaires de l’establishment français. » écrivent les organisations. L’Insoumission relaye dans ses colonnes leur tribune.
Depuis plusieurs années, La France insoumise est la cible de fausses accusations d’antisémitisme. Cette campagne de diffamation est promue par l’ensemble de l’establishment français, y compris le Parti socialiste.
Une coalition de l’élite politique française et des médias grand public a répandu des mensonges sur LFI en réponse à son soutien constant et intègre aux droits des Palestiniens, dans le contexte d’une attaque génocidaire menée par le partenariat criminel israélo-américain.
Pour l’élite française, cette position constitue une raison suffisante pour affirmer que LFI et son leader Jean-Luc Mélenchon seraient antisémites.
LFI soutient les droits des Palestiniens contre le régime d’apartheid colonial israélien. Cela signifie qu’elle soutient le droit international, notamment de nombreuses résolutions de l’Onu, ainsi que les décisions de la CPI et de la CIJ. Pour avoir soutenu la loi, LFI a été attaquée par l’élite politique française qui, comme tout l’Occident impérial, viole la loi en soutenant le génocide politiquement et militairement.
Les allégations contre LFI manquent de preuves. Le Monde Diplomatique rapportait l’année dernière : « À l’exception de quelques idéologues convaincus que soutenir la Palestine équivaut à de l’antisémitisme, la plupart des colporteurs de rumeurs savent que Mélenchon n’est pas antisémite et l’admettent même parfois. Nous assistons à un cas exceptionnel de fausses nouvelles sponsorisées par l’État, propagées par réflexe par des journalistes qui n’y croient pas, mais qui connaissent et partagent l’objectif politique qui les sous-tend. »
Il pourrait y avoir un motif supplémentaire à ces allégations persistantes : en janvier 2025, LFI a rejoint la campagne BDS pour plusieurs raisons : le régime d’apartheid israélien, son génocide contre les Palestiniens et ses 76 ans de « politiques coloniales et discriminatoires ».
Ces fausses allégations détournent l’attention de l’horrible génocide et dissimulent les politiques racistes et génocidaires de l’establishment français. Cette campagne de diffamation a propagé un stéréotype raciste sur les Juifs, les associant aux crimes d’Israël et aggravant ainsi l’antisémitisme. Nous soutenons fermement LFI contre les fausses allégations racistes d’antisémitisme portées par les élites politiques et médiatiques françaises. »
Union juive française pour la paix (UJFP)
Jewish Network for Palestine, Angleterre
International Jewish Antizionist Network (IJAN), Angleterre
Jews Against the Occupation ’48, Australie et Nouvelle-Zélande
Judíes x Palestina, Argentine
10.04.2025 à 18:27
L’usine chimique Vencorex, près de Grenoble, a été bradée au groupe chinois Wanhua ce 10 avril 2025. Malgré la mobilisation exemplaire des salariés, voilà le résultat : 400 employés laissés sur le carreau, 50 seulement seront gardés. L’entreprise comptait 300 employés, contre 450 en septembre 2024, au moment où a été décidé son placement en redressement judiciaire. Les salariés, eux, se sont mis en grève en décembre 2024 pour dénoncer l’abandon de leur usine. Ils défendaient devant le tribunal de commerce la création d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Cela aurait permis la protection des emplois de cette usine stratégique. L’offre a pourtant été jugée « irrecevable ».
L’usine Vencorex produit pourtant des matériaux stratégiques pour la souveraineté spatiale et la sécurité nucléaire. Par exemple, l’usine permet de produire le carburant de la fusée Ariane. « Terrible symbole du démantèlement de notre industrie et du renoncement de Macron ! », écrit Jean-Luc Mélenchon sur son compte Twitter. Face à la mobilisation des salariés et malgré les enjeux industriels et de souverainetés importants, François Bayrou et ses ministres n’ont rien fait. Les mêmes, pourtant si prompts à déclamer des pseudo-discours sur la souveraineté nationale et la nécessaire réindustrialisation du pays, n’ont même pas daigné prononcer une nationalisation temporaire de l’entreprise. Une proposition défendue par les insoumis de longue date.
Depuis le début de la mobilisation, les travailleurs et travailleuses de Vencorex ont pu compter sur le soutien de LFI. Questions au gouvernement, audition du président de l’entreprise, déplacement de députés insoumis et de Jean-Luc Mélenchon auprès des salariés… Le 12 mars, le leader insoumis était justement à Vencorex avec la députée LFI Anaïs Belouassa Cherifi. « Les macronistes refusent les nationalisations car ils ne comprennent rien à la production industrielle. Ils croient dans la main invisible du marché qui a conduit à de nombreuses fermetures d’entreprises stratégiques », dénonçait-il alors.
Pour aller plus loin : Inflation, PGE et faillites : ces études qui démontrent la responsabilité de Macron dans le chaos économique
10.04.2025 à 17:25
France-Algérie : l’échec de la diplomatie bulldozer de Bruno Retailleau
Algérie. Par sa posture martiale et sa diplomatie parallèle, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a transformé un contentieux migratoire en crise d’État. En ravivant les réflexes postcoloniaux, il a mis en péril des années de travail diplomatique et fragilisé un lien déjà miné.
Depuis l’automne 2024, les relations franco-algériennes ont plongé dans une spirale délétère, alimentée par un acteur inattendu : le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Dans un contexte où Emmanuel Macron a supprimé le corps diplomatique, affaiblissant les relais traditionnels du Quai d’Orsay, Bruno Retailleau, figure de proue de la droite extrême, s’est imposé comme le visage d’une diplomatie parallèle, volontiers brutale, qui prend la parole là où les diplomates professionnels ont été marginalisés. À coups d’ultimatums et de provocations, Retailleau a voulu « faire plier Alger ». Il n’a réussi qu’à braquer une capitale déjà méfiante et à transformer une coopération fragile en bras de fer idéologique. Notre article.
La nomination de Retailleau en septembre 2024 s’inscrit dans un contexte déjà tendu. En juillet, Emmanuel Macron déclare que le Sahara occidental « relève de la souveraineté marocaine », une provocation directe pour Alger, soutien historique du Front Polisario. Quelques mois plus tard, l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal à l’aéroport d’Alger, pour des propos jugés « séditieux », enflamme l’opinion française.
Mais c’est surtout l’attentat meurtrier de Mulhouse, le 22 février 2025, commis par un ressortissant algérien sous OQTF, qui offre à Retailleau un tremplin. Le ministre dénonce une « faillite migratoire » et accuse l’Algérie de « chercher à humilier la France » en refusant d’accepter ses ressortissants sur son territoire. Il appelle à « changer de braquet ». Dans son viseur : les accords migratoires de 1968, qu’il menace de dénoncer unilatéralement. C’est une déclaration de guerre diplomatique.
Rappelons que l’article 52 de la Constitution prévoit que : « Le président de la République négocie et ratifie les traités. Il est informé de toute négociation tendant à la conclusion d’un accord international non soumis à ratification ». En s’exprimant sans relâche sur l’Algérie, Retailleau brouille la ligne française et agit comme s’il détenait seul la vérité d’État et comme s’il était lui-même ministre des Affaires étrangères. Quand Jean-Noël Barrot plaide pour « rouvrir les voies de coopération », Retailleau balaie la diplomatie officielle d’un revers de main. « Personne ne me fera taire », clame-t-il sur TF1.
Cette posture inquiète même au sommet de l’État. Emmanuel Macron tente un rééquilibrage en mars, en insistant sur un « dialogue exigeant et respectueux ». Mais Retailleau persiste. Il convoque une réunion inédite entre préfets français et consuls algériens, prenant à revers l’Élysée. L’Algérie, elle, dénonce une « campagne de désinformation » menée par une « extrême droite revancharde » infiltrée au sein du gouvernement.
Pour aller plus loin : Racisme, homophobie, ami de Netanyahu.. Qui est Bruno Retailleau, le nouveau ministre de l’Intérieur ?
Résultat : huit mois de tension ont suffi à geler l’essentiel des coopérations migratoires et sécuritaires entre Paris et Alger. Les expulsions sont suspendues, les visas ralentis, les échanges de renseignements antiterroristes fragilisés. Plusieurs expulsés sont réembarqués vers la France par les autorités algériennes, un camouflet diplomatique.
Au-delà des logiques d’État, ce sont aussi les peuples qui trinquent. L’Algérie reste un partenaire économique crucial (énergie, infrastructures), et des centaines de milliers de binationaux vivent entre les deux rives, profondément attachés aux deux pays. La stratégie de Retailleau, en soufflant sur les braises de la défiance, déstabilise ce tissu humain, familial et amical.
Plus grave encore : Retailleau rejoue, consciemment ou non, un vieux scénario postcolonial. Sa rhétorique paternaliste, « On a été assez gentils… », « L’Algérie ne comprend que les signaux forts… », rappelle la frustration des colons face à « l’ingratitude indigène ». Ce registre d’humiliation renvoie à une France qui exigeait la soumission de ses colonies.
En appelant à « tourner la page de la mauvaise conscience » coloniale, Retailleau prétend libérer la parole française. En réalité, il libère surtout les pulsions autoritaires d’une droite en quête de boucs émissaires. Le discours sécuritaire se mue en discours identitaire. L’immigré devient suspect, l’Algérie devient ennemie.
Dans cette offensive, les Algériens de France ne sont pas en reste. Retailleau ne vise pas seulement un pays, mais stigmatise les personnes sous OQTF comme une menace généralisée. Après Mulhouse, il établit un lien direct entre immigration et terrorisme. Une rhétorique applaudie par le Rassemblement national, qui y voit la validation de ses obsessions. « L’étranger qui vole, dehors. L’étranger qui tue, dehors » : cette surenchère verbale, assumée par le ministre et son entourage, transforme la question migratoire en guerre culturelle. Une guerre où les enfants d’immigrés deviennent suspects par héritage. Et où le droit est sacrifié sur l’autel du « bon sens ».
Retailleau s’est aussi saisi de l’affaire Sansal pour justifier sa ligne agressive. En exigeant la libération immédiate de l’écrivain, il s’érige en défenseur des droits de l’homme. Une posture étonnante pour un ministre plus prompt à pourfendre les “islamo-gauchistes” qu’à défendre les dissidents.
En réalité, « l’ami Sansal » est devenu un pion commode dans une joute politique. Emmanuel Macron, lui, préférait une médiation discrète. Mais Retailleau, fidèle à son style bulldozer, a braqué Alger, retardant sans doute l’issue favorable. Résultat : l’écrivain est devenu la monnaie d’échange d’un marchandage cynique entre les deux États au lieu et place d’avoir utiliser la voie diplomatique pour le libérer.
En voulant rejouer la guerre d’Algérie à coups de tweets et d’injonctions, Bruno Retailleau a endossé le rôle d’un ministre pyromane. Ce n’est pas seulement une faute diplomatique, c’est une faute politique. Car la France ne peut se permettre d’entretenir une relation de domination avec ce pays. Elle ne peut continuer à ignorer le poids de l’histoire dans les imaginaires des deux rives.
L’épisode Retailleau montre combien la tentation néocoloniale est toujours présente dans l’État français. Et combien elle peut ressurgir à travers des personnalités prêtes à instrumentaliser l’Algérie pour des gains politiques à court terme. C’est cette logique que la gauche, et plus largement les forces anticoloniales, doivent combattre : une logique où l’autorité prime sur le respect, où la violence d’État devient outil de politique étrangère, et où les héritiers de l’Empire parlent encore de leurs anciennes colonies comme de “problèmes” à gérer.
Face à la brutalisation des relations internationales par une diplomatie revancharde, le programme de l’Avenir en commun propose une rupture claire : une diplomatie altermondialiste fondée sur la paix, le respect du droit international et la souveraineté des peuples. Contre l’arrogance postcoloniale, il s’agit de bâtir un partenariat d’égal à égal, notamment avec l’Algérie, en tournant résolument la page des logiques de domination.
Car seule une République décoloniale, sociale et populaire peut réconcilier la France avec son histoire… et avec ses propres enfants.
Par Ilyes
10.04.2025 à 16:38
Antisémitisme et haine raciale : les vrais coupables sont à l’extrême droite
Antisémitisme et haine raciale. Le succès populaire des marches antiracistes du 22 mars semble avoir fait peur aux tenants du seul antiracisme autorisé, celui qui ne voit dans le racisme que des actes individuels, isolés, un problème moral en somme. Or la réalité du racisme est le contraire de cette vision « libérale » du racisme : ces discriminations sont soutenues par un appareil idéologique, médiatique, politique.
Et le discours médiatico-politique dominant se frotte les mains à l’idée de mettre le racisme (pourtant le fruit selon eux de comportements individuels) sur le dos d’un camp politique, la gauche, et un mouvement en particulier : La France Insoumise. En oubliant en conscience que la discrimination raciale est avant tout l’apanage de la droite et de l’extrême droite.
L’histoire profonde et ancienne de ces familles politiques, mais aussi l’actualité récente le démontrent. Ceux qui provoquent et bénéficient du racisme sont surtout et avant tout à l’extrême droite. Un petit rappel des faits s’impose face aux discours confus qui étouffent le débat public. Notre article.
Chaque fois que l’extrême droite se retrouve devant un tribunal, c’est soit pour de sombres affaires d’escroquerie et d’emplois fictifs, soit pour avoir attisé la haine, des femmes, des personnes LGBT+… et des minorités racisées.
Ce 26 mars, le maître à penser de tous les racistes de ce pays, Eric Zemmour, a été condamné pour injure raciale. Comme d’autres fascistes de son type, il avait instrumentalisé le meurtre du jeune Thomas à Crépol, opposant « la France des Thomas [des blancs] et des Chahid [des non-blancs] ».
En 2021, le groupuscule néonazi « La famille Gallicane », soutien du même Zemmour, était affiché en train de s’entraîner au tir sur des caricatures de personnes noires, musulmanes, juives.
Il ne faut pas oublier le Rassemblement National (RN), qui depuis quelques semaines, tente de se faire passer pour le « bouclier » des juifs en France, et de pointer LFI comme le seul parti raciste et antisémite, soi-disant. Ces mensonges sont loin de la réalité : LFI a au contraire pleinement intégré les questions antiracistes dans son programme, comme en témoigne son livret thématique sur le sujet. D’un autre côté, le RN compte de nombreux antisémites assumés dans ses rangs, et les met même souvent en avant.
Comme Frédéric Boccaletti, député du Var, qui avant son élection tenait une librairie aux ouvrages antisémites et négationnistes. Ou bien Ludivine Daoudi, candidate aux législatives face à l’eurodéputée LFI Emma Fourreau. La candidate RN trouvait amusant de prendre la pose avec une casquette nazie.
D’une manière générale, chaque élection locale (départementale…) est l’occasion de débusquer des candidats RN aux convictions racistes et antisémites bien ancrées : les élections de 2024 avaient été un beau musée des horreurs. La défense du parti est toujours la même : il ne s’agit que de « brebis galeuses », d’erreurs de casting, selon les mots de Jordan Badella.
Pourtant, de nombreux articles mettent en cause de nombreux cadres du RN, responsables de sections ou assistants de députés, au racisme assumé et théorisé. Ces parcours individuels illustrent une tendance de fond du RN, car son programme et son idéologie reflètent les aspirations de ses militants et électeurs, même les plus violentes.
Les votes des députés RN contre les minorités racisées sont nombreuses. On pense notamment à l’ignoble « loi immigration » de décembre 2023, votée avec les troupes macronistes en pleine radicalisation. Mais d’autres votes sont éloquents : discussions sur la suppression du droit du sol (qui renforce une vision ethno-raciale, et non politique, de la citoyenneté), stigmatisation des français de confession musulmane, plus particulièrement les femmes voilées…
Et loin des sourires des plateaux TV et des cravates, le programme du RN reste extrêmement violent vis-à-vis des immigrés, clandestins, personnes de couleur… Tout y passe, de la suppression de l’Aide Médicale d’État (AME), à la « priorité nationale », qui réserve les aides sociales aux seuls « français de souche ». Le but est clair : faire comprendre aux immigrés et aux non-blancs qu’ils ne sont pas les bienvenus. Aux antipodes du programme humaniste porté par les Insoumis.
Cette violence raciale, même si les cadres du RN s’en défendent, est très bien comprise de l’opinion publique. D’abord par les électeurs du RN : les travaux de Félicien Faury, sociologue, ont par exemple démontré que le dénominateur commun à tous les électeurs RN, riche ou pauvre, d’Amiens ou de Toulon, reste le biais raciste. Cette conviction que stigmatiser les non-blancs permettrait à ces électeurs de tirer leur épingle du jeu néolibéral est le moteur de ces classes moyennes et populaires qui votent RN (sans être majoritaires).
Mais les personnes qui risquent de subir ces politiques racistes mortifères ont aussi bien compris le danger que représenterait l’arrivée du RN au pouvoir : binationaux, français musulmans, issus de l’immigration, tant de catégories prêtes à faire leurs valises pour se prémunir des politiques racistes de l’extrême droite.
Soutien du génocide à Gaza, Jordan Bardella s’est rendu en Israël sur invitation du criminel de guerre Benyamin Nétanyahou, Premier ministre israélien. Le vice-président du RN, Sébastien Chenu, a osé affirmer, à cette occasion que le RN était devenu le « bouclier de la communauté juive ». Curieuse prétention quand on pense aux multiples et unanimes hommages des membres du RN à la mort de Jean-Marie Le Pen, négationniste et antisémite convaincu et multicondamné pour cela.
Il y a quelques semaines encore, Bardella niait l’antisémitisme de son prédécesseur, et en dépit des six condamnations : on pense par exemple à l’affaire du « point de détail ». Dans un récent documentaire sur Le Pen-père, un de ses anciens proches et ex-membre du FN, à la question « était-il vraiment antisémite ? », a sans hésiter répondu par l’affirmative : « il voyait des juifs partout ».
Il faut dire que les origines du « bouclier » des français de confession ou d’origine juive sont sans équivoques. Entre un ancien milicien sous Vichy, un terroriste de l’OAS, et même un ancien Waffen-SS (la branche la plus fanatisée de l’armée nazie), sans compter les financements d’un parti néofasciste italien, la liste est longue. Et les idéologies qui ont motivé la création du FN sont les mêmes que celles qui ont propulsé le RN à 30 % des suffrages l’été dernier.
Pour aller plus loin : RN-FN, historique d’un parti fondé par des Waffen-SS que certains veulent réhabiliter
Le rapport de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH), sorti en juin 2024, apporte un éclairage sur le racisme et l’antisémitisme bien différent des inepties entendues sur les plateaux TV.
À la grande surprise des gens qui ignorent tout des mécanismes du racisme comme fait social, l’antisémitisme est et demeure l’apanage de… l’extrême droite. « De manière générale, les sympathisants d’extrême droite restent les plus enclins à se montrer d’accord avec ces préjugés antisémites traditionnels », nous apprend ce rapport (p.221).
Autre éclairage important de ce rapport : là où la droite et l’extrême droite attribuent à tort l’antisémitisme aux « musulmans » ou à « l’immigration extra-européenne », la CNCDH pointe « les opinions antisémites restent largement structurées par les vieux stéréotypes associant les Juifs au pouvoir et à l’argent ». Précisément les clichés véhiculés par l’extrême droite depuis le XXe siècle, et qui circulent encore sur des boucles de discussion néonazies.
La nécessité d’une lutte contre l’antisémitisme reste avant tout une valeur… de gauche ! Idem pour la lutte contre l’islamophobie et le racisme en général. Et plus on se décale vers la droite de l’échiquier politique, moins ces luttes sont considérées nécessaires.
Une mise au point s’imposait : le racisme est une réalité qui touche une large partie de la société française, et il prolifère sur la montée de l’extrême droite, et la banalisation de ses idées. Cette normalisation du racisme s’appuie aussi sur des discours médiatiques qui, non seulement rendent acceptables les discriminations raciales et religieuses, mais retournent aussi le stigmate. Qui n’a jamais entendu dans la bouche d’un éditocrate quelconque que « les antiracistes sont les vrais racistes » ?
Cet élément de langage fait son chemin jusqu’au RN qui tente de faire de LFI le moteur du racisme en France, aidé de ses complices macronistes. Jean-Marie Le Pen s’en retourne dans sa tombe.
Alexis Poyard
10.04.2025 à 15:38
Uranium : une mythique envolée et la place fondamentale de la France
Uranium. Métal aux propriétés atomiques particulières, tantôt salvateur, source d’énergie ; tantôt ravageur, arme ultime. Forgé dans les étoiles et agrégé lors de la formation de notre astre, l’uranium constitue l’élément indispensable à l’industrie nucléaire qu’elle soit civile ou militaire. La France, par sa filiale Orano, est un acteur parmi les plus importants au monde. Comprendre les enjeux autour de cette ressource et le rôle historique de notre pays, c’est d’abord comprendre ce qu’est cette ressource. Un article rédigé par le groupe thématique Énergie de la France insoumise. Notre article.
L’uranium est un élément très répandu dans le manteau terrestre, plus abondant encore que l’or ou l’argent. Son existence et sa radioactivité contribuent à entretenir en énergie thermique les profondeurs du globe. Si sa présence solide est importante, c’est également le cas de sa présence liquide. Les océans contiennent 4,5 milliards de tonnes d’uranium dissous. L’ennui avec cette abondante ressource, c’est que ni les centrales, ni les bombes ne fonctionnent directement avec des pelletées de minerais ou des seaux d’eau de mer. L’uranium est abondant certes, mais très peu concentré dans le sol ou l’océan.
Il s’agit de l’aspect essentiel à comprendre. C’est cette concentration inégale de matière qui justifie d’être présent dans tel ou tel pays du monde ou encore de ne pas récupérer l’uranium océanique. Il faut qu’en bout d’équation, ni le coût, ni l’énergie investis ne soient supérieurs aux recettes ou à l’énergie récupérées. Au cours de l’Histoire, la France a parié à de nombreuses reprises sur une envolée du prix de l’uranium lui permettant l’exploitation de certains gisements.
Cette envolée n’a jamais eu lieu. Chaque accident nucléaire produisant l’effet inverse, certains des projets miniers d’Areva n’ont jamais vu le jour, et ce, malgré les investissements économiques mais surtout humains. Rappelons que l’exploitation minière relève très souvent de pratiques coloniales dont les populations locales pâtissent in fine. Ce rapport de domination a cours systématiquement dans les pays en quête de développement et d’émancipation.
Pour aller plus loin : Se passer des énergies fossiles et du nucléaire : une révolution possible et désirable
À l’inverse, dans les pays dit « du Nord », l’industriel y est marginalisé, sa présence est secondaire au Canada et difficilement tolérée en Australie. C’est aussi parce que la France a tant parié sur l’envolée des prix de l’uranium, qu’elle s’est ardemment engagée dans le retraitement du combustible nucléaire usé. Cette filière censée « recycler » la matière peine à convaincre de son utilité. Elle n’a plus d’avenir pour les deux usages qui sont faits de l’uranium : les limites de la dissuasion nucléaire sont atteintes dès lors que depuis l’espace, il est possible d’en priver son usage a un pays détenteur ou d’en localiser l’emplacement.
De même que le prix de marché de l’uranium ne représente que 6% du tarif de vente de l’électricité, le doublement de cette valeur marchande n’aurait que peu d’incidence sur le tarif final payé par l’usager, en tout cas, bien moins d’incidence que l’organisation elle-même du marché de l’électricité. La seule hypothèse de pérennisation du retraitement, serait d’aboutir à une industrialisation de réacteurs capables d’utiliser la partie non utilisable de l’uranium : les réacteurs de 4ème génération à neutrons rapides, thématique chère à nos politiques nucléocrates. Car oui, en plus d’être peu concentré, seulement 0,72% de l’uranium naturel est utile en l’état actuel des technologies, il faut donc beaucoup, beaucoup de minerais pour faire tourner une centrale ou exploser une bombe.
Peu d’entreprises dans le monde sont chargées des activités de production de l’uranium. Pour la France c’est la société à capitaux publics Orano (anciennement Areva) qui les réalise. Le sol français ne disposant plus de gisements économiquement rentables, notre pays mise sur de bonnes relations diplomatiques pour entretenir de bons rapports commerciaux. Et c’est là que le bât blesse.
Nos forces diplomatiques et notre capacité à être entendu à l’international sont rudement mises à mal depuis ces 7 dernières années de macronisme. La détestation grandissante vis-à-vis des autorités de notre pays en Afrique en est la pleine illustration. Le Niger notamment, pays parmi les plus pauvres de la planète, compte beaucoup sur la rente minière de l’uranium pour s’extirper de sa condition. L’industriel Areva a souvent bénéficié d’un soutien du gouvernement nigérien pour permettre le développement minier.
Durant des décennies, les populations locales les plus hostiles, qui sont souvent les plus exposées aux impacts sociaux et environnementaux, ont été réprimées par la force. C’est ce qu’avait rapporté à l’Assemblée Nationale en 2008, Issouf Ag Maha, ancien maire d’une commune proche de la mine d’Imouraren entre Arlit et Agadez et devenu réfugié politique en France depuis le coup d’Etat militaire de 2023.
Malgré cette forme de soutien gouvernemental, Areva a toujours traîné des pieds pour lancer l’exploitation de la mine d’Imouraren, les cours du marché de l’uranium ne s’étant jamais envolés, le gisement considéré comme l’un des plus importants du monde n’a jamais atteint le seuil de rentabilité escompté. Pourtant un rapport d’Oxfam paru en 2013 met en lumière les avantages fiscaux particuliers dont tire profit Areva au Niger pour maximiser ses marges.
La junte militaire actuellement au pouvoir, ne voit plus du même œil les déséquilibres commerciaux historiques et cette façon qu’à Areva (devenu Orano) de s’éterniser. Ainsi, après avoir exigé de renégocier les contrats et lui avoir retiré son permis d’exploitation d’Imouraren en juin 2023, les autorités nigériennes ont en décembre 2024 « pris le contrôle » de la Société des mines de l’Aïr (Somaïr) filiale nigérienne détenu à 63,4% par Orano.
Les déboires namibiens conjugués aux déboires nigériens poussent Orano à recentrer ses activités vers l’Asie, après bien sûr, une énième compensation de ses pertes financières par l’Etat français. C’est là-bas, en Asie centrale, que l’écrasante majorité de l’uranium dans le monde est extraite. Au Kazakhstan l’uranium est uniquement récupéré par lixiviation in situ, c’est-à-dire qu’une solution chimique particulière, pour ne pas dire de l’acide, est injectée dans la roche pour en détacher l’uranium et le récupérer par pompage. Cette technique évite la création de mine à ciel ouvert et donc évite de transformer profondément la zone d’exploitation.
Le problème, c’est que la solution injectée laisse une concentration élevée de métaux lourds dans les eaux souterraines en plus de libérer d’énorme quantité de radon, un gaz radioactif, et de produire des boues radioactives dont on ne sait que faire ensuite et qu’il convient de stocker. Mais rien n’arrête notre tropisme nucléaire, pas même les forêts d’arbres endémiques protégés.
En 2019, le Figaro nous informe de la “discrète visite de Bruno Le Maire à Nour-Soultan”. Cette visite du ministre permit, moyennant compensation, le “nettoyage” de la forêt en réglant des “tracasseries administratives”. Comprenez que, l’interdiction de couper les saxaouls dans le pays, seul arbre capable de pousser dans les déserts kazakhs, n’arrange pas les affaires de l’industriel quant il s’agit de s’agrandir.
Pourtant des affaires les français savent faire. Surtout si le pays concerné est fraîchement sorti de dictature et ouvert au monde comme en Ouzbékistan. Ce n’est pas moins de sept poids lourds de l’ingénierie et de l’industrie française qui sont implantés dans le pays en plus d’Orano, qui depuis 2020, explore un gisement composé de trois champs d’uranium de grès (roche). Cette caractéristique minière induit une exploitation peu coûteuse, que l’exécutif ouzbek réserve d’ordinaire aux investisseurs internes. Les compagnies étrangères sont normalement appelées à investir des gisements plus complexes si elles souhaitent s’y implanter.
Plus à l’Est, la Mongolie attise aussi les convoitises d’Orano. L’économie mongole repose essentiellement sur les exportations minières importantes de cuivre et de charbon. Les dernières estimations en date, placent la Mongolie comme l’un des principaux (potentiels) fournisseurs d’uranium dans le monde. Il est alors curieux que depuis la Seconde Guerre mondiale seulement 535 tonnes d’uranium aient été extraites par la Russie de 1989 à 1995.
Orano, présent en Mongolie depuis 1997, se confronte déjà aux populations locales pour qui la ‘terre-mère” est sacrée. Un collectif de citoyens mongols à proximité de l’exploitation, lui reproche d’être à l’origine de pollutions des eaux souterraines ayant provoqué des malformations de cheptel, des cancers et des fausses couches. Malheureusement dans un pays reconnu pour être l’un des plus corrompu au monde par Transparency International, il y a fort à parier pour que la véracité des rapports environnementaux contredisant les accusations portées devant la justice, ne soit quelque peu édulcorée et que les plaintes ne finissent par être déboutées.
Empêtrée dans une affaire de corruption d’agents publics mongols depuis 2018, Orano acceptera en décembre 2024 de s’acquitter d’une amende de 4,8 millions d’euros pour mettre fin à ses poursuites et “traiter le passé”. Cette amende est complétée par un programme de “mise en conformité” à hauteur de 1,5 millions d’euros. Sans plus de précisions à cet égard, peut-on imaginer que cela concerne les projets miniers dans le désert de Gobi, octroyés aux faveurs dudit partenariat mis en cause ?
La fonte des glaces dûe au réchauffement climatique, à pour conséquence directe de rendre plus accessible certaines ressources enfouies. Une aubaine pour certains, une calamité pour d’autres, le Groenland en est la version politique condensée. En début d’année 2021, une semaine après avoir accordé à Orano deux permis d’exploration minière, le gouvernement social-démocrate groenlandais se déchire sur un autre projet d’ampleur pour extraire des terres rares et de l’uranium.
Des législatives anticipées sont organisées, à l’issue desquelles une coalition gauche-écologiste, farouchement déterminée à ne plus subir les pollutions liées aux activités minières, arrive en tête. Elle ne tardera pas une fois investie, à interdire l’exploitation d’uranium du gisement convoité par le consortium sino-australien, de quoi refroidir les ardeurs du groupe français, qui renoncera à toute exploration quelques mois seulement après l’annonce et l’obtention de ses permis.
EDF affirme que la diversification de son approvisionnement lui garantie d’alimenter en matière fissile son parc nucléaire. Cette affirmation prise avec du recul laisse apparaître une emprise sino-russe plus ou moins forte suivant les pays fournisseurs. On constate que l’Afrique compense son éloignement français avec de plus en plus de partenariats russes et chinois. Entre culture et dépendance, proximité géographique et histoire, l’Asie centrale dans son ensemble entretient des relations étroites avec la Russie et la Chine.
Plusieurs de ces pays, dont le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, ont déjà postulé pour intégrer l’alliance économique des BRICS. Encore aujourd’hui, une part importante de l’uranium extrait dans les mines kazakh et ouzbek transite par la Russie via l’entreprise d’État Rosatom (agence de l’énergie russe). La Mongolie, vantée comme seule démocratie de la région, reconnaissant de surcroît la cour pénale internationale, n’a pourtant pas mis en exécution le mandat d’arrêt à l’encontre de V. Poutine, lors de sa visite à Oulan-Bator en septembre 2024. Notre “indépendance” énergétique ne repose donc que sur le bon vouloir de la Russie et de la Chine à n’appliquer aucune sanction.
La France s’illustre tristement par son suivisme étasunien, son indignation à géométrie variable et ses relations diplomatiques instables. Cet état de fait nous éloigne du statut de nation universaliste fiable et pourrait avoir des répercussions immédiates en cas de conflit aggravé avec l’une ou l’autre de ces puissances, bien que, il a été prouvé à de nombreuses reprises que, quelque soit les guerres, le nucléaire ne souffre d’aucun embargo.
Par le Groupe Thématique Énergie de LFI
Crédits photo : « Uranium Ore in Barrels (03010300) », Dean Calma / IAEA, Flickr, CC BY-SA 2.0, pas de modifications apportées.
10.04.2025 à 11:21
Déporter les OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon : Laurent Wauquiez propose le retour au bagne
OQTF. Laurent Wauquiez, président du groupe des Républicains à l’Assemblée nationale, a fait la une du JDNews ce mardi 8 avril en proposant « que les étrangers dangereux sous OQTF, soient enfermés dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon ».
Désireux de ramener la France au temps du bagne et des colonies, en pleine campagne pour la présidence de son parti face à l’ultra-réactionnaire Bruno Retailleau, Laurent Wauquiez aggrave la surenchère raciste du débat public en même temps qu’il méprise et humilie, une fois de plus, les Outre-mer. Notre article.
« À Saint-Pierre-et-Miquelon, à proximité du Canada, il fait 5 degrés de moyenne pendant l’année, il y a 146 jours de pluie et de neige. Je pense qu’assez rapidement, ça va amener tout le monde à réfléchir ».
Laurent Wauquiez dans le JDNews du 8 avril 2025
Oui. Vous avez bien lu. Laurent Wauquiez assume sans détours que sa proposition se fonde sur la souffrance que pourraient subir les éventuels OQTF déportés.
Au-delà même de la cruauté d’une telle proposition, il convient de rappeler que les OQTF – pour Obligations de Quitter le Territoire Français – sont des décisions administratives d’éloignement de personnes en situation irrégulière ou à qui un titre de séjour a été refusé. Une OQTF n’est donc pas une décision de justice. Ni plus ni moins, c’est donc un retour au bagne fondé sur une décision administrative qui est préconisé par celui qui veut briguer la présidence des Républicains.
On ne saurait plus généralement ne pas voir que cette proposition de Laurent Wauquiez s’inscrit dans la longue tradition de la Réaction et de l’extrême droite française pour qui les territoires d’Outre-mer ne sont rien d’autres que des dépotoirs destinés à satisfaire leurs fantasmes et pulsions autoritaires.
Pensons notamment au bagne de la Guyane française actif jusqu’en 1953, pensons à Napoléon III, empereur du Second Empire et neveu de Napoléon Bonaparte qui utilisa la Nouvelle-Calédonie-Kanaky pour y enfermer ses opposants ainsi qu’à son usage par les Versaillais pour y déporter les fédérés de la Commune.
Pour aller plus loin : Menacé de mort sur un site néonazi : le député Sébastien Peytavie porte plainte, l’extrême droite défend à nouveau l’eugénisme
Et c’est donc aujourd’hui au tour de Saint-Pierre-et-Miquelon de jouer les rôles d’étancheur des fantasmes et du mépris de la droite de l’extrême droite. À ce titre et aux côtés de nombreux élus et habitants du territoire, Stéphane Lenormand, député LIOT de Saint-Pierre-et-Miquelon a très vivement recadré Laurent Wauquiez, estimant notamment que “quand on est capable de pondre une proposition aussi stupide on est irrécupérable”. Euphémisme.
Laurent Wauquiez, dans la course à la présidence des Républicains face à l’actuel ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, est comme son adversaire : dans la surenchère raciste. L’objectif est clair : séduire l’électorat le plus conservateur, quitte à perdre son intégrité et sa dignité sur le chemin.
C’est cela qui conduit à voir le ministre de l’Intérieur mener bec et ongle une bataille obsessionnelle contre l’Algérie pour préserver son égo quitte à déclarer les pires horreurs sur les Algériens, les musulmans et la colonisation. Et c’est cela aussi qui mène aujourd’hui Laurent Wauquiez à surenchérir en annonçant vouloir déporter les personnes visées par une OQTF.
Cette surenchère, on la connaît, c’est celle déjà employée par le délinquant Nicolas Sarkozy dès la campagne présidentielle de 2007 lorsqu’il parlait de nettoyer les banlieues à coup de karcher, et qui aura abouti à la création d’un ministère de l’immigration.
Pour aller plus loin : Racisme et violences policières : les propositions de LFI pour une société de l’harmonie des être humains
Cette stratégie ne sert en réalité qu’une chose : l’extrême droite. Loin de ramener ses électeurs vers une ligne et un parti plus modéré, lorsque les tenants de la droite traditionnelle, supposée républicaine, empruntent le langage et les fantasmes de l’extrême droite, ils ne font en réalité qu’une seule et unique chose : banaliser ses idées.
Alors, dans une campagne pour la présidence des Républicains à laquelle personne ne prête attention et où l’égo paraît plus important que la dignité et l’humanité, où la banalisation d’idées et de propos racistes, xénophobes et islamophobes est à son paroxysme, la question se pose : s’agit-il là d’une campagne à la présidence d’un parti politique, ou bien d’une course à l’échalote de la pire proposition raciste ?
Par Lubin Caulier
10.04.2025 à 10:51
La jeunesse, à nouveau, chair à canon pour leurs guerres ?
L’insoumission.fr et Informations Ouvrières s’associent pour proposer à leurs lecteurs des contenus sur les résistances et les luttes en cours aux quatre coins du pays. À retrouver sur tous les réseaux de l’Insoumission et d’Informations ouvrières.
Martelée façon Goebbels, la propagande médiatique pour la « prochaine » guerre, la prochaine boucherie humaine, a commencé, en France et en Europe. Vous avez 18, 20, 25 ans ? Sachez qu’en majorité, vous ne rêvez que d’aller mourir au son du clairon, d’étriper vos semblables russes, ou tout autre peuple que vous désigneront les politiciens au pouvoir. Ne discutez pas : les sondages ont décidé pour vous.
« Défense, défense ! », serinent les va-t-en-guerre, de Macron à Glucksmann… pour voler l’argent des hôpitaux, des écoles, des retraités, des communes, des services publics. « Des armes, encore des armes », « que la France participe aux bataillons qui devront se porter sur le terrain », clame le chauvin belliciste Boris Vallaud (PS), à la grande joie des producteurs capitalistes d’engins de mort. Engage-t-elle les militants CGT, Sophie Binet, lorsqu’elle se rallie, aux côtés de la CFDT, au « renforcement nécessaire de notre défense », décidé par Macron ? La « défense » des travailleurs français doit-elle se plier aux guerres décidées, pour ses seuls intérêts, par la bourgeoisie française, « comme en 14 » ? Notre article.
La peur, l’urgence, le danger imminent sont les moyens ordinaires des « bourreurs de crâne » (terme inventé durant la Première Guerre mondiale) pour empêcher les citoyens de réfléchir, forcer les peuples à s’entretuer. Il y a la censure policière pour les civils, la répression des syndicats et la terreur contre les soldats, les fusillades « pour l’exemple », pour contraindre les conscrits à se jeter sur les mitrailleuses ennemies. L’offensive de la Somme, en juillet 1916, dure trois mois : 1 200 000 morts allemands, anglais et français. Plus de mille soldats exécutés « pour l’exemple » en Italie par l’État-major, 639 en France (Films à voir, entre autres : Les hommes contre, de Francesco Rosi (1970).
Pour les bourgeois français, il y a « deux Pétain », car le collaborateur de Hitler, l’organisateur des rafles de juifs, se serait couvert de gloire en faisant fusiller… les mutins français de 1917. Pour la classe ouvrière, il n’y en a qu’un, royaliste, antisémite, colonialiste, ennemi cruel de la démocratie et de la liberté.
Et au nom de ce pétainisme bourgeois, il a fallu attendre plus d’un siècle, et La France insoumise, pour que l’Assemblée nationale adopte enfin en 2022 la proposition du député Insoumis Bastien Lachaud réhabilitant les « fusillés pour l’exemple » !
Après avoir déclenché la guerre en 1914, prétendument pour la patrie et la liberté, des deux côtés, juré que dix millions d’humains étaient morts pour « la der des ders », les bourgeois vainqueurs, anglais et français, ajoutèrent à leurs colonies : Cameroun, Syrie, Liban, Palestine, Jordanie, Irak, etc. Leur butin de guerre pris à leurs semblables esclavagistes, allemands et turcs. Colonies remises en jeu pour la guerre mondiale suivante – 50 millions de morts et la décision d’Hiroshima-Nagasaki… pour l’exemple et la terreur.
De nos jours, pour tromper encore les peuples qui haïssent la guerre, perpétuer la suprématie des grandes puissances, la propagande guerrière s’est renouvelée. Ils ont inventé la « guerre humanitaire ». On bombarde et affame les peuples pour leur bien, on les tue pour les sauver. Le faussaire Bush a inventé, fabriqué de toutes pièces des « preuves » pour sa croisade du Bien contre le Mal en Irak. Sarkozy a menti pour attaquer la Libye, méprisable crime d’un despote cynique contre les nations africaines.
Pour aller plus loin : « L’après Trump consiste à obéir à ses demandes ? » – L’analyse de Jean-Luc Mélenchon
Des marchés de vente d’esclaves, des migrants capturés par des bandes armées, torturés dans des camps, leurs familles rançonnées, un pays ravagé par les groupes mercenaires à la solde de rapaces étrangers, se disputant les puits de pétrole, un « maréchal » Haftar, ancien séide de Kadhafi, rentré en Libye après avoir séjourné vingt ans à Langley, tout près de son travail (c’est le siège de la CIA). Voilà le résultat, constaté par les médias du monde entier, de la libération de la Libye par l’agression armée de Sarkozy et de l’Anglais Cameron.
Agression condamnée depuis par le Parlement britannique, qui a adopté un rapport incriminant « l’intérêt politique personnel du président Sarkozy ». Information ignorée par les médias français, compte tenu des complicités de « gauche », du consensus pour cette agression typiquement impérialiste, avec le vote favorable du PS.
La Libye est l’Irak de la France, avec les falsifications similaires de Bush et Sarkozy. Le prétendu bombardement de Benghazi par Kadhafi, l’attaque de cette ville par des colonnes de chars, le charnier de 6 000 corps, tous les prétextes pour l’agression « humanitaire » franco-anglaise sont des faux, comme l’a montré Rony Brauman, ex président de Médecins sans frontières (Rony Brauman, Guerres humanitaires ? Mensonges et intox, Textuel, 2018). Démenti du Pentagone ignoré par les médias français, témoignages sur place, absence totale de la moindre image satellite, sur un territoire hypersurveillé, prouvant un déferlement de centaines de chars en plein désert !
Non moins grave : ce sont les armes lourdes accumulées par Kadhafi, les bandes mercenaires fuyant la Libye vers l’Afrique subsaharienne, les centaines et centaines de véhicules surarmés que les bombardements de Sarkozy ont dirigés vers de malheureuses nations, qui ont mis des régions entières d’Afrique à feu et à sang. Ce qui a « justifié » d’autres interventions de la Françafrique, sous Hollande et Macron, jusqu’au rejet légitime par les peuples : « France, dégage ».
La Révolution française avait mis un terme au privilège des tyrans, vomi par les citoyens, de déclarer la guerre selon leur « bon plaisir ». La Ve République a rétabli ce pouvoir, privilège « régalien » de l’Elysée.
Déjà condamné à la prison pour corruption, porteur de son bracelet électronique, Sarkozy répond ces jours-ci des accusations de corruption, d’association de malfaiteurs pour un « pacte » avec Kadhafi qui aurait financé son élection en 2007. Il est présumé innocent. Le délibéré sera le 25 septembre 2025. Son lieutenant politique Guéant, ministre de la police, que Sarkozy chargeait de « nettoyer au karcher » les banlieues populaires, est un délinquant récidiviste : outre la corruption par l’argent libyen, il volait dans la caisse du ministère destinée aux enquêtes judiciaires. Il volait tellement qu’il en vivait, ne dépensant rien de son salaire. Il était le ministre chargé du respect de la loi…
Vous avez sûrement remarqué comment ce procès, cet événement extraordinaire, inouï en 67 ans de Ve République a été couvert, commenté, disséqué sur les plateaux des chaînes d’« information » ?…
Nous plaisantons, bien sûr, les loups ne se mangent pas entre eux. Que la clé de voûte du régime, le monarque de l’Élysées, décideur suprême des guerres de la France, soit jugé pour « un pacte de corruption » avec ce même Kadhafi, naguère reçu en grande pompe à l’Élysée, puis attaqué militairement ensuite, c’est un non-événement. Le sacro-saint pouvoir monarchique, si bienveillant et généreux envers ses fidèles serviteurs, ne doit pas être soupçonné. Et il y a tant à inventer, à fabriquer pour criminaliser la France insoumise…
Mais une question demeure, posée à la jeunesse, à tous les travailleurs : êtes-vous d’accord pour sacrifier vos vies, celles de vos enfants, dans des guerres décidées par ces gens-là ?
Êtes-vous d’accord pour que vos salaires, vos retraites, vos droits à la santé, vos hôpitaux, soient sacrifiés au budget de guerre de ces gens-là, et des profiteurs de guerre capitalistes, à raison, sur ordre de Trump, de 5 % de la richesse nationale dépensée en engins de mort ?
Contre la guerre généralisée, une autre voix de la France doit se faire entendre. Le 1er mai, LFI appelle à marcher aux côtés des syndicats pour la paix et une vie digne pour chacun.
Par Michel Sérac
09.04.2025 à 15:42
Véolia, une entreprise polluée par ses scandales
Veolia. Environ 22,79 milliards d’euros, c’est la capitalisation boursière de Véolia, un chiffre qui permet d’évaluer la taille d’une entreprise, et de la classer. Il est un proverbe qui dit que « l’eau n’oublie pas son chemin », c’était oublier celui des marchés financiers qui obéit à un autre proverbe « chacun dirige l’eau vers son moulin. »
Pour La France Insoumise, l’eau est un bien commun qui ne doit en aucun cas être privatisé. Dans le programme L’Avenir en commun, la gestion publique et citoyenne de l’eau, est une priorité qui appelle à rompre avec les délégations de service public au privé (DSP) comme celles confiées à Veolia ou Suez dans de nombreuses communes françaises. À la fin de l’été 2024, le député insoumis Gabriel Amard publiait un manifeste en faveur de la gestion publique de l’eau, tout en dénonçant les scandales et les méthodes de l’entreprise Véolia.
Tentons une belle uchronie pour réfléchir à la gestion de l’eau, des déchets et de l’énergie : et si Véolia n’existait pas ? En l’absence de ce mastodonte privé, les collectivités auraient conservé plus largement la maîtrise de leurs services publics. Moins de délégations, plus de régies locales, et une gouvernance plus transparente. Sans l’influence d’un acteur aussi puissant, les choix politiques auraient pu s’orienter plus tôt vers une gestion publique, démocratique et moins soumise aux logiques de rentabilité, avec des tarifs souvent plus bas, une meilleure lisibilité des coûts. Mais voilà les 22,79 milliards d’euros de capitalisation boursière sont bien réels.
14 mai 2021, Veolia et Suez signent un accord de fusion après des mois de bras de fer pour 13 milliards d’euros. En juin 2021, le Parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête préliminaire concernant des soupçons de trafic d’influence liés à cette offre publique d’achat (OPA). Problème : Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée et plus proche collaborateur d’Emmanuel Macron à l’époque, auraient favorisé cette opération.
À ce jour, aucun jugement définitif n’a été rendu, mais cette fusion ressemble à un tour de passe-passe ou de bonneteau qui a vu naitre le « nouveau Suez ». Veolia a cédé certaines activités à un consortium d’investisseurs, notamment les branches Eau et Recyclage & Valorisation de Suez en France. Le 31 janvier 2022, un trio d’investisseurs, Meridiam, GIP, CDC est aux commandes de Suez.
Bruno Le Maire avait salué une « victoire française ». Mais derrière ce vernis patriotique, les logiques financières triomphent. Un cours magistral que doit donner l’ancien ministre de l’Économie qui enseigne à Lausanne, en Suisse, depuis septembre 2024.
Pour aller plus loin : Gestion publique de l’eau – Le député LFI Gabriel Amard publie un manifeste qui dézingue Véolia
À Montpellier, la gestion de l’eau est publique depuis 2016 : une régie métropolitaine assure le service sans but lucratif, avec un tarif total moyen d’environ 3,06 € TTC/m³ (1,41 € pour l’eau potable et ~1,65 € pour l’assainissement). À Nîmes, la métropole a confié l’eau à Veolia, depuis janvier 2020, au tarif de 4,0089 € TTC/m³ (2,28 € pour l’eau potable et 1,73 € pour l’assainissement). Soit près d’un euro de plus par m³. Un écart qui reflète deux modèles opposés : à Montpellier, les bénéfices sont réinvestis dans la transition écologique et la maintenance des réseaux ; à Nîmes, ils alimentent en partie les dividendes privés. Bref !
La régie publique montpelliéraine permet davantage de transparence et de contrôle citoyen. Face à la crise climatique et à la raréfaction de la ressource, le modèle montpelliérain fait école, tandis que Nîmes reste ancrée dans une logique de délégation marchande. René Revol président de la Régie des eaux de Montpellier Méditerranée Métropole depuis 2016 a réaffirmé le 22 mars 2025 à l’occasion de la journée mondiale de l’eau : « L’eau est un bien commun, pas une marchandise ! C’est le sens de mon action. »
Une vitrine qui semble bien sale, pour dire vrai. Les scandales passent et le public oublie, mais les faits restent. Veolia, ce leader mondial de la gestion de l’eau, des déchets et de l’énergie cache une longue liste de scandales en France comme à l’international. Retour sur une histoire marquée par la surfacturation, les pollutions, les ententes illégales et les conflits d’intérêts.
En 1853, est créée sous Napoléon III la Compagnie Générale des Eaux (CGE), qui devient Vivendi en 1998 pour être ensuite baptisée Véolia en 2003. Mais déjà, dans les années 90, des pratiques douteuses apparaissent. En 1995, à Grenoble, un contrat passé avec la CGE pour la gestion de l’eau aboutit à une affaire de corruption. Le maire Alain Carignon sera condamné à 5 ans de prison ferme, suivis de cinq ans d’inéligibilité. La ville mettra fin à la délégation de Veolia.
Dans les années 2000, les critiques sont récurrentes à propos de contrats opaques passés avec les collectivités locales. Plusieurs villes dénoncent une tarification abusive. En 2005, l’UFC-Que Choisir publie une étude révélant que les usagers paient en moyenne 25 à 30 % de plus que si le service était géré en régie publique.
2010, la ville de Paris met fin au contrat de délégation passé avec Veolia et Suez. Un audit révèle que les deux entreprises réalisaient des marges importantes. La remunicipalisation permet une baisse du tarif de l’eau de 8 % dès la première année.
En 2011, l’Autorité de la concurrence sanctionne Veolia et Suez à hauteur de 60 millions d’euros pour entente illégale sur les prix et la répartition du marché de l’eau en Île-de-France. Ce cartel, en place pendant plus de 15 ans, avait un seul objectif : verrouiller le marché au détriment des collectivités locales et des usagers.
Entre 2014 et 2016, Veolia est impliquée dans le Flint Water Crisis aux États-Unis. La ville de Flint (Michigan) sollicite Veolia pour auditer la qualité de l’eau, suite à des plaintes de résidents sur son goût et sa couleur. Veolia assure que l’eau est conforme. Mais quelques mois plus tard, des analyses indépendantes révèlent une contamination massive au plomb. Cette contamination affecte la santé de milliers de résident·es, notamment des enfants. Une plainte collective est portée contre Veolia pour négligence grave. En février 2025, Veolia a accepté de payer 53 millions de dollars pour régler les poursuites restantes liées à cette affaire, mais en persistant à nier toute responsabilité. Affligeant ? Certes, et ce n’est pas terminé…
En France, plusieurs incinérateurs exploités par Veolia font l’objet de critiques. En 2022, Reporterre révèle que le site de Claye-Souilly (Seine-et-Marne), une des plus grandes décharges d’Europe, rejetterait des substances toxiques dans la nappe phréatique. Les autorités locales dénoncent un simple manque de surveillance environnementale. En 2023, une enquête conjointe de Disclose et Mediapart montre que plusieurs incinérateurs (dont celui d’Ivry-sur-Seine) ont dépassé les normes d’émissions polluantes, sans que l’information ne soit correctement transmise aux riverains.
Veolia est régulièrement accusée de lobbying intensif auprès des collectivités pour obtenir ou renouveler des contrats. Plusieurs rapports pointent des connexions politiques et un « revolving door » entre cadres dirigeants de l’entreprise et responsables publics.
Un simple exemple : l’entreprise participe activement à des événements avec des élus locaux. Selon Le Monde, Veolia et d’autres entreprises privées sont au cœur d’événements organisés par des associations d’élus, tels que l’Association des Maires d’Île-de-France (AMIF). Des interactions, qui voudraient tout simplement faciliter le dialogue et partager des expertises, mais suscitent de nombreuses interrogations sur la frontière entre réseautage, lobbying et corruption.
Autre exemple, en 2015, un rapport de la Cour des comptes sur la gestion de l’eau à Marseille notait le caractère très peu concurrentiel des appels d’offres et l’équilibre très favorable fait à Veolia. Les responsables politiques de la ville ont pourtant renouvelé le contrat jusqu’en 2030.
Crises à répétition : Afrique, Moyen-Orient, Amérique latine, dans de nombreux pays du Sud, Veolia est accusée de ne pas respecter ses engagements contractuels. En Afrique du Sud, sa gestion du service d’eau de Johannesburg provoque des coupures répétées et des manifestations (2017). En Irak, en 2023, la province de Bassorah engage des poursuites pour non-respect des obligations de construction d’une station de traitement. En Argentine, dans les années 2000, l’entreprise quitte le pays après un conflit sur les tarifs avec l’État, laissant derrière elle des infrastructures délaissées.
Où est la fontaine du village qui symbolisait souvent le centre de la vie communautaire, un lieu où les informations étaient échangées et les liens sociaux renforcés. En ouvrant le robinet, aurait-on perdu une part de notre fraternité ?
Antoine Frérot a été le président-directeur général (PDG) de Veolia Environnement de 2009 à 2022. En juillet 2022, il a cédé la direction générale à Estelle Brachlianoff, tout en conservant la présidence du conseil d’administration, ce qui lui permet de continuer à d’influencer la stratégie du groupe. Pour rappel, alors que l’ensemble des PDG des grandes entreprises françaises penchaient en faveur du candidat conservateur François Fillon, tous prêts à lui payer pompes et costumes, Antoine Frérot aurait été l’un des premiers dirigeants du CAC40 à soutenir Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle en 2017. Un soutien précoce, pour un investissement gagnant ?
Le 11 octobre 2022, la proposition de loi n° 325 déposée par des députés LFI était présentée pour garantir l’accès à l’eau potable par la gratuité des premiers mètres cubes, jugés vitaux pour l’hygiène et l’alimentation. Portée par Gabriel Amard, avec Bénédicte Taurine, Manon Meunier et Sylvain Carrière, elle a été rejetée en séance publique le 24 novembre 2022, malgré son passage en commission.Il faudra du temps pour retrouver le son apaisant de l’eau qui coule au cœur de la cité. Pour cela, il est urgent de légiférer, d’agir, de reprendre la main. La remunicipalisation de la gestion de l’eau n’est pas une utopie. Elle a déjà fait ses preuves.
C’est une réponse concrète, démocratique et durable face aux dérives du marché. Elle permet de replacer l’humain et l’écosystème au centre, de garantir l’accès à une ressource vitale, de restaurer la confiance et la transparence. La puissance publique doit protéger l’eau, en faire un droit fondamental. L’eau n’est pas une marchandise, « l’eau est le sang de la terre, le support de toute vie », écrivait en 1945 le philosophe autrichien Viktor Schauberger.
Par Jean-Philippe Vallespir