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09.03.2025 à 11:41

Racisme et violences policières : les propositions de LFI pour une société de l’harmonie des être humains

Linsoumission

Racisme, violences policières. Dans sa nouvelle rubrique « Un autre monde », l’Insoumission entend porter attention aux propositions formulées par la France insoumise pour rompre avec la société capitaliste et se diriger vers une autre société.    

Le mardi 28 janvier 2025, les insoumis ont franchi une étape centrale dans la vie de leur mouvement et leur préparation des futures échéances électorales. Le programme actualisé « L’Avenir en Commun », édition 2025, a été présenté publiquement en conférence de presse au siège de la France insoumise. « L’affirmation d’un sérieux » a introduit Jean-Luc Mélenchon, rappelant le caractère unique du programme insoumis, « sans équivalent » dans le pays et validé par plus de 7 millions d’électeurs aux élections présidentielles. Un socle et une matrice puissants, capables d’unir des personnes de toutes convictions anticapitalistes.

Forte de l’expertise acquise par les élus et militants insoumis au cours des dernières années, la nouvelle mouture de « L’Avenir en Commun » contient aujourd’hui 831 mesures. Parmi elles, un vaste plan pour lutter contre le racisme et les violences policières, deux réalités profondément entremêlées. Refondation d’une police républicaine de proximité au service de la sûreté des citoyens, lutte pour une République universaliste contre le racisme et les discriminations, tells sont deux des ambitions directrices de  « L’Avenir en Commun » et de la France insoumise pour un pays faisant place à l’harmonie des êtres humains entre-eux.

L’actualité des campagnes médiatico-politiques racistes conduites contre les députés de la France insoumise Aly Diouara et Rima Hassan montre combien le racisme des élites bourgeoises se débride jusqu’au plus haut sommet de l’État. Des plateaux de Bolloré au gouvernement Darmanin-Retailleau, l’extrême droite est légitimée par le système dominant pour maintenir sa logique capitaliste. Au jour le jour, les violences policières et autres manquements au droit et à la déontologie des dépositaires de la violence d’État mettent plus que jamais en lumière les problèmes structurels de la police française. Dans le même temps, les actes et discours racistes se multiplient en même temps qu’ils se radicalisent.

L’Insoumission vous propose de revenir en détail sur quelques-unes des mesures clés de la France insoumise et de « L’Avenir en Commun » pour renverser ces situations. Notre article.

Cabales racistes contre Rima Hassan et Aly Diouara : la partie émergée de l’iceberg

« Tu vas faire quoi si je te taze ? ». Des plus hautes sphères de l’État jusqu’aux pieds des grands ensembles, le fond de l’air est brun. Les campagnes médiatico-politiques racistes lancées contre Rima Hassan et Aly Diouara en sont le signal.

Comme nous vous en parlions dans nos colonnes il y a quelques jours, Rima Hassan et Aly Diouara, eurodéputée européenne et député de la France insoumise, ont été victimes de campagnes politiques et médiatiques aux accents de persécution raciste. Du gouvernement au Rassemblement National, de la télévision publique au préfet de Paris, sur les radios et sur les plateaux de télévision, on menace de « tazer » des parlementaires et de les déchoir de leur nationalité.

Ainsi Rima Hassan, après une interview accordée à Jean-Jacques Bourdin le 27 février dernier, fait face à une énième cabale d’acharnement raciste appelant en particulier à sa déchéance de nationalité. Ainsi des diffamations et insultes de Bruno Retailleau, Marion Maréchal-Le Pen, de multiples représentants du Rassemblement National, du ministre François-Noël Buffet appelant lui-même à la déchéance de nationalité de Rima Hassan, et du socialiste Jérôme Guedj. Ainsi également des médias de Bolloré et du Service public qui inversent les séquences de l’interview de Rima Hassan pour lui faire dire l’exact inverse de ce qu’elle a effectivement dit, à savoir que le droit international et le respect des êtres humains doivent être les premières boussoles guidant l’analyse et l’action politique internationale, jusques et y compris lorsque cela concerne les massacres et la colonisation d’Israël en Palestine.

Pour aller plus loin : Campagnes médiatico-politiques contre Rima Hassan et Aly Diouara : jusqu’au sommet de l’État, le racisme débridé des élites bourgeoises

En parallèle de la cabale raciste menée contre Rima Hassan depuis le plus haut sommet de l’État, un autre insoumis, le député Aly Diouara, a été menacé par des policiers alors qu’il était témoin de contrôles de police affichant violences et absence de motif apparent. Témoin d’une fouille sans fondement légal, un contrôle au faciès, Aly Diouara a exercé sans interférence son droit d’observation en tant que député. Il a alors été pris à partie par les fonctionnaires de police impliqués, ceux-ci menaçant de faire usage de leur arme à impulsion électrique (Tazer) à son encontre.

Alors qu’Aly Diouara a dénoncé cette situation par communiqué, le préfet de Paris Laurent Nunez et le préfet de Seine-Saint-Denis ont rapidement apporté leur soutien aux policiers, affirmant sans aucune preuve qu’ils ont agi dans le respect du droit des règles de déontologie. Manquant à leur devoir de retenue et de réserve en dépit des vidéos prouvant le témoignage d’Aly Diouara, les réactions du préfet de police de Paris et du préfet de la Seine-Saint-Denis soulèvent des interrogations d’une extrême gravité. Il n’est pas acceptable qu’un préfet de police puisse, en quelques heures à peine, décréter close toute enquête relative à des faits graves dont se seraient rendus responsables des fonctionnaires de police. La haine raciste dont est victime chaque jour Aly Diouara, député de la Nation, a ainsi été relayée et entretenue par les plus hautes autorités administratives de l’État.

Ces deux cas récents ne constituent malheureusement que la partie émergée de l’iceberg, cachant derrières elles une réalité qui fait de la France un pays à plusieurs reprises condamné par des juridictions nationales et internationales pour des pratiques discriminatoires en matière de contrôle d’identité et d’usage excessif de la force par l’institution policière, un pays où la parole raciste se débride dans les médias et au gouvernement, entraînant et justifiant avec elle la multiplication et la radicalisation des actes racistes au quotidien.

La réalité du racisme et des violences policières en France : une situation qui bafoue le pacte républicain

Mosquée incendiée, attaque nazie en plein Paris, soutien public du ministre de l’Intérieur au policier responsable de la mort de Nahel dont le parquet de Nanterre requiert le procès pour meurtre, humoriste privé d’antenne pour le seul tort d’être d’origine arabe, racisme décomplexé des élites politique, soutien au projet génocidaire du gouvernement israélien. En France, le fond de l’air est brun. 

Il s’incarne dans la multiplication des actes et agressions racistes partout à travers le pays. Du pied des grands ensembles aux manifestations, des territoires ultramarins au huis clos des commissariats, il s’accompagne d’une institution et d’une doctrine policière opaques où les violences demeurent impunies.

Ainsi en France, après que les « faits délictueux à caractère raciste, antisémite et antimusulman aient doublé entre 2017 et 2020 », le nombre de crimes et délits  « à caractère raciste » enregistrés par la police et la gendarmerie nationales a augmenté de 32 % en 2023, une réalité largement sous-estimée et sous-déclarée. En 2024, à l’occasion de son 34ème rapport annuel sur le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme s’inquiète quant à elle d’un contexte « de défiance vis-à-vis de l’Autre et de la diffusion d’un discours haineux dans certaines sphères politiques et médiatiques où la figure de l’immigré est rendue responsable des maux de la société ». 

Lors de la recherche d’un emploi, les personnes ayant un nom à consonance arabe doivent envoyer plus de trois CV afin de décrocher un entretien, contre seulement deux pour une personne avec un nom à consonance hexagonale, alors que les personnes perçues comme non blanches ont une probabilité 5 fois plus élevée que les autres d’avoir connu une expérience de discrimination lors de leur recherche d’un toit.

Cette situation s’accompagne d’une institution policière opaque dont la doctrine de maintien de l’ordre et de relation quotidienne avec les citoyens se mêle aux discriminations et aux violences racistes. Outre les multiples révélations de propos et groupes de discussion privés où des policiers assument leurs convictions et comportements racistes, la Défenseure des droits rappelait en 2023 que les jeunes hommes perçus comme noirs ou arabes ont 20 fois plus de chance de se faire contrôler que les autres. En 2023 et 2024, la Défenseure des droits et la Cour des comptes soulignaient « un cadre légal insuffisamment protecteur face aux discriminations » concernant les contrôles d’identité, l’absence de traçabilité de ces contrôles et l’absence de contrôle effectif de l’autorité judiciaire. Fin 2023, le Conseil d’État reconnaissait la défaillance de l’État face à la pratique avérée des contrôles au faciès.

Au-delà d’une pratique largement discriminatoire des contrôles d’identité, l’action de la police française se caractérise largement par la violence et une prime à l’escalade, qu’elles se déploient dans les quartiers de banlieues urbaines, en manifestation, ou dans les territoires ultramarins. Structurellement, du fait de son organisation et de la doctrine autoritaire qui lui est insufflée par le pouvoir politique depuis des décennies, la police française est violente. Cela ne revient pas à dire que tous les policiers sont violents, mais que le fonctionnement et l’esprit même de l’institution policière poussent à une réalité de violence incontestable.

Ainsi en 2024, selon le collectif « Désarmons-Les », au moins 55 personnes ont été tuées lors d’interventions policières, total le plus élevé depuis 57 ans et la répression coloniale de soulèvements en Guadeloupe. Comme le rappelle encore le collectif, ces chiffres, notamment gonflés par la répression policière sanglante de l’État français en Kanaky depuis mai 2024, s’inscrivent dans les 272 morts tombés dans les mains de la police entre 2018 et 2024, et dont le nombre s’est envolé sous la présidence d’Emmanuel Macron. Ils s’ajoutent aux dizaines de décès en garde à vue pour lesquels la France est  l’un des pays où la situation est la plus alarmante d’Europe.

Pour aller plus loin : Violences policières : des policiers tabassent un homme en garde à vue, il appelle à l’aide avec son sang

En plus des morts, les témoignages et images de violences, d’humiliations, de propos racistes dans le huis clos des commissariats ou à la vue de tous en manifestation, sont devenus monnaie courante. En passant par les éborgnements et amputations des Gilets jaunes, la France a été à plusieurs reprises condamnée par des juridictions nationales et internationales pour des pratiques discriminatoires en matière de contrôle d’identité et d’usage excessif de la force par l’institution policière, dont la structure interne de déontologie et de contrôle pousse à l’omerta et à l’impunité.

La lutte contre le racisme et les violences policières, deux réalités en partie inextricables, doit être à l’avant garde de tout projet politique de progrès et d’harmonie entre les êtres humains. Pour ce faire, les propositions de la France insoumise et de « L’Avenir en Commun » sont nombreuses.

Refonder une police républicaine, promouvoir la désescalade et la responsabilité

La République a besoin d’une justice, mais également d’une police qui lui soit loyale, et qui soit attachée aux principes de l’État de droit. La police doit agir pour la protection des libertés individuelles et collectives. Elle doit s’employer à la proximité, à l’apaisement et à la désescalade. Pour être respectée, elle doit être respectable. Elle doit aussi être dotée des moyens lui permettant d’assurer sa mission, une dimension systématiquement mise sous le tapis par ses autoproclamés défenseurs de la droite et de l’extrême droite. D’une police de la sécurité, de l’escalade et du maintien de l’ordre, la France doit passer à une police de la sûreté, de la proximité et de la protection de la paix.

Une première étape, urgente, doit être de favoriser un maintien de l’ordre basé sur la désescalade. Ainsi les tasers, grenades de désencerclement, « lanceurs de balles de défense 40 » (Flash-Ball) doivent être interdits. Ainsi également des techniques d’immobilisation létales et de la la technique de la « nasse » (ou « encerclement ») en manifestation, sauf en cas de mise en danger pour les personnes. La loi Cazeneuve de 2017 sur le refus d’obtempérer, dite loi « permis de tuer », n’ayant produit que l’explosion du nombre de tirs à balles réelles, doit impérativement être abrogée.

Cette désescalade passera aussi par l’imposition réelle du port du numéro d’identification administrative obligatoire pour les policiers (numéro RIO, article R343-15 du Code de la sécurité intérieure, dont le Conseil d’État a réaffirmé le caractère obligatoire en 2023). Dans les faits – et comme c’était le cas des agents impliqués dans la menace du député Aly Diouara – cette règle n’est jamais respectée et accroît la défiance envers des agents de police, en même temps qu’elle favorise un sentiment de liberté totale.

Il est par ailleurs nécessaire que la police soit véritablement contrôlée pour être légitime et justifier son autorité. Ainsi, en ce qui concerne le contrôle interne de déontologie, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et l’Inspection générale de la Gendarmerie nationale (IGGN) doivent être remplacées par une autorité indépendante incluant des magistrats, des universitaires, des citoyens, rattachée au Défenseur des droits et dotée d’une capacité de sanction disciplinaire sur les agents fautifs. La situation actuelle, où les agents sont contrôlés par leurs pairs, produit de l’omerta et de l’impunité. 

Le dépaysement des enquêtes judiciaires concernant des faits de violences policières doit devenir la norme, et le code de déontologie de la police de 1986, supprimé par Manuel Valls en 2014, doit être rétabli.

Pour lutter contre le contrôle au faciès, la France insoumise et son programme « L’Avenir en Commun » proposent la mise en place d’un récépissé de contrôle d’identité par les forces de l’ordre, accompagné de dispositifs de formation, de contrôle et de sanctions. À ce titre, la Défenseure des droits jugeait en 2024  « nécessaire » d’instaurer une traçabilité des contrôles ainsi que la mise en place d’un dispositif d’évaluation de leur pratique et de leur efficacité.

Une commission « Vérité et Justice » sur les violences policières ayant entraîné la mort ou la mutilation de citoyens sera créée afin d’établir toutes les responsabilités et de tenter de rétablir les injustices, et les moyens du Défenseur des droits, notamment chargé de contrôler la police et la gendarmerie nationale au titre de l’article 71-1 de la Constitution, seront renforcés.

Se donner les moyens d’une police de proximité au service des citoyens

En parallèle de l’apaisement urgent des relations entre la police et les citoyens par la promotion de la désescalade, de la justice et de la responsabilité, la boussole de la France insoumise et de son programme est celle du rétablissement d’une police de proximité au service des citoyens. Cette police du maintien de la paix plutôt que du maintien de l’ordre devra être dotée de tous les moyens nécessaires pour assurer sa mission, celle de la sûreté, principe figurant parmi les quatre « droits naturels et imprescriptibles de l’homme » énoncés à l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et qui garantit, par-delà la notion de sécurité, de ne pas être poursuivi arbitrairement par la puissance publique.

La première marche de ce projet sera le démantèlement des BAC (brigades anticriminalité) et des BRAV-M (brigades de répression des actions violentes motorisées). La doctrine de harcèlement brutal des BAC n’a pas sa place dans une police de proximité et dessine en creux la nécessité de l’abandon de la politique du chiffre et des primes au résultat sur l’autel desquelles l’activité de ces brigades est devenue l’outil principal de la police pour fournir régulièrement des « bons » chiffres aux ministres successifs, harcelant la délinquance visible aux dépens des fonctions d’enquête.

Le rétablissement d’une police de proximité doit plus largement passer par la construction de nouveaux centres d’activités de police de proximité, par le développement des moyens humains pour le recueil de plainte et l’accompagnement des plaignants, par la revalorisation des fonctions d’accueils et la rénovation des commissariats dont l’état de délabrement témoigne souvent d’un service public abandonné par l’austérité et la politique du chiffre, lesquelles sont notamment à l’origine de risques psychosociaux pour les agents de gendarmerie et de police nationales qui se suicident en moyenne 2,5 fois plus que le reste de la population.  À ce titre, les moyens consacrés à la prévention des suicides dans la police et la gendarmerie doivent être doublés.

La formation des élèves gardiens de la paix dont le contenu doit être révisé et la durée portée à deux ans doit quant à elle intégrer un enseignement beaucoup plus poussé sur la prise en charge des violences sexistes et sexuelles, être tournée vers l’éthique et la qualité de vie des citoyens.

À terme, la France insoumise propose l’intégration des effectifs de police municipale à la nouvelle police de proximité après une formation de quelques mois, et leur répartition en fonction de la taille de la population et de ses besoins objectifs. Cette police de proximité doit par ailleurs se voir transférer la responsabilité de fonctions de sécurité aujourd’hui dévolues au privé, comme le gardiennage des services publics.

L’établissement d’une police de proximité et la reconnaissance de son rôle social permettra d’ancrer sa légitimité sur un territoire, d’accroître la qualité de ses services en améliorant la qualité de vie des citoyens, en diminuant leur méfiance vis-à-vis de la police, en valorisant les conditions d’exercice de la profession de policier. Les moyens et effectifs de police doivent par ailleurs être renforcés pour lutter efficacement contre les violences sexuelles, notamment celles faites aux enfants, contre la délinquance en col blanc, le trafic d’être humains, pour remonter les fillières de trafic de stupéfiants. Le doublement des effectifs de police technique et scientifique doit à ce titre être une priorité.

Aucune de ces propositions ne saurait enfin aller sans un vaste plan de prévention de la délinquance, complémentaire de l’action des policiers et gendarmes, ayant pour objectif premier de bloquer à la racine les parcours délinquants. L’action de la police ne peut pas se penser en dehors d’une refondation de l’École, de l’éradication de la misère et du chômage, de la réduction des inégalités socio-économiques, de l’accès égalitaire aux services publics ou d’une généralisation de la sécurité sociale. 

Un tel plan de prévention doit remplacer les multiples lois sécuritaires inefficaces et liberticides d’Emmanuel Macron qui doivent être abrogées, doit s’accompagner de la sortie de l’état d’urgence permanent et de l’interdiction dans la loi de tout usage ou expérimentation des technologies de reconnaissance faciale dans les espaces et établissements publics sur le territoire français.

Pour une République universaliste contre le racisme et les discriminations

L’universalité des droits n’est pas négociable en République : tous ceux qui adhèrent au programme « liberté, égalité, fraternité » sont français, citoyens, et donc égaux. C’est ce qui permet à la France d’être un pays créolisé, où chaque être humain s’enrichit dans sa relation aux autres. De ce principe en droit, il faut faire une réalité de fait. Face au fascisme qui vient, telle est l’ambition de la France insoumise et de « L’Avenir en Commun ».

À grande échelle, un plan d’action global contre les discriminations doit ainsi être déployé pour garantir l’effectivité du principe d’égalité. Il doit aller avec la création d’un Commissariat à l’égalité doté d’un Observatoire des discriminations et de pôles spécialisés au sein des services publics et des cours d’appel. Il doit inclure un plan interministériel d’analyse, de prévention et de lutte contre l’islamophobie et l’antisémitisme en France. Ce plan d’action global doit notamment être décliné dans les milieux du sport, de l’art et de la culture où les discriminations et violences racistes, entre autres, sont un fléau encore largement soumis à l’omerta.

Pour lutter contre les discriminations socio-économiques, la France insoumise propose également de généraliser les campagnes de testing et d’expérimenter les dossiers anonymes dans l’accès à l’emploi, au logement, aux études supérieures et autres droits sociaux fondamentaux. Dans ce cadre, des règles contre les biais discriminatoires des intelligences artificielles et des technologies médicales doivent être érigées.

Par ailleurs, alors que les assauts contre ce fondement de la République se multiplient y compris de la part du gouvernement, le droit du sol intégral doit être garanti à tous les enfants nés en France, être rétabli sur l’ensemble du territoire national, et l’acquisition de la nationalité française facilitée. Le droit de vote des étrangers aux élections locales doit être institué et la sécurité des lieux cultuels et culturels assurée, y compris par une protection policière.

Enfin, pour que soit reconnue la pluralité de notre histoire commune, un véritable plan de reconnaissance mémorielle doit être engagé. Ainsi la France insoumise et « L’Avenir en Commun » proposent d’instaurer le 4 février comme jour férié national en mémoire des victimes de l’esclavage et de leurs luttes, en plus d’un jour de commémoration spécifique à chaque territoire d’Outre-mer. Les archives sur les guerres de décolonisation doivent être ouvertes et les demandes de restitution et de circulation des biens culturels issus de la colonisation être véritablement considérées. Le massacre par la police française de manifestants algériens pacifiques le 17 octobre 1961 doit être reconnu comme un crime d’État au cours d’une journée nationale de commémoration.

Lutter contre le racisme implique aussi de lutter contre les émetteurs médiatiques qui le propagent. Sur ce sujet, nous vous invitons à consulter notre précédent article de la rubrique « Un autre Monde », consacré à la révolution citoyenne dans les médias.

Le fascisme progresse : ce 22 mars, l’heure est à la riposte populaire

Les cabales médiatico-politiques subies ces derniers jours par Rima Hassan et Aly Diouara et leur orchestration depuis le plus haut sommet de l’État et des autorités administratives ne sont malheureusement que le symptôme d’une réalité plus large.

Comme le soulève notamment Manuel Bompard, coordinateur national de la France insoumise, dans une note de blogue relayée dans nos colonne, la multiplications des actes racistes, la dédiabolisation de l’extrême droite, de ses représentants, de ses thèmes et de ses termes jusqu’au plus haut sommet de l’État laissent entrevoir « le fasicme au bout du chemin ».

Pour aller plus loin : « Du fascisme qui vient et du 22 mars » – L’analyse de Manuel Bompard

« Comment utiliser un autre terme lorsque des milices d’extrême droite défilent dans Paris en criant « Paris est nazi » après avoir poignardé deux militants antifascistes ? Comment ne pas le voir lorsque l’on appelle désormais à déchoir de sa nationalité une députée française au Parlement européen, parce qu’elle a rappelé que si le droit international reconnaît la légitimité d’un peuple à résister à une situation de domination, y compris par la force armée, il condamne le fait de s’attaquer à des civils ou de prendre des otages ? Comment ne pas le comprendre quand, au sein du corps policier, on se trouve désormais autorisé à menacer avec une arme un député de la République quand celui-ci fait son devoir en s’opposant à un contrôle policier abusif ? » ajoute Manuel Bompard.

Racisme et violences policières sont deux réalités en partie inextricables. Ils sont en toute hypothèse deux des composantes fondamentales d’un programme fasciste vers lequel les sociétés occidentales semblent tendre.

Alors que l’action et le fonctionnement de la police française doivent être refondés de la cave au grenier, la riposte populaire face au fascisme qui rampe s’organise. Aux côtés de plus de 300 organisations, la France insoumise appelle à manifester partout en France contre le racisme et le fascisme ce 22 mars.

Comme le note Manuel Bompard, « C’est la participation de toutes et tous qui permettra à cette journée de marquer le début de la riposte populaire. Le 22 mars, en nous déployant partout en France, nous riposterons à l’extrême droite et à tous ceux qui propagent ses idées, et nous affirmerons l’unité du peuple face au racisme. » 

Par Eliot Martello-Hillmeyer

07.03.2025 à 17:54

« Besoin de monde pour demain matin, 5h. Je ne peux pas refuser » : la grande précarité des travailleurs intérimaires

Nadim Fevrier

La précarité des travailleurs intérimaires est une réalité. Emplois à courte durée, faibles stabilité et visibilité, stigmatisation dans les entreprises… Elle est l’un des symptômes du capitalisme dans lequel la productivité est un enjeu majeur pour assurer la compétitivité et la croissance des entreprises au profit du capital et non des travailleurs. De plus en plus utilisé, le recours aux services des travailleurs temporaires dans les grandes sociétés, notamment dans le secteur industriel, ne fait que participer à l’accroissement des dividendes plutôt qu’à la pérennisation des effectifs salariaux.

Quelques chiffres : 40 % des travailleurs temporaires gagnent moins de 1063 euros par mois contre 11 % des CDI (INSEE). En 2024 (source DARES), 715 500 personnes étaient en contrat intérimaire en France, soit 2.5 % des travailleurs contre 569 314 en 2004 et 520 024 en 2014. Notre article.

La réalité de la précarité

40 % des travailleurs temporaires gagnent moins de 1063 euros par mois contre 11 % des CDI (INSEE) ¼ des salariés en contrat court n’a plus d’emploi dans les trois mois. Précarité, de quoi parle-t-on ? D’emplois de courte durée, d’un manque de stabilité et de visibilité, des périodes sans emploi plus récurrents (5 mois/an sans emploi en moyenne), d’une stigmatisation dans les entreprises, moins d’accès à la formation, manque de missions, moins d’accès aux droits sociaux, car peu syndiqués de la part la précarité de leur statut…

En 1992, le Fonds d’Action Sociale du Travail Temporaire est mis en place. Cette association à but non lucratif se consacre à l’amélioration des conditions de vie des salariés intérimaires (logement, santé, prévention, mobilité, budget, famille, social), afin de pallier différents freins de retour à l’emploi des travailleurs temporaires en cas de difficultés soudaines.

Dans la pratique, il est assez difficile de mobiliser les aides surtout dans les territoires ruraux : « nous avons effectué une demande de mise à disposition d’un véhicule pour un de nos intérimaires qui était en panne, mais l’agence de location partenaire était à 70km du lieu de résidence, la personne ne pouvait pas se déplacer », souligne Ophélie, chargée de recrutement dans la Somme, « pour une demande d’aide pour un logement, il faut un nombre d’heures minimum qui est souvent difficile de cumuler pour une majorité des personnes chez nous ».

En 2024, le FASTT a mobilisé 38.1 millions d’euros d’aides financées par les accords de branches avec les agences de travail temporaire (gérées par les différents partenaires sociaux). Le problème de difficultés liées à la précarité est bien réel. Néanmoins, il devrait relever d’une solution étatique et non associative.

LFI se pose en défenseurs des personnes précaires. Favoriser l’embauche en CDI classique et empêcher les employeurs d’utiliser le CDII comme un moyen de précariser encore plus les travailleurs, voilà l’un des objectifs des insoumis concernant l’emploi. Cela passerait notamment pour le renforcement des droits des intérimaires, l’imposition d’un vrai salaire minimum garanti entre les missions, la limitation de l’usage des contrats précaires et l’encadrement strictement la sous-traitance.

Concernant l’entreprise ?

« Un de nos clients, une grande enseigne de logistique, compte environ 120 intérimaires pour un effectif total de 150 salariés, les intérimaires sont en poste pour de la longue durée si tout se passe bien, nous ne comprenons pas l’intérêt de ne pas embaucher » explique Ophélie.

Tout d’abord, l’entreprise n’a pas à supporter les coûts liés à l’embauche d’un CDI et peut parfois bénéficier, en plus, d’avantages fiscaux. Elle peut, sous certaines conditions, bénéficier de certains allègements des charges sociales de façon à diminuer le coût de la main d’œuvre. Cependant, le coût d’un travailleur intérimaire pour une entreprise est plus élevé qu’un salarié en CDI. En effet, plusieurs éléments de facturation sont à prendre en compte : le salaire brut de l’intérimaire, les charges sociales, les différentes indemnités (précarité, congés payés) et aussi le taux de facturation appliqué par l’agence d’intérim. Alors comment expliquer ce choix ?

D’abord, la gestion du recrutement : dans le cadre de l’utilisation de contrats intérimaires, l’entreprise utilisatrice n’a pas à gérer le volet recrutement (sourcing, entretiens…) mais aussi les formalités administratives (contrat de travail, accueil sécurité, mutuelle…) supportées par l’agence d’intérim. C’est un gain de temps essentiel pour l’entreprise, donc un gain d’argent.

Ensuite, la flexibilité : En effet, faire appel à des travailleurs intérimaires permet aux entreprises de réagir rapidement en cas de fluctuation d’activités (surcroit de commandes, absences…). À la fois pour pallier un besoin, mais aussi pour diminuer l’effectif total de la société en cas de baisse d’activité de façon très rapide : « ce client ne fait que des contrats à la semaine, ce qui est déjà bien, d’autres font des contrats à la journée… ».

Alors que 6,1 % des salariés vivent sous le seuil de pauvreté, les plus grosses entreprises françaises ont distribué un montant jamais vu de dividendes estimés à 98.2 milliards d’euros en 2024. Le secteur industriel représente 39 % de l’emploi en intérim, suivi par la construction et le transport/logistique. Ces 3 secteurs représentent approximativement 80 % du marché de l’intérim. D’après l’INSEE, l’intérim génère un chiffre d’affaires d’environ 29 milliards d’euros en 2020, soit 10 % du chiffre d’affaires de l’ensemble des services aux entreprises.

Pour aller plus loin : Des patrons du CAC 40 gagnent 1 453 fois plus que leurs salariés, Macron complice

Il semble évident que le recours à ces salariés précaires est essentiellement exercé par les grandes entreprises et non par les TPM/PME. Compte tenu des records indécents des dividendes versés, pourquoi faudrait encore maintenir nombre de travailleurs dans la précarité pour gaver des actionnaires ?

« Réveil à 3h30, heureusement j’habite à proximité. Le plus dur ce matin, c’est de lever mes filles à 4h15 » – La précarité au jour le jour, la veille pour le lendemain (témoignage)

« Il est 17h45, mon agence me contacte, besoin de monde pour demain matin 5h pour du conditionnement. Je ne peux pas vraiment refuser, mais j’espère que ce sera pour au moins quelques jours…. Bon, 17h45, je peux peut-être encore contacter le périscolaire pour la cantine de ma plus grande et je vais voir la nounou pour la deuxième (elle n’a que 18 mois, ce n’est pas évident). Je prépare tout ce petit monde à mon absence de demain…

Réveil à 3h30, heureusement, j’habite à proximité. Le plus dur ce matin, c’est de lever mes filles à 4h15 pour les déposer chez nounou…

4h40 : J’arrive le cœur lourd et la gorge serrée sur ce parking. Je ne suis jamais venue ici, mais les mamans de l’école connaissent bien, je pense que tout le monde y est passé comme on dit. Pas très bonne réputation, mais je verrais bien.

4h 50 : Je suis la foule, et rentre. Une « marraine » nous prend en charge. Elle nous emmène dans les vestiaires où les casiers ne sont pas suffisamment nombreux. Ils sont donc réservés pour les embauchés. Je croise les doigts pour retrouver mon portable, mon sac, mes affaires une fois mon poste terminé. Elle nous montre l’endroit pour badger, mais s’interrompt : un composant est manquant dans les livraisons de ce matin. Elle attend les directives. Nous, on ne dit trop rien. On est une vingtaine à attendre.

5h30 : le verdict tombe : l’entreprise n’a pas le nécessaire pour nous mettre en poste, nous devons repartir. « Non non ne badgez pas, ce n’est pas nécessaire puisque vous rentrez… » Sur le coup, nous, on ne percute pas, on doit repartir rapidement, on ne peut pas stagner ici « pour des raisons de sécurité… »

5h45 : je remonte dans ma voiture et pense à mes filles… si j’avais su.

8h30 : J’appelle mon agence d’intérim. Personne n’est encore au courant. Elles auront surement un mail dans la matinée. Mais, au fait, mon déplacement est payé ? Et le temps passé là-bas ? « Non, voyons, vous n’avez même pas badgé »…

Par Madeleine Rosier

Crédits photo : « Manifestation du 5 décembre 2019 (pour la défense des retraites) », Jeanne Menjoulet, Wikimedia Commons, CC BY 2.0, pas de modifications apportées.

07.03.2025 à 17:38

Plus de 150 manifestations partout en France ce samedi 8 mars pour la journée internationale des droits des femmes

Linsoumission

Il y a un an, la journée du 8 mars se tenait dans un contexte historique. Le droit à l’IVG était enfin inscrit dans le marbre constitutionnel grâce au combat mené par la France insoumise, de Mélenchon à la Bastille en 2012 à Panot au Congrès en 2024, aux côtés des collectifs et des associations féministes. Un an plus tard, si des victoires sont à saluer, les menaces contre les droits des femmes se sont amplifiées sous le coup de l’internationale fasciste.

L’extrême droite s’approprie les luttes féministes pour y injecter ses biais racistes, colonialistes et LGBTphobes. Ce samedi, le collectif raciste Némésis a ainsi prévu d’être dans la rue pour saboter les manifestations progressistes à coup de slogans xénophobes. Les ripostes féministes s’organisent contre les offensives réactionnaires qui veulent piétiner les droits des femmes, à l’instar des députés RN comparant l’avortement à la Shoah et aux crimes de Daesh.

Le 8 mars est une date clé dans la riposte féministe. « Nous sommes les partisans du féminisme populaire. Être féministe, c’est lutter pour l’égalité des droits au sens large. Et nous le disons d’autant plus fortement dans un contexte mondial où l’extrême droite s’organise pour attaquer les droits des femmes », a déclaré Mathilde Panot cette semaine en conférence de presse en appelant à manifester massivement ce samedi. Plus de 150 manifestations sont prévues partout en France. Retrouvez la carte dans nos colonnes !

Plus de 150 manifestations partout en France ce samedi 8 mars pour la journée internationale des droits des femmes

Retrouvez tous les lieux de manifestations du 8 mars sur la page dédiée à la grève féministe https://lafranceinsoumise.fr/2025/02/21/8-mars-2025-greve-feministe/

Et pour finir, notre carrousel de l’édition 2024.

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