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08.01.2024 à 14:15

ÉDITO - 2024. Rallumons la lumière

  2024. Rallumons la lumière  

 

Historique et combative, l’année 2023 fut aussi tragique et dangereuse.
Janvier 2023.  La plus grande mobilisation sociale depuis plus de 30 ans démarre. Envers et contre tout, E. Macron et son gouvernement usent et abusent des outils de la Ve République pour imposer par la force leur contre-réforme des retraites. Alors que les Français es souffrent sous l’effet de l’inflation et de la stagnation des salaires, la macronie leur arrache deux ans de vie.
 Mars 2023.  Sainte-Soline. Une répression d’une violence inouïe s’abat sur les citoyen.nes venu.es protester contre l’installation de méga-bassines. En quelques heures, des milliers de grenades dont certaines classées comme armes de guerre, sont tirées pour protéger… un trou. À ces violences policières orchestrées, G. Darmanin tenta d’y adjoindre le bâillon en prononçant la dissolution du collectif des Soulèvements de la terre. La justice administrative suspendra puis annulera cette décision.
 Juin 2023.  Nahel meurt. Abattu par un policier suite à un refus d’obtempérer. S’en suivront des révoltes urbaines auxquelles le gouvernement répondit par la répression et la culpabilisation des parents. Rien pour rétablir l’égalité républicaine à laquelle ont droit les habitant·es de nos quartiers populaires.
 Septembre 2023. Un gouvernement dopé à l’autoritarisme. À peine les travaux parlementaires reprennent-ils qu’E. Borne annonce son 12e 49-3 depuis juin 2022. Depuis lors, les 49-3 se sont enchaînés avec les projets de loi de finances et de financement de la sécurité sociale 2024. Vingt-trois 49-3 depuis juin 2022.
 Octobre 2023. Proche-Orient. Aux crimes de guerre commis par le Hamas contre Israël, le gouvernement d’extrême droite de Netanyahu répond par des crimes de guerre contre les gazaouis. Une escalade dans la violence dont les civils paient le prix fort dans le silence assourdissant du gouvernement français qui après avoir apporté son « soutien inconditionnel » au gouvernement israélien, a tergiversé durant des semaines avant d’appeler à un cessez-le-feu. Le peuple français, comme ailleurs dans le monde, s’est lui mobilisé pour exiger la fin des massacres.
 Décembre 2023.  COP28. Organisée par un pays producteur de pétrole et présidée par le ministre émirati, patron du géant pétrolier ADNOC, 12e plus grande entreprise pétrolière, les choses s’engageaient mal. L’accord « appelle » les États à une « transition hors des énergies fossiles », tout en considérant le gaz fossile comme une solution permettant cette transition (sic). Les mots utilisés sont révélateurs : « transition » et non « sortie ». Les États sont « appelés » et non « décident » ou sont « contraints ». Cet appel pourra être réinterprété à l’aune des « circonstances nationales ». Cet accord à défaut d’être « historique » n’est qu’un vœu pieux sans plan d’action, sans agenda ni objectifs réels. Et ce n’est pas de sa prochaine édition, la COP29 qui aura lieu en Azerbaïdjan dont l’économie dépend à 90 % du pétrole et du gaz, qu’il faut espérer notre salut.
19 décembre 2023. La France des Lumières laisse place à la France des ténèbres. Après une année marquée par la montée des idées et de la violence d’extrême droite, après des débats à vomir sur les plateaux télé ou dans l’hémicycle et malgré le vote d’une motion de rejet préalable contre la loi immigration, E. Macron et son gouvernement ouvrent la porte au programme du Front et désormais Rassemblement national. Par 349 voix dont 88 voix du RN, le trio Macron-Ciotti-Lepen adopte une loi qui instaure la préférence nationale en matière de prestations sociales, la remise en cause du droit du sol - histoire de notre pays depuis plus de 5 siècles - la déchéance de nationalité, la caution pour les étudiant·es étranger·es, un pouvoir discrétionnaire du préfet renforcé en matière de régularisation des travailleurs sans papier. Macron défigure la France.
Durant toute cette année 2023, les élites dirigeantes ont encore une fois démontré leur incapacité à répondre aux attentes et besoins du peuple. Jusqu’à livrer notre pays au fascisme.
Il n’y a pas de fatalité. Il y a un an et demi, les forces de la NUPES se sont rassemblées autour d’un programme de rupture et ont montré qu’un autre chemin est possible. Face à la noirceur qui envahit le ciel de France, chacun·e doit prendre ses responsabilités. Avec en ligne de mire les élections Européennes de juin prochain, l’Union Populaire face à l’union réactionnaire, c’est le vœu que chacun·e d’entre nous doit formuler pour 2024 et participer à construire.

19.12.2023 à 18:01

ÉCOLE DU JARDIN PLANETAIRE - Le Fusain d'Europe

ÉCOLE DU JARDIN PLANETAIRE

   Le Fusain d'Europe 

par Fabien NEGRELLO Photos de Floriane KARAS  - Le Journal de l'insoumission n°1781 (Janvier 2024)

 

Me voilà… Le fusain d’Europe !

Euonymus europaeus pour ceux qui veulent parler latin.
Je suis un arbuste que l’on trouve un petit peu partout en France, sauf près de la Méditerranée. Je suis robuste, je peux par exemple résister à des températures de -30 degrés.
Mes fruits rouges te donnent envie de les croquer ? Abstiens-toi ! En effet je suis toxique. Toxique, mais pas pour tout le monde. Comme quelques autres, ma production fructifère se fait à l’automne.

C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup ! Enfin, pour moi mais surtout pour les oiseaux. Ces derniers se régalent de mes fruits, ils leur donnent des forces pour passer l’hiver. Les oiseaux se nourrissent de ma production mais ce n’est pas ma seule utilisation. En effet la couleur de mes feuilles qui virent au rouge fait qu’on me retrouve beaucoup dans les haies d’ornement pour embellir les jardins.
Alors, je résume, je suis toxique, mes fruits nourrissent les oiseaux à une période où ils en ont bien besoin et je suis joli !
Et puis ce qui est particulier avec moi, c’est que tu m’as peut-être vu, même si tu ne t’es jamais baladée dans la nature… Quel végétal peut se venter de quelquefois tenir entre les doigts de l’artiste qui va redessiner le monde au gré de son imagination ?
Toi aussi tu veux faire pareil ? Je ne suis pas égoïste je vais te dire comment faire. Et surtout, répète-le à tout le monde !
Déjà, il va falloir me retrouver. Si tu regardes les photos qui illustrent cet article, cela ne devrait pas être trop compliqué. Ensuite avec un sécateur, prélève quelques-unes de mes branches pour en faire des morceaux de 7 cm de longueur. Il faudra que tu enlèves l’écorce avec un couteau, un ciseau, un économe, bref, tu as compris le principe.
Maintenant, il va falloir s’occuper de la carbonisation. Place les morceaux découpés dans une boite de conserve, que tu recouvriras ensuite d’un papier d’aluminium. Tu devras percer ce dernier d’un petit trou, avec une aiguille par exemple. Il faudra que tu places la boite sur le feu, un barbecue où un réchaud à gaz. Quand une flamme sortira du trou, il faudra placer l’ensemble dans l’eau froide. Quand le tout aura refroidi, je te laisse la main, je serai à l’intérieur de celle-ci pour prolonger ton inspiration et dessiner les contours de ce que tu souhaites partager avec ta feuille blanche…

 

19.12.2023 à 17:53

DOSSIER - Psychiatrie, le choix a la crise

DOSSIER

  Psychiatrie, le choix a la crise  

par Élise LEBOUCHER, députée LFI-Nupes de la Sarthe - Le Journal de l'insoumission n°1781 (Janvier 2024)

Élise Leboucher aux côtés des personnels de l’Établissement public de santé mentale de la Sarthe confrontés à la fermeture de 42 lits en 2023

 

La psychiatrie représente près de 10 % des dépenses de l’assurance maladie et le soin demeure majoritairement assuré par les agents du service public. L’Objectif National de Dépenses d’Assurance Maladie croît annuellement entre 2,5 % et 3 %, c’est-à-dire en dessous de l’inflation pour l’année 2024. Mais c’est encore moins pour la psychiatrie : la dotation concernant les activités de psychiatrie n’a augmenté que de 0,88 % entre 2014 et 2018, soit 78,2 millions d’euros. Dans le même temps, les hôpitaux ont subi près de 12 milliards d’euros de coupes budgétaires contraignant les établissements psychiatriques comme les autres à la faillite progressive et à la petite économie quotidienne : sur le matériel, sur l’équipement, sur le personnel et sur les salaires. Contre le soin, depuis trente ans, les gouvernements successifs ont fait le choix de la crise.
Avec le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2024, adopté par l’autoritaire 49-3, la tarification à l’acte étend son emprise délétère sur l’activité psychiatrique.
L’activité ambulatoire, par exemple, sera financée par des forfaits variables selon le nombre d’actes par patient, et surtout sur la base de tarifs dégressifs. Il sera donc plus intéressant de recevoir vingt patients une fois, qu’un patient vingt fois : une logique financière aux antipodes de l’accompagnement nécessaire à la relation thérapeutique.
Une personne sur cinq est touchée par un trouble psychique chaque année, soit 13 millions de Français et il est important de noter que personne n’est épargné : Santé publique France révélait en juillet 2023 que 6 élèves de primaire sur 10 souffrent d’un trouble psychique. Pourtant 40 à 60 % des personnes qui le nécessitent ne sont pas pris en charge. Une conséquence directe du manque de moyens et du détricotage de la psychiatrie de secteur dont l’esprit visait à mailler le territoire de façon cohérente. Dans ce contexte, la crise de la psychiatrie est une bombe sociale à retardement.
Comme de nombreux secteurs médicaux, la psychiatrie souffre de la pénurie de professionnels qui conduit à une baisse des possibilités d’accueil et accélère la fermeture des lits et des services.
De surcroît, la discipline fait face à un abaissement des connaissances et une perte de savoir-faire. La formation d’infirmier psychiatrique, disparue en 1990, a laissé un vide jamais comblé. Les médecins généralistes font face à une recrudescence de patients porteurs de troubles sans toujours savoir accompagner ni pouvoir orienter.
Pourtant, face à ce diagnostic, le gouvernement ne souhaite rien régler. C’est pourquoi dans le cadre de l’étude du PLFSS, le groupe insoumis a porté sous la forme d’un « bouquet législatif » des propositions fortes en matière de financement, de maillage territorial, de formation et de dignité. Nous refusons l’extension de la tarification à l’acte (ou basée sur « la dotation à l’activité ») dont le mécanisme produira des effets contre-productifs. Nous réaffirmons la nécessité d’une psychiatrie de secteur dont la vitalité dépend de la bonne santé des Centres médico-psychologiques (CMP) et des Centres d’action médico-sociale précoce (CAMSP). Au-delà du financement et de la géographie, nous défendons un retour de la formation et le développement de la formation continue bénéficiant à tous les professionnels de santé. Aussi, et c’est l’essence de notre engagement, nous portons des propositions visant à garantir la dignité des patients, notamment en limitant les pratiques de contention et d’isolement devenus les symptômes du manque de moyens.
La psychiatrie est en crise, elle attend pour en sortir une vision orientée par les besoins des patients et de leurs proches, en rupture avec la gestion crépusculaire de la macronie.

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