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01.04.2025 à 12:29

Sondages IFOP : en campagne pour effacer Jean-Luc Mélenchon

Ulysse Kummer

Les chiffres sont accablants : à 30 jours du premier tour en 2022, les sondages de Ifop sous-estimaient Jean-Luc Mélenchon de 8 points (14 % prévus vs 22 % réels). Tout au long des 1424 jours de sondages de l’élection présidentielle, une manipulation grossière vise à marginaliser la gauche de rupture et à gonfler à l’hélium le RN. Leur méthode magique ? Sous-estimer systématiquement le leader insoumis. Notre brève.

Les sondages tentent de fabriquer l’opinion, le peuple résiste et vote Mélenchon

Leur excuse finale face au fiasco ? Un prétendu « vote utile » de dernière minute. Un mensonge tellement facile à démonter que c’en est presque vexant : les autres gauches étaient surestimés de 3 points, où sont les 5 points manquants ? Des électeurs de Valérie Pécresse auraient subitement décidé de passer du conservatisme forcené des Républicains à la révolution citoyenne ?

Ce n’est pas sérieux. Reste donc l’autre hypothèse : l’Ifop, comme tous les instituts de sondage, a sciemment sous-représenté l’électorat insoumis pour influencer la dynamique de campagne en faveur de la droite et de l’extrême droite. C’est un véritable scandale démocratique : ces millions d’électeurs « invisibles » dans les enquêtes IFOP ont pourtant bien voté. Preuve que l’institut ne sonde pas l’opinion – il la fabrique.

https://x.com/JLMelenchon/status/1906314669624537307

Scandale démocratique renouvelé en 2024. 27 sondages sur 27 annonçaient la victoire du RN aux législatives anticipées. On connait le résultat. Le peuple attend toujours que ces instituts reconnaissent leur duperie.

https://x.com/L_insoumission/status/1904958257640136838

Pendant que les médias reprennent ces chiffres truqués, rappelons-le : en 2017 comme en 2022, Jean-Luc Mélenchon n’a fait que progresser. Aujourd’hui, malgré un matraquage médiatique à la hauteur de danger qu’il représente pour les privilèges de l’oligarchie qui concentre richesse et pouvoir en France, le leader insoumis n’a jamais été aussi haut dans les sondages bidons.

Par Ulysse

01.04.2025 à 12:15

24 000 expulsions locatives en 2024 : Macron et Bayrou frappent plus fort que jamais sur les précaires

Ulysse Kummer

Les chiffres sont glaçants : 24 000 expulsions locatives en 2024, un record historique qui marque une hausse de 26% en un an. Derrière ces statistiques brutales, des drames humains comme celui de Cécile et sa fille Léna, un exemple éclairant rapportée par le journal La Croix. Mère et fille sont expulsées d’un deux-pièces parisien malgré onze ans de loyers payés rubis sur l’ongle. Le propriétaire voulait vendre. Malgré une demande de logement social et un dossier Dalo, elles ont atterri dans des hôtels insalubres, loin de l’université de Léna.

La loi Kasbarian, votée en juillet 2023 sous pression des lobbies immobiliers, a transformé la trêve hivernale en simple pause avant la curée. Résultat : des familles jetées à la rue avec des délais raccourcis, des droits bafoués, et des préfets zélés qui accordent le concours de la force publique à tour de bras. Pendant ce temps, le gouvernement justifie cette hécatombe sociale par un prétendu « rattrapage post-Covid ». Pendant que les bailleurs privés enregistrent des profits records (+15% en 2023), l’État continue de sabrer les budgets dédiés au logement social.

La brutalité des expulsions

Le système dévoile toute sa brutalité : près de 80% des expulsés se retrouvent sans solution de relogement immédiat, tandis qu’un tiers des ménages vit toujours dans la précarité trois ans après avoir été mis à la rue. Les procédures judiciaires s’accélèrent dangereusement, avec une augmentation de 11% des dossiers en cours pour 2024, annonçant une nouvelle vague d’expulsions massives.

40 associations poursuivent l’Etat en justice pour #NonAssistancePersonnesMalLogées.

L’Etat ne respecte pas sa propre loi sur l’hébergement d’urgence et le droit au logement.

Il est temps que ça cesse !

Signez la pétition https://t.co/c9SYEE7aUx pic.twitter.com/3WGnE7HhDZ

— Collectif des Associations pour le Logement (@AssosLogement) February 13, 2025

« Le droit à l’hébergement et au logement n’est pas respecté, il l’est même de moins en moins. L’État est coupable de ne pas respecter sa propre loi. Il est responsable de Non-assistance à personnes mal logées », dénonce le collectif des Associations pour le logement. Création de places d’hébergement d’urgence de qualité, construction de logements sociaux, mobilisation des logements privés pour les louer à loyer abordable, encadrement des loyers, réquisition des logements vacants : voilà quelques mesures défendues par les associations afin de répondre à la crise du logement. Des mesures similaires à celles défendues par la France insoumise dans son programme dédié.

Par Ulysse

01.04.2025 à 10:00

Loi « anti-squat » : quand Kasbarian et Bergé sonnaient l’heure de la chasse aux pauvres

Nadim Fevrier

Le temps a passé depuis l’entrée en vigueur de la loi de juillet 2023, dite Kasbarian-Bergé. Ce texte, fortement dénoncé dès ses prémices, a eu le temps de produire les effets dévastateurs que l’on en attendait, et le temps du bilan est venu. Un bilan dur à lire, dur à écrire, et qui devrait faire honte à ceux qui en sont la cause, et à ceux qui ont laissé faire. La crise du logement continue en France comme les chiffres en attestent : 350 000 sans-abris en France, 2 000 enfants à la rue chaque soir, 735 morts à la rue en 2024, 12 millions de personnes en précarité énergétique. Le Gouvernement cherche toujours à aller plus loin dans la chasse aux pauvres. Hier, une nouvelle loi Kasbarian anti logement social était à l’ordre du jour des discussions de l’Assemblée nationale avant d’être retiré à la va-vite par le gouvernement anticipant son échec. Notre article.

Loi « anti-squat » : genèse d’une loi contre les plus pauvres

Pour comprendre, il faut revenir sur la genèse de cette réforme estivale et ses objectifs affichés. D’abord les dispositions concernant le squat. On doit partir de là puisque c’est par ce bout que la communication politique de la Macronie a présenté la loi : une législation de bon sens qui permettra enfin aux légions de petits propriétaires pauvres d’avoir justice. Justice, face aux légions de squatteurs déterminés cherchant des maisons à occuper frauduleusement.

C’est à partir de cette panique médiatiquement créée qu’il s’est agi de faire passer tout le reste. Ce prétexte, pourtant, ne résiste pas une minute à l’analyse. Car, qu’est-ce que le squat, aujourd’hui, en France ? Ce n’est que récemment que nous avons eu quelques chiffres sur le sujet. Oui, si le phénomène est devenu le marronnier anxiogène de toutes les chaînes d’information en continu depuis des années, personne ne semblait se soucier de l’objectiver.

Il fallut attendre 2021 pour que le ministère du Logement mette en place un Observatoire des squats pour pallier le manque de données officielles sur ce sujet. Peut-être, aussi, pour prouver l’existence de cette terrible épidémie qui empêcherait les petits propriétaires sans défense de dormir. Las, le résultat ne fut pas à la hauteur des attentes répressives.

On découvrit que, entre janvier et mai 2021, 124 procédures avaient été signalées par des propriétaires aux préfectures pour expulser des squatteurs, et dans 95% cas, le propriétaire avait pu récupérer son logement avant la fin du mois de mai 2021. Et encore faut-il dire que, dans l’écrasante majorité des cas sinon tous, il s’agissait de résidences secondaires.

Qu’on évite un malentendu. Nul ne viendra dire qu’il est normal de se voir imposer un étranger par la force, chez soi, dans son intimité. Pour chaque propriétaire victime, il y a un dommage à faire cesser, on l’entend. Encore faut-il, cependant, se demander pourquoi le squat ? Croit-on que des familles aillent de gaité de cœur s’imposer chez autrui, en étant à la merci de la colère du propriétaire, de la répression, de l’opprobre ?

C’est évidemment parce que les intrus n’ont pas de logement qu’ils tentent de trouver un toit pour survivre un jour de plus, et partant de là la solution est évidente : trouver, pour cette poignée d’individus, ces « squatteurs », un logement, et ainsi le problème disparaît. D’ailleurs, qui est le plus fautif, celui qui tente de survivre, quitte à léser autrui, ou l’Etat qui manque à ses devoirs et laisse des gens acculés à de telles extrémités ?

Du reste, la loi Kasbarian-Bergé était dès le début plus susceptible de faire augmenter le nombre de squatteurs que de le faire diminuer, en créant toujours plus de désespérés.

Pour aller plus loin : Loi Kasbarian : cette locataire de Seine-Saint-Denis expulsée de son logement pour 60 euros d’impayés

Les Crayons de L’insoumission, par Xab / La Plume Rieuse.

Le squat, un prétexte pour la chasse aux locataires pauvres

Car ceux qui sont surtout visés par les nouvelles dispositions introduites à l’article 315- 2 du Code pénal, ce sont les locataires pauvres, et non pas la figure statistiquement marginale du squatteur inconnu. Désormais, leur maintien dans le logement deux mois après une décision de justice leur ordonnant de le quitter est constitutif d’un délit puni de 7500 euros d’amende.

On relèvera l’absurdité absolue du dispositif : une personne incapable de payer son loyer qu’on entend expulser et qui n’a donc pas d’argent se voit forcée de payer 7500 euros ! En plus d’être mise à la rue et de, dès lors, qui sait, penser au squat ? Encore dans ce cas de figure y a-t-il au moins une décision de justice, mais ce n’est pas toujours vrai.

Car la loi Kasbarian a aussi modifié la loi DALO, Droit au logement opposable. Et dans cette loi au nom si contraire à la réalité de ce qu’elle recouvre, a été inséré une procédure d’expulsion sur décision préfectorale, sans juge, à l’égard de toute personne considérée comme squatteuse. Cette dernière, après saisine de l’autorité préfectorale, n’a que trois jours pour se défendre, tenter de faire valoir une erreur ou d’expliquer sa situation, y compris sans avocat. Aucune distinction n’est opérée selon le type de résidence dite squattée, la situation des intrus et l’éventuelle présence d’enfants, et, évidemment, le relogement n’est pas la priorité.

Au demeurant, qu’il s’agisse des squats ou des expulsions de locataires, les préfets ont reçu, en même temps qu’entraient en vigueur ces modifications législatives, une circulaire du 3 avril 2023 les enjoignant de faire preuve de la plus extrême fermeté. Doivent être exécutées les expulsions dès que possible, immédiatement à la fin d’une trêve hivernale éventuelle, sans plus de place pour la conciliation ou la négociation. La question sociale est évacuée au profit d’un objectif unique revendiqué par les textes : la répression, la répression, et rien que la répression.

Alors bien sûr, face à ce fondamentalisme de la propriété privée, il y a eu d’innombrables alertes. Claire Hédon, Défenseure des droits, avait rendu en novembre 2022 un avis estimant que la loi Kasbarian-Bergé « ne parvient pas à garantir un équilibre entre les droits fondamentaux des occupants […] et ceux des propriétaires ».

De son côté, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a condamné un texte qui, selon elle, piétine le droit au logement au nom d’une conception dévoyée du droit de propriété. Tandis que le Syndicat de la magistrature dénonçait « la chasse aux pauvres qui continue », s’élevant vivement contre la création d’un délit visant les locataires et la réduction drastique des pouvoirs du juge civil, dépossédé au profit du pénal.

Des locataires toujours plus en difficulté, toujours plus réprimés

Maintenant que le temps a passé, c’est bien le scénario du pire qui se concrétise et que la Fondation Abbé Pierre a mis en exergue dans son rapport d’octobre 2024 sur la remise en cause du maintien des aides au logement pour les ménages en impayé de loyer. D’abord, on y lit que l’année 2023 a connu un record historique d’expulsions locatives effectuées avec le concours de la force publique.

Pas moins de 19 023 ménages ont été expulsés de leur logement en 2023, soit une hausse de +17 % par rapport à 2022. Ensuite les demandes d’intervention des forces de l’ordre pour évacuer des occupants sans titre ont été multipliées par quatre (48 sollicitations par mois en moyenne fin 2023, contre 12 avant la loi) et les arrêtés préfectoraux d’expulsion ont plus que triplé.

Dans le même temps, à la fin du 1er semestre 2024, 140 000 personnes, essentiellement des locataires ne parvenant pas à payer leurs loyers, étaient menacés d’expulsion. Si les données ne sont pas encore connues, tout indique que le premier semestre 2025 pourrait marquer un nouveau record des expulsions policières. Dans le même temps, la paupérisation des locataires ne fait qu’augmenter. Une étude d’Imodirect parue fin 2023 produisait le chiffre d’un locataire sur trente ne parvenant pas à régler ses loyers dans les temps, là où, en 2020, ce chiffre n’était que de 1 sur 100.

Si le taux d’impayés de plus d’un mois reste très faible au regard de l’étendue du parc immobilier (3,60% à Paris en septembre 2024), il n’en reste pas moins que les ménages n’ont jamais eu autant de mal à garder un toit sur la tête dans l’histoire récente.

Logiquement, ce sont les précaires les plus touchés. En mars 2024 l’Union Sociale pour l’Habitat signalait un nombre élevé de départs pour impayés non résolus : près de 140 000 ménages HLM ont quitté leur logement en 2022 en laissant une dette locative impayée, ce qui représentait 36,8 % de l’ensemble des logements sociaux ayant changé de locataire dans l’année. Et, parmi eux, environ 6 500 ménages sont partis en abandonnant purement et simplement le logement, sans prévenir, ni régler leurs dettes, ni avoir eu le moindre accompagnement ou solution identifiée

Une loi qui fabrique la misère, un législateur qui accule au sans-abrisme

Ces chiffres traduisent la gravité de la pauvreté : au-delà des expulsions forcées par huissier, beaucoup de familles finissent par partir d’elles-mêmes sous la pression financière, l’accumulation des menaces. Que deviennent-elles ensuite ? On ne peut pas le savoir avec certitude.

Mais on peut supposer. On peut supposer que tout ceci n’est pas sans rapport avec le chiffrage de la fondation Abbé Pierre, qui estime que 350 000 personnes vivaient à la rue en 2023-2024, contre « seulement » 143 000 en 2012. Cette progression de 145% est décrite, invariablement, comme une « explosion silencieuse » dans le peu d’articles et de manchettes de presse ayant jugé bon d’en informer le public. Mais qu’est-ce qui produit cette explosion ? Silencieuse du fait de qui ?

Qui met en place des lois qui forcent les gens à devenir sans-abris, sinon certains politiciens bien identifiés ? Qui fait silence, sinon les grands médias, trop occupés à faire le procès du bloc social entre deux paniques identitaires ? Qui refuse de donner aux collectivités le pouvoir de réquisitionner des biens immobiliers laissés vides dans un but spéculatif, sinon les amis des spéculateurs assis à la droite de l’Assemblée ? Et, enfin, est-il civilisé, le pays qui voit son nombre de personnes sans-abri doubler en 10 ans, sans s’en inquiéter ?

Si, comme le disait Jiddu Krishnamurti, ce n’est pas un signe de bonne santé mentale d’être bien adapté à une société malade, alors nous avons assurément la maladie de l’indifférence. Il ne tient pourtant qu’à nous de nous en guérir. Exigeons que l’on abroge les lois de chasse aux pauvres, que l’on garantisse un logement à ceux qui n’en ont pas.

Proclamons que le droit d’une minorité de multi-propriétaires et de spéculateurs à accumuler des milliers de mètres carrés de foncier pour s’enrichir toujours plus vaut moins que le droit de tous les autres à vivre. Sans quoi, qu’on ne s’avise plus de déplorer les extrémités auxquelles ceux qui n’ont aucun recours devront se résoudre pour survivre.

Par Nathan Bothereau

31.03.2025 à 18:19

« La Belle et la Bête », par Jul : heurtée, l’Éducation nationale censura

Nadim Fevrier

L’Insoumission.fr publie un nouvel article de sa rubrique « Nos murs ont des oreilles – Arts et mouvement des idées ». Son but est de porter attention à la place de l’imaginaire et de son influence en politique avec l’idée que se relier aux artistes et aux intellectuels est un atout pour penser le présent et regarder le futur.

Ce jeudi 20 mars 2025, la nouvelle est tombée. Les 800 000 exemplaires de La Belle et la Bête, illustré et revisité par l’auteur Jul, prévu pour l’opération « Un livre pour les vacances » de l’Éducation nationale (qui visait à offrir aux élèves de CM2 un classique de la littérature française avant l’entrée au collège) ne seront pas publiés.

L’auteur Jul est connu pour Silex and the city, aussi pour sa reprise de Lucky Luke (avec le dessinateur Achdé). « J’ai été choisi pour illustrer ce texte, dans le style reconnaissable de mes autres créations, déclare l’intéressé dans un communiqué de presse. La marque de fabrique de mon travail recherché par le cabinet du ministre à l’origine de ce choix appartient à un courant important de la littérature dessinée française, porteur d’un second degré, héritier de Gotlib, Goscinny, ou Tomi Ungerer. » Notre article.

Comment Lucky Luke de Jul affront le Ku Klux Klan et la discrimination raciale

Pour Lucky Luke, il apporte un nouveau regard. Il insuffle à Lucky Luke des valeurs antiracistes, sociales et qui invitent à la réflexion sur notre société Par exemple, il a été le premier à mettre en scène Bass Reeves (qui a réellement existé), premier homme Noir nommé shérif adjoint à l’ouest du Mississippi et à dénoncer le racisme systémique du sud des États-Unis, en parodiant « Autant en Emporte le vent » dans l’album Un cow boy dans le coton.

En mettant Lucky Luke dans cet univers colonial et esclavagiste, il apporte un éclairage sur ce lourd passé dont on parle finalement peu aux USA, mais dont l’impact reste présent de nos jours, car il continue de
perpétrer les inégalités.

Lucky Luke Un Cowboy Dans Le Coton Par Jul et Achdé – Droits d’auteurs : Lucky Comics/ Dargaud

Jul a d’ailleurs fait un voyage aux États-Unis en 2024 qu’il a documenté où il prend le parti de confronter Amérique Moderne et le mythe du Far West. Le documentaire disponible gratuitement sur YouTube s’appelle : Dans les bottes de Lucky Luke. C’est l’occasion pour lui de continuer à développer ce qu’il a voulu montrer dans un « cowboy dans le coton ». Le documentaire a été tourné en pleine campagne présidentielle avant l’élection de Donald Trump.

Par exemple dans la 3ᵉ partie : « toutes les couleurs du far west », vers 45 minutes, il va visiter dans une plantation dans le Mississipi où Gloria la nouvelle propriétaire de cette plantation va lui déverser des propos d’un racisme décomplexé et une vision alarmante de l’histoire de l’esclavage aux États-Unis, tout ça de façon très naturelle. Quand celle-ci parle des flagellations, elle parle de discipline.

Ou : « Les noirs étaient très simples, ils n’avaient pas d’éducation, ils ne savaient pas comment prendre soin d’eux-mêmes, ils étaient tout à fait incapables de fonctionner dans un monde libre. C’était très dur pour eux, car ils étaient habitués à ce qu’on s’occupe d’eux. Quelqu’un leur fournissait la nourriture, les vêtements, les soins médicaux, tout était pris en charge pour eux et puis quand ils ont été, je cite, libérés, ils n’ont pas voulu travailler (…) alors ils volaient, cela a été un moment très difficile pour eux car ils ont appris à travailler et à gagner de l’argent pour acheter leur nourriture et leurs propres vêtements quelque chose dont ils n’avaient pas notion »

Le montage va d’ailleurs montrer sa sidération avec ce plan :

Rappelons qu’il aura fallu assez longtemps pour que 2 œuvres cinématographiques montrent la réalité de l’esclavage aux Etats-Unis : Mandigo de Richard Fleischer (1975) et 12 Years a Slave de Steve McQueen (2013).

Un Lucky Luke confronté aux injustices et aux luttes sociales de l’Amérique

Dans le dernier album Un cow-boy sous pression, Il parle des premiers mouvements de grève et des syndicats en apportant une vision très politique de la lutte sociale. Il fait d’ailleurs référence à Karl Marx :

Lucky Luke : Un Cowboy Sous Pression – Par Jul et Achdé – Droits d’auteurs : Lucky Comics/ Dargaud

Une vision décalée de la préhistoire comme miroir de notre société

Dans sa série d’albums SILEX AND THE CITY, (dont il existe une série adaptée en dessin animé visible gratuitement sur YouTube), il y a également des messages politiques et un regard amusé sur notre société en parodiant la préhistoire et avec des anachronismes. Rappelons que Jul a collaboré récemment avec le Musée de l’Homme pour l’exposition enrichie sur « SILEX AND THE CITY » qui s’adressait aux parents et aux enfants.

Photo prise de l’un des murs de l’exposition Silex and the city au Musée de l’Homme à Paris. DR.

La Belle et la Bête, vu par Jul : des illustrations des jeunes générations

Pour le dessinateur de La Belle et la Bête, la nouvelle de stopper la mise en impression de son livre, décidée par l’Éducation nationale et au premier chef par sa ministre, Élisabeth Borne, est un choc. Car si une censure pour un artiste est une atteinte à sa création, cela envoie aussi un message sur le climat politique du pays. « J’ai honte de cette inconséquence politique qui envoie un signal de reprise en main de la liberté d’expression et de mise au pas, déplore JUL. Cette censure est une première défaite : la laisser passer en annonce cent autres. »

Cette censure alarme JUL à juste titre, car il a rappelé et fait un lien direct avec la récente décision du gouvernement d’extrême Droite de Donald Trump de censurer et retirer certains livres considérés comme des classiques modernes comme : Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, d’Harper Lee, Le Meilleur des mondes, d’Aldous Huxley, Maus, d’Art Spiegelman, ou encore Gender Queen de Maia Kobabe. Ce qu’a souligné le député LFI Rodriguo Arenas lors de son tweet de soutien à l’artiste :

Pour rappel, la décision gouvernementale de ne pas éditer le livre est intervenue à 2 jours de la manifestation contre le racisme en France.

Pour aller plus loin : Succès des manifestations du 22 mars : retour en images sur une journée de résistance populaire contre le racisme et l’extrême droite

Belle : une héroïne créolisée qui s’extirpe des modèles imposés

On ne peut que déplorer cette décision, car l’intention de l’auteur était de proposer une version différente de Belle, en dehors des codes habituels de la blonde princesse, représentée ici avec des traits méditerranéens et faisant un selfie avec la Bête. Le but de Jul était de pouvoir proposer une autre vision du conte de fée qui pourrait s’adresser aux enfants d’aujourd’hui.

Le dessinateur a pris en compte le fait qu’il est important pour les minorités qui se sentent encore mal représentées dans les œuvres, d’avoir des figures positives auxquelles ils/elles pourraient s’identifier, surtout lorsqu’il s’agit d’histoire dites intemporelles ou classiques. Du côté de Disney, il a fallu attendre 2009, avec La Princesse et la Grenouille, pour mettre en scène une princesse racisée, Tiana. ce film d’animation s’est maintenant imposé dans la pop culture.

JUL commente : « La seule explication semble à chercher dans le dégoût de voir représenté un monde de princes et de princesses qui ressemble un peu plus à celui des écoliers d’aujourd’hui », avance l’auteur. « Le ‘grand remplacement’ des princesses blondes par des jeunes filles méditerranéennes serait-il la limite à ne pas franchir pour l’administration versaillaise du ministère ? », s’interroge-t-il.

Rappelons que grâce au dispositif « Un livre pour les vacances », le livre choisi est offert gratuitement à tous les écoliers de CM2. Aujourd’hui, avec l’augmentation du coût de la vie et l’austérité budgétaire du budget 2025, de nombreuses familles sont obligées de faire l’impasse sur la culture et de privilégier d’autres dépenses. Cette politique d’austérité s’est également traduit par une coupe budgétaire dans la Culture et on rappelle la décision de ce début d’année de baisser le Pass Culture pour les jeunes.

Cette décision crée encore une inégalité de plus où la culture n’est plus pour toutes et tous et inclusive, car les classes modestes et populaires ne pourront pas découvrir le livre. La sortie du livre est prévue pour le 18 juin en tirage limité pour le moment aux éditions Grand Palais-RMN.

Par Carlotta Fontaine

31.03.2025 à 16:54

Groupuscules d’extrême droite : LFI demande une commission d’enquête parlementaire

Nadim Fevrier

Extrême droite. Saluts nazis, défilés et agressions fascistes, cyberharcèlement, c’est dans ce contexte de fascisation, à la veille de la manifestation du 22 mars contre l’extrême-droite et le racisme que Thomas Portes député de Seine-Saint-Denis a déposé avec Mathilde Panot, une proposition de résolution visant à la création d’une commission d’enquête sur les groupuscules d’extrême-droite. Notre brève.

Contre l’extrême droite, une commission d’enquête antifasciste d’utilité publique 

Cette commission d’enquête sur les groupuscules d’extrême-droite sera axée sur 3 questions essentielles : quelle composition, quel fonctionnement et quel financement à ces milices ? Le but de cette commission d’enquête est clairement affiché par Thomas Portes : LFI veut informer le grand public de la violence de ces groupuscules fascistes tout en y apportant des réponses politiques. Thomas Portes, par ailleurs membre de l’observatoire national de l’extrême-droite, dépose cette proposition pour la troisième fois depuis qu’il a été élu député. Cette proposition avait également été déposée dès 2019 par LFI. 

Le député justifie le dépôt de cette proposition dans un contexte de bascule où l’extrême droite multiplie les violences, étend son implantation en dehors de ces bastions historiques et se renforce par l’actualité et ses liens avec certains partis politiques. 

Récemment, une attaque a été menée par un commando d’extrême-droite à Paris aux cris de « Paris est nazi ». Un militant CGT a été grièvement blessé lors d’une attaque au couteau. Retailleau a honteusement renvoyé dos à dos les agresseurs racistes et les victimes antifascistes. 

Pour aller plus loin : Zemmour condamné pour racisme : les médias complices par leur silence

Une menace terroriste très sérieuse existe, provenant de la mouvance accélérationniste, qui prône la guerre civile raciale. Elle s’appuie notamment sur la dévotion clandestine d’anciens militaires et policiers et sur un équipement de combat dangereux et ultra-violent issu du trafic d’armes. 

Thomas Portes affirme que même si cette proposition émane du groupe insoumis, elle sera proposée à la signature des groupes parlementaires, notamment de gauche. Cette commission permettra à ses futurs membres de bénéficier de pouvoir étendus comme la convocation de services et personnalités étatiques ou interétatiques. C’est le cas d’Europol qui pourrait nous informer d’éléments précieux relatifs à l’internationale fasciste européenne. 

Une fois cette commission enquête terminée, il sera du devoir des députés de rédiger un rapport dont les conclusions seront portées à la connaissance du public tout en permettant d’élaborer de nouveaux outils législatifs au service de la Justice. 

L’action de LFI dans la lutte antifasciste de ne date pas d’aujourd’hui. À noter que, le 18 juin 2024, LFI a mis en place son réseau antifasciste, à la suite d’une tribune publiée par les Jeunes insoumis de Villeurbanne et signée par près de 40 groupes d’actions de la France entière. Allan Brunon, le porte-parole de cette nouvelle initiative la qualifie d’« Un outil politique pour battre les racistes ». 

Par Virginio Cestaro

31.03.2025 à 14:33

« LFI battra le RN dans les urnes quelque soit son ou sa candidate » – La déclaration de LFI après la condamnation de Marine Le Pen

Nadim Fevrier

Ce lundi 31 mars 2025, Marine Le Pen et 8 élus du Rassemblement national ont été condamnés pour détournement de fonds publics. Un paradoxe pour le parti fondé par des Waffen-SS ayant fait de la formule « Tête haute et mains propres » son slogan de campagne dès 1993. « Nous prenons acte de cette décision de justice, même si nous refusons par principe que le recours soit impossible pour un justiciable quel qu’il soit », déclare la France insoumise en réaction à la décision de justice, ajoutant n’avoir « jamais eu comme moyen d’action d’utiliser un tribunal pour se débarrasser du Rassemblement National », soulignant que le parti de Marine Le Pen doit être combattu « dans les urnes comme dans la rue ».

« Nous le battrons aussi demain dans les urnes, quel que soit son ou sa candidate », ajoute le communiqué. Jean-Luc Mélenchon s’est associé à la déclaration de la coordination du mouvement insoumis. « Et j’ajoute : la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple. C’est à cela que servirait le référendum révocatoire dans une 6e République démocratique », a-t-il déclaré. L’insoumission relaie dans ses colonnes le communiqué de la France insoumise.

Condamnation de Marine Le Pen : le communiqué de la France insoumise

« Marine Le Pen et 8 élus du Rassemblement National ont été condamnés ce jour pour détournement de fonds publics. Leur condamnation est assortie d’une peine d’inéligibilité applicable immédiatement pour l’essentiel d’entre eux.

Nous notons que les faits qui sont déclarés avérés sont particulièrement graves. Ils contredisent entièrement le slogan « tête haute, mains propres » sur lequel ce parti a longtemps cherché à prospérer.

Nous prenons acte de cette décision de Justice, même si nous refusons par principe que le recours soit impossible pour un justiciable quelqu’il soit.

Quant au reste, la France insoumise n’a jamais eu comme moyen d’action d’utiliser un tribunal pour se débarrasser du Rassemblement National. Nous le combattons dans les urnes comme dans la rue, par la mobilisation populaire du peuple français, comme nous avons su le faire lors des élections législatives de 2024.

Nous le battrons aussi demain dans les urnes, quel que soit son ou sa candidate. »

31.03.2025 à 10:32

« La guerre : donne ta montre et ils te donnent l’heure » – L’analyse de Jean-Luc Mélenchon

snoel

Dans nos colonnes, Jean-Luc Mélenchon analyse la séquence politique ouverte par l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et l’économie de production de guerre comme nouvelle pompe à finance en direction du capital. Le leader insoumis revient sur les hochements de menton des pays européens, dont la France, face aux nord-américains. Tous se plient aux exigence atlantistes et s’inscrivent dans une dérive guerrière symptôme de la crise de l’accumulation en Europe. Retrouvez son article dans nos colonnes.

L’Union européenne est décidée à préparer une autre guerre avec la Russie.

Scrogneugneu ! Maintenant qu’un laborieux processus de paix est engagé entre Ukraine et Russie, l’Union européenne est décidée à préparer une autre guerre avec la Russie. En ce qui concerne les USA qui menacent d’envahir un territoire européen et agressent son commerce et ses producteurs : des paroles. Pour la Russie, on parle budget. Il s’agit d’un fonds de 850 milliards d’euros, soit 5 % du PIB européen (le chiffre réclamé par Trump). En fait, ce sont 650 milliards à prendre dans les budgets nationaux. Et autant de moins pour les autres dépenses. C’est-à-dire le plus colossal effort financier orienté vers un secteur depuis la création de l’Union européenne. Mais aucune recette européenne n’est prévue.

Il y a en plus 150 milliards d’euros de prêts pour l’équipement des armées de toute l’Europe, annoncés le 4 mars dernier par la présidente de la commission Von der Leyen. Achtung ! La France devra rembourser 18,5 % de la somme totale empruntée par l’UE ! C’est-à-dire 27,75 milliards d’euros. Sans les intérêts… La France ? C’est-à-dire ses contribuables. Inutile donc de nous dire que ce seront peut-être des commandes à des entreprises françaises que feront les autres pays. Pourquoi chaque Français paierait-il l’armement des voisins ? Rappel : chaque année la France donne 9 milliards de plus au budget de l’UE qu’elle ne reçoit de celle-ci.

Mais en France même, quelle sera la dépense ? Pour Sébastien Lecornu, ministre des Armées : « si l’on veut reconquérir nos capacités de manœuvre dans la durée tout en répondant souverainement aux enjeux posés par les nouvelles technologies, il est clair qu’un horizon autour de 100 milliards d’euros par an constituerait le poids de forme idéal pour les armées françaises ». Sans autre précision. Une prévision construite au « doigt mouillé ».

Pourtant c’est un sujet sur lequel il faut une bonne raison pour parler cash et clair. Et pour cela il faut toujours traduire un chiffre militaire en chiffre civil pour comprendre ce que ces sommes signifient.

Cent milliards c’est une fois et demie le budget de l’Éducation nationale, cinq fois le budget de l’écologie ou celui de la recherche. Par an.

Profitons pour comparer davantage. Un missile balistique M51 vaut 120 millions d’euros. C’est-à-dire autant que pour acheter un appareil IRM pour chaque centre hospitalier universitaire (CHU) en France.

Un missile Aster vaut 2 millions d’euros. C’est deux fois la somme nécessaire pour maintenir le régime de retraite anticipée de tous les travailleurs de la réparation navale à cause de l’amiante. Mais le gouvernement supprime ce droit à partir de 2027.

Quelques chiffres pour du matériel d’armement américain acheté par toute l’Europe. À l’unité, un avion F-35 : 152 millions d’euros. C’est l’équivalent de deux ans et demi de recherche publique contre le cancer. C’est le prix de cinq Astrolabe (navire multifonctions de la France au pôle Sud). Nota : l’armée US en a 450 et prévoit d’en acheter 10 000 d’ici la fin 2040. Un missile balistique intercontinental américain Sentinel vaut 148 millions d’euros. C’est le prix d’une année scolaire pour 17 000 élèves. Un char de combat M1A2 Abrams : 44 millions d’euros : 2750 logements entièrement rénovés énergétiquement.

Pour qui ne confond pas défense nationale efficace avec économie de production de guerre, ce qui est engagé par ces projets de financement est une pure pompe à finance en direction du capital. Elles n’ont pas de sens militaire réel. D’ailleurs les discussions ne portent jamais sur aucun aspect directement militaire : matériel nécessaire, états-majors, logistique ou ce que l’on ne voudra, rien de cela n’est jamais sur la table. Des budgets, encore des budgets, point final. Il s’agit de placements offerts aux actionnaires pour une industrie d’armement quand on ne sait où placer ses capitaux de manière profitable dans une économie capitaliste globalement en stagnation. La dérive guerrière est un des symptômes de la crise de l’accumulation en Europe.

Jean-Luc Mélenchon

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