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24.07.2025 à 10:37

Le rôle des forces armées dans la lutte contre les incendies : l’opération Héphaïstos. Avec le Colonel Cottin

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Quelles sont les missions des forces armées face au risque incendie ? Comment s’organise la gestion de crise au sein du ministère des Armées face aux risques d’origine climatique ? Dans ce nouvel épisode, Eléonore Duffau, chercheuse à l’Observatoire Défense et Climat, échange avec le Colonel Cottin, chef d’état-major de l’état-major interarmées du territoire national métropolitain. Ils évoquent le rôle des forces armées dans la lutte contre les incendies, notamment à travers l’opération Héphaïstos, dans un contexte où les incendies deviennent de plus en plus fréquents et puissants sous les effets des changements climatiques. Le Colonel aborde également l’organisation de la gestion de crise au sein du ministère des Armées, notamment dans le cadre d’évènements climatiques extrêmes, ainsi que les enjeux de coopération et de coordination avec les acteurs de la sécurité civile. « Sur le front climatique » est un podcast de l’Observatoire Défense et Climat produit par l’IRIS pour le compte de la DGRIS du ministère des Armées.  Sur le front climatique · Le rôle des forces armées dans la lutte contre les incendies : l'opération Héphaïstos. Avec le Colonel Cottin

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Quelles sont les missions des forces armées face au risque incendie ? Comment s’organise la gestion de crise au sein du ministère des Armées face aux risques d’origine climatique ?

Dans ce nouvel épisode, Eléonore Duffau, chercheuse à l’Observatoire Défense et Climat, échange avec le Colonel Cottin, chef d’état-major de l’état-major interarmées du territoire national métropolitain. Ils évoquent le rôle des forces armées dans la lutte contre les incendies, notamment à travers l’opération Héphaïstos, dans un contexte où les incendies deviennent de plus en plus fréquents et puissants sous les effets des changements climatiques. Le Colonel aborde également l’organisation de la gestion de crise au sein du ministère des Armées, notamment dans le cadre d’évènements climatiques extrêmes, ainsi que les enjeux de coopération et de coordination avec les acteurs de la sécurité civile.

« Sur le front climatique » est un podcast de l’Observatoire Défense et Climat produit par l’IRIS pour le compte de la DGRIS du ministère des Armées. 

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23.07.2025 à 13:12

Comment analyser les évolutions de la politique étrangère indienne dans la crise avec le Pakistan à propos du Cachemire ?

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Le 10 mai dernier, le cessez-le-feu entre l’Inde et le Pakistan a été considéré comme une « détente » entre les deux pays. Celui-ci venait mettre un terme à plusieurs jours d’affrontements militaires déclenchés par l’Inde, dans le cadre de l’opération Sindoor. Il faut effectivement se féliciter que les armes se soient tues, car trop de civils ont perdu la vie de part et d’autre de la frontière lors des frappes menées par New Delhi et Islamabad. Cependant, cet apaisement est en réalité un trompe-l’œil : aucun motif de tension n’a été désamorcé. Au contraire, des éléments inédits de cet affrontement indo-pakistanais font que les motifs d’une prochaine confrontation régionale perdurent, voire se sont accentués. Tout d’abord, et à rebours de la chronologie, l’annonce, par Donald Trump, de l’arrêt des hostilités a été vécue comme un affront en Inde. Si, depuis 1948, Islamabad s’est efforcé d’internationaliser le conflit, en revanche New Delhi a plutôt tendu à considérer qu’il relevait d’un différend bilatéral, voire d’un enjeu national. Dans les faits, les puissances tierces activaient les canaux diplomatiques pour influencer l’un ou l’autre, mais cela était peu rendu public afin de ne pas mettre en difficulté les gouvernements respectifs. Cristallisé autour de la zone du Cachemire, le contentieux entre les deux pays est consubstantiel à la création des deux États indépendants. Par conséquent, quel que soit les gouvernements en place, il est perçu comme relevant de l’intégrité territoriale nationale : le rejet de l’autre nourrit la construction nationale. Depuis 2014, il se double, en Inde, d’une dimension xénophobe et d’une haine du musulman avec l’arrivée au pouvoir du Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien). À cela s’ajoute le fait que, pour la première fois, un chef d’État étranger qui annonce le cessez-le-feu et s’en arroge la paternité, est perçu comme une ingérence humiliante dans les […]

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Le 10 mai dernier, le cessez-le-feu entre l’Inde et le Pakistan a été considéré comme une « détente » entre les deux pays. Celui-ci venait mettre un terme à plusieurs jours d’affrontements militaires déclenchés par l’Inde, dans le cadre de l’opération Sindoor. Il faut effectivement se féliciter que les armes se soient tues, car trop de civils ont perdu la vie de part et d’autre de la frontière lors des frappes menées par New Delhi et Islamabad. Cependant, cet apaisement est en réalité un trompe-l’œil : aucun motif de tension n’a été désamorcé. Au contraire, des éléments inédits de cet affrontement indo-pakistanais font que les motifs d’une prochaine confrontation régionale perdurent, voire se sont accentués.

Tout d’abord, et à rebours de la chronologie, l’annonce, par Donald Trump, de l’arrêt des hostilités a été vécue comme un affront en Inde. Si, depuis 1948, Islamabad s’est efforcé d’internationaliser le conflit, en revanche New Delhi a plutôt tendu à considérer qu’il relevait d’un différend bilatéral, voire d’un enjeu national. Dans les faits, les puissances tierces activaient les canaux diplomatiques pour influencer l’un ou l’autre, mais cela était peu rendu public afin de ne pas mettre en difficulté les gouvernements respectifs. Cristallisé autour de la zone du Cachemire, le contentieux entre les deux pays est consubstantiel à la création des deux États indépendants. Par conséquent, quel que soit les gouvernements en place, il est perçu comme relevant de l’intégrité territoriale nationale : le rejet de l’autre nourrit la construction nationale. Depuis 2014, il se double, en Inde, d’une dimension xénophobe et d’une haine du musulman avec l’arrivée au pouvoir du Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien). À cela s’ajoute le fait que, pour la première fois, un chef d’État étranger qui annonce le cessez-le-feu et s’en arroge la paternité, est perçu comme une ingérence humiliante dans les affaires nationales indiennes. Elle s’inscrit dans un contexte déjà compliqué pour Narendra Modi : en février, il s’était invité à Washington dans l’espoir de renégocier les tarifs douaniers, sachant que depuis son arrivée au pouvoir le Premier ministre vante la souveraineté retrouvée de l’Inde. Reçu sans honneurs et revenu sans résultats, cette visite avait été qualifiée de camouflet par sa base électorale. À présent chauffée à blanc par dix ans de discours souverainistes, elle appelle à la revanche contre le Pakistan, et instrumentalise cet incident pour cibler les Indiens de confession musulmane, au premier rang desquels les Cachemiris.

De fait, une autre dimension inédite du récent conflit s’inscrit dans le temps moyen indien : il s’agit de la politique d’hindouisation de la société et de l’État au cœur du projet de Narendra Modi. Elle concerne l’ensemble des Indiens de confession musulmane. Toutefois, au Cachemire, territoire où la population est majoritairement musulmane, elle y est logiquement plus marquée. En 1950, le statut spécial du Cachemire entérinait son identité distincte : seuls les sept millions de Cachemiris pouvaient accéder au foncier afin de préserver l’équilibre démographique et favoriser le développement autochtone de ce territoire riche en minerais et en hydroélectricité, ainsi que haut-lieu du tourisme national. Le non-respect de cette disposition avait entrainé une insurrection en 1989 à laquelle l’État avait répondu par l’instauration d’une loi militaire draconienne en 1990. Encore en vigueur à ce jour, elle est à l’origine de toutes les mobilisations populaires, violentes ou non, en cours dans la vallée depuis 35 ans. New Delhi les réprime systématiquement avec force. À cette gestion historiquement fondée sur l’exploitation économique et la sécurité, Narendra Modi ajoute une dimension identitaire. En 2019, le statut spécial est supprimé dans le but proclamé de ramener la « sécurité » et la « normalité » dans la vallée. Aux yeux des Cachemiris il s’agit en réalité d’une part, de transformer la démographie régionale afin d’en invisibiliser la composante musulmane, et d’autre part, de les priver de ressources économiques. Cette décision constitue donc une menace sur leur existence même, d’autant qu’elle s’accompagne effectivement d’un appel des autorités au tourisme, notamment sur les sites religieux hindous, et à l’installation sur place pour y développer des activités. Depuis six ans, près de 85 000 Indiens se sont ainsi établis au Cachemire et y ont acheté des terres. S’y ajoutent 3,5 millions de touristes en 2024, soit l’équivalent de la moitié de la population résidente. C’est dans ce contexte que se tient l’attentat du 22 avril : c’est le cœur du sujet. Mais cette dimension a été immédiatement occultée par Narendra Modi en accusant le Pakistan de « terrorisme ». Cet argument a permis de boucler la vallée et, encore une fois, de mater la population : destructions illégales de maisons, arrestations massives, fermeture de journaux. Idem dans le reste de l’Inde où les rares voix soutenant les Cachemiris ont été criminalisées. Aucune solution n’a donc été apportée aux Cachemiris. Instrumentalisés ou non par le Pakistan, les facteurs de rejet d’un État indien perçu comme colonisateur, ferment de la violence locale, restent plus vifs que jamais.

Enfin, la manière même dont New Delhi a mené ce conflit témoigne du dévoiement du droit international au profit de la seule force. Sans n’avoir jamais étayé son implication dans l’attentat, l’Inde a immédiatement accusé le Pakistan d’en être l’instigateur et y a mené, la première, des frappes. Narendra Modi a également suspendu – illégalement – le Traité des eaux de l’Indus (IWT) qui, signé en 1960, répartit celles-ci entre les deux pays et avait été maintenu lors des guerres précédentes. À ce jour, le traité demeure « suspendu » par l’Inde, en dehors de tout cadre légal puisque l’IWT ne comprend pas de mécanismes de suspension. L’Inde met ainsi en danger des millions de civils en préemptant une ressource vitale dans le cadre d’un affrontement militaire, ce qui semble aller à rebours du droit international humanitaire. Surtout, cet acte induit un précédent dangereux dans une région où 30 à 40 % de l’humanité dépend des fleuves prenant naissance sur le plateau tibétain, mais qui est très marquée par le dérèglement climatique. Chine et Inde tentent donc d’accaparer l’eau. À l’instar de la méthode Trump, l’escalade militaire de New Delhi peut être vue comme la poursuite du commerce par d’autres moyens puisque l’Inde et le Pakistan sont en conflit à ce sujet, la première cherchant à renégocier l’IWT à son avantage depuis plusieurs années.

Les trois points ci-dessus illustrent dès lors une rupture notable : l’État revendiquant d’être la seule démocratie de la région, et admis comme telle par les gouvernements occidentaux, a été la puissance agressive et violant le droit international. À l’aune de la politique nationale menée par Narendra Modi depuis 2014, un tel recours à la force n’est guère surprenant. Les atteintes portées à l’état de droit et aux libertés fondamentales se multiplient et sont rapportées par des observateurs indépendants comme les Nations unies ou Human Rights Watch. L’institut suédois V-Dem estime même que l’Inde n’est plus une démocratie, mais une « autocratie électorale ». On peut donc analyser la récente attitude indienne vis-à-vis de son voisin comme l’exportation à présent, dans le champ diplomatique, de l’autoritarisme et de la xénophobie qui caractérisent la politique hindouiste de Narendra Modi et de son gouvernement. Malgré ces faits, la dichotomie prévalant chez la plupart des dirigeants occidentaux et consistant à classer et figer les États selon la nature de leur régime, autoritaire versus démocratique, sans attention portée aux processus longs permettant de passer d’un système à l’autre, semble avoir obéré la possibilité de critique à l’égard de l’attitude belliciste de New Delhi. Pourtant les parties prenantes sont deux puissances dotées de l’arme nucléaire : leurs crispations concernent donc a minima la sécurité régionale, voire mondiale.

Que l’Inde soit à l’origine de l’escalade militaire est dès lors particulièrement marquant, d’autant que cela s’inscrit dans une dynamique plus générale de remise en question du système international régi par le droit et issu de l’Après-guerre, y compris de la part d’États censés en être garants. Le constat du ministre des Affaires étrangères,  Subrahmanyam Jaishankar, est à cet égard sans appel : « nous ne nous laisserons pas dicter notre comportement par des règles que l’Occident lui-même ne respecte pas quand ses propres intérêts sont en jeu ».

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23.07.2025 à 11:14

Histoire de la mafia : Au-delà des préjugés

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L’histoire de la mafia ne peut dans bien des cas n’être autre qu’une histoire de l’antimafia, celle-ci permettant de définir par défaut la mafia. L’ouvrage de Jean-Yves Frétigné n’échappe pas à cette difficulté et son histoire de la mafia est aussi l’histoire du préfet César Mori pendant le fascisme, du préfet Dalla Chiesa pendant les cent jours à Palerme qui précéderont son assassinat, des collectifs antimafia issus de la société civile ou encore celle de la construction complexe et progressive de la législation antimafia.L’originalité de l’ouvrage réside dans son sous-titre. L’auteur ne veut pas se livrer à un simple narratif chronologique. Il souhaite aller « au-delà des préjugés », déconstruire des idées reçues sur Cosa nostra. Dans cette note de lecture, Clotilde Champeyrache, maître de conférences au Conservatoire National des Arts et Métiers, membre du conseil d’orientation scientifique de l’Observatoire des criminalités internationales (ObsCi), nous offre une analyse de l’ouvrage Histoire de la mafia : Au-delà des préjugés de Jean-Yves Frétigné

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L’histoire de la mafia ne peut dans bien des cas n’être autre qu’une histoire de l’antimafia, celle-ci permettant de définir par défaut la mafia. L’ouvrage de Jean-Yves Frétigné n’échappe pas à cette difficulté et son histoire de la mafia est aussi l’histoire du préfet César Mori pendant le fascisme, du préfet Dalla Chiesa pendant les cent jours à Palerme qui précéderont son assassinat, des collectifs antimafia issus de la société civile ou encore celle de la construction complexe et progressive de la législation antimafia.
L’originalité de l’ouvrage réside dans son sous-titre. L’auteur ne veut pas se livrer à un simple narratif chronologique. Il souhaite aller « au-delà des préjugés », déconstruire des idées reçues sur Cosa nostra.

Dans cette note de lecture, Clotilde Champeyrache, maître de conférences au Conservatoire National des Arts et Métiers, membre du conseil d’orientation scientifique de l’Observatoire des criminalités internationales (ObsCi), nous offre une analyse de l’ouvrage Histoire de la mafia : Au-delà des préjugés de Jean-Yves Frétigné

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22.07.2025 à 14:35

L’été indopacifique français : une actualisation de la stratégie indopacifique et un projet « d’État de la Nouvelle-Calédonie »

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Le 12 juillet 2025, contre toute attente et après dix jours d’intenses discussions, les représentants indépendantistes et non-indépendantistes de Nouvelle-Calédonie réunis à Bougival, dans les Yvelines, ont accepté de s’engager en faveur de la création d’un « État de la Nouvelle-Calédonie ». Cet État sui generis et le statut pérenne proposé aux citoyens calédoniens ouvrent des perspectives au territoire et à ses proches voisins australiens et mélanésiens, inquiets devant le climat de tensions persistantes dans lequel semblaits’enfoncer l’archipel au fil du temps. D’aucuns espèrent que l’important volet économique que contient le projet d’accord permettra d’arrêter son lent délitement, alors que beaucoup reste à reconstruire après les émeutes de mai 2024. Si, comme s’est plu à le répéter Emmanuel Macron, la « France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie », force est de constater que l’Indo-Pacifique français serait fortement amoindri sans l’archipel océanien et que la stratégie éponyme portée par le chef de l’État pour la région en subirait le contrecoup. Dans l’immédiat, les discussions apaisées autour de la création possible de ce « nouvel État » ont permis au gouvernement de publier la mise à jour de sa stratégie Indo-Pacifique promise depuis de longs mois. La large place qui y est consacrée aux sept territoires ultramarins français, et qui répare l’oubli des premiers textes, aurait pâti d’une situation de tensions trop vives en Nouvelle-Calédonie, même si rien n’est encore réglé. Les efforts du gouvernement français en direction de l’archipel et son investissement notable lui assurent une relative marge de manœuvre tout en rassurant sur la crédibilité de l’engagement de la France dans la région.

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Le 12 juillet 2025, contre toute attente et après dix jours d’intenses discussions, les représentants indépendantistes et non-indépendantistes de Nouvelle-Calédonie réunis à Bougival, dans les Yvelines, ont accepté de s’engager en faveur de la création d’un « État de la Nouvelle-Calédonie ». Cet État sui generis et le statut pérenne proposé aux citoyens calédoniens ouvrent des perspectives au territoire et à ses proches voisins australiens et mélanésiens, inquiets devant le climat de tensions persistantes dans lequel semblait
s’enfoncer l’archipel au fil du temps. D’aucuns espèrent que l’important volet économique que contient le projet d’accord permettra d’arrêter son lent délitement, alors que beaucoup reste à reconstruire après les émeutes de mai 2024. Si, comme s’est plu à le répéter Emmanuel Macron, la « France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie », force est de constater que l’Indo-Pacifique français serait fortement amoindri sans l’archipel océanien et que la stratégie éponyme portée par le chef de l’État pour la région en subirait le contrecoup. Dans l’immédiat, les discussions apaisées autour de la création possible de ce « nouvel État » ont permis au gouvernement de publier la mise à jour de sa stratégie Indo-Pacifique promise depuis de longs mois. La large place qui y est consacrée aux sept territoires ultramarins français, et qui répare l’oubli des premiers textes, aurait pâti d’une situation de tensions trop vives en Nouvelle-Calédonie, même si rien n’est encore réglé. Les efforts du gouvernement français en direction de l’archipel et son investissement notable lui assurent une relative marge de manœuvre tout en rassurant sur la crédibilité de l’engagement de la France dans la région.

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21.07.2025 à 20:20

Cryptoactifs et financement de l’économie du crime : les liaisons dangereuses ?

Coline Laroche              

Les cryptomonnaies sont un paradis virtuel. Initialement circonscrite à une petite sphère d’experts (codeurs, mineurs), l’utilisation de ces cryptoactifs devient rapidement « un nouveau terreau pour le blanchiment de capitaux» (Clément et Lelieur 2021). Cette évolution s’explique par les caractéristiques inhérentes à ces nouveaux instruments d’échange et de spéculation, notamment le pseudonymat (la protection de l’identité des utilisateurs par des clés cryptographiques), leur accessibilité quasi mondiale, la rapidité à laquelle les échanges sont effectués et le faible coût de transaction. En 2023, l’entreprise dédiée aux activités de traçage de Bitcoin estimait la valeur totale reçue par les adresses de cryptoactifs impliquées dans des activités illicites[1] était selon de 24,2 milliards de dollars[2]. Leur utilisation a permis aux criminels d’explorer de nouvelles opportunités, comme mode de paiement sur le dark web (matériel d’abus sexuel sur enfants, ransomware), dans la mise en œuvre de procédés criminels (escroqueries et fonds volés), le blanchiment d’argent et la fraude fiscale ainsi que le financement d’organisations criminelles et terroristes. Un moyen de blanchiment facilité Divers outils et techniques renforcent la confidentialité des transactions en cryptoctifs, compliquant ainsi le traçage des flux financiers. Parmi ceux-ci, on trouve : Volume en circulation en milliards de dollars en 2018 sur Binance  Évolution de la part de transactions en bitcoins réalisées à l’aide du protocole CoinJoin (fin 2011- début 2018) Sources : zkSNACKs, entreprise créatrice du portefeuille Wasabi Wallet. Un mode de paiement sur le dark web : Silk Road et au-delà Les cryptoactifs, en particulier le Bitcoin, ont trouvé une application notable en tant que moyen de paiement sur le dark web. La fermeture en 2013 par le FBI de Silk Road, une des premières plateformes à utiliser le Bitcoin comme moyen de paiement pour des activités criminelles, a fait de prendre conscience aux autorités des possibilités offertes par ces nouveaux […]

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Divers outils et techniques renforcent la confidentialité des transactions en cryptoctifs, compliquant ainsi le traçage des flux financiers. Parmi ceux-ci, on trouve :

  • Des cryptoactifs axés sur la confidentialité comme Monero (XMR), Dash (DASH) et ZCash (ZEC). Ceux-ci intègrent by design des fonctionnalités de confidentialité avancées rendantde fait le traçage des transactions particulièrement ardu. Ces « privacy coins » utilisent en effet des techniques telles que les signatures de cercle, les transactions confidentielles et les adresses furtives pour masquer l’origine, le montant et la destination des fonds. La part des principales cryptomonnaies pseudomisée (Monero) ou semi-pseudomisée en circulation (Dash et ZCash) sur Binance en 2018 est estimée à 42 milliards USD, soit 8,8 % du total en circulation (Cf. Graphique).
Volume en circulation en milliards de dollars en 2018 sur Binance 
  • Des protocoles d’anonymisation tels que CoinJoin qui regroupent les transactions de plusieurs utilisateurs en une seule transaction de plus grande taille, rendant ainsi plus complexe l’identification des liens entre les entrées et les sorties de fonds. Cette technique à l’avantage d’anonymiser des flux pour des transactions des cryptoactifs qui, à l’instar de Bitcoin, n’intègrent pas by design des fonctionnalités de confidentialité avancées. La part de transactions en Bitcoins réalisées à l’aide du protocole CoinJoin, se situe entre 2011 et 2018 entre 2 % et 7,5 %. L’ensemble de ces échanges réalisés sur Bitcoins sont anonymes et peuvent être – ou non – d’origines frauduleuses.
Évolution de la part de transactions en bitcoins réalisées à l’aide du protocole CoinJoin (fin 2011- début 2018)

Sources : zkSNACKs, entreprise créatrice du portefeuille Wasabi Wallet.

  • Des plateformes d’échange instantané (instant exchangers) qui ne requièrent pas de vérification d’identité de type Know Your Custumer (KYC), offrent également un environnement propice aux transactions anonymes. 

Les cryptoactifs, en particulier le Bitcoin, ont trouvé une application notable en tant que moyen de paiement sur le dark web. La fermeture en 2013 par le FBI de Silk Road, une des premières plateformes à utiliser le Bitcoin comme moyen de paiement pour des activités criminelles, a fait de prendre conscience aux autorités des possibilités offertes par ces nouveaux moyens de paiement. Un an plus tard, en 2014 le Groupe d’action financière (GAFI), organisme international de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, organisait son premier sommet consacré aux risques liés aux cryptoactifs en matière de Lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme (LBC/FT). Malgré la prise de conscience des autorités, l’utilisation de cryptoactifs comme moyen de paiement illégal persiste et a conquis d’autres champs de la criminalité : désormais, 60 % des rançongiciels exigeaient un paiement en cryptoctifs (2021). Ainsi, en 2023, les paiements de rançons ont connu une recrudescence significative, dépassant le milliard de dollars à l’échelle mondiale (Chainalysis 2024). Cette augmentation est attribuée au développement de rançongiciels de plus en plus sophistiqués et à l’émergence de groupes criminels spécialisés (LockBit, ALPHV/BlackCat) qui n’hésitent pas à cibler leurs victimes (administrations publiques dans le secteur de la santé ou de l’éducation) qui n’hésitent à payer les rançons pour récupérer rapidement leurs données.

En 2023, le paysage de la criminalité liée aux cryptoactifs a connu une évolution notable (Chainalysis, 2024). En effet, bien que les plateformes de cryptoactifs aient réussi à mieux protéger les fonds – avec une diminution de plus de 50 % des montants dérobés -, le nombre de tentatives de piratage a paradoxalement augmenté, montrant que la menace reste bien présente. Ainsi, en mai 2024, la plateforme d’échange japonaise DMM Bitcoin a subi une violation de sécurité majeure qui a entraîné le vol d’environ 305 millions de dollars en Bitcoin.

Du côté des escroqueries, une tendance similaire se dessine. Bien que les revenus globaux générés par les escroqueries aient diminué, certaines formes spécifiques, telles que les escroqueries d’« approval phishing » (hameçonnage par approbation) et les escroqueries romantiques, ont gagné en importance. Les escroqueries par hameçonnage d’approbation ciblent principalement les jetons ERC-20 populaires sur Ethereum, qui nécessitent une approbation pour interagir avec les contrats intelligents.

Les montants impliqués dans le financement du terrorisme via les cryptomonnaies sont relativement faibles par rapport aux méthodes de financement traditionnelles (dons en espèces, transferts via des systèmes bancaires informels), en raison notamment des difficultés que peuvent rentrer les donateurs pour anonymiser les transactions. Les cryptoactifs offrent plusieurs avantages : elles permettent de solliciter des dons à l’échelle mondiale, de transférer des fonds vers des zones isolées où les systèmes bancaires classiques sont inopérants, et d’acquérir discrètement des armes, du matériel de communication, ou d’autres ressources illicites. Ainsi, en octobre 2024, l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du Trésor américain a sanctionné Abd al-Muhsin Abdallah Ibrahim al-Sharikh, un individu basé en Syrie qui fournissait un soutien financier à Hayet Tahrir al-Sham (HTS), une organisation terroriste. Al-Sharikh collectait des dons auprès de sympathisants via les médias sociaux et des plateformes de messagerie cryptées, puis utilisait des plateformes d’échange décentralisées (DEX) et des services de mixage pour dissimuler l’origine et la destination des fonds. Il convertissait ensuite les cryptomonnaies en espèces et les acheminait vers HTS via des canaux de financement illicites traditionnels. Cette action de l’OFAC souligne la menace persistante du financement du terrorisme via les cryptomonnaies et la nécessité d’une vigilance accrue et d’une coopération entre les secteurs public et privé pour contrer ces activités.

L’Union européenne (UE), a mis en place la réglementation MiCA (Markets in Crypto-Assets), qui marque une avancée significative en exigeant une plus grande transparence des plateformes de cryptoactifs. Cette réglementation s’attaque directement au processus d’anonymisation en imposant des obligations d’identification des clients (KYC) et de diligence raisonnable (CDD) aux fournisseurs de services de cryptoactifs. Ces mesures visent à rendre plus difficile l’utilisation de cryptomonnaies à des fins criminelles en obligeant les plateformes à vérifier l’identité de leurs utilisateurs et à signaler les transactions suspectes.

Parallèlement à ces initiatives nationales et régionales, des organisations comme Interpol et Europol jouent un rôle essentiel dans la coopération internationale. Interpol facilite l’échange d’informations et la coordination des enquêtes entre les forces de l’ordre du monde entier, tandis qu’Europol soutient les États membres de l’UE dans la lutte contre la criminalité organisée et la cybercriminalité, en fournissant une expertise technique et opérationnelle pour traquer les criminels qui tentent d’exploiter les failles des systèmes financiers.


[1] Rappelons qu’un flux financier peut être classé comme illicite en fonction de son origine (source), de la méthode utilisée pour le faire passer une frontière (canal), ou de son utilisation finale.

[2]  The 2024 CryptoCrime Report, The latest trends in ransomware, scams, hacking, and more, Chainalysis, february 2024,

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18.07.2025 à 15:09

Syrie : le préoccupant affaiblissement du gouvernement intérimaire syrien

Coline Laroche              

Depuis le 13 juillet dernier, le Sud de la Syrie fait face à de violentes tensions intercommunautaires. L’enlèvement, puis l’exécution d’un marchand druze par des membres de la communauté bédouine, a déclenché de violents affrontements dans le gouvernorat de Souweïda. Dans ce contexte qui s’inscrit dans la continuité de la guerre civile syrienne, Israël a lancé des frappes aériennes ciblant des chars de l’armée syrienne afin d’apporter son soutien à la communauté druze. Quelles sont les origines des tensions intercommunautaires entre les druzes et les Bédouins ? Dans quelle mesure l’ingérence israélienne s’inscrit-elle dans la continuité de la politique extérieure de Tel-Aviv ? Quelles en sont les conséquences ? Dans quelle mesure cette escalade des violences est-elle révélatrice de l’état de santé du gouvernement syrien ? Le point avec Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS et spécialiste du Moyen-Orient. Comment expliquer la récente escalade des violences entre les groupes bédouin et druze survenue ce weekend ? Dans quelle mesure les affrontements intercommunautaires dans le Sud de la Syrie sont-ils révélateurs de la situation du nouveau gouvernement de Damas ? Comme souvent dans ce type de situation instable, c’est un incident apparemment mineur qui est à l’origine des affrontements récents. Il s’agirait de l’enlèvement et de l’élimination, pour des raisons qui restent obscures, d’un commerçant druze par des membres d’une tribu bédouine. Nous savons néanmoins que la cohabitation entre les communautés druze et bédouine est depuis très longtemps conflictuelle pour des raisons de rivalités foncières ancestrales et de différends religieux exacerbés par les années de guerre civile qui ont ensanglanté la Syrie ces dernières années. Pour mémoire, les druzes sont les fidèles d’une croyance apparue au XIe siècle, issue d’un schisme de l’islam chiite dont elle s’est depuis lors autonomisée. Elle est caractérisée par un fort ésotérisme, le refus de toute forme […]

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Texte intégral 1813 mots

Comment expliquer la récente escalade des violences entre les groupes bédouin et druze survenue ce weekend ? Dans quelle mesure les affrontements intercommunautaires dans le Sud de la Syrie sont-ils révélateurs de la situation du nouveau gouvernement de Damas ?

Comme souvent dans ce type de situation instable, c’est un incident apparemment mineur qui est à l’origine des affrontements récents. Il s’agirait de l’enlèvement et de l’élimination, pour des raisons qui restent obscures, d’un commerçant druze par des membres d’une tribu bédouine. Nous savons néanmoins que la cohabitation entre les communautés druze et bédouine est depuis très longtemps conflictuelle pour des raisons de rivalités foncières ancestrales et de différends religieux exacerbés par les années de guerre civile qui ont ensanglanté la Syrie ces dernières années.

Pour mémoire, les druzes sont les fidèles d’une croyance apparue au XIe siècle, issue d’un schisme de l’islam chiite dont elle s’est depuis lors autonomisée. Elle est caractérisée par un fort ésotérisme, le refus de toute forme de prosélytisme et l’impossibilité de s’y convertir. Ainsi, on nait druze, mais on ne peut le devenir. La doctrine est préservée par un groupe restreint d’initiés influencés par les philosophies grecque et hindoue ce qui en fait un syncrétisme original. En Syrie la communauté druze est estimée à environ 3 % de la population totale, on trouve en outre des communautés de fidèles au Liban et en Israël.

Mais l’essentiel n’est pas de nature religieuse. Les affrontements de ces derniers jours renvoient plus fondamentalement à la situation générale de la Syrie. Le pays a été littéralement broyé par la guerre civile qui a libéré toutes les tendances centrifuges d’un pays qui reste une véritable mosaïque ethnique et confessionnelle. Le projet fondamental du gouvernement intérimaire, présidé par Ahmed Al-Charaa, est de reconstruire une Syrie stable et souveraine. Si le passé djihadiste des nouveaux dirigeants de Damas est connu, leur évolution politique ne l’est pas moins. Incarnant une forme d’islamo-nationalisme, ils ne renient pas leur appartenance à la mouvance islamiste dont ils se réclament, mais, dans le même mouvement, ils sont profondément syriens et leur principale préoccupation est de reconstruire et de préserver l’unité du pays.

Parmi bien d’autres, un test crucial concerne donc la gestion des communautés confessionnelles et/ou ethniques, au premier rang d’entre elles celle constituée par les Kurdes. Le protocole d’accord signé entre les autorités intérimaires du pays et les Forces démocratiques syriennes (FDS), le 10 mars 2025, trace la perspective de l’intégration des institutions civiles et militaires de la région autonome kurde au sein de l’État. La gestion de la communauté druze s’avère plus complexe en raison de l’interférence patente d’acteurs extérieurs.

Face à la montée des tensions, le gouvernement israélien a lancé des frappes aériennes ciblant des chars de l’armée syrienne, en dépit du cessez-le-feu annoncé plus tôt par le ministre de la Défense. Comment interpréter cette ingérence ? Avec quelles conséquences pour la Syrie ?

Depuis des mois, la politique israélienne constitue en effet un élément perturbateur en attisant les rivalités identitaires et en tentant en l’occurrence d’instrumentaliser la communauté druze, notamment située dans le gouvernorat de Souweïda au sud de la Syrie. Ladite communauté est elle-même divisée, certaines de ses composantes privilégiant le dialogue avec Damas alors que d’autres – surtout à la suite des affrontements de la fin du mois d’avril entre des composantes kurdes et des milices proches de Damas qui ont fait plus de 130 morts – ne font plus confiance aux autorités syriennes et optent assez clairement pour une coopération avec Tel-Aviv qui n’hésite pas à s’autodésigner comme leur protecteur.

Les dirigeants israéliens ont parfaitement saisi l’intérêt d’une telle situation pour empêcher que l’unité de la Syrie ne puisse se reconstituer sous la direction d’anciens djihadistes dont ils se méfient. Ils peuvent d’une part s’appuyer sur les dirigeants communautaires druzes d’Israël qui dès 1948 ont soutenu la création de l’État hébreu et ont, pour certains d’entre eux, participé au nettoyage ethnique des Palestiniens de la Galilée. Il existe depuis lors en Israël un lobby druze non dénué d’influence. Récemment, le dirigeant religieux druze israélien, Mouwafaq Tarif, n’a d’ailleurs pas hésité à conseiller à l’armée israélienne de bombarder la Syrie après les violences du mois d’avril.

Mais surtout, Israël procède à une agression de la Syrie s’inscrivant dans l’escalade militaire régionale mise en œuvre par Tel-Aviv. Profitant de la période de flottement consécutive à la fuite de Bachar Al-Assad, début décembre 2024, Israël a ainsi multiplié les frappes : 300 bombardements sur des objectifs militaires syriens sont recensés en quelques semaines. L’armée israélienne a aussi profité de la situation pour occuper le versant syrien du mont Hermon, violant l’accord de cessez-le-feu de 1974 supervisé par l’Organisation des Nations unies, mais considéré unilatéralement comme caduc par Benyamin Netanyahou. Depuis, plus de 800 nouvelles frappes ont visé des infrastructures et capacités stratégiques syriennes et des unités militaires israéliennes se sont donc durablement installées sur le territoire d’un État souverain. Degré supplémentaire dans l’escalade israélienne, les bâtiments du quartier général de l’armée syrienne et le ministère de la Défense ont été bombardés à Damas le 16 juillet. Les événements de ces derniers jours confirment que la guerre préventive et le mépris du droit international sont décidément les normes de fonctionnement de l’État d’Israël.

Au vu de l’asymétrie des forces en présence, les opérations militaires de Tel-Aviv, se soldant au total par au moins 300 morts en trois jours, ont contraint les dirigeants syriens à retirer leurs troupes de la ville de Suweïda et de ses alentours. La faiblesse structurelle de l’État syrien ne laissait probablement guère le choix à Ahmed Al-Charaa, mais l’hubris des dirigeants israéliens impose sa force brutale au détriment de toute perspective politique négociée.

Finalement, quel bilan pouvons-nous dresser des 6 premiers mois du gouvernement de Ahmed al-Charaa ? Quels sont les résultats des démarches engagées pour la réhabilitation internationale de la Syrie ? L’affaiblissement des sanctions occidentales porte-t-il ses fruits pour l’économie syrienne ?

Il faut tout d’abord rappeler la situation catastrophique dans laquelle se trouve le pays au moment de la fuite de Bachar Al-Assad, le 8 décembre 2024 : saignée humaine – plus de 400 000 morts –, économie exsangue – le produit intérieur brut a été divisé par plus de la moitié –, les infrastructures et les services publics souvent réduits à néant… La liste pourrait être longue pour évoquer le désastre syrien.

Les défis à relever sont immenses et il est compréhensible que les résultats ne soient pas à ce stade au niveau des espoirs imprudemment conçus par des observateurs empressés. L’enjeu est triple pour les nouveaux responsables du pays : instaurer un régime plus inclusif, reconstituer de solides relations avec le maximum d’États et parvenir à la levée des sanctions qui continuent d’affecter le pays. Jusqu’ici, on doit reconnaitre que les nouvelles autorités politiques syriennes n’ont guère commis d’erreurs rédhibitoires. Il apparait assez clairement que Ahmed Al-Charaa a choisi de cultiver ses relations avec les puissances occidentales pour tenter de stabiliser le pays. Réception à l’Élysée par Emmanuel Macron le 7 mai, puis rencontre, en présence du président turc Recep Tayyip Erdoğan, avec Donald Trump, en Arabie saoudite le 14 mai qui confirmait l’annonce faite la veille de la suspension des sanctions à l’encontre de la Syrie par les États-Unis pour une durée de six mois. L’Union européenne, pour sa part, levait à son tour les sanctions le 20 mai.

Pour l’équipe dirigeante de Damas, ces mesures s’inscrivent dans une dynamique positive, sans pour autant qu’elles soient capables de régler rapidement les innombrables dossiers à résoudre pour stabiliser le pays. En outre, la contrepartie de ces promesses d’engagements réside dans la contrainte pour Damas de taire ses critiques à l’égard de la politique israélienne dans la région. Ainsi, le silence a été assourdissant lors de l’agression israélienne de l’Iran, le 13 juin.

La situation qui prévaut depuis quelques jours, attisée par l’intervention israélienne, affaiblit indubitablement le gouvernement intérimaire syrien. Si l’on considère que sa stabilisation est un enjeu majeur pour la région, il serait alors temps que ladite communauté internationale réagisse sans ambigüité et prenne enfin les mesures pour que le droit international soit, enfin, respecté.

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18.07.2025 à 12:46

Délocalisation des demandes d’asile

stagiaire-comm@iris-france.org

« D’où venons-nous ? À la frontière soudano-libyenne, il y a les Rapid Support Forces soudanaises – émanation des janjawid pilleurs du Darfour – qui participent à un filtrage violent pour dissuader les migrations vers le nord sous couvert du « Khartoum Process », un accord entre pays européens et africains dont l’objectif est de réduire les départs vers l’Europe. Ces détentions sont souvent menées sans surveillance, avec impunité, et cachent fréquemment des pratiques corruptions et violences. Puis en Méditerranée, les garde-côtes libyens commandés par un criminel notoire qui agissent en mer en « agent » de l’Union européenne, interceptent les embarcations, participent à des refoulements collectifs, et orientent les migrants vers des camps où sévissent extorsions, maladies, violences et exploitation. Avec son « Pacific Solution » lancé en 2001, l’Australie envoie les demandeurs d’asile arrivés par voie maritime vers des centres offshore à Nauru ou sur l’île de Manus (Papouasie-Nouvelle-Guinée) pour dissuader les traversées et affirmer un contrôle total sur l’accès à son territoire. Une politique dénoncée par l’Organisation des Nations unies (ONU) qui a rapporté ces de nombreuses violations des droits humains (détention illimitée, suicides, violences) dans les centres d’accueil…»

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« D’où venons-nous ? À la frontière soudano-libyenne, il y a les Rapid Support Forces soudanaises – émanation des janjawid pilleurs du Darfour – qui participent à un filtrage violent pour dissuader les migrations vers le nord sous couvert du « Khartoum Process », un accord entre pays européens et africains dont l’objectif est de réduire les départs vers l’Europe. Ces détentions sont souvent menées sans surveillance, avec impunité, et cachent fréquemment des pratiques corruptions et violences. Puis en Méditerranée, les garde-côtes libyens commandés par un criminel notoire qui agissent en mer en « agent » de l’Union européenne, interceptent les embarcations, participent à des refoulements collectifs, et orientent les migrants vers des camps où sévissent extorsions, maladies, violences et exploitation.

Avec son « Pacific Solution » lancé en 2001, l’Australie envoie les demandeurs d’asile arrivés par voie maritime vers des centres offshore à Nauru ou sur l’île de Manus (Papouasie-Nouvelle-Guinée) pour dissuader les traversées et affirmer un contrôle total sur l’accès à son territoire. Une politique dénoncée par l’Organisation des Nations unies (ONU) qui a rapporté ces de nombreuses violations des droits humains (détention illimitée, suicides, violences) dans les centres d’accueil…»

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