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Regain célèbre le progrès agricole, la nouvelle génération paysanne, les métiers de la ferme, la vie animale, la bonne chère, les balades en campagne et les feux de cheminée.

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18.12.2024 à 10:52

Regain n°27 – Hiver 2024

Anthony Robine

Prendre de l’altitude. Crapahuter dans les Alpes avec un duo bien charpenté. Faire des poutous aux gros saint-bernards tout doux. Chercher le soleil à La Brigue, dans la vallée de Roya, à cheval entre la France et l’Italie. Papoter avec le comité Louche à son concours de soupes. Grimper sur le glacier de la Girose. Examiner la controverse sur la construction d’un troisième tronçon de téléphérique au cœur de la discorde. Foutre le feu avec les céramistes de la Borne. Trinquer à grands coups de tord-boyaux pour se réconcilier. Questionner l'organisation sociale en Normandie, chez Gaspard Koenig, les pieds dans la boue et la goutte au nez. Se réchauffer avec une adorable bouillotte tricotée. Réparer les animaux sauvages avec la LPO. Fouiner les recoins d'Auvergne avec les néo-passionnés d’art populaire. Et puis chiner encore, grignoter toujours, se réconforter avec une bonne flambée. Cet hiver, pour son vingt-septième numéro, Regain tutoie les sommets.

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Texte intégral (760 mots)

Prendre de l’altitude. Crapahuter dans les Alpes avec un duo bien charpenté. Faire des poutous aux gros saint-bernards tout doux. Chercher le soleil à La Brigue, dans la vallée de Roya, à cheval entre la France et l’Italie. Papoter avec le comité Louche à son concours de soupes. Grimper sur le glacier de la Girose. Examiner la controverse sur la construction d’un troisième tronçon de téléphérique au cœur de la discorde. Foutre le feu avec les céramistes de la Borne. Trinquer à grands coups de tord-boyaux pour se réconcilier. Questionner l’organisation sociale en Normandie, chez Gaspard Koenig, les pieds dans la boue et la goutte au nez. Se réchauffer avec une adorable bouillotte tricotée. Réparer les animaux sauvages avec la LPO. Fouiner les recoins d’Auvergne avec les néo-passionnés d’art populaire. Et puis chiner encore, grignoter toujours, se réconforter avec une bonne flambée. 
Cet hiver, pour son vingt-septième numéro, Regain tutoie les sommets.

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03.12.2024 à 18:32

SAINT-JACQUES, L’AUTRE PÈLERINAGE

Anthony Robine

La saison de la coquille s'ouvre en baie de Seine, l'un de ses berceaux les plus célèbres... Mareyeurs et patrons de bateau seront nos guides de bord de Manche pour ce pèlerinage normand.

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Texte intégral (2687 mots)

Alors que la saison de la coquille s’ouvre en baie de Seine, l’un de ses berceaux les plus célèbres, nous partons à la rencontre de ceux qui organisent leur vie autour d’elle. Mareyeurs et patrons de bateau seront nos guides de bord de Manche pour ce pèlerinage normand.

Par Charles Flamand.

Photographies Thomas Chéné.

La coquille Saint-Jacques est à mon sens la forme la plus emblématique de l’hiver. Ces jours-ci, la Manche se fait découper par les tempêtes et se pare des couleurs de saison : le bleu de l’été se dilue dans le gris de l’horizon, le blanc de l’écume et le vert plancton. C’est le signe qu’avec ses contours préhistoriques, la coquille va faire son retour dans le paysage et remonter du fond de la mer tout un imaginaire.

Ici, on parle d’une icône, un symbole, une morale. On la trouve à l’entrée des potagers comme aux portes des églises, car elle est censée porter chance et provoque, effectivement, quelques fortunes. Mais j’apprends qu’on la trouve également dans les monuments funéraires de chefs de tribu depuis le néolithique. Qu’on en mange en Mauritanie pour faire le plein de protéines avant la traversée du désert. Bref, que l’intérêt de ce spécimen dépasse largement les contours d’une assiette. D’abord, il n’est pas tombé de la dernière pluie celui-là. L’Arctica islandica, lointaine parente de la coquille Saint-Jacques, évoluant aujourd’hui au fond des eaux glacées de Saint-Pierre-et-Miquelon, compte la bagatelle de 450 millions d’années. Une telle longévité signe une extraordinaire capacité d’adaptation. À côté, l’Homme avec ses 2,8 millions d’années a tout l’air d’un bigorneau. 


La coquille-thermomètre 

« La coquille Saint-Jacques est le thermomètre des mers », nous apprend Laurent Jauvaud, directeur de recherche au CNRS. Dans la rade de Brest, il observe depuis les années 1960 un effondrement de son stock en raison d’une floraison d’algues toxiques nécrosant ses voies respiratoires. Le lien est vite fait avec l’industrie porcine toute puissante en Bretagne. Après d’innombrables défis surmontés au cours de son évolution, voici donc la coquille Saint-Jacques confrontée à l’ère de l’anthropocène. Il faut comprendre que, se nourrissant d’algues au fond de la mer, elle y est naturellement connectée dans sa chair. Mais également à ce qui se passe au-dessus de la surface, à nos champs, nos rivières, notre air, à tout ce qui finit par lui revenir sous forme de sédiments. Elle communique avec cela, le reçoit et l’incorpore dans sa forme, sa matière. La Saint-Jacques est un fossile vivant, un hiéroglyphe posé au fond de la mer. C’est la raison pour laquelle les chercheurs en raffolent autant que les gourmets. 

Sa sensibilité exacerbée aux fluctuations de son milieu a l’originalité d’enregistrer le temps, et donc pour le chercheur de dater chaque perturbation qu’elle a connue. Quoi qu’elle traverse, tout s’inscrit sur sa coquille. Cela en fait un observatoire en temps réel de l’équilibre écologique, une interface de lecture avec la vie sous-marine. Et n’enlève rien au plaisir d’en manger, paradoxalement presque au contraire, dans la mesure où elle est issue d’une pêche extrêmement réglementée, et qu’ici on ne peut pas consommer
plus local. 


Voici venu le temps de la coquille


En cette fin octobre, la Saint-Jacques est sur toutes les lèvres et fait frémir les ports qui en tirent réputation. À Port-en-Bessin, les dragues sont prêtes et les filets méticuleusement roulés sur les chaluts. Les marins s’activent sur les ponts. L’atmosphère est à la veillée d’armes. Les équipages viennent parfois de loin pour l’ouverture de la saison. Car voici venu le temps de la coquille : cette nuit, les feux de navigation illumineront tout le large à la recherche de la précieuse qui se cache à quinze mètres de fond. Les chalutiers ne sont pas différents des tracteurs, et la baie de Seine n’est rien d’autre que leur champ de labour. « La nuit, quand les bateaux sont de sortie, on croirait voir l’Angleterre », raconte Franck, le patron de Port Marée, entreprise familiale spécialisée dans le mareyage à Port-en-Bessin. Nous le retrouvons sur le parking de son QG, alors que ronronne le moteur de sa Mustang. C’est là qu’on « épluche le poisson », détaille-t-il en entrant dans une vaste salle où chaque table en aluminium est dédiée à l’épluchage d’une espèce.


Le coût de la mer

« Pour avoir un bateau, il faut des reins solides », prévient Franck. Et pas seulement parce que la mer est imprévisible. Le bateau engage aussi à terre. Pour passer les contrôles, repeindre la coque tous les ans si elle est en fer, tous les six mois si elle est en bois, veiller aussi sur le moteur, payer le pétrole, les salaires, renouveler les licences, etc. Sans surprise, la hausse du coût de la vie n’épargne pas la mer. Franck a la formule qui résume à peu près la situation : « Pour être patron de bateau, faut se marier avec. »

Les mareyeurs et les patrons de bateau. C’est ce partenariat terre-mer qui fait la réputation de la côte. Franck et son neveu Antoine, propriétaire du chalutier l’Adriana, en sont deux fiers exemples. Pour eux, la coquille est une affaire de famille. Et la mer, un métier qui se transmet comme le sang, de génération en
génération.

Dans le bureau de Franck, six écrans sont déployés. Ambiance salle de Bourse. L’un d’eux est branché sur l’AIS (Automatic Identification System, ndlr) afin de suivre le trafic maritime en temps réel. Au large passe le rail, l’autoroute des cargos, la ligne où ces monstres des mers ont la priorité et « où mieux vaut pas flâner ». Au sud du rail, Franck nous montre trois, quatre bateaux qui ne sont pas là habituellement. Ils viennent de Cherbourg. Un coup de tabac frappe en ce moment la façade Atlantique et les pousse de ce côté, à l’abri du nez de Jobourg. Leurs séquences de pêche, à la traîne comme on dit, vont et viennent par lignes parallèles sur la même zone durant trente à quarante minutes. Le nom de l’Adriana vient d’apparaître sous le clic de la souris. C’est le chalutier d’Antoine, qui est « au poisson » en ce moment. Il arrive parfois qu’un bateau disparaisse des radars, mais ce n’est pas un naufrage, non, c’est que la pêche est bonne : ils coupent le lien avec l’AIS pour crypter leur zone. Dans le temps, les pêcheurs couvraient leur antenne radar avec leur gamelle. Secret professionnel oblige… 


La main où fallait pas 

Encadrées sur le mur du bureau de Franck, des photos montrent les chalutiers pris dans la tempête et rentrant au port, malmenés par des vagues scélérates. Au large, c’est un carnage d’écume et de vent. On ne voudrait pas y être. Pourtant, Franck me raconte que son oncle y allait à l’époque. C’était le seul à sortir par gros temps. « Il savait qu’après le grain le poisson se retrouve. Mon oncle était le premier sur les lieux à fêter ces retrouvailles. Il revenait toujours avec la cale pleine. Et puis un jour, on a retrouvé son bateau échoué au pied des falaises. Il a été emporté par une crise cardiaque… »

C’est toujours ainsi malgré les siècles qui passent. Quand on parle du large, on en vient encore à parler de naufrages et à pleurer des êtres chers. Un monument sur le quai de Port-en-Bessin est dédié à ces infortunés. Il représente un pêcheur, les bras tendus vers le ciel, cerné par le péril de la mer. 

Franck nous raconte la peur de sa vie, quand son fils a mis « sa main là où fallait pas » : il a été pris dans l’enrouleur du chalut alors que le patron était en train de rembobiner les filets. Heureusement qu’il y allait piano, sinon ce n’était pas avec une triple facture que le jeune homme s’en tirait, mais avec un bras en moins. 

« À la visite médicale avant d’embarquer, on te vérifie tout, jusqu’à la dentition, car s’il t’arrive une rage de dents en mer, tu vas devoir vivre avec. Le patron du bateau ne pourra pas se permettre de perdre la marée », explique Franck sur le ton de l’évidence.

Exemptés de visite médicale, le lendemain, nous rejoignons le jeune armateur sur le pont de son chalutier amarré au quai nocturne. Il est 5 heures. Nous nous tenons prêts à embarquer. La coquille ne représente que 20 % du chiffre d’affaires annuel de l’Adriana. Mais c’est une valeur sûre pour l’armateur, le capitaine et son équipage. En une heure et demie de drague, ils font leurs deux tonnes de quota et ne sont pas allés bien loin pour les trouver. Vingt bornes, tout au plus. C’est le privilège de la coquille. Ici, elle ne siffle pas trop de pétrole. « Chaque saison, ils ouvrent de nouvelles zones, en ferment d’autres pour les laisser en jachère. Chez nous, c’est quand même bien géré », reconnaît Antoine.

Quand, soudain, branle-bas de combat. C’est l’ouverture de l’écluse. Le signal de la ruée vers l’or blanc. En deux temps trois manœuvres, l’Adriana largue les amarres au milieu d’un cortège lumineux bravant la nuit et le froid. Cap au large, sur la baie de Seine. Machines pleine balle. Pour la simple raison qu’il est interdit de descendre sous les 10 nœuds, ça pourrait signifier à la gendarmerie maritime que le bateau est en train de draguer les fonds sur une zone interdite.

De retour avec la marée dix heures plus tard, une seule question nous sera posée : « Alors, tu as été malade ? » Au début, oui… Et c’est tout à fait normal ! Le capitaine de l’Adriana nous a confié avec bienveillance qu’après dix ans de métier, le vent de nord-est lui faisait toujours un petit haut-le-cœur.

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06.11.2024 à 15:34

PARDONNE-NOUS, DOUCE ARAIGNÉE

Anthony Robine

À la rencontre des araignées tant redoutées, bien plus douces qu'il n'y paraît.

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Texte intégral (1938 mots)

À la rencontre des araignées tant redoutées, bien plus douces qu’il n’y paraît.
Par Charles Flamand.

Photographies Charles Negre.

Tout le monde sait à quoi tu ressembles, pourtant peu savent qui tu es.

Te présenter au singulier est une première erreur commise à dessein, pardonne cette stratégie, elle semble nécessaire pour commencer.

Tu es si plurielle, si multiple, si variée, du haut de tes 52 000 espèces recensées, qu’un « s » se doit d’être tissé au bout de ton nom. Un miracle de l’évolution, vieux de 305 millions d’années, présent, sauf en Antarctique, aux quatre coins du monde et de nos foyers, de nos rêves, de nos mythologies.

Ton nom nous vient d’Arachné, fille d’un teinturier d’une ville de Lydie, ancien pays d’ Asie mineure, proche de la mer Égée. Cette jeune femme avait acquis dans l’art de broder une telle réputation que les nymphes oisives, ayant eu vent de ses travaux, finirent par quitter leur retraite pour les admirer.

Athénée, particulièrement jalouse de ce don qu’elle croyait être seule à posséder, lui proposa un défi qu’ Arachné ne craignît pas de relever: représenter sur sa toile le différend opposant la déesse à Poséidon au sujet du nom que devrait porter la ville d’ Athènes.

Arachné, consciente de son talent, tissa du mieux qu’elle pût, pendant des jours et des nuits, les métamorphoses des dieux et leurs intrigues amoureuses. Athénée, furieuse du résultat, ne décelant aucun défaut dans le travail de sa rivale, déchira la toile. Humiliée, Arachné se pendit de désespoir. Alors, Athénée, prise de pitié, ou peut-être ayant un projet plus cruel, sauva la vie de la jeune femme en la changeant en araignée, condamnée in fine à tisser pour l’éternité.

Ainsi vous voilà, araignées de toutes les formes et couleurs, formant le grand peuple arachnide aux côtés des scorpions et autres petites bêtes de la nuit, filant vos toiles comme de la dentelle où vient se poser la rosée du matin. De même que la mouche velue.

QUI ÊTES-VOUS ?

Et maintenant, mesdames et messieurs les araignées, permettez-nous de produire votre fiche d’identité. C’est pour votre salut, sachez-le bien. Car comment apprécier ce qu’on ne connaît pas? Comment aimer ce qu’on nous a appris dès l’enfance à fuir, ou pire à tuer d’un coup de semelle ou d’un pschitt de Bio Kill ? Cruauté qui s’exprime en dépit de la chanson, tendre ritournelle : « Araignée du matin, chagrin. Araignée du soir, espoir. » Et d’un coup, c’est une vie qui s’éteint. Tant pis pour la prévision météo. Un prodige de l’évolution agonisant dans le silence et l’indifférence de certains, mais pas de Victor Hugo. Écoutons le poète (en 1856), car il a toujours raison: « J’aime l’araignée et j’aime l’ortie parce qu’on les hait. »

Au-delà de l’espèce à huit pattes, c’est le peuple qu’ildéfendait en ces termes, le peuple vulnérable, le peuple méprisé, le peuple écrasé sous la botte impériale.

Oui, mesdames et messieurs les araignées, on vous hait, vous méprise, vous élimine, mais si tel est le cas, c’est par erreur, par ignorance, par orgueil. On vous pense capables de nous pondre dans le corps, tel Alien. Et le dormeur-ronfleur croit vous avaler pendant son sommeil. Foutaises, billevesées, c’est le doigt qu’on se fourre dans l’œil !
Alors pardonne-nous nos offenses, peuple arachnide, car nous sommes de pauvres pécheurs luttant depuis l’aube de notre âge contre notre peur viscérale de la nuit.

Pardonnez-nous araignées gladiateurs

Vous qui savez comme au temps de Rome et du Colisée emporter l’ennemi dans vos filets d’un geste véloce.
Pardonnez-nous araignées sauteuses, vous dont les yeux fascinent autant que votre capacité à vous détendre dans les airs.
Pardonnez-nous araignées bolas, vous, reines des fils, qui, suspendues à vos pattes arrière, capturez le papillon mâle avec votre hormone particulière dans votre glu sans merci.
Pardonnez-nous araignées-crabes, vous qui plus que toutes les autres aimez les fleurs et changez de couleur en fonction de celle que vous avez choisie.
Et vous, araignées de nos caves et nos greniers, peuplant le moindre interstice, vous êtes ni plus ni moins les gardiennes de nos maisons. Vous représentez, dit-on dans les campagnes, le signe d’un toit en bonne santé, renfermant le bon air, au bon degré, avec la bonne dose d’humidité.
Vous êtes également de redoutables chasseuses de petites bêtes. Acariens et mites mangeuses de laine vous fuient comme les hommes la peste, ce qui devrait faire de vous de bons colocataires pour celle ou celui qui vous remarque dans son armoire de famille.

ARAIGNÉES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS

Vous êtes étranges, et pourtant comme nous, mesdames et messieurs les araignées. Enfin, presque. À peu près, disons. Entraînées à la faveur du vent par vos fils soyeux, ou par la course, ou par la nage, spectaculairement mobiles, vous avez conquis quasiment tous les milieux offerts par cette planète, des hauts-fonds du littoral aux cimes des montagnes. À marée montante, les plus moussaillons d’entre vous retournerez dans votre cave et utiliserez votre soie pour tisser un sas qui préservera le précieux oxygène.
Aussi, vous ne pensez qu’à manger et vous reproduire. C’est encore un point commun avec notre animalité humaine. D’autant qu’en vue de ce dernier projet, le chant, la danse et autres performances charmantes y sont également déployés.
Munies d’yeux, en majorité huit, souvent six, et parfois d’aucun œil du tout (on vous appelle alors cavernicoles), vous avez des pattes, plus ou moins longues, accrochées à vos corps subtils qui n’excéderont jamais les quinze centimètres. Au-delà, vous appartiendrez au registre de la fiction, où vous tiendrez le mauvais rôle, sans doute.
« Pourquoi suivez les araignées? » se lamente Ron en marchant vers la forêt interdite sous la plume de J.K. Rowling. « Pourquoi ça ne pouvait pas être suivez les papillons ? »
Vous partagez bien des mots de notre anatomie animale ; hanche, fémur, tibia, cœur, tube digestif, poumons, organes de reproduction, vous constituent de la même manière qu’ils nous composent. À ceci près qu’ils ne sont pas disposés de la même façon. Ainsi l’organe reproducteur de ces messieurs se compte-t-il au nombre de deux, qui sont baptisés bulbes copulateurs et se trouvent au bout des pédipalpes, une paire de pattes à l’entrée de la bouche. Côté femelles, une autre innovation de la nature : la spermathèque, une poche qui leur permet de stocker la semence du mâle, parfois de plusieurs, longtemps après l’accouplement, et de contrôler son usage selon son bon vouloir.

Quant au venin contenu dans vos glandes.

C’est un mécanisme d’attaque et de défense comparable à certaines idées générées par notre organe cérébral. Tout aussi génial, tout aussi funeste.

Continuons d’arpenter ce pont qui existe entre nos espèces. À force de marcher vers vous, il se peut que l’on se retourne sur notre humanité et la considère avec plus de lucidité.

Bien plus encore que nous, vous investissez du temps dans votre toilette en passant vos pattes les unes contre les autres, et, sur vos yeux, vos chélicères, ces petites tiges qui portent vos crochets à l’entrée de votre bouche. Vos pattes sont recouvertes de nombreuses soies qui, selon l’appellation scientifique, sont mécanoou chimio-réceptrices. En d’autres termes plus communs, cela signifie que ces soies sont très sensorielles et que pour percevoir votre environnement au maximum de leur capacité, il faut qu’elles restent propres !
Puis, comme pour nous, la gymnastique vous est nécessaire afin d’évoluer en bonne santé. Au cours de vos mues, qui ont lieu, selon les spécimens, trois à quinze fois dans votre vie, vous vous déshabillez de votre ancienne carapace pour vous parer d’une nouvelle armure (le tégument). L’exercice vous permet d’assouplir vos articulations et renforcer votre corps qui, sinon, resterait tout mou. Pas prédateur pour un sou.
L’empathie à votre égard commence à votre rencontre, si tant est que celle-ci ne soit pas gâchée par un réflexe de répulsion et de mort. Et c’est le travail de toute une vie que de vous avoir cherché jusque dans vos habitats les plus secrets ; celle de Christine Rollard, maître de conférences et arachnologue au Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Elle qui préfère vous appeler « soyeuses » plutôt que poilues. Elle aussi qui parle de votre « art de la table », elle encore qui en connaît un rayon sur vos nuits de noces, elle à qui nous voulons rendre hommage ici. Car Christine Rollard réhabilite votre monde en nous ouvrant ses portes avec une extrême sensibilité et tient le flambeau de l’empathie entre les espèces.
Ce papier ne serait rien sans son travail. Alors, à bon entendeur, chers futurs arachnophiles.

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18.10.2024 à 09:33

Regain n°26 – Automne 2024

Anthony Robine

...Il y a la Normandie, les Landes, le Jura. Il y a des passages de flambeaux, des débuts d’histoires, des idées de recyclage. Cet automne, Regain vous en fait voir une verte et des bien mûres.

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Texte intégral (833 mots)

Il y en a un qui tend ses filets sur le Rhin et d’autres qui tissent leurs toiles. Une qui s’est battue sans relâche pour la condition des femmes agricultrices et un autre qui chasse un arbre oublié. Il y a aussi une plante vénéneuse hérissée d’épines, et des vignes d’Aveyron qui poussent la chansonnette. Il y a un duo d’artistes inspirés, une péquenaude poétique, un village solidaire. Et puis, il y a aussi le soleil qui joue avec l’averse chez Valérie Donzelli et la valse d’un premier service joyeux à la Belle Vie, l’auberge de Zoé Boinet. Il y a à boire, à manger et même des adresses où piquer un petit roupillon. Il y a la Normandie, les Landes, le Jura. Il y a des passages de flambeaux, des débuts d’histoires, des idées de recyclage. Cet automne, Regain vous en fait voir une verte et des bien mûres.

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01.07.2024 à 23:01

Regain n°25 – Été 2024

Darius

Des murènes guettant leurs proie, des étoiles de mer et des baudroies. Une Vénus portant le sabot, un châtelain, un bouquet de pivoines. Des citernes, des lavoirs-papillons, des lacs de saint-namphaises et même des sources de rosé...

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Texte intégral (823 mots)

Des murènes guettant leurs proie, des étoiles de mer et des baudroies. Une Vénus portant le sabot, un châtelain, un bouquet de pivoines. Des citernes, des lavoirs-papillons, des lacs de saint-namphaises et même des sources de rosé. Un prix Goncourt, sa maison Drômoise, un nom gravé sur le mur, les murmures du passé. Une virée sur la french riviera, entre citronniers et Méditerranée. La bouillabaisse du futur, le marché au bout du sentier. Des fruits, une soupe froide, le vin tiré par Claude et Lydia Bourguignon. Des trucs simples, de bonnes adresses, des conseils de lecture et des objets chinés. Pour préparer l’été, Regain mise sur la mer, le soleil, la gaieté.

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22.03.2024 à 08:33

Regain 24 Printemps 2024

Darius

Des flamants roses à la parade, une brocanteuse face à la chine. Un projet éolien et des oiseaux migrateurs. Une jeune femme se rappelle son enfance et réveille le souvenir du restaurant de ses parents. Un couple se construit sur une ruine, un village passe la nuit à casser des noix et un pschitt-pschitt aide à trouver des truffes...

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Texte intégral (726 mots)

Des flamants roses à la parade, une brocanteuse face à la chine. Un projet éolien et des oiseaux migrateurs. Une jeune femme se rappelle son enfance et réveille le souvenir du restaurant de ses parents. Un couple se construit sur une ruine, un village passe la nuit à casser des noix et un pschitt-pschitt aide à trouver des truffes. Des fleurs flirtent, des amoureux s’embrassent, des artisans s’échinent sur des mochetés valdôtaines. La bamboche, la cantoche, un verre de vin, une bouteille d’eau de Source. Étienne Klein grimpe, Stanislas Merhar bricole. Un peu de lumière : Clémentine Autain, Audrey Pulvar, Léa Falco, Gilles Luneau, Marc Dufumier, Carice Van Houten, Charles Hervé-Gruyer, Féris Barkat, Alessandra Montagne et Mathilde Caillard donnent des solutions. Et toujours des adresses à gogo, des choses à faire au jardin et avec ses mains. Regain soigne la sinistrose par un numéro rose.

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