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26.08.2024 à 10:00

Ce que l'IA fait au travail

L’excellente revue de la CFDT Cadres consacre, dans son numéro de juillet , un dossier à l’intelligence artificielle et à ses conséquences sur le travail. Dominique Desbois se demande dans un article ce que l’IA fait au travail humain. Si l’arrivée de l’IA générative fait craindre de nouvelles disparitions d’emplois liées à l’automatisation et à la transition numérique, les études sur des exemples de mise en application de systèmes d’intelligence artificielle (SIA) montrent surtout les transformations négatives du travail humain. Ces observations plaident pour une intégration des SIA en tenant compte du travail réel et en associant les utilisateurs à leur conception et évolution. Le lecteur intéressé pourra se reporter également à l' étude que vient de faire paraître l'Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) sur le sujet. Le sociologue du travail Romain Bertrand exprime une position très hostile au modèle de société promu par les entrepreneurs de l’IA. Il décrit une vie sans contacts humains, parfois considérés comme des « temps morts », où le travail risque d’être vidé de tout sens. Plusieurs auteurs de ce dossier insistent sur la nécessité d’associer les travailleurs et leurs représentants au déploiement des outils d’IA. Ils soulignent également que ces évolutions questionnent le rôle des cadres, à la fois parce qu’ils sont responsables de leur mise en œuvre opérationnelle, mais aussi parce qu’ils sont directement touchés par les changements qu’elles induisent, peut-être plus que les autres salariés. Pour que les entreprises françaises puissent tirer le meilleur parti de cette nouvelle étape de la transition numérique et rattraper leur retard, un dialogue social sur l’IA est indispensable. Cependant, ce dialogue peine encore à se mettre en place, malgré l’existence de deux accords-cadres européens sur la transformation numérique, des entreprises d'une part et des administrations d'autre part, qui restent, pour l’heure, lettres mortes ou presque dans l'Hexagone. On peut penser que cela est en partie dû à la faiblesse des négociations sur l’organisation et les conditions de travail, ainsi qu’aux fortes réticences des directions d’entreprise sur le sujet. Vincent Mandinaud , qui travaille à l'Agence nationale pour les conditions de travail (Anact), avance également, comme autre raison, que la conception du rapport à la technique et aux technologies accorde trop peu de place à la dimension sociopolitique. Certaines collectivités pourtant, comme la métropole de Brest ou la région Occitanie, confrontées au même problème, ont réussi à instaurer un dialogue social inclusif et des mesures de prévention des risques liés au numérique, comme l'illustrent deux autres contributions du dossier. Les entreprises pourraient s’en inspirer. Le dossier manque d'exemples concrets d'application des SIA et distingue encore insuffisamment les questions que posent l'IA générative (et les grands modèles de langage) et la transformation numérique en général. Le développement très rapide de ses usages, parallèlement à l'entrée en application du règlement européen sur l'IA , devrait inciter à s'y pencher plus en détail, peut-être dans d'autres livraisons de la revue.
Texte intégral (669 mots)

L’excellente revue de la CFDT Cadres consacre, dans son numéro de juillet, un dossier à l’intelligence artificielle et à ses conséquences sur le travail.

Dominique Desbois se demande dans un article ce que l’IA fait au travail humain. Si l’arrivée de l’IA générative fait craindre de nouvelles disparitions d’emplois liées à l’automatisation et à la transition numérique, les études sur des exemples de mise en application de systèmes d’intelligence artificielle (SIA) montrent surtout les transformations négatives du travail humain. Ces observations plaident pour une intégration des SIA en tenant compte du travail réel et en associant les utilisateurs à leur conception et évolution. Le lecteur intéressé pourra se reporter également à l'étude que vient de faire paraître l'Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) sur le sujet.

Le sociologue du travail Romain Bertrand exprime une position très hostile au modèle de société promu par les entrepreneurs de l’IA. Il décrit une vie sans contacts humains, parfois considérés comme des « temps morts », où le travail risque d’être vidé de tout sens.

Plusieurs auteurs de ce dossier insistent sur la nécessité d’associer les travailleurs et leurs représentants au déploiement des outils d’IA. Ils soulignent également que ces évolutions questionnent le rôle des cadres, à la fois parce qu’ils sont responsables de leur mise en œuvre opérationnelle, mais aussi parce qu’ils sont directement touchés par les changements qu’elles induisent, peut-être plus que les autres salariés.

Pour que les entreprises françaises puissent tirer le meilleur parti de cette nouvelle étape de la transition numérique et rattraper leur retard, un dialogue social sur l’IA est indispensable. Cependant, ce dialogue peine encore à se mettre en place, malgré l’existence de deux accords-cadres européens sur la transformation numérique, des entreprises d'une part et des administrations d'autre part, qui restent, pour l’heure, lettres mortes ou presque dans l'Hexagone.

On peut penser que cela est en partie dû à la faiblesse des négociations sur l’organisation et les conditions de travail, ainsi qu’aux fortes réticences des directions d’entreprise sur le sujet. Vincent Mandinaud, qui travaille à l'Agence nationale pour les conditions de travail (Anact), avance également, comme autre raison, que la conception du rapport à la technique et aux technologies accorde trop peu de place à la dimension sociopolitique.

Certaines collectivités pourtant, comme la métropole de Brest ou la région Occitanie, confrontées au même problème, ont réussi à instaurer un dialogue social inclusif et des mesures de prévention des risques liés au numérique, comme l'illustrent deux autres contributions du dossier. Les entreprises pourraient s’en inspirer.

Le dossier manque d'exemples concrets d'application des SIA et distingue encore insuffisamment les questions que posent l'IA générative (et les grands modèles de langage) et la transformation numérique en général. Le développement très rapide de ses usages, parallèlement à l'entrée en application du règlement européen sur l'IA, devrait inciter à s'y pencher plus en détail, peut-être dans d'autres livraisons de la revue.

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