LUNDI SOIR LUNDI MATIN VIDÉOS AUDIOS
25.04.2022 à 20:00
La barbarie n'est jamais finie - Louisa Yousfi
« Je baiserai la France jusqu’à ce qu’elle-même. » On trouve cette citation du duo de rap Tandem au cœur du chapitre que Louisa Youfi consacre à Booba dans Rester barbare, son premier livre. Un livre qui commence par un portrait de Kateb Yacine, dans lequel on pourrait vouloir lire une sorte d’autoportrait. Et puis, en fait, peu importe les autoportraits. Ceci dit, en revanche, le passage qui, parlant du rap, saisit au plus près en même la nature de ce livre – peut-être sans faire exprès mais, là encore, peu importe – est celui qui déclare l’impossibilité de rendre compte de la puissance du rap, puissance de création et de démolition, qui n’existe qu’en acte, en flow, et qui laisse son auditeur pantois, finalement comme ce livre. En voulant résumé ou chroniquer celui-ci, on se retrouve face à cette impossibilité. À ne pas pouvoir l’évoquer sans le réduire. Nous ne ne saurions trop inviter nos spectateurs à lire ces quelque cent pages. Plutôt que de le résumer, on a essayé de composer une sorte de playlist de textes et de sons à partir de laquelle on aurait pu comprendre ce que signifie cette position esthético-éthique : celle du barbare. On y est d’autant mieux parvenu qu’on n’a pas réussi. Bienvenue en Barbarie.
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18.04.2022 à 20:00
Virginia Woolf, le féminisme et la guerre - Naomi Toth
On a parfois tendance à penser le féminisme de Virginia Woolf comme ancré dans la question de l’écriture. On l’associe souvent à cette revendication bien connue du droit pour les femmes à avoir un lieu à soi, A room of one’s own, comme la forme très concrète d’une indépendance et d’une autonomie élémentaire. Mais les interrogations féministes de Woolf traversent les murs de la maison et interrogent les structures patriarcales de la société sur des sujets qui en sont bien éloignés.
Trois guinées, son avant dernier livre, une fiction épistolaire écrite pendant la Guerre d’Espagne, répond ainsi, en tant que femme à la question posée par un homme : « Que devrions-nous faire pour arrêter la guerre ? «
Sans cesser de rendre ce « nous » problématique, et face aux photos de la barbarie guerrière comme de ses honneurs, Virginia Woolf sonde dans ses réponses les analogies de l’autorité patriarcales, du foyer aux champs de bataille.
Nous en discutons avec Naomi Toth.
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28.03.2022 à 20:00
Françafrique : l'empire qui ne voulait pas mourir - Thomas Deltombe et Thomas Borrel
Qu’est-ce que la Françafrique ? Spontanément, nous avons tous l’impression de le savoir, dans le détail, ce néologisme recouvre une réalité floue voire opaque que nous serions bien en mal de décrire et d’historiciser. C’est justement ce à quoi s’attèle L’Empire qui ne veut pas mourir - Une histoire de la Françafrique, pavé de presque mille pages publié sous la direction de Thomas Borrel, Amzat Boukari Yabara, Benoît Collombat et Thomas Deltombe dont nous avions déjà rendu compte ici. L’ouvrage, de par son volume, pourrait paraître intimidant, il n’en est pas moins passionnant. Une vingtaine de chercheurs, journalistes, militants et spécialistes s’y relaient pour décortiquer les évolutions de l’empire colonial français, ses sales petites secrets autant que son système officiel et revendiqué. Nous en discutons ce lundisoir avec Thomas Deltombe et Thomas Borrel.
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14.03.2022 à 20:00
État des luttes en Guadeloupe - Elie Domota
Depuis la métropole, la Guadeloupe est d’abord connue pour ses magnifiques plages de sable blanc et les hordes de retraités ou vacanciers qui viennent s’y étaler pour bronzer. En réalité, c’est certainement l’un des territoires « français » où la contestation de l’ordre des choses et du monde est la plus dense et la plus intense. On se souvient que de janvier à mars 2009, l’île connaissait un mouvement de grève générale et de blocages sans précédent. À l’initiative, le LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon), un mouvement indépendantiste regroupant une cinquantaine d’organisations syndicales, associatives, politiques et culturelles qui s’est depuis imposé comme la première force politique de Guadeloupe. Cette dernière année, un large mouvement de contestation de la politique sanitaire française s’est déployé dans l’île. Après de nombreuses manifestations populaires contre le passe sanitaire, la radiation de centaines de professionnels de santé et face au mépris ostensible du gouvernement, le mouvement a de nouveau recouru au blocage de toutes les routes en novembre et décembre. Pour ce lundisoir, nous sommes allés à Pointe-à-Pitre rencontrer Elie Domota, secrétaire général de l’Union Général des Travailleurs de Guadeloupe et porte-parole du LKP afin de receuillir son analyse des évènements récents et de la mobilisation en cours. [Nous avons rencontré quelques difficultés techniques lors de cet entretien. Nous nous excusons pour la piètre qualité de l'enregistrement audio. Tendez l'oreille!]
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07.03.2022 à 20:00
Ukraine - Anne Le Huérou, Perrine Poupin et Coline Maestracci
Près de 15 jours après les premières offensives russes en Ukraine, la guerre sature nos espaces publics. Plane dans tous les esprits la menace d’une troisième guerre mondiale d’autant plus terrible qu’elle serait nucléaire. L’anxiété collective conduit à des mouvements de soutien paniqué et souvent non-assuré quant à savoir quoi penser sur ce qui est en train de nous arriver et ce que nous sommes en train de devenir.
Le traitement médiatique et politique ne surprend guère. S’affronte l’axe du bien de l’impérialisme démocrate occidental contre l’axe du mal incarné par l’empire russe fascisant mené par un Président dont on pense qu’il serait devenu toujours plus délirant. Dans ce face à face diplomatique qui dure depuis des années, le Président Vladimir Poutine envahit l’Ukraine. Il engage une guerre d’une intensité inégalée en Europe depuis de nombreuses années. Ses forces éminemment puissantes d’un point de vue militaire se heurtent à une résistance tout aussi insoupçonnée qu’obstinée du peuple ukrainien. Les images sont scandaleuses mais fascinantes : Nombre de civils ukrainiens se dressent « malgré tout » : en opposant leurs corps à des chars, en manifestant, en balançant quelques cocktails Molotov sur les blindés, en prenant les armes. Ce retour de la guerre en Europe après la Bosnie, le Kosovo sidère. Mais l’accablement ne suffit jamais.
Ce lundisoir tente d’interroger cette guerre en examinant les forces sociales en présence de part et d’autre. Les commentaires qui prévalent jusqu’à-là ne manquent pas de disserter sur les enjeux géopolitiques, les relations internationales et s’hasardent à quelques flous pronostics sur les issues possibles d’un tel conflit. Mais la guerre n’est pas qu’un jeu de nations. Elle engage des peuples, des personnes ordinaires, des mouvements civils qui s’y opposent ou qui s’y joignent. Elle est faite d’affects, d’espoirs politiques, de peurs et de désorientations tant l’effondrement de leur monde engagé depuis tant de temps prend aujourd’hui une forme sinistrement concrète. Elle est aussi affaire de positions : assumer en raison où l’on apporte son soutien. Enfin, elle appelle à réfléchir les racines profondes de ces tentations guerrières. Force est de reconnaître que la guerre économique à coup de politiques étrangères tantôt grossières tantôt obscures devient aujourd’hui une guerre physique dont il n’y a guère à attendre d’apaisement durable. Dans ses jours les plus dramatiques, la nuit est la plus profonde avant l’aube.
Plutôt que d’affirmer un jugement clair sur ce qui est en train de nous arriver, il nous faut encore clarifier et tenter de saisir la teneur des rapports de force, les aspirations sociales qui se manifestent dans les camps ukrainiens et russes. Pour nous aider à clarifier la situation, nous avons demandé à trois spécialistes de la région de débattre sur leur compréhension de la guerre en Ukraine.
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