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La Lettre de Philosophie Magazine

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01.12.2025 à 21:00

IA ? Pas IA ? Le nouvel âge de la photographie

hschlegel
IA ? Pas IA ? Le nouvel âge de la photographie hschlegel

« À l’heure où l’IA permet de produire de faux clichés parfaitement ressemblants, la fonction de la photographie d’“authentifier” le réel, selon le mot de Roland Barthes, me semblait sérieusement menacée. Jusqu’à ce que je découvre les dispositifs de composition mis en place par le photojournaliste Luc Delahaye dont le travail est présenté actuellement au Jeu de Paume, à Paris.

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C’est dans les vieilles marmites…

Poussière d’argent, pellicule, bain d’arrêt, passe-vue : depuis quelques mois, je me familiarise avec un vocabulaire à haute teneur poétique lors de cours de photographie argentique. Dans le silence d’un sous-sol gorgé de lumière rougeâtre, perturbé par l’écoulement continu des stations de rinçage, je m’échine à faire apparaître des formes dans des bains de chimie. C’est que j’ai décidé d’abandonner mon appareil numérique suite à l’arrivée de l’intelligence artificielle. Les logiciels dédiés permettent désormais de gommer en quelques secondes des indésirables sur les clichés, de manière absolument indétectable. En deux clics, on peut ainsi faire “disparaître” ce fâcheux touriste pour laisser croire que nous étions seul face aux pyramides, ambiance Voyageur contemplant une mer de nuages garantie.

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Pratique… mais pas anodin et même problématique. Peu enclin à sonner le tocsin de l’apocalypse à chaque nouveau progrès de l’IA, j’ai cherché à comprendre ce qui me dérangeait. Et je me suis replongé dans le magnifique texte de Roland Barthes dédié à la photographie, La Chambre claire (1980). Pour Barthes, “toute photographie est un certificat de présence”. À chaque fois que je suis confronté à une image, je suis obligé de dire que “ça a été” : “Sa force est […] supérieure à tout ce que peut, a pu concevoir l’esprit humain pour nous assurer de la réalité.” En résumé, pour Barthes, la photographie est “l’authentification même”.

La fin du “vrai” ?

Or, la fonction d’authentification de la photographie est en train de se fissurer. La falsification de clichés a toujours existé : pensons à cette photographie de Staline entouré de trois apparatchiks retouchée trois fois… laissant finalement le dictateur seul. Mais même “lorsqu’elle triche”, la photographie ne fait que “mentir sur le sens de la chose […] jamais sur son existence”, écrit Barthes. Avec les IA capables de générer des photographies à partir de données, ce n’est plus le cas. Pire, l’exception de la retouche est en train de devenir la norme : les téléphones portables dernière génération intègrent directement sur l’appareil photo une fonctionnalité permettant d’entourer d’un doigt impératif les éléments indésirables à supprimer.

Le temps où il fallait bien “faire avec” une photo déplaisante est donc derrière nous. Désormais, la photographie renoue avec la logique du dessin ou de la peinture, rectifiables à l’envi par leur commanditaire ou exécutant. L’ère “authentique” de la photographie se referme, un nouvel âge s’ouvre, celui de la “composition”. Or cette involution met en question le photojournalisme. Si la photographie ne peut plus authentifier la factualité d’un événement, elle ne sera plus ce tampon sanctionnant la vérité du récit. Les professionnels du métier auront beau jeu de refuser de se prêter aux gommages de l’IA, les lecteurs, utilisant ces techniques au quotidien, risquent de ne plus croire les photos des journaux “sur parole”. Résultat : tout l’échafaudage de la vérité journalistique est ébranlé.

Comment gagner la bataille de la confiance ?

Quel avenir pour le photojournalisme ? La réponse se trouve peut-être dans le travail du reporter Luc Delahaye, présenté à l’exposition “Le bruit du monde” au Jeu de Paume, à Paris. Photographe de guerre né en 1962, Luc Delahaye prend d’abord ses clichés de façon traditionnelle, avec une seule prise de vue. Mais en 2004, il change de technique : ses œuvres, imprimées en très grand format, sont forgées à partir d’une myriade de photographies différentes. Le résultat n’est pas kaléidoscopique mais synthétique. On est face à une “authentique” photographie de “ce qui a été”, alors même qu’il s’agit d’une composition : réalisée sur ordinateur, elle met même parfois en scène ses protagonistes au moment du tirage. Comme sur cette magnifique photographie “composée”, réalisée au siège de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole à Vienne, qui se rapproche de la peinture néoclassique.

Loin de signer la fin de la profession, ces “photos ‘construites’ reposent toujours sur le reportage” affirme Delahaye : “Elles sont constituées de fragments de réel, de moments d’expérience.” L’âge de la composition photographique impose de repenser la manière dont le journalisme peut gagner la bataille de la confiance, face aux orfèvres du mensonge qui émaillent notre monde commun de fausses nouvelles clinquantes. Si cette exposition m’a réconcilié avec la photo de composition, je continuerai néanmoins d’agiter des bacs de bromure d’argent… ne fût-ce que pour goûter au mystérieux plaisir de l’anachronisme. »

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01.12.2025 à 17:00

Pourquoi sommes-nous si réticents à taxer davantage les successions ? Enquête sur l'héritage à découvrir en avant-première

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Pourquoi sommes-nous si réticents à taxer davantage les successions ? Enquête sur l'héritage à découvrir en avant-première nfoiry

Pourquoi une majorité des Français s’oppose à l’imposition sur les successions, alors qu’elle semble favorable au plus grand nombre ? Des philosophes et des économistes dénouent ce paradoxe dans une grande enquête à retrouver en avant-première à la parution de notre prochain numéro !

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01.12.2025 à 12:00

Pourquoi la reconnaissance au travail nous est-elle si nécessaire ?

nfoiry
Pourquoi la reconnaissance au travail nous est-elle si nécessaire ? nfoiry

Loin d’être une simple marque de gratitude, être reconnus dans notre travail nous permet de nous épanouir et accroît notre efficacité. Reste que cette quête de reconnaissance nous met face à un doute existentiel : au fond, qui sommes-nous vraiment, et quelle est notre place dans le monde ? Dans le numéro spécial à retrouver chez votre marchand de journaux, nos confrères de Philonomist remontent à la racine de ce vertige.

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