LePartisan - 282 vues
MEDIAS REVUES BLOGS
URL du flux RSS

La Lettre de Philosophie Magazine

▸ les 10 dernières parutions

05.12.2025 à 17:00

Antoine Garapon : “Si Salah Abdeslam entame ce processus ‘restauratif’ pour jouer les fiers-à-bras ou capter l’attention médiatique, on s’en rendra compte très vite”

hschlegel
Antoine Garapon : “Si Salah Abdeslam entame ce processus ‘restauratif’ pour jouer les fiers-à-bras ou capter l’attention médiatique, on s’en rendra compte très vite” hschlegel

Certaines victimes des attentats du 13-Novembre ont manifesté le souhait de participer à des rencontres avec le seul survivant du commando terroriste, Salah Abdeslam, volontaire lui aussi. Alors que certains dénoncent une banalisation des crimes de terrorisme, nous avons demandé au magistrat et essayiste Antoine Garapon, qui signe Pour une autre justice. La voie restaurative (PUF, 2025), de nous éclairer sur le sens de ce dispositif.

[CTA2]


 

Loin de toute forme de pardon, il s’agit, selon Antoine Garapon, d’une véritable révolution judiciaire qui permet à la victime de mettre à distance son traumatisme pour se remettre « en mouvement ». Entretien.

 

Pourquoi le procès des attentats du 13-Novembre n’a-t-il pas suffit à certaines victimes qui entament cette démarche de justice restaurative ?

Antoine Garapon : Le procès ne poursuit pas les mêmes objectifs que ceux de la justice restaurative. Il cherche à établir des preuves et une culpabilité mais n’a pas pour fonction de restaurer les liens entre les victimes, la société et les auteurs. Les audiences du 13-Novembre sont à cet égard assez singulières dans la mesure où, pour la première fois, la justice a accordé une grande place aux victimes : certaines ont pu exprimer, en présence des accusés, leurs souffrances consécutives à l’attentat terroriste. Au-delà de la justice procédurale et de ses codes, ses plaidoiries, ses rapports d’enquête et ses expertises psychiatriques, la justice restaurative permet d’organiser des rencontres où les participants n’ont plus besoin de combattre pour être reconnus comme victimes ou réduire leur peine. Il ne reste que la parole et l’écoute pour « se reconnecter à l’humanité », comme l’a dit une victime de l’attentat de Bruxelles. 

 

Pourtant – et vous venez de le rappeler – les huit mois de procès ont permis aux parties de s’exprimer.

On ne parle pas vraiment de soi dans un procès. On crée une version compatible avec les faits pour sauver sa peau. Beaucoup de condamnés confessent qu’ils auraient aimé en dire plus aux victimes mais que, sur la scène du rituel judiciaire, cela n’était pas possible. J’ai rencontré dernièrement en prison un garçon condamné à 16 ans de prison pour des coups mortels. Il m’a dit : « Je sais que la famille de ma victime voudrait me poser des questions qui n’ont pu être posées lors du procès car elles n’intéressaient pas la justice. » C’est très souvent le cas des victimes d’abus sexuels qui ont le sentiment de ne pas avoir eu toutes les réponses malgré le procès.

“On ne parle pas vraiment de soi dans un procès. On crée une version compatible avec les faits pour sauver sa peau” Antoine Garapon

 

Quelles questions subsistent ?

« Pourquoi tu m’as fait ça ? » Les victimes ont très souvent ce sentiment d’être élues par un destin maudit. Pourquoi sommes-nous allés ce soir-là à La Bonne Bière ou au Petit Cambodge ? Pourquoi étaient-ils là ? Pourquoi moi ? Pourquoi as-tu voulu me détruire ? Claudia Mazzucato mène un programme de justice restaurative à Milan où se rencontrent les brigadistes des années 1970 et les enfants de leurs victimes : des commissaires de police, des juges, des cadres de l’administration pénitentiaire et des responsables politiques comme Aldo Moro. Le fils d’un de ces assassinés exprimait toute sa haine dans ces mots : « Le meurtrier a pris 15 ans, mais moi, j’ai pris perpétuité », c’est-à-dire condamné à vie à l’affliction et au ressentiment. Il a même fini par devenir une figure de l’extrême droite. Puis, un jour, il s’est demandé : « Mais pourquoi je m’enferme ? N’est-ce pas moi qui me condamne à cette perpétuité ? » Il a alors éprouvé le besoin de rencontrer l’auteur de l’assassinat de son père pour répondre à ces questions. Et les rencontres restauratives lui ont permis de sortir de son enfermement, de se remettre en mouvement, de ne plus être totalement occupé par cet événement traumatique. Par la parole, l’intrus peut être reconduit à la frontière, il cesse de prendre toute la place et la victime peut enfin se rendre disponible pour du nouveau. C’est en cela que consiste le travail restauratif : expulser cet Autre tyrannique, obsessionnel, traumatique qui s’est installé en soi pour le remettre à sa juste place, comprendre que lui aussi, il est un individu avec son histoire.

“Il n’est pas question de réconciliation, de pardon ou de rédemption. Les rencontres restauratives peuvent être brutales” Antoine Garapon

 

Comment peut opérer cette remise en mouvement de la victime ?

Il faut congédier, tout d’abord, tout vocabulaire religieux : il n’est pas question de réconciliation, de pardon ou de rédemption. Les rencontres restauratives peuvent être brutales. J’ai souvenir d’une femme battue au Canada qui éprouvait le besoin de revoir son mari condamné à 15 ans de prison. Elle voulait simplement lui dire : « Regarde ce que tu m’as fait. Regarde ce qu’est devenue la famille. Tu ne m’écoutes pas, tu ne m’entends pas. Tu en as peut-être rien à faire mais voilà ce que je voulais t’exprimer avant de te quitter définitivement. » C’est ce que j’appelle la « réunion-séparation ». Les parties se retrouvent pour mieux se séparer, pour retrouver ce qui fait pour le philosophe Renaud Barbaras notre essence : le mouvement. Dans les rencontres, les victimes cessent de porter seules cette incompréhensible violence. Un ami s’est fait arracher son appareil photo dans le métro. Il est tombé et a été blessé. Il me confia : « Ce gars-là est entré dans ma vie. Je me suis retrouvé aux urgences, j’ai perdu une partie de l’usage de mon bras. Pour lui, ce n’est rien, il n’y pense probablement plus ; mais moi je n’arrive pas à l’oublier. » La victime peut rester seule avec son hypervigilance, son agoraphobie, ses problèmes de sommeil. La rencontre restaurative vise à expulser cette violence qui le ronge de l’intérieur. C’est l’occasion de se décharger de ce qui est vécu comme un poids, de le confier à des tiers. Contrairement à la justice procédurale qui ne s’intéresse qu’aux faits criminels ou délictueux, la voie restaurative appelle la totalité de la vie des victimes et des auteurs à s’exprimer. 

 

Les rencontres restauratives se font sur la base du volontariat. Quel est l’intérêt pour Salah Abdeslam, condamné à perpétuité ?

L’argument est réversible. C’est précisément parce qu’il n’y a plus rien à gagner qu’il ne subsiste pour lui qu’un enjeu intime : vivre avec ce qu’il a fait, accepter non pas nécessairement sa peine mais le fait de vivre pour un long moment enfermé. Le mode agonistique du procès s’est évaporé et il n’y a plus rien à gagner. Pour l’auteur, les rencontres restauratives sont aussi un moment où l’on peut tomber le masque dans un univers carcéral où il faut jouer sa partition en permanence pour se faire respecter par ses codétenus. Enfin, avant de pouvoir parler à des victimes, plusieurs réunions préparatoires assez longues sont prévues pour s’assurer, entre autres, que le condamné reconnaisse les faits, au moins en partie, pour qu’un échange soit possible. Si Salah Abdeslam entame ce processus pour jouer les fiers-à-bras ou capter l’attention médiatique, on s’en rendra compte très vite lors de cette préparation. Les gens qui mènent ce travail en amont ont une certaine expérience de la psychologie humaine et il ne sera pas possible de les tromper très longtemps.

 

Avez-vous une réserve concernant le recours à la justice restaurative dans les affaires de terrorisme en général ?

Non, la justice restaurative est d’ailleurs bien plus utilisée dans les pays anglo-saxons qui sont plus pragmatiques, utilitaristes, fonctionnalistes. Même en Italie qui a une culture latine, comme nous. Nous avons encore un peu de mal en France parce que nous avons une conception républicaine de la loi assez brutale qui trouve son origine dans la pensée révolutionnaire. La loi doit être dure, elle doit faire mal.

“Beaucoup de condamnés confessent qu’ils auraient aimé en dire plus aux victimes mais que, sur la scène du rituel judiciaire, cela n’était pas possible, car les réponses qu’ils ont à apporter n’intéressent pas la justice” Antoine Garapon

 

Vous expliquez dans votre livre Pour une autre justice que “si, pour Aristote, le droit est de nature juridictionnelle, étant inséparable de l’expérience du procès, avec la modernité et Hobbes, le droit est compris du point de vue du souverain qui le crée et non du juge qui le découvre. Notre modernité tardive le conçoit désormais du point de vue de la victime, c’est dire la profondeur de la révolution en cours”. De quelle révolution la justice restaurative est-elle le nom ?

Nous avons découvert qu’il y avait chez la victime une aspiration à la justice qui excède la considération de l’infraction et de ses auteurs. Notre modèle de justice classique consiste à mettre en scène un affrontement politique entre un infracteur et le prince. Que découvre-t-on du point de vue de la victime ? Elle désire être reconnue publiquement comme victime. Cela ne peut donc être accompli que par une instance publique. Pourtant, en portant plainte et en demandant réparation, elle prend le risque de se voir dépossédée de son histoire par la justice procédurale. Elle peut donc vouloir la justice et ne pas s’y retrouver, voire de s’y perdre, car, comme l’écrit Emmanuel Levinas dans Totalité et Infini (1961) : « La possibilité de se voir du dehors ne contient pas davantage la vérité si je la paie au prix de ma dépersonnalisation. » La voie restaurative permet de ne pas « disparaître dans la totalité d’un discours cohérent », d’entendre la vérité d’une victime au-delà des récits formels de la justice. On n’évalue plus les préjudices du crime, on écoute ses répercussions infinies. La dévastation d’un être au-delà du procès est un scandale éthique qu’on ne peut laisser orphelin de toute réponse de justice ; si le procès est impuissant à la trouver, il faut imaginer une autre justice. Il subsiste un mal en excès chez la victime qui échappe aux qualifications pénales. Il nous faut comprendre sa morphologie, ces vies empêchées, arrêtées, qu’il y ait une audience ou non, ces vies qui ne peuvent retrouver une mobilité par la punition de l’auteur mais par la réparation d’elles-mêmes.

 

Pour une autre justice. La voie restaurative, d’Antoine Garapon, vient de paraître aux Presses universitaires de France. 208 p., 18€, disponible ici.

Retirer le paywall

05.12.2025 à 12:00

Et si le monde et ses techniques allaient trop vite… pour notre corps ?

hschlegel
Et si le monde et ses techniques allaient trop vite… pour notre corps ? hschlegel

Nos organismes, qui résultent d’une longue évolution, ne sont plus capables de s’adapter au rythme frénétique du progrès qui transforme à toute vitesse nos environnements, affirme une étude récente. De ce décalage, le philosophe Günther Anders avait déjà l’intuition avec son idée de « l’obsolescence » de l’homme.

[CTA2]


Tous en “inadéquation environnementale” ?

Nos corps ne parviennent pas à s’adapter aux mutations rapides, trop rapides, de nos sociétés industrialisées : c’est la conclusion d’une étude suisse récente. Notre environnement change à toute vitesse, sous l’effet de nos actions humaines dont la portée a été décuplée par la technologie ; nos constitution physiologiques et psychiques, au contraire, évoluent lentement. Nous ne sommes faits ni pour le rythme effréné de la vie moderne, ni pour ses métamorphoses frénétiques. Les auteurs, Daniel P. Longman et Colin N. Shaw, parlent d’« inadéquation environnementale ».

À ce décalage, les chercheur de l’université de Zurich imputent une série de pathologies à l’incidence galopante : baisse des taux de fertilité, hausse des maladies inflammatoires chroniques et d’autres pathologies chroniques, etc. Les scientifiques insistent tout particulièrement sur l’épidémie de stress. Si, du point de vue de l’évolution, le stress apparaît dans les premières sociétés de chasseurs-cueilleurs comme une réponse efficace face à un danger ponctuel, nous vivons à l’époque du stress constant : les corps comme les esprits sont en permanence assaillis de micro-agressions – pollution, bruit, lumière artificielle, hyperstimulation sensorielle, pression, culte de la performance, etc. Le progrès, qui à bien des égards a amélioré nos conditions de vie, finit par nous entraîner dans une marche effrénée qui brutalise les chairs. Le pouls du monde n’est plus accordé avec celui de nos organismes.

Comment nous nous sacrifions nous-mêmes au “progrès”

Il y a un demi-siècle déjà, Günther Anders avait l’intuition de ce qu’il appelait un « décalage prométhéen » dans L’Obsolescence de l’homme (1956), défini comme « a-synchronicité chaque jour croissante entre l’homme et le monde qu’il a produit ». Ce décalage, pour Anders, prend de multiples formes : décalage « entre l’action et la représentation, entre l’acte et le sentiment, entre la science et la conscience », entre les différentes facultés de l’homme, mais surtout décalage « entre l’instrument et le corps de l’homme ».

  • D’un côté, le corps humain présente une certaine inertie. « Notre corps d’aujourd’hui est le même que celui d’hier, c’est le même corps que celui de nos parents, le même que celui de nos ancêtres ; celui du constructeur de fusées ne se distingue pratiquement pas de celui de l’homme des cavernes. Il est stable sur le plan morphologique », « raide, récalcitrant et borné ». Notre constitution bio-psychique, produit d’un processus d’évolution lent, millénaire, est une « limite inflexible ».
  • En revanche, quoiqu’il soit produit en premier lieu par le corps, l’appareillage technique par lequel nous remodelons notre monde, ses rythmes, ses dynamiques change à toute vitesse. Par rapport au progrès technique, « le corps humain reste finalement à la traîne, bon dernier, retardataire honteux, encore drapé aujourd’hui dans ses haillons folkloriques et mal synchronisé avec ceux qui marchent en tête ». Il est, du point de vue des choses qu’il crée, « conservateur, imperfectible, obsolète – un poids mort dans l’irrésistible ascension des instruments ».

Entre les deux pôles, un écart se creuse :

“Bien que sa capacité de produire ne connaisse aucune limite formelle, l’homme est aussi un type morphologique plus ou moins fixé, c’est-à-dire plus ou moins limité dans sa capacité d’adaptation ; un être qui ne peut, par conséquent, être remodelé à volonté ni par d’autres puissances ni par lui-même; un être dont l’élasticité ne peut pas être éprouvée ad libitum […] Il serait tout à fait concevable que la transformation des instruments soit trop rapide, bien trop rapide ; que les produits nous demandent quelque chose d’excessif, quelque chose d’impossible ; et que nous nous enfoncions vraiment, à cause de leurs exigences, dans un état de pathologie collective. Ou bien, dit autrement, du point de vue des producteurs : il n’est pas complètement impossible que nous, qui fabriquons ces produits, soyons sur le point de construire un monde au pas duquel nous serions incapables de marcher…”

Günther Anders, L’Obsolescence de l’homme (1956)

Briser la résistance du corps… ou la chérir ?

Une bonne illustration de ce décalage, pour Anders, ce sont Les Temps modernes de Charlie Chaplin. Comme le souligne le philosophe, contrairement à ce qu’on en dit souvent, ce film de 1936 ne représente pas l’homme devenu rouage dans la machine, mais l’homme qui ne parvient justement pas à devenir un rouage.

“Face à la chaîne de montage, il n’arrive pas à suivre. Parce que, tel un torrent, la chaîne fait couler devant lui un courant trop rapide ; parce que son corps ne peut pas s’adapter à la combinaison de mouvements qu’exige la tâche qu’il doit accomplir…”

Günther Anders, ibid.

Quelque chose dans la finitude psycho-corporelle de l’homme « résiste au nouveau monde qu’on lui propose ». Une crainte émerge chez la minorité techno-optimiste qui a réussi à embrasser le rythme effréné du changement : « Que notre corps, si le fossé qui le sépare de nos produits s’élargissait ou s’il restait seulement tel qu’il est, ne menace tous nos nouveaux projets […] et ne les fasse échouer l’un après l’autre ». Comme l’ajoute encore Anders, « le “caractère borné” de son corps fait de lui le saboteur de ses propres réussites ». Plutôt que de ralentir un changement « trop novateur ou trop violent » auxquels le corps se refuse, les techno-optimistes en viennent à penser « qu’il [faudrait] le lui imposer de force ». D’où les fantasme de hâter l’évolution de ce corps engourdi pour qu’il puisse s’adapter aux transformations véloces de son environnement – déjà Anders évoque la tendance « à stimuler la métamorphose [du corps] à l’aide de moyens susceptibles de l’accélérer, tels que le “human engineering” [l’ingénierie humaine] ». S’adapter, d’une manière ou d’une autre, plutôt que de questionner ce à quoi il s’agit de s’adapter.

Retirer le paywall

05.12.2025 à 06:00

“Perte de temps”, “obstacles matériels”, “adversaires idéologiques”… Comment les écrans nous incitent à percevoir l'autre : l'édito d’Alexandre Lacroix

nfoiry
“Perte de temps”, “obstacles matériels”, “adversaires idéologiques”… Comment les écrans nous incitent à percevoir l'autre : l'édito d’Alexandre Lacroix nfoiry

« Ce qui me trouble aujourd’hui, et me fait même peur, c’est la manière dont les gens ont tendance à reproduire dans le monde physique, réel, des comportements qu’ils ont d’abord adoptés en ligne. » Dans l'édito de notre tout nouveau numéro disponible chez votre marchand de journaux, notre directeur de la rédaction Alexandre Lacroix se demande comment lutter contre une telle évolution des rapports sociaux.

Alexandre Lacroix
Retirer le paywall
7 / 10

 

  GÉNÉRALISTES
Ballast
Fakir
Interstices
Lava
La revue des médias
Le Grand Continent
Le Diplo
Le Nouvel Obs
Lundi Matin
Mouais
Multitudes
Politis
Regards
Smolny
Socialter
The Conversation
UPMagazine
Usbek & Rica
Le Zéphyr
 
  Idées ‧ Politique ‧ A à F
Accattone
Contretemps
A Contretemps
Alter-éditions
CQFD
Comptoir (Le)
Déferlante (La)
Esprit
Frustration
 
  Idées ‧ Politique ‧ i à z
L'Intimiste
Jef Klak
Lignes de Crêtes
NonFiction
Nouveaux Cahiers du Socialisme
Période
Philo Mag
Terrestres
Vie des Idées
 
  ARTS
Villa Albertine
 
  THINK-TANKS
Fondation Copernic
Institut La Boétie
Institut Rousseau
 
  TECH
Dans les algorithmes
Framablog
Gigawatts.fr
Goodtech.info
Quadrature du Net
 
  INTERNATIONAL
Alencontre
Alterinfos
CETRI
ESSF
Inprecor
Journal des Alternatives
Guitinews
 
  MULTILINGUES
Kedistan
Quatrième Internationale
Viewpoint Magazine
+972 mag
 
  PODCASTS
Arrêt sur Images
Le Diplo
LSD
Thinkerview
 
Fiabilité 3/5
Slate
 
Fiabilité 1/5
Contre-Attaque
Issues
Korii
Positivr
🌞