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Humans Right Watch enquête sur les violations des droits humains commises à travers le monde

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11.09.2025 à 15:04

Zambie : Un déversement d’acide met en danger la santé des habitants

Human Rights Watch

Click to expand Image Une section d’un barrage géré par la société minière chinoise Sino-Metals Leach Zambia près de Kitwe, en Zambie, dont la rupture partielle 18 février 2025 a causé le déversement de dangereux déchets toxiques acides dans la rivière Kafue. Image extraite d’une vidéo filmée le lendemain, le 19 février 2025.  © 2025 AP Photo/Richard Kille, file

(Johannesburg) – Les autorités zambiennes devraient prendre des mesures suite aux récentes informations selon lesquelles la pollution des eaux et des sols due à un déversement d'acide dans une zone d’exploitation minière du cuivre présente un grave risque sanitaire pour les habitants, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Le 18 février 2025, la rupture d’une paroi d’un barrage qui retenait des déchets miniers de la société chinoise Sino-Metals Leach Zambia à Chambishi, dans la province de Copperbelt, a mené au déversement d’effluents acides dans la rivière Kafue. La société Sino-Metals est une filiale de l’entreprise China Nonferrous Metal Mining Group, détenue par l’État chinois. La pollution a tué des poissons, brûlé des cultures de maïs et d'arachide et entraîné la mort de bétail, anéantissant les moyens de subsistance des agriculteurs locaux et mettant en danger les habitants.

« Les récents rapports sur les effets sanitaires immédiats et à long terme du déversement de déchets acides en février montrent la nécessité pour le gouvernement zambien d'enquêter sur les risques sanitaires et de prendre des mesures globales pour prévenir de nouveaux dommages », a déclaré Idriss Ali Nassah, chercheur senior auprès de la division Afrique à Human Rights Watch. « Les autorités ont l'obligation de garantir le respect des droits à la santé et à un environnement sain, protégés au niveau international, des communautés affectées. »

Les autorités zambiennes devraient mener une enquête approfondie avec des experts internationaux et nationaux afin d'identifier les risques sanitaires et environnementaux, et mener des tests auprès des communautés affectées pour détecter une éventuelle intoxication aiguë et cumulative aux métaux lourds.

Des groupes de la société civile ont affirmé que le déversement d’acide s’inscrivait dans un « contexte généralisé de négligence grave des entreprises, et de lacunes en matière de conformité, de surveillance et d'application des lois environnementales ». Un responsable d'une organisation environnementale locale a déclaré aux médias que « des personnes ont bu de l'eau contaminée et consommé du maïs contaminé sans le savoir. Nombre d'entre elles souffrent désormais de maux de tête, de toux, de diarrhée, de crampes musculaires et même de plaies aux jambes. »

Quelques jours après l’incident, Sino-Metals avait présenté ses excuses pour la catastrophe environnementale et les dommages causés aux communautés locales. La société avait alors promis de remédier à la situation en nettoyant la rivière et en rétablissant les moyens de subsistance des populations « au mieux de ses capacités ».

Cependant, en août, six mois après l’incident, le ministère finlandais des Affaires étrangères a publié un avis à l’attention des citoyens finlandais voyageant en Zambie, indiquant que des échantillons d'eau prélevés dans la zone du déversement d’acide contenaient des traces de 24 métaux lourds, dont 16 métaux (y compris le nickel, le plomb, l'arsenic, le zinc et l'uranium) qui dépassaient les valeurs limites fixées par l'Organisation mondiale de la santé. Une forte exposition à ces métaux peut présenter de graves risques pour la santé, en particulier pour les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes.

Le 6 août, le gouvernement américain a ordonné l'évacuation immédiate de tout le personnel gouvernemental américain travaillant dans les zones touchées par le déversement d’acide. L’ambassade américaine en Zambie a indiqué que de nouvelles informations avaient révélé « l'ampleur des substances dangereuses et cancérigènes… ainsi que les menaces sanitaires immédiates et à long terme que représente l'exposition à ces contaminants tant qu'ils persistent dans l'environnement. Au-delà de l'eau et des sols contaminés, les contaminants provenant des résidus miniers déversés peuvent également se propager dans l'air, constituant un danger pour la santé en cas d'inhalation. »

Après la catastrophe, le gouvernement zambien a ordonné à Sino-Metals de restaurer la rivière polluée, de réhabiliter l'environnement et d'indemniser plus de 500 agriculteurs touchés. Depuis, le gouvernement a cependant nié que le déversement d’acide représentait toujours un risque sanitaire grave, affirmant que « les résultats de laboratoire montrent que le pH (acidité) est revenu à la normale et que les concentrations de métaux lourds diminuent régulièrement, ce qui signifie que le danger immédiat pour la vie humaine, animale et végétale a été écarté ».

Le gouvernement zambien a pris certaines mesures pour atténuer les dommages, notamment l'utilisation de chaux pour réduire l'acidité des cours d'eau touchés. Cependant, deux militants écologistes ont indiqué à Human Rights Watch que des membres des communautés des zones touchées par la pollution se plaignaient toujours de maux de tête, de toux, de diarrhée et d'autres problèmes de santé qui se sont aggravés après le déversement d’acide. Certains habitants ont affirmé ne pas avoir reçu l'indemnisation promise.

La Zambia Environmental Justice Coalition a également exprimé son inquiétude quant à l'ampleur de la catastrophe et à son impact à long terme sur les communautés touchées. La coalition a exhorté le gouvernement à « renégocier tous les accords d'indemnisation, en garantissant la pleine participation des communautés affectées, afin de promouvoir la justice intergénérationnelle et de rétablir les moyens de subsistance ».

L'exploitation minière a causé d'autres dommages environnementaux et sanitaires graves en Zambie. À Kabwe, dans la province du Centre, une mine de plomb et de zinc, fermée en 1994 mais jamais nettoyée, a provoqué de graves intoxications au plomb parmi les habitants. Une coalition de la société civile a réclamé un nettoyage complet et une indemnisation pour les personnes touchées par la pollution.

En vertu de la loi de 2011 sur la gestion de l'environnement (Environmental Management Act), toute personne en Zambie a droit à un « environnement propre, sûr et sain ». De plus, la Zambie est partie aux traités internationaux et régionaux relatifs aux droits humains qui obligent le gouvernement à protéger le droit à la santé et le droit à un environnement sain. Le droit au meilleur état de santé susceptible d'être atteint est garanti par l'article 12 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et par l'article 16 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples.

« L'économie zambienne dépend fortement du secteur minier, mais le gouvernement a toujours l'obligation de protéger le droit à la santé des personnes touchées par l'activité minière », a conclu Idriss Ali Nassah. « Les gouvernements donateurs devraient aider la Zambie à atteindre cet objectif par leur soutien et leur coopération. »

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TV5 Monde  Afrik.com

11.09.2025 à 08:00

Maroc : Une activiste condamnée pour blasphème devrait être disculpée et libérée

Human Rights Watch

Click to expand Image L’activiste marocaine Ibtissame Lachgar tenait son prix « One Law For All » (« Une loi pour tou-te-s ») lors de la Conférence laïque tenue à Londres en novembre 2018.  © 2018 Nederlandse Leeuw/Wikimedia

(Beyrouth) – Les autorités marocaines devraient annuler d’urgence la peine de 30 mois de prison prononcée à l’encontre d’une activiste reconnue coupable de blasphème, après avoir porté un tee-shirt considéré comme offensant. Les autorités devraient garantir le respect du droit à la liberté d’expression.

Cette activiste, Ibtissame Lachgar, a été arrêtée le 10 août, puis inculpée d’« atteinte à l’islam » par le Tribunal de première instance de Rabat, après avoir publié sur les médias sociaux une photographie où elle porte un tee-shirt arborant les mots « Allah est lesbienne ». Le tribunal a jugé qu’elle avait violé le Code pénal marocain et, le 3 septembre, l’a condamnée à 30 mois de prison et à une amende de 50 000 dirhams marocains (environ 5 500 USD). L’équipe d’avocats qui la défend a annoncé qu’elle se pourvoirait en appel. Ibtissam Lachgar demeure à ce jour en détention.

« Condamner une activiste à plus de deux ans de prison simplement pour avoir publié une photo sur les médias sociaux est un coup dur porté à la liberté d’expression au Maroc », a déclaré Hanan Salah, directrice adjointe de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Les autorités devraient abolir cette législation draconienne, au lieu de l’instrumentaliser en violant le droit à la liberté d’expression. »

Ibtissame Lachgar, psychologue clinicienne, est aussi une activiste connue qui a cofondé le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI). Selon les médias, ses avocats avaient demandé aux autorités de mettre fin à sa détention provisoire et de la libérer pour raisons médicales, car son état de santé exige des traitements continus ; le tribunal de Rabat a toutefois rejeté cette demande.  

Les procureurs marocains disposent d’une panoplie de législations répressives leur permettant de punir des personnes ayant exprimé des critiques de manière non violente. Ils emploient notamment des lois dures et de vaste portée en matière de terrorisme, de cybercriminalité, d’apostasie et de diffamation criminelle, pour envoyer en prison des défenseurs des droits humains, des activistes et des blogueurs. En 2022, un tribunal marocain a ainsi condamné à deux ans de prison une blogueuse, Fatima Karim, inculpée d’insulte publique à l’islam à cause des publications de sa page Facebook.

En vertu de l’article 267.5 du Code pénal marocain, une personne reconnue coupable d’« atteinte » à l’islam risque six mois à deux ans de prison et une amende de 20 000 à 200 000 dirhams (environ 2 200 à 22 000 USD). Le châtiment peut être porté à deux à cinq ans et une amende de 50 000 à 500 000 DHM (environ 5 500 à 55 000 USD) si l’infraction présumée est commise à travers les médias imprimés, audiovisuels ou électroniques.

En outre, le Code de la presse marocain prévoit aussi des amendes et une suspension judiciaire pour les publications et les médias électroniques reconnus coupables d’« atteinte » à l’islam (article 70). 

Les autorités marocaines devraient décriminaliser les lois qui sont utilisées pour violer la liberté d’expression, y compris celles qui criminalisent l’« insulte à la religion » et le « blasphème », a déclaré Human Rights Watch. Le Parlement marocain devrait réviser le Code pénal et le Code de la presse, afin d’en retirer les délits qui sont liés à des formes d’expression non violentes, et dont l’inclusion dans ces textes bafoue l’obligation du Maroc de respecter la liberté d’expression.

Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par le Maroc en 1979, impose que « nul ne peut être inquiété pour ses opinions » et que « toute personne a droit à la liberté d’expression ». Le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, l’organe expert chargé d’interpréter le Pacte et d’évaluer le degré de respect de ce texte par les États, a déterminé que, excepté dans des circonstances très restreintes, « les interdictions des manifestations de manque de respect à l’égard d’une religion ou d’un autre système de croyance, y compris les lois sur le blasphème, sont incompatibles avec le Pacte ».

« La dépénalisation de l’expression pacifique d’opinions, notamment en révisant les lois sur le blasphème et sur l’insulte à la religion, devrait être une priorité pour les législateurs marocains », a conclu Hanan Salah. 

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Articles

LaLibre.be  

11.09.2025 à 06:00

Yémen : Des journalistes visés par des attaques

Human Rights Watch

Click to expand Image Un journaliste courait près de la ligne de front à Taizz, dans le sud-ouest du Yémen, début 2025 ; dans cette zone souvent attaquée par les forces houthies, un tireur embusqué était suspecté de cibler des journalistes et d’autres civils.  © 2025 Ahmed al-Basha Les divers belligérants au Yémen – notamment les Houthis, le Conseil de transition du Sud et le gouvernement officiel – ont commis de graves abus à l’encontre des journalistes de ce pays.Le ciblage des journalistes et des médias est une atteinte à la liberté d'expression. De nombreux journalistes ont fui le pays, et ceux qui sont restés ont limité leurs reportages.Les États membres de l'ONU devraient exprimer leur préoccupation concernant les violations des droits humains au Yémen, notamment contre les journalistes, lors de la prochaine session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, et demander la libération immédiate de toutes les personnes détenues arbitrairement.

(Beyrouth) – Les divers belligérants au Yémen – notamment les Houthis, le Conseil de transition du Sud (CTS) et le gouvernement officiel – ont commis de graves violations des droits humains à l’encontre des journalistes et des médias de ce pays, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui.

11 septembre 2025 “We Pray to God by Torturing Journalists”

Le rapport de 59 pages, intitulé « “We Pray to God by Torturing Journalists”: Warring Parties’ Systematic Violations Against Journalists and Press Freedom in Yemen » (« “Nous prions Dieu en torturant des journalistes” : Abus systématiques des parties belligérantes contre les journalistes et la liberté de la presse au Yémen »), documente les nombreuses violations commises par les parties belligérantes contre les journalistes et les médias, notamment le recours généralisé à la détention arbitraire, aux disparitions forcées, à la torture et à d'autres traitements inhumains. Au-delà de ces abus, les autorités des divers camps ont violé la liberté des médias et le droit des Yéménites à la liberté d'expression, notamment en prenant le contrôle d’organisations de presse, en intimidant et en harcelant des professionnels des médias et en entravant leurs déplacements et leur travail.

« Les attaques répétées des belligérants contre les journalistes et les médias au Yémen, y compris en menaçant la vie de dizaines de journalistes, a porté gravement atteinte à la liberté d'expression dans ce pays », a déclaré Niku Jafarnia, chercheuse sur le Yémen et Bahreïn à Human Rights Watch. « Les autorités yéménites devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour garantir les besoins et les droits fondamentaux des citoyens, au lieu de maltraiter et de réduire au silence les journalistes qui ne font que couvrir les événements. »

Human Rights Watch a mené des entretiens avec 27 personnes, dont 16 journalistes, entre octobre 2024 et mai 2025. Human Rights Watch a également examiné et analysé des photos et des documents relatifs aux affaires examinées, notamment des documents officiels et des accusations portées devant les tribunaux.

Human Rights Watch a documenté 14 cas d'abus contre des journalistes commis par les Houthis, le CTS et le gouvernement yéménite, dont cinq qui étaient jusqu'à récemment ou sont actuellement détenus arbitrairement depuis novembre 2023 : trois par les Houthis et deux par le CTS. Quatre ont été victimes de disparition forcée.

Dans certains cas, les autorités ont détenu les proches de journalistes, en plus ou à la place de ces derniers, les utilisant souvent comme moyen de pression pour contraindre les journalistes à « avouer » des accusations fallacieuses ou pour les empêcher de faire leur travail.

Quatre journalistes précédemment détenus ont déclaré avoir subi de graves tortures en prison, en plus d'autres formes de mauvais traitements. Ils ont déclaré penser que les autorités les avaient soumis à des traitements plus brutaux que les autres détenus afin de les effrayer, eux et d'autres, pour les dissuader de dénoncer les abus, la mauvaise gestion et la corruption des autorités.

Abdelkhaleq Emran, un journaliste qui a depuis été libéré, a déclaré qu'un responsable pénitentiaire houthi lui avait dit : « Nous prions Dieu en torturant les journalistes. »

Le ciblage des journalistes et des médias par les parties belligérantes a mis en péril la liberté d'expression au Yémen. De nombreux journalistes ont fui le pays en raison des abus qu'ils ont subis, ou par crainte d'être maltraités par les parties belligérantes. Ceux qui sont restés ont souvent limité leurs reportages pour éviter d'être pris pour cible.

« Lubna Sadeq », une journaliste indépendante à Aden, a déclaré qu'elle tentait de dissimuler son identité de journaliste lors de ses déplacements aux postes de contrôle, par crainte de la réaction des agents s'ils découvraient sa profession. « Même sur mon passeport, mes collègues m'ont conseillé d'inscrire “étudiante” dans la case “profession”, afin d’éviter des ennuis aux postes de contrôle », a-t-elle déclaré.

Nabil al-Osaidi, membre du conseil d'administration du Syndicat des journalistes yéménites, a déclaré que « l'espace de liberté [des médias] se rétrécit ». Nabil al-Osaidi et d'autres professionnels des médias ont affirmé que les autorités surveillaient les journalistes et les arrêtaient parfois pour un fait aussi anodin qu'une publication critique sur les réseaux sociaux.

De nombreux journalistes ont été tués au Yémen au cours des onze dernières années de combats, probablement par des belligérants. Cependant, aucune enquête adéquate n'a été menée pour déterminer les responsabilités dans la plupart des cas recensés par Human Rights Watch.

Les Houthis et le CTS ont également saisi et/ou fermé plusieurs grands médias à travers le pays depuis le début du conflit. Les chercheurs ont documenté les cinq cas suivants, survenus au cours des quatre dernières années : Yemen Live for Media Production and Satellite Broadcasting, Yemen Digital Media, Sawt al-Yemen, l'agence de presse SABA et le Syndicat des journalistes yéménites (YJS).

Les autorités yéménites, notamment le gouvernement yéménite, les Houthis et le CTS, ont l'obligation, en vertu du droit international et national, de protéger la liberté d'expression, y compris le journalisme. En vertu du droit international et national, ils ne doivent pas non plus détenir arbitrairement, faire disparaître de force, torturer ou assassiner des personnes.

Les États membres de l'ONU devraient saisir toutes les occasions pour exprimer leurs graves préoccupations concernant les violations des droits humains au Yémen lors de la 60ème session du Conseil des droits de l'homme (CDH) des Nations Unies, notamment en condamnant les détentions arbitraires et les disparitions forcées de journalistes et autres professionnels des médias par les parties belligérantes, et en appelant à la libération immédiate de toutes les personnes détenues arbitrairement.

Les pays membres du CDH devraient également veiller à ce que la résolution sur le Yémen, qui sera négociée lors de la 60ème session, condamne ces violations des droits, appelle les autorités yéménites à y remédier immédiatement et demande au Haut-Commissariat aux droits de l'homme de surveiller la situation et d'en rendre compte au CDH.

Divers représentants et organes des Nations Unies – la Rapporteuse spéciale sur la torture, la Rapporteuse spéciale sur la liberté d’opinion et d'expression, le Groupe de travail sur la détention arbitraire et le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires – devraient chercher à se rendre au Yémen. Ils devraient ensuite profiter de leurs séjours pour examiner la situation des droits humains dans ce pays et documenter et signaler les violations, notamment contre les journalistes, telles que la détention arbitraire, les disparitions forcées et la torture.

« Les divers belligérants devraient immédiatement libérer les journalistes détenus à tort, et mettre fin à leurs pratiques abusives à l'encontre des médias et des professionnels de ce secteur », a conclu Niku Jafarnia. « La communauté internationale devrait également cesser d’adopter une attitude passive face aux violations en cours au Yémen, et veiller à ce que les parties belligérantes rendent des comptes. »

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10.09.2025 à 17:12

Égypte : Vague de répression contre les créateurs de contenus en ligne

Human Rights Watch

Click to expand Image Un homme rédigeait un message sur son téléphone portable, en juillet 2022.  © 2022 Karl-Josef Hildenbrand/picture alliance via Getty Images

(Beyrouth, 10 septembre 2025) – Depuis juillet 2025, les autorités égyptiennes mènent une campagne abusive d'arrestations massives et de poursuites judiciaires visant les créateurs de contenu en ligne, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Selon les déclarations du ministère de l'Intérieur, les autorités ont arrêté ou poursuivi en justice pour contenu en ligne au moins 29 personnes, dont au moins 19 femmes et un enfant, entre fin juillet et fin août, tandis que des médias et des rapports crédibles sur les droits humains ont recensé huit autres cas. Les autorités ont retenu des accusations vagues contre les personnes ciblées, notamment des danseuses du ventre et des tatoueurs, telles qu’« atteinte à la moralité publique », « atteinte aux valeurs familiales » et « blanchiment d'argent », en raison de vidéos qualifiées d'« indécentes » publiées sur des plateformes de médias sociaux comme TikTok.

« La campagne des autorités égyptiennes contre les créateurs de contenu en ligne semble avoir pour but de saper le dernier espace de liberté d'expression dans le pays », a déclaré Amr Magdi, chercheur senior auprès de la division Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Cela fait partie des efforts incessants du gouvernement visant à criminaliser toute forme d'expression contredisant ses propres points de vue sur le plan politique ou social. »

Les actions du gouvernement violent les droits à la vie privée, à la liberté d'expression et à la non-discrimination, a déclaré Human Rights Watch. Les autorités devraient abandonner les poursuites abusives et cesser d'utiliser de vagues accusations de moralité pour réprimer l'expression en ligne.

De nombreuses personnes arrêtées sont accusées de « violation des principes ou valeurs familiaux dans la société égyptienne » en vertu de l'article 25 de la loi n° 175 de 2018 sur la cybercriminalité, une accusation passible de six mois à trois ans de prison et de lourdes amendes. Ainsi que Human Rights Watch l’a précédemment documenté, cette loi est devenue l'un des principaux outils de criminalisation de la liberté d'expression en Égypte au cours des dernières années.

Suite en anglais.

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Articles

OLJ TV5Monde  SadaNews

AfricaRadio

10.09.2025 à 16:31

Turquie : Abandonner les poursuites contre le Barreau d’Istanbul

Human Rights Watch

Click to expand Image Des avocats du Barreau d'Istanbul manifestaient dans cette ville turque le 23 juin 2025, contre l'arrestation quatre jours auparavant de leur confrère Mehmet Pehlivan, avocat du maire emprisonné Ekrem İmamoğlu ; ils protesatient aussi contre la detention injuste de plusieurs autres avocats turcs. © 2025 Barreau d'Istanbul (Istanbul Barosu)

(Ankara, 10 septembre 2025) – Les poursuites pénales et civiles engagées contre le conseil exécutif du Barreau d'Istanbul sont incompatibles avec les obligations internationales de la Turquie en matière de droits humains et constituent une atteinte directe à l'indépendance de la profession d'avocat, ont déclaré aujourd'hui 12 organisations juridiques et de défense des droits humains, dont Human Rights Watch.

Ces organisations ont déposé un mémoire d'amicus curiae (« amicus brief », en anglais) auprès de la 26ème Cour pénale d'Istanbul le 5 septembre, en prévision des audiences tenues les 9-10 septembre.

L’action en justice intentée par le parquet turc vise le bâtonnier du Barreau d'Istanbul, İbrahim Kaboğlu, et 10 membres de son conseil exécutif. Elle fait suite à une déclaration publique publiée par le Barreau le 21 décembre 2024, suite à l'assassinat de deux journalistes kurdes, Nazim Daştan et Cihan Bilgin, présumément lors d'une frappe de drone dans le nord de la Syrie.

Dans sa déclaration, le Barreau avait rappelé les protections juridiques internationales qui doivent être accordées aux journalistes dans les zones de conflit, a appelé à une enquête efficace sur les décès et a exigé la libération des manifestants et des avocats arrêtés lors d'une manifestation organisée à Istanbul le même jour.

En réponse, le parquet turc a ouvert une procédure pénale contre la direction du Barreau pour « propagande en faveur d'une organisation terroriste » et « diffusion d'informations trompeuses », et a simultanément engagé une action civile visant à révoquer le conseil d'administration au motif qu'il avait outrepassé ses obligations légales. Le 21 mars, le deuxième tribunal civil de première instance d'Istanbul a ordonné la révocation de l'ensemble du mandat du conseil, une décision actuellement en appel.

Les 12 organisations ont déclaré dans leur soumission conjointe que cette procédure violait les obligations de la Turquie en vertu du droit international des droits de l'homme. La déclaration du Barreau d'Istanbul, soulignent-elles, s'inscrit pleinement dans le cadre de son mandat professionnel et de son devoir légal de défendre les droits de l'homme et l'État de droit.

« Les poursuites pénales et civiles engagées contre le conseil exécutif du Barreau d'Istanbul constituent des représailles pour avoir défendu un plaidoyer légal et fondé sur les droits », a déclaré Ayşe Bingöl Demir, directrice du Projet turc de soutien aux litiges relatifs aux droits humains. « Elles s'inscrivent dans une démarche plus large visant à intimider la profession juridique et à réduire au silence les institutions qui contestent le pouvoir de l'État. »

Les organisations ont souligné que les barreaux doivent être libres de s'exprimer sur leurs préoccupations en matière de droit et de droits humains sans crainte d'intimidation ou de sanction.

Thierry Wickers, président du Conseil des barreaux européens, a déclaré : « Ces actions ne constituent pas seulement une attaque contre le Barreau d'Istanbul, mais une atteinte à l'idée même d'une profession juridique indépendante, l'un des principaux piliers d'une société démocratique et une garantie fondamentale pour garantir l'État de droit et prévenir les abus de pouvoir. »

Les organisations ont déclaré dans leur mémoire d'amicus curiae que les accusations portées contre la direction du Barreau sont à la fois vagues et juridiquement infondées, s'appuyant sur des lois antiterroristes et de « désinformation » trop larges, qui ne respectent pas les normes internationales de légalité, de nécessité et de proportionnalité. Aucune partie de la déclaration du Barreau ne peut raisonnablement être interprétée comme une « incitation à la violence » ou une « promotion du terrorisme », ont-elles affirmé. Le texte reflète plutôt le rôle du Barreau en tant que garant institutionnel, défendant ses membres et dénonçant des détentions illégales et des violations présumées du droit international.

« La déclaration du Barreau d'Istanbul s'inscrivait parfaitement dans le cadre de ses obligations statutaires et de son rôle protégé au niveau international », a déclaré la baronne Helena Kennedy, directrice de l’Institut des droits humains de l’Association internationale du barreau (IBAHRI). « Criminaliser une telle déclaration est à la fois indéfendable d’un point de vue juridique et inquiétant d’un point de vue politique. »

Les organisations ont déclaré que ce cas n'est pas isolé, mais emblématique d'une tendance plus large en Turquie, où les barreaux sont confrontés à une ingérence croissante, où les avocats sont de plus en plus poursuivis en raison de leur travail et où les institutions dissidentes sont soumises à des pressions coordonnées.

Dinushika Dissanayake, directrice régionale adjointe pour l’Europe à Amnesty International, a déclaré : « Ce à quoi nous assistons dans cette affaire est emblématique d’une tendance systémique, tout en créant un dangereux précédent : le droit pénal est utilisé à mauvais escient pour cibler des avocat·e·s, leur ordre professionnel et des défenseur·e·s des droits humains qui ne font que leur travail. »

Elle a poursuivi : « En Turquie, les lois générales relatives à la lutte contre le terrorisme ouvrent la voie aux abus. Les poursuites judiciaires intentées envoient un message très inquiétant : exiger des autorités qu’elles respectent leurs obligations en matière de droits humains peut avoir de lourdes conséquences et il est possible de restreindre arbitrairement le droit à la liberté d’expression des avocat·e·s, de leurs représentant·e·s et des citoyen·ne·s. Compte tenu de ces éléments, la seule issue équitable est l’acquittement de tous les dirigeants du Barreau d’Istanbul lors de l’audience de demain. »

Compte tenu de ces préoccupations, les organisations internationales ont demandé au tribunal d'Istanbul d'évaluer la légalité et la régularité des procédures pénales et civiles en cours, conformément aux obligations contraignantes de la Turquie en vertu du droit international des droits humains, notamment les normes relatives à l'indépendance des avocats et des barreaux, ainsi que les droits à la liberté d'expression et d'association.

Comme le soulignent les organisations dans leur mémoire d'amicus curiae, les accusations et les actions contre le conseil exécutif du barreau d'Istanbul contreviennent à ces normes, semblent poursuivre un objectif politique caché et risquent de créer un précédent dangereux pour les professionnels du droit et les institutions engagées dans la défense des droits humains.

Les 12 organisations ayant soumis ce mémoire d'amicus curiae sont les suivantes : Turkey Human Rights Litigation Support Project (« Projet de soutien aux litiges relatifs aux droits humains en Turquie »), Amnesty International, le Conseil des barreaux européens (CCBE), l'Association européenne des juristes pour la démocratie et les droits humains dans le monde, le Barreau fédéral allemand, Human Rights Watch, l’Institut des droits humains de l’Association internationale du barreau (International Bar Association's Human Rights Institute, IBAHRI), la Commission internationale de juristes (CIJ), l'Observatoire international des avocats en danger, la Law Society of England and Wales, Lawyers for Lawyers (L4L) et PEN Norvège.

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10.09.2025 à 06:01

Niger : Un groupe armé islamiste a exécuté des civils et incendié des maisons

Human Rights Watch

Click to expand Image La police militaire du Niger monte la garde lors d'un rassemblement de partisans de la junte militaire nigérienne devant une base aérienne à Niamey, le 27 août 2023. © 2023 AFP via Getty Images

(Nairobi) – Le groupe armé islamiste État islamique au Sahel (EIS) a intensifié ses attaques contre des civils au Niger depuis mars 2025, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Ces attaques ont violé le droit international humanitaire, et sont susceptibles de constituer des crimes de guerre.

Lors d’au moins cinq attaques commises dans la région de Tillabéri, dans l’ouest du Niger et documentées par Human Rights Watch, l’EIS a exécuté sommairement plus de 127 villageois et fidèles musulmans, et a incendié et pillé des dizaines de maisons. Des témoins ont déclaré que l’armée nigérienne n’avait pas réagi de manière adéquate aux alertes d’attaques, ignorant les demandes de protection des villageois. Les stratégies de protection des habitants de la région devraient être révisées de toute urgence, afin de prévenir de nouvelles attaques et d’instaurer des systèmes d’alerte plus réactifs.

« Des groupes armés islamistes ciblent la population civile dans l’ouest du Niger et commettent des abus atroces », a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel à Human Rights Watch. « Les autorités nigériennes devraient faire davantage pour protéger les personnes qui vivent dans la région de Tillabéri. »

La région de Tillabéri est frontalière du Burkina Faso et du Mali, deux pays où les forces gouvernementales combattent des groupes armés islamistes depuis plus de dix ans. Depuis une décennie, cette région est un foyer des activités de l’EIS au Niger, ainsi que des opérations de contre-insurrection du gouvernement. Depuis 2019, les groupes armés islamistes alliés à l’État islamique ou à Al-Qaïda ont intensifié leurs attaques contre des cibles militaires et des civils dans la zone dite « des trois frontières ». Ces groupes ont également détruit des écoles et des sites religieux et imposé des restrictions strictes basées sur leur interprétation de l’islam.

De mai à juillet 2025, Human Rights Watch a mené des entretiens à distance avec 28 personnes, dont 19 témoins et 9 activistes locaux, journalistes et médecins. Human Rights Watch a écrit au ministre de la Justice du Niger le 19 août, pour lui faire part des conclusions de ses recherches et pour solliciter des informations sur les mesures prises par le gouvernement pour renforcer la protection des civils. Le ministre de la Justice n’a pas répondu à ce courrier à ce jour.

Aucun groupe armé n’a revendiqué la responsabilité des cinq attaques documentées par Human Rights Watch. Cependant, des témoins ont indiqué que, selon eux, les assaillants étaient des membres de l’EIS, d’après les villages pris pour cible et leurs vêtements, notamment des turbans à bandes rouges similaires à ceux portés par les membres du groupe armé lors d’attaques précédentes. Les habitants ont également expliqué qu’avant chaque attaque, des combattants de l’EIS avaient menacé leurs communautés, les accusant de collaborer avec l’armée nigérienne ou d’ignorer les demandes des combattants.

Le 21 juin, des combattants de l’EIS ont ouvert le feu sur des fidèles dans une mosquée du village de Manda, tuant plus de 70 personnes et blessant au moins 20 autres civils. « La scène était effrayante », a décrit une femme de 77 ans qui a perdu trois fils dans l’attaque. « Il y avait des cadavres partout, les uns sur les autres. Il y avait des corps à l’intérieur et à l’extérieur de la mosquée. Les blessés hurlaient et perdaient du sang. »

Le 13 mai, des combattants de l’EIS ont attaqué le hameau de Dani Fari où ils ont tué cinq hommes et deux garçons, et ont incendié au moins une douzaine de maisons. Un éleveur a raconté : « Les corps étaient éparpillés … criblés de balles. Il n’y avait pas un seul corps ayant reçu moins de trois balles. Les balles avaient atteint les personnes dans le dos, les bras, la tête … Nous avons trouvé les corps des deux enfants allongés sur le dos. »

La junte militaire nigérienne est au pouvoir depuis le 26 juillet 2023, lorsque des officiers de l’armée de l’autoproclamé Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), commandé par le général de brigade Abdourahamane Tiani, ont renversé et détenu le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum.

Ces officiers ont invoqué la dégradation de la situation sécuritaire comme l’une des raisons du renversement de Mohamed Bazoum, et se sont engagés à rétablir la sécurité dans les zones ciblées par les groupes armés islamistes. L’organisation non gouvernementale Armed Conflict Location and Event Data (ACLED) a rapporté que, depuis le coup d’État, l’EIS a tué environ 1 600 civils.

Les forces de sécurité de la junte ont mené de vastes opérations de contre-insurrection, y compris des frappes aériennes, contre les groupes armés islamistes dans des zones touchées par le conflit. Le 3 août, la junte a lancé une initiative appelée « Garkuwar Kassa », soit les « Boucliers de la Patrie » en langue haoussa, visant à recruter et à former des civils pour aider les forces armées. Mais cela a soulevé des inquiétudes parmi les groupes de défense des droits humains quant à la création de milices violentes.

Human Rights Watch a précédemment publié des rapports sur les abus perpétrés par les groupes armés islamistes au Niger, notamment le meurtre de centaines de civils en 2021. Human Rights Watch a également documenté des violations commises par les forces de sécurité nigériennes en 2021, y compris des meurtres et des disparitions forcées lors d’opérations de contre-insurrection, ainsi que la répression de l’opposition politique, des médias et de la dissidence pacifique par la junte.

Toutes les parties au conflit armé au Niger ont l’obligation de respecter l’article 3 commun aux Conventions de Genève de 1949 et au droit de la guerre coutumier. Le droit international humanitaire interdit d’attaquer des civils, de maltraiter toute personne détenue, et de brûler et piller des biens civils. Les individus qui ordonnent, commettent ou aident à commettre des violations graves du droit de la guerre avec une intention criminelle peuvent faire l’objet de poursuites pour crimes de guerre. Le gouvernement du Niger a l’obligation d’enquêter sur les crimes de guerre présumés commis sur son territoire et d’en poursuivre les responsables de manière appropriée.

« Les civils menacés par les groupes armés islamistes appellent la junte nigérienne à leur fournir une plus grande protection », a conclu Ilaria Allegrozzi. « Le gouvernement devrait prendre des mesures d’urgence pour empêcher de nouvelles atrocités, enquêter sur les graves violations commises par l’EIS et d’autres groupes armés, et traduire en justice les responsables dans le respect des normes internationales en matière de procès équitable. »

Pour un compte rendu détaillé des attaques, veuillez lire la suite.

Click to expand Image Graphique © 2025 Human Rights Watch

Fambita, région de Tillabéri, 21 mars 2025

Le 21 mars, des combattants de l’EIS ont attaqué une mosquée dans le village de Fambita, tuant au moins 46 fidèles, dont 3 enfants, qui assistaient à la prière de l’après-midi, et blessant au moins 12 autres personnes. Ils ont également volé du bétail, pillé des maisons dans le village et incendié au moins 20 maisons, ainsi que plusieurs boutiques au marché. Fambita est situé dans la commune rurale de Kokorou, où l’EIS opère et mène des attaques contre les forces de sécurité et les civils.

Des témoins ont identifié les assaillants comme étant des combattants de l’EIS parce qu’ils portaient des turbans à bandes rouges et parce que, quelques semaines avant l’attaque, des combattants de l’EIS avaient menacé d’attaquer les habitants de Fambita, les accusant de collaborer avec l’armée.

Un homme de 71 ans a raconté que, trois mois avant l’attaque, il avait assisté à une réunion avec le chef de Fambita, qui avait appelé les villageois à collaborer avec l’armée. Il a déclaré ceci :

[Le chef] nous a expliqué que l’armée lui avait dit que la seule façon de se débarrasser des djihadistes dans notre région était de former et d’armer les habitants pour qu’ils agissent aux côtés de l’armée.… Je me suis levé et j’ai dit au chef que nous avions un accord avec les djihadistes depuis cinq ans et que s’ils apprenaient que nous collaborions avec l’armée, ils s’en prendraient à nous en représailles. Mais le chef nous a assuré que … tout se ferait discrètement. Cependant, les djihadistes ont été rapidement informés et en voici les conséquences.

Des témoins ont indiqué que les combattants ont pris d’assaut la mosquée vers 14 heures, tirant au hasard sur les fidèles.

« L’imam avait prêché pendant une trentaine de minutes … quand les tirs ont commencé », a expliqué un homme de 36 ans. « J’ai entendu des coups de feu et des cris de “Allah Akbar !” et j’ai couru vers la sortie alors que des gens tombaient devant moi et que d’autres hurlaient, paniqués. »

Un autre homme, âgé de 61 ans, qui a perdu ses trois garçons, âgés de 10, 12 et 15 ans, dans l’attaque, a raconté : « Je tenais mon plus jeune fils par la main quand la fusillade a éclaté. Alors que nous franchissions la porte de la mosquée, il a été touché par des balles et est tombé. D’autres aussi sont tombés comme des insectes aspergés d’insecticide. »

L’homme a expliqué qu’il s’était enfui dans la brousse voisine où il était resté sous un acacia jusqu’à environ 18 heures, moment où il est retourné à la mosquée. Il a ajouté :

J’ai trouvé une scène macabre. Les gens blessés hurlaient et se tordaient de douleur sur le sol. Il y avait plus de 40 corps entassés. Parmi eux, ceux de mes deux garçons.… Je les ai immédiatement extraits des autres cadavres, je les ai recouverts d’un tissu, jusqu’à ce que des membres de ma famille viennent m’aider à les transporter au cimetière où je les ai enterrés.

Les habitants ont mentionné qu’à l’exception des trois garçons, qui ont été enterrés dans trois tombes le même jour, et de 10 autres corps qui ont été enterrés à la mosquée, les 33 corps restants ont tous été enterrés le lendemain de l’attaque dans une fosse commune au cimetière de Fambita. Les villageois ont fourni une liste comportant les noms des 46 victimes, âgées de 10 à 74 ans.

Les habitants ont également déclaré que les combattants de l’EIS ont mis le feu à des dizaines de maisons et de boutiques au marché. « Ma maison a disparu, elle a été complètement brûlée », a raconté l’homme de 71 ans. « Les djihadistes ont aussi pris tous mes animaux. »

Les données de détection des incendies fournies par le système FIRMS (Fire Information for Resource Management System) de la NASA ont fait état d’incendies actifs au-dessus de Fambita le 21 mars. Des images satellite de basse résolution, enregistrées le lendemain et analysées par Human Rights Watch, montrent une large marque de brulure sur la zone du marché.

Des témoins ont affirmé que l’armée n’était pas intervenue pendant l’attaque. « Des soldats sont venus trois jours plus tard juste pour évaluer la situation », a indiqué l’homme de 61 ans. « Il y avait des soldats maliens et burkinabè aux côtés de nos soldats, ils venaient de Tillabéri. »

Le 21 mars, le gouvernement a publié un communiqué condamnant l’attaque de l’EIS à Fambita et a décrété trois jours de deuil national. Le 25 mars, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a également condamné l’attaque « en violation flagrante du droit international relatif aux droits humains et du droit humanitaire international » et a appelé à « une enquête impartiale … pour traduire les responsables en justice ».

Dani Fari, région de Tillabéri, 13 mai 2025

Le 13 mai, des combattants de l’EIS ont attaqué le hameau de Dani Fari, habité par des membres de l’ethnie zarma, et ont tué cinq hommes et deux garçons. Ils ont également brûlé au moins 12 maisons et en ont pillé des dizaines d’autres.

Dani Fari est situé à environ 20 kilomètres de la ville de Tillabéri, dans une zone où opèrent à la fois l’EIS et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou Jama’at Nusrat al-Islam wa al-Muslimeen, JNIM), lié à Al-Qaïda.

Des témoins ont identifié les assaillants comme étant des combattants de l’EIS parce qu’ils portaient des turbans à bandes rouges et parce qu’une semaine plus tôt, l’EIS avait menacé d’attaquer les habitants de Dani Fari, les accusant de collaborer avec l’armée.

Un éleveur de 42 ans a raconté :

Tous ceux qui avaient un téléphone Android ont reçu le message vocal sur WhatsApp et l’ont partagé avec le reste de la population. Vous pouviez entendre quelqu’un, prétendant appartenir à l’EIS, dire que notre hameau était complice de l’armée, que notre communauté avait rejoint les milices et fourni des informations à l’armée sur les positions des djihadistes, et qu’ils [les combattants de l’EIS] s’en prendraient à nous.

Les habitants ont mentionné que certains membres de la communauté zarma avaient rejoint des groupes d’autodéfense locaux parce qu’ils estimaient que le gouvernement n’avait pas suffisamment protégé leurs villages et leurs biens contre les groupes armés islamistes. Cependant, ils pensaient que seuls quelques jeunes hommes de Dani Fari avaient rejoint ces milices.

Ils ont indiqué qu’après avoir reçu les menaces de l’EIS, des habitants avaient alerté les militaires à Tillabéri et demandé la protection de l’armée. Cependant, les soldats ne sont intervenus qu’après le départ des assaillants.

« Nous avons dit [aux militaires] qu’une attaque était en préparation, que nous avions besoin de protection », a raconté un homme de 38 ans. « Mais ils sont venus alors que le hameau avait déjà été pillé, les maisons incendiées et les gens tués. »

D’après les témoignages, le 13 mai, des dizaines de combattants de l’EIS à moto ont pris d’assaut le hameau vers 5 heures du matin, en tirant et en criant « Allah Akbar » (Dieu est grand), provoquant la fuite des habitants.

L’éleveur a expliqué :

Je me préparais pour la prière du matin lorsque j’ai entendu des coups de feu. Les uns après les autres, ils se rapprochaient de plus en plus. J’ai juste couru avec ma famille vers la brousse ... La fusillade a duré jusqu’à 8 heures du matin environ. De notre cachette, nous avons vu des flammes s’échapper de notre hameau et nous savions que tous nos biens avaient été détruits.

Des témoins ont indiqué que la plupart des habitants de Dani Fari sont retournés au hameau le jour même, après l’arrivée vers 16 heures des soldats de la base militaire de Tillabéri pour évaluer la situation.

Les habitants ont rapporté qu’à leur retour à Dani Fari, ils ont trouvé les corps de cinq hommes civils et de deux garçons, que toutes les maisons du hameau avaient été pillées, et au moins 12 avaient été incendiées.

L’homme de 38 ans a raconté :

C’était épouvantable. Il y avait des corps par terre, des maisons brûlées, de la fumée. Ma hutte, faite de peau de chèvre, et ma grange avaient été incendiées.… Mes animaux avaient disparu, chèvres, moutons, ânes. Ils ont tout pris. Il ne restait plus rien dans le hameau. Ils ont pillé les maisons, emportant tout ce qui était utile, y compris le millet et le riz.

Les habitants ont fourni une liste avec les noms des sept personnes tuées, dont cinq hommes âgés de 37 à 61 ans et deux garçons âgés de 10 et 12 ans.

Manda, région de Tillabéri, 21 juin 2025

Le 21 juin, des combattants islamistes ont attaqué une mosquée dans le village de Manda, tuant plus de 70 fidèles, dont deux femmes et cinq enfants, qui assistaient à la prière du matin, et blessant au moins 20 autres personnes. Ils ont également pillé des maisons dans le village et en ont brûlé au moins 10. Manda se trouve dans la commune rurale du Gorouol, où le GSIM et l’EIS opèrent et mènent des attaques contre les forces de sécurité et les civils.

D’après les habitants, les assaillants appartenaient à l’EIS parce que le groupe armé avait mené des attaques contre des sites religieux dans le passé, tant au Niger qu’au Burkina Faso voisin.

Les autorités n’ont pas réagi publiquement après le massacre de Manda, ce qui a provoqué un tollé parmi les habitants. Le 29 juin, un groupe de personnes de la commune rurale du Gorouol a publié une déclaration déplorant le « silence difficilement compréhensible » des autorités qui n’ont apporté aucun « soutien moral » et un soutien matériel très limité aux victimes et à leurs familles.

Des témoins ont indiqué qu’avant l’attaque du 21 juin, des combattants de l’EIS avaient menacé de s’en prendre aux habitants de Manda, les accusant de collaborer avec l’armée, et que la veille de l’attaque, des combattants de l’EIS s’étaient rendus à Manda et avaient accusé les habitants rassemblés à la mosquée d’être des « infidèles » et de fournir des informations à l’armée. « Cela nous a bouleversés », a déclaré un homme de 59 ans. « Nous leur avons dit que nous vivions avec eux [EIS] depuis de nombreuses années et que de telles accusations n’étaient pas vraies. »

« Nous leur avons dit qu’ils pouvaient contrôler eux-mêmes le village et qu’ils devraient pouvoir déterminer qui sont les informateurs de l’armée et qui ne le sont pas, au lieu d’accuser tous les villageois », a expliqué un autre homme, âgé de 64 ans. « Les conversations étaient tendues, puis ils sont partis, mais nous savions qu’ils étaient en colère. »

D’après les témoignages, les combattants sont retournés à Manda le lendemain à 5 heures du matin et ont pris d’assaut la mosquée, tirant au hasard sur les civils qui tentaient de s’enfuir ou de se mettre à couvert.

Un autre habitant qui a survécu à l’attaque de la mosquée a raconté :

Ils ont ouvert le feu sur tout le monde. Ils nous ont tiré dessus en continu avec leurs Kalachnikovs [fusils d’assaut].… La mosquée était pleine. J’ai pu m’échapper, mais beaucoup ont été tués.… Les gens couraient dans tous les sens, criant, tombant au sol. Mon fils a été tué et j’ai perdu huit autres membres de ma famille.

Un homme de 67 ans a décrit l’attaque :

L’imam prêchait lorsque les tirs ont éclaté … Les fidèles se sont précipités vers la porte et les assaillants étaient là. Les gens ont commencé à tomber au sol.… J’étais le quatrième dans une rangée et j’ai pu m’échapper, je ne sais même pas comment. Mais la plupart des personnes présentes ont été tuées. Les assaillants ont criblé de balles tous ceux qui se trouvaient à l’intérieur de la mosquée, ainsi que tous ceux qui tentaient de s’enfuir.

Une femme de 77 ans a indiqué qu’un de ses fils, âgé de 25 ans, est mort au cours de l’attaque, tandis que deux autres, âgés de 30 et 33 ans, ont été grièvement blessés. Elle s’est rendue à la hâte à la mosquée en moto vers 10 heures du matin pour évacuer ses deux fils blessés vers le centre de santé le plus proche situé à Ayorou, à 54 kilomètres de là. Elle a décrit l’évacuation :

Le conducteur les a chargés sur sa moto à trois roues et a également décidé de prendre trois autres hommes blessés. Mes enfants perdaient du sang. L’un était touché à la poitrine. L’autre avait une blessure par balle dans le dos qui saignait beaucoup. Ils étaient en train de mourir. Mon mari avait déchiré son boubou [vêtement ample] pour comprimer les blessures… mais elles saignaient si abondamment que le boubou était complètement imbibé de sang … Avant d’arriver à Ayorou, mes enfants sont morts… Lorsque nous sommes arrivés au centre de santé, nous avons laissé les trois autres blessés descendre de la moto, et nous avons continué tout droit vers le cimetière.

Des témoins ont déclaré qu’à la fin de l’attaque, vers 8 h 30 du matin, les survivants se sont rendus à la mosquée pour aider à évacuer les blessés et à récupérer les corps pour les enterrer.

Un homme de 59 ans qui a perdu trois frères, âgés de 51, 54 et 57 ans, dans l’attaque, a décrit la situation :

Nous avons trouvé une désolation totale … des morts partout, des corps entassés. Environ 20 personnes étaient blessées, dont au moins 10 dans un état critique. Elles ne pouvaient pas bouger ; elles respiraient à peine et perdaient du sang. Nous nous sommes entraidés. Nous avons sorti les blessés de la mosquée et les avons chargés sur des motos pour l’évacuation. Tous mes frères étaient déjà morts …. Il n’y a pas eu d’enterrement collectif … chacun enterrait les membres de sa famille. Les gens avaient peur de se rassembler, ils pensaient que s’il y avait un enterrement collectif, cela pourrait attirer à nouveau les assaillants et conduire à un autre massacre. J’ai pris mes trois frères et je les ai enterrés dans une fosse commune au cimetière de Manda.

L’homme de 67 ans a indiqué que, lorsqu’il est retourné sur les lieux, « il y avait des cadavres partout », principalement à l’intérieur de la mosquée, mais aussi à l’extérieur. « J’estime le nombre de morts à plus de 70 », a-t-il expliqué. « Mon fils aîné avait reçu des balles dans les jambes et dans le dos. Les balles lui avaient traversé les côtes. Il avait perdu beaucoup de sang. Il est mort avant d’arriver à l’hôpital. »

Les habitants ont fourni une liste avec les noms des 71 victimes, dont deux femmes, âgées de 30 et 45 ans, cinq enfants, âgés de 14 à 16 ans, et 64 hommes, âgés de 19 à 92 ans.

Les témoins ont indiqué qu’ils avaient retrouvé le village pillé et qu’au moins 10 maisons et granges avaient été incendiées.

Les habitants de Manda ont expliqué qu’ils avaient alerté l’armée au sujet des menaces de l’EIS contre le village une semaine avant l’attaque, mais les soldats n’ont pas réagi et ne sont venus que trois jours après l’attaque pour évaluer les dégâts.

L’homme de 67 ans a raconté :

L’armée savait. Une semaine avant [l’attaque], les djihadistes ont fait circuler un message vocal sur WhatsApp nous accusant d’être des espions. Ils ont dit qu’ils nous tueraient. Alors, nous avons alerté l’armée. Le chef du village a informé l’armée. Mais les soldats ne sont pas venus. Quelques soldats des bases d’Ayorou et de Tillabéri se sont rendus au village trois jours après l’attaque, alors que les habitants avaient déjà terminé d’enterrer leurs morts et d’évacuer les blessés.

Abarkaize, région de Tillabéri, 20 et 23 juin 2025

Le 20 juin, des combattants de l’EIS sont entrés dans le hameau d’Abarkaize et ont exécuté son chef âgé de 67 ans. Trois jours plus tard, ils sont revenus et ont enlevé cinq hommes. Les habitants ont retrouvé les corps des cinq hommes le 23 juin, leurs gorges tranchées, à la périphérie du hameau.

Abarkaize, un hameau dont les habitants appartiennent aux ethnies zarma, tamasheq, peule et haoussa, se situe dans une zone où l’EIS et le GSIM sont présents. Des témoins ont indiqué que, selon eux, les assaillants étaient des membres de l’EIS parce que le groupe armé avait déjà menacé leur chef et que des combattants de l’EIS l’avaient exécuté au motif qu’il avait refusé d’obliger les membres de sa communauté à payer la zakat (impôt islamique).

« Les djihadistes sont venus trois fois avant de tuer le chef et à chaque fois, ils lui ont demandé de collecter la zakat dans la communauté et de la leur verser », a expliqué un homme de 39 ans. « Mais il a refusé parce qu’il craignait que l’armée l’accuse de collaborer avec les djihadistes. »

Un homme de 45 ans a déclaré que le 20 juin, vers 17 heures, il a vu des combattants de l’EIS à moto se diriger vers la maison du chef et que, quelques minutes plus tard, il a entendu des coups de feu et « s’est enfui par peur ». Il a ajouté que, lorsqu’il est retourné au hameau, il a trouvé le corps du chef « avec une balle dans la tête ».

Le 23 juin, les combattants de l’EIS sont revenus à Abarkaize vers 1 heure du matin.

Un homme âgé de 59 ans a décrit l’attaque :

J’ai été réveillé par des tirs nourris et des cris de « Allah Akbar ». Je me suis immédiatement enfui dans la brousse avec ma famille.… Le lendemain matin, quand nous sommes retournés au hameau, nous avons constaté que cinq personnes étaient portées disparues. Nous avons commencé à les chercher jusqu’à ce que nous trouvions leurs corps, alignés les uns à côté des autres, à trois kilomètres d’Abarkaize. Ils avaient la gorge tranchée. Nous les avons enterrés dans une fosse commune et nous sommes partis.

Selon les habitants, les combattants ont tué les cinq hommes pour punir la communauté de ne pas avoir payé la zakat. Ils ont fourni une liste avec les noms des victimes, tous des hommes de l’ethnie zarma, âgés de 19 à 57 ans.

Des témoins ont indiqué que l’armée, qui dispose d’une base à Ayorou, à environ 25 kilomètres d’Abarkaize, n’a pas réagi à l’attaque et ne s’est pas non plus rendue au hameau après celle-ci. « L’armée n’est pas intervenue et, quand nous sommes arrivés à Ayorou, après avoir abandonné le hameau, les soldats nous ont même arrêtés et nous ont fouillés », a raconté l’homme de 45 ans. « Ils ne voulaient pas nous laisser passer parce qu’ils disaient que nous venions d’Abarkaize, qui est un hameau “plein de terroristes”. »

Ezzak, région de Tillabéri, 23 juin 2025

Le 23 juin, des combattants de l’EIS ont tué au moins six hommes civils dans le hameau d’Ezzak, ont pillé des maisons et en ont brûlé au moins neuf. Selon les habitants, cette attaque a été menée en représailles contre la communauté locale, dont les membres étaient accusés par l’EIS de collaborer avec l’armée.

Ezzak, un hameau peuplé de divers groupes ethniques, dont des Zarmas, des Tamasheqs et des Haoussas, se situe dans la commune rurale de Bankilaré, où l’EIS et le GSIM sont présents depuis au moins cinq ans. Les habitants ont indiqué que l’EIS contrôlait Ezzak, y avait imposé la charia (loi islamique) et collectait la zakat.

Des sources crédibles et les médias ont rapporté qu’en mars, en avril et en mai, l’armée nigérienne a mené plusieurs opérations de contre-insurrection, y compris des frappes aériennes, dans la zone de Bankilaré ciblant des positions de l’EIS. « C’est pour ça qu’ils nous ont attaqués », a expliqué un homme de 56 ans. « Ils nous ont accusés de fournir des informations sur leurs positions aux militaires. »

L’attaque d’Ezzak semblait faire partie d’une opération plus vaste de l’EIS dans la région de Bankilaré qui visait plusieurs hameaux, dont Tatararat, Tarjarmourghatt et Addas, provoquant la mort d’au moins 28 civils. Human Rights Watch n’a pas documenté ces attaques.

Un éleveur, âgé de 48 ans, a indiqué que, le 23 juin, il était dans son champ quand, vers 16 heures, il a vu un groupe d’hommes armés portant des turbans à bandes rouges se diriger vers son frère, qui était à environ 100 mètres de lui. Il a raconté :

Je pensais que les djihadistes allaient juste parler à mon frère.… Mais soudain j’ai vu mon frère faire des gestes et lever les mains en l’air … puis l’un des djihadistes a pointé sa Kalachnikov vers sa tête et a tiré. Mon frère est tombé et je me suis enfui. Les assaillants m’ont poursuivi en me tirant dessus, mais ils ne m’ont pas touché.

Un autre homme, âgé de 55 ans, a expliqué qu’il était chez lui lorsqu’il a entendu des coups de feu et des cris :

Je suis sorti et j’ai vu au loin un groupe de djihadistes tirer et crier « Allah Akbar ». Je me suis enfui aussi vite que possible avec beaucoup d’autres habitants. Nous avons passé la nuit dans la brousse, effrayés et désespérés … Nous pouvions voir de la fumée et des flammes s’échapper du hameau.

Des témoins ont confirmé que, lorsque l’attaque a commencé, tous les habitants ont fui vers la brousse voisine et ne sont revenus que le lendemain.

« Nous avons trouvé six corps, dont celui de mon frère », a raconté l’homme de 48 ans. « Quatre dans les champs et deux dans des maisons. Ils avaient tous été abattus d’une balle dans la tête …Nous avons creusé une fosse et placé tous les corps dedans avant d’abandonner le hameau. »

Les habitants ont fourni une liste avec le nom des six victimes, tous des hommes, âgés de 35 à 65 ans.

L’homme de 56 ans a expliqué que sa maison avait été pillée, comme toutes les autres maisons du hameau : « Ils ont tout pris, y compris la nourriture, et ont aussi brûlé au moins neuf huttes. »

Des témoins ont décrit que presque tous les habitants ont fui après l’attaque, cherchant un lieu sûr de l’autre côté de la frontière au Mali ou ailleurs au Niger. Ils ont précisé que l’armée nigérienne, qui dispose d’une base à Ayorou, à environ 25 kilomètres d’Ezzak, n’a pas réagi après l’attaque.

« Aucun soldat n’est venu nous aider », a indiqué l’homme de 55 ans. « Et pire encore, l’armée ne nous fait pas confiance. Ils nous considèrent comme des collaborateurs des djihadistes parce que nous vivons dans une zone sous leur contrôle. »

L’homme de 48 ans a expliqué :

Quand j’ai fui Ezzak, je suis allé à Ayorou avec ma famille, et des soldats nous ont arrêtés à un poste de contrôle et nous ont demandé où nous allions. Je leur ai répondu que mon frère avait été tué par les terroristes, que notre hameau avait été attaqué et que des gens avaient été massacrés. Mais les militaires m’ont dit que je mentais, que nous collaborons avec les terroristes et que, lorsque les choses ne se passent pas bien avec eux [les terroristes], nous partons espionner leurs positions pour l’armée. Quand ils m’ont dit ça, j’ai perdu tout espoir. Ils m’ont obligé à payer 20 000 francs CFA (35 USD) au point de contrôle pour pouvoir passer.

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