LePartisan.info À propos Podcasts Fil web Écologie Blogs Revues MÉDIAS
Human Rights Watch News
Souscrire à ce flux
Humans Right Watch enquête sur les violations des droits humains commises à travers le monde

Accès libre

▸ les 20 dernières parutions

26.08.2024 à 10:01

Gaza : Le blocage par Israël de l'aide humanitaire attise la flambée de polio

Human Rights Watch

Click to expand Image Des Palestiniens déplacés par l'offensive aérienne et terrestre israélienne marchaient près d’un amas de débris et d’une flaque d’eau contaminée par des déchets à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 4 juillet 2024.  © 2024 Jehad Alshrafi/AP Photo

(New York) – Les attaques menées par l’armée israélienne contre les infrastructures sanitaires et d’approvisionnement en eau à Gaza, ainsi que l’obstruction persistante de l’aide humanitaire, contribuent au risque d’une épidémie de polio potentiellement catastrophique sur ce territoire, La poliomyélite, ou polio, est une maladie virale évitable mais contagieuse qui se propage rapidement, en particulier chez les enfants de moins de cinq ans ; la polio peut entraîner des handicaps, notamment la paralysie, et la mort chez les enfants non vaccinés.

Play Video

Le 16 août 2024, le ministère palestinien de la Santé a confirmé le premier cas de polio à Gaza, contracté par un bébé de 10 mois non vacciné. Le même jour, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a signalé que trois enfants à Gaza présentaient des symptômes de paralysie flasque aiguë, laissant craindre une propagation du virus de la polio parmi les enfants sur ce territoire. Le 23 août, l’OMS a confirmé que le bébé de 10 mois était désormais paralysé. Ces cas sont apparus près d’un mois après que l’OMS a alerté qu’un type de poliovirus dérivé d’une souche vaccinale avait été détecté dans les eaux usées de Gaza.

« Si le gouvernement israélien continue de bloquer l’aide urgemment requise à Gaza, et d’y détruire les infrastructures d’eau et de gestion des déchets, il facilitera la propagation d’une maladie qui a été presque éradiquée à l’échelle mondiale », a déclaré Julia Bleckner, chercheuse senior sur les questions de santé et droits humains à Human Rights Watch. « Les partenaires d’Israël devraient faire pression sur le gouvernement pour qu’il lève immédiatement le blocus, et garantisse un accès humanitaire sans entrave à Gaza afin de permettre la distribution rapide de vaccins, pour y contenir la résurgence de la polio. »

Avant le cas de polio confirmé le 16 août, cette maladie n’avait pas été signalée en Palestine depuis plus de 25 ans, grâce à un programme de vaccination infantile efficace. Cependant, la destruction continue par Israël des établissements de soins de santé, des infrastructures d’eau et des systèmes d’assainissement à Gaza, ainsi que son obstruction à l’aide humanitaire, ont créé un « environnement parfait pour la propagation de maladies comme la polio », a averti le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.

La propagation du virus de la polio représente un risque important pour les centaines de milliers d’enfants de Gaza n’ayant peut-être pas été vaccinés depuis l’escalade des hostilités en octobre 2023, a déclaré Human Rights Watch. En 2022, le taux de vaccination contre la polio à Gaza avoisinait 99 %, soit un taux considéré comme « optimal ». Début 2024, ce taux était tombé à moins de 90 %.

Suite à de précédentes détections d’un type de polio dérivé d’une souche vaccinale dans les eaux usées de Gaza, les autorités étaient intervenues en lançant des campagnes de vaccination ciblées pour protéger les enfants. Mais le 27 juillet, le Dr Hamid Jafari, directeur du programme d’éradication de la polio à l’OMS pour la région de la Méditerranée orientale, a expliqué à Human Rights Watch que « l’impact sur le système de santé, l’insécurité, l’inaccessibilité, les déplacements de population et les pénuries de fournitures médicales ont contribué à réduire les taux de vaccination de routine ».

Suite du communiqué en anglais.

…………..

26.08.2024 à 06:00

Israël : Des professionnels de santé palestiniens ont été torturés

Human Rights Watch

Click to expand Image Une photo du centre de détention de la base militaire de Sde Teiman dans le désert du Negev en Israël, prise clandestinement, montre un détenu debout, les yeux bandés et les mains derrière la tête. Des professionnels de santé de Gaza, qui ont été détenus dans ce centre, ont expliqué qu’il s’agissait d’une punition parfois infligée par les soldats israéliens aux détenus palestiniens ayant parlé ou bougé sans autorisation. © 2024 Privé

(Jérusalem) – Les forces israéliennes ont détenu arbitrairement des professionnels de santé palestiniens à Gaza depuis le début des hostilités en octobre 2023, les ont transférés vers des centres de détention en Israël et les auraient torturés et maltraités, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. La détention de professionnels de santé dans le contexte des attaques répétées de l’armée israélienne contre les hôpitaux de Gaza a contribué à la dégradation catastrophique du système de santé de ce territoire assiégé.

Des médecins, infirmières et ambulanciers qui depuis ont été libérés ont décrit à Human Rights Watch les mauvais traitements subis lors de leur détention par les forces israéliennes, notamment l’humiliation, des coups, des positions de stress forcé, le fait d’être menottés et d’avoir les yeux bandés durant de longues périodes, et le refus de leur fournir des soins médicaux. Ils ont également évoqué des tortures, y compris des viols et des abus sexuels commis par les forces israéliennes, ainsi que les mauvaises conditions de détention pour l’ensemble des personnes détenues.

« Les mauvais traitements infligés par le gouvernement israélien aux personnels de santé palestiniens se poursuivent dans l’ombre, et doivent cesser immédiatement », a déclaré Balkees Jarrah, directrice par intérim de la division Moyen-Orient à Human Rights Watch. « La torture et les autres mauvais traitements subis par des médecins, des infirmières et des ambulanciers devraient faire l’objet d’une enquête approfondie, notamment par la Cour pénale internationale (CPI), et de sanctions appropriées. »

De mars à juin 2024, Human Rights Watch a mené des entretiens avec huit professionnels de santé palestiniens qui ont été emmenés par l’armée israélienne de Gaza vers Israël entre novembre et décembre 2023 ; ils y ont été détenus sans inculpation durant des périodes allant de sept jours à cinq mois. Six d’entre eux ont été arrêtés sur leur lieu de travail à la suite de sièges israéliens d’hôpitaux, ou lors d’évacuations d’hôpitaux qui avaient été coordonnées avec l’armée israélienne, ont-ils expliqué. Aucun d’entre eux n’a déclaré avoir été informé de la raison de sa détention, ou inculpé d’une infraction. Human Rights Watch a également recueilli les témoignages de sept personnes qui ont vu des soldats israéliens arrêter des professionnels de santé, alors qu’ils travaillaient.

Le 13 août, Human Rights Watch a transmis à l’armée israélienne et aux services pénitentiaires israéliens un courrier détaillant ses constatations préliminaires, mais n’a pas reçu de réponse à ce jour.

Tous les professionnels de santé avec qui Human Rights Watch s’est entretenu ont fait des récits similaires au sujet des mauvais traitements subis lors de leur détention par les forces israéliennes. Après avoir été appréhendés à Gaza, ils ont été déportés vers des centres de détention en Israël, notamment la base militaire de Sde Teiman dans le désert du Néguev et la prison d’Ashkelon, ou transférés de force vers la base militaire d’Anatot (près de Jérusalem-Est) et le centre de détention d’Ofer en Cisjordanie occupée. Tous ont déclaré avoir été forcés à se déshabiller, battus et contraints d’avoir les yeux bandés et les mains menottées, dans plusieurs cas pendant des semaines d’affilée ;  ils ont aussi dit avoir subi des pressions pour avouer leur appartenance au mouvement Hamas, sous la menace de détention illimitée, de viol ou du meurtre de leurs familles à Gaza.

Le ministère de la Santé de Gaza a signalé le 8 juillet que les forces israéliennes avaient arrêté au moins 310 professionnels de santé palestiniens depuis le 7 octobre. L’organisation non gouvernementale Healthcare Workers Watch-Palestine a documenté 259 détentions de professionnels de la santé, et a recueilli 31 témoignages décrivant des actes de torture et d’autres abus commis par les autorités israéliennes. Parmi ces abus figuraient le recours à des positions douloureuses, la privation de nourriture et d’eau adéquates, des menaces de violences sexuelles et de viol, et des traitements dégradants. Healthcare Workers Watch-Palestine a aidé Human Rights Watch à mener des entretiens avec des professionnels de santé libérés.

La détention arbitraire prolongée et les mauvais traitements infligés aux professionnels de santé ont aggravé la crise sanitaire à Gaza, a déclaré Human Rights Watch.  Depuis le 7 octobre, plus de 92 000 personnes ont été blessées à Gaza, et les hôpitaux encore opérationnels disposent de moins de 1 500 lits ; néanmoins, les autorités israéliennes n’ont autorisé que 35 % des quelque 14 000 personnes ayant demandé une évacuation médicale à quitter Gaza, a signalé l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 5 août.

Les témoignages des professionnels de santé concordent avec ceux recueillis pour d’autres rapports indépendants, notamment les rapports publiés par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) et par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Les témoignages sont également semblables a ceux publiés par des médias israéliens et des organisations israéliennes de défense des droits humains, qui évoquent des dizaines de cas de détention au secret, de passages à tabac, de violences sexuelles, d’aveux forcés, d’électrocution et d’autres actes de torture et d’abus contre des Palestiniens détenus par les forces israéliennes.

Click to expand Image Le Dr Khalid Hamoudeh (avec une couverture bleue, à gauche) et le Dr Wadee Qasem (torse nu), qui travaillaient à l'hôpital Kamal Adwan à Beit Lahia dans le nord de Gaza, figuraient parmi les personnes détenues suite à une opération militaire israélienne en décembre 2023. Derrière eux, d’autres professionnels de santé détenus, des civils déplacés et des proches de patients étaient rassemblés dans une fosse.  © 2023 Channel 12 via journalist Nir Debori/Telegram

Le 3 juin, le journal israélien Haaretz a indiqué que l’armée israélienne menait des enquêtes criminelles sur les décès de 48 Palestiniens, survenus dans des centres de détention israéliens depuis le 7 octobre. Parmi ces personnes figuraient le Dr Adnan al-Bursh, qui était chirurgien et chef du service d’orthopédie de l’Hôpital al-Shifa à Gaza, et le Dr Eyad al-Rantisi, qui dirigeait le centre de santé pour femmes à l’Hôpital Kamal Adwan à Beit Lahia.

L’Article 3 commun aux quatre Conventions de Genève de 1949, applicable aux hostilités entre Israël et les groupes armés palestiniens, stipule que « les personnes qui ne participent pas directement aux hostilités… seront en toutes circonstances traitées avec humanité ». Les « traitements cruels, torture et supplices » et « les atteintes à la dignité des personnes, notamment les traitements humiliants et dégradants » sont interdits en toutes circonstances. Les blessés et les malades « seront… soignés ».

L’Article 49 de la Quatrième Convention de Genève, applicable aux territoires occupés, interdit « les transferts forcés, en masse ou individuels, ainsi que les déportations de personnes protégées hors du territoire occupé dans le territoire de la Puissance occupante […] quel qu'en soit le motif ».

Les violations graves de l’Article 3 commun aux quatre Conventions de Genève, et de l’Article 49 de la Quatrième Convention de Genève, commises avec une intention criminelle, constituent des crimes de guerre.

Communiqué complet en anglais en ligne ici.

………..

23.08.2024 à 20:45

Myanmar : Les Rohingyas confrontés à de nouvelles atrocités

Human Rights Watch

Click to expand Image Des Rohingyas ayant fui le Myanmar marchaient vers un camp réfugiés à Teknaf, au Bangladesh, le 13 septembre 2017. © 2017 Md. Mehedi Hasan/Pacific Press/Sipa USA via AP Photo

(Bangkok) – Au Myanmar, les musulmans rohingyas sont confrontés aux menaces les plus graves depuis 2017, lorsque l’armée de ce pays a mené une vaste campagne de massacres, de viols et d’incendies criminels dans l’État de Rakhine, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Le 25 août 2024 marquera le septième anniversaire du début des crimes contre l’humanité et des actes de génocide perpétrés par l’armée, qui ont forcé plus de 750 000 Rohingyas à fuir vers le Bangladesh.

Au cours des derniers mois, l’armée du Myanmar et l’Armée d’Arakan, un groupe armé composé de membres de l’ethnie Rakhine, ont commis des massacres, des incendies criminels et des opérations d’enrôlement forcé ciblant les communautés rohingyas dans l’État de Rakhine. Le 5 août, près de 200 personnes auraient été tuées à la suite de frappes de drones et de bombardements sur des civils fuyant les combats dans la ville de Maungdaw, près de la frontière avec le Bangladesh, selon des témoins rohingyas. Environ 630 000 Rohingyas vivent toujours au Myanmar, sous un système d’apartheid qui les rend particulièrement vulnérables face à la reprise des combats.

« Les Rohingyas vivant dans l’État de Rakhine subissent des exactions qui rappellent tragiquement les atrocités commises par l’armée du Myanmar en 2017 », a déclaré Elaine Pearson, directrice de la division Asie à Human Rights Watch. « Une fois de plus, les forces armées chassent des milliers de Rohingyas de chez eux en commettant des meurtres et des incendies, les laissant sans aucun endroit sûr où se réfugier. »

Le conflit a déplacé plus de 320 000 personnes dans l’État de Rakhine et dans le sud de l’État de Chin depuis novembre 2023. Dans le même temps, la junte a intensifié son blocage de l’aide humanitaire, avec des conséquences parfois fatales ; il s’agit d’une forme de punition collective, ce qui constitue une violation du droit international humanitaire et enfreint la résolution de 2022 du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi que le consensus en cinq points de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), de 2021.

Au Bangladesh, environ un million de réfugiés rohingyas sont confrontés à des conditions de plus en plus difficiles dans les camps de Cox’s Bazar, dans un contexte de violence croissante commise par des groupes armés et des gangs criminels. Rien qu’en août, des membres de l’Organisation de solidarité avec les Rohingyas et de l’Armée du salut des Rohingyas d’Arakan ont signalé des meurtres, des enlèvements, des recrutements forcés, des actes d’extorsion et des vols. Les autorités bangladaises ne fournissent pas aux réfugiés rohingyas l’accès à la protection, à l’éducation, aux moyens de subsistance et à la liberté de mouvement dont ils ont besoin.

En juillet, la Cour internationale de justice (CIJ) a accepté les interventions de sept gouvernements dans l'affaire opposant la Gambie au Myanmar en vertu de la Convention sur le génocide. Les audiences sur le fond de l'affaire auront probablement lieu en 2025. Par ailleurs, la Cour pénale internationale (CPI) mène actuellement une enquête sur cette situation, bien que sa compétence soit limitée aux crimes présumés commis au Bangladesh, un pays membre de la CPI.

Communiqué complet disponible en anglais.

…………..

22.08.2024 à 06:30

RD Congo : Deux activistes ayant critiqué l’état de siège ont été arrêtés

Human Rights Watch

Click to expand Image Une voiture de police lourdement armée traverse Goma, en Republique démocratique du Congo, le 4 septembre 2019. © 2019 Kay Nietfeld/picture alliance via Getty Images

(Nairobi) – Deux défenseurs des droits humains qui tenaient une conférence de presse pour critiquer l’état de siège dans deux provinces de l’est de la République démocratique du Congo sont détenus sans inculpation depuis le 1er août 2024, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Jack Sinzahera, âgé de 35 ans, membre du mouvement citoyen Amka Congo (« Réveille-toi Congo » en français), est un militant de longue date qui plaide activement pour la levée de l’état de siège imposé dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Gloire Saasita, âgée de 27 ans, est membre du mouvement citoyen Génération Positive, qui lutte pour la défense des droits humains en RD Congo. Aucun des deux n’a été traduit devant une autorité judiciaire compétente, ce que le droit congolais requiert dans les 48 heures suivant une arrestation. Le gouvernement devrait immédiatement les libérer.

« Human Rights Watch est extrêmement inquiet pour la sécurité des activistes Jack Sinzahera et Gloire Saasita », a déclaré Carine Kaneza Nantulya, directrice adjointe de la division Afrique à Human Rights Watch. « Les autorités congolaises devraient les libérer et cesser d’utiliser l’état de siège pour réprimer les droits à la liberté d’expression et d’association. »

Ces arrestations ont eu lieu à un moment où le conflit armé dans l’est de la RD Congo s’est intensifié ; les rebelles du M23, un groupe soutenu par le Rwanda, continuent de s’emparer de territoires autour de Goma. L’administration du président Félix Tshisekedi, qui a été réélu en décembre 2023, a proclamé l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri en mai 2021. L’armée s’est substituée aux autorités civiles dans les deux provinces depuis, et à ce jour l’état de siège n’a toujours pas été levé.

Des militants des mouvements citoyens présents à la conférence de presse du 1er août 2024 ont dit à Human Rights Watch que vers 10h45 du matin, alors que Jack Sinzahera et Gloire Saasita se trouvaient dans le stade de basketball de l’Institut Supérieur de Commerce de Goma et donnaient séparément des interviews à des journalistes, des hommes en tenue civile sont venus vers eux. Les militants ont expliqué les avoir reconnus comme étant de la police de renseignement (P2) de la ville de Goma.

Les militants ont raconté qu’un des hommes a dit à Jack Sinzahera qu’ils étaient venus l’arrêter et qu’un autre a dit à Gloire Saasita : « Comme tu te couvres du drapeau du pays et que tu es patriote, alors toi aussi viens tu vas t’expliquer après. » Les hommes ont embarqué les deux militants dans un véhicule privé et sont partis.

Un membre de la famille ainsi qu’un défenseur des droits humains basé à Kinshasa, la capitale congolaise, ont dit à Human Rights Watch que le 10 août, les deux militants ont été transférés à la Direction Générale de Renseignement (DGR) à Kinshasa. Les familles ont déclaré que les autorités ne leur avaient pas donné de motif pour les arrestations.

Un militant de Goma a dit qu’il avait pu rendre visite une fois aux deux activistes détenus, après avoir payé une somme d’argent aux gardes. Il a déclaré que Jack Sinzahera et Gloire Saasita avaient révélé lors de cette visite qu’ils avaient été arrêtés pour avoir critiqué l’état de siège.

Human Rights Watch a fait état dans le passé de l’utilisation de l’état de siège par l’armée et la police pour restreindre la liberté d’expression, utiliser une force mortelle lors de manifestations pacifiques, et arbitrairement arrêter et juger des militants, des journalistes et des membres de l’opposition politique.

Le 2 avril 2022, Mwamisiyo Ndungo, un militant membre de Lucha, une organisation qui lutte pour la protection des droits et des libertés en RD Congo, a été arrêté et plus tard condamné à 5 ans de prison pour avoir critiqué l’état de siège sur son compte X (ex-Twitter). Ces énièmes arrestations mettent en lumière l’intolérance du gouvernement à l’égard des voix critiques de l’état de siège au Nord-Kivu, a déclaré Human Rights Watch.

En vertu de l’Ordonnance portant sur l’état de siège, les autorités militaires sont habilitées à interdire des réunions considérées comme  « de nature à … porter atteinte à l’ordre public », et à arrêter quiconque pour « troubles … de l’ordre public » . Les civils sont jugés par des tribunaux militaires, ce qui est contraire aux obligations de la RD Congo d’assurer le droit à une procédure et un procès équitable en vertu du droit international des droits humains.

En vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel la RD Congo est un État partie, certains droits peuvent être suspendus lors d’un état d’urgence comme un état de siège, mais celui-ci doit être mis en place « dans la stricte mesure ou la situation l’exige » et être légal, nécessaire et proportionné. La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, que la RD Congo a ratifié, n’autorise en aucun cas la suspension de l’application de ses dispositions.

« Les arrestations de Jack Sinzahera et de Gloire Saasita semblent être liées à leurs critiques de l’état de siège », a déclaré Carine Kaneza Nantulya. « Le gouvernement congolais devrait s’assurer que l’état de siège n’est pas utilisé pour réprimer des droits fondamentaux, et il devrait trouver des mesures effectives pour résoudre les problèmes sécuritaires au Nord-Kivu. »

21.08.2024 à 06:30

Burkina Faso : La conscription est utilisée pour punir des procureurs et des juges

Human Rights Watch

Click to expand Image Le leader du coup d'État au Burkina Faso, capitaine Ibrahim Traoré, participe à une cérémonie dans la capitale, Ouagadougou, le 15 octobre 2022. © 2022 AP Photo/Kilaye Bationo, File

(Nairobi) – Les autorités militaires du Burkina Faso utilisent de façon abusive une loi d’urgence afin d’enrôler illégalement des magistrats – procureurs et juges – qui ont lancé des procédures judiciaires à l’encontre de partisans de la junte, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Ces conscriptions récentes ont eu lieu sur fond de répression croissante de la junte burkinabè contre les dissidents, les journalistes, les défenseurs des droits humains et les opposants politiques.

Entre le 9 et le 12 août 2024, les forces de sécurité burkinabè ont notifié par téléphone au moins sept magistrats, dont quatre procureurs, deux procureurs adjoints et un juge d’instruction, au sujet de leur conscription pour participer aux opérations de sécurité du gouvernement contre les groupes armés islamistes à Kaya, dans la province du Sanmatenga, du 14 août au 13 novembre. Le 14 août, six magistrats se sont présentés à une base militaire de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, en réponse à leur notification, et sont portés disparus depuis, selon deux sources judiciaires.

« La junte au Burkina Faso ne trompe personne en enrôlant de force dans l’armée des procureurs qui poursuivent en justice ses partisans », a indiqué Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel à Human Rights Watch. « Les autorités devraient immédiatement révoquer ces avis de conscription illégitimes. »

Les autorités militaires affirment que les ordres de conscription sont autorisés dans le cadre de la « mobilisation générale » du 13 avril 2023, qui s’inscrit dans un plan de reconquête des territoires perdus au profit des groupes armés islamistes, qui contrôlent de vastes étendues du Burkina Faso. Le plan vise à créer un « cadre juridique pour toutes les actions » à mener contre les insurgés et confère au président des pouvoirs étendus pour combattre l’insurrection, y compris la réquisition de personnes et de biens et la restriction des libertés civiles.

Le 13 août, un tribunal de Bobo-Dioulasso, dans l’ouest du Burkina Faso, a jugé que les ordres de réquisition de deux des sept magistrats, originaires de cette ville, étaient « manifestement illégaux » et violaient « les libertés fondamentales des personnes concernées », et a ordonné au gouvernement de ne pas les appliquer.

Dans une déclaration du 15 août, une coalition de trois syndicats de magistrats burkinabè a expliqué que les autorités ciblaient les sept magistrats parce que ceux-ci traitaient d’affaires impliquant des personnes « se réclamant être des soutiens indéfectibles du pouvoir en place ». L’intersyndicale a également déclaré que « [c]es réquisitions ne sont ni plus ni moins que des actes d’humiliation et d’intimidation des magistrats » et qu’elles sont exécutées « au forceps en dépit de décisions juridictionnelles les ayant déclarées nulles ».

Les sources judiciaires ont expliqué que parmi les personnes visées par les ordres de conscription figure le procureur du Tribunal de grande instance de Ouagadougou, qui avait chargé la police d’enquêter sur les plaintes d’habitants concernant les disparitions forcées de leurs proches.

« Les autorités agissent en dehors de tout cadre légal », a commenté un avocat qui a assisté le procureur du Tribunal de grande instance de Ouagadougou dans les procédures visant des personnes soupçonnées d’être impliquées dans ces disparitions forcées. « Même la loi d’urgence de 2023 est claire : vous ne pouvez enrôler des personnes que lorsque c’est nécessaire, et personne ne peut expliquer en quoi la conscription d’un magistrat pour l’envoyer au front est nécessaire. » L’avocat a ajouté qu’il n’avait pas encore reçu d’ordre de conscription, mais qu’il craignait d’en recevoir un bientôt.

D’après la déclaration de l’intersyndicale des magistrats, parmi les sept magistrats ayant reçu un avis de conscription figurent également le juge du Tribunal de grande instance de Ziniaré, dans la province de l’Oubritenga, qui instruit l’affaire d’un partisan de la junte impliqué dans des activités minières illégales ayant conduit à un glissement de terrain qui a tué environ 60 personnes, et le procureur du Tribunal de grande instance de Boromo, dans la province de Balé, qui avait chargé la police d’enquêter sur le vol présumé de bétail par un allié de la junte et des auxiliaires civils des forces armées burkinabè.

Human Rights Watch a documenté de manière détaillée l’utilisation illégale de la conscription pour faire taire la dissidence, ainsi que les enlèvements et les disparitions forcées de dizaines de détracteurs du gouvernement et de dissidents depuis la fin de l’année 2023.

Adama Bayala, chroniqueur de l’émission de télévision « Presse Échos » sur la chaîne de télévision privée BF1, est porté disparu depuis qu’il a quitté son bureau à Ouagadougou le 28 juin. Quelques jours auparavant, il avait été menacé dans un message posté sur la page Facebook pro-junte « Anonymous Élite Alpha », l’avertissant qu’il « sera[it] le prochain », en référence à des enlèvements antérieurs de journalistes et de dissidents.

Le 24 juin, des hommes armés prétendant travailler pour les services de renseignements ont enlevé Serge Oulon, directeur de la publication bimensuelle L’Événement, à son domicile à Ouagadougou. En décembre 2022, Serge Oulon avait écrit un article dénonçant le détournement présumé par un capitaine de l’armée d’environ 400 millions de francs CFA (environ 678 000 dollars US, ou 610 000 euros) qui faisaient partie d’un budget alloué au financement des auxiliaires civils.

Le 18 juin, Kalifara Séré, chroniqueur de l’émission télévisée « 7Infos » sur la chaîne BF1, a été porté disparu après avoir quitté une réunion avec le Conseil supérieur de la communication, organisme de régulation des médias au Burkina Faso, pour retourner à son bureau à Ouagadougou. Des personnes proches de Kalifara Séré ont expliqué à Human Rights Watch que le Conseil l’avait interrogé au sujet de sa chronique télévisée du 16 juin dans laquelle il avait exprimé des doutes quant à l’authenticité de certaines photographies montrant le chef de l’État. Les trois hommes sont toujours portés disparus, et les autorités n’ont divulgué aucune information sur le lieu où ils se trouvent.

En février, Human Rights Watch a fait état de six autres cas possibles de conscriptions illégales d’activistes et de membres de partis d’opposition. Il s’agit de Rasmané Zinaba et Bassirou Badjo, tous deux membres du groupe de la société civile Balai citoyen ; Guy Hervé Kam, avocat réputé et coordinateur du groupe politique Servir Et Non se Servir (SENS) ; Ablassé Ouédraogo, président du parti d’opposition Le Faso Autrement ; Daouda Diallo, éminent défenseur des droits humains et secrétaire général du Collectif contre l’Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC) ; et Lamine Ouattara, membre du Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP). Au moins quatre d’entre eux semblent avoir été enrôlés illégalement dans l’armée.

Le 6 décembre 2023, un tribunal de Ouagadougou avait jugé que les ordres de conscription concernant Rasmané Zinaba et Bassirou Badjo étaient illégaux et avait ordonné aux autorités de les suspendre, mais les deux hommes ont néanmoins été obligés d’obéir à ces ordres.

Même si les gouvernements sont habilités à conscrire des membres de la population civile âgés de 18 ans et plus pour la défense nationale, la conscription doit être autorisée et être conforme au droit national. La loi sur la conscription doit être appliquée de façon à ce que le conscrit potentiel soit informé de la durée du service militaire et qu’il ait la possibilité de contester l’obligation de servir à ce moment-là. La conscription doit également être effectuée conformément à des normes compatibles avec la non-discrimination et l’égalité devant la loi. Le recours à la conscription motivée par des raisons politiques viole les normes internationales en matière de protection des droits humains.

« La junte au Burkina Faso semble avoir peu de scrupules à s’ingérer dans le processus judiciaire pour protéger ses partisans des poursuites », a conclu Ilaria Allegrozzi. « La junte devrait immédiatement cesser d’utiliser la conscription pour faire taire la dissidence, et respecter l’indépendance du système judiciaire. »

…………

Articles

Libération      VOA Afrique

20.08.2024 à 20:37

Iran : Hausse alarmante du nombre d’exécutions

Human Rights Watch

Click to expand Image Les ombres d'un policier iranien et d'un nœud coulant étaient visibles sur le sol peu avant une pendaison à Téhéran, en 2005.  © 2005 Reuters

(Beyrouth, le 20 août 2024) – Les autorités iraniennes auraient exécuté au moins 87 personnes au cours des quatre semaines qui ont suivi l’élection présidentielle tenue fin juin et début juillet, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Parmi les personnes exécutées figurait Reza (Gholamreza) Rasaei, un homme kurde arrêté lors des manifestations tenues en 2022 à travers le pays avec le slogan « Femme, vie, liberté », suite à la mort en détention de Mahsa Jina Amini, 22 ans.

Play Video

L’organisation non gouvernementale Iran Human Rights a signalé qu’en plus de la vague d’exécutions post-électorales, les autorités ont exécuté 29 détenus dans deux prisons, dans la matinée du 7 août. Il s’est agi de 26 personnes exécutées à la prison de Ghezel Hesar, et de trois personnes qui étaient détenues à la prison centrale de Karaj. Les 26 prisonniers exécutés avaient été reconnus coupables de « meurtre prémédité » (dans 17 cas), de délits liés à la drogue (dans 7 cas) et de « viol » (dans les cas de 2 ressortissants afghans). Cependant, Human Rights Watch a documenté depuis de nombreuses années de graves violations des procédures régulières et des procès inéquitables, devant des tribunaux iraniens.

« Les autorités iraniennes se livrent à une série choquante d’exécutions, tout en évoquant la récente élection présidentielle comme preuve d’un vrai changement », a déclaré Nahid Naghshbandi, chercheuse par intérim sur l’Iran à Human Rights Watch. « Mais pour que les slogans de la récente campagne aient un véritable sens, le nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian, devrait intervenir d’urgence pour annuler les condamnations à mort déjà prononcées, instaurer un moratoire sur la peine capitale, et prendre des mesures pour réformer le système judiciaire. »

Le gouvernement iranien a depuis longtemps largement recours à la peine de mort, y compris en réponse à des manifestations au cours desquelles les personnes poursuivies et exécutées ne faisaient qu’exercer leurs droits fondamentaux à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Human Rights Watch s’oppose à l’utilisation de la peine de mort en toutes circonstances, en raison de sa cruauté intrinsèque.

L’agence de presse des militants des droits humains iraniens (HRANA) a rapporté que les autorités ont exécuté Reza Rasaei le 6 août à la prison de Dizelabad, à Kermanshah, sans avertir au préalable sa famille, ni leur autoriser une dernière réunion. 

Suite du communiqué en anglais.

………….

Articles

RTL.be

18 / 20
  GÉNÉRALISTES
Basta
Blast
L'Autre Quotidien
Alternatives Eco.
La Croix
Euronews
Le Figaro
France 24
FTVI
HuffPost
L'Humanité
LCP / Public Senat
Le Media
Le Monde
Libération
Mediapart
La Tribune
 
  EUROPE
Courrier Europe Centle
Euractiv
Toute l'Europe
 
  INTERNATIONAL
Equaltimes
CADTM
Courrier International
Global Voices
Info Asie
Inkyfada
I.R.I.S
Jeune Afrique
Kurdistan au féminin
N-Y Times
Orient XXI
Of AFP
Rojava I.C
 
  OSINT / INVESTIGATION
OFF Investigation
OpenFacto°
Bellingcat
Disclose
G.I.J.N
 
  MÉDIAS D'OPINION
AOC
Au Poste
Cause Commune
CrimethInc.
Issues
Les Jours
Le Monde Moderne
LVSL
Marianne
Médias Libres
Quartier Général
Rapports de force
Reflets
Rézo
StreetPress
 
  OBSERVATOIRES
Armements
Acrimed
Catastrophes naturelles
Conspis
Culture
Extrême-droite
Human Rights
Inégalités
Information
Internet actu ✝
Justice fiscale
Liberté de création
Multinationales
Situationnisme
Sondages
Street-Médics
Routes de la Soie
Vrai ou Fake ?
🌓