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04.06.2024 à 16:18

Nouvelle-Calédonie : Retrouver la paix civile et aller vers l’émancipation

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  Nouvelle-Calédonie 

 Retrouver la paix civile et aller vers l’émancipation Marina Mesure par Philippe STIRNWEISS ©European Union 2024 - Source EP

Par Bastien Lachaud - Le Journal de l'insoumission n°1786 (juin 2024)

 

La crise que connaît ces derniers jours la Nouvelle-Calédonie a mis en lumière une situation peu connue dans l’hexagone. Inscrite sur la liste des territoires non-autonomes de l’ONU, la Nouvelle-Calédonie vit une situation coloniale depuis sa prise de possession par la France en 1853. Une colonie de peuplement y a été organisée. Encore en 1972, Messmer incitait à l’installation pour empêcher toute indépendance. Mais en 1988, l’existence d’un peuple premier, le peuple Kanak, a été également reconnue par le peuple français par le référendum.
Il y a 40 ans, ce qu’on appelle pudiquement les « événements », ensanglantaient la Nouvelle-Calédonie. Cette guerre civile s’est achevée par le massacre de la grotte d’Ouvéa en 1988. Les accords de Matignon-Oudinot, signés en 1988, ont rétabli la paix civile. 10 ans plus tard, l’accord de Nouméa prévoit les modalités de la décolonisation, l’élaboration d’une citoyenneté calédonienne et une organisation politique et des transferts de compétences irréversibles. 3 référendums d’accès à l’indépendance sont prévus.Même si le non l’emporte, le statut issu de l’accord de Nouméa demeure jusqu’à ce qu’un nouvel accord ait lieu au consensus. La Constitution le garantit.
Le gouvernement porte l’entière et écrasante responsabilité de la situation. C’est lui qui a rompu le consensus en imposant la date du 3e référendum, contre l’avis des indépendantistes qui ont appelé à ne pas y participer et n’en reconnaissent pas le résultat. C’est Macron qui a nommé au gouvernement une non-indépendantiste, rompant avec l’impartialité de l’État.
En quelques jours, le passage en force pour dégeler unilatéralement le corps électoral pour les élections provinciales a remis en cause presque 40 ans de paix civile. 6 morts sont déjà à déplorer, des centaines de blessés, et des dégâts matériels considérables. Le plus terrible est que rien dans la crise actuelle n’était imprévisible. Le gouvernement avait été avisé des conséquences de son entêtement. Les mêmes causes ont produit les mêmes effets. Car c’est toujours sur les vieilles cicatrices que se rouvrent les nouvelles blessures.
Tout ce qui avait permis la paix, consensus et impartialité de l’État, a volé en éclat avec la méthode macroniste de la brutalité et du passage en force.
Au lieu de résoudre la crise qu’il a lui-même créée, le gouvernement jette de l’huile sur le feu en menant une répression féroce, qui risque d’entraîner le pays
dans une spirale de la violence aux conséquences incalculables. Ce n’est pas un ordre républicain qu’il veut maintenir, c’est un ordre colonial.
La révolte contre le dégel unilatéral du corps électoral ne s’arrêtera pas avec la répression. L’issue de cette crise ne peut être que politique. Il faut que le gouvernement fasse un geste fort pour l’apaisement : il doit renoncer à convoquer le Congrès de Versailles, reconnaître l’irréversibilité des accords de Nouméa et envoyer une mission de dialogue. C’est en Nouvelle-Calédonie que les Calédonien·nes pourront définir la forme que prendra leur destin commun.
Personne ne veut du gel perpétuel du corps électoral : ça n’aurait aucun sens. Mais ce dégel doit prendre place dans un accord global sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, qui définira la voie de son émancipation, quelle qu’elle soit, mais aussi luttera contre les inégalités criantes issues de la colonisation.

 

Perceval Gaillard, député de la 7ème circonscription de La Réunion, Sophia Chikirou, députée de la 6ème circonscription de Paris, Jean-Hugues Ratenon, député de la 5ème circonscription de La Réunion et Bastien Lachaud, député de la 6ème circonscription de Seine-Saint-Denis lors d’une manifestation en soutien au peuple Kanak , en lutte contre le colonialisme.

06.05.2024 à 18:46

LE MARCHÉ DE L'ÉLECTRICITÉ

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Marina Mesure par Philippe STIRNWEISS ©European Union 2024 - Source EP

   Le marché de l’électricité  

Par Séverine Véziès - Le Journal de l'insoumission n°1785 (MAI 2024)

 

Le 11 avril, la réforme du marché de l’énergie a été adoptée au Parlement européen. Nous sommes allés à la rencontre de Marina Mesure, eurodéputée insoumise, membre de la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie.
Elle nous livre les enjeux, les conséquences de ce vote et son analyse sur la situation du marché de l’électricité en Europe et en France.
En 2022, en pleine crise des prix de l’électricité, Ursula Van der Leyen, la présidente de la Commission européenne, annonçait vouloir réformer le marché européen de l’électricité. En effet, c’est le fonctionnement absurde du marché qui a provoqué l’explosion des factures d’électricité. Les directives européennes imposent que l’électricité soit soumise à concurrence et vendue sur un marché où son prix est déterminé par le prix de la centrale la plus chère à faire fonctionner, le plus souvent une centrale à gaz. Le gaz détermine donc souvent le prix de l’électricité française alors que les centrales à gaz produisent moins de 10 % de l’électricité du pays ! La seule justification de ce système aberrant est d’assurer des profits records aux énergéticiens.
Et pour remplir les poches des actionnaires de TotalEnergies ou Engie, ça fonctionne ! Ils ont engrangé plus de 40 milliards d’euros de profits nets entre 2022 et 2023, alors même que les coûts de production de l’électricité n’ont presque pas bougé depuis des décennies. Pendant ce temps-là, des milliers de familles dans notre pays n’avaient même pas les moyens de se chauffer. De très nombreuses entreprises ont fait faillite, notamment dans le secteur de l’artisanat, en particulier parmi les boulangers qui doivent faire fonctionner des fours très énergivores. Ça a aussi été catastrophique pour les collectivités qui ont dû couper dans leurs services publics (éclairage public, ouverture des piscines, aide sociale...) pour payer leurs factures. Et l’État français a déboursé 37 milliards d’euros pour éponger les profits record des énergéticiens. Cette gabegie représente plus de la moitié du budget annuel de l’éducation nationale !
J’ai été désignée rapporteuse pour le groupe de la gauche au Parlement européen pour négocier cette réforme cruciale pour le niveau de vie des ménages, les finances publiques, la réindustrialisation et la transition énergétique.
Mon objectif était simple : permettre aux États de sortir l’électricité du marché en recréant un grand service public de l’énergie, et assurer que le prix de vente de l’électricité corresponde de nouveau à son coût. Cela n’a rien d’utopique : il s’agit de revenir au système qui prévalait avant la libéralisation. À défaut, je proposais également de renforcer la taxation des superprofits, d’étendre les tarifs réglementés ou encore de créer un mécanisme qui assure aux ménages de pouvoir se chauffer même en cas d’impayé.
Dès les premières réunions de négociation, j’ai compris que j’allais être seule à défendre ces propositions. Nous avons bataillé sans relâche, avec l’appui des syndicats et d’experts du secteur mais le résultat des négociations a été désastreux. La réforme ne contient rien pour mettre fin à l’alignement du prix de l’électricité sur celui du gaz et rien sur la planification de nouveaux moyens de production électrique. La réforme acte la fin des tarifs réglementés et de la taxe européenne sur les superprofits et permet aux plus grandes entreprises de privatiser l’électricité la moins chère à produire. Le seul espace laissé à la puissance publique concerne un prix d’achat garanti aux producteurs d’électricité pour les protéger eux, et non les usagers, contre les fluctuations du marché. En somme, cette réforme n’a fait que mettre sur papier les demandes des lobbies des énergéticiens.
Du côté du Conseil, le gouvernement français n’a rien fait d’autre qu’assurer que l’État pourra massivement payer le programme « tout nucléaire » de Macron.
À l’heure du vote final sur l’accord au Parlement, les masques sont tombés : la FI a été le seul mouvement politique français à avoir voté contre la réforme du marché de l’électricité.
Si je suis de nouveau élue, je ferai de la création d’un grand service public de la production et de la vente de l’électricité une des priorités de mon prochain mandat, pour qu’enfin le peuple retrouve la maîtrise de ce bien essentiel. Je sais de nombreux syndicats, activistes et citoyens engagés sur ce sujet pour accompagner la lutte partout en France et en Europe. Le combat continue !

06.05.2024 à 18:41

Œuvrer pour la paix

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 Œuvrer pour la paix 

Par Paul BRICE - Le Journal de l'insoumission n°1785 (MAI 2024)

À l’heure où les tensions internationales s’exacerbent, le maintien ou le rétablissement de la paix sont un mot d’ordre essentiel. Agression de la Russie en Uk

raine ; guerre à Gaza comportant un risque de génocide ; invasion du Haut-Karabagh par l’Azerbaïdjan ; guerre en République démocratique du Congo qui compte des millions de morts depuis plus de vingt ans et sept millions de personnes toujours déplacées ; recrudescence des manœuvres autour de Taïwan etc. : les tensions et conflits de tous types se multiplient.
Les causes, diverses, se combinent : volonté expansionniste, appropriation de matières premières et volonté de contrôle des routes commerciales, sur fond de crise permanente de la mondialisation capitaliste, vision idéologique de l’histoire dans une veine nationaliste et guerrière. Cette montée des tensions met au défi les cadres de sécurité collectifs bâtis après la Seconde Guerre mondiale. Face à la compétition généralisée portant la guerre en son sein, il faut se battre pour la paix, au nom de l’intérêt général humain rejoignant ici celui de la France.
Cette montée des tensions apparaît de façon flagrante en Ukraine. L’intensité du conflit, existant depuis 2014, a été décuplée à la suite de l’invasion russe de février 2022. Au nom d’un nationalisme néo-impérial, le pouvoir russe a fait le choix de la guerre, et entraîné une polarisation ne faisant que renforcer les appels au réalignement dans l’alliance militaire de l’Otan.
À ce jour, le front est presque figé. La guerre est rentrée dans une phase d’attrition où les gains territoriaux sont minimes. L’Ukraine, confrontée à un important manque de matériel et de munitions, est suspendue à l’élection étatsunienne où pèse la menace de l’élection de Donald Trump. Celui-ci a annoncé qu’il ne « donnera pas un centime » à Kiev.
En France la guerre en Ukraine est donc devenue un thème central de campagne des élections européennes. Les escalades verbales va-t’en-guerre se multiplient. Emmanuel Macron a évoqué la possibilité d’envoi de « troupes au sol » en Ukraine. En faisant une telle annonce sans concertation avec les alliés de la France, qui se sont tous désolidarisés, il a affaibli la position de la France. Les mots ont un sens. Jamais dans l’histoire de la guerre froide, et depuis, des États dotés de l’arme nucléaire ne se sont retrouvés en situation de guerre directe. On retrouve la même posture belliciste du côté de Raphaël Glucksmann qui milite en faveur d’une « économie de guerre » pour la France. Le candidat du parti socialiste aux européennes ne semble pas se soucier du coût pour le peuple français d’une telle réorientation de l’économie.
Au Proche-Orient, depuis octobre 2023, le conflit colonial entre Israël et la Palestine est entré dans une dimension extrême. Appuyé sur une idéologie coloniale, messianique et eschatologique, le gouvernement d’extrême droite israélienne a fait le choix de répondre à l’attaque meurtrière du Hamas par une vengeance collective et aveugle contre l’ensemble des Palestiniens, en piétinant toutes les règles du droit international et du droit de la guerre.
Les propos de hauts responsables du gouvernement israélien d’extrême droite déshumanisant les Palestiniens, couplés à une situation humanitaire apocalyptique aggravée par le siège illégal dans la bande de Gaza, ont amené en janvier la Cour Internationale de Justice à pointer un risque de génocide. Elle a ordonné à Israël d’empêcher tout acte allant en ce sens. Le 28 mars, une nouvelle ordonnance de la CIJ a pointé la famine à Gaza et ordonné à Israël de garantir les services de base et l’aide humanitaire nécessaire. En mars, le nombre de morts côté palestinien est évalué par l’ONU à 31 800 dont 13 600 enfants. L’urgence est à un cessez-le-feu durable, pour arrêter le massacre en cours, permettre la libération des otages israéliens, rendre possible une solution politique sur le long terme. L’enjeu est également d’éviter une régionalisation du conflit.
Plus globalement, l’architecture de sécurité collective héritée de la guerre froide est aujourd’hui en crise. Les puissances nucléaires modernisent de plus en plus leurs capacités, tout en remettant pour certains en cause les accords ayant par le passé permis de réduire les arsenaux. En 2019, le traité sur les forces nucléaires a pris fin suite au retrait étatsunien puis russe. En 2023, la Russie a suspendu sa participation à l’accord « New START » limitant les lanceurs nucléaires.
Malgré ses imperfections, l’ONU est à ce jour le seul cadre de coopération et de négociation incluant tous les États du monde. La France doit tout faire pour contribuer à renforcer son rôle. En commençant par mener des actions en faveur d’une solution diplomatique à la guerre en Ukraine, sans naïveté ni oubli des crimes de guerre russes (bombardements aveugles, déportations de civils, kidnapping d’enfants) et pour le respect du cessez-le-feu en Israël-Palestine demandé par le Conseil de Sécurité.
Sous la présidence Macron, la parole de la France a été affaiblie. La suppression des corps diplomatiques, la baisse des moyens du ministère des Affaires étrangères, par une confusion des discours, l’affirmation de tout et son contraire, et in fine l’aggravation de son réalignement sur le « camp atlantiste et occidental » ont rendu la France de plus en plus inaudible.
Au milieu des paroles martiales, la France insoumise porte la parole de non-alignement et de paix. Notre boussole est l’attachement au droit international, l’opposition aux crimes de guerre et la volonté de porter une voix diplomatique forte et indépendante.
En accueillant les opposants russes à la guerre, en poussant à l’Assemblée nationale contre les livraisons d’armes à Israël et pour la reconnaissance de l’État de Palestine, en s’opposant clairement à toute possibilité que notre pays soit placé en confrontation militaire directe face à la Russie puissance nucléaire, la France insoumise œuvre pour la paix.
Au milieu du brouillard de la guerre il est indispensable de continuer à penser. Bâtir la paix, c’est toujours chercher la lumière au milieu du tunnel.

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