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02.11.2025 à 12:00

“John Singer Sargent. Éblouir Paris” au musée d’Orsay : ville-lumière à vif

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“John Singer Sargent. Éblouir Paris” au musée d’Orsay : ville-lumière à vif nfoiry dim 02/11/2025 - 12:00

Vedette outre-Atlantique mais méconnu en France, l’artiste John Singer Sargent a vécu à Paris durant une dizaine d’années, entre 1874 et 1884. C'est à ces années parisiennes que se consacre la grande exposition John Singer Sargent. Éblouir Paris, au musée d’Orsay. Une traduction en peinture du pragmatisme américain, se demande Cédric Enjlabert dans notre nouveau numéro ?

novembre 2025
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02.11.2025 à 06:00

Denis Moreau : “Nos débats actuels font resurgir de grandes questions sur les hérésies qui ont déchiré la chrétienté”

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Denis Moreau : “Nos débats actuels font resurgir de grandes questions sur les hérésies qui ont déchiré la chrétienté” nfoiry dim 02/11/2025 - 06:00

Du pélagianisme au marcionisme, nous avons oublié jusqu’à leur nom. Et pourtant, comme le montre le philosophe Denis Moreau dans son essai passionnant Tous hérétiques ? Sur l’actualité de quelques débats chrétiens (Seuil), les hérésies chrétiennes continuent de hanter nos débats. Voici comment. 

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Comment et pourquoi en êtes-vous venu à vous intéresser aux hérésies chrétiennes ? 

Denis Moreau : Il y a près de trente ans, j'ai fait ma thèse sur Antoine Arnauld, un auteur janséniste contemporain de Descartes. Le jansénisme défend une anthropologie sombre, selon laquelle les êtres humains pèchent toujours sans la grâce de Dieu et n’ont pas la possibilité de lui résister quand ils la reçoivent. Le sport préféré des jansénistes était de cogner sur le pélagianisme – une vieille hérésie du Ve siècle après J.-C., beaucoup plus optimiste sur la condition humaine. Contrairement au jansénisme, elle soutenait que l’homme a toujours le choix et la force d’opter pour le bien ou le mal. Les jansénistes identifiaient des résurgences du pélagianisme un peu partout à leur époque, par exemple chez les jésuites ou les amateurs de stoïcisme. Plus près de nous, le pape François a soutenu également que le pélagianisme était, avec le gnosticisme, l’une des deux grandes hérésies qui menaçait la chrétienté aujourd’hui. Je me suis dit : « Dans le fond, ils n’ont pas tort. Nous n’en avons pas tout à fait fini avec cette histoire. Sans le savoir, nos débats rejouent souvent les anciennes querelles chrétiennes sur le libre arbitre, le bien et le mal, etc. » Cela m’a donné envie d’interroger les formes sécularisées des hérésies chrétiennes.

 

“Quand il n’y a plus d’hérésies dans une religion, c’est le signe d’une certaine pétrification de la pensée”

Comment définit-on une hérésie ? 

Une hérésie est une thèse théologique rejetée par l’Église comme inexacte. Le mot grec Hairesis signifie « choix ». L’hérésie est un choix intellectuel, une préférence en faveur d’une thèse. Dans le christianisme, c’est un peu comme dans un parti politique : il arrive que des motions s’affrontent et à la fin des débats l’une d’elles, minoritaire, est écartée. Les hérétiques sont les perdants des débats qui ont agité le christianisme. Et à l’inverse, on pourrait dire que les thèses considérées comme orthodoxes sont des hérésies qui ont réussi. On distingue par ailleurs hérésie matérielle et formelle. Lorsqu’on défend une thèse qui est hérétique sans savoir qu’elle l’est, c’est une hérésie dite « matérielle ». Quand on défend une thèse hérétique délibérément, c’est une hérésie dite « formelle ». Après, de mon point de vue, le fait que l’histoire du catholicisme soit jalonnée d’un très grand nombre d’hérésies est une heureuse et joyeuse chose. C’est le signe que l’on n’a pas cessé de discuter en interne, qu’il y avait de la créativité conceptuelle, un bouillonnement intellectuel… même si cela s’est un peu perdu, car la doctrine s’est stabilisée en 2000 ans d’histoire. Quand il n’y a plus d’hérésies dans une religion, ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle, c’est le signe d’une certaine pétrification de la pensée.

 

“Nous vivons à l’âge de la résurgence sécularisée et inconsciente des grandes questions qui ont déchiré la chrétienté”

Aujourd’hui, qu’en est-il ? L’esprit hérétique fait-il retour ? 

La thèse que je défends, c’est que nous assistons à une résurgence d’hérésies matérielles en grand nombre : sur toute une série de sujets, du libre arbitre à la question du pardon, les gens défendent ou retrouvent des positions hérétiques sans le savoir. Nous vivons à l’âge de la résurgence sécularisée et inconsciente des grandes questions qui ont déchiré la chrétienté. C’est un cas particulier de ce que dit Marx dans Le 18 Brumaire… [1851] : « La tradition de toutes les générations mortes pèse d’un poids très lourd sur le cerveau des vivants. » 

 

Est-ce que cela a à voir avec le retour d’une certaine orthodoxie sur les questions morales, d’un politiquement correct ? 

Il y a en effet, en dehors des questions religieuses, un durcissement des positions morales et politiques, le retour d'une forme d'orthodoxie rigide et excluante que l’on avait reprochée, à raison, à l'Église catholique. J'ai un peu fréquenté les milieux d’extrême gauche, et il y règne souvent une forme de dogmatisme insupportable où les gens passent leur temps à condamner les personnes qui ne pensent pas comme eux. Une expression apparue récemment m’a frappé, celle de « pureté militante ». Cet idéal complique les relations avec les autres, que l’on regarde avec condescendance ou mépris, depuis une position de supériorité morale. Invoquer la « pureté » risque aussi de produire des déceptions et des pertes de confiance en soi : les phénomènes de burn-out dans les milieux militants sont bien documentés. On retrouve ici la question que posent toutes les hérésies dites « cathares ». « Cathare », en grec, est le mot pour dire « pureté » justement. Une série d’hérésies (par exemple, le novatianisme, au IIIe siècle) sont venues de gens qui se considéraient comme des chrétiens « purs », face à un monde tenu pour hostile et corrompu. Avec les phénomènes contemporains de communautarisation et de condamnation a priori du monde extérieur, on rencontre cette structure dans des groupuscules militants qui ignorent pourtant tout de ces enjeux théologiques – mais aussi, de nouveau, dans certaines franges conservatrices du christianisme. 

 

Si excluant soient-ils parfois, les militants d’aujourd’hui ne parlent pas au nom de Dieu. Les deux domaines, séculier et religieux, sont-ils vraiment comparables ?

C’est le problème de la « sécularisation », le recyclage d’idées et de débats religieux dans le siècle. Je crois important de repérer des transferts d’un espace à l’autre. C’est aussi la raison pour laquelle je me suis davantage intéressé aux hérésies qui engagent des questions morales, plutôt qu’à celles qui portent sur des problèmes strictement théologiques. Là où le pape assume de se référer à Dieu, à une transcendance qui fonde d’après lui son propos, certains militants sont d’autant plus dogmatiques qu’ils parlent justement sans le secours d’une certitude extérieure à la raison. 

 

Prenons quelques exemples d’hérésies dont vous sondez l’actualité. Le marcionisme, par exemple, source de la haine des chrétiens vis-à-vis des juifs. Que nous apprend-il sur aujourd’hui ?

Cette hérésie porte sur l'interprétation du rapport entre l’Ancien et le Nouveau Testament, sur le sens de la Nouvelle Alliance. Rappelons d’abord une évidence : Jésus est juif, et tous ses apôtres, tous les premiers chrétiens qu'on n'appelait d’ailleurs pas encore ainsi, sont des juifs. Mais de la source juive est assez vite née une nouvelle religion : en un sens, le christianisme est une hérésie juive qui a eu du succès ! Très vite, la question s'est posée du rapport à cette origine. La ligne qui l’a emportée, sur les rites (comme la circoncision ou la cacheroute), est celle de la rupture. Mais s’est posée également la question du rapport à l'Ancien Testament. Et là, Marcion a proposé de rejeter l’Ancien Testament en totalité, en opposant un Dieu juif, de colère, législateur brutal, et un Dieu chrétien de miséricorde, qui envoie son fils pour sauver l’humanité. C’est l’idée que la religion de l’Amour prend la relève de la religion de la Loi. Si l’hérésie marcioniste a été condamnée très tôt par l’Église catholique, elle a durablement nourri l’antijudaïsme chrétien, et même au-delà. On entend souvent dire : « Du moment qu’il y a de l’amour, tout va bien. » Comme s’il fallait se débarrasser de la loi pour agir par amour. Je suis très réticent face à cette idée.  Je pense – comme Freud, juif lui aussi – que c'est une bonne chose qu'il y ait de la loi, qu’il y a une « portée structurante de l’interdit ». On a retrouvé ce problème avec la libération sexuelle. Si tous les interdits sautent et qu’on oublie la loi au nom de l’amour en se disant « dès que j’aime, tout est permis », c’est la porte ouverte à de graves violences sexuelles. 

 

“Ceux qui veulent atteindre par leur seule volonté, leur endurance et leur talent supposé, un idéal trop élevé sont victimes d’une forme de pélagianisme sécularisé”

Deuxième exemple, le pélagianisme. Quelles leçons en tirez-vous ?

C'est l’hérésie dont la résurgence actuelle est la plus frappante. Le débat est assez simple. Il oppose Pélage à saint Augustin… qu’on appelle ainsi parce qu’il a gagné : s’il avait perdu, on parlerait aujourd’hui d’Augustin et de saint Pélage ! Pélage, homme de vertu, était un moine irlandais venu enseigner à Rome vers 380. Face à lui, Augustin d’Hippone, qui a une vision de l’homme assez pessimiste, insiste sur la corruption fondamentale de l'être humain. Selon lui, on ne peut pas se sauver soi-même, on a besoin de Dieu. De son côté, Pélage, plus optimiste, considère qu’on peut sculpter sa propre statue à la force du poignet. La grâce divine est, pour lui, une aide secondaire. Cette vision a une incidence existentielle forte : quand je traverse un coup dur dans la vie, est-ce que je dois tenter de m’en sortir seul ou est-ce que j’appelle Dieu à l’aide ? Ce débat n’a cessé d’être relancé. Ainsi quand Rousseau défend l’idée de la bonté naturelle d’un homme qui peut se former lui-même, le clergé lui tombe dessus en le traitant de pélagien… Et aujourd’hui, le problème resurgit avec le développement personnel. En anglais, on appelle cela le « self-help », le fait de s’aider soi-même : c’est typiquement pélagien ! Vouloir absolument s’en sortir tout seul, c’est une exigence énorme (qui finit par être culpabilisante quand on n’y arrive pas)… et peut-être une impasse. À titre personnel, j’ai longtemps été pélagien, et ça m'a coûté cher. Sans trop le savoir, ceux qui veulent atteindre par leur seule volonté, leur endurance et leur talent supposé, un idéal trop élevé sont victimes d’une forme de pélagianisme sécularisé.

 

“Tant que l'Église a voulu traiter le problème des violences sexuelles en son sein en interne, ‘à la pélagienne’, cela n'a pas fonctionné. C'est en allant chercher à l'extérieur de l'aide et un nouveau regard, à la Augustin, qu’un chemin s’est ouvert”

Vous en tirez un enseignement institutionnel, également…

Oui, à propos de la stratégie adoptée par l’Église pour traiter les graves affaires de violence sexuelles en son sein. Pendant longtemps, quand elle a accepté d’affronter le problème (ce qui n’a pas toujours été le cas, hélas !), l’Église de France a cru pouvoir le traiter « en interne », en ayant recours aux seules ressources de l’institution – le plus souvent des membres du clergé. Or cela n’a pas marché. Alors que depuis qu’elle a mis en place une Commission indépendante, la Ciase, dirigé par le haut-fonctionnaire Jean-Marc Sauvé, composée d’universitaires, de psychologues, de divers spécialistes souvent athées ou agnostiques, les choses ont commencé à bouger. Tant que l'Église a voulu traiter ce problème par ses propres forces, en interne, « à la pélagienne », cela n'a pas fonctionné. C'est en allant chercher à l'extérieur de l'aide et un nouveau regard, à la Augustin, qu’un chemin s’est ouvert.

 

Derrière le pélagianisme, il y aussi la question du péché originel. Vous confrontez par exemple le visage de Zidane, désespéré, après son coup de boule en finale de la Coupe du monde 2006, à celui d’Adam et Eve dans une fresque de Masaccio, expulsés du paradis après avoir mangé à l’arbre de la connaissance…

Je vois dans ce récit de la Genèse non pas un récit littéral mais une sorte de mythe qui donne à penser beaucoup de choses sur nos existences tumultueuses. Si saint Augustin considère qu'on ne peut pas se tirer d'affaire par ses propres forces, c'est parce que notre humanité est selon lui profondément déréglée par rapport à une condition idéale. Saint Paul le disait déjà : « Je ne fais pas le bien que je veux, mais je commets le mal que je ne veux pas », dont je sais très bien qu’il ne faudrait pas le commettre. C’est ce que font Adam et Ève au paradis, et c’est exactement ce que fait Zidane quand il colle son coup de boule à Materazzi. Cela dit quelque chose de fondamental sur la condition humaine. C’est cette espèce de tendance inscrite dans nos êtres qui nous fait pencher vers la pulsion de mort, cette trouble manière que nous avons parfois de saboter ce qu’il y a de bon et de beau. J’ai en tête des exemples précis de moments de ma vie où j'ai sévèrement dévissé alors que je savais très bien que ce n’était pas ce qu'il fallait que je fasse. Quand j’évoque ce genre de situation avec mes étudiants, ils comprennent de suite de quoi je parle ! Le mythe du péché originel est un miroir qui nous éclaire sur cette part sombre de nous-mêmes. Au lieu de se considérer comme des anges, il vaut mieux en avoir conscience. Je prends donc le péché originel comme une donnée anthropologique fondamentale. En un sens, il n'y a pas besoin d'être chrétien pour y croire. Et j’ai le sentiment que certaines grandes tendances du monde contemporain, du transhumanisme au progressisme, sont habitées par une forme de déni pélagien de cette donnée anthropologique. 

 

Il y a aussi l’encratisme, une hérésie qui revient notamment au travers du mouvement « No kids »…

L’encratisme est une hérésie des premiers siècles du christianisme selon laquelle il est mal de faire des enfants – en grec, enkratès signifie « continent » au sens de   « sexuellement abstinent »). Sa première figure fut Tatien le Syrien. Cette hérésie se rattache à une forme de gnose et de manichéisme qui considère que la matière et la chair, créés par un esprit maléfique, sont essentiellement mauvais. Dans ce cadre, engendrer est une faute morale. Un autre argument, qui entre en résonance avec le temps présent et la crise climatique, était que la fin du monde était proche, si bien que ce n’était pas la peine d’engendrer. Cette hérésie a finalement été mise en minorité dans le christianisme, au bénéfice du « Croissez et multipliez-vous ! ». Je ne porte aucun jugement moral sur ce point, je peux comprendre cette position « No kids ». Mais je retrouve dans cette attitude une forme de nihilisme, de refus de la vie et de la matière, comme dans l’encratisme. Au-delà des arguments sur les avantages et les inconvénients qu’il y a à faire des enfants, décider d’engendrer implique l’idée que l’Être, le fait que l’enfant existe, est une bonne chose, préférable au néant – même si on sait par ailleurs que la vie est compliquée, pleine d’adversités et de souffrances. Engendrer, c’est postuler qu’il vaut mieux vouloir quelque chose que de vouloir le rien ou ne rien vouloir. C’est une sorte de pari métaphysique que j’ai retrouvé, aussi étonnant que celui puisse paraître, chez des philosophes comme Spinoza (le sage considère que « le désir d’unir les corps n’est pas seulement engendré par la beauté mais par l’amour de procréer ») et Nietzsche (« je veux que ta victoire et ta liberté aspirent à se perpétuer par l’enfant »). Ces penseurs n’étaient pourtant pas chrétiens et ils n’ont pas eu d’enfants non plus. Mais en rupture avec tous les encratistes, Spinoza et Nietzsche proclament leur amour de l’Être en défendant la procréation. 

 

Certains hérétiques ont des noms et des propositions farfelues, aussi. Quels sont ceux qui ont votre préférence ? 

J'aime bien Rhétorius parce qu’il affirme que toutes les hérésies sont vraies : c’est amusant. Et il y a beaucoup d’hérétiques qui ont, en effet, des noms et des théories pittoresques. Comme les androniciens qui considéraient que la moitié supérieure du corps humain était créée par Dieu… et la moitié inférieure par le diable – ce qui devait compliquer leur vie sexuelle. Ou les passalorynchites, aussi appelés tascadrugistes, qui exigeaient que l’on prie en silence avec un doigt sur le nez. Ou encore les omphalopsychiques, des moines bulgares persuadés (du moins d’après leurs adversaires) qu’en regardant à travers leur nombril, ils verraient filtrer la lumière du mont Thabor où Jésus fut transfiguré. Les hérétiques bricolent des concepts et des théories, ils nous montrent l’esprit humain comme une prodigieuse machine à penser qui part dans tous les sens. Nietzsche dit des concepts « sérieux » de la métaphysique qu’ils nous apparaîtront dans quelques siècles comme les jouets d’un enfant. Peut-être regarderons-nous un jour les débats autour des hérésies comme des jeux dérisoires. Mais en attendant ils nous donnent encore à penser… et à sourire. Ce n’est pas rien ! 

novembre 2025
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01.11.2025 à 17:00

“Faut-il écraser les autres pour réussir ?” Six philosophes débattent de l'ambition

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“Faut-il écraser les autres pour réussir ?” Six philosophes débattent de l'ambition nfoiry sam 01/11/2025 - 17:00

De l’antique Épicure à nos presque contemporains Cioran et Sartre, la question de l’ambition traverse la philosophie – parce qu’elle interroge notre manière de mener notre vie, notre relation aux autres, ainsi que notre rapport au monde. Dans le tout nouveau numéro spécial de Philonomist à retrouver chez votre marchand de journaux, nous confrontons leurs points de vue.

novembre 2025
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01.11.2025 à 12:00

Julien De Sanctis : “Une vie qui a été aimée peut partir tranquille”

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Julien De Sanctis : “Une vie qui a été aimée peut partir tranquille” nfoiry sam 01/11/2025 - 12:00

Dans notre nouveau numéro à retrouver chez votre marchand de journaux, six penseurs exposent ce que signifie pour eux se « préparer à la mort ». Nous vous proposons de découvrir le témoignage du philosophe spécialiste d’éthique Julien De Sanctis, auteur du récent essai Mourir, le temps que ça aille mieux (Philosophie magazine Éditeur).

novembre 2025
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01.11.2025 à 06:00

“C'est carré”, une expression qui ne tourne pas vraiment rond ?

nfoiry

“C'est carré”, une expression qui ne tourne pas vraiment rond ? nfoiry sam 01/11/2025 - 06:00

L'expression « c’est carré » s’applique à tout ce qui est réussi, bien réalisé, net et précis. Une tentative un peu vaine d'ordonner un monde quelque peu… tordu ? Réponse d'Octave Larmagnac-Matheron.

novembre 2025
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31.10.2025 à 18:29

Une expo ”Gothiques” flamboyante au musée Louvre-Lens

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Une expo ”Gothiques” flamboyante au musée Louvre-Lens nfoiry ven 31/10/2025 - 18:29

Le musée du Louvre-Lens consacre une grande exposition à l’art gothique, du Moyen Âge à nos jours. Cédric Enjalbert a revêtu ses atours les plus sombres pour vous la présenter… sans trembler.

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Ce texte est extrait de notre newsletter hebdomadaire « Par ici la sortie » : trois recommandations culturelles, éclairées au prisme de la philosophie, chaque vendredi soir. Abonnez-vous, elle est gratuite !

« Peut-être aurez-vous les yeux fardés de noir et sorti le cuir pour fêter les morts façon Dracula, ce soir. Ou peut-être profiterez-vous plus gentiment du week-end pour aller observer les gothiques… au musée ! Le Louvre-Lens offre en effet une plongée dans ce courant artistique né au XIIe siècle et ravivé dans la culture pop. Une question parcourt toute l’exposition (dans un déroulé chronologique un peu sage) : comment de la lumière a émergé la nuit ? Car ce mouvement né au Moyen Âge, caractérisé par l’érection des cathédrales et le raffinement des vitraux, est avant tout un art de la couleur et de la lumière. Les œuvres exposées dès les premières salles – vitraux et peintures – attestent l’éclat de l’art, témoin d’un essor urbain, économique et technique. Ainsi La Vierge protégeant l’ordre de Cîteaux (1508, photo), conservée au musée de la Chartreuse, à Douai, fascine par ses tonalités éclatantes, de même que la fantaisie des sculptures de saints, de plantes et d’animaux fantastiques. Le terme “gothique” n’apparaît en fait qu’à la Renaissance. Il est alors dépréciatif et qualifie les pratiques “barbares” du Moyen Âge (il n’est pas rare que les appellations de courants artistiques aient d’abord été des anathèmes, comme le baroque ou l’impressionnisme). Le mouvement tombe en désuétude avant d’être redécouvert à la fin du XVIIIe siècle, et la bascule s’opère : de flamboyant, le gothique devient synonyme d’obscur. Les châteaux et les églises en ruine deviennent l’espace physique et mental où se déploient les visions sublimes du romantisme noir. L’écrivain Horace Walpole fait ainsi paraître Le Château d’Otrante (1764). Son roman de fascination et d’effroi témoigne d’une sensibilité nouvelle, celle de l’individu tourmenté par des abîmes intérieurs. Victor Hugo participe de ce renouveau du gothique. Il écrit : “L’homme qui ne médite pas vit dans l’aveuglement. L’homme qui médite vit dans l’obscurité. Nous n’avons que le choix du noir.” Dans la littérature, le cinéma, l’architecture, la mode, cette passion néogothique se prolonge, jusqu’à aujourd’hui. Des dessins de l’illustrateur Benjamin Lacombe sont ainsi présentés, une merveilleuse robe “cathédrale” d’Iris van Herpen ou encore une étonnante sculpture en acier de Wim Delvoye, visible dès l’entrée. Une culture “goth” et bien vivante ! »

➤ L’exposition Gothiques, au musée du Louvre-Lens (99, rue Paul-Bert) est à voir jusqu’au 26 janvier 2026 (du mer. au lun. de 10h à 18).

octobre 2025
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31.10.2025 à 12:00

“Kaamelott II, 1re partie” : le roi Arthur est-il en train de devenir anarchiste ?

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“Kaamelott II, 1re partie” : le roi Arthur est-il en train de devenir anarchiste ? nfoiry ven 31/10/2025 - 12:00

Actuellement au cinéma, la première partie du deuxième volet de la saga Kaamelott, réalisée par Alexandre Astier, raconte l’histoire d’un roi hostile au pouvoir. La monarchie de la saga arthurienne est-elle en train de devenir… une anarchie ? Analyse avec Platon et Gilles Deleuze.

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Le roi Arthur (Alexandre Astier) passe ses journées en pyjama gris. Ses cheveux longs, un peu sales, dépassent de son bonnet de nuit. Le roi est triste, le roi se traîne dans son château : il n’a plus envie de rien. Sa femme, la reine Guenièvre (Anne Girouard), et ses beaux-parents (Lionnel Astier et Joëlle Sevilla) s’échinent en vain à essayer de lui redonner l’envie de se lever le matin. C’est dans cette ambiance un brin sinistre que débute le deuxième long-métrage inspiré de la série Kaamelott, sorti le mercredi 22 octobre au cinéma. 

Rembobinons. Le royaume de Bretagne sort d’une période de dix ans de tyrannie, durant laquelle le glacial Lancelot du Lac (Thomas Cousseau), traître et tyran, a gouverné le pays avec égoïsme et cruauté. Pendant tout ce temps, l’ancien souverain Arthur Pendragon était esclave. L’entourage qui lui est resté fidèle le libère, puis le supplie de reprendre les rênes du pouvoir. Problème : il n’en a plus envie. 

“Ce deuxième volet pourrait s’intituler : ‘Débrouillez-vous, le roi a suffisamment donné !’”

Et pour cause, le roi Arthur a passé des années à gouverner une bande de bras cassés. Et cette équipe, qui s’est légèrement transformée avec le temps, n’est pas devenue particulièrement plus efficace, ni plus douée. Certes, le groupe est attachant et plein de bonhomie. Les chevaliers aiment le roi et font de leur mieux pour lui montrer. Cette joviale troupe d’imbéciles heureux, amoureux du gras et de la bonne chère, surtout Karadoc (incarné par Jean-Christophe Hembert), constitue le noyau dur de la table ronde. Le roi Arthur les apprécie comme de bons vieux camarades… Mais il ne veut plus les gouverner. Bref, ce deuxième volet pourrait s’intituler : « Débrouillez-vous, le roi a suffisamment donné ! » 

 

Le refus du pouvoir 

Et si ce dégoût du pouvoir était justement la force de cette version roi Arthur ? Et si c’était même un genre de modèle de gouvernance que proposait Astier à travers cette réécriture de l’épopée médiévale ? Platon estime que le meilleur gouvernant est précisément celui qui n’a pas envie de gouverner, qui a mieux à faire qu’exercer cette tâche ingrate et compliquée. Selon l’auteur de la République, le roi parfait est « le roi philosophe », qui œuvre « dans l’intérêt de la cité, en exerçant [le pouvoir] non pas comme s’il s’agissait d’une fonction susceptible de [lui] apporter des honneurs, mais comme une tâche nécessaire ». Tout comme le « philosophe roi » de Platon, Arthur finit par accepter sa fonction de souverain. Il ne l’exerce pas comme un privilège, mais comme un fardeau nécessaire. 

“Le pouvoir n’est plus centré sur la figure d’un seul mais démultiplié, partagé”

Ce type de gouvernance innove, car il fait presque sortir Kaamelott du régime monarchique. Le roi n’est plus vraiment un roi, car il ne gouverne plus. Pendant qu’il laisse faire, des changements bienvenus s’opèrent : les femmes et les jeunes, jadis absents de la Table ronde, participent désormais aux délibérations. Les chevaliers et les chevalières peuvent décider en toute autonomie de la quête qu’ils vont accomplir. Le roi les encourage, les soutient, mais ne leur commande rien. Le pouvoir n’est plus centré sur la figure d’un seul mais démultiplié, partagé. Chacun peut l’exercer à son niveau, sans être influencé par une figure tutélaire et unificatrice. Le roi est là sans être là. En un sens, le pouvoir à la Table ronde va jusqu’à prendre la forme d’une anarchie : du grec an-archè, le terme désigne bien l’absence de principe unificateur. 

Dans ce film, la narration elle-même devient anarchique. S’il a pu perturber certains spectateurs, c’est entre autres parce qu’Astier ne propose pas une histoire claire, attendue, mais plutôt une multitude de tableaux diffractés. Le long métrage est pensé comme un jeu vidéo en monde ouvert, avec plusieurs chemins possibles, plusieurs quêtes qui se juxtaposent sans se croiser. Cette anarchie se perçoit à l’image, jusque dans les couleurs du film. On passe sans transition d’une pellicule orange pour les paysages de Méditerranée, aux reflets bleutés des contrées glacées du Nord. Les mouvements hachés et presque chaotiques de certaines scènes, alternent avec des plans fixes, tandis que certains passages dignes d’Harry Potter ou de Star Wars côtoient des scènes de pures farces qui semblent inspirées du théâtre de boulevard. 

 

Une esthétique “rhizomatique” 

Le récit de Kaamelott se rapproche en l’occurrence de ce que Gilles Deleuze appelle un « rhizome », terme qui désigne une tige souterraine formant un « réseau » de racines, un « agencement » complexe et entrecroisé. À l’inverse de l’« arbre » qui pousse droit et évoque un système monarchique, le rhizome est par essence hostile à toute rectitude, à tout pouvoir central. 

“La rébellion d’Arthur ouvre des possibles, des respirations, tout en autorisant certaines fractures”

En tant que récit « rhizomique », Kaamelott II s’émancipe de la généalogie, de la lignée. Arthur fait bien un pied de nez aux dieux, en refusant d’accomplir la mission qu’ils lui ordonnent. Cette désobéissance entérine son rôle d’outsider. La rébellion du roi ouvre des possibles, des respirations, tout en autorisant certaines fractures. Le film est, par exemple, marqué par la rupture amicale entre Perceval (Frank Pitiot) – absent de ce volet – et son ancien partenaire, Karadoc. À l’inverse d’une histoire « classique », conçue comme une trajectoire rectiligne, le récit construit en rhizome « peut être rompu, brisé en un endroit quelconque, il reprend suivant telle ou telle de ses lignes », explique Deleuze. Là où une narration linéaire exige une absolue cohérence, une construction en rhizome peut se permettre de bifurquer.  

Esthétiquement, ce film montre une autre manière de créer des histoires : non par le récit linéaire et attendu, mais par la foisonnante démultiplication narrative. Politiquement, il présente aussi une autre façon de faire corps et d’unir un collectif : non par le commandement, mais par le laisser-être, le laisser-faire. Reste une question en suspens : un roi qui refuse le pouvoir… peut-il vraiment rester roi ?

octobre 2025
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31.10.2025 à 06:00

Jennifer Kerner : “Le décès d’un humain est un crime magique qu’il faut résoudre et venger”

nfoiry

Jennifer Kerner : “Le décès d’un humain est un crime magique qu’il faut résoudre et venger” nfoiry ven 31/10/2025 - 06:00

Dans notre nouveau numéro à retrouver chez votre marchand de journaux, six penseurs exposent ce que signifie pour eux se « préparer à la mort ». Nous vous proposons de découvrir le témoignage de la thanato-archéologue Jennifer Kerner, chercheuse au musée de l’Homme et au Muséum national d’histoire naturelle et créatrice de chaîne YouTube de vulgarisation – Boneless Archéologie.

octobre 2025
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30.10.2025 à 21:00

L’art est-il toujours un planche de salut ?

nfoiry

L’art est-il toujours un planche de salut ? nfoiry jeu 30/10/2025 - 21:00

« Quel est le meilleur moment pour apprécier une œuvre d’art ? C’est la question que je me suis posée après avoir visité une exposition qui m’a laissée de marbre.

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J’ai franchi le seuil de cette exposition comme on entre dans un cimetière. Les tableaux m’ont paru tristes – vides, sans intérêt. Sur un écran, un artiste éminent enchaînait les poncifs avec assurance. Et pour couronner le tout : des cartels peu fournis en explications ont échoué à éclairer le sens peut-être savamment caché des œuvres exposées. Bref, j’ai rarement passé un aussi mauvais moment dans un musée. J’en étais d’autant plus attristée que je traversais à ce moment-là une période difficile. Je me sentais donc prête à expérimenter avec toute la ferveur possible, ce que l’on appelle pompeusement “le Salut par l’art”.

Cette mésaventure m’a rappelé un texte de Simone Weil qui est adressé non pas à la profession d’artiste mais à la mienne : celle de journaliste. Dans son essai L’Enracinement (publié à titre posthume en 1949), la philosophe s’en prend vertement à ceux qui écrivent mal, qui écrivent faux, et empoisonnent le lecteur avec leurs mensonges. Son argument est le suivant : quand les ouvriers “travaillent huit heures par jour et font le grand effort de lire le soir pour s’instruire, ils ne peuvent pas se livrer à des vérifications dans les grandes bibliothèques. Ils croient le livre sur parole”. Leur donner à lire des choses inutiles ou mensongères, revient à leur faire boire “l’eau d’un puits douteux”. 

Je dirais la même chose pour n’importe quelle personne qui a choisi de se confronter à de l’art en général, alors même qu’elle traverse un moment difficile. Dans ces périodes-là, on ne peut se permettre de lui refourguer de l’inauthentique, du raté, du prétentieux. C’est cette idée qui est également défendue dans le film Yannick, de Quentin Dupieux (2023). Yannick, le personnage incarné par Raphaël Quenard, exige de passer un bon moment devant une pièce de théâtre, précisément parce qu’il travaille comme un dingue toute la semaine. 

On pourrait rétorquer que les états de fatigue, de surmenage, ou plus largement les épreuves individuelles, les coups durs, ne sont pas forcément propices à l’appréciation d’une œuvre. Lorsqu’on est comme enfermé dans ses problèmes, il est difficile d’apprécier la beauté du monde extérieur. On considère alors que l’accès à l’œuvre résulte d’un d’effort, ou du moins d’une tentative de surmonter les méandres de notre propre intériorité. Il faudrait être dans une posture méditative et humble pour s’ouvrir à la subjectivité d’un artiste. Une patience et une déférence que la douleur intime rendrait impossible. 

Mais l’épreuve existentielle est aussi, je crois, un moment d’ouverture. Depuis la vulnérabilité, certaines formes d’art peuvent apparaître comme une évidence absolue. L’art accomplit dans ce cas la partie la plus noble de sa mission : il sauve, réconforte – bref, il fait du bien. La brèche ouverte par cette épreuve se fait alors courroie de transmission, élan. C’est ce que j’ai pu éprouver, par exemple, en assistant à la pièce de théâtre Un sacre, de Lorraine de Sagazan et Guillaume Poix, qui évoque la question du deuil. Nul besoin de fournir un effort démesuré pour s’y plonger. Certains spectateurs, à la fin de la pièce, s’enlaçaient tendrement – mus par un désir de vivre et de se consoler. L’œuvre se mêlait à la vie en toute simplicité, lui répondait. 

Si les épreuves personnelles éclairent parfois d’une lumière crue l’imposture d’un art désincarné, boursouflé et inaccessible, elles permettent aussi d’apprécier la beauté d’une œuvre réussie. Je suis d’ailleurs allée voir à la même période une réjouissante rétrospective de films documentaires réalisés par des étudiants en école de cinéma. Le contraste entre la sincérité de ces œuvres de jeunesse et la prétention de l’exposition visitée quelques jours plus tôt m’a saisie. J’en ai déduit que l’amour de l’art n’était pas forcément une question de “bonne disposition”. On aurait tort de systématiquement rejeter la faute sur un spectateur trop impatient ou trop centré sur lui-même pour comprendre une œuvre. Parfois, ce n’est pas le moment qui est mauvais… mais l’art qui échoue à nous happer. »

octobre 2025
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30.10.2025 à 17:00

Une mort à soi : pourquoi anticipons-nous de plus en plus notre fin ?

nfoiry

Une mort à soi : pourquoi anticipons-nous de plus en plus notre fin ? nfoiry jeu 30/10/2025 - 17:00

Alors que les évolutions médicales et sociales permettent d’organiser les conditions de la fin de vie, nous entrons dans un nouvel âge métaphysique, où notre fin est anticipée. Jusqu’à devenir un projet ? Explications de Cédric Enjalbert dans l'article qui ouvre le grand dossier « La mort, autant s’y préparer » de notre tout nouveau numéro, à retrouver ce jeudi chez votre marchand de journaux.

octobre 2025
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