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31.03.2025 à 11:27

Sur la nécessité de déserter - 1

dev

À propos de l'Itinéraires du refus de Jorge Valadas

- 31 mars / , ,
Texte intégral (2307 mots)

La Patrie. A l'heure où des politicien.ne.s français.e.s se proposent de capter le peuple par une rhétorique de la patrie à portée de critique de ChatGPT, il me paraît plus que jamais nécessaire à moi qui suis né et vis en France, de travailler contre la patrie française. Travail qui passera par une réflexion sur la notion de peuple et sur le sentiment d'appartenance à un territoire, sans oublier d'introduire la variante de la classe, au nom de laquelle on proclama un peu vite au XIXe siècle que « les prolétaires n'ont pas de patrie ». C'était avant que les soulèvements des peuples colonisés ne viennent rappeler une évidence que l'on a un peu tendance à oublier ces temps-ci, à savoir que l'attachement à une terre et à la communauté qui y vit, de Gaza à l'Ukraine, n'est pas de la même nature que l'attachement de Netanyahou au Grand Israël ou de Poutine à la Grande Russie. C'est pourquoi, on se proposera dans ces chroniques de rendre compte de livres qui fournissent quelques éléments de réponse à des questions qui vont revenir nous hanter : pourquoi et quand déserter ? Pourquoi et quand résister ?

Ce lundi, on vous propose de suivre le récit d'une vie, celle de l'ami Jorge Valadas (Charles Reeve), déserteur des guerres coloniales du Portugal de Salazar, devenu globe-trotter des révolutions et auteur de livres remarquables, depuis Le Tigre de Papier- le développement du capitalisme en Chine (Ed. Spartacus) qui, dès 1972 dénonçait la fumisterie maoïste et ses crimes, jusqu'à son Socialisme sauvage (L'Echappée, 2018), remarquable synthèse historique sur l'histoire mondiale de l'auto-organisation prolétarienne.

Itinéraires du refus est un récit intime, qui approche au plus près, dès l'enfance, la recherche de ce qui a pu faire germer chez ce fils d'un admirateur de Salazar la fleur de la révolte. Est-ce d'avoir perçu très tôt la complicité entre sa mère et la bonne, et à travers elles la résistance des femmes dans le Portugal des années 60 ?

« Ma mère (…) intervient souvent pour poser des limites au travail de la bonne, défendre certains de ses droits et sa liberté. Ses origines paysannes me paraissent expliquer cette tolérance et cette proximité.

Ces rapports de servitude font partie de ma vie de tous les jours. J'en bénéficie, à double titre : en tant que garçon et en tant que membre du clan des maîtres. Les bonnes sont comme un symbole de l'incapacité de la société masculine à assumer le quotidien. Nous sommes tous des enfants asthmatiques et fragiles, pris en charge par une armada de mères, de sœurs, de cousines, de tantes... et de bonnes. Salazar lui-même a sa bonne. On parle d'elle dans les journaux et à la radio. La seule relation féminine qui lui est connue et dont le journal et le père parlent avec affection, en dehors de sa passion pour la mère patrie bien entendu... »

Est-ce d'avoir entendu, à 13 ans, des échos de ce que la mère-patrie fait en Afrique ? Le voilà à écouter des conversations chez les Bentes, une famille de voisins et amis :

Bentes-fils a une sœur plus âgée, institutrice. Elle a émigré en Afrique, quelque part au sud du Mozambique, du côté de l'Afrique du Sud. Un jour nous apprenons que Bentes-mère part lui rendre visite. Bentes-père la suivra « et ils y resteront plusieurs mois. À leur retour, au cours d'un de ces repas qui se terminent toujours par des desserts extraordinaires, Bentes-père raconte. La nature, la jungle, bien sûr, car dans notre esprit, l'Afrique est avant tout la nature, extraordinaire. Puis, il y a un silence, un temps d'arrêt dans le récit, une gêne. Ce n'est pas habituel chez lui. — C'est compliqué..., dit-il à voix basse.

Depuis mon enfance, je suis habitué à ce mot, « compliqué », « qu'il faut en fait traduire par : « il y a un problème ». Justement, il y a le problème des Noirs. Il dit aussi bien Noirs qu'Africains... Tout d'un coup, pour moi, les Noirs sont devenus des êtres avec une existence autonome, ils ne font plus seulement partie du décor. On bat les Noirs, les serviteurs noirs. Et pas qu'un peu, furieusement, jusqu'au sang. Bentes-père l'a vu, il a trouvé que ça n'allait pas du tout... Mais il a du mal à en dire plus, il s'agit de sa fille et de son gendre. Son trouble me perturbe. Lui toujours si tranché dans ses opinions, il est ici mesuré, il négocie, il cherche à minimiser. Quelque chose, entre le mystère et le terrible, se passe en Afrique. Il ne le dit pas mais il nous le fait comprendre, ça ne pourra pas durer, ça va avoir un prix. J'ai treize ans et l'harmonie du grand Portugal, puissance civilisatrice au-delà des Océans en prend un sacré coup. Nous ne sommes donc pas des pionniers du progrès.

Ou bien est-ce quand, après avoir essayé d'échapper à la famille en devenant cadet de Marine, il se retrouve dans une de ces barcasses pourries qui représentent la glorieuse marine de guerre de son pays, et qui pourraient bien être la métaphore de cet empire portugais qui prend l'eau ?

Les vieux navires attribués après la Deuxième guerre par l'OTAN au gouvernement portugais sont mal adaptés aux missions sous ces latitudes, à ces conditions climatiques. Rien n'a de sens et pourtant chacun fait comme si c'était l'état normal des choses. La chaleur tropicale détruit la volonté et écrase l'initiative. Nous vivons au ralenti et dans une mollesse générale, nous tuons le temps, accoudés au bastingage en regardant les rives foisonnantes de la végétation luxuriante. Au-delà, c'est le pays des guérilleros du PAIGC. Qui sait, peut-être nous regardent-ils fondre d'ennui et de chaleur ? Probablement pas, car la zone est « sécurisée », du moins autour de la bourgade qui fait office de capitale de la petite colonie. À deux ou trois reprises, nous descendons à terre. L'ambiance est tendue, un silence épais sépare les Blancs en uniforme de la masse de la population noire. On pressent que cela est antérieur à la guerre, que le colonialisme est un mur bien bâti. Que la distance agressive plonge ses racines dans le passé. Un de mes camarades qui a des lectures interdites, me rappelle la grande grève des dockers du port de Pidjiguiti, à côté de Bissau, en août 1959, qui s'est terminée, dit-il, avec plus de 50 morts et des dizaines de blessés. Je ne lui demande pas d'où il tient ces informations, je connais ses lectures, je lui fais confiance.

Une première impression s'impose à moi, derrière le port, la bourgade, les rives luxuriantes, il n'y a pas qu'un petit territoire, c'est un continent. Les maîtres du petit Portugal croient combattre des rebelles locaux, en fait ils font la guerre à l'Afrique. La chaleur tropicale écrase la vivacité de l'esprit et nous buvons beaucoup de bière. Mes sensations s'entourent d'un brouillard légèrement alcoolisé. Ce qui me permet par moments d'ignorer que je suis là.

Pourtant, le réel s'impose à nous. Quelques images s'impriment dans mon esprit avec une netteté qui sera ineffaçable. Un jour, nous partons visiter une caserne. Cela ne nous intéresse que moyennement, mais nous sommes obligés ; alors on écoute d'une oreille distraite les discours monocordes des officiers rendus inaudibles par la chaleur épaisse qui nous endort. Puis, on traîne dans les baraquements. Au détour d'une allée, nous débouchons sur un terre-plein où se trouve une vieille construction en tôle, à moitié délabrée, les portes grandes ouvertes. Avec deux ou trois camarades, nous nous approchons, captivés par ce que nous pensons être une présence humaine étrange. Au fond du hangar, il y a là quelques hommes en haillons ou à moitiés nus, assis à même la terre, d'autres couchés, recroquevillés sur eux-mêmes. Ceux qui nous observent ont le regard vide, absent. Ils ne nous voient pas vraiment. Nous sommes tétanisés, paralysés par ce que l'on découvre. Sans même les regarder, le sous-officier qui nous accompagne dit : « – C'étaient des terroristes. » Il conjugue le verbe au passé, d'une voix froide et définitive. À ce moment précis, pour moi, il tombe du côté obscur de l'humain. Complices dans notre frayeur, nous nous regardons. Notre silence s'ajoute au silence de ces hommes torturés qui ne bougent plus, qui n'existent plus, qui ont été. Ils restent là, le portail du baraquement grand-ouvert, incapables de bouger, de fuir.

Jusqu'à ce moment précis, la guerre coloniale était fondue dans le paysage, tenue à distance, masquée par la végétation luxuriante. Avec ces êtres humains détruits, elle fait une entrée concrète dans nos vies.

La décision de la désertion sera d'autant plus douloureuse que le jeune Jorge aime ce père salazariste modéré à l'œuvre picturale duquel il consacrera, des décennies plus tard un livre. Il a beau étouffer dans les liens familiaux, il les aime aussi. C'est le paradoxe de l'exil auquel il consacre quelques-unes des plus belles pages du livre. Pour accepter l'exil réel hors des frontières et l'exil mental hors du faux vivre-ensemble qui attend tous ceux, toutes celles qui désertent le monde masculiniste, capitaliste, impérialiste, la peur n'est pas le principal ennemi à vaincre. L'obstacle principal, pour l'exilé, c'est l'attachement à la patrie : pas la patrie institutionnelle que gardent les flics et les militaires, pas la patrie des livres d'histoire, mais la patrie personnelle, la patrie sentimentale faite de paysages, de goûts et de couleurs, que chacun s'est construit depuis l'enfance. C'est ainsi qu'il vit son retour au Portugal :

Adossé au bastingage du ferry, me revient soudain un souvenir très fort. Nous sommes en 1967, nous sommes deux proches camarades et nous venons de quitter l'école de la Marine militaire. Nous avons été affectés à deux vieux patrouilleurs côtiers. Il navigue sur un bateau tout aussi déglingué que le mien. Le sien patrouille sur la côte au nord de Lisbonne, le mien met toujours le cap au sud. Nous partageons les mêmes idées et nous avons de longues conversations une fois que nous nous retrouvons au port d'attache. Nous parlons souvent du dégoût d'une société qui ne nous mérite pas, nous invoquons l'échappatoire de l'exil. C'est une fin de journée lumineuse d'un printemps « lisboeta ». Je m'en souviens maintenant comme si je le vivais au présent. Côte à côte, nous arpentons le quai, encombré de cordages. Dans un mois je m'en irai. J'ai pris la décision de partir, de rompre les amarres avec cette inutilité auquel on me destinait. L'échange est resté très précisément gravé dans mon cerveau. Après ces paroles, un grand silence s'abat sur nous. Un court instant, une fugace pensée me traverse, il peut me dénoncer. Non. J'en suis sûr qu'il ne le fera pas. Je le sens bouleversé et triste, comme s'il avait deviné ma pensée. À voix basse, il me dit :
— Moi je ne peux pas. Vas-y, toi, je te comprends !
Par procuration, je pars pour lui, pour d'autres. Nous nous disons au revoir.
(…)
L'exil nous contraint à nous séparer d'une part de nous-mêmes : en quittant un pays, forcés de rejeter une normalité qui nous fait violence, nous ne sommes pas « maîtres chez nous ». Cette force qui dans l'exil nous libère est aussi celle qui nous aliène de cette autre part de nous-mêmes. Comment vivre cette division ? Comment ne pas perdre tout lien - ou comment renouer le lien - avec notre passé et nos origines, avec les sources de notre être, bref, avec « la prison » dont-on s'est « libéré » ? Double mouvement de l'exil, s'« exiler de l'exil » pourrait bien être alors le chemin qui m'a conduit à reconstruire une possible reconnaissance de moi-même et me faire accueillir par le pays d'où je venais et qui avait changé : m'y retrouver, différent de celui qui s'est exilé.
Mai 68, puis la révolution portugaise, m'ont permis de réparer pour beaucoup la blessure de l'exil. Ces moments lumineux de subversion de l'ordre gris ont éclairé ma vie, m'ont permis d'effacer la tristesse, la mélancolie qui se mêlait à la libération. C'est par ce processus de s'exiler de l'exil que j'ai aussi trouvé une place dans le grand monde. La place qui me convient.

Jorge Valadas présentera son livre Itinéraires du refus (Éditions Chandeigne & Lima) le mardi 8 avril à partir de 20h à la librairie Quilombo 23 rue Voltaire, Paris XIe, m° Rue des boulets ou Nation.

Serge Quadruppani

31.03.2025 à 11:12

Faut-il croire à l'IA ?

dev

Un lundisoir avec Mathieu Corteel

- 31 mars / , , ,
Texte intégral (5227 mots)

En l'espace de quelques années, l'intelligence artificielle s'est immiscée, qu'on le veuille ou non, dans tous les interstices de nos existences [1]. Dissimulée dans les « app » qui nous guident, nous ambiancent ou font les devoirs de mathématiques à notre place, elle optimise les frappes de l'armée israélienne et peut nous offrir des conseils avisés dans nos relations affectives. Sait-on pourtant exactement ce qu'est l'IA ? Comment elle fonctionne, ce qu'elle peut, ce qu'elle ne pourra jamais et ce qu'elle pourra peut-être ?
Mathieu Corteel est philosophe et historien des sciences, il publie cette semaine Ni dieu ni IA (La découverte). Au gré d'un inquiétant voyage à la rencontre de cerveaux plongés dans des cuves, de robots dactylographes, de perroquets stochastiques, de policiers quantiques et de chatbots psychopathes, l'auteur propose d'« ouvrir le capot » pour comprendre les rouages, les paradoxes et les illusions tant épistémiques que techniques au cœur de cette nouvelle technologie.
De là, s'ouvrent quelques questions éminemment politiques et les désaccords logiques : peut-on séparer la mauvaise IA qui contrôle, ordonne, gouverne de la bonne qui soigne sans commettre d'erreur de diagnostic et réduit la pollution des embouteillages ? Faut-il y voir l'opportunité de gagner du temps pour certaines tâches ingrates ou la menace d'une destruction méthodique de toute expérience et créativité humaine ? Faut-il voir dans l'IA en même temps que le dernier avatar du capitalisme cognitiviste l'émergence possiblement émancipatrice d'une commune intelligence collective ? On en discute dans ce lundisoir.

À voir lundi 31 mars à partir de 20h :

00:00 Coucou ChatGPT
2:46 De quoi parle-t-on lorsqu'on parle des IA ? Une petite généalogie
6:59 Pourquoi nous vivons dans un gigantesque laboratoire dont nous sommes les cobayes
11:13 Les illusions totémistes de l'IA nous plongent dans un univers de non-sens avec des conséquences graves
17:24 Qu'est-ce que l'IA n'est pas ? Pourquoi l'analogie entre langage et mathématiques est un leurre
20:24 L'IA est indifférente au monde et amorale.
23:32 Comment l'IA nous dépossède en écrasant notre expérience du monde. L'exemple de la musique
32:13 Peut-il exister des agencements de l'IA émancipateurs ? (Mathieu Corteel pense que oui, nous plutôt que non)
38:26 Quoi qu'il en soit les usages aliénants de l'IA sont massivement majoritaires et les garde fous inexistants
41:12 Causalité et fausses corrélations : taux de suicide, consommation de margarine et police prédictive
45:00 Que serait un bon usage de l'IA ?
51:50 A-t-on déjà vu un nouveau dispositif technologique être limité dans ses usages ?
52:45 Les ordinateurs peuvent-ils faire l'amour entre eux ? Qu'elles illusions affectives nous vend l'IA ?
58:58 L'IA c'est des stats et des probabilités qui pénètrent techniquement nos représentations du monde et de nous-mêmes
1:00:42 La mutation du capitalisme vers le capitalisme cognitif. L'IA au service de la réaction. Pour une grande démission
1:08:02 Les limites matérielles et physiques de l'IA dans un monde fini. Pourquoi Bluesky ne rend pas nécessairement moins idiot que twitter

1:12:29 Et si la valorisation de chaque interstice de la vie n'était pas le stade suprême de l'économie ?
1:15:06 Comment sortir des paradoxes pragmatiques ? Peut-on réenchanter la démocratie avec présidents robots ?

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Voir les lundisoir précédents :

Banditisme, sabotages et théorie révolutionnaire - Alèssi Dell'Umbria

Universités : une cocotte-minute prête à exploser ? - Bruno Andreotti, Romain Huët et l'Union Pirate

Un film, l'exil, la palestine - Un vendredisoir autour de Vers un pays inconnu de Mahdi Fleifel

Barbares nihilistes ou révolutionnaires de canapé - Chuglu ou l'art du Zbeul

Livraisons à domicile et plateformisation du travail - Stéphane Le Lay

Le droit est-il toujours bourgeois ? - Les juristes anarchistes

Cuisine et révolutions - Darna une maison des peuples et de l'exil

Faut-il voler les vieux pour vivre heureux ? - Robert Guédiguian

La constitution : histoire d'un fétiche social - Lauréline Fontaine

Le capitalisme, c'est la guerre - Nils Andersson

Lundi Bon Sang de Bonsoir Cinéma - Épisode 2 : Frédéric Neyrat

Pour un spatio-féminisme - Nephtys Zwer

Chine/États-Unis, le capitalisme contre la mondialisation - Benjamin Bürbaumer

Avec les mineurs isolés qui occupent la Gaîté lyrique

La division politique - Bernard Aspe

Syrie : la chute du régime, enfin ! Dialogue avec des (ex)exilés syriens

Mayotte ou l'impossibilité d'une île - Rémi Cramayol

Producteurs et parasites, un fascisme est déjà là - Michel Feher

Clausewitz et la guerre populaire - T. Drebent

Faut-il boyotter les livres Bolloré - Un lundisoir avec des libraires

Contre-anthropologie du monde blanc - Jean-Christophe Goddard

10 questions sur l'élection de Trump - Eugénie Mérieau, Michalis Lianos & Pablo Stefanoni

Chlordécone : Défaire l'habiter colonial, s'aimer la terre - Malcom Ferdinand

Ukraine, guerre des classes et classes en guerre - Daria Saburova

Enrique Dussel, métaphysicien de la libération - Emmanuel Lévine

Combattre la technopolice à l'ère de l'IA avec Felix Tréguer, Thomas Jusquiame & Noémie Levain (La Quadrature du Net)

Des kibboutz en Bavière avec Tsedek

Le macronisme est-il une perversion narcissique - Marc Joly

Science-fiction, politique et utopies avec Vincent Gerber

Combattantes, quand les femmes font la guerre - Camillle Boutron

Communisme et consolation - Jacques Rancière

Tabou de l'inceste et Petit Chaperon rouge - Lucile Novat

L'école contre l'enfance - Bertrand Ogilvie

Une histoire politique de l'homophobie - Mickaël Tempête

Continuum espace-temps : Le colonialisme à l'épreuve de la physique - Léopold Lambert

Que peut le cinéma au XXIe siècle - Nicolas Klotz, Marie José Mondzain & Saad Chakali
lundi bonsoir cinéma #0

« Les gardes-côtes de l'ordre racial » u le racisme ordinaire des électeurs du RN - Félicien Faury

Armer l'antifascisme, retour sur l'Espagne Révolutionnaire - Pierre Salmon

Les extraterrestres sont-ils communistes ? Wu Ming 2

De quoi l'antisémitisme n'est-il pas le nom ? Avec Ludivine Bantigny et Tsedek (Adam Mitelberg)

De la démocratie en dictature - Eugénie Mérieau

Inde : cent ans de solitude libérale fasciste - Alpa Shah
(Activez les sous-titre en français)

50 nuances de fafs, enquête sur la jeunesse identitaire avec Marylou Magal & Nicolas Massol

Tétralemme révolutionnaire et tentation fasciste avec Michalis Lianos

Fascisme et bloc bourgeois avec Stefano Palombarini

Fissurer l'empire du béton avec Nelo Magalhães

La révolte est-elle un archaïsme ? avec Frédéric Rambeau

Le bizarre et l'omineux, Un lundisoir autour de Mark Fisher

Démanteler la catastrophe : tactiques et stratégies avec les Soulèvements de la terre

Crimes, extraterrestres et écritures fauves en liberté - Phœbe Hadjimarkos Clarke

Pétaouchnock(s) : Un atlas infini des fins du monde avec Riccardo Ciavolella

Le manifeste afro-décolonial avec Norman Ajari

Faire transer l'occident avec Jean-Louis Tornatore

Dissolutions, séparatisme et notes blanches avec Pierre Douillard-Lefèvre

De ce que l'on nous vole avec Catherine Malabou

La littérature working class d'Alberto Prunetti

Illuminatis et gnostiques contre l'Empire Bolloréen avec Pacôme Thiellement

La guerre en tête, sur le front de la Syrie à l'Ukraine avec Romain Huët

Feu sur le Printemps des poètes ! (oublier Tesson) avec Charles Pennequin, Camille Escudero, Marc Perrin, Carmen Diez Salvatierra, Laurent Cauwet & Amandine André

Abrégé de littérature-molotov avec Mačko Dràgàn

Le hold-up de la FNSEA sur le mouvement agricole

De nazisme zombie avec Johann Chapoutot

Comment les agriculteurs et étudiants Sri Lankais ont renversé le pouvoir en 2022

Le retour du monde magique avec la sociologue Fanny Charrasse

Nathalie Quintane & Leslie Kaplan contre la littérature politique

Contre histoire de d'internet du XVe siècle à nos jours avec Félix Tréguer

L'hypothèse écofasciste avec Pierre Madelin

oXni - « On fera de nous des nuées... » lundisoir live

Selim Derkaoui : Boxe et lutte des classes

Josep Rafanell i Orra : Commentaires (cosmo) anarchistes

Ludivine Bantigny, Eugenia Palieraki, Boris Gobille et Laurent Jeanpierre : Une histoire globale des révolutions

Ghislain Casas : Les anges de la réalité, de la dépolitisation du monde

Silvia Lippi et Patrice Maniglier : Tout le monde peut-il être soeur ? Pour une psychanalyse féministe

Pablo Stefanoni et Marc Saint-Upéry : La rébellion est-elle passée à droite ?

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Du milieu antifa biélorusse au conflit russo-ukrainien

Yves Pagès : Une histoire illustrée du tapis roulant

Alexander Bikbov et Jean-Marc Royer : Radiographie de l'État russe

Un lundisoir à Kharkiv et Kramatorsk, clarifications stratégiques et perspectives politiques

Sur le front de Bakhmout avec des partisans biélorusses, un lundisoir dans le Donbass

Mohamed Amer Meziane : Vers une anthropologie Métaphysique->https://lundi.am/Vers-une-anthropologie-Metaphysique]

Jacques Deschamps : Éloge de l'émeute

Serge Quadruppani : Une histoire personnelle de l'ultra-gauche

Pour une esthétique de la révolte, entretient avec le mouvement Black Lines

Dévoiler le pouvoir, chiffrer l'avenir - entretien avec Chelsea Manning

De gré et de force, comment l'État expulse les pauvre, un entretien avec le sociologue Camille François

Nouvelles conjurations sauvages, entretien avec Edouard Jourdain

La cartographie comme outil de luttes, entretien avec Nephtys Zwer

Pour un communisme des ténèbres - rencontre avec Annie Le Brun

Philosophie de la vie paysanne, rencontre avec Mathieu Yon

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Parcoursup, conseils de désorientation avec avec Aïda N'Diaye, Johan Faerber et Camille

Une histoire du sabotage avec Victor Cachard

La fabrique du muscle avec Guillaume Vallet

Violences judiciaires, rencontre avec l'avocat Raphaël Kempf

L'aventure politique du livre jeunesse, entretien avec Christian Bruel

À quoi bon encore le monde ? Avec Catherine Coquio
Mohammed Kenzi, émigré de partout

Philosophie des politiques terrestres, avec Patrice Maniglier

Politique des soulèvements terrestres, un entretien avec Léna Balaud & Antoine Chopot

Laisser être et rendre puissant, un entretien avec Tristan Garcia

La séparation du monde - Mathilde Girard, Frédéric D. Oberland, lundisoir

Ethnographies des mondes à venir - Philippe Descola & Alessandro Pignocchi

Terreur et séduction - Contre-insurrection et doctrine de la « guerre révolutionnaire » Entretien avec Jérémy Rubenstein

Enjamber la peur, Chowra Makaremi sur le soulèvement iranien

La résistance contre EDF au Mexique - Contre la colonisation des terres et l'exploitation des vents, Un lundisoir avec Mario Quintero

Le pouvoir des infrastructures, comprendre la mégamachine électrique avec Fanny Lopez

Rêver quand vient la catastrophe, réponses anthropologiques aux crises systémiques. Une discussion avec Nastassja Martin

Comment les fantasmes de complots défendent le système, un entretien avec Wu Ming 1

Le pouvoir du son, entretien avec Juliette Volcler

Qu'est-ce que l'esprit de la terre ? Avec l'anthropologue Barbara Glowczewski

Retours d'Ukraine avec Romain Huët, Perrine Poupin et Nolig

Démissionner, bifurquer, déserter - Rencontre avec des ingénieurs

Anarchisme et philosophie, une discussion avec Catherine Malabou

« Je suis libre... dans le périmètre qu'on m'assigne »
Rencontre avec Kamel Daoudi, assigné à résidence depuis 14 ans

Ouvrir grandes les vannes de la psychiatrie ! Une conversation avec Martine Deyres, réalisatrice de Les Heures heureuses

La barbarie n'est jamais finie avec Louisa Yousfi

Virginia Woolf, le féminisme et la guerre avec Naomi Toth

Katchakine x lundisoir

Françafrique : l'empire qui ne veut pas mourir, avec Thomas Deltombe & Thomas Borrel

Guadeloupe : État des luttes avec Elie Domota

Ukraine, avec Anne Le Huérou, Perrine Poupin & Coline Maestracci->https://lundi.am/Ukraine]

Comment la pensée logistique gouverne le monde, avec Mathieu Quet

La psychiatrie et ses folies avec Mathieu Bellahsen

La vie en plastique, une anthropologie des déchets avec Mikaëla Le Meur

Déserter la justice

Anthropologie, littérature et bouts du monde, les états d'âme d'Éric Chauvier

La puissance du quotidien : féminisme, subsistance et « alternatives », avec Geneviève Pruvost

Afropessimisme, fin du monde et communisme noir, une discussion avec Norman Ajari

L'étrange et folle aventure de nos objets quotidiens avec Jeanne Guien, Gil Bartholeyns et Manuel Charpy

Puissance du féminisme, histoires et transmissions

Fondation Luma : l'art qui cache la forêt

De si violentes fatigues. Les devenirs politiques de l'épuisement quotidien,
un entretien avec Romain Huët

L'animal et la mort, entretien avec l'anthropologue Charles Stépanoff

Rojava : y partir, combattre, revenir. Rencontre avec un internationaliste français

Une histoire écologique et raciale de la sécularisation, entretien avec Mohamad Amer Meziane

Que faire de la police, avec Serge Quadruppani, Iréné, Pierre Douillard-Lefèvre et des membres du Collectif Matsuda

La révolution cousue main, une rencontre avec Sabrina Calvo à propos de couture, de SF, de disneyland et de son dernier et fabuleux roman Melmoth furieux

LaDettePubliqueCestMal et autres contes pour enfants, une discussion avec Sandra Lucbert.

Pandémie, société de contrôle et complotisme, une discussion avec Valérie Gérard, Gil Bartholeyns, Olivier Cheval et Arthur Messaud de La Quadrature du Net

Basculements, mondes émergents, possibles désirable, une discussion avec Jérôme Baschet.

Au cœur de l'industrie pharmaceutique, enquête et recherches avec Quentin Ravelli

Vanessa Codaccioni : La société de vigilance

Comme tout un chacune, notre rédaction passe beaucoup trop de temps à glaner des vidéos plus ou moins intelligentes sur les internets. Aussi c'est avec beaucoup d'enthousiasme que nous avons décidé de nous jeter dans cette nouvelle arène. D'exaltations de comptoirs en propos magistraux, fourbis des semaines à l'avance ou improvisés dans la joie et l'ivresse, en tête à tête ou en bande organisée, il sera facile pour ce nouveau show hebdomadaire de tenir toutes ses promesses : il en fait très peu. Sinon de vous proposer ce que nous aimerions regarder et ce qui nous semble manquer. Grâce à lundisoir, lundimatin vous suivra jusqu'au crépuscule. « Action ! », comme on dit dans le milieu.


[1] Hasard et comique du calendrier, nous apprenions deux jours après cet entretien, qu'un contributeur nous avait transmis un article de bonne facture rédigé avec ChatGPT. Ingénu, l'auteur découvrait que l'IA générative adéquatement guidée avait précisément cette fonction : produire des raisonnements argumentés, structurés et sourcés selon le régime de valeurs souhaité. Malin, il découvrait aussi que lundimatin, pour préserver la sécurité de ses nombreux contributeurs aux activités parfois périlleuses, leur garantissait un anonymat complet. Moins finaud, il ne remarquait pas que l'article qu'il avait rédigé avec une IA était publié en vis-à-vis d'un autre, de l'économiste Jacques Fradin, qui venait justement prendre le contre-pied de ses appels à « rêver mieux ». Après le fil et le beurre, il aura finalement peut-être découvert que lundimatin était un espace de débat et de confrontation exigeant pour qui ne se satisfait pas du gloubi-boulga politicien.

31.03.2025 à 11:11

Grenoble : 100 personnes désarment une entreprise militaro-industrielle

dev

« Pour la Palestine, contre la guerre et l'industrie de la microélectronique, déter' pas des puces ! »

- 31 mars / , , ,
Texte intégral (4033 mots)

En marge du week-end de mobilisation et de réflexions qui était organisé à Grenoble (contre STMicroelectronics, la numérisation du monde, l'artificialisation des terres, l'accaparement de l'eau, etc. etc. Voir notre article ici et le résumé du week-end ), une centaine de personne s'est retrouvée sur le site de l'entreprise Teledyne, une multinationale américaine. Selon le communiqué que nous avons reçu dans la nuit, l'action de désarmement pacifiste s'inscrivait dans un soutien à la Palestine et une remise en cause de l'industrie militaire. Nous reproduisons ci-dessous la revendication des auteurs, le CEA (Comité Essentiellement Antipuces),un communiqué de presse rappelant les activités de l'entreprise et leur inscription dans la guerre en cours, ainsi qu'un petit clip fort dynamique et un roman photo.

Teledyne - Everywhere you - don't want to - look !

Ce dimanche 30 mars après-midi, nous étions une centaine de personnes à nous introduire sur le site de production de l'entreprise Teledyne e2v de Saint-Egrève pour le mettre hors d'état de nuire. Teledyne est une multinationale américaine spécialisée en imagerie digitale et en électronique, principalement pour l'aérospatial et l'armement. Le site grenoblois visé aujourd'hui est un acteur majeur de la production de puces dans le bassin grenoblois. C'est le dernier maillon d'une chaîne de production destructrice qui s'étend partout à travers le monde, depuis l'extraction minière jusqu'à côté de chez nous. Teledyne est un partenaire de STMicroelectronics.

« Everywhereyoulook » dit leur slogan. Et everywhere you look, Teledyne a du sang sur les mains. C'est une des grosses entreprises de l'armement mondial et elle est la première exportatrice de licences d'armes depuis le Royaume-Uni vers l'État colonial et génocidaire d'Israël. D'autres de ses sites ont d'ailleurs été visés par les camarades de Palestine Action au Royaume-Uni, à plusieurs reprises, pour dénoncer la fabrication de composants pour missiles, drones, systèmes radar de surveillance et avions de chasse F-35 responsables de dizaines de milliers de morts à Gaza

Par ailleurs l'entreprise a une place centrale dans le développement de la « Silicon Valley française », incarnation de la symbiose entre la recherche scientifique, les industriels et l'impérialisme guerrier. Le site de Saint-Egrève est le lieu historique de l'implantation de la première entreprise de production de microélectronique à Grenoble, Thompson, qui a donné naissance entre autres à STMicroelectonics et Teledyne. Les deux cousines collaborent encore aujourd'hui puisque la première entreprise grave des puces destinées à l'armement qui sont ensuite encapsulées par la seconde.

Les gestes que nous y avons posés ne seront jamais à la hauteur des massacres que Teledyne outille. Après avoir fait tomber les barrières nous avons choisi de repeindre la façade à la couleur qu'elle mérite : rouge sang ! Les grilles de l'usine ont été découpées, la rendant ouverte à toustes. La centaine de personnes présente s'est également attaquée aux portails, aux badgeuses ou aux arrivées télécom dans l'espoir que chaque jour de réparation nécessaire soit un jour en moins consacré à la production des technologies génocidaires.

L'action s'inscrit en soutien à la lutte du collectif STop Micro contre les nuisances des industriels de la microélectronique. Elle entre aussi en résonance avec la journée de la Terre, jour de commémoration de la répression de manifestations palestiniennes contre l'accaparement des terres par les colons sionistes. Nous ne laisserons plus les industriels agir en toute impunité et accaparer l'eau et les terres.

Pour la Palestine, contre la guerre et l'industrie de la microélectronique, déter' pas des puces !

CEA : Comité Essentiellement Antipuces

Teledyne e2v et STMIcroelectronics, acteurs majeurs du complexe militaro-industriel grenoblois

« St Micro et Te2v [Teledyne e2v] semi-conducteurs étant tous les deux des acteurs clés de la Silicon valley grenobloise, nous avons décidé de combiner nos forces, ça coule de source » Source : site internet de Teledyne

Acteur majeur du complexe militaro-industriel et complice du génocide en Palestine, l'entreprise Teledyne a été ciblée par une centaine de militant.es ce week-end à Saint-Egrève (près de Grenoble). La façade a été repeinte en rouge, soulignant le sang versé du fait des productions de l'entreprise, les grilles ont été découpées, la rendant ouverte à toustes, et plusieurs outils et matériaux ont été mis hors d'état de nuire. Cette action s'inscrit en soutien aux luttes contre les industriels de la microélectronique, et notamment celle du collectif STop Micro. Voici un certain nombre d'informations complémentaires sur les raisons qui nous ont poussé à nous en prendre très concrètement à Teledyne.

S'en prendre à Teledyne ça coule de source

Teledyne est une multinationale américaine spécialisée en imagerie digitale et en électronique, principalement pour l'aérospatial et la défense. Son site grenoblois est le dernier maillon d'une chaîne de production qui s'étend partout à travers le monde, depuis l'extraction minière jusqu'à côté de chez nous. Teledyne est la 62e entreprise de production d'armement mondiale et un partenaire de STMicro [1].

Le site de Saint-Egrève, au Nord-Ouest de Grenoble, réalise l'encapsulage des puces produites dans tous les autres sites dans le monde. Les puces y sont testées pour vérifier leur solidité puis mises en capsule pour être résistantes, car destinées à des usages militaires et aérospatiaux.

Les militant⸱es de Palestine Action ont déjà ciblé cette entreprise de nombreuses fois au Royaume-Uni pour dénoncer son rôle dans le génocide mené par l'Etat colonial israëlien en Palestine [2]. Teledyne fournit des instruments de surveillance pour les murs d'apartheid israéliens et des systèmes de ciblage pour les drones de combat. Elle est également responsable de la production des missiles AGM-Harpoon, AIM-120 AMRAAM et 1GM-114 Hellfire, déployés ensuite par I'armée d'occupation israélienne, notamment dans l'attaque de l'hôpital Al-Shifa. Les actions de Palestine Action ont aussi dénoncé la participation directe de l'entreprise à la production de composants utilisés dans les avions F35 [3], principaux responsables de l'intensité des bombardements infligés par l'armée israélienne à Gaza.

Les militant⸱es de Palestine Action ont déjà ciblé cette entreprise de nombreuses fois au Royaume-Uni pour visibiliser son rôle dans le nettoyage ethnique du peuple palestinien mené par l'entité sioniste puis pour dénoncer sa complicité dans le génocide en Palestine.
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ST et Teledyne travaillent main dans la main

STMicroelectronics et Teledyne e2v travaillent ensemble sur des puces C65SPAC [4]. ST se charge de graver les puces (partie dite front-end) sur son site de Crolles, pendant que Teledyne les teste et les insère dans des boitiers (partie back-end). Ce partenariat vise à produire des puces « rad hard » [5], conçues pour résister à d'intenses radiations pendant des périodes étendues [6].

En règle général la partie back-end est sous-traitée dans les pays du Sud (Maroc, Philipines, Malaisie…). Il n'y a que pour les prototypes et les applications « stratégiques » (comprenez militaires) qu'elle est effectuée en France. Les applications militaires de ces puces sont explicites : elles servent à équiper des satellites militaires. Thalès et la Direction Générale de l'Armement participent à ce projet [7] Aujourd'hui encore on peut affirmer que les applications militaires représentent une large part du chiffre d'affaire de l'entreprise. Il ne s'agit pas entre ST et Teledyne d'un partenariat circonstanciel : en 2018, les deux entreprises ont signé un contrat pour un engagement à long terme concernant la production de puces pour le spatial (C65SPACE et FD-SOI) [8].


Teledyne, la plus vieille entreprise d'électronique de la cuvette

D'ailleurs, ST et Teledyne sont cousines !

Le site de Saint Egrève, construit en 1955, est le premier centre de production de micro-électronique de Grenoble. Dès 1957, le site produit du matériel militaire, (pour des radars puis pour des sous-marins [9]. L'usine change plusieurs fois de propriétaire et de nom (CSF, Thomson-CSF. Thompson SA, Atmel, E2V) pour devenir une filiale de Teledyne en 2017.

Thomson, propriétaire du site jusqu'en 2000, est le parent direct de ST Micro ; ST et Teledyne e2v sont ainsi issues d'une même grande famille d'entreprises travaillant pour la micro-électronique et l'armement, avec aussi Thalès et le CEA.


Le complexe militaro-industriel local

Ce site s'inscrit donc dans le complexe militaro-industriel local. La surnommée 'Silicon valley à la grenobloise' est un endroit où la coopération entre la recherche publique, les industriels et le militaire est poussée à un très haut point, grâce à des financements des pouvoirs publics. On peut citer dans ce complexe le CEA (Grenoble), ST (Crolles), Soitec (Bernin), Lynred (Veurey-Vauroise), Teledyne (Saint-Egrève), Dassault (Meylan), Tronics (Crolles), Safran (Grenoble), CEA-Leti (Grenoble), Délégation Générale pour l'Armement. Ces entreprises travaillent de symbiose ; par exemple, Teledyne e2v a lancé le projet CORAIL SiP avec Safran Electronics et Defense, pour fabriquer des puces de taille réduite, financé à hauteur de 2.5M€ par le gouvernement français [10].


S'attaquer à la microéléctronique dans son ensemble, ça coule de source

Les puces créées dans l'écosystème grenoblois servent, au mieux, dans des gadgets inutiles, et au pire, dans des usages militaires. Les technologies et innovations des laboratoires de recherche publique sont toujours duales : elles peuvent à la fois servir pour le civil et le militaire. Les usages médicaux tant mis en avant par l'entreprise sont en réalité marginaux, et ne doivent pas servir d'excuse aux autres productions. Il est cynique de prétendre soigner lorsqu'on crée la mort.

En outre, la production de puces électroniques consomme des très grandes quantités d'eau, qui servent à rincer les puces, et sont rejetées très polluées dans les rivières. Elles accaparent les terres et chassent les agriculteurs pour s'étendre. Quoi qu'en disent les industriels, le numérique et l'électronique ont un impact matériel mortifère, ici et encore plus ailleurs, où des régions sont dévastées par l'extractivisme.

Teledyne a ainsi été visée ce week-end en parallèle de la mobilisation organisée par le collectif STop Micro, en soutien à toutes les luttes contre ces nuisances quelques soient leurs moyens d'action. Les luttes continueront de s'unir, jusqu'à la chute des industriels et des génocidaires.

Everywhere you look, nous serons là

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