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25.11.2024 à 14:43

« Un monde sans enfants » de David Duhamel : à lire ou pas ?

Éric Le Bourg

De la naissance du dernier Coréen du Sud (en 2750) aux 355 milliard d'Africains, notre chroniqueur Éric Le Bourg, chercheur retraité en biologie du vieillissement, a lu pour vous David Duhamel.
Texte intégral (3572 mots)

De la naissance du dernier Coréen du Sud (en 2750) aux 355 milliard d’Africains, notre chroniqueur Éric Le Bourg, chercheur retraité en biologie du vieillissement, a lu pour vous David Duhamel.

Vers 1980, Albert Jacquard s’effrayait d’une population mondiale galopante qui, au rythme des 1,9% par an d’augmentation à son époque, aurait pu atteindre 45 milliards avant 2100. Cette explosion démographique n’a pas eu lieu et, aujourd’hui, on table sur environ 10 milliards. L’indice conjoncturel de fécondité (ICF) — le nombre d’enfants qu’auraient les femmes par exemple en 2025 si elles avaient toute leur vie la fécondité par âge observée en 2025 — tend à baisser au niveau mondial et à s’établir dans nombre de pays à un niveau inférieur à celui nécessaire pour remplacer strictement la population, soit 2,1 enfants par femme dans les conditions actuelles de mortalité infantile des pays développés. Avec un ICF de 0,7 enfant par femme en Corée du Sud, ce pays se dirige vers un déclin rapide de sa population, de 52 à 22 millions en 2100. En France, après avoir longtemps été autour de 2, l’ICF s’est établi en 2023 à 1,68, déclenchant chez certains un langage martial sur le réarmement démographique dont il a déjà été question dans Regards. Cette baisse de l’ICF est utilisée par un certain nombre de politiciens pour faire peur (du déclin, des étrangers, des vieux, etc.) et il n’est donc pas inattendu que cette question suscite l’intérêt bien au-delà des démographes et biologistes même si, en France, la population se dirige non pas vers une baisse mais une stabilisation autour de 70 millions d’habitants.


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Dans ce contexte, l’économiste David Duhamel a publié un livre intitulé Un Monde sans enfants. Ce livre a eu l’honneur de la presse et de la radio — le sujet fait peur — et, pour tout dire, je craignais le pire, comme dans le cas de projections d’économistes aboutissant si les tendances actuelles continuaient à… zéro naissance dans le monde entier vers 2080 : j’avais tort et aussi un peu raison.

Un peu raison…

Dès la page 16 je tombe de ma chaise quand l’auteur écrit : « Longtemps absente du débat politique, la démographie a fait son apparition en France lors de l’intervention d’Emmanuel Macron du 16 janvier 2024, où, à la suite de la publication des mauvais résultats démographiques français il appela au réarmement démographique », un propos qu’il répète page 149 ou 169. À croire que David Duhamel ne vivait pas en France en 2023 quand ces questions ont été plus qu’évoquées lors des manifestations contre la loi sur les retraites, comme ici ou dans Regards et partout ailleurs. De même, il ne semble pas connaître ce qu’on a appelé la « querelle de l’INED » autour de la fécondité qui a mobilisé livres, journaux, et émissions de télévision en 1991 et bien après. Il ne semble pas non plus savoir que chaque réforme des retraites a donné lieu depuis 1993 aux mêmes déclarations sur les jeunes qui ne font pas d’enfants et sur les vieux égoïstes.

Ensuite, l’auteur considère que l’infertilité touche « une partie marginale mais grandissante » de la jeunesse (page 22) et définit l’infertilité comme « la difficulté, ou l’impossibilité physique de concevoir » (page 426) alors que l’infertilité indique seulement l’absence de grossesse pendant un temps donné (par exemple 34% d’échec après un an, à l’âge de 35 ans), mais cela ne veut pas dire que ces couples n’y arriveront pas plus tard (14% d’échec à 4 ans ou plus) : difficulté n’est pas impossibilité.

Pour continuer dans la même veine, l’auteur envisage visiblement une espérance de vie de 125 ans (page 100), ou qu’un tiers des Japonais naissant aujourd’hui devraient être centenaires (page 237), ce qui a peu de choses à voir avec les réalités biologiques de l’espèce humaine.

Enfin, concernant ce qu’on appelle les « zones bleues », endroits du monde où on observerait une concentration importante de centenaires, l’auteur explique page 173 que c’est une « légende ». Je suis personnellement sceptique en ce qui concerne Okinawa, mais il est osé de balayer d’un revers de main les études sur les zones bleues en se basant sur une seule étude, « publiée » sur BioRxiv en 2019, un site de diffusion d’articles non encore soumis à une revue scientifique. Cette étude a été mise à jour en 2024 sur BioRxiv, mais n’est toujours pas publiée dans un journal scientifique à comité de lecture, le premier critère (mais pas le seul) pour juger du sérieux d’un travail scientifique. Contacter le démographe belge à l’origine de ces recherches sur les zones bleues avant de publier son livre n’eût pas été une perte de temps pour David Duhamel, mais on a nettement l’impression qu’il s’est surtout inspiré de la fiche de Wikipédia sur les zones bleues.

Tort… mais encore un peu raison

David Duhamel est plein d’humour, et celui-ci inonde le livre, rendant sa lecture agréable sur des sujets parfois arides. À coups de questions, façon quizz, il commence son livre en tordant le cou aux pessimistes de tous bords qui pensent que les choses vont bien plus mal qu’en réalité et appelle à « refuser la peur ». Il a bien raison, tant il est vrai que la peur est utilisée par de nombreux politiciens pour faire accepter les mesures qu’ils souhaitent. L’ennui est que cette peur n’est pas seulement portée par la droite de l’échiquier mais aussi par certains écologistes qui s’inquiètent de la surpopulation du globe, alors que la population mondiale tend vers un maximum avant la fin du siècle et peut-être, si les tendances perdurent, vers une décrue ensuite. En somme, leurs conceptions sont en retard sur la réalité.

L’auteur va donc décrire la situation démographique mondiale, passée, présente, et probablement future, en s’intéressant à différents pays, et en avançant la thèse que « la fécondité va rester en dessous du seuil de remplacement et parfois très en dessous », ce qui aujourd’hui n’est plus original, « mais que cette tendance va s’accélérer sous l’effet de deux forces, l’une sociétale et l’autre technologique… #MeToo d’une part, et l’ubiquité du smartphone d’autre part », ce qui prête à discussion.

La première partie du livre sera utile à tous ceux qui ignorent largement les questions démographiques et en particulier l’exercice délicat des projections de population. La deuxième est consacrée aux différents pays, en particulier à l’étonnante Corée du Sud qui au rythme actuel de sa fécondité (ICF : 0,7 en 2023) est promise à la disparition pure et simple, sans que la Corée du Nord qui, elle, fait toujours des enfants (ICF : 1,8 en 2023), n’ait à tirer un seul coup de fusil : il suffira d’entrer, plus personne ne gardera les frontières. Ce n’est finalement pas la Corée du Nord qui est une « menace omniprésente » pour la Corée du Sud : son premier ennemi est elle-même. La Corée du Sud montre les conséquences ultimes de ses attitudes rétrogrades : contre les enfants (No kids zones), contre les jeunes (compétition extrême), contre les femmes (à la maison), contre les salariés (horaires démentiels). Et elle oublie que tout se paie un jour, mais nous reparlerons un peu plus bas de la Corée… À l’autre extrémité qui fait peur (?), on trouve le Nigéria dont on a longtemps dit qu’il serait bientôt totalement surpeuplé. Comme le souligne David Duhamel, les choses bougent puisque l’ONU prévoyait pour 2100, respectivement en 2015, 2017, 2019, et 2022 une population de 752, 794, 733, 546, puis en 2024 de 477 millions. On est loin des prévisions affolantes de certains démographes qui estimaient à 12 milliards la population de l’Afrique subsaharienne en 2100 et à 355 milliards en 2200, si les femmes avaient continué à avoir un ICF de 5 enfants par femme, ce qui n’a aucun sens et, là aussi, nous allons y revenir.

La troisième partie nous parle des peurs qu’inspire l’évolution de la population, en France ou dans le monde. Hélas, ça commence mal, puisque dans le chapitre sur la peur des vieux, l’auteur suggère, comme nombre de politiciens, d’encore augmenter l’âge de la retraite en France au-delà de 64 ans (pages 240-242). Il écrit aussi n’être pas favorable au fait de diminuer les pensions, ce qu’on peut comprendre, et/ou d’augmenter les cotisations. Dans le débat budgétaire où on constate que la fameuse politique de l’offre consistant à baisser les cotisations sociales des entreprises et à les subventionner sans limite a abouti à un déficit public abyssal, sans résultat positif notable pour le pays (précarité, chômage toujours élevé malgré une baisse depuis le pic de 2015, services publics en crise, etc.), on a du mal à se dire qu’augmenter les cotisations sociales, et pas seulement celles des salariés (les gouvernements passés ont augmenté les cotisations de retraite des fonctionnaires pendant plusieurs années sans hésiter, alors que leurs salaires étaient bloqués), serait une abomination. 

De même, l’auteur nous ressert la vieille litanie que les pays vieillissants, même très avancés d’un point de vue technologique comme le Japon, deviennent incapables d’innover : « un décrochage associé à son vieillissement ». On a l’impression de relire le récent livre d’Emmanuel Todd qui disait que « l’Allemagne est un pays terriblement vieilli où l’âge médian atteint 46 ans » et concluait que « les vieux ne sont guère aventureux », ce qui faisait penser à cette déclaration du démographe Alfred Sauvy : « Le vieillissement est loin, répétons-le, de ne toucher que les générations âgées : il affecte même plus encore les générations jeunes, car plongées dès leur naissance dans une population vieillie, elles ont en quelque sorte une avance sur les générations suivantes. Cela explique sans doute la faiblesse de l’esprit constructif chez les jeunes. Ils baignent depuis vingt ans dans une atmosphère de vieillesse ». Comment concilier ces bêtises avec la constatation quelques pages plus loin (pages 246-248) que les vieux d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec ceux d’hier ? Les vieux Japonais rajeuniraient donc tandis que les jeunes Japonais, entourés de trop de vieux pourtant rajeunissants, n’innoveraient plus ? On a vu raisonnement plus étayé… 

Quant aux chapitres sur la peur du déclin et de l’étranger, terreau de la droite et de l’extrême-droite depuis toujours, ou la peur des jeunes, radotage de vieux aigris (ils ne le sont pas tous), et enfin, du climat, n’en disons rien et laissons le lecteur réfléchir quand il les lira.

La quatrième partie nous parle de la guerre des sexes et de la fin du sexe, ce qui nous rappelle l’étude récemment parue sur la situation de la sexualité en France. Que les rapports entre les sexes changent est une évidence, que cela soit dû entre autres aux changements des parcours de vie des hommes et des femmes et ait un effet sur le nombre d’enfants en est une autre décrite par l’auteur ; que cela soit un facteur explicatif majeur des projections de fécondité à l’échelle mondiale comme l’écrit l’auteur en insistant (page 320) sur le fait que « cette jeune génération mondiale qui se déchire politiquement est à peine entrée en âge d’avoir des enfants » semble plus hasardeux. Est-ce si sûr que l’ensemble de la « jeune génération mondiale » s’inscrit dans cette problématique ? Peut-être. Ou peut-être pas…

Finalement, dans cette quatrième partie, l’auteur fait des propositions pour que les jeunes couples puissent décider d’avoir des enfants ou pas. Certaines propositions, selon moi, ne font pas débat, comme par exemple (page 382) « une politique publique du logement qui augmente l’offre au risque de mécontenter les propriétaires », et on pense bien sûr aux locations saisonnières qui assèchent les locations nues partout en France, et en particulier dans toutes les régions touristiques. Par contre, « fixer l’âge du départ à la retraite à un niveau cohérent avec les nouveaux cycles de vie, état de santé des individus et besoins financiers des sociétés » fait dresser l’oreille. Avec raison, puisqu’à la page suivante il est question pour les sociétés de trouver « les moyens de transformer en ressource leurs cohortes de seniors (au moins entre 65 et 75 ans) », ce qui rappelle fortement les propositions de Jean-Hervé Lorenzi, François-Xavier Albouy et Alain Villemur, dans L’Erreur de Faust. Essai sur la société du vieillissement souhaitant « une nouvelle période de la vie, celle entre 65 et 80 ou même 85 ans » impliquant « une participation quasi obligatoire à des activités socialisées », ces activités étant « les activités économiques pour les autoentrepreneurs et les seniors en cumul emploi-retraite, les activités socialement utiles à travers les actions sanitaires, sociales, humanitaires et caritatives » et « ayant la durée quasiment d’un temps plein au tout début ». On conclut donc que David Duhamel veut que les Français travaillent jusqu’à 75 ans s’ils sont en forme et on comprend bien que ce ne sera pas sur la base du volontariat.

Ce qui manque dans le livre…

En fait, il manque quelque chose de majeur dans le livre de David Duhamel : l’incapacité à imaginer un autre futur que celui qu’il décrit et donc la présence d’un point d’interrogation à la fin de son titre. Si on suit les projections actuelles, on peut presque calculer par exemple la date de naissance du dernier Coréen du Sud (page 109) évoquée comme étant 2750. Est-il bien crédible que les Coréens du Sud regarderont lentement leur population disparaître pendant des décennies et siècles sans réagir ? On est dans la même logique que pour l’Afrique subsaharienne dont certains imaginaient qu’elle serait peuplée de 12 milliards de personnes en 2100 et de 355 milliards en 2200. Dans ce cas, cette projection fait comme si une population pouvait se développer à l’infini dans un espace donné sans tenir compte des contraintes auxquelles elle doit faire face, ce qui ne se produit jamais. Dans les deux cas, il s’agit d’une vaste blague. 

La surpopulation mondiale explosive ne se serait jamais produite, simplement parce qu’elle n’aurait pas pu se produire. Ces prévisions ignoraient simplement que la prise en compte de l’environnement et de ses contraintes est obligatoire pour que les espèces se développent. Les bactéries dans les boîtes de Pétri montrent une croissance exponentielle seulement avant d’atteindre les parois de leur boîte et les mouches, même si elles pondent des centaines d’œufs, sont remplacées par deux mouches, sinon le monde ne serait peuplé que de mouches.

La diminution d’une population jusqu’à l’extinction n’existe pas plus, tout simplement parce que la population en question réagira à un moment ou un autre, même si cela remet en cause ses convictions les plus profondes : les Coréens changeront un jour, même si on ne peut pas dire quand et à quel niveau la population se stabilisera. On ne verra jamais un couple de Coréens donnant naissance au dernier Coréen en 2750, plus tôt, ou plus tard.

Quel avenir donc ? On peut estimer que les projections de populations tablant sur une stabilisation de la population mondiale dans les décennies qui viennent seront bien vérifiées. À plus long terme la population mondiale diminuera peut-être encore, mais il est peu crédible qu’elle diminue progressivement jusqu’à l’extinction complète : il est plus probable que les différents pays apprendront à concilier la biologie et l’économie, simplement parce qu’ils n’auront pas le choix. Repousser de plus en plus tard la maternité parce que c’est le seul moyen pour beaucoup de femmes et couples d’avoir une carrière et des conditions de vie acceptables ne sera plus acceptable à un moment, au risque sinon de voir la population décroître de façon continue : la biologie a ses contraintes et on ne peut les ignorer bien longtemps (voir un exemple en Grande-Bretagne au XIXème siècle ici). Il faudra alors permettre à ceux qui le souhaitent, y compris à 20 ans, d’avoir des enfants, même s’ils sont étudiants par exemple. Cela n’est pas compatible avec les bas salaires, la spéculation immobilière, les discriminations de genre liées à la maternité, etc. et donc incompatible avec la recherche du profit maximal pour quelques uns au détriment de tous les autres. Le capitalisme, au moins comme nous le connaissons, avec la dégradation généralisée pour la plus grande partie de la population et l’enrichissement sans limite de quelques uns, ne sera tout simplement plus compatible avec la survie même des populations. Viendra un moment où les peuples n’auront plus le choix : ou tuer ce système, ou disparaître. On peut espérer qu’ils prendront les devants.

En conclusion, faut-il lire le livre de David Duhamel ? Je dirais oui, mais avec un œil critique. Il est clair que, malgré tous ses défauts, ceux qui sont peu au fait des problèmes démographiques vont apprendre des choses.

25.11.2024 à 11:29

Apologie du terrorisme : c’est la faute à Mélenchon !

Pablo Pillaud-Vivien

Les insoumis sont-ils condamnés à se taire pour que leurs combats triomphent ?
Texte intégral (606 mots)

Les insoumis sont-ils condamnés à se taire pour que leurs combats triomphent ?

Avec un art qui leur est propre, les députés LFI font encore le buzz et provoquent le clash. Dans une proposition de loi, le député du Nord Ugo Bernalicis et nombreux de ses collègues insoumis proposent d’abroger le délit d’apologie du terrorisme introduit dans le code pénal en 2014. Bronca immédiate de la part de la droite qui accuse le mouvement de Jean-Luc Mélenchon de vouloir protéger ceux qui s’adonneraient à des apologies du terrorisme. Pis, cela serait la preuve que les insoumis sont du côté du terrorisme. C’est du grand n’importe quoi : ces attaques qui confinent à l’insulte disent davantage sur ceux qui les formulent que sur ceux qu’elles ciblent.


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À l’appui de leur proposition, les insoumis rappellent le cas de Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de l’union départementale de la CGT du Nord, condamné à un an de prison avec sursis (il a fait appel) ou encore celui des élues Mathilde Panot et Rima Hassan entendues par la police. Ils rappellent aussi les arguments de juristes, aux premiers rangs desquels l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic, qui alertent depuis 2014 sur le caractère flou et inopérant de cette loi. Cela importe peu aux commentateurs. Pourtant le sujet est sérieux et la question soulevée par les insoumis est fondée : l’apologie du terrorisme est convoquée à tout bout de champ, surtout pour délégitimer le soutien aux Palestiniens. Seul semble compter que l’émetteur (La France insoumise) est suspect – suspect d’à peu près tout d’ailleurs.

Les insoumis sont-ils condamnés à se taire pour que leurs combats triomphent ? Étrange paradoxe. Ils sont souvent seuls quand d’autres posent un genou. Ils se sont octroyés cette place à gauche : ne pas reculer.

La France insoumise sait qu’elle est au centre des attentions. Elle s’empare de ce sujet dans un temps et dans des termes qui vont une nouvelle fois susciter incompréhensions et clivages. Mais foin de précautions : les députés LFI n’ont pas associé ni même informé les autres groupes du Nouveau Front populaire. Les conséquences immédiates étaient à prévoir : les socialistes prennent leurs distances, en attendant les réactions des autres groupes.

Les insoumis sont-ils condamnés à se taire pour que leurs combats triomphent ? Étrange paradoxe. Ils sont souvent seuls quand d’autres posent un genou. Ils se sont octroyés cette place à gauche : ne pas reculer. C’est important d’avoir ce genre de conscience en action à gauche. Le problème, c’est qu’il faudrait véritablement que le délit d’apologie du terrorisme soit abrogé et remplacé par un arsenal juridique plus idoine… Et pour cela, il faut être compris, prendre le temps d’expliquer et de réunir des majorités. Et avoir la stratégie pour.

25.11.2024 à 11:27

MACRONISTE DU JOUR

la Rédaction

Attal président ! Il va le faire ! Gabriel Attal va gagner une présidentielle ! Ce week-end, le parti Renaissance tenait son congrès et ses militants ont voté : 93,18% de voix pour le G. Et le reste des voix ? 6,82% de… votes blancs, nous raconte Libération. Ah oui, parce que pour être président…
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Attal président !

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25.11.2024 à 11:26

LA LETTRE DU 25 NOVEMBRE

la Rédaction

Apologie du terrorisme : c'est la faute à Mélenchon !
Texte intégral (1060 mots)

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À l’appui de leur proposition, les insoumis rappellent le cas de Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de l’union départementale de la CGT du Nord, condamné à un an de prison avec sursis (il a fait appel) ou encore celui des élues Mathilde Panot et Rima Hassan entendues par la police. Ils rappellent aussi les arguments de juristes, aux premiers rangs desquels l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic, qui alertent depuis 2014 sur le caractère flou et inopérant de cette loi. Cela importe peu aux commentateurs. Pourtant le sujet est sérieux et la question soulevée par les insoumis est fondée : l’apologie du terrorisme est convoquée à tout bout de champ, surtout pour délégitimer le soutien aux Palestiniens. Seul semble compter que l’émetteur (La France insoumise) est suspect – suspect d’à peu près tout d’ailleurs.

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Pablo Pillaud-Vivien

MACRONISTE DU JOUR

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L.L.C.

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« Le mélenchonisme », dernier numéro du podcast de Thomas Legrand « En quête de politique » sur France Inter. Trois hommes parlent d’un quatrième – ça, c’est la France ! Une discussion à prendre avec un certain recul mais elle a le mérite de partir d’un constat partagé : « clarifier le mélenchonisme pour alimenter les réflexions et les discussions, puisque Jean-Luc Mélenchon est sans doute l’un des principaux sujets de discussion parmi les sympathisants de gauche, qu’ils soient admiratifs ou exaspérés… »

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Procès Mazan : le féminisme au présent — Censure du gouvernement : pressions et intimidations

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