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Humans Right Watch enquête sur les violations des droits humains commises à travers le monde

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20.11.2025 à 22:42

La COP30 devrait accélérer les efforts de lutte contre la déforestation

Human Rights Watch

Click to expand Image Des femmes autochtones brésiliennes participaient à une manifestation en faveur de la justice climatique et de la protection de la forêt amazonienne lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP3O) à Belém, au Brésil, le 17 novembre 2025.  © 2025 Anderson Coelho/Reuters

Le sommet des Nations Unies sur le climat de cette année (COP30) se tient actuellement à Belém, aux portes de l’Amazonie brésilienne. Le président Luiz Inácio Lula da Silva a inauguré le sommet en annonçant un fonds d’investissement mondial destiné à rémunérer les pays possédant des forêts tropicales pour le fait de conserver les arbres sur pied. Les peuples autochtones ont fait sentir leur présence à la COP30 depuis le début, exigeant la reconnaissance de leurs contributions en tant que défenseurs de l’environnement. 

Ces événements ont placé les milieux forestiers au cœur de la COP30, et suscité l’espoir qu’elle ferait progresser les efforts de protection des forêts critiques pour le climat et des communautés dont elles permettent la subsistance. 

À l’échelle nationale, un élan a été observé. Cette semaine, le Brésil a terminé le processus de reconnaissance juridique officielle de quatre territoires autochtones.

Dans l’un d’eux, situé dans l’État de Mato Grosso, des fermiers illégaux menacent de gagner du terrain sur la forêt et de la convertir en pâturages. Cette nouvelle a redonné espoir aux Manokis, le groupe autochtone dont c’est le territoire. « Nous prendrons place dans notre territoire la tête haute, sans peur, comme nos ancêtres nous l’ont appris », a déclaré Giovani Tapura, un chef du peuple autochtone manoki, à Human Rights Watch.

Le Brésil a également annoncé qu’il avait avancé dans le processus de reconnaissance officielle des frontières de 23 autres territoires. Il a été clairement démontré, surtout dans la région amazonienne, que les territoires de peuples autochtones et d’ascendance africaine qui sont délimités connaissent moins de déforestation que des zones comparables. 

Mais jusqu’ici, les négociations actuelles au sein de la conférence sur le climat n’ont pas abordé la question des engagements à mettre fin à la déforestation et à respecter les droits des peuples de la forêt.

La dernière version de travail du document final de la COP30 ne contient pas de feuille de route pour les forêts, alors que les pays avaient précédemment convenu de faire cesser et d’inverser les pertes forestières d’ici 2030. 

Le document final de la COP30 devrait comprendre un engagement de la part des gouvernements à entamer immédiatement des travaux sur une feuille de route assortie d’échéances, visant à endiguer la perte de surface forestière et à lutter contre la dégradation des forêts. 

Toute feuille de route destinée à la préservation des forêts devrait par ailleurs exprimer un engagement explicite à faire progresser le respect des droits fonciers des peuples autochtones et des communautés locales. En pratique, cela se traduirait par la reconnaissance légale des droits fonciers coutumiers, la lutte contre l’invasion illégale des territoires traditionnels, le renforcement de la gouvernance des terres gérées en commun et l’investissement dans des moyens de subsistance durables pour les communautés traditionnelles. Cette feuille de route devrait appeler explicitement à financer une conservation pilotée par les communautés. 

La COP30 devrait marquer un tournant pour la protection des forêts critiques pour le climat. Les gouvernements devraient mettre au point une feuille de route afin de mettre fin à la déforestation, et faire progresser le respect des droits.

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20.11.2025 à 06:01

Cisjordanie : En vidant des camps de réfugiés, Israël a commis un crime contre l’humanité

Human Rights Watch

Click to expand Image Deux femmes palestiniennes portaient leurs enfants en quittant le camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, le 10 février 2025, lors d’une opération de déplacement forcé lancée par les forces israéliennes ; l’un des soldats israéliens les observant brandissait son arme dans leur direction. © 2025 Wahaj Bani Moufleh Le déplacement forcé par le gouvernement israélien des populations de trois camps de réfugiés de Cisjordanie, en janvier et février 2025, a constitué des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.Les Conventions de Genève interdisent de déplacer des civils de territoires occupés, sauf temporairement pour des raisons militaires impératives ou pour la sécurité de la population. Les civils déplacés ont droit à la protection et au relogement, ainsi qu’au retour dès que les hostilités ont cessé à proximité.Les hauts responsables israéliens, notamment le Premier ministre Benyamin Netanyahou et le ministre de la Défense Israel Katz, devraient faire l’objet d’enquêtes pour les opérations menées dans les camps de réfugiés et être poursuivis de manière appropriée pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Les gouvernements devraient imposer des sanctions ciblées et prendre d’autres mesures urgentes pour cesser leurs politiques répressives.

(Jérusalem) – Le déplacement forcé par le gouvernement israélien des populations de trois camps de réfugiés de Cisjordanie en janvier et février 2025 a constitué des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui. Les 32 000 personnes déplacées par ces opérations n’ont pas été autorisées à retourner dans leurs domiciles, dont beaucoup ont été délibérément démolis par les forces israéliennes.

20 novembre 2025 “All My Dreams Have Been Erased”

Ce rapport de 105 pages, intitulé « ‘All My Dreams Have Been Erased’: Israel’s Forced Displacement of Palestinians in the West Bank » (« ‘Tous mes rêves ont été effacés’ : Déplacement forcé par Israël de Palestiniens en Cisjordanie »), détaille l’« Opération Mur de fer » (« Operation Iron Wall »), une opération militaire israélienne touchant les camps de réfugiés de Jénine, Tulkarem et Nour Chams, qui a commencé le 21 janvier 2025, quelques jours après l’annonce d’un cessez-le-feu temporaire à Gaza. Les forces israéliennes ont abruptement ordonné aux civils de quitter leur domicile, notamment à travers des haut-parleurs montés sur des drones. Des témoins ont déclaré que les soldats quadrillaient les camps en faisant brutalement irruption dans les domiciles, en saccageant les propriétés, en interrogeant les habitants et finalement en forçant toutes les familles à partir.

« Les autorités israéliennes, début 2025, ont chassé 32 000 Palestiniens de leurs foyers situés dans des camps de réfugiés en Cisjordanie, sans aucun égard pour les protections du droit international, et ne les ont pas autorisés à revenir », a déclaré Nadia Hardman, chercheuse senior auprès de la division Droits des réfugiés et migrants à Human Rights Watch. « Alors que l’attention du monde était tournée vers Gaza, les forces israéliennes ont commis en Cisjordanie des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des actes de nettoyage ethnique qui devraient faire l’objet d’enquêtes et de poursuites. »

Human Rights Watch a mené des entretiens avec 31 réfugiés palestiniens qui vivaient dans trois camps, a analysé des images satellite et a consulté les ordres de démolition de l’armée israélienne confirmant les destructions généralisées. Les chercheurs ont également analysé et vérifié des vidéos et des photographies des opérations militaires israéliennes.

Click to expand Image Carte de la Cisjordanie, montrant l’emplacement des camps de réfugiés de Jénine, Nour Chams et Tulkarem, dans le nord du territoire. © 2025 Human Rights Watch

Le 21 janvier, les forces israéliennes ont pris d’assaut le camp de réfugiés de Jénine en déployant des hélicoptères Apache, des drones, des bulldozers et des véhicules blindés pour appuyer des centaines de soldats d’infanterie qui forçaient les gens à sortir de chez eux. Des habitants ont témoigné à Human Rights Watch qu’ils avaient vu des bulldozers démolir des bâtiments pendant qu’on les expulsait. Des opérations similaires ont eu lieu dans le camp de réfugiés de Tulkarem le 27 janvier et dans le camp voisin de Nour Chams le 9 février.

L’armée israélienne n’a fourni aucun abri ni aucune aide humanitaire aux habitants déplacés. Beaucoup ont cherché refuge dans les foyers déjà surpeuplés de parents ou d’amis, ou bien se sont tournés vers les mosquées, les écoles et les associations caritatives.

Une femme de 54 ans a témoigné que les soldats israéliens « criaient et jetaient des objets dans tous les sens [...] On aurait dit une scène de film – certains avaient des masques et ils portaient toutes sortes d’armes.Un des soldats a dit : ‘Vous n’avez plus de maison ici. Vous devez vous en aller.’ »

Depuis ces descentes, les autorités israéliennes ont refusé aux habitants le droit de retourner dans les camps, même en l’absence d’opérations militaires actives à proximité. Les soldats israéliens ont tiré sur des personnes qui tentaient de se rendre chez elles, et seul un petit nombre d’habitants ont été autorisés à récupérer leurs possessions. L’armée a rasé et dégagé des espaces au bulldozer, apparemment pour créer des chemins d’accès aux camps plus larges, et a bloqué toutes les entrées.

En analysant l’imagerie satellitaire, Human Rights Watch a constaté que six mois plus tard, plus de 850 domiciles ou autres bâtiments avaient été détruits ou gravement endommagés dans l’ensemble des trois camps. L’évaluation s’est concentrée uniquement sur des zones de destruction massive comprenant des bâtiments détruits et lourdement endommagés, souvent à cause de l’élargissement d’allées et de routes dans ces camps au bâti dense.

November 15, 2024: © 2025 Planet Labs PBC. July 24, 2025: © 2025 Planet Labs PBC

Deux images satellite montrant le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie le 15 novembre 2024 (avant les opérations israéliennes de janvier 2025), et le 24 juillet 2025 (après ces opérations qui ont détruit une grande partie du camp). Le contour en pointillé indique la limite du camp, selon les données du Bureau central palestinien des statistiques (BCPS). © 2025 Planet Labs PBC (images satellite)/HRW (graphisme). 

Une évaluation préliminaire d’images satellite par le Centre satellitaire des Nations Unies, menée à partir d’octobre 2025, a permis de conclure que 1 460 bâtiments avaient subi des dégâts dans les trois camps, dont 652 qui montraient des signes de dommages modérés.

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UN Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East, UNRWA) a établi ces trois camps au début des années 1950, afin d’y loger les Palestiniens qui avaient été expulsés de leurs domiciles ou forcés à fuir après la création d’Israël en 1948. Ces réfugiés – les personnes déplacées et ensuite leurs descendants – y ont vécu depuis cette époque.

L’article 49 de la Quatrième Convention de Genève, applicable aux territoires occupés, interdit de déplacer des civils, sauf temporairement pour des raisons militaires impératives ou pour la sécurité de la population. Les civils déplacés ont droit à la protection et à un relogement approprié. La puissance occupante doit assurer le retour des personnes déplacées dès que les hostilités ont cessé dans la zone.

Des responsables de l’armée israélienne ont affirmé, dans une lettre adressée à Human Rights Watch, que l’opération Iron Wall avait été initiée « à la lumière de la menace sécuritaire représentée par ces camps et la présence grandissante d’éléments terroristes en leur sein ». Cependant, il ne semble pas que les autorités israéliennes aient tenté d’établir que leur seule option possible était l’expulsion complète de la population civile afin d’atteindre leur objectif militaire ou d’expliquer pourquoi elles avaient empêché les habitants de revenir, a constaté Human Rights Watch.

Les responsables israéliens n’ont pas répondu aux questions de Human Rights Watch, demandant si Israël autoriserait les Palestiniens à revenir et à quelle date. Bezalel Smotrich, ministre des Finances qui est aussi co-ministre au ministère de la Défense, a déclaré en février que si les habitants du camp « continuaient leurs actes de terrorisme », les camps « seraient des ruines inhabitables » et que « leurs habitants seraient forcés à migrer et refaire leur vie dans d’autres pays ».

Le transfert forcé des Palestiniens des camps a constitué une forme de nettoyage ethnique – un terme non juridique décrivant l’éloignement illégal d’une zone d’un groupe ethnique ou religieux, par un autre groupe ethnique ou religieux.

Les descentes ont été menés alors que l’attention internationale était concentrée sur Gaza, où les autorités israéliennes ont commis des crimes de guerre, un nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité – dont le déplacement forcé et l’extermination –, ainsi que des actes de génocide.

Depuis les attaques du 7 octobre 2023 dirigées par le Hamas dans le sud d’Israël, les forces israéliennes ont tué près de 1 000 Palestiniens en Cisjordanie. Les autorités israéliennes ont de plus en plus employé la détention administrative sans inculpation ni procès, les démolitions de domiciles palestiniens et la construction de colonies illégales, tandis que la violence de la part de colons soutenus par l’État et la torture de détenus palestiniens sont elles aussi en augmentation. Le déplacement forcé et les autres actes de répression à l’encontre des Palestiniens en Cisjordanie s’inscrivent dans les crimes contre l’humanité commis par Israël que sont l’apartheid et la persécution.

Les hauts responsables israéliens devraient faire l’objet d’enquêtes pour les opérations menées dans les camps de réfugiés et, si leur responsabilité est établie, dûment poursuivis pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, notamment en vertu de la responsabilité du commandement. Parmi les personnes sur lesquelles il convient d’enquêter figurent le major-général Avi Bluth, le commandant du Commandement central qui était chargé des opérations militaires en Cisjordanie et qui a supervisé les descentes dans les camps et les ordres de démolition, les lieutenants-généraux Herzi Halevi et Eyal Zamir, qui tous deux ont occupé la fonction de chef d’état-major de l’armée israélienne, le ministre de la Défense Israel Katz, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui a aussi le statut de co-ministre au ministère de la Défense et qui siège au cabinet de sécurité, ainsi que le Premier ministre Benyamin Netanyahou.

Le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), ainsi que, à travers le principe de compétence universelle, les autorités judiciaires nationales de divers pays, devraient enquêter sur les responsables israéliens dont l’implication dans les atrocités commises en Cisjordanie est crédible, notamment en vertu de la responsabilité du commandement.

Les gouvernements devraient imposer des sanctions ciblées à Avi Bluth, Eyal Zamir, Bezalel Smotrich, Israel Katz, Benyamin Netanyahou et aux autres responsables israéliens impliqués dans les graves abus actuellement commis dans le Territoire palestinien occupé. Ils devraient également presser les autorités israéliennes de mettre fin à leurs politiques répressives, imposer un embargo sur les armes, suspendre leurs accords commerciaux préférentiels avec Israël, interdire le commerce avec les colonies illégales et appliquer les mandats d’arrêt de la CPI.

« L’escalade d’abus commis par Israël en Cisjordanie soulignent pourquoi les autres gouvernements, en dépit du fragile cessez-le-feu à Gaza, devraient agir d’ urgence pour empêcher les autorités israéliennes d’accentuer leur répression à l’encontre des Palestiniens », a conclu Nadia Hardman. « Ils devraient infliger des sanctions ciblées au Premier ministre, Benyamin Netanyahou, au ministre de la Défense, Israel Katz, et aux autres hauts fonctionnaires israéliens responsables de crimes graves envers les Palestiniens ; ils devraient aussi appliquer tous les mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale. »

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Articles

Zonebourse/Reuters  Boursorama/Reuters

Mediapart (itw Nadia Hardman)  Entrevue

Euronews / vidéo  Courrier international/AFP

Ouest France  OLJ  BFMTV (vidéo)  RTS.ch

Fil sur X : https://x.com/hrw_fr/status/1991525346295111924

20.11.2025 à 06:00

Égypte : La Commission africaine devrait agir pour protéger les droits

Human Rights Watch

Click to expand Image Une séance consacrée à l’examen de la situation des droits humains en Égypte, au siège de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP ou ACHPR en anglais) à Banjul, en Gambie, lors de 85ème session de la CADHP en octobre 2025. © 2025 Human Rights Watch

(Beyrouth) – La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) devrait agir fermement pour remédier à la crise grave et prolongée des droits humains en Égypte suite à son examen de la situation des droits dans ce pays, ont déclaré aujourd'hui 22 organisations. La Commission a constaté que l'Égypte violait de nombreux articles de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, mais n'a adopté aucune résolution sur l'Égypte depuis 2015, malgré la grave détérioration de la situation des droits humains dans le pays et la destruction quasi totale de l'espace civique.

La Commission africaine a examiné la situation de l’Égypte lors de sa 85ème session en octobre, lors de laquelle le gouvernement égyptien a présenté un rapport couvrant la période de 2019 à 2024. Ce rapport contenait toutefois des descriptions fallacieuses de la situation des droits humains en Égypte, et un déni catégorique des violations. La Rapporteure spéciale de la Commission pour l'Égypte a également présenté un rapport qui passait sous silence les violations généralisées et reprenait en grande partie le discours officiel. 

« Le gouvernement égyptien a dressé un tableau idyllique masquant la grave crise des droits humains en Égypte, tandis que la Rapporteure spéciale de la Commission africaine a repris certains de ses récits sans les examiner, les amplifiant dangereusement », a déclaré Mohamed Lotfy, directeur exécutif de l’ONG Commission égyptienne pour les droits et les libertés (Egyptian Commission for Rights and Freedoms, ECRF). « Ces déformations de la réalité rendent d'autant plus crucial pour la Commission de s'attaquer fermement à la crise des droits humains en Égypte, la pire depuis des décennies. »

Des violations flagrantes et systématiques des droits humains en Égypte ont été largement documentées dans de nombreux rapports d'organisations de défense des droits humains égyptiennes et internationales indépendantes, de mécanismes des droits humains africains et des Nations Unies, et même du Conseil national des droits de l’homme nommé par le gouvernement, selon les 22 organisations signataires.

Le gouvernment égyptien a affirmé dans son rapport qu'il ne détient aucun journaliste ni prisonnier d'opinion et que les restrictions imposées aux organisations indépendantes, telles que l'interdiction de mener et de publier des études sans autorisation, visent à garantir la « transparence et l’objectivité ». 

Lors des sessions publiques, la Rapporteure de la CADHP sur l’Égypte a rarement évoqué la grave crise des droits humains et les allégations de violations généralisées. Elle a affirmé que l’élection présidentielle de 2023 s’est déroulée dans un environnement « pacifique » et « compétitif », contredisant des preuves bien documentées de répression, des poursuites visant des candidats potentiels et des membres de leur famille, et la criminalisation effective en Égypte des rassemblements, des expressions et des associations. 

La Rapporteure a demandé au gouvernement égyptien d’accueillir une session de la CADHP en Égypte, sans toutefois soulever d’inquiétude quant à la surveillance généralisée, aux exactions commises par les forces de sécurité et à la répression des manifestants. La répression est exposée depuis longtemps, notamment pendant la session de la Commission africaine de 2019 à Charm el-Cheikh, ainsi qu’avant et pendant la COP27, la Conférence sur le changement climatique de l’ONU, en Égypte en 2022. 

En décembre 2024, la Rapporteure de la CADHP a effectué une visite officielle non annoncée en Égypte, qu'elle a qualifiée de « visite d'information (de familiarisation) et de plaidoyer ». Cependant, elle n'a apparemment rencontré aucune organisation indépendante de défense des droits humains avant, pendant ou après cette visite. En mai 2025, la Rapporteure a publié un rapport au sujet de sa visite, désormais indisponible sur le site internet de la Commission, reprenant sans contestation les arguments du gouvernement, notamment que « toute personne accusée dans une affaire pénale a droit à tous les droits stipulés dans les conventions internationales, en particulier au droit à la défense ». De nombreuses organisations internationales et égyptiennes de défense des droits humains ont exprimé publiquement et dans des lettres adressées à la CADHP, leurs préoccupations concernant la visite et le rapport de la Rapporteure.

Au cours de la période couverte par l’examen de la Commission, le gouvernement égyptien a adopté une politique de tolérance zéro à l'égard de la dissidence, a virtuellement éliminé l’espace public, et a effectivement criminalisé les droits à la liberté d'expression, de réunion, et d’association. Des dizaines de milliers d’activistes, de journalistes, de défenseur-e-s des droits humains, d’activistes pour les droits des femmes, de pmanifestants pacifiques, de syndicalistes, et d’universitaires ont été détenus ou poursuivis simplement pour avoir exercé leurs droits. Le gouvernement a harcelé, détenu et poursuivi en justice des membres de la famille de ses détracteurs, dont certain-e-s vivant à l’étranger.

Les amendements constitutionnels abusifs et dangereux introduits en 2019 ont gravement porté atteinte à l'indépendance du pouvoir judiciaire ainsi qu’à l'État de droit, et ont renforcé l'influence de l'armée sur la vie publique et politique de manière inédite. De nouvelles lois ont encore davantage restreint les droits fondamentaux, comme la loi de 2019 sur les associations et la loi de 2024 sur l'asile. Le gouvernement n'a pas procédé à une réforme significative des lois abusives existantes, telles que la loi de 2013 limitant les réunions pacifiques, la loi de 2018 sur la cybercriminalité, la loi de 2018 sur la réglementation des médias et les lois antiterroristes de 2015.

Le gouvernement a également manqué à ses obligations en matière de droits socio-économiques. Les dépenses d'éducation ont été réduites à leur plus bas niveau depuis de nombreuses années. Le budget alloué par le gouvernement aux soins de santé est bien inférieur au minimum constitutionnel et aux normes internationales. Les programmes d'aide financière couvrent moins d'un tiers des personnes vivant dans la pauvreté ou à proximité du seuil de pauvreté, même selon les chiffres officiels. 

La grave crise des droits humains en Égypte a justifié l'adoption de quatre résolutions de la CADHP depuis 2013. Ces résolutions dénoncent des violations telles que « les restrictions sévères imposées aux journalistes et aux professionnels des médias, leurs arrestations, détentions et assassinats arbitraires dans l'exercice de leur profession », ainsi que « le mépris des normes régionales et internationales relatives au droit à un procès équitable et l'imposition illégale de condamnations à mort en masse ». Le gouvernement égyptien n'a pas mis en œuvre la grande majorité des recommandations formulées dans ces résolutions. Des organisations internationales et égyptiennes ont rencontré plusieurs membres de la Commission africaine lors de sa 85ème session afin de soulever ces préoccupations en matière de droits humains. Plusieurs de ces membres ont fait part de leurs inquiétudes dans leurs interventions publiques. 

L’Égypte a également manqué à son obligation de mettre en œuvre plusieurs décisions finales de la Commission constatant son non-respect de ses obligations au titre de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, notamment trois décisions adoptées durant la période examinée depuis 2019.  

Selon les 22 organisations soussignées, la CADHP devrait prendre des mesures fermes et décisives pour mettre en lumière la crise des droits humains qui sévit en Égypte, et pour protéger les droits des Égyptiens. La Commission devrait veiller à ce que son examen et ses observations finales comprennent une évaluation factuelle de la crise des droits humains en Égypte ainsi que publier des déclarations publiques, des appels urgents et des lettres au gouvernement dénonçant les violations systématiques ainsi que la nécessité d’abroger et de modifier les lois abusives. 

Compte tenu du manquement du gouvernement à mettre en œuvre les résolutions précédentes de la Commission concernant l’Égypte, celle-ci devrait adopter une nouvelle résolution demandant des enquêtes sur les violations, la reddition des comptes et des réparations pour les victimes. La Commission africaine devrait également établir un mécanisme de suivi, conformément à son article 112, afin de contrôler la mise en œuvre des recommandations par l’Égypte et de dialoguer avec les victimes, la société civile et l’État sur des mesures correctives concrètes. La Commission, par l’intermédiaire de son Groupe de travail sur la communication, doit remédier d’urgence au manquement de l’Égypte à mettre en œuvre les mesures correctives ordonnées dans les décisions finales relatives à des cas individuels et saisir le Conseil exécutif de l’Union africaine. 

La CADHP devrait se prévaloir de son mandat d’alerte précoce, en vertu de l’article 58 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, pour attirer l’attention du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine sur la détérioration de la situation des droits humains en Égypte, notamment sur le risque de violations massives liées à l’impunité dans les détentions et les opérations antiterroristes. 

La CADHP devrait s’engager publiquement à surveiller et à dénoncer toute menace ou restriction de ce type. Elle devrait veiller à ce que toute visite dans le pays comprenne des consultations approfondies avec les victimes d’abus et les organisations égyptiennes et internationales de défense des droits humains, ainsi que des garanties crédibles de confidentialité et de sécurité, fournies par le gouvernement, pour toutes les personnes concernées.

Si une session devait se tenir en Égypte, la CADHP devrait exiger du gouvernement des garanties concrètes quant au respect et à la protection de la sécurité et des libertés de tous les participants et des médias. Les participants doivent pouvoir entrer librement sur le territoire et le gouvernement ne doit exercer aucune sanction ni représailles en cas de participation à la session. Les organisations égyptiennes exprimant des critiques devrait pouvoir y accéder sans intimidation ni représailles.

« La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples dispose de nombreux outils pour mettre en lumière et remédier à la situation catastrophique des droits humains en Égypte et aux violations flagrantes qui y sont commises », a conclu Amr Magdi, chercheur senior auprès de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « À tout le moins, la Commission devrait veiller à ce que les affirmations du gouvernement égyptien soient rigoureusement examinées. »

Organisations signataires :

Cairo Institute for Human Rights Studies (CIHRS) - Institut du Caire pour les études sur les droits de l'hommeCommittee for Justice (Comité pour la Justice)DAWNEgyptian Commission for Rights and FreedomsEgyptian Front for Human Rights (Front égyptien pour les droits humains)Egyptian Human Rights Forum (EHRF)Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR) - Initiative égyptienne pour les droits personnelsEgyptWide for Human RightsEl Nadim CenterEuromed Rights NetworkFédération internationale pour les droits humains (FIDH), dans le cadre de l'Observatoire pour la protection des défenseur-e-s des droits humainsHraak for Change and Youth EmpowermentHuman Rights WatchHuMENA for Human Rights and Civic EngagementInternational-Lawyers.OrgLaw and Democracy Support Foundation e.V. (LDSF)Ligue tunisienne des droits de l’hommeOrganisation mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre de l'Observatoire pour la protection des défenseur-e-s des droits humainsREDRESSRefugees Platform in Egypt - RPESinai Foundation for Human Rights (Fondation Sinaï pour les droits humains)Their Right – To Defend Prisoners of Conscience

19.11.2025 à 22:15

Népal : Recours illégal à la force lors des manifestations de la « génération Z »

Human Rights Watch

Click to expand Image Des policiers antiémeute népalais observaient des manifestants courir après avoir été visés par des tirs de gaz lacrymogène devant le Parlement à Katmandou, au Népal, le 8 septembre 2025. © 2025 Prabin Ranabhat/AFP via Getty Images Les forces de sécurité népalaises ont fait usage d'une force disproportionnée contre les manifestations menées par des jeunes le 8 septembre 2025, tirant sans discernement à plusieurs reprises sur les manifestants.Au cours de la deuxième journée de violence, le 9 septembre, des personnes, dont certaines n'étaient apparemment pas liées à la manifestation de la « génération Z », ont incendié des bâtiments gouvernementaux, agressé des politiciens, des journalistes et d'autres personnes, et attaqué des écoles, des entreprises et des médias.Une nouvelle commission judiciaire chargée d'enquêter sur les violences ne pourra réussir que si elle agit de manière transparente et veille à ce que les responsables d'infractions fassent l'objet d'enquêtes et de poursuites.

(New York, 19 novembre 2025) – Les forces de sécurité népalaises ont fait usage d'une force disproportionnée contre les manifestations menées par des jeunes le 8 septembre, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Le gouvernement provisoire dirigé par l'ancienne présidente de la Cour suprême Sushila Karki, nommée à ce poste après que le Premier ministre a été contraint de démissionner en raison des manifestations, devrait enquêter sur l'usage excessif de la force ainsi que sur les incendies criminels et les attaques collectives contre des personnes et des bâtiments le lendemain, le 9 septembre ; les enquêtes devraient aussi porter sur les personnes qui auraient ordonné des actes illégaux.

Human Rights Watch a constaté que, le 8 septembre, lors d'une manifestation de jeunes membres de la « génération Z » tenue dans la capitale, Katmandou, la police a tiré sans discernement sur des manifestants à plusieurs reprises pendant trois heures, tuant 17 personnes qui protestaient contre la corruption politique et l'interdiction des réseaux sociaux imposée quatre jours plus tôt. Cela a déclenché une deuxième journée de violence le 9 septembre, mais les forces de sécurité semblent n'avoir pas réagi lorsque des groupes de personnes, dont certaines n'étaient apparemment pas liées à la manifestation de la génération Z, ont incendié des bâtiments gouvernementaux importants, agressé des politiciens, des journalistes et d'autres personnes, et attaqué des écoles, des entreprises et des médias.

« Les récentes violences au Népal ont donné lieu à de graves violations des droits humains, et les responsables devraient être traduits en justice, qu'il s'agisse des forces de sécurité ou d'acteurs politiques », a déclaré Meenakshi Ganguly, directrice adjointe de la division Asie à Human Rights Watch. « Le gouvernement devrait veiller à ce que les enquêtes soient indépendantes, limitées dans le temps et transparentes, et à ce qu'aucune personne reconnue coupable d'avoir enfreint la loi ne soit injustement protégée contre des poursuites judiciaires appropriées. »

Le gouvernement de Sushila Karki a créé une commission d'enquête judiciaire chargée d'enquêter sur la mort d'au moins 76 personnes tuées dans tout le pays au cours des deux jours de violence, dont environ 47 à Katmandou, parmi lesquelles trois policiers. Le gouvernement Karki devrait reconnaître et s'attaquer à la corruption et à l'incapacité à garantir les droits, tels qu'un niveau de vie adéquat, qui ont déclenché les manifestations de jeunes, a déclaré Human Rights Watch.

Human Rights Watch a mené des entretiens avec 52 témoins, victimes, journalistes, professionnels de santé, politiciens, membres de l' e et sources proches des forces de sécurité ; vérifié des photographies et des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ou partagées avec des chercheurs ; et visité des hôpitaux et les lieux des manifestations et des incendies criminels. Les recherches se sont concentrées sur Katmandou.

Le 8 septembre, entre 12 h 30 et 16 h environ, la police a utilisé la force meurtrière pour disperser des jeunes qui s'étaient rassemblés autour du parlement, tirant sur des personnes à la tête, à la poitrine et à l'abdomen. Les témoignages et les images analysées ne montrent pas de danger grave et imminent pour la vie qui justifierait l'usage intentionnel de la force meurtrière.

Les participants, informés de la manifestation sur les réseaux sociaux, notamment sur la plateforme de communication Discord, ont commencé à se rassembler vers 9 heures, et à 11 heures, la foule avait considérablement grossi. Alors que les manifestants avançaient vers le Parlement, certains ont franchi la seule barricade érigée dans une rue menant au Parlement. La police a utilisé des gaz lacrymogènes, des canons à eau et des matraques pour les disperser. Les manifestants se sont rassemblés en grand nombre autour de l'entrée principale du Parlement. Certains ont jeté des pierres sur la police. Vers 12 h 30, le gouvernement a décrété un couvre-feu dans la zone, mais les manifestants et les journalistes interrogés par Human Rights Watch n'avaient pas eu connaissance de cette annonce.

Vers 13 h, « la situation a vraiment dégénéré », a déclaré un journaliste qui a entendu des coups de feu et s'est réfugié avec un collègue près du mur d'enceinte du Parlement. Il a ajouté : « Une balle a sifflé entre moi et l’autre journaliste. » Aucun des témoins interrogés n'a entendu d'avertissement avant que la police ne recoure à la force meurtrière.

Les tirs de la police se sont poursuivis par intermittence pendant des heures. Vers 13 h 40, la police a tiré sur une étudiante universitaire de 20 ans, la blessant à l'épaule. « Quand j'ai été touchée, il n'y avait aucune violence », a déclaré l'étudiante. « Tout était très calme. Ils ont commencé à tirer sans crier gare. » Son chirurgien a confirmé ses blessures.

Dans l'après-midi et dans la soirée du 8 septembre, un manifestant a déclaré qu'une unité de police qu'il a identifiée comme étant la Force spéciale l'avait arrêté avec 33 autres personnes dans l'enceinte du Parlement. Il a déclaré qu'ils avaient été battus et menacés. Ils n'ont été libérés que l'après-midi suivant.

Le 9 septembre, des manifestants à travers la ville ont attaqué des commissariats de police, pillé des armes et forcé les policiers à fuir. Trois policiers ont été tués lors d'attaques de foules, ont déclaré des responsables de la police et des médecins légistes qui ont procédé aux autopsies. Dans de nombreux endroits, des membres du public ont participé spontanément à des incendies criminels et à d'autres attaques.

La foule a violemment battu des politiciens et incendié leurs maisons. Certains, dont le Premier ministre de l'époque, ont dû être secourus par hélicoptère militaire. Des bâtiments gouvernementaux clés, notamment le Parlement, le palais présidentiel, les bureaux fédéraux et la Cour suprême, ont été incendiés. Des écoles, des hôtels et des propriétés privées ont également été incendiés. Des milliers de prisonniers ont été libérés après des attaques contre des prisons.

Plusieurs témoins ont affirmé que certaines attaques de la foule étaient sélectives et se sont interrogés sur les raisons pour lesquelles les forces de sécurité de l' e n'avaient pas fait davantage pour les arrêter. « Les attaques étaient très ciblées », a déclaré un homme d'affaires, soulignant que les entreprises voisines étaient généralement épargnées. De nombreux témoins ont déclaré que les forces de sécurité étaient largement absentes alors que les incendies criminels se propageaient dans la ville le 9 septembre, ne parvenant pas à protéger les personnes et les biens attaqués.

Les témoins et les analystes interrogés par Human Rights Watch ou cités dans les médias ont déclaré qu'ils soupçonnaient que les violences avaient pu être influencées par des « infiltrés » affiliés à divers mouvements politiques. Les autorités judiciaires pénales devraient enquêter sur toute allégation crédible d'actes criminels ayant contribué aux violences, a déclaré Human Rights Watch.

Le Premier ministre K.P. Sharma Oli a démissionné dans l'après-midi du 9 septembre. Le soir même, le président Ram Chandra Poudel a publié une déclaration appelant au calme. Les incendies criminels se sont poursuivis jusqu'à environ 22 heures, heure à laquelle l'armée a été déployée. Le chef de l'armée, Ashok Raj Sigdel, a convoqué des membres éminents du mouvement Gen Z, ainsi que certains politiciens, pour discuter. Le 12 septembre, après avoir consulté leurs partisans sur la plateforme Discord, les représentants de « Gen Z » ont conclu un accord avec le président pour dissoudre le Parlement et nommer Karki à la tête d'un gouvernement intérimaire chargé d'organiser de nouvelles élections.

Des pathologistes de la morgue de Katmandou, qui a reçu 47 corps en deux jours, ont déclaré à Human Rights Watch qu'ils avaient déterminé que 35 décès étaient dus à des « blessures par balle tirée à grande vitesse » à la tête, au cou, à la poitrine ou à l'abdomen. Le personnel de divers hôpitaux a déclaré avoir reçu des centaines de patients blessés.

La police est entrée dans l'enceinte d'un hôpital le 8 septembre et a chargé le personnel et les patients à coups de matraque, blessant un membre du personnel, a déclaré un responsable de l'hôpital. Les manifestants ont attaqué des ambulances pendant les deux jours. Des journalistes ont été blessés par des projectiles à impact cinétique tirés par la police le 8 septembre et des manifestants ont attaqué les locaux des médias le 9 septembre.

Un haut responsable de la police à la retraite a déclaré que la police n'avait pas respecté les procédures relatives à la dispersion des manifestations et à l'usage de la force meurtrière. Les Principes de base des Nations Unies sur le recours à la force et l'utilisation des armes à feu interdisent l'usage des armes à feu, sauf en cas de menace imminente de mort ou de blessure grave. L'usage intentionnel et meurtrier des armes à feu n'est autorisé que lorsqu'il est strictement inévitable pour protéger des vies. En vertu de la loi népalaise, les forces de sécurité, même lorsqu'elles sont autorisées à recourir à la force meurtrière pour rétablir l'ordre, doivent émettre des avertissements et éviter les décès.

La commission créée pour enquêter sur les événements des 8 et 9 septembre devrait examiner le rôle des forces de sécurité, les allégations crédibles d'infiltration et les actes criminels ayant contribué à la violence, a déclaré Human Rights Watch. Au 10 novembre, la police avait arrêté 423 personnes présumées responsables des violences du 9 septembre, mais aucune mesure n'avait été prise à l'encontre des agents qui avaient illégalement ouvert le feu sur les manifestants le 8 septembre.

« Les autorités devraient reconnaître que l'impunité généralisée dont ont bénéficié les auteurs de violations des droits humains dans le passé a contribué à rendre possible les violences perpétrées en septembre au Népal », a conclu Meenakshi Ganguly. « Il est essentiel d’inverser la tendance des gouvernements successifs au Népal à enterrer les enquêtes et à retarder les poursuites, depuis des décennies, et à reformer plutôt le secteur de la sécurité en veillant a l’obligation de rendre des comptes. »

Suite détaillée en anglais.

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18.11.2025 à 19:50

Une famille décimée au Mali

Human Rights Watch

Click to expand Image Logo des Forces armées maliennes (FAMA), Bamako, Mali, le 15 février 2025. © 2025 GOUSNO/AFP via Getty Images

Une nuit calme dans le désert au nord du Mali a tourné au drame lorsqu'un drone apparemment déployé par l’armée a tiré une munition explosive sur une tente, tuant toute une famille. Cette frappe est un exemple récent des opérations militaires maliennes qui tuent des civils, et pourrait constituer un crime de guerre.

La frappe du 13 novembre, vers 21 h 30, sur le village de Tangatta, dans la région de Tombouctou dans le nord du Mali, a tué sept civils, dont cinq enfants âgés de 7 à 15 ans, issus de la même famille touareg, selon des médias et un témoin interrogé par Human Rights Watch. L'attaque a déplacé tous les autres habitants du village.

Un enseignant de 45 ans qui a survécu à l'attaque m'a raconté au téléphone qu'il avait vu dans le ciel un drone avec une lumière, puis avait entendu une forte explosion. Il a déclaré avoir trouvé les corps des parents et de leurs cinq enfants. « Six des corps étaient carbonisés », a-t-il déclaré. « Le corps du père n'était pas carbonisé, mais présentait des blessures visibles au visage et à la jambe gauche. Nous les avons enterrés dans deux tombes, la mère avec les enfants dans l'une, et le père dans l'autre. »

L'enseignant a déclaré que l'armée malienne faisait voler des drones au-dessus de Tangatta « tous les jours », car le Front de libération de l'Azawad (FLA), une coalition de groupes armés touaregs, et le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM ou Jama'at Nusrat al-Islam wa al-Muslimeen, JNIM), lié à Al-Qaïda, opèrent dans la région. Aucun homme armé n'était toutefois présent au moment de la frappe, a-t-il déclaré.

Les hostilités dans le nord du Mali se sont intensifiées depuis janvier 2023, lorsque les autorités militaires maliennes ont mis fin à un accord de paix conclu en 2015 avec les groupes armés touaregs. Dans le même temps, le GSIM a renforcé son contrôle sur l'ensemble du pays, assiégeant Bamako, la capitale, et coupant l'approvisionnement en carburant.

Cette récente frappe n'est pas un incident isolé. Les forces maliennes ont déjà mené des attaques de drones qui ont fait de nombreuses victimes civiles. Le lendemain de l'incident de Tangatta, une autre frappe de drone dans le village d'Albouhera, non loin de là, aurait tué deux femmes et deux enfants en bas âge.

En vertu du droit de la guerre, les civils ne doivent jamais être pris pour cible. Toutes les parties à un conflit armé doivent prendre toutes les précautions possibles pour éviter de nuire aux civils et aux biens civils. Les violations graves, telles que les attaques qui ne font pas de distinction entre civils et combattants, constituent des crimes de guerre si elles sont commises de manière délibérée ou imprudente.

Les autorités maliennes devraient mener d'urgence une enquête impartiale sur l'attaque de Tangatta et traduire les responsables en justice. Elles devraient rapidement verser une indemnisation adéquate aux proches des victimes, et devraient cesser de mener des frappes de drones illégales.

18.11.2025 à 16:14

Bangladesh : Sheikh Hasina reconnue coupable de crimes contre l'humanité

Human Rights Watch

Click to expand Image Sheikh Hasina Wazed, qui était alors Première ministre du Bangladesh, photographiée au palais de l'Élysée à Paris le 9 novembre 2021, lors d’une visite officielle en France. © 2021 Michel Euler/AP Photo

Le 17 novembre, le Tribunal pénal international du Bangladesh a déclaré Sheikh Hasina, ancienne Première ministre, et Asaduzzaman Khan Kamal, ancien ministre de l'Intérieur, coupables de crimes contre l'humanité commis lors de la répression violente des manifestations d’étudiants en 2024, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch.

Tous deux ont été jugés par contumace, sans être représentés par un avocat de leur choix, et condamnés à mort, ce qui soulève de graves préoccupations en matière de droits humains. La troisième personne accusée dans cette affaire, l’ex-directeur de la police Chowdhury Abdullah Al-Mamun, est actuellement en détention et a témoigné à charge ; sa peine a été réduite à cinq ans de prison.

« Des sentiments de colère et de détresse à l'égard du régime répressif de Sheikh Hasina perdurent au Bangladesh, mais toutes les procédures pénales devraient respecter les normes internationales en matière de procès équitable », a déclaré Meenakshi Ganguly, directrice adjointe de la division Asie à Human Rights Watch. « Les responsables des violations horribles commises sous l'administration Hasina devraient certes être traduits en justice mais dans le cadre d’enquêtes impartiales et de procès crédibles. »

Les autorités bangladaises ont commis de graves violations des droits humains au cours des trois semaines de manifestations qui ont eu lieu en juillet et août 2024, et qui ont mené a la chute du gouvernement Hasina. Selon un rapport des Nations Unies, les manifestations et la répression ont fait environ 1 400 morts, pour la plupart des manifestants abattus par les forces de sécurité.

Les responsables des abus devraient être traduits en justice de manière appropriée, mais les poursuites n'ont pas respecté les normes internationales en matière de procès équitable, notamment en ce qui concerne la possibilité de présenter une défense et d'interroger les témoins à charge, ainsi que le droit d'être représenté par un avocat de son choix. Les condamnations à mort exacerbent les inquiétudes quant à l'équité du procès.

Les trois accusés étaient poursuivis pour avoir incité les forces de sécurité et les partisans de la Ligue Awami de Sheikh Hasina à mener des attaques généralisées et systématiques contre les manifestants, et pour avoir ordonné l'utilisation de drones, d'hélicoptères et d'armes létales contre des manifestants non armés. Ils étaient également accusés de ne pas avoir empêché les atrocités ou pris de mesures punitives dans trois cas spécifiques d'homicides illégaux commis par les forces de sécurité.

L'accusation a présenté 54 témoins. Environ la moitié d'entre eux ont fourni des témoignages d'experts, tandis que les autres étaient des victimes, ou des membres de leurs familles.

Les preuves contre Sheikh Hasina comprenaient des enregistrements audio de conversations avec des fonctionnaires dans lesquelles elle semblait ordonner l'utilisation d'armes létales. Bien que l'avocat commis d'office pour défendre Sheikh Hasina et Asaduzzaman Khan Kamal, qui n'avait reçu aucune instruction des accusés, ait pu contre-interroger les témoins, il n'a présenté aucun témoin pour contester les allégations.

Les procès par contumace portent fondamentalement atteinte au droit à un procès équitable tel qu'énoncé dans l'article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), et qui est essentiel à la légitimité d'une procédure judiciaire. Le Comité des droits de l'homme des Nations Unies, qui veille au respect du PIDCP, a affirmé dans son Observation no 32 : « Tous les procès en matière pénale … doivent en principe faire l’objet d’une procédure orale et publique », permettant à l’accusé de comparaître en personne ou d’être représenté par un avocat, de présenter ses propres preuves et d’interroger des témoins.

Dans leur décision de 453 pages, les juges ont déclaré que l'article 7 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI), qui définit les crimes contre l'humanité, avait servi de base à la procédure du tribunal et que les témoignages des victimes avaient étayé sa conclusion de crimes contre l'humanité. Les juges ont également déclaré que, bien que Sheikh Hasina ait récemment imputé la responsabilité des « défaillances disciplinaires » à des « forces de sécurité sur le terrain » dans des interviews, elle avait également accepté sa « responsabilité en tant que dirigeante ».

Il est essentiel que justice soit faite et que les responsables des violations graves des droits humains commises par le gouvernement Hasina, notamment les disparitions forcées, les exécutions extrajudiciaires et la torture, soient amenés à rendre des comptes, a déclaré Human Rights Watch. Cependant, les autorités bangladaises ont depuis longtemps, y compris sous le gouvernement Hasina, l'habitude d'intenter des procès pour des motifs politiques, notamment devant le Tribunal pénal international du pays, afin d'arrêter et de détenir arbitrairement, de poursuivre injustement et, dans certains cas, d'exécuter des opposants politiques.

Ces pratiques se sont poursuivies sous le gouvernement intérimaire dirigé par Muhammad Yunus, mis en place en août 2024 après la fuite de Sheikh Hasina vers l'Inde, pays voisin.

Le Tribunal pénal international est un tribunal national créé par Sheikh Hasina en 2010, à l'origine pour juger les crimes contre l'humanité commis pendant le mouvement d'indépendance du Bangladesh en 1971. Sous le régime de Sheikh Hasina, les procédures du tribunal ont à plusieurs reprises enfreint les normes internationales en matière de procès équitable et ont abouti à des condamnations à mort. Human Rights Watch s'oppose à la peine de mort en toutes circonstances en raison de sa cruauté inhérente.

Si le gouvernement Yunus n'a pas aboli la peine de mort, il a modifié la loi sur les crimes internationaux (tribunaux) en novembre 2024 afin de rapprocher les dispositions relatives à la responsabilité du commandement et aux crimes contre l'humanité du Statut de Rome de la CPI. Les modifications énumèrent spécifiquement les disparitions forcées comme un crime.

Cependant, de nouveaux amendements adoptés en 2025 ont conféré au tribunal des pouvoirs étendus pour poursuivre et démanteler des organisations politiques, ce qui pourrait être utilisé pour violer les normes internationales en matière de procédure régulière et de liberté d'association. Dans le verdict du procès Hasina, le tribunal n'a pas statué sur le démantèlement de la Ligue Awami, mais a déclaré que le gouvernement devait confisquer les biens de Sheikh Hasina et d’Asaduzzaman Khan Kamal pour indemniser les victimes. Sheikh Hasina est également accusé dans trois autres affaires devant le tribunal, deux liées à des disparitions forcées pendant son mandat et une liée à des massacres en 2013.

Le gouvernement Yunus devrait adopter des mesures visant à garantir la protection des droits fondamentaux des accusés, a déclaré Human Rights Watch. Les articles 47(3) et 47A de la Constitution du Bangladesh privent spécifiquement les personnes accusées de crimes internationaux, tels que les crimes contre l'humanité, des droits fondamentaux qui sont par ailleurs garantis aux accusés. Il s'agit notamment du droit à la protection de la loi (article 31), des garanties d'un procès équitable (article 35) et du droit de saisir la Cour suprême en cas de violation des droits fondamentaux (article 44). Le gouvernement bangladais devrait garantir à tous les accusés un accès égal aux recours constitutionnels et imposer un moratoire sur la peine de mort avec un plan visant à l'abolir complètement.

Le gouvernement devrait répondre à toute manifestation conformément aux Principes de base des Nations Unies sur le recours à la force et l'utilisation des armes à feu par les responsables de l'application des lois, a déclaré Human Rights Watch. Les dirigeants de la Ligue Awami devraient décourager la violence de la part des partisans de la Ligue qui s'opposent au verdict du tribunal.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme et le gouvernement bangladais ont signé en juillet 2025 un protocole d'accord de trois ans visant à ouvrir une mission dans le pays « afin de soutenir la promotion et la protection des droits humains ». Le gouvernement intérimaire, qui s'est engagé à organiser des élections en février 2026, devrait également solliciter l'aide internationale pour garantir des procès équitables. Une telle aide nécessitera un moratoire sur la peine capitale.

À la suite des verdicts de culpabilité, le ministère des Affaires étrangères du Bangladesh a demandé au gouvernement indien de procéder au renvoi de Sheikh Hasina et d’Asaduzzaman Khan Kamal vers le Bangladesh, en invoquant un accord d'extradition entre les deux pays. Les autorités indiennes devraient soutenir les efforts de justice au Bangladesh, mais toute demande d'extradition devrait permettre aux personnes recherchées de contester l'extradition dans le cadre d'une procédure judiciaire en Inde qui respecte les normes d'équité. Aucune personne ne devrait être extradée vers un pays où elle risque d'être jugée dans le cadre d'un procès qui ne respecte pas les normes internationales en matière d'équité, et qui pourrait aboutir comme dans ce cas à la peine de mort.

« Les victimes de graves violations des droits humains commises sous le gouvernement Hasina ont besoin de justice et de réparations dans le cadre de procédures véritablement indépendantes et équitables », a conclu Meenakshi Ganguly. « Garantir la justice signifie également protéger les droits des accusés, y compris en abolissant la peine de mort, qui est intrinsèquement cruelle et irréversible. »

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