TOUTES LES REVUES
+

▸ les 50 dernières parutions

ACCÈS LIBRE UNE Politique International Environnement Technologies Culture

06.03.2025 à 17:28

Liberté académique et démocratie en péril : comment un prix Nobel de la paix pourrait les défendre

Stéphanie Balme, Director, CERI (Centre de recherches internationales), Sciences Po
Pour soutenir la liberté académique, les universités et la recherche, cibles d’attaques sans précédent aux États-Unis, des scientifiques ont créé le mouvement « Stand up for Science ».

Texte intégral 2617 mots
Un rassemblement en faveur de la science a attiré une foule nombreuse lors d'une rencontre de l’American Geophysical Union à San Francisco. MarcioJoseSanchez/AP, CC BY

En écho au mouvement Stand Up for Science qui s’organise aux États-Unis pour défendre la liberté académique, un appel à la mobilisation en France a été lancé pour le vendredi 7 mars. Des conférences, des rassemblements et des marches sont organisés un peu partout dans le pays, à l’initiative de scientifiques réunis derrière la bannière Stand Up for Science France. The Conversation est depuis ses débuts engagé aux côtés de celles et ceux qui font avancer la recherche.


Le 7 mars a été reconnu comme le « Jour du mouvement Stand Up for Science », lancé en 2017 en réponse aux actions anti-science de la première administration Trump. Sous la seconde, les attaques contre les scientifiques et la recherche scientifique se sont intensifiées au point qu’il est justifié aujourd’hui de parler d’un véritable coup d’État contre la science elle-même.

Alors que Donald Trump est souvent présenté comme un homme versatile, ses politiques dans ce domaine ont suivi une trajectoire cohérente. Sa nouvelle administration a une fois de plus « déclaré la guerre » à l’élaboration de politiques nationales fondées sur des preuves scientifiques et à la diplomatie scientifique dans les affaires étrangères, comme en témoignent plusieurs actions déjà menées.

En effet, immédiatement après son entrée en fonctions, Donald Trump a publié des décrets gelant ou annulant des dizaines de milliards de dollars de financement de la recherche. Tous les projets de la National Science Foundation ont été interrompus dans l’attente d’un examen, tandis que les National Institutes of Health (NIH) risquent d’être suspendus.

Le premier jour de son deuxième mandat, Donald Trump a aussi, par décret, retiré les États-Unis de l’Accord de Paris et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et ordonné l’examen approfondi de 90 % des projets financés par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Ces mesures marquent un recul majeur de la diplomatie en matière de climat et de santé mondiale.

Les agences fédérales et les universités sont dans la tourmente, laissant des milliers d’enseignants-chercheurs dans l’incertitude, face à un gel des financements dicté par des considérations politiques.

La mobilisation Stand Up for Science 2025 a pour objectif de réclamer le rétablissement du financement fédéral de la recherche et la fin de la censure gouvernementale et de l’ingérence politique dans la science.


Un courriel hebdomadaire en anglais présentant l’expertise d’universitaires et de chercheurs. Il présente la diversité des recherches menées sur le continent et examine certaines des questions clés auxquelles sont confrontés les pays européens. Recevez la lettre d’information !_


Les États-Unis, superpuissance scientifique mondiale (pour l’instant) incontestée

L’administration Trump n’est pas le seul gouvernement de la planète à s’en prendre aux universitaires, mais de telles actions sont particulièrement frappantes de la part de la première superpuissance scientifique mondiale. La situation est d’autant plus préoccupante que les décisions prises aux États-Unis ont souvent un fort effet d’entraînement sur les politiques des autres régions dans les années qui suivent.

Aucune des deux superpuissances scientifiques mondiales - Washington et Pékin - ne défend aujourd’hui la liberté académique. Coincés entre ces géants scientifiques rivaux, à la fois partenaires et concurrents, la « vieille » Europe et les pays partageant les mêmes valeurs restent les seuls acteurs capables de définir de nouvelles normes en matière de liberté académique.

Un prix Nobel pour la liberté académique

Une étape décisive vers sa protection juridique serait la reconnaissance formelle du rôle fondamental de la liberté académique par les comités Nobel de la paix et de la science, à la fois pour garantir l’excellence scientifique et en tant que pilier des sociétés libres et démocratiques.

Au cours de la dernière décennie, l’association Scholars at Risk (SAR) a documenté un déclin mondial de la liberté académique dans son rapport annuel Free to Think. L’édition 2024 met en lumière des situations particulièrement alarmantes dans 18 pays et territoires (dont les États-Unis), qui ont enregistré en une année 391 attaques contre des universitaires, des étudiants ou des institutions dans 51 régions.

Les données de l’Indice de liberté académique de Berlin confirment que plus de la moitié de la population mondiale vit dans des régions où la liberté académique est soit totalement, soit sévèrement restreinte. Certaines des situations les plus préoccupantes s’observent dans des écosystèmes scientifiques émergents tels que la Turquie, le Brésil, l’Égypte, l’Afrique du Sud ou l’Arabie saoudite. La tendance générale est à la détérioration : seuls 10 pays sur 179 ont vu leur situation s’améliorer, tandis que les régimes démocratiques sont de plus en plus touchés.

La liberté académique dans l’Union européenne reste relativement élevée par rapport au reste du monde. Cependant, neuf États membres de l’UE se situent en dessous de la moyenne régionale, et dans huit d’entre eux, elle a reculé au cours de la dernière décennie. La Hongrie affiche le niveau le plus bas des pays de l’UE, et se classe parmi les 20 à 30 % les plus bas au monde. Des lois récentes ont aussi affaibli l’autonomie des universités dans le reste de l’UE : autonomie financière en Autriche, en Italie, au Luxembourg, aux Pays-Bas et en Slovaquie ; autonomie organisationnelle en Slovénie, en Estonie et au Danemark ; autonomie en matière de personnel en Croatie et en Slovaquie ; et autonomie académique au Danemark et en Estonie. En outre, le premier rapport du Parlement européen sur les libertés académiques (2023) met en évidence les menaces émergentes en France - politiques, éducatives et sociétales - qui ont un impact sur la liberté de recherche, d’enseignement et d’étude.

La liberté académique, un droit professionnel accordé à quelques-uns au bénéfice de tous

La liberté d’expression, pilier fondamental de la liberté académique, est depuis longtemps établie comme un droit humain, surmontant des siècles de censure et de contrôle autoritaire. En revanche, la liberté académique est un principe plus récent, qui accorde aux universitaires - reconnus par leurs pairs - le droit et la responsabilité de rechercher et d’enseigner librement pour faire progresser la connaissance. À l’instar de la liberté de la presse pour les journalistes, il s’agit d’un droit accordé à quelques-uns pour le bénéfice de tous.

Trouvant son origine dans l’Europe médiévale, la liberté académique est passée d’un privilège accordé aux étudiants du Quartier latin à un principe reconnu dans les cadres internationaux des droits humains. Elle a acquis une dimension collective et concrète à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, avec l’avènement de l’université moderne.

Wilhelm von Humboldt, fondateur de l’université publique moderne de Berlin (1810), a formulé le concept de « liberté de la science » (Wissenschaftsfreiheit), plus tard inscrit dans la Constitution de Weimar de 1919, qui déclarait que « l’art, la science et l’éducation sont libres ». L’essor des universités américaines à la même époque a remodelé le concept, donnant naissance à la « liberté académique professionnelle ». Celle-ci a été formalisée dans la Déclaration de principes de 1915 sur la liberté académique et la titularisation de l’Association américaine des professeurs d’université, qui affirmait que le devoir premier de l’universitaire consistait à rechercher et à établir la vérité. Bien que ses racines se trouvent en Allemagne, la liberté académique est finalement devenue une pierre angulaire du discours universitaire américain.

Aux États-Unis, la liberté académique puise ses fondements dans diverses sources, sa protection variant en fonction de la loi des États, des coutumes, des pratiques institutionnelles et du statut des établissements d’enseignement supérieur. Toutefois, les arrêts de la Cour suprême des États-Unis ont progressivement renforcé son fondement constitutionnel, en particulier après l’époque du maccarthysme, en invoquant le premier amendement de la Constitution, qui garantit la liberté d’expression, de presse, de religion et d’association. Des affaires historiques telles que Adler v. Board of Education (1952), Wieman v. Updegraff (1952) et Sweezy v. New Hampshire (1957) ont contribué à établir une doctrine constitutionnelle sur la liberté académique. Enfin, Keyishian v. Board of Regents (1967) a étendu les protections du premier amendement au monde universitaire, en statuant que les serments de loyauté obligatoires violaient à la fois la liberté académique et la liberté d’association.

Il est intéressant de noter que l’interprétation américaine de la liberté académique est actuellement, à certains égards, plus restrictive que le modèle allemand. L’article 5, paragraphe 3, de la loi fondamentale allemande affirme le « droit d’adopter des mesures d’organisation publique essentielles à la protection d’un espace de liberté, favorisant l’activité scientifique indépendante ». En revanche, les États-Unis mettent davantage l’accent sur les interdictions et donnent la priorité aux droits individuels plutôt qu’à l’autonomie institutionnelle.

Le « droit à l’erreur »

Malgré les variations locales, la liberté académique est fondamentalement liée à une vision commune de l’université qui défend la liberté de pensée, avec la rationalité et le pluralisme en son centre. Elle inclut le « droit à l’erreur » - le fait de comprendre qu’une opinion scientifique peut s’avérer incorrecte ne diminue en rien sa protection. Cela contraste fortement avec l’approche anti-scientifique qui considère la connaissance comme un outil de pouvoir au service d’une vérité prédéterminée et d’un objectif de domination.

La science autoritaire, guidée par des intérêts de pouvoir, cherche à réduire la place des sciences humaines critiques et des sciences sociales tout en élevant la religion. Elle tend à rejeter le travail interdisciplinaire, est exclusivement mathématisée et s’oriente vers un modèle d’État techno-utopique autocratique, centralisé mais dérégulé.

Depuis 1945, nous avons vécu dans l’illusion que la liberté académique était une condition indispensable à l’excellence scientifique. Cependant, nous avons récemment appris qu’il n’existe pas de lien systématique entre la liberté académique et l’innovation scientifique de pointe à l’ère des nouvelles technologies. Dans ces conditions, cette proposition plaide pour une nomination au prix Nobel de la paix, pour la première fois de son histoire, en reconnaissance de la liberté académique.

Les comités des prix Nobel de la science et de la paix partagent la responsabilité d’utiliser leurs prestigieuses plateformes pour défendre les valeurs scientifiques et démocratiques fondamentales. Ils sont particulièrement bien placés pour défendre la science humaniste et renforcer son importance pour les chercheurs, les étudiants et les sociétés civiles du monde entier. Depuis les années 1950, environ 90 % des lauréats du prix Nobel dans les domaines scientifiques sont des citoyens américains ou ont étudié et travaillé dans les prestigieuses universités américaines de l’Ivy League.

Alors que certains scientifiques américains contestent les actions de l’administration Trump devant les tribunaux, les universitaires du monde entier devraient être solidaires de leurs collègues pour résister à l’érosion de la science. Pour renforcer leurs efforts, ils ont besoin du soutien des comités du prix Nobel.

The Conversation

Stéphanie Balme ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

06.03.2025 à 16:54

Le sport booste la mémoire jusqu’à 24 heures après la séance - nouvelle recherche

Mikaela Bloomberg, Senior Research Fellow, Department of Epidemiology and Public Health, UCL
Des travaux menés chez des personnes âgées de 50 à 83 ans ont montré que la pratique d’une activité physique améliore les performances cognitives. La qualité du sommeil joue également un rôle.

Texte intégral 1527 mots

Des travaux menés chez des personnes âgées de 50 à 83 ans ont montré que la pratique d’une activité physique améliore les performances cognitives. La qualité du sommeil joue également un rôle.


Ce qui est bon pour le cœur est bon pour le cerveau : l’activité physique permet non seulement de garder notre corps en forme et de maintenir notre force physique à mesure que nous vieillissons, mais elle contribue aussi à préserver nos fonctions cognitives. Elle a notamment été associée à une diminution du risque de démence.

Il semblerait par ailleurs que les bienfaits cognitifs de l’exercice ne se font pas uniquement sentir sur le long terme. En effet, l’activité physique semble aussi offrir un coup de pouce à court terme à notre cerveau. Selon notre dernière étude, le gain cognitif qui en résulte pourrait durer jusqu’à 24 heures. Étant donné que certaines capacités cognitives déclinent avec l’âge, toute amélioration est bonne à prendre, dans l’optique de rester actifs et indépendants le plus longtemps possible…

Un « coup de boost » qui dure de quelques minutes à plusieurs heures

Divers travaux de recherche, menés en laboratoire ou en conditions réelles, avaient révélé que les personnes actives physiquement – parce qu’elles s’entraînent régulièrement ou tout simplement parce qu’elles bougent davantage que les autres dans leur vie quotidienne – obtiennent de meilleurs résultats aux tests cognitifs dans les heures qui suivent l’exercice que des individus moins actifs.

Cependant, une question restait posée : combien de temps ces bénéfices cognitifs durent-ils – en particulier chez les personnes âgées, pour qui le maintien des fonctions cognitives est essentiel ?

Pour répondre à cette question, nous avons analysé les performances cognitives de 76 adultes britanniques âgés de 50 à 83 ans.


Du lundi au vendredi + le dimanche, recevez gratuitement les analyses et décryptages de nos experts pour un autre regard sur l’actualité. Abonnez-vous dès aujourd’hui !


Chaque participant s’est vu équipé d’un tracker d’activité au poignet pendant huit jours et huit nuits, qu’il a porté en poursuivant ses activités habituelles. Grâce à ces dispositifs, nous avons pu déterminer la durée quotidienne passée en activité ou en étant sédentaire, ainsi que l’intensité de l’activité physique.

Nous avons aussi cherché à explorer le rôle du sommeil dans la performance cognitive. En effet, on sait aujourd’hui que l’activité physique affecte également la qualité du sommeil – notamment le temps passé dans la phase de sommeil profond et réparateur, appelée sommeil à ondes lentes.

Pour cela, nous avons extrait des relevés fournis par les trackers d’activité un certain nombre de données en lien avec la qualité du sommeil, telles que la durée totale du sommeil et le temps passé en phase de sommeil à ondes lentes.

Les participants équipés de trackers ont également passé une série de tests cognitifs quotidiens destinés notamment à évaluer la mémoire épisodique (la capacité à se souvenir d’expériences passées) et la mémoire de travail (la capacité à stocker temporairement des informations dans l’esprit). Le type de tests cognitifs administrés changeait chaque jour, afin de réduire les effets d’apprentissage et d’habituation aux réponses.

Un homme portant un moniteur d’activité au poignet dort.
La phase de sommeil à ondes lentes s’est également avéré important pour la performance en mémoire. Melnikov Dmitriy/Shutterstock

En outre, afin de nous assurer que la performance cognitive du lendemain était bien liée aux effets de l’activité physique et du sommeil, nous avons pris en compte diverses caractéristiques démographiques, socio-économiques et liées au mode de vie qui auraient pu fausser les résultats.

Nous avons enfin quotidiennement contrôlé, pour chaque participant, le score cognitif de la veille, afin d’évaluer les améliorations cognitives d’un jour à l’autre.

Une légère amélioration de la mémoire

Nos résultats indiquent que les personnes pratiquant davantage d’activité physique d’intensité modérée à vigoureuse (comme le jogging ou le vélo) obtenaient de meilleurs scores que les autres aux tests de mémoire épisodique et de mémoire de travail effectués le lendemain. Des études antérieures, menées en laboratoire, avaient déjà suggéré que les bienfaits de l’exercice sur la mémoire pouvaient durer quelques heures. Nos propres travaux tendent à laisser penser que cet effet pourrait en réalité être plus long.

Une meilleure qualité de sommeil – en particulier durant la phase de sommeil à ondes lentes – s’est également avérée être associée à une amélioration des scores de mémoire, et ce, indépendamment de l’activité physique.

Nous avons par ailleurs constaté que les personnes plus sédentaires que les autres obtenaient de moins bons scores en mémoire de travail le jour suivant.

Les bénéfices cognitifs à court terme obtenus suite à la pratique d’une activité physique pourraient résulter de l’augmentation du flux sanguin et de la libération de substances chimiques spécifiques par le cerveau qui résultent de l’exercice. On sait que certaines de ces substances contribuent à la fonction cognitive, et qu’en général, leurs effets neurochimiques sont censés durer quelques heures.

D’autres changements induits par l’exercice – dont certains impliqués dans la fonction mnésique – pourraient persister pendant 24 à 48 heures après l’activité physique, ce qui pourrait expliquer les résultats observés dans notre étude.

Il faut souligner que l’amélioration des performances observée est relativement modeste ; aucun des participants à notre étude ne souffrant de troubles cognitifs, la marge d’amélioration de leurs capacités n’était probablement pas très importante. De futures études devront être menées pour évaluer si les personnes atteintes de maladies neurodégénératives – comme la démence par exemple – ont des marges d’améliorations plus importantes.

Nos résultats devront également être confirmés par des travaux menés sur une cohorte de plus grande taille. En attendant, ils suggèrent qu’il est important, à mesure que l’on vieillit, non seulement de rester actif, mais aussi de dormir correctement.

The Conversation

Mikaela Bloomberg ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

06.03.2025 à 16:17

Assessing the damage of a Trump-Putin deal

Jacques Rupnik, Directeur de recherche émérite, Centre de recherches internationales (CERI), Sciences Po
Trump’s pivot toward Russia closes a 75-year-old chapter in transatlantic history. It’s now time for Europeans to take charge of their own destiny.

Texte intégral 1837 mots

This is not the “end of history” heralded by some after 1989, but certainly the end of an era marked by the post-war transatlantic alliance of Western democracies. The Alliance was created at the instigation of the United States; it is being undone by the United States. Trump’s pivot to Russia in dealing with the war in Ukraine closes a 75 year old chapter in our history. It leaves behind a series of casualties’, not just collateral damage. Here are briefly sketched the most important.**

The first casualty is Ukraine

After the Alliance, first and most obvious is Ukraine. After the roasting given to president Zelensky in the White House, broadcast live to the world, the message is clear: the will be a ‘peace’ negotiated by Trump and Putin (their foreign ministers’ meeting was held in Ryiad) and imposed on the Ukrainians. It’s not a “give and take” negotiation, it is “take it or leave it”. Trump branded as a minor trophy in his speech to the Congress on 4 March 2025, the letter received from the Ukrainian president, revising his defiant stance: “I want peace quickly and am prepared to negotiate now”. “Negotiate”? He has not so far been invited to a negotiation which will be about Ukraine without Ukraine. Chose your historical analogy: Munich where Britain and France abandoned Czechoslovakia to Hitler in 1938 or the Hitler-Stalin pact of August 1939 which divided East European spheres of influence between them.


A weekly email in English featuring expertise from scholars and researchers. It provides an introduction to the diversity of research coming out of the continent and considers some of the key issues facing European countries. Get the newsletter!


In accepting the would-be ‘peace deal’ Ukraine would also give the US access to rare earth in Ukraine (some of it happens to be in Donbas controlled by Russia). In short, Ukraine’s choice, now deprived of US military backing (including intelligence and the capacity to strike in Russian territory), is: do you want to continue fighting on your own with the risk of being gradually exhausted and occupied by Russia or are you willing to cede, say, half of your territory – to the “Donald Trump & Co” mining company? Make-up your mind fast as the US president promised the deal would be settled within hundred days.

The second casualty is Europe

The second casualty is Europe or more precisely the political and security predicament inherited from the cold-war era and confirmed during America’s “unipolar moment” (Charles Krauthammer) which followed 1989. The moment was just that, a moment. Until now, the overwhelming majority of EU member-states cherished as an article of faith the idea that the American security umbrella was there and would stay there. That meant clinging to US foreign and security agenda and provide support to US international adventures including the 2003 war in Iraq. The East Europeans in particularly were adamant: you follow the US in the Mesopotamian desert, whether or not you believed the case made for it, but because you considered it as the best investment in your own security just as you were joining NATO. America was and remained the “indispensable nation” as Madeleine Albright put it. For many, particularly in Germany, Trump’s first term in office was seen as a mere parenthesis. Now it is Biden’s presidency which looks like a parenthesis between Trump I and Trump II.

Macron’s call for European “strategic autonomy” or “European sovereignty” were seen with some suspicion as perhaps another neo-Gaullist ploy to distance Europeans from their American allies. A misperception as what was Macron was proposing was “Eurogaullism”, i.e. not French but European “strategic autonomy”.

The harsh truth about Trump’s pivot to Russia

Now the Europeans in a state of shock have to confront some harsh truths about Trump’s pivot to Russia and the Alliance losing its most precious asset: trust. The Nato article 5 guarantee – the principle of collective defence, which means that an attack against one Ally is considered as an attack against all Allies – is still formally there, but the faith in the American guarantee is gone.

What we have just witnessed is the ‘de-coupling’ between the European and American allies. That had been a long-term objective of Soviet foreign policy during the cold war; it now comes true under Putin. In the 1980’s when the Soviet SS20 medium range missiles were deployed (could hit Western Europe, not the US), West Europeans supported the deployment of American Pershing missiles. French president Mitterrand went to the Bundestag to make the case in the face of a strong pacifist reaction in Germany: “Les missiles sont à l’Est, les pacifistes sont à l’Ouest” (“Missiles are in the East, pacifists are in the West”), Mitterrand said.

A defining moment for Europeans

This is now a defining moment for Europeans and it remains to be seen if and how they will rise to the occasion. The Munich conference displayed one, not very encouraging version. J .D. Vance first surprised his audience saying he was more worried about the threat from within (liberalism and its liberal and/or progressive values) than from without (Putin). He chastised the Europeans for not living up to the democratic values, leaving the European establishment present at the conference baffled and amazed: not just the war in Ukraine, but democracy too was now explictly part of the new Atlantic divide. Tensions between popular sovereignty as expressed in elections, and the rule of law with the separation of powers and its constitutional constraints, has been at the center of a more than two centuries old debate on both sides of the Atlantic (back to Tocqueville and his warnings about the “tyrany of the majority”). Vance made the case for the Trumpian version of “populist democracy” attacking the prevailing European version of liberal democracy based on the rule of law. Instead of responding in kind, as Vance rushed off to his meeting with the leader of the extreme right AfD, the president of the Munich conference, Christoph Heussgen, an experienced German diplomat, collapsed in tears. The whipping boy vs the weeping boy. A sad symbolic moment for Europe.

However, in response to Trump’s pivot to Russia, the Europeans are coming to terms with the fact that they are now on their own. The meeting organized in London on 2 March 2025, suggests that a coalition of the willing is in the making in support of Ukraine and determined to give substance to a European “common security and defense policy” long discussed, now to be implemented.

Who will be part of it?

Who will be part of it? France and Britain, because of their military capacity, their nuclear power status and their old strategic culture. The Weimar triangle Paris-Berlin Warsaw is likely be its crucial axis within the EU. Macron has taken an increasingly tough stance on Russia and can claim to be a forerunner in terms of Europe’s “strategic autonomy”. The new German chancellor, Friedrich Merz, has for the first time openly suggested that defense spending should not be constrained by outdated spending limits and that German/European security will have to be envisaged independently of the US. Poland’s Donald Tusk, now in charge of EU’s rotating presidency, has been a forerunner in his warnings about Russian expansionist ambitions and is the most explicit among Europeans concerning the effort needed in terms of building a European defense capacity (Poland spends 4,5% of the GDP for defense). The coalition will also include the Nordic countries: Danmark, mobilized in defense of… Greenland (!), Finland and Sweden who know a thing or two about the Russian threat and have now joined Nato only to discover that its founder is on the way out… As Tusk aptly put it: “500 million Europeans expect 340 million Americans to protect them against 140 million Russians”. Time for Europeans to take charge of their own destiny.


The Conversation

Jacques Rupnik ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

18 / 50