11.06.2025 à 15:11
« Je veux qu'on me considère comme traître à toutes les valeurs qui dirigent ce pays. » Violente rupture lancée par l'un des plus prestigieux intellectuels israéliens, Yeshayahou Leibowitz (1903-1994) , le « prophète de la colère ». C'est cette traîtrise dont Gérard HADDAD fait l'éloge dans ce nouveau livre. Mais quelle traîtrise ?
Scientifique, talmudiste, philosophe, très engagé lors de la création de l'État d'Israël, le professeur Leibowitz est devenu radicalement critique lors de la guerre des Six-Jours en juin 1967. Pour lui, « cette victoire fut un crime, la preuve du caractère colonialiste d'Israël. La corruption caractérise tout régime colonial », disait-il. « C'est un des plus grands désastres de notre histoire. Quittons sur le champ ces territoires qui causeront notre ruine ».
Continuer la lecture…22.05.2025 à 14:49
Nationaliser le bonheur commence par virer ces passions tristes qui nous bouffent comme des punaises de lit et rétrécissent la surface de la cage. Contre ça il faut des biscuits, il faut des provisions, il faut des armes. Là-bas si j'y suis vous en donne tout l'été, comme cette émission avec le sociologue Ugo Palheta à l'occasion de la nouvelle édition de son livre Comment le fascisme gagne la France. De Macron à Le Pen parue en mai aux éditions La Découverte.
Continuer la lecture…18.05.2025 à 21:12
Ce mois-ci est sorti en librairie un pamphlet à charge contre Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise. On y dénonce, sous la forme d'une enquête minutieuse, un fonctionnement vertical et quasi-sectaire au sommet duquel trône l'omnipotent et autocratique Lider Maximo. Autant dire qu'auteurs et éditeur n'ont pas pris un gros risque éditorial. Les médias se chargeront assurément de la promo, vu qu'ils le font déjà pour ainsi dire tous les jours. Plateaux et studios n'ont plus qu'à rassembler quelques intellectuels prompts à confirmer l'enquête d'un air entendu et à promouvoir, si besoin était encore, cette tautologie médiatique : la France insoumise est une sorte de groupuscule militaro-sectaire qui veut la destruction de la France en général – et des juifs en particulier, allons-y gaiement. Bien.
Là où ça peut devenir amusant, c'est lorsque l'intellectuel en question, celui qu'on invite sur le plateau, ne joue pas le jeu. C'est ce qui est arrivé à Guillaume Erner et Jean Leymarie qui recevaient récemment Didier Eribon sur France Culture. Car l'éminent sociologue et philosophe n'a pas joué le jeu. Mais alors pas du tout. Et ce fut un grand moment de radio. J'ai donc tenu à remercier chaleureusement nos deux têtes de gondoles de la Matinale, par un aimable courrier qu'ici je vous reproduis tel quel.
Continuer la lecture…07.05.2025 à 07:55
Le 8 mai, on commémore. Mais on ne commémore pas la même chose qu'on soit d'un côté de la Méditerranée ou de l'autre. Si en France, le 8 mai est férié pour célébrer la victoire sur les nazis, en Algérie, c'est un tout autre 8 mai 1945 dont on se souvient.
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Continuer la lecture…09.04.2025 à 00:13
L'historienne et militante Michelle Perrot est une mémoire vivante de l'histoire des femmes, du mouvement ouvrier et du système carcéral français. Rien que ça ! Grand entretien sur ces luttes d'émancipation d'hier à aujourd'hui.
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Continuer la lecture…01.04.2025 à 21:00
La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n'y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.
Les riches détruisent la planète, comme l'écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d'accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.
Mais surtout, la sociologue analyse comment l'oligarchie, qui a toujours eu une longueur d'avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l'écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l'opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !
Alors que faire ? Arrêter de parler d'« anthropocène », ce n'est pas l'humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d'urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s'immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…
Continuer la lecture…La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n'y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.
Les riches détruisent la planète, comme l'écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d'accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.
Mais surtout, la sociologue analyse comment l'oligarchie, qui a toujours eu une longueur d'avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l'écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l'opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !
Alors que faire ? Arrêter de parler d'« anthropocène », ce n'est pas l'humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d'urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s'immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…
Continuer la lecture…21.03.2025 à 19:24
Tout un été Là-bas, pour tenir bon, pour tenir tête ! Pour découvrir et redécouvrir nos meilleures émissions de la saison, mais aussi des pépites, des idées, des surprises… En mars dernier, la guerre était déjà à nos portes, et notre camarade Olive entendait monter une petite musique médiatique qui voyait dans la guerre un prétexte tout trouvé pour sabrer dans les dépenses sociales. Exemples.
Nous y voilà. L'heure est au patriotisme et nul n'y dérogera car on vous l'a dit très officiellement : la patrie a besoin de vous. À la déliquescence démocratique et l'effondrement social, la bourgeoisie tient enfin sa réponse imparable. Voilà que nous avons un but, un horizon, une feuille de route, un projet commun : la guerre. Le concert médiatique est unanime, le discours martial est en marche et rien ne semble pouvoir l'arrêter. Viril et plein de morgue, le projet guerrier fleurit plus sûrement sur les ondes que le bourgeon sur les branches de ce jeune printemps. Économie de guerre, effort de guerre, patriotisme, les mots sont choisis et le discours rodé : éditocrates, experts, hommes politiques (de droite), socialistes (de droite), officiers militaires et économistes attitrés se succèdent au micro pour nous vendre avec un enthousiasme mal dissimulé cette lubie mortifère d'un capitalisme à bout de souffle – et qui tient enfin le prétexte parfait pour en finir définitivement avec l'état social. Voici un tour d'horizon de ce tapage médiatique, expression d'une classe dominante en roue libre qui porte haut et fort son virilisme guerrier et sa frénésie antisociale.
Continuer la lecture…Tout un été Là-bas, pour tenir bon, pour tenir tête ! Pour découvrir et redécouvrir nos meilleures émissions de la saison, mais aussi des pépites, des idées, des surprises… En mars dernier, la guerre était déjà à nos portes, et notre camarade Olive entendait monter une petite musique médiatique qui voyait dans la guerre un prétexte tout trouvé pour sabrer dans les dépenses sociales. Exemples.
Nous y voilà. L'heure est au patriotisme et nul n'y dérogera car on vous l'a dit très officiellement : la patrie a besoin de vous. À la déliquescence démocratique et l'effondrement social, la bourgeoisie tient enfin sa réponse imparable. Voilà que nous avons un but, un horizon, une feuille de route, un projet commun : la guerre. Le concert médiatique est unanime, le discours martial est en marche et rien ne semble pouvoir l'arrêter. Viril et plein de morgue, le projet guerrier fleurit plus sûrement sur les ondes que le bourgeon sur les branches de ce jeune printemps. Économie de guerre, effort de guerre, patriotisme, les mots sont choisis et le discours rodé : éditocrates, experts, hommes politiques (de droite), socialistes (de droite), officiers militaires et économistes attitrés se succèdent au micro pour nous vendre avec un enthousiasme mal dissimulé cette lubie mortifère d'un capitalisme à bout de souffle – et qui tient enfin le prétexte parfait pour en finir définitivement avec l'état social. Voici un tour d'horizon de ce tapage médiatique, expression d'une classe dominante en roue libre qui porte haut et fort son virilisme guerrier et sa frénésie antisociale.
Continuer la lecture…24.02.2025 à 21:45
S'il ne devait y avoir qu'un seul chant de bataille, ce serait celui-là ! Des grèves de mineurs aux défilés pour les droits civiques, We Shall Not Be Moved a servi bien des luttes et bien des causes, pas seulement aux États-Unis mais dans le monde entier. Mais comment ce chant d'esclaves né dans les champs de coton américains est-il parvenu jusqu'aux cortèges de la CGT dans sa version française et jusqu'au combat contre les dictatures dans sa version espagnole ? Olivier Besancenot vous raconte un siècle de luttes en une chanson.
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Continuer la lecture…24.10.2024 à 08:44
« Il sue, il tremble, il siffle, il hennit, il se ralentit, il s'emporte »…
Mais de qui Victor Hugo parle ainsi ?
Il parle du train, il parle de la locomotive, il parle de ce cheval de fer, il parle de son premier voyage en train le 22 août 1837 entre Anvers et Bruxelles à la vitesse extraordinaire de plus de douze lieues à l'heure, plus de 50 kilomètres à l'heure avec 500 voyageurs à bord ! C'est une lettre à Adèle sa femme, rapidement écrite comme la rapidité qu'il décrit et qui va bouleverser les perceptions jusque-là connues, notre temps et notre espace ne seront plus jamais les mêmes, ni la vie humaine.
Une première historique et un immense bouleversement. C'est le tout début du train pour voyageurs. Une révolution aussi considérable que la révolution numérique d'aujourd'hui. En 1800, il vous fallait plus de dix jours pour aller de Paris à Bordeaux en diligence, le moyen le plus rapide. En 1870, il vous faudra moins de onze heures de train. On a gagné neuf jours. Pour les voyageurs comme pour les marchandises, comme pour les armées et les lettres d'amour.
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Mais de qui Victor Hugo parle ainsi ?
Il parle du train, il parle de la locomotive, il parle de ce cheval de fer, il parle de son premier voyage en train le 22 août 1837 entre Anvers et Bruxelles à la vitesse extraordinaire de plus de douze lieues à l'heure, plus de 50 kilomètres à l'heure avec 500 voyageurs à bord ! C'est une lettre à Adèle sa femme, rapidement écrite comme la rapidité qu'il décrit et qui va bouleverser les perceptions jusque-là connues, notre temps et notre espace ne seront plus jamais les mêmes, ni la vie humaine.
Une première historique et un immense bouleversement. C'est le tout début du train pour voyageurs. Une révolution aussi considérable que la révolution numérique d'aujourd'hui. En 1800, il vous fallait plus de dix jours pour aller de Paris à Bordeaux en diligence, le moyen le plus rapide. En 1870, il vous faudra moins de onze heures de train. On a gagné neuf jours. Pour les voyageurs comme pour les marchandises, comme pour les armées et les lettres d'amour.
Continuer la lecture…02.07.2024 à 00:02
« La jeunesse emmerde le Front national, la jeunesse emmerde le Front national ! » Comment un appendice à une chanson de 1985, qui ne figurait même pas dans les paroles originales, est-il devenu un slogan antifasciste pour plusieurs générations, jusqu'à être entonné dans les rassemblements contre l'extrême droite en ce mois de juin 2024 ? Pour ce 37e numéro de ses « Chants de bataille », Olivier Besancenot revient sur la chanson des Bérurier noir : « Porcherie ».
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Continuer la lecture…23.02.2024 à 15:38
Dans la famille Duhamel, je demande… le journaliste ! Oui, mais lequel ? Si tout le monde a en tête le visage le plus connu de la famille, celui d'Alain, omniprésent dans les journaux, les radios et les chaînes de télé depuis soixante-ans, il ne faudrait pas oublier qu'il a un neveu et un frère. Également journalistes. Et que son frère a une belle-fille, elle aussi promise à une brillante carrière dans l'audiovisuel. Sans oublier que la belle-mère de la belle-fille du frère d'Alain, l'épouse de son frère donc, est elle aussi une éditorialiste en vue. Et que la nièce de son frère est une ministre importante, pendant que le mari (de la nièce) dirige l'une des plus grosses entreprises françaises. Vous n'avez rien compris ? Regardez la vidéo pour comprendre les nombreuses ramifications d'une famille française qui symbolise à merveille l'entre-soi des pouvoirs politique, économique et médiatique de ce pays.
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Continuer la lecture…08.04.2022 à 11:03
L'extrême droite d'aujourd'hui n'a rien inventé. Exploiter la peur de l'invasion est une vieille ficelle racoleuse qui fait vendre et qui fait du buzz mais aussi une ficelle qui a servi à pendre des « fruits étranges », ces « strange fruits » que chantaient Billie Holiday. Comment un tel fantasme qui ne repose sur aucune donnée statistique ou historique peut faire les choux-gras des candidats de droite et d'extrême droite, soutenus par au moins un tiers des électeurs selon des sondages ?
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