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La Lettre de Philosophie Magazine

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31.05.2025 à 12:00

“Hécube, pas Hécube”, à la Comédie-Française : l'étroit chemin de la justice, entre droit et vengeance

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“Hécube, pas Hécube”, à la Comédie-Française : l'étroit chemin de la justice, entre droit et vengeance nfoiry

Comment rendre la justice… de façon juste ? C'est le paradoxe que met en scène Tiago Rodrigues à la Comédie-Française dans sa pièce Hécube, pas Hécube, à voir actuellement et jusqu'au 21 juillet. Dans cette double tragédie, les enjeux contemporains de la procédure judiciaire viennent résonner avec la colère antique d'une reine de Troie. Dans notre nouveau numéro, Cédric Enjalbert vous en donne un avant-goût !

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31.05.2025 à 07:00

Bac philo 2025, J-16 : comparez vos copies avec une explication de texte “de rêve”

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Bac philo 2025, J-16 : comparez vos copies avec une explication de texte “de rêve” nfoiry

Comme pour la dissertation, la semaine dernière, retrouvez une de vos copies d’explication de texte. Demandez-vous si vous avez suivi les conseils qu’on vous a donnés pendant la semaine avant de la comparer avec une explication d'un texte de Nietzsche qui a eu un 19/20, à découvrir sur notre site. Notez enfin ce qui vous semble particulièrement réussi dans cette copie.

 Et retrouvez ici notre programme complet de révision, jour par jour

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30.05.2025 à 17:00

Affaires de violences : la “silenciation”, généalogie d’un concept

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Affaires de violences : la “silenciation”, généalogie d’un concept nfoiry

Dans les affaires de violences, notamment sexuelles comme celle de Bétharram, la question du silence est centrale pour comprendre la difficulté avec laquelle elles se font jour. Un nouveau concept émerge : non plus le silence, mais la « silenciation », qui pousse les victimes à se taire. Explications.

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En réponse au « #Meetoo scolaire » déclenché par l’affaire de Bétharram, la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, annonçait fin mars 2025 le plan « Brisons le silence, agissons ensemble ». Dans les affaires de violences sexuelles, le silence des victimes est toujours en question. Comment expliquer que les victimes ne parlent pas, ou qu’elles parlent seulement des années après les faits, ou encore qu’elles parlent mais ne sont pas entendues ? Peut-on dire des victimes de violences sexuelles qu’elle sont « silenciées », c’est-à-dire réduites au silence ?

 

La notion de “silenciation”

Issu de l’anglais to silence, le concept de « silenciation » souligne « la dimension active de la production de silence » (entrée « Silence » du « Dictionnaire du genre en traduction », de Marys Renné Hertiman et Élise Huchet), à contre-courant des conceptions classiques, qui en font un synonyme du néant, du vide et de la passivité. Étymologiquement, le « silence » vient du latin sileo, silere : « se taire », « garder le silence ». C’est la philosophe Rae Langton, dans son article « Speech Acts and Unspeakable Acts » (« Actes de langage et actes indicibles », paru en 1993 dans la revue Philosophy & Public Affairs, 1993) qui semble la première avoir pensé cette notion. 

Héritière de la théorie de John L. Austin des actes de langage, Langton définit la silenciation comme la perte de pouvoir performatif de notre parole. Le sujet parle mais sa parole n’est suivie d’aucun effet. Tout se passe comme s’il ne s’était pas exprimé. Elle ajoute que la silenciation s’explique par l’existence d’inégalités sociales dans l’accès au pouvoir performatif du langage. Le concept renvoie donc à la privation de parole pour les victimes de violences sexuelles, sommées de se taire que ce soit par leur agresseur, par leur entourage – à qui elles se confient parfois – comme par l’institution qu’elles dénoncent, et, plus largement, par la société. 

 

Un silence à soi-même

La victime n’est pas devant un choix : parler ou se taire. Sans aide, sans espace sécurisant, sans écoute, sans confiance, elle n’a pas les moyens de briser le silence dans lequel elle est piégée. Le silence que produit la silenciation est d’abord un silence « à soi », une obscurité, une confusion, qui paralyse le sujet, neutralise ses réflexes de survie, l’empêchant de parler et d’agir. 

Dans son livre Nos silences. Apprendre à les écouter (Autrement, 2025), la psychanalyste Laurence Joseph analyse ce type particulier de silence : « Il y a aussi nos silences à nous-mêmes, ceux qui protègent de ce que l’on ne veut pas se dire à soi, ces phrases pas encore faites, pas prêtes qui se tiennent en deçà des mots. » Pour certaines victimes, la silenciation est telle que la violence subie est exacerbée contre soi : « Chaque jour un enfant peut mesurer l’écart entre ce qu’il pourrait dire et le silence qu’il observera finalement. Il observe le silence mais très vite c’est ce dernier, de plus en plus puissant, qui va l’observer, le maintenir au sol, l’enfermer, parfois le tuer. Pour que ce silence se taise, certains se suicideront. »

 

Le silence à Bétharram

Bétharram est une institution scolaire catholique prestigieuse, située dans le Béarn. Le silence y est une vertu éducative. Il est associé à l’ordre, à la discipline, à l’excellence académique, qui sont autant de qualités recherchées par les parents d’élèves lorsqu’ils y scolarisent leurs enfants. Le prestige et la réputation de l’établissement sont fondés sur ce silence éducatif. Non seulement les enfants doivent apprendre en silence mais ils ne sont pas crus car considérés a priori comme fainéants, turbulents et menteurs. Dès lors, pourquoi, en effet, les parents s’indigneraient-ils du silence de leurs enfants ? 

Mais Bétharram est aussi une institution religieuse de la Congrégation des Pères de Bétharram, dont le siège est situé au Vatican et qui est présente dans le monde entier. Aussi le silence tient une autre place dans l’institution : il a une fonction religieuse. Sauf que celle-ci est dévoyée en silenciation des enfants pour autoriser, ou du moins laisser faire, les agressions à leur encontre. Alain Esquerre, qui a qui a permis de faire éclater « l’affaire Bétharram » s’en indigne dans son livre Le Silence de Bétharram (Michel Lafon, 2025) : « Combien de victimes se sont vues justifier par la nécessité d’aimer Dieu sans condition ce qui était en réalité des viols ? » Laurence Joseph remarque, dans le même sens : « Le masque d’Éros, celui que les agresseurs empruntent, est un bon gage de silence, il vient chercher, creuser l’ambivalence dans la représentation de la victime. » En effet, il vient pousser plus loin la confusion chez l’enfant, d’autant plus que ce dernier est dans un processus d’apprentissage des notions, entre le registre religieux (l’amour de Dieu) et le registre sexuel (la violence sexuelle). S’appuyant sur le témoignage d’Alain Esquerre, on peut dire que l’enfant qu’il était a été abîmé non seulement dans son corps, par la violence physique qu’il a subie, mais aussi dans son langage même, celui de la prière, et dans son identité personnelle, de croyant et d’aspirant prêtre. 

 

La “possibilité du récit”

C’est par la « possibilité du récit », « la fin de l’incommunicabilité » et le « retournement du silence traumatique » que le sujet se trouve restauré dans son pouvoir de parler et donc dans son identité. Dans le sillage du philosophe Paul Ricœur et de son concept d’« identité narrative », Laurence Joseph souligne l’importance de la narrativité dans la (re)construction thérapeutique du patient. Elle s’appuie pour cela sur la conférence de Ricœur, « La souffrance n’est pas la douleur » (1992) : « Rappelons-le : une vie, c’est l’histoire de cette vie, en quête de narration. Se comprendre soi-même, c’est être capable de raconter des histoires à la fois intelligibles et acceptables, “surtout acceptables” ». 

Une des modalités de la souffrance des victimes se loge dans leur incapacité à produire un récit intelligible et acceptable de leur existence. Le silence fait alors figure de trou dans l’existence. Ricœur nomme cela « les désastres du raconter ». Laurence Joseph décrypte le passage décisif du silence brisé : « D’avoir rencontré le “pouvoir” ou plus simplement un conteur, un témoin lucide, le récit devient possible et sort un sujet du silence. » À l’inverse du désaveu, la démarche d’entendre et de collecter des témoignages – celle, individuelle, d’Alain Esquerre comme celle, collective et institutionnelle, de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) – consiste, selon Laurence Joseph, en une « parole qui leur fai[t] confiance ; une parole qui ne dout[e] pas, qui sa[it] d’avance et sans trembler ce qui [va] être dit entre les silences et malgré les dénis répétés ». La psychanalyste dit d’ailleurs de la Ciivise qu’elle est un « dispositif créateur de récit », à même de réconcilier les victimes avec leur histoire, fût-elle dramatique.

 

Comment briser la silenciation

Briser le silence est certes une première main tendue vers les enfants victimes de violences. Encore faut-il qu’elle soit suivie d’effet, sans quoi les victimes restent prises dans les fers de la silenciation. Or le « cas Bétharram » illustre bien la manière dont ce mécanisme se met en place, et ce au plus haut niveau du pouvoir. Le Premier ministre François Bayrou a accepté l’invitation d’Alain Esquerre à entendre les récits des victimes le 15 février 2025 à la mairie de Pau. Pourtant, trois mois plus tard, le 14 mai 2025, au sortir de la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les violences sur les violences sexistes et sexuelles faites aux enfants, les avancées concrètes que propose François Bayrou sont modestes. Le lendemain, dans un communiqué de presse, la Ciivise, elle, « regrette que les 30 000 témoignages reçus et les 82 recommandations qui en sont issues n’aient pas été une seule fois évoquées ». 

Le 4 mars 2025, déjà, Thierry Baubet, psychiatre et membre du collège directeur de la Ciivise, réclamait dans le quotidien La Croix la prolongation de cette instance :: « Il n’y a toujours pas les fondations d’une véritable politique publique dédiée aux violences faites aux enfants et à l’inceste. » Il serait temps de prendre conscience qu’il importe autant de briser la silenciation de la société que de briser le silence des victimes. Or le chemin reste à faire, alerte Laurence Joseph : « Pour l’instant la société ne permet à aucun enfant de penser une suite qui ne semble pas terrorisante. »

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30.05.2025 à 15:29

“L’Ombre”, à l’Ircam : faire danser le réel… et ses fantômes

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“L’Ombre”, à l’Ircam : faire danser le réel… et ses fantômes nfoiry

La chorégraphe Bianca Li et la compositrice Édith Canat de Chizy nous invitent à nous mettre à L’Ombre dans les souterrains de l’Ircam. Un spectacle de danse vertigineux, illustrant les potentialités de l’intelligence artificielle, sa puissance et ses dangers, que vous présente Cédric Enjalbert.

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Ce texte est extrait de notre newsletter hebdomadaire « Par ici la sortie » : trois recommandations culturelles, éclairées au prisme de la philosophie, chaque vendredi soir. Abonnez-vous, elle est gratuite !

 

« J’ai plongé dans les souterrains de l’Ircam. Ircam ? Un acronyme pour : Institut de recherche et coordination acoustique/musique, un centre d’expérimentation artistique fondé par Pierre Boulez. La compositrice Édith Canat de Chizy et la chorégraphe Blanca Li se sont associées pour imaginer là un spectacle total, qui ne fait pas mentir la réputation d’avant-garde du lieu. L’Ombre s’inspire d’un conte d’Andersen, relatant le destin funeste d’un savant qui offre une autonomie à son ombre… et qui finit par devenir lui-même l’ombre de son ombre. Dans une pièce qui tient de la boîte noire, les danseurs progressent sur des échafaudages au milieu d’un univers en expansion, déployé grâce à un casque de réalité augmentée. Un percussionniste exécute la bande-son de ce ballet qui illustre les potentialités de l’intelligence artificielle, sa puissance et ses dangers. Les interprètes jouent avec leur propre ombre mais aussi avec une ombre projetée sur les murs, ainsi qu’avec une ombre virtuelle créée par le casque. Ces trois types d’ombre rivalisent. Les danseurs eux-mêmes incarnent parfois les ombres de danseurs “virtuels”, si bien qu’au bout d’une heure, j’ai été gagné par un sentiment confus d’inquiétante étrangeté. En 2004, Clément Rosset entraperçoit déjà ce trouble dans la réalité, décrivant le réel et les doubles que nous nous inventons pour ne pas l’affronter. Dans Impressions fugitives. Lombre, le reflet, l’écho (Éd. de Minuit, 2004), le philosophe distingue ainsi les doubles chimériques – qui nous détournent du réel et que nous promet aujourd’hui la réalité virtuelle – et les doubles attestant au contraire de notre singularité. Ainsi, les ombres portées, inhérentes à tout corps, sont pour lui des “doubles de proximité”. Ces doubles-là “ne sont pas des prolongements fantomatiques du réel, mais des compléments nécessaires qui sont ses attributs obligés”, si bien que “sils viennent à manquer, lobjet perd sa réalité et devient lui-même fantomatique”. De ce réel et de ses doubles, essentiels ou illusoires, Blanca Li en a fait ses alliés ! »

➤  L’Ombre, de Blanca Li et Édith Canat de Chizy. À l’Ircam (1, place Igor-Stravinsky, Paris IVe), jusqu’au 13 juin, à 19h.

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30.05.2025 à 12:00

Bac philo 2025, J-17 : on achève bien les notions !

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Bac philo 2025, J-17 : on achève bien les notions ! nfoiry

Pour en finir avec la liste des notions au programme, lisez les fiches que nous vous avons préparées sur l’art, la nature, la religion et le temps. Eh oui, ça y est : vous avez révisé toutes les notions, bravo ! Demandez-vous maintenant quel est votre « top 3 ». Pas forcément celles que vous connaissez le mieux, mais celles qui vous intéressent le plus. 

 Et retrouvez ici notre programme complet de révision, jour par jour

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