LePartisan.info À propos Podcasts Fil web Écologie Blogs Revues Médias
Regards.fr
Souscrire à ce flux
Revue généraliste

▸ les 10 dernières parutions

17.05.2024 à 11:06

LA LETTRE DU 17 MAI

la Rédaction

La stratégie du pire mise en place par l’exécutif est en train de se transformer en la pire des stratégies.

The post LA LETTRE DU 17 MAI first appeared on Regards.fr.

Texte intégral (870 mots)

Macron et Attal, les imbéciles heureux au service du RN

La stratégie du pire mise en place par l’exécutif est en train de se transformer en la pire des stratégies.

« Désigner son adversaire revient à choisir son successeur » rappelait il y a peu l’historien Patrick Boucheron. C’est exactement ce qu’est en train de faire l’exécutif avec l’extrême droite du Rassemblement national en convoquant coup sur coup deux débats – « discussions » si l’on s’en tient au lapsus de la tête de liste macroniste Valerie Hayer : entre les deux seconds Attal et Bardella, et entre les deux présidents Macron et Le Pen. 

La stratégie de Renaissance dans la dernière ligne droite avant les élections européennes est claire : tenter de sortir du référendum pour ou contre Macron et le remettre sur le terrain  du référendum pour ou contre l’Europe quitte à simplifier jusqu’à la caricature et leur position et celle de l’extrême droite. Car lorsqu’il remet en cause, au plus fort de la crise des agriculteurs, le Green New Deal voté au Parlement européen, le gouvernement ne fait pas montre d’un européisme débordant. Et il semble loin le temps où le RN portait le Frexit comme un étendard puisque maintenant, avec ses alliés européens (de Matteo Salvini à Viktor Orban), ils sont en train de définir les contours de leur Europe.

Le parti présidentiel tente d’user jusqu’à la corde le barrage contre l’extrême droite qui désormais s’étendrait à l’Europe. Il est vrai que la progression des deux groupes d’extrême droite européens est menaçante sur l’ensemble du continent. Renew se veut le plus solide rempart contre l’extrême droite en France et en Europe. Vraiment ? Cet argument se fracasse sur la réalité des pratiques. En ce moment même , le parti allié des machinistes au parlement européen négocie un accord ed gouvernement avec l’extrême droite de Geert Wilders.

En France, en 7 ans, les gouvernements d’Emmanuel Macron ont repris à leur compte et transformé en normes des pans entiers du programme de l’extrême droite, en des matières comme la sécurité ou l’immigration. Aujourd’hui encore ils ont besoin de leur apport pour faire adopter la loi sur la modification du corps électoral en Nouvelle Calédonie. Les députés Renaissance ont participé à la banalisation et la normalisation du RN en l’intégrant dans les cercles du pouvoir à l’Assemblee nationale. Pire, ils excluent régulièrement la gauche du « champ républicain » et accordent au RN le rôle de principale opposition et d’alternative. La plus grande réussite du camp Macron en 7 ans de pouvoir, c’est peut-être la carrière de Jordan Bardella et le passage du rêve au possible de l’entrée de Marine Le Pen à l’Elysée.

Pablo Pillaud-Vivien

MELENCHONADE DU JOUR

Ousmane Sonko, Jean-Luc Mélenchon et le mariage pour tous

Reçu avec les honneurs d’un chef d’Etat, le leader de la France insoumise a prononcé à Dakar un discours conjoint avec le nouveau Premier ministre sénégalais. Beaucoup de points d’accord entre les deux hommes, sauf un : la condamnation de l’homosexualité et de facto du mariage pour tous par Ousmane Sonko. Jean-Luc Mélenchon, au moment de lui répondre, n’a pas esquivé la question et a réaffirmé avec force son engagement pour l’égalité et l’amour. Sous les huées de la salle. Pour une fois, et c’est heureux, il a été clair sur les principes, a argumenté pour se faire comprendre, n’a pas clivé et n’a rien cédé pour autant. Comme quoi, quand il veut, il peut.

P.P.-V.

ON VOUS RECOMMANDE

  • Mon petit renne : la série de Richard Gadd dans laquelle il incarne son propre rôle, explore la relation tordue qu’il partage avec Martha. Une femme fragile qui mésinterprète les attentions de son interlocuteur, résultat : plus de 41 000 mails, 350 heures de messages vocaux, des centaines de lettres manuscrites ou autres cadeaux permissifs et invasifs. Et pour le téléspectateur, 7 épisodes dignes des meilleurs thrillers psychologiques.

Pour recevoir cette newsletter directement (et gratuitement) dans votre boîte-mail, suivez le lien : regards.fr/newsletter !

The post LA LETTRE DU 17 MAI first appeared on Regards.fr.

16.05.2024 à 10:59

Nouvelle-Calédonie : il est encore temps d’éviter le pire

Catherine Tricot

Les affrontements en Nouvelle-Calédonie s’aggravent et prennent un tour dangereux, celui d’une possible guerre civile.

The post Nouvelle-Calédonie : il est encore temps d’éviter le pire first appeared on Regards.fr.

Texte intégral (664 mots)

Les affrontements en Nouvelle-Calédonie s’aggravent et prennent un tour dangereux, celui d’une possible guerre civile.

Emmanuel Macron vient de décréter l’état d’urgence, de sortir les chars et il expérimente les outils de répression contemporains. Déjà envisagé lors des émeutes à la suite de la mort de Nahel à l’été 2023, le gouvernement coupe TikTok, croyant empêcher les jeunes de se parler entre eux. La gravité de la situation, qui a déjà fait quatre morts, imposent des mesures fortes susceptibles de désamorcer la tension. Dire cela et ne rien dire, c’est la même chose. Quelles mesures fortes ?

Bien qu’utiles, les visios réunissant de part et d’autre de l’écran le Président avec les parties prenantes de Nouvelle-Calédonie, d’une part, et d’autre part les partis présents à l’Assemblée nationale, n’en font évidemment pas partie. Les accompagner d’ultimatum du type « mettez-vous d’accord en deux semaines sinon ce sera l’exécution du plan qui met le feu actuellement » est totalement contre-productif.

En revanche, il serait nécessaire de faire un pas en arrière par rapport à ce qui avait été vécu comme de l’autoritarisme en 2020 lorsqu’en période de covid – et malgré la demande des indépendantistes – avait été maintenu le troisième et dernier référendum d’indépendance. Faire également un grand pas en arrière par rapport à la provocation de maintenir le vote d’une réforme du corps électoral entraînant le recul des Kanak parmi les électeurs1. Ces actes forts, eux, peuvent faire redescendre la pression et rendre possible un dialogue.

En 1988, au plus fort et plus tragique de la crise, le gouvernement conduit par Michel Rocard avait trouvé les chemins. C’est possible, mais il faut cesser de vouloir imposer les vues de la métropole. Et oser la modestie, le changement de méthode de gouvernement : considérer que la société a sa place dans les décisions et qu’on ne peut la conduire à la schlag.

Et alors il sera temps d’inventer un nouveau système d’alliance territorial, de gouvernance et de citoyenneté qui élargissent les droits et fassent justice à l’histoire. L’indépendance en fait partie.

En outre, il faudrait aussi réfléchir à la banalisation de l’arsenal « antiterroriste », mis en place sous François Hollande, qui constitue de puissantes armes de répression à l’usage discrétionnaire d’un pouvoir pas toujours animé d’esprit de tempérance démocratique. Vous voyez ce que je veux dire ? Inquiétudes pour aujourd’hui et demain.

  1. Édifiant : écouter l’interview sur France inter du député Renaissance Nicolas Metzdorf, porteur de la loi modifiant le corps électoral. Buté et pyromane. ↩

The post Nouvelle-Calédonie : il est encore temps d’éviter le pire first appeared on Regards.fr.

16.05.2024 à 10:58

RIPOU DU JOUR

la Rédaction

Ciotti, pyromane récidiviste Le président de Les Républicains s’agite beaucoup ces derniers jours. Le 14 mai, il propose la « dissolution de La France insoumise », car ce serait un parti antisémite. Le 15 mai, il est tout fier d’être un des leaders du contre-courant de l’histoire en s’opposant « au bureau de l’Assemblée nationale à la création d’un groupe d’amitié France-Palestine »,…

The post RIPOU DU JOUR first appeared on Regards.fr.

Lire + (248 mots)

Ciotti, pyromane récidiviste

Le président de Les Républicains s’agite beaucoup ces derniers jours. Le 14 mai, il propose la « dissolution de La France insoumise », car ce serait un parti antisémite. Le 15 mai, il est tout fier d’être un des leaders du contre-courant de l’histoire en s’opposant « au bureau de l’Assemblée nationale à la création d’un groupe d’amitié France-Palestine », au prétexte que « la Palestine n’est pas un État ! » (on lui dit pour ses si « chers amis » les chrétiens d’Orient ?) Bref, Éric Ciotti a des choses à dire et à faire savoir. Sauf une. Tiens, une info en date du… 13 mai ! Dans le journal Le Monde, on apprend que le bougre est « au centre d’une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics ». La troisième enquête du genre de sa carrière. En football, on appelle ça un hat-trick. Chez les LR, ça s’appelle la routine.

The post RIPOU DU JOUR first appeared on Regards.fr.

16.05.2024 à 10:57

LA LETTRE DU 16 MAI

la Rédaction

Nouvelle-Calédonie : il est encore temps d'éviter le pire

The post LA LETTRE DU 16 MAI first appeared on Regards.fr.

Texte intégral (1211 mots)

Nouvelle-Calédonie : il est encore temps d’éviter le pire

Les affrontements en Nouvelle-Calédonie s’aggravent et prennent un tour dangereux, celui d’une possible guerre civile.

Emmanuel Macron vient de décréter l’état d’urgence, de sortir les chars et il expérimente les outils de répression contemporains. Déjà envisagé lors des émeutes à la suite de la mort de Nahel à l’été 2023, le gouvernement coupe TikTok, croyant empêcher les jeunes de se parler entre eux. La gravité de la situation, qui a déjà fait quatre morts, imposent des mesures fortes susceptibles de désamorcer la tension. Dire cela et ne rien dire, c’est la même chose. Quelles mesures fortes ?

Bien qu’utiles, les visios réunissant de part et d’autre de l’écran le Président avec les parties prenantes de Nouvelle-Calédonie, d’une part, et d’autre part les partis présents à l’Assemblée nationale, n’en font évidemment pas partie. Les accompagner d’ultimatum du type « mettez-vous d’accord en deux semaines sinon ce sera l’exécution du plan qui met le feu actuellement » est totalement contre-productif.

En revanche, il serait nécessaire de faire un pas en arrière par rapport à ce qui avait été vécu comme de l’autoritarisme en 2020 lorsqu’en période de covid – et malgré la demande des indépendantistes – avait été maintenu le troisième et dernier référendum d’indépendance. Faire également un grand pas en arrière par rapport à la provocation de maintenir le vote d’une réforme du corps électoral entraînant le recul des Kanak parmi les électeurs1. Ces actes forts, eux, peuvent faire redescendre la pression et rendre possible un dialogue.

En 1988, au plus fort et plus tragique de la crise, le gouvernement conduit par Michel Rocard avait trouvé les chemins. C’est possible, mais il faut cesser de vouloir imposer les vues de la métropole. Et oser la modestie, le changement de méthode de gouvernement : considérer que la société a sa place dans les décisions et qu’on ne peut la conduire à la schlag.

Et alors il sera temps d’inventer un nouveau système d’alliance territorial, de gouvernance et de citoyenneté qui élargissent les droits et fassent justice à l’histoire. L’indépendance en fait partie.

En outre, il faudrait aussi réfléchir à la banalisation de l’arsenal « antiterroriste », mis en place sous François Hollande, qui constitue de puissantes armes de répression à l’usage discrétionnaire d’un pouvoir pas toujours animé d’esprit de tempérance démocratique. Vous voyez ce que je veux dire ? Inquiétudes pour aujourd’hui et demain.

Catherine Tricot

RIPOU DU JOUR

Ciotti, pyromane récidiviste

Le président de Les Républicains s’agite beaucoup ces derniers jours. Le 14 mai, il propose la « dissolution de La France insoumise », car ce serait un parti antisémite. Le 15 mai, il est tout fier d’être un des leaders du contre-courant de l’histoire en s’opposant « au bureau de l’Assemblée nationale à la création d’un groupe d’amitié France-Palestine », au prétexte que « la Palestine n’est pas un État ! » (on lui dit pour ses si « chers amis » les chrétiens d’Orient ?) Bref, Éric Ciotti a des choses à dire et à faire savoir. Sauf une. Tiens, une info en date du… 13 mai ! Dans le journal Le Monde, on apprend que le bougre est « au centre d’une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics ». La troisième enquête du genre de sa carrière. En football, on appelle ça un hat-trick. Chez les LR, ça s’appelle la routine.

L.L.C.

ON VOUS RECOMMANDE

  • Les Dames de guerre : Saïgon. Le premier tome de la saga de Laurent Guillaume dresse le portrait d’une Indochine meurtrie par la guerre et la corruption, à travers l’enquête de la nouvelle correspondante de guerre Élizabeth Cole sur la mort suspecte de son prédécesseur. Le roman est à la fois passeur de connaissances et de sensations.

ÇA SE PASSE SUR REGARDS.FR

Pour recevoir cette newsletter directement (et gratuitement) dans votre boîte-mail, suivez le lien : regards.fr/newsletter !

  1. Édifiant : écouter l’interview sur France inter du député Renaissance Nicolas Metzdorf, porteur de la loi modifiant le corps électoral. Buté et pyromane. ↩

The post LA LETTRE DU 16 MAI first appeared on Regards.fr.

15.05.2024 à 17:00

« À LFI, on marche sur nos deux jambes : le social et la paix »

Pablo Pillaud-Vivien

Anthony Smith, inspecteur du travail et candidat LFI pour les élections européennes, est l’invité de #LaMidinale.

The post « À LFI, on marche sur nos deux jambes : le social et la paix » first appeared on Regards.fr.

Texte intégral (1211 mots)

Anthony Smith, inspecteur du travail et candidat LFI pour les élections européennes, est l’invité de #LaMidinale.

The post « À LFI, on marche sur nos deux jambes : le social et la paix » first appeared on Regards.fr.

15.05.2024 à 15:34

Israël et sa piètre considération pour les familles des otages

Astrid Jurmand

Méprisés par le gouvernement, insultés par les députés, arrêtés par la police : les proches des otages peinent à se faire respecter, à défaut d'être entendus.

The post Israël et sa piètre considération pour les familles des otages first appeared on Regards.fr.

Texte intégral (779 mots)

Méprisés par le gouvernement, insultés par les députés, arrêtés par la police : les proches des otages peinent à se faire respecter, à défaut d’être entendus.

Du gouvernement à sa police, Israël s’organise pour nier la situation des otages et leurs familles. Plus de sept mois après le 7 octobre, 130 captifs sont toujours détenus par le Hamas dans la bande de Gaza. Pour rappel, ce ne sont pas moins de 240 personnes, en majorité israéliennes, qui ont été enlevées lors de l’attaque terroriste. Un calvaire pour leurs proches, d’autant plus que les autorités leur font montre d’un mépris et d’une violence sans vergogne.

Le mois qui a suivi l’attaque du Hamas s’est tenu une audition à la Knesset, le parlement israélien, avec, au cœur de celle-ci, le projet de loi visant à établir la peine de mort pour les terroristes. Lorsque les familles des otages se sont insurgées, inquiètes des répercussions que cette loi pourrait avoir sur leurs proches, ils n’ont reçu qu’avanies. « Vous n’avez pas le monopole de la douleur », leur a asséné le député Almog Cohen, affilié au parti d’extrême droite Otzma Yehudit, en coalition dans le gouvernement Netanyahou.

De même, lors de manifestations, le peuple israélien a exhorté son gouvernement à tout faire pour que les otages puissent retrouver leurs familles. Une vidéo où l’on voit des policiers traîner Ila Metzger, la belle-fille de l’otage Yoram Metzger, devant le domicile de Benjamin Netanyahou, a beaucoup circulé sur les réseaux. Plusieurs médias locaux s’accordent à dire que les forces de l’ordre auraient bousculé Ilana Gritzewsky, la compagne de Matan Zangauker également otage du Hamas. Tandis que d’autres proches des captifs témoignent avoir été violentés. L’élue Naama Lazimi, du parti travailliste, présente lors d’un rassemblement pour les otages, a affirmé avoir été molestée par la police, elle, mais aussi d’autres personnes. Et au micro de la station de radio Kann, elle parle d’une escalade de la violence, d’un traitement bien différent qu’au cours des précédentes manifestations. La police accuse, en guise de réponse, les manifestants de violences et de provocations.

Au-delà des bousculades, des coups et des railleries, plusieurs des participants aux marches ont été arrêtés pour avoir tenté de maintenir l’attention de leurs dirigeants sur les otages. Mais c’est une voix vers laquelle le gouvernement israélien refuse de tendre l’oreille.

Une priorité délaissée

Les proches des otages et les opposants au gouvernement initient des marches, dressent des pancartes, s’expriment à travers les réseaux sociaux et des mégaphones, se regroupent en foule.« Rafah peut attendre – pas eux [les otages] », écrivaient les manifestants pendant que leurs dirigeants simulaient des négociations avec le Hamas. Mais visiblement, la priorité du gouvernement n’est pas celle des familles : le ministre des Finances d’Israël, Betsalel Smotrich, a déclaré que « la libération des otages n’est pas la chose primordiale, le plus important est la destruction du Hamas ».

Lors des négociations au Caire, suivies de près par la communauté internationale, le Hamas avait accepté la proposition présentée par les médiateurs. Il était question notamment d’une « trêve graduelle » qui impliquait la libération d’otages contre celle de prisonniers palestiniens. Mais le gouvernement de Netanyahu a balayé cette proposition d’un revers de main, trop occupé à déshumaniser et génocider les civils palestiniens. Les otages ne sont plus qu’un prétexte : ce 15 mai, le ministre israélien Benny Gantz a appelé à encore « accroître la pression internationale sur le Hamas, tout en maintenant la pression militaire, pour parvenir à un accord permettant de libérer les otages ».

The post Israël et sa piètre considération pour les familles des otages first appeared on Regards.fr.

15.05.2024 à 15:00

L’industrialisation n’est pas un téléthon

Roger Martelli

Emmanuel Macron prétend attirer l’investissement étranger pour relancer l'industrie, ignorant ce qui pénalise le dynamisme économique national : de la montée de l’ultralibéralisme à l’épuisement de l’État-providence.

The post L’industrialisation n’est pas un téléthon first appeared on Regards.fr.

Texte intégral (740 mots)

Emmanuel Macron prétend attirer l’investissement étranger pour relancer l’industrie, ignorant ce qui pénalise le dynamisme économique national : de la montée de l’ultralibéralisme à l’épuisement de l’État-providence.

Au moment où l’État se targue de relancer l’investissement étranger en organisant son téléthon versaillais pour happy few étrangers (Choose France !), l’Ifop et Le Figaro rendent publique une copieuse étude intitulée « Le modèle étato-consumériste. La France dans l’impasse »1. Un leitmotiv sous-tend l’analyse : trop d’État, pas assez de production.

Ce n’est pas que le constat initial de l’analyse soit infondé : il y a bien recul de la production industrielle nationale, cession multipliée de très grandes entreprises françaises et montée continue de la dette publique. Le surprenant n’est pas dans la description de l’état des lieux, mais dans son interprétation. Les causes présumées se trouveraient dans le « modèle étato-consumériste » (la propension de l’État à favoriser la consommation aux dépens de la production), la « thrombose bureaucratique » (l’inflation de la norme et des codes qui contraignent l’initiative entrepreneuriale) et le « juridisme » des entreprises publiques (le modèle retenu étant notamment celui du CNRS).

Tout se passe donc comme si l’État était toujours économiquement stratège, comme si l’inflation des normes n’était pas tout autant européenne que française et comme si le recul de l’investissement industriel relevait avant tout du désintérêt de la puissance publique.

L’industrie, c’était mieux avant

L’histoire est aux abonnés absents. On oublie ici que la France a eu longtemps la réputation d’être plus rentière qu’industrialiste, qu’elle a tardé pour cela à s’engager dans la seconde révolution industrielle (à la différence de l’Allemagne et des États-Unis). On oublie que ce sont les lendemains de la Seconde Guerre mondiale qui viennent heureusement contredire la relative léthargie. Or, dans ce grand moment d’essor industriel et économique, le secteur public dans son ensemble a été à la manœuvre, stimulé par le dynamisme démographique et la modernisation de l’espace urbain, appuyé sur la planification indicative à la française et soutenu par la hausse générale du niveau de vie populaire et des formations. Ce fut alors le temps du « keynésianisme » et du « fordisme », un authentique capitalisme certes, exploiteur et gaspilleur, mais coloré par la force contestataire et régulatrice du mouvement populaire et ouvrier.

Il est dérisoire de prétendre attirer l’investissement étranger à la marge et de laisser en l’état ce qui pénalise le dynamisme économique national : la montée de l’ultralibéralisme, le recul de l’État, l’insuffisance de la recherche-développement publique, les carences en matière de formation scientifique et technique, le démantèlement des politiques sociales, le recul de la loi devant la norme technocratique et chicanière et le vertige de la spéculation financière. En bref, la concomitance d’un l’épuisement de l’État-providence et du grand retour de la rente…

Il ne suffit pas de crier à la nécessité de la réindustrialisation : encore faut-il bâtir le système global – économique, social, culturel et politique – qui la rend possible, soutenable et durable.

  1. Ifop Focus, n° 242, mai 2024 ↩

The post L’industrialisation n’est pas un téléthon first appeared on Regards.fr.

15.05.2024 à 12:55

#Déclarama

la Rédaction

Texte intégral (2516 mots)

The post #Déclarama first appeared on Regards.fr.

15.05.2024 à 11:23

Dominique Boutonnat, le profit avant l’art

Astrid Jurmand

La tête de Dominique Boutonnat est réclamée à la suite d'une accusation de viol sur son filleul. Après deux mandats à la présidence du Centre national du Cinéma et de l’image animée (CNC), le bilan n’est pas brillant.

The post Dominique Boutonnat, le profit avant l’art first appeared on Regards.fr.

Texte intégral (752 mots)

La tête de Dominique Boutonnat est réclamée à la suite d’une accusation de viol sur son filleul. Après deux mandats à la présidence du Centre national du Cinéma et de l’image animée (CNC), le bilan n’est pas brillant.

Lundi 13 mai au matin, une centaine de manifestants se sont mobilisés devant le CNC, brandissant la Une de Libération du vendredi titrée « Dominique Boutonnat, l’homme qui embarrasse le cinéma français », accompagnée de Judith Godrèche derrière une banderole « Séparer l’homme du CNC ». Dès le 12 mai, une pétition demandait également son retrait du CNC. Pour l’instant, Dominique Boutonnat, qui récuse toutes les accusations, est maintenu à son poste et son procès est prévu à partir du 14 juin à Nanterre.

Pourtant, au-delà même de ses concupiscences condamnables, la direction de Dominique Boutonnat au CNC est navrante et porte préjudice à tout le cinéma français. En effet, sous l’impulsion de Dominique Boutonnat, le CNC a pris un tournant néo-libéral, adoptant une vision marchande du cinéma français.

À peine un an avant sa nomination à la direction du CNC, Dominique Boutonnat rédigeait un rapport sur le financement privé de la production et de la distribution cinématographiques et audiovisuelles, qui a laissé la majorité des professionnels sceptiques, mais qui a ensuite servi de base à son action à la tête du CNC. Dans ledit rapport, il était question de la transformation des conditions de financement de la création française, mais surtout de la rentabilité des œuvres. Avec, par exemple, la préconisation d’aides sélectives en lien avec une approche fondée sur les performances économiques, l’appui sûr des commissions incapables de statuer sur la valeur humaine des projets, adoptant uniquement des critères budgétaires.

Or, il est question d’art, d’innovations, de performances humaines, qu’on ne peut marchander et évaluer uniquement à l’aune de critères monétaires. Par essence, la magnificence du cinéma français, ce qui fait sa renommée à l’étranger, repose sur une liberté créatrice qui doit s’affranchir de critères financiers normatifs pour conserver sa capacité à innover et surprendre.

De plus, à l’instar des Américains, Dominique Boutonnat a favorisé le développement des séries et subséquemment une logique de création manufacturière, dans un contexte où l’industrie cinématographique est mise à mal par l’omniprésence des plateformes.

Business before pleasure

Ainsi, certains membres de la profession avaient déjà pointé du doigt la mise en péril de la politique publique en faveur de la cinématographie. Quelque temps après l’annonce du renouvellement de Dominique Boutonnat à la tête du CNC pour un second mandat, Saïd Ben Saïd, figure importante du paysage cinématographique français, avait alerté sur cette « transformation en profondeur du CNC ».

Une évolution qu’il impute à la soumission de Dominique Boutonnat aux lois du marché, bien loin de l’amour de la culture et la passion du cinéma. L’objectif numéro un du CNC était pourtant sa lutte contre l’omniprésence des blockbusters, notamment américains. Et en 2022, Saïd Ben Saïd déplorait déjà cette volonté d’attirer le plus possible les tournages et plateformes d’outre-Atlantique. Il disait, suivi par un grand nombre de ses homologues, que cette nouvelle approche purement économique dénature le cinéma. Le septième art français a été victime du règne du prédateur libéral. Une raison de plus de « séparer l’homme du CNC ».

The post Dominique Boutonnat, le profit avant l’art first appeared on Regards.fr.

15.05.2024 à 11:20

LA LETTRE DU 15 MAI

la Rédaction

Dominique Boutonnat, le profit avant l’art

The post LA LETTRE DU 15 MAI first appeared on Regards.fr.

Texte intégral (1027 mots)

Dominique Boutonnat, le profit avant l’art

La tête de Dominique Boutonnat est réclamée à la suite d’une accusation de viol sur son filleul. Après deux mandats à la présidence du Centre national du Cinéma et de l’image animée (CNC), le bilan n’est pas brillant.

Lundi 13 mai au matin, une centaine de manifestants se sont mobilisés devant le CNC, brandissant la Une de Libération du vendredi titrée « Dominique Boutonnat, l’homme qui embarrasse le cinéma français », accompagnée de Judith Godrèche derrière une banderole « Séparer l’homme du CNC ». Dès le 12 mai, une pétition demandait également son retrait du CNC. Pour l’instant, Dominique Boutonnat, qui récuse toutes les accusations, est maintenu à son poste et son procès est prévu à partir du 14 juin à Nanterre.

Pourtant, au-delà même de ses concupiscences condamnables, la direction de Dominique Boutonnat au CNC est navrante et porte préjudice à tout le cinéma français. En effet, sous l’impulsion de Dominique Boutonnat, le CNC a pris un tournant néo-libéral, adoptant une vision marchande du cinéma français.

À peine un an avant sa nomination à la direction du CNC, Dominique Boutonnat rédigeait un rapport sur le financement privé de la production et de la distribution cinématographiques et audiovisuelles, qui a laissé la majorité des professionnels sceptiques, mais qui a ensuite servi de base à son action à la tête du CNC. Dans ledit rapport, il était question de la transformation des conditions de financement de la création française, mais surtout de la rentabilité des œuvres. Avec, par exemple, la préconisation d’aides sélectives en lien avec une approche fondée sur les performances économiques, l’appui sûr des commissions incapables de statuer sur la valeur humaine des projets, adoptant uniquement des critères budgétaires.

Or, il est question d’art, d’innovations, de performances humaines, qu’on ne peut marchander et évaluer uniquement à l’aune de critères monétaires. Par essence, la magnificence du cinéma français, ce qui fait sa renommée à l’étranger, repose sur une liberté créatrice qui doit s’affranchir de critères financiers normatifs pour conserver sa capacité à innover et surprendre.

De plus, à l’instar des Américains, Dominique Boutonnat a favorisé le développement des séries et subséquemment une logique de création manufacturière, dans un contexte où l’industrie cinématographique est mise à mal par l’omniprésence des plateformes.

Business before pleasure

Ainsi, certains membres de la profession avaient déjà pointé du doigt la mise en péril de la politique publique en faveur de la cinématographie. Quelque temps après l’annonce du renouvellement de Dominique Boutonnat à la tête du CNC pour un second mandat, Saïd Ben Saïd, figure importante du paysage cinématographique français, avait alerté sur cette « transformation en profondeur du CNC ».

Une évolution qu’il impute à la soumission de Dominique Boutonnat aux lois du marché, bien loin de l’amour de la culture et la passion du cinéma. L’objectif numéro un du CNC était pourtant sa lutte contre l’omniprésence des blockbusters, notamment américains. Et en 2022, Saïd Ben Saïd déplorait déjà cette volonté d’attirer le plus possible les tournages et plateformes d’outre-Atlantique. Il disait, suivi par un grand nombre de ses homologues, que cette nouvelle approche purement économique dénature le cinéma. Le septième art français a été victime du règne du prédateur libéral. Une raison de plus de « séparer l’homme du CNC ».

Astrid Jurmand

RÉVOLTE DU JOUR

La Macronie met le feu à Nouméa

Deux nuits que la Nouvelle-Calédonie s’embrase. Et le président Macron n’a qu’un mot à la bouche : « Indigne ». Ces émeutes, extrêmement violentes, interviennent après le vote des députés du projet de loi constitutionnelle élargissant le corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Une loi, votée par la Macronie, la droite et l’extrême droite, qui « minorise encore plus le peuple autochtone kanak », selon les indépendantistes. Après des mois à ignorer les appels au dialogue des organisations locales, l’État entend poursuivre sa réforme à sa manière : par la force. 

L.L.C.

ON VOUS RECOMMANDE

  • Rendez-vous demain, jeudi 16 mai, dès 18h30 à la salle Olympe de Gouges (Paris 11ème, métro Père Lachaise) pour assister à une conférence/débat « L’affaire Assange au regard du droit : 14 ans de persécution judiciaire ». À quelques jours de l’audience décisive du 20 à Londres, qui tranchera quant à la possibilité d’un ultime appel du fondateur de WikiLeaks pour empêcher l’extradition vers les États-Unis.

Pour recevoir cette newsletter directement (et gratuitement) dans votre boîte-mail, suivez le lien : regards.fr/newsletter !

The post LA LETTRE DU 15 MAI first appeared on Regards.fr.

10 / 10
  GÉNÉRALISTES
Ballast
Fakir
Interstices
Lava
La revue des médias
Le Grand Continent
Le Monde Diplomatique
Le Nouvel Obs
Lundi Matin
Multitudes
Politis
Regards
Smolny
Socialter
The Conversation
UPMagazine
Usbek & Rica
Le Zéphyr
  CULTURE / IDÉES 1/2
Accattone
Contretemps
A Contretemps
Alter-éditions
CQFD
Comptoir (Le)
Déferlante (La)
Esprit
Frustration
 
  IDÉES 2/2
L'Intimiste
Jef Klak
Lignes de Crêtes
NonFiction
Période
Philo Mag
Terrestres
Vie des Idées
 
  THINK-TANKS
Fondation Copernic
Institut La Boétie
Institut Rousseau
 
  TECH
Goodtech.info
Quadrature du Net
  INTERNATIONAL
Alencontre
Alterinfos
CETRI
ESSF
Inprecor
Journal des Alternatives
Guitinews
 
  MULTILINGUES
Kedistan
Quatrième Internationale
Viewpoint Magazine
+972 mag
 
  PODCASTS
Arrêt sur Images
Le Diplo
LSD
Thinkerview
 
  Pas des sites de confiance
Brut
Contre-Attaque
Korii
Positivr
Regain
Slate
Ulyces
🌓