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22.12.2025 à 13:13

Extrême droite : la combattre sans compter

la Rédaction

La newsletter du 22 décembre 📨
Texte intégral (2008 mots)

La newsletter du 22 décembre 📨

par Catherine Tricot

Face à Marion Maréchal sur LCI, Marine Tondelier a vacillé. Pour la gauche, l’alerte se confirme.

LCI organise des grandes émissions politiques avec de possibles candidats à l’élection présidentielle. Déjà ! Marine Tondelier, désignée candidate des Ecologistes pour la primaire des gauches, était l’invitée ce vendredi de la chaîne d’infos. Elle était notamment opposée à Marion Maréchal. A écouter ce face-à-face, on peut être inquiet de la solidité de la gauche, surtout après le fiasco de Glucksman face à Zemmour dans la même émission.

Marine Tondelier n’est pas la moins expérimentée ni la moins assurée dans les débats politiques. Mais cela n’a pas suffi. L’échec va au-delà de celui d’une personne. 

Le thème proposé par Marion Maréchal, auquel Marine Tondelier avait consenti, était celui de l’immigration, de l’insécurité et de la laïcité. Chacune est venue préparée et bardée de chiffres. Marine Tondelier a tenté de corriger, rectifier et faire des mises au point sur les données mises en avant par son adversaire. Mais c’est Marion Maréchal qui a imposé les termes du débat et le cœur de son discours : les immigrés sont la cause première de l’insécurité ; ils compromettent la laïcité et l’égalité femmes-hommes, chères à notre nation.

Le problème central n’est pas que Marion Maréchal manipule la réalité, même si c’est bien sûr ce qu’elle fait. Le problème est qu’elle organise et impose un discours. Elle donne une cohérence idéologique à des données sélectionnées, exagérées ou sorties de leur contexte. Elle ne cherche pas seulement à avoir raison : elle structure son récit et le rend crédible. 

On ne peut s’opposer à cette structure idéologique renforcée depuis des décennies en lui opposant d’autres chiffres. Rétablir des vérités partielles ne suffit pas à neutraliser l’efficacité d’une vision partout répétée. L’extrême droite ne gagne pas parce que ses chiffres sont exacts. Elle gagne parce qu’ils viennent confirmer une lecture du réel qui donne sens à des angoisses. Tant que cette lecture ne sera pas remplacée par une autre, elle continuera de prospérer.

Il faut prendre garde à la manière dont on répond aux logiques déployées par l’extrême droite. C’est le cas lorsque l’on répond que les immigrés délinquants ne le sont pas parce qu’ils sont immigrés mais parce qu’ils sont des pauvres. Ainsi, soutenir, comme trop souvent à gauche, qu’il y a davantage d’immigrés dans les prisons parce qu’ils sont les plus pauvres est un argument inflammable… quand bien même il ne serait pas neuf. Il est, en fait, catastrophique. Il vise sans le vouloir la masse des hommes jeunes des quartiers populaires, immigrés ou non, à la fois exclus et en révolte contre ce monde qui ne leur fait pas de place. Donc on admettrait que les pauvres étant potentiellement délinquants, il faut les contrôler, les reléguer et les réprimer ? Au lieu de s’en tenir à la logique policière de la suspicion et de la contrainte, il est plus juste d’user d’une autre logique. 

Ce n’est pas en assimilant classes populaires et classes dangereuses qu’on a pu contenir la tentation désespérée du hors-la-loi et de la violence. C’est quand on cesse de reléguer, qu’on intègre, qu’on ouvre à la possibilité de progression sociale, qu’on rompt le cycle infernal de la mise à l’écart et de la violence. Désigner les immigrés comme des délinquants potentiels contribue à exacerber leur ressentiment, leur désespérance et à nourrir l’idée qu’il n’y a pas d’autre solution que l’écart à l’égard de la loi. La politique anti-immigrée n’écarte pas la violence : elle la nourrit, la légitime et ouvre la possibilité de son extension sans fin.

Face au projet d’extrême droite qu’il faut désigner comme tel, et qui se traduit en projet de tri, d’exclusion, de hiérarchisation des vies, la question pour la gauche est celui d’affirmer valeurs, principes, finalités. En l’occurrence, dire qu’il faut une politique d’accueil des migrants aujourd’hui abandonnée. Et exprimer que la gauche vise la construction d’une France, d’un monde où chacun peut prendre place et nourrir l’espoir d’une vie meilleure. C’est le fond de notre projet et de la lutte contre la criminalité.

S’en tenir à discuter et corriger les chiffres sans proposer un autre récit revient à perdre la bataille avant même qu’elle ne commence. Ce qu’il faut opposer à Marion Maréchal, ce n’est pas seulement une meilleure lecture des données, c’est un projet alternatif. Une autre explication globale de ce qui produit l’insécurité, les tensions sociales, la violence.

L’impréparation évidente de la cheffe des écologistes est aussi le symptôme que la force des punchlines ne suffit pas quand il faut combattre une extrême droite solide. On ne va pas à un débat de cette nature sans savoir précisément ce que l’on veut y défendre. Dans un débat politique, celui qui sait où il va a toujours un avantage sur celui qui improvise ses réponses en défense. Le passage sur la question du voile des petites filles était une caricature : il ne fut même pas opposé à Marion Maréchal qu’elle ne s’intéresse au sort des femmes qu’au seul sujet du voile et qu’elle défend une vision archaïque des rôles sexuels ; que la gauche entend défendre les libertés pour toutes face à leurs ennemis, fascistes de tout poils, islamistes compris et qu’elle défend une laïcité qui permet à chacun de vivre selon ses convictions.

Ce débat n’est pas un accident médiatique mais un symptôme. On ne peut affronter l’extrême droite sans un projet et une vision solide, alternative au monde qui va mal. Les chiffres ne viennent qu’éclairer cette proposition politique et les punchlines, l’ancrer dans les mémoires. Pas l’inverse.

Catherine Tricot

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100 ans d’évolution de l’habitat, sur Arte. Il y a un siècle survenait la révolution de l’architecture moderne. Elle ne fut pas seulement esthétique. Elle se produisit d’abord dans la conception des logements. Les architectes modernes rêvaient de bons logements pour tous en lieu et place des taudis étroits qui dominaient. Les Bruno Taut, Le Corbusier, Walter Gropius, Margarete Schütte-Lihotzky ou Ernst May ont imaginé des bâtiments, beaux par leur volumes, proposant des logements éclairés, avec salle de bains, chambres et séjour. C’est cette révolution que raconte ces trois épisodes de 30 minutes, centrés sur une pièce : le séjour, la cuisine, la salle de bain. Où l’on découvre l’origine des cuisines Ikea qui ont conquis le monde. Plaisant.

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Une réflexion pertinente d’un député catalan après la débâcle du Parti socialiste espagnol dans les élections régionales en Estrémadure. On vous en traduit deux points :

  • « Ce que fait le PSOE est innommable : face à une droite bien réelle, une gauche de façade ne suffit pas »
  • « L’argument selon lequel l’extrême droite serait quelque chose de nouveau ne tient plus : quand les gens n’ont pas d’avenir, ils votent pour le passé (même s’il est inventé). »

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22.12.2025 à 07:00

Les féministes mangent-elles les hommes ?

Pablo Pillaud-Vivien

Masculinité, place  des hommes dans le combat féministe, peur de la vasectomie sociétale : on parle des hommes, des vrais, avec Mathieu Palain. Mathieu Palain est écrivain et journaliste, auteur de Nos pères, nos frères, nos amis (2023, Les Arènes) Regards. On entend souvent parler des difficultés liées à la prise de conscience masculine vis-à-vis des questions de genre.…
Texte intégral (1573 mots)

Masculinité, place  des hommes dans le combat féministe, peur de la vasectomie sociétale : on parle des hommes, des vrais, avec Mathieu Palain.

Mathieu Palain est écrivain et journaliste, auteur de Nos pères, nos frères, nos amis (2023, Les Arènes)

Regards. On entend souvent parler des difficultés liées à la prise de conscience masculine vis-à-vis des questions de genre. Qu’est-ce qui, selon toi, freine cette évolution ?

Mathieu Palain. Il y a un décalage énorme entre des hommes qui refusent de s’interroger parce qu’ils se sentent agressés par ce débat et des femmes qui ont fait un travail colossal de prise de conscience. Beaucoup d’hommes se disent : « Pourquoi je devrais me remettre en question ? Je n’ai rien fait de mal ». Mais ils ignorent que ce travail n’est pas lié à avoir un casier judiciaire. Il s’agit de comprendre des comportements systémiques ancrés en nous.

L’un des freins majeurs est le sentiment d’attaque ressenti par certains hommes face aux revendications féministes. Beaucoup perçoivent cette remise en question comme une accusation généralisée, alors qu’il s’agit simplement de reconnaître un problème structurel. De plus, les normes patriarcales sont profondément enracinées dans l’éducation et la culture, ce qui rend difficile leur remise en cause.

Il faut aussi ajouter que la masculinité traditionnelle repose sur des valeurs profondément ancrées dans nos sociétés, comme la force, l’autorité et le contrôle. Remettre en question ces valeurs revient pour certains à remettre en cause leur propre identité. C’est pourquoi tant d’hommes résistent à ces évolutions. Pourtant, des études montrent que des sociétés plus égalitaires bénéficient à tous, y compris aux hommes, en réduisant les attentes oppressives liées aux rôles genrés.

Un autre élément important, c’est l’influence des réseaux sociaux et des discours réactionnaires qui se développent en réponse aux avancées du féminisme. On observe aujourd’hui des figures publiques et des influenceurs qui prônent une vision ultra-traditionnelle de la masculinité, allant jusqu’à promouvoir des comportements toxiques sous couvert de « virilité » retrouvée. Ces discours trouvent un écho chez de nombreux jeunes hommes en quête de repères et qui se sentent déstabilisés par les changements en cours.

Mais il y a aussi un vrai phénomène de rejet, non seulement des féministes, mais aussi de la remise en question de certains privilèges masculins. Beaucoup d’hommes ont grandi avec l’idée que leur place dans la société était naturelle et lorsqu’on leur dit que cette place est en réalité construite sur des inégalités, il y a un réflexe de défense. Certains se sentent attaqués dans leur identité et leur valeur, alors que le but du féminisme n’est pas d’accuser individuellement les hommes, mais bien de repenser des structures qui créent des déséquilibres.

Mais est-ce que tu vois cette déconstruction se mettre en place concrètement ?

Oui, je la vois. Je vois des hommes de mon âge qui prennent conscience de la différence avec leurs pères. Beaucoup réalisent qu’ils ne peuvent pas reproduire ce modèle car leur partenaire ne l’accepterait pas. Mais je vois aussi des jeunes garçons dans les collèges qui adoptent parfois des discours de masculinisme extrême. Face à eux, il y a des jeunes filles très politisées, prêtes à les confronter. Ce fossé entre les deux sexes est flagrant, mais il prouve que la conscience évolue, même si cela reste conflictuel.

J’observe également de plus en plus d’hommes qui prennent la parole pour dénoncer des comportements sexistes ou partager leurs propres remises en question. Il y a encore du chemin à parcourir, mais les discussions se multiplient, notamment dans les médias et sur les réseaux sociaux. Il est essentiel de continuer ces conversations, sans jugement, pour encourager davantage d’hommes à s’interroger sur leurs comportements.

Par ailleurs, de plus en plus d’entreprises mettent en place des formations sur l’égalité homme-femme et le respect en milieu professionnel. Ce sont des petites avancées qui permettent de sensibiliser davantage d’hommes à ces problématiques. Ces formations, lorsqu’elles sont bien construites et participatives, peuvent être des outils très efficaces pour lutter contre les stéréotypes de genre et instaurer des relations professionnelles plus équilibrées.

« La masculinité traditionnelle repose sur des valeurs profondément ancrées dans nos sociétés, comme la force, l’autorité et le contrôle. Remettre en question ces valeurs revient pour certains à remettre en cause leur propre identité. C’est pourquoi tant d’hommes résistent à ces évolutions. »

On voit aussi des transformations dans le domaine de la parentalité. De plus en plus de pères revendiquent un rôle plus actif dans l’éducation de leurs enfants, remettant en cause l’idée selon laquelle l’homme devrait avant tout être un pourvoyeur économique. Ces évolutions montrent que la masculinité est en train de se redéfinir.

Mais cette redéfinition ne se fait pas sans heurts. Certaines résistances sont particulièrement visibles dans les sphères conservatrices, où le modèle du « chef de famille » reste prédominant. Dans ces milieux, tout changement est perçu comme une menace et non comme une opportunité de progresser vers plus d’égalité.

Ce décalage entre les jeunes filles politisées et les garçons peut-il réellement être comblé ?

Je pense que oui, mais cela prendra du temps. Le problème vient du conditionnement très précoce. On élève les filles et les garçons différemment, ce qui se traduit par cette séparation à l’adolescence. Pourtant, il y a des signes positifs : les jeunes générations sont baignées dans un discours féministe et de consentement bien plus que nous à l’époque. Cela donne de l’espoir. Il faut un véritable effort collectif pour changer les mentalités et ne pas laisser ces écarts se creuser davantage.

L’éducation joue un rôle central dans cette transformation. Il faudrait intégrer dès le plus jeune âge des cours sur l’égalité, le consentement et la gestion des émotions. De nombreux programmes scolaires commencent à inclure ces thématiques, mais ils restent minoritaires. Si l’on veut vraiment réduire cet écart, il faut que l’ensemble de la société s’engage dans cette direction.

L’accès à des modèles masculins plus diversifiés dans les médias et la culture populaire peut aussi jouer un rôle clé. Voir des hommes qui s’expriment librement sur leurs émotions ou qui adoptent des attitudes plus égalitaires dans des films ou des séries pourrait aider à transformer les représentations collectives. Il faudrait également que les parents jouent un rôle actif en encourageant leurs enfants, garçons comme filles, à remettre en question les normes de genre et à développer des comportements égalitaires.

« On devrait enseigner aux jeunes garçons qu’ils ont le droit d’exprimer leurs sentiments, d’être vulnérables sans que cela ne soit perçu comme une faiblesse. »

Il y a aussi la question de la charge mentale qui reste largement inégalement répartie dans de nombreux foyers. Tant que cette charge sera considérée comme une « affaire de femmes », la déconstruction de la masculinité restera incomplète. Les hommes doivent comprendre qu’un rôle actif dans la gestion du foyer n’est pas un « coup de main », mais bien une responsabilité partagée.

Selon toi, qu’est-ce qui définit un homme aujourd’hui ?

Ce n’est plus être fort ou dominateur. Un homme, pour moi, c’est quelqu’un qui assume ses responsabilités et ses émotions. Beaucoup d’hommes n’ont pas été éduqués pour cela. Par exemple, aller voir un psy est encore perçu comme une faiblesse. C’est ce qui doit changer : accepter qu’avoir des émotions ne fait pas de nous des êtres faibles. On devrait enseigner aux jeunes garçons qu’ils ont le droit d’exprimer leurs sentiments, d’être vulnérables sans que cela ne soit perçu comme une faiblesse.

Un homme, c’est aussi quelqu’un qui écoute, qui respecte et qui n’a pas peur de remettre en question ses certitudes. C’est une définition plus ouverte, qui permet à chacun de se sentir libre d’être soi, sans les carcans imposés par la société.

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Cet article est extrait du n°62 de la revue Regards, publié en avril 2025 et toujours disponible dans notre boutique !
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19.12.2025 à 11:48

Fake news : cette autre guerre hybride venue des États-Unis

Loïc Le Clerc

Sur les réseaux sociaux, l’ère de #MeToo est révolue, le backlash commence à peine. Exclusivement américains, les GAFAM avancent au rythme de Donald Trump pour influencer le monde. « Alors nous ça nous fait marrer. Douze millions de vues ! » Ce mardi 16 décembre, alors qu’il est face à des lecteurs du quotidien La Provence, à…
Texte intégral (848 mots)

Sur les réseaux sociaux, l’ère de #MeToo est révolue, le backlash commence à peine. Exclusivement américains, les GAFAM avancent au rythme de Donald Trump pour influencer le monde.

« Alors nous ça nous fait marrer. Douze millions de vues ! » Ce mardi 16 décembre, alors qu’il est face à des lecteurs du quotidien La Provence, à Marseille, Emmanuel Macron ironise. Il raconte qu’un de ses « collègues africains » lui a envoyé un message pour s’inquiéter du coup d’État en cours en France. Une vidéo tourne sur les réseaux sociaux dans laquelle on voit une journaliste évoquer ce putsch, « dirigé par un colonel ».

Cette vidéo, entièrement générée par intelligence artificielle, n’en est qu’une parmi des millions qui circulent sur internet. Le président français affirme avoir, en personne, demandé à Meta (l’entreprise de Mark Zuckerberg qui possède notamment Facebook, Instagram et Whatsapp) de retirer ladite vidéo. Réponse du géant américain : « Ça ne contrevient pas à nos règles d’utilisation ».

L’anecdote dit tout de l’époque qui vient. Une fois n’est pas coutume, Emmanuel Macron dit juste : « Vous voyez qu’on n’est pas équipés comme il faut. […] Ces gens-là se moquent de nous, ils se foutent de la sérénité des débats publics, ils se moquent de la souveraineté des démocraties et donc ils nous mettent en danger. »

La manipulation de l’information n’est pas un dérapage, elle est le cœur du réacteur des réseaux sociaux. C’est elle qui crée le buzz, qui nourrit l’algorithme. Dans le genre, on pense spontanément à Elon Musk et son X (ex-Twitter), véritable bourbier d’extrême droite. Mais si X est le pire, Meta ou Google sont loin d’être les meilleurs.

Dès l’élection de Donald Trump, les Zuckerberg, Bezos et Musk ont prêté allégeance. Cette guerre ne vient pas, elle est déjà là. Les Américains annoncent ouvertement soutenir les partis « patriotes » en Europe dans leur guerre aux migrants, aux wokes. Derrière les « petites » censures et laisser-faire de Meta, c’est la liberté et la démocratie qui sont en péril.

Il y a quelques jours, le Nouvel Obs publiait une tribune signée par des associations comme le Planning familial, la Fondation des femmes, Nous Toutes, ou encore Amnesty International. Elles y dénoncent « un choix politique » : « L’invisibilisation des associations féministes sur Meta ». Le procédé est fourbe et insidieux : Meta prétend lutter contre la propagande mais aussi censurer les messages de haine, de violence ou à caractère pornographique – et donc tout ce qui pourrait contenir les mots « viol » ou « violences sexuelles » par exemple. Sauf qu’à l’évidence, la « propagande » concerne uniquement le féminisme, les comptes masculinistes se portant très bien.

La presse connaît le même phénomène. Ces dernières années, Google et Facebook ont modifié leurs algorithmes, invisibilisant fortement les médias indépendants et les obligeant à trouver des astuces, des feintes pour exister malgré tout – n’avez-vous pas remarqué le boom des newsletters ?

Nuit et jour, on nous inquiète avec la guerre hybride menée par la Russie, cette grande menace pour la vérité et la démocratie. Cette inquiétude est fondée. Mais il est une autre guerre hybride : celle avec les entreprises américaines protégées par et inféodées à Washington. Dès l’élection de Donald Trump, les Zuckerberg, Bezos et Musk ont prêté allégeance. Cette guerre ne vient pas, elle est déjà là. Les Américains annoncent ouvertement soutenir les partis « patriotes » en Europe dans leur guerre aux migrants, aux wokes, et dans leur projet de société traditionnelle fondée sur des valeurs religieuses où le pilier serait la famille. Derrière les « petites » censures et laisser-faire de Meta, c’est la liberté et la démocratie qui sont en péril.

Que faire alors ? S’équiper comme il faut. Un monde sans les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) est possible. Techniquement, la Chine en est la preuve : 1,4 milliards de personnes vivent sur cette Terre sans les géants du web américains. Évidemment, Pékin n’est absolument pas un contre-exemple. Son internet est un univers de surveillance et de censure. Mais voilà, si les Chinois ont réussi à s’extirper des GAFAM, nous aussi nous le pouvons.

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