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30.06.2025 à 12:30

Debout les damnés de la terre

Catherine Tricot

Quelle surprise d’entendre de nouveau ce chant révolutionnaire à la fin de la réunion de lancement du mouvement de François Ruffin, "Debout !".
Texte intégral (969 mots)

Quelle surprise d’entendre de nouveau ce chant révolutionnaire à la fin de la réunion de lancement du mouvement de François Ruffin, « Debout ! ».

« Debout les damnés de la terre
Debout les forçats de la faim
La raison tonne en son cratère
C’est l’éruption de la faim
Du passé faisons table rase
Foule esclave debout debout
Le monde va changer de base
Nous ne sommes rien soyons tout »
L’Internationale

L’initiateur (avec Frédéric Lordon) de « Nuit debout », le réalisateur (avec Gilles Perret) de « Debout les femmes » et le fondateur de « Picardie Debout » tient à la fois son mantra, sa continuité personnelle et historique. Cet homme-là veut que tous ceux qui aiment le travail, la France et « les travailleurs essentiels » se lèvent !


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Samedi, François Ruffin donnait le coup d’envoi à son mouvement « Debout ! » à l’issue d’une journée de travail de militants. Sur scène, à ses côtés, Fabien Jumel, l’ancien maire puis député communiste de Dieppe organisait le moment. On découvrait sa brillante suppléante Hayat Matboua, AESH (accompagnante d’élèves en situation de handicap), qui donnait corps et visage à tous ces travailleurs dont François Ruffin se fait le hérault. François Ruffin se lance. D’emblée, il conforte ce qui est et sera son axe politique : « Nous sommes des travaillistes, pas au sens anglais du terme. Au sens où nous croyons que c’est le travail salarié ou bénévole qui fait la société ». C’est à partir de cette conviction profonde qu’il brocarde tout ce qui le détruit, le méprise, le vide de sens. François Ruffin veut que le « peuple de gauche » ne soit plus un oxymore comme il l’écrit dans le manifeste fondateur de 50 pages qui marque cette étape.

Ruffin condamne et dénonce les faiblesses de la France face au génocide en cours en Gaza… mais le monde reste loin. Il croit à la force de la France et ne parle guère ni de l’Europe ni du reste du monde. Le Picard est un « internationaliste » et ne pense pas l’unité du monde.

Le travail chez François Ruffin, c’est d’abord celui des mal payés, mal considérés, mal formés. Et c’est sur eux que François Rufin compte pour relever les défis qui viennent, pour « faire l’histoire ». Les autres travailleurs, ceux des bureaux et des métiers de l’information, la création, la formation… sont beaucoup moins « racontés ». Soucieux de réunir les « bourgs » et les « tours », il délaisse ceux des centres-villes, qu’il associait hier à la contestation du consumérisme. Le député de Picardie veut faire entendre sa différence : Il laisse à ses concurrents à gauche l’adresse aux classes « éduquées » et centre son propos sur le monde populaire. Mais si François Rufin veut aussi parler de la France « en entier, pas à moitié », il lui faudra embrasser tout le monde du travail, « le prof et le prolo », les deux figures du cœur sociologique de la gauche.  Il lui faudra sans doute renouer avec l’intuition de Nuit debout, quand il avait recherché leur convergence pour inventer une modernité faite « de plus de liens et de moins de biens ». Car l’écologie, « l’a-croissance », reste la finalité qu’il assigne aux mobilisations, aux politiques publiques et au travail.

Le second axe que François Ruffin a martelé une fois encore, c’est son hostilité à la mondialisation. Il ne la qualifie pas de libérale. Celle qui a causé le départ des usines et abîmé les ouvriers, il la honnit, en entier, pas à moitié. Il est fier de ses victoires idéologiques comme le retour du souverainisme dans la conversation publique. Il veut des protections douanières aux frontières. S’il prend soin de parler de nos voisins comme des peuples frères aux histoires partagées, il n’accorde aucun crédit à la construction européenne. Il brandit encore le souvenir du « non » de 2005, ce refus portait par monde populaire. François Ruffin condamne et dénonce les faiblesses de la France face au génocide en cours en Gaza… mais le monde reste loin. Il croit à la force de la France et ne parle guère ni de l’Europe ni du reste du monde. Le Picard est un « internationaliste » et ne pense pas l’unité du monde.

Enfin, son argument politique massue est sa conviction qu’il peut convaincre le fond du pays de faire barrage à l’extrême droite. Il l’a fait par trois fois sur ces terres RN de Picardie. Il pense pouvoir le faire au plan national. Il sera présent au rendez-vous du 2 juillet donné par Lucie Castet pour promouvoir une primaire. 

François Ruffin y croit.

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30.06.2025 à 12:29

🔴 CONTRE-RÉFORME DU JOUR

la Rédaction

Rachida Dati veut son ORTF 2.0 Le débat parlementaire sur la réforme de l’audiovisuel public, porté par la ministre de la culture Rachida Dati, a débuté ce lundi à l’Assemblée nationale. Objectif affiché : fusionner France Télévisions, Radio France et l’INA au sein d’une holding unique baptisée France Médias – médias en grève ce lundi,…
Lire + (191 mots)

Rachida Dati veut son ORTF 2.0

Le débat parlementaire sur la réforme de l’audiovisuel public, porté par la ministre de la culture Rachida Dati, a débuté ce lundi à l’Assemblée nationale. Objectif affiché : fusionner France Télévisions, Radio France et l’INA au sein d’une holding unique baptisée France Médias – médias en grève ce lundi, Radio France ayant commencé dès jeudi dernier. Derrière le jargon technocratique, c’est un big bang structurel pour le service public de l’information et de la culture. Avec une double perspective : la réduction des coûts et surtout la mise sous tutelle unique de l’information publique. La ministre de la culture s’en défend, mais les syndicats redoutent un affaiblissement de l’indépendance éditoriale, une logique de concentration qui sert surtout les impératifs budgétaires et une ouverture à terme vers la privatisation. Un projet flou, précipité et qui augure du pire. Mais Rachida Dati tient sa réforme. Et Rachida Dati, on le sait : elle veut ce qu’elle veut…

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30.06.2025 à 10:54

Debout les damnés de la terre

la Rédaction

La lettre du 30 juin 📨
Texte intégral (1591 mots)

La lettre du 30 juin 📨

par Catherine Tricot

Quelle surprise d’entendre de nouveau ce chant révolutionnaire à la fin de la réunion de lancement du mouvement de François Ruffin, « Debout ! ».

« Debout les damnés de la terre
Debout les forçats de la faim
La raison tonne en son cratère
C’est l’éruption de la faim
Du passé faisons table rase
Foule esclave debout debout
Le monde va changer de base
Nous ne sommes rien soyons tout »
L’Internationale

L’initiateur (avec Frédéric Lordon) de « Nuit debout », le réalisateur (avec Gilles Perret) de « Debout les femmes » et le fondateur de « Picardie Debout » tient à la fois son mantra, sa continuité personnelle et historique. Cet homme-là veut que tous ceux qui aiment le travail, la France et « les travailleurs essentiels » se lèvent !

Samedi, François Ruffin donnait le coup d’envoi à son mouvement « Debout ! » à l’issue d’une journée de travail de militants. Sur scène, à ses côtés, Fabien Jumel, l’ancien maire puis député communiste de Dieppe organisait le moment. On découvrait sa brillante suppléante Hayat Matboua, AESH (accompagnante d’élèves en situation de handicap), qui donnait corps et visage à tous ces travailleurs dont François Ruffin se fait le hérault. François Ruffin se lance. D’emblée, il conforte ce qui est et sera son axe politique : « Nous sommes des travaillistes, pas au sens anglais du terme. Au sens où nous croyons que c’est le travail salarié ou bénévole qui fait la société ». C’est à partir de cette conviction profonde qu’il brocarde tout ce qui le détruit, le méprise, le vide de sens. François Ruffin veut que le « peuple de gauche » ne soit plus un oxymore comme il l’écrit dans le manifeste fondateur de 50 pages qui marque cette étape. 

Le travail chez François Ruffin, c’est d’abord celui des mal payés, mal considérés, mal formés. Et c’est sur eux que François Rufin compte pour relever les défis qui viennent, pour « faire l’histoire ». Les autres travailleurs, ceux des bureaux et des métiers de l’information, la création, la formation… sont beaucoup moins « racontés ». Soucieux de réunir les « bourgs » et les « tours », il délaisse ceux des centres-villes, qu’il associait hier à la contestation du consumérisme. Le député de Picardie veut faire entendre sa différence : Il laisse à ses concurrents à gauche l’adresse aux classes « éduquées » et centre son propos sur le monde populaire. Mais si François Rufin veut aussi parler de la France « en entier, pas à moitié », il lui faudra embrasser tout le monde du travail, « le prof et le prolo », les deux figures du cœur sociologique de la gauche.  Il lui faudra sans doute renouer avec l’intuition de Nuit debout, quand il avait recherché leur convergence pour inventer une modernité faite « de plus de liens et de moins de biens ». Car l’écologie, « l’a-croissance », reste la finalité qu’il assigne aux mobilisations, aux politiques publiques et au travail.

Le second axe que François Ruffin a martelé une fois encore, c’est son hostilité à la mondialisation. Il ne la qualifie pas de libérale. Celle qui a causé le départ des usines et abîmé les ouvriers, il la honnit, en entier, pas à moitié. Il est fier de ses victoires idéologiques comme le retour du souverainisme dans la conversation publique. Il veut des protections douanières aux frontières. S’il prend soin de parler de nos voisins comme des peuples frères aux histoires partagées, il n’accorde aucun crédit à la construction européenne. Il brandit encore le souvenir du « non » de 2005, ce refus portait par monde populaire. François Ruffin condamne et dénonce les faiblesses de la France face au génocide en cours en Gaza… mais le monde reste loin. Il croit à la force de la France et ne parle guère ni de l’Europe ni du reste du monde. Le Picard est un « internationaliste » et ne pense pas l’unité du monde.

Enfin, son argument politique massue est sa conviction qu’il peut convaincre le fond du pays de faire barrage à l’extrême droite. Il l’a fait par trois fois sur ces terres RN de Picardie. Il pense pouvoir le faire au plan national. Il sera présent au rendez-vous du 2 juillet donné par Lucie Castet pour promouvoir une primaire. 

François Ruffin y croit.

Catherine Tricot

🔴 CONTRE-RÉFORME DU JOUR

Rachida Dati veut son ORTF 2.0

Le débat parlementaire sur la réforme de l’audiovisuel public, porté par la ministre de la culture Rachida Dati, a débuté ce lundi à l’Assemblée nationale. Objectif affiché : fusionner France Télévisions, Radio France et l’INA au sein d’une holding unique baptisée France Médias – médias en grève ce lundi, Radio France ayant commencé dès jeudi dernier. Derrière le jargon technocratique, c’est un big bang structurel pour le service public de l’information et de la culture. Avec une double perspective : la réduction des coûts et surtout la mise sous tutelle unique de l’information publique. La ministre de la culture s’en défend, mais les syndicats redoutent un affaiblissement de l’indépendance éditoriale, une logique de concentration qui sert surtout les impératifs budgétaires et une ouverture à terme vers la privatisation. Un projet flou, précipité et qui augure du pire. Mais Rachida Dati tient sa réforme. Et Rachida Dati, on le sait : elle veut ce qu’elle veut…

P.P.-V.

ON VOUS RECOMMANDE…


Le podcast « Le capitalisme est mort ! Vive le techno-féodalisme ! » sur France Inter. Un entretien avec Yanis Varoufakis, ancien ministre des finances du gouvernement Tsipras. Passionnant, comme toujours, l’économiste grec expose sa critique du néolibéralisme et de ces « nouveaux serfs de l’économie »…

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28.06.2025 à 11:30

Glucksmann, Ruffin, Mélenchon, Autain : 4 propositions à gauche — Otan : la servilité des Européens à Trump

la Rédaction

Comme chaque semaine, le débrief politique avec Catherine Tricot et Pablo Pillaud-Vivien.
Texte intégral (1591 mots)

Comme chaque semaine, le débrief politique avec Catherine Tricot et Pablo Pillaud-Vivien.

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27.06.2025 à 14:07

USA-Iran-Israël : sous les bombes, les peuples

Pablo Pillaud-Vivien

Au-delà des discours officiels, ce sont les sociétés qui façonnent — et subissent — l’escalade en cours au Moyen-Orient. Ce dossier leur redonne la parole.
Texte intégral (716 mots)

Au-delà des discours officiels, ce sont les sociétés qui façonnent — et subissent — l’escalade en cours au Moyen-Orient. Ce dossier leur redonne la parole.

Il y a une illusion tenace à laquelle s’abreuvent certains stratèges du monde : celle d’une « géopolitique » qui fonctionnerait comme un échiquier froid, rationnel et désincarné. Des États y seraient des entités homogènes, mues par leurs intérêts nationaux, définis par une élite militaire ou diplomatique, les peuples relégués au rang de décor. La guerre deviendrait ainsi une mécanique répondant à des logiques de puissance.


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Le politiste Bertrand Badie s’emploie depuis des années à dynamiter cette fiction. Non, la géopolitique n’existe pas. Ce sont les sociétés qui font l’histoire. Ce sont elles qui donnent sens ou non à la guerre, qui y résistent ou l’enclenchent, qui peuvent, dans leur pluralité, leurs contradictions, leurs espoirs, faire surgir des brèches dans les logiques de destruction.

Entre Téhéran et Tel-Aviv, cette vérité s’impose avec éclat. Et effroi.

Car dans l’escalade en cours entre Israël et l’Iran, ce ne sont pas seulement deux États qui s’opposent, ce sont deux sociétés fracturées, habitées par des contradictions profondes. En Iran, la théocratie repose sur la répression, la peur, les prisons politiques. Et pourtant, depuis les grandes mobilisations de 2009 jusqu’aux révoltes féministes de 2022, une société civile tente, à pas lents mais tenaces, d’arracher un avenir à la nuit islamiste. Les femmes émancipées, les grèves ouvrières, les étudiants contestataires sont les visages d’un peuple qui, malgré tout, refuse de se résigner.

Mais face à cette lente érosion du pouvoir des mollahs, que produira le fracas des bombes israéliennes ? À quoi ressemblera une société iranienne réveillée non plus par le désir d’émancipation, mais par le réflexe nationaliste, la peur, la colère ? Ce que l’aviation israélienne détruit aujourd’hui en infrastructures pourrait bien enterrer demain les possibilités politiques.

Et en Israël, la société n’est pas épargnée non plus. Si des voix s’élèvent, courageuses, pour dénoncer la politique coloniale, l’apartheid, le génocide et la guerre — des journalistes, des ONG, des jeunes qui refusent l’enrôlement —, elles restent très minoritaires. D’après des études d’opinions et des sondages analysés par Haaretz ces derniers mois, la part des Israéliens juifs soutenant les opérations militaires à Gaza est très importante, malgré l’ampleur des massacres, malgré les images, malgré le droit. La société, ici, ne fait pas que subir : elle choisit… ou laisse faire.

Alors, que reste-t-il de politique dans ce champ de ruines ? Justement : les sociétés. Pas comme totems, pas comme excuses, mais comme terrains de lutte, de contradictions, de possibles. C’est ce que Regards et Politis ont voulu mettre au centre de ce dossier : ni la carte, ni le drone, ni le tweet d’un chef d’État, mais ce que veulent (ou pourraient vouloir) les peuples.

Parce que la paix ne naîtra ni à Riyad, ni à Washington, ni dans le cockpit d’un F-35. Elle se construira, si elle doit advenir, dans les failles de l’Iran autoritaire et de l’Israël colonial, par celles et ceux qui refusent de haïr, de tuer, d’obéir. Ce sont eux, les vrais acteurs du monde à venir. Et c’est à eux qu’il faut prêter l’oreille, tant qu’il est encore temps.

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27.06.2025 à 14:06

Manifestation contre l’attaque américaine en Iran : « Nous ne voulons plus de morts et de victimes »

Edward Maille

Des rassemblements sont organisés depuis une semaine aux États-Unis contre l’attaque américaine en Iran. Si la taille des manifestations reste minime, l’opposition à l’intervention américaine est forte dans la population, y compris chez certains soutiens de Donald Trump.
Texte intégral (1311 mots)

Des rassemblements sont organisés depuis une semaine aux États-Unis contre l’attaque américaine en Iran. Si la taille des manifestations reste minime, l’opposition à l’intervention américaine est forte dans la population, y compris chez certains soutiens de Donald Trump.

Siomara Rodriguez n’en est pas à sa première manifestation antiguerre. Elle s’est opposée aux interventions militaires américaines à l’étranger « depuis le Vietnam », explique-t-elle sur le bord de la route, dans le centre-ville d’Athens en Géorgie, dans le sud-est du pays. Une vingtaine de personnes brandissant des pancartes, ce mercredi 25 juin, comme « Ne touchez pas à l’Iran ». Le groupe s’oppose aux attaques ordonnées par Donald Trump afin de détruire trois sites d’enrichissement nucléaires iraniens, avec la crainte d’une escalade et du retour de l’interventionnisme militaire américain.


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Depuis l’opération, il y a moins d’une semaine, plusieurs rassemblements ont eu lieu aux États-Unis pour s’opposer à la décision de Donald Trump. Les manifestations étaient de petite taille, très loin de celles dites « No Kings » [pas de rois] contre les politiques du milliardaire, où plusieurs millions de personnes sont descendues dans les rues. « Peu importe si vous avez une foule de 500 ou 5 personnes, ce qui compte est de sortir, et montrer qu’on ne soutient pas cela », explique Trey Holloway, 24 ans, un keffieh par-dessus ses épaules, sur son costume. Il est membre du Parti pour le socialisme et la libération (PSL) – situé tout à gauche sur l’échiquier politique américain – qui organise cette manifestation.

Il estime que l’attaque sur l’Iran était « une violation de leur souveraineté ». Il s’oppose à toute intervention américaine ou étrangère pour faire tomber le régime des mollahs. « La lutte est dans leur pays, c’est une lutte pour les Iraniens, et c’est à deux d’en décider et de la mener. » Les manifestants énumèrent leurs raisons pour se tenir en cette fin d’après-midi sous une chaleur étouffante, avec un ressenti de 35 degrés. « Les gens ont en plus que marre des guerres. Largent devrait être pour répondre aux besoins de la population, tels que les soins de santé, l’éducation ou le logement », explique Siomara Rodriguez, 76 ans, qui voit l’attaque comme « une escalade ».

« Nous voulons que ça s’arrête, continue-t-elle. Je souhaite un cessez-le-feu permanent, nous ne voulons plus de morts et de victimes. » Mais la retraitée reste sceptique vis-à-vis du cessez-le-feu négocié par Donald Trump. « J’ai parfois du mal à suivre ce qu’il dit, parce qu’il oscille : il peut dire une chose et ensuite une autre très différente. Dès qu’il a annoncé un cessez-le-feu, Israël a commencé à lancer des missiles. » Après cela, le président avait vivement critiqué Israël pour cette attaque.

Si la taille de ces rassemblements reste mince à l’échelle du pays, ils illustrent le sentiment d’une part importante des Américains. 56% n’approuvent pas de l’opération en Iran, selon un sondage réalisé par SSRS pour CNN publié ce mardi. Certains élus démocrates ont tout de même soutenu l’attaque, mais la majorité l’ont dénoncé. Un point suscite l’ire de la gauche américaine : la décision de Donald Trump de mener ces frappes sans l’autorisation du Congrès, vu comme un outrepassement de plus, par le président, des règles du pays.

Mais la réponse des démocrates est pour l’instant désordonnée. Quelques élus de la Chambre des représentants ont tenté de lancer une procédure d' »impeachment », une mise en accusation formelle contre le président. La mesure n’avait aucune chance d’aboutir, puisqu’il faut une majorité de votes, dont les Républicains disposent. Mais la majorité des députés démocrates n’ont pas soutenu la mesure. Un exemple de plus des divisions du camp démocrate sur la façon de s’opposer à Donald Trump.

Sur le bord de la route à Athens, plusieurs manifestants tentent au moins de faire entendre leurs voix. Ils se succèdent pour prendre la parole. Certains s’époumonent dans le micro. Le groupe manifeste également en soutien des Palestiniens, contre le soutien américain à Israël, avec des pancartes « mettre fin au génocide ». « L’argent de vos impôts va tuer des enfants », dénonce Jawahir Kamil, 52 ans, au micro.

« En tant qu’être humain, nous ne voulons pas que d’autres personnes meurent, et nous ne voulons pas être complices en utilisant l’argent de nos impôts », explique-t-elle ensuite. Mike Almestica, lui, n’avait pas manifesté « depuis un moment ». Les événements ont rappelé à l’employé dans un supermarché l’invasion américaine en Irak. « Je ne pouvais pas juste rien faire », justifie l’homme de 35 ans. Certaines voitures klaxonnent en soutien à la foule. Dans son pick-up, un autre homme hurle « Allez Trump ». « Donald Trump a pourtant fait campagne contre la guerre », regrette Jawahir Kamil.

Le milliardaire a promis de ne pas engager le pays dans un conflit armé s’il n’y avait pas de menace directe. La promesse s’inscrit dans sa vision de l' »America first » [l’Amérique d’abord], en s’opposant à la vieille garde républicaine, surnommée « les faucons » ou « neocons » [pour néoconservateurs], en faveur d’un interventionnisme militaire. La décision de Donald Trump d’attaquer l’Iran a mis en lumière ces tensions au sein du socle électoral du président.

La grande partie des élus républicains au Congrès ont soutenu la Maison Blanche. Mais l’élue de Géorgie, Marjorie Taylor Greene, importante figure du mouvement MAGA [Make America Great Again], a dénoncé cette décision et les frappes américaines, tout en maintenant son soutien au président pour le reste de ses politiques. Avant l’opération, d’autres personnalités médiatiques ultraconservatrices s’étaient clairement opposées à une intervention militaire américaine, comme Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump et figure du populisme d’extrême droite, Tucker Carlson, ancien présentateur sur Fox News, ou Charlie Kirk, fondateur de l’organisation d’extrême droite, Turning Point Action.

Depuis l’attaque, certains ont atténué leurs critiques. Difficile de savoir s’ils soutiennent réellement l’opération menée par Washington, ou s’ils souhaitent garder l’unité de leur mouvement. Mais la décision de Donald Trump d’attaquer seulement les sites nucléaires, sans chercher à renverser le régime en place et sans envoyer de troupe sur le terrain semble convenir aux isolationnistes. L’influenceur Charlie Kirk a estimé sur le réseau social X que le président avait réalisé une « masterclass », en retirant les missiles nucléaires iraniens, sans engager plus que cela l’armée américaine. Il ne faudrait surtout pas remettre en question l’allégeance au chef.

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