04.09.2025 à 06:00
(Jérusalem, 4 septembre 2025) – Au moins cinq missiles balistiques iraniens ont frappé des zones peuplées d’Israël au cours du conflit armé de juin 2025, violant les lois de la guerre. Ces violations devraient faire l’objet d’une enquête sur d’éventuels crimes de guerre, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Ces cinq missiles, qui ont tué vingt civils et endommagé un hôpital, faisaient partie d’une cinquantaine de missiles ayant touché Israël, sur les 550 lancés au total.
Les attaques de missiles balistiques iraniens répondaient à une série d’attaques de la part d’Israël contre l’Iran, qui avait commencé le 13 juin et qui, avec l’implication directe des États-Unis, s’était poursuivie jusqu’au 25 juin. Human Rights Watch a documenté cinq frappes lors desquelles les missiles balistiques iraniens ont atteint des domiciles civils distants de 1,5 à 9 kilomètres de sites militaires israéliens. Quatre de ces tirs ont tué et blessé des civils dans les villes de Bat Yam, Tamra, Be’er Sheva et Petah Tikva ; le cinquième tir a frappé le Centre médical Soroka (Soroka Medical Center) à Be’er Sheva, y blessant des patients et des membres du personnel.
« Même si relativement peu de missiles balistiques iraniens ont pu percer les systèmes de défense israéliens au cours de ce conflit de douze jours, ceux qui y sont parvenus ont souvent frappé des zones peuplées, sans cibles militaires évidentes », a déclaré Ida Sawyer, directrice de la division Crises, conflits et armes à Human Rights Watch. « Les tirs contre les structures civiles sans objectif militaire sont des attaques indiscriminées et illégales. Les responsables sont passibles de poursuites pour crimes de guerre. »
Human Rights Watch a, par ailleurs, précédemment publié des rapports sur les attaques israéliennes contre des zones peuplées d’Iran, en violation des lois de la guerre.
L’armée israélienne a rapporté que les tirs iraniens, au cours des douze jours qu’ont duré les hostilités, ont tué en Israël trente civils et un soldat en permission, envoyé plus de 3 300 personnes à l’hôpital – dont 23 gravement blessées – et déplacé plus de 15 000 personnes. L’armée israélienne a déclaré que l’Iran avait lancé 550 missiles balistiques, dont 36 ont frappé des zones peuplées. Les missiles restants ont été interceptés, ont frappé des cibles militaires ou leurs environs, sont tombés loin des zones peuplées ou ont connu des défaillances sur leur trajet.
En juin et juillet 2025, une équipe de recherche de Human Rights Watch s’est rendue en huit lieux ayant subi des frappes, dont les cinq documentées, et s’est entretenue avec trente victimes et témoins. Les chercheurs ont également analysé des images satellitaires et vérifié des photographies et vidéos publiées sur les médias sociaux. Le 18 août, Human Rights Watch a écrit aux autorités iraniennes, avec des questions spécifiques concernant les tirs, mais n’a reçu aucune réponse. De même, Human Rights Watch a sollicité à plusieurs reprises le point de vue des autorités israéliennes, qui n’ont pas répondu.
Human Rights Watch a constaté que les attaques iraniennes avaient été effectuées à l’aide de missiles balistiques qui délivraient des ogives explosives ayant une masse comprise entre 500 et 1 000 kilogrammes. Contrairement à de nombreuses roquettes non guidées, les missiles balistiques ne sont pas considérés, en soi, comme des armes indiscriminées. La portée et l’ampleur des dégâts que les explosions ont infligés aux bâtiments endommagés – y compris les larges impacts de cratères et les ondes de choc qui en ont résulté – ne pouvaient être causés que par des ogives de cette taille, et non pas les systèmes de défense antimissile israéliens, a conclu Human Rights Watch.
Sites des cinq frappes de missiles iraniens en Israël, documentées par Human Rights Watch Click to expand Image Carte montrant les sites des cinq frappes de missiles iraniens en Israël, menées entre le 14 et 24 juin 2025, et documentées par Human Rights Watch. © 2025 Human Rights WatchÀ Tamra, dans le nord d’Israël, le soir du 14 juin, l’épouse, la belle-sœur et deux filles de Raja Khatib, un avocat palestinien de nationalité israélienne, ont été tuées par l’explosion d’un missile sur le toit de leur maison. « J’ai ressenti l’explosion », a-t-il témoigné. « L’électricité a été coupée. Le bruit était terrifiant. J’ai pensé que j’étais mort. »
À Bat Yam, une ville côtière au sud de Tel Aviv, un missile a frappé un immeuble de douze étages le 15 juin, tuant neuf civils, dont trois enfants. Elias Mughrabi, 44 ans, qui dormait au troisième étage, a déclaré qu’après la frappe, « trois appartements différents ne faisaient plus qu’un [...] car toutes les cloisons qui les séparaient avaient été détruites instantanément ».
À Be’er Sheva, une ville du sud d’Israël, un missile iranien a frappé le Centre médical Soroka (Soroka Medical Center) le 19 juin. Puis le 24 juin, un autre missile iranien a frappé un bâtiment résidentiel dans cette ville, y tuant quatre civils.
Images vidéo filmées par un drone, montrant les dommages subis par un immeuble résidentiel de sept étages à Be'er Sheva, dans le sud d'Israël, suite à la frappe d’un missile iranien qui a tué quatre personnes le 24 juin 2025. © 2025 Elior Cohen Photography
Les autorités iraniennes n’ont émis aucun avertissement avant les cinq frappes documentées, ni rapporté publiquement quelles étaient les cibles de quatre d’entre elles. Le ministre des Affaires étrangères iranien, Abbas Araghchi, dans ses publications sur X, a indiqué que l’hôpital de Soroka n’était pas la cible visée, tout en suggérant sans aucun fondement que c’était une cible militaire légitime.
Le conflit entre Israël et Iran est considéré comme un conflit armé international, soumis aux lois de la guerre. Tous les belligérants ont l’obligation de faire la distinction entre combattants et civils et ils ne peuvent diriger leurs attaques que contre des objectifs militaires. Les attaques délibérées et sans discrimination contre les personnes et objets civils, ainsi que celles qui causent des atteintes disproportionnées aux civils, sont prohibées. Parmi les attaques sans discrimination, figurent celles qui ne sont pas dirigées vers un objectif militaire précis, qui emploient des armes ou des tactiques ne pouvant pas être dirigées contre un objectif militaire précis ou dont les effets ne peuvent pas être limités comme le droit l’exige.
Les belligérants doivent prendre toutes les précautions possibles pour garantir que les attaques ciblent des objectifs militaires et que les civils reçoivent des avertissements efficaces, à moins que les circonstances ne le permettent pas.
Les individus qui ordonnent, commettent ou soutiennent de graves violations des lois de la guerre dans une intention criminelle – c’est-à-dire délibérément ou imprudemment – sont responsables de crimes de guerre.
Les cinq tirs de missiles iraniens documentés étaient indiscriminés à cause de l’absence de cible militaire, parce que les circonstances ne permettaient pas de diriger ces armes vers une cible militaire précise ou parce que les effets de l’arme n’ont pas pu être suffisamment limités.
Les gouvernements ont l’obligation d’enquêter sur les allégations de crimes de guerre commis par des membres de leurs forces armées, ou sur leur propre territoire. Les individus responsables devraient être poursuivis de manière appropriée.
L’emploi d’armes explosives de grande portée, telles que les missiles balistiques, dans des zones peuplées, représente une grave menace pour les civils, notamment en augmentent le risque d’attaques sans discrimination. Outre les dommages immédiats aux personnes et structures civiles, les dégâts causés aux infrastructures critiques comme les hôpitaux peuvent avoir des effets décuplés ou à long terme. Ni l’Iran ni Israël n’ont soutenu la Déclaration politique de 2022 s’engageant à adopter et appliquer des politiques et pratiques nationales visant à réduire les dommages civils en se gardant de se servir d’armes explosives dans les zones peuplées et en restreignant leur usage.
« Les tirs de missiles sans discrimination effectués par l’Iran en réponse aux attaques israéliennes ont tué et blessé des dizaines de civils dans plusieurs lieux d’Israël, et bouleversé la vie de personnes encore plus nombreuses », a conclu Ida Sawyer. « Les auteurs de ces attaques illégales commises par l’un ou l’autre belligérant devraient en être tenus responsables. »
Suite en anglais, comprenant des informations plus détaillées sur les cinq frappes iraniennes.
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LaLibre.be
04.09.2025 à 06:00
(Nairobi) – Les États participant au sommet Afrique-CARICOM devraient œuvrer étroitement avec la société civile et les communautés affectées afin de mettre au point une approche des réparations fondée sur les droits humains, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Human Rights Watch a publié un document de questions et réponses résumant les principales normes internationales qui devraient guider les processus réparateurs des impacts durables de l’esclavage et des autres atrocités coloniales, ainsi que les raisons pour lesquelles les réparations de la part des anciennes puissances coloniales devraient être considérées comme une obligation internationale.
Le 7 septembre 2025, des États africains et caribéens se rencontreront dans la capitale de l’Éthiopie, Addis-Abeba, à l’occasion du deuxième sommet Afrique-CARICOM. En février, la Première ministre de la Barbade, Mia Amor Mottley, s’est exprimée devant des chefs d’État africains au sujet des liens historiques et culturels existant entre l’Afrique et les Caraïbes, lançant un appel à l’unité afin de faire progresser la justice réparatrice.
« Une approche unifiée des réparations pourrait bien changer la donne pour les communautés d’Afrique, des Caraïbes et de la diaspora qui se battent pour une justice réparatrice », a déclaré Almaz Teffera, chercheuse sur les questions de racisme en Europe à Human Rights Watch. « Les États du continent africain et de la CARICOM devraient travailler en étroite collaboration avec les communautés affectées et de la diaspora, ainsi qu’avec la société civile en Afrique, dans les Caraïbes, mais aussi en Europe, pour faire conjointement avancer le dossier des réparations, conformément aux textes et normes du droit international relatif aux droits humains. »
Le document « questions-réponses » de Human Rights Watch souligne que les normes internationales relatives aux droits humains, largement acceptées, traitant du droit de recours et du droit à réparation, s’appliquent bien aux impacts durables de l’esclavage et des autres crimes coloniaux. Les gouvernements européens ont réfuté que ces normes juridiques internationales soient applicables aux atrocités coloniales ou à leur rôle dans la traite des esclaves transatlantique, optant au mieux pour l’expression de « regrets » ou la présentation d’excuses formelles, sans endosser aucune responsabilité juridique qui donnerait droit à des réparations.
Le terme générique de « réparation », en droit relatif aux droits humains, englobe en fait de nombreuses formes de recours, notamment les excuses, la restitution, l’indemnisation, la réadaptation, la satisfaction et les garanties de non-répétition. Un terme plus vaste, « justice réparatrice », est également souvent employé par les mouvements mondiaux réclamant des réparations, qui demandent justice pour les causes premières des préjudices et des inégalités systémiques hérités de la colonisation, de l’asservissement et de la traite des esclaves.
En février 2025, l’UA a choisi de consacrer son thème phare de 2025 à « la Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine grâce aux réparations ». La société civile a été déterminante dans le choix de ce thème, appelant de ses vœux une position africaine commune sur les réparations et des cadres institutionnels renforcés permettant des avancées des réparations sur le continent.
En juillet, les dirigeants africains se sont engagés à consacrer la décennie à venir aux réparations. Cela fait suite au « Plan en dix points pour la justice réparatrice » élaboré en 2014 par la Communauté caribéenne – un cadre de réparations piloté par les États qui aspire à pallier les impacts durables de la colonisation et de l’esclavagisme dans les Caraïbes.
Cela fait des décennies, et même des siècles, que les communautés réclament des réparations. Human Rights Watch a mené des recherches pour soutenir les appels à réparation des communautés, notamment dans le cas des injustices coloniales persistantes à l’encontre du peuple chagossien, qui dans les années 1960 a été exilé de force de son archipel par le Royaume-Uni et les États-Unis afin de laisser place à une base militaire dans cette ultime colonie britannique d’Afrique. Un nouveau traité entre les gouvernements britannique et mauricien cherche à réglementer la souveraineté relative à l’archipel des Chagos, mais ne prévoit pas de véritables réparations pour les Chagossiens.
Cela fait longtemps que les États européens résistent aux appels réclamant des réparations. L’Allemagne, par exemple, a reconnu en 2021 que les crimes coloniaux allemands à l’encontre des peuples Ovaherero et Nama, dans ce qui est aujourd’hui la Namibie, constituaient un génocide, tout en soutenant que cela ne se traduisait pas par le devoir d’apporter des réparations, car le droit international qui s’appliquait à l’époque ne donnait pas droit à réparation. Le nouveau gouvernement allemand a récemment confirmé cette position en réponse à une question parlementaire.
Au cours de son mandat de Rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition, Pablo de Greiff a clairement déclaré que les processus réparateurs qui excluaient, intentionnellement ou non, les communautés affectées, violaient les textes et normes du droit international relatif aux droits humains. Ni le gouvernement britannique ni le gouvernement allemand n’ont véritablement consulté les communautés affectées à travers des processus cherchant à tenir compte de l’histoire coloniale dans les Chagos ou en Namibie.
L’UA a compilé des directives politiques sur la justice transitionnelle qui reconnaissent les réparations comme moyen de traiter les injustices historiques, conformément au droit international et régional contraignant relatif aux droits humains. Ces directives réaffirment par ailleurs que les États africains ont l’obligation de veiller à ce que les processus réparateurs soient inclusifs, consultatifs et centrés sur les victimes, afin de garantir que ce soient les communautés les plus affectées qui déterminent leur aboutissement.
Le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme et le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones ont tous insisté sur le fait que le droit à réparation s’appliquait aussi aux atrocités coloniales.
La plupart des États, y compris les gouvernements européens et les États-Unis, ont l’obligation, en tant qu’États parties, de respecter la Convention des Nations Unies sur l’élimination de la discrimination raciale ; cette Convention prévoit un droit à réparation pour les violations en lien avec le racisme systémique, notamment lorsque les abus sont ancrés dans la colonisation et l’esclavage.
« Les réparations sont cruciales pour guérir les traumatismes intergénérationnels et ouvrir la voie à un avenir équitable de dignité et de réhabilitation pour les sociétés européennes, africaines et caribéennes qui sont toujours affectées par l’héritage de l’esclavage et des autres atrocités coloniales », a conclu Almaz Teffera. « Les États africains et caribéens sont arrivés à un moment décisif pour envoyer un signal fort : la poursuite des réparations constitue une exigence mondiale ancrée dans le droit international, la mémoire collective et la responsabilité morale. »
03.09.2025 à 01:00
(Beyrouth) – Les autorités iraniennes mènent une répression terrifiante sous prétexte de renforcer la sécurité nationale suite aux hostilités avec Israël en juin, ont déclaré aujourd'hui Amnesty International et Human Rights Watch. Cette crise croissante met en évidence la nécessité urgente pour la communauté internationale de prendre des mesures concrètes visant l’obligation de rendre des comptes pour diverses violations.
Depuis le 13 juin 2025, les autorités iraniennes ont arrêté plus de 20 000 personnes, dont des dissidents, des défenseurs des droits humains, des journalistes, des utilisateurs des réseaux sociaux, des familles de victimes illégalement tuées lors de manifestations nationales et des ressortissants étrangers. Parmi les autres personnes ciblées figurent des Afghans, des membres des minorités ethniques baloutches et kurdes, ainsi que des membres des minorités religieuses bahaïe, chrétienne et juive.
« Alors que la population peine à se remettre des effets dévastateurs du conflit armé entre l'Iran et Israël, les autorités iraniennes se livrent à une répression terrifiante », a déclaré Sara Hashash, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International. « Le dispositif répressif des autorités dans le pays reste implacable ; elles intensifient une surveillance déjà oppressive et généralisée, les arrestations de masse, ainsi que l’incitation à la discrimination, à l’hostilité et à la violence à l’égard des minorités. »
Les forces de sécurité ont tué des personnes aux points de contrôle de véhicules, dont une fillette de 3 ans. Des responsables et des médias affiliés à l'État ont appelé à des exécutions accélérées, prônant dans certains cas une répétition des massacres de 1988 dans des prisons, au cours desquels de hauts responsables avaient ordonné l'exécution sommaire et extrajudiciaire de milliers de prisonniers politiques. Au moins neuf hommes ont été exécutés pour des motifs politiques et/ou des accusations d'espionnage pour le compte d'Israël, et un projet de loi parlementaire visant à élargir encore le champ d’application de la peine de mort est en attente d’approbation définitive.
« Depuis juin, la situation des droits humains en Iran s'est aggravée, les autorités iraniennes désignant et ciblant les dissidents et les minorités comme boucs émissaires d'un conflit dans lequel ils n’ont joué aucun rôle », a déclaré Michael Page, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « La répression brutale menée par les autorités iraniennes contre un peuple encore sous le choc de la guerre laisse présager une catastrophe imminente en matière de droits humains, en particulier pour les groupes les plus marginalisés et persécutés du pays. »
Les autorités iraniennes devraient immédiatement instaurer un moratoire sur les exécutions en vue d'abolir la peine de mort, libérer toutes les personnes détenues arbitrairement et veiller à ce que toutes les autres personnes détenues soient protégées contre les disparitions forcées, la torture et autres mauvais traitements. Les autres pays devraient enquêter sur les crimes de droit international commis par les autorités iraniennes et engager des poursuites en vertu du principe de compétence universelle, ont déclaré Amnesty International et Human Rights Watch.
Arrestations massives et appels alarmants à accélérer les procès et exécutionsLes services de renseignement et de sécurité iraniens ont commencé à procéder à des arrestations massives quelques jours après l'escalade des hostilités avec Israël, sous couvert de sécurité nationale.
Gholamhossein Mohseni Eje’i, le chef du pouvoir judiciaire, a annoncé le 22 juillet que de lourdes peines, y compris la peine de mort, seraient infligées aux personnes qui, selon lui, avaient « coopéré avec Israël ». Dans une déclaration du 12 août, Saeed Montazer Al-Mahdi, porte-parole de la police, a annoncé qu'environ 21 000 personnes avaient été arrêtées.
De hauts responsables ont réclamé des procès et des exécutions accélérés pour « soutien » ou « collaboration » avec des États hostiles. Les médias affiliés à l'État ont prôné la répétition des massacres de 1988 dans les prisons, notamment dans un article de Fars News, affirmant que « les éléments mercenaires… méritent des exécutions similaires à celles de 1988 ».
Les autorités judiciaires ont également annoncé la création de tribunaux spéciaux pour poursuivre « les traîtres et les mercenaires ». Le Parlement a accéléré l'adoption d'une législation d’exception, en attendant l'approbation finale du Conseil des gardiens, qui étendrait le recours à la peine de mort, y compris pour des accusations vagues liées à la sécurité nationale, telles que « coopération avec des gouvernements hostiles » et « espionnage ».
Les détenus sont exposés à un risque élevé de disparition forcée, de torture et d'autres mauvais traitements, de procès inéquitables et d'exécutions arbitraires, ont déclaré Amnesty International et Human Rights Watch.
Intensification de la répression contre les minorités ethniquesLes autorités ont également utilisé le climat d'après-conflit comme prétexte pour intensifier la répression contre les minorités ethniques opprimées.
Amnesty International a documenté que les forces de sécurité de la province du Sistan-Baloutchistan ont tué illégalement deux femmes appartenant à la minorité ethnique baloutche opprimée d'Iran lors d'un raid sur le village de Gounich le 1er juillet. Une source principale a indiqué à l'organisation que des agents avaient tiré des plombs métalliques et des balles réelles sur un groupe de femmes, tuant l'une d'elles, Khan Bibi Bamri, sur place, et blessant mortellement Lali Bamri, décédée plus tard à l'hôpital. Au moins dix autres femmes ont été blessées.
Les agents de forces de sécurité ont avancé des justifications contradictoires pour justifier le raid, invoquant la présence d'un « groupe terroriste », d'« Afghans » et « [d’agents d’] Israël ». Une vidéo de l'incident examinée par Amnesty International montre des agents en uniforme du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) pointant leurs armes à feu vers les femmes tandis que des coups de feu répétés retentissent.
Le 25 juin, les médias d'État ont annoncé l'arrestation de plus de 700 personnes à travers le pays pour collaboration présumée avec Israël. Les provinces de Kermanshah et du Khuzestan, où vivent des minorités ethniques, notamment des Kurdes et des Arabes ahwazis, figurent parmi celles ayant enregistré le plus grand nombre d'arrestations. Selon le Réseau des droits humains du Kurdistan, au 24 juillet, les autorités avaient arrêté au moins 330 personnes issues de la minorité ethnique kurde.
Les autorités ont également mené contre des personnes afghanes une campagne massive d'arrestations et d'expulsions, ainsi que de diffamation dans les médias d'État.
Répression contre les minorités bahaïe, chrétienne et juiveEn outre, les autorités iraniennes ont exploité le climat sécuritaire tendu pour intensifier la répression à l'encontre des minorités religieuses.
Les membres de la minorité bahaïe ont été particulièrement ciblés par une campagne de propagande coordonnée de l'État, incitant à l'hostilité, à la violence, à la discrimination et à la désinformation, accusant à tort les bahaïs d'espions et de collaborateurs d'Israël. Dans un communiqué du 28 juillet, le ministère du Renseignement a qualifié la foi bahaïe de « secte sioniste ». Le 18 juin, Raja News, média affilié au CGRI, a accusé les bahaïs d'être « des mandataires et des espions d'Israël ».
L'enquête d'Amnesty International et de Human Rights Watch a révélé que les mesures prises contre les bahaïs comprennent des arrestations et des détentions arbitraires, des interrogatoires, des perquisitions à leur domicile, la confiscation de biens et la fermeture d'entreprises.
Dans un cas, une source bien informée a indiqué aux organisations que les autorités avaient arrêté Mehran Dastoornejad, 66 ans, lors d'une perquisition à son domicile à Marvdasht, dans la province de Fars, le 28 juin, après l'avoir battu et confisqué ses biens. Les autorités ont refusé à l'avocat désigné par sa famille tout accès à lui et toute information sur les accusations portées contre lui. Il a été libéré sous caution de la prison de Chiraz le 6 août. Une autre source a indiqué à Human Rights Watch que Noyan Hejazi et Leva Samimi, un couple marié, avaient été arrêtés dans la province de Mazandaran les 25 juin et 7 juillet respectivement, et privés de l'accès à un avocat jusqu'à leur libération sous caution le 3 août.
Fin juin, les autorités iraniennes ont convoqué et interrogé au moins 35 membres de la communauté juive de Chiraz et de Téhéran au sujet de leurs liens avec des proches en Israël et les ont mis en garde contre tout contact, selon Human Rights in Iran, une organisation basée hors d'Iran.
Malgré les démentis initiaux des médias d'État, fin juillet et début août, des publications sur la chaîne Telegram d'un député juif, Homayoun Sameyeh Najafabadi, ont confirmé que des membres de la communauté juive iranienne avaient été arrêtés dans trois provinces et que plusieurs d'entre eux avaient été jugés devant un tribunal révolutionnaire à Téhéran pour des chefs d'accusation non identifiés. Ces publications indiquaient que les personnes arrêtées à Téhéran étaient accusées d'espionnage, mais que ces accusations avaient été abandonnées.
Dans un communiqué du 28 juillet, le ministère iranien du Renseignement a accusé des secteurs de la communauté chrétienne d'être des « mercenaires du Mossad » ayant des liens avec Israël, et les médias d'État ont diffusé des « aveux » de chrétiens détenus le 17 août, suscitant de vives inquiétudes quant à leur extorsion sous la torture. Le 24 juillet, une association de défense des droits humains hors d'Iran a signalé l'arrestation d'au moins 54 chrétiens depuis le 24 juin.
Recours illégal à la force meurtrière aux points de contrôle de sécuritéLes points de contrôle de véhicules mis en place depuis le conflit de juin sont devenus un autre instrument de répression. Les autorités ont procédé à des fouilles intrusives de véhicules et de téléphones portables, arrêtant des personnes pour « collaboration » avec Israël, souvent sur la seule base de publications sur les réseaux sociaux, selon les médias d'État. Les points de contrôle ont également été utilisés pour arrêter des ressortissants « non autorisés », un terme discriminatoire utilisé par les autorités pour désigner les Afghans.
Le 1er juillet, les forces de sécurité de Tarik Darreh, dans la province de Hamedan, ont abattu deux personnes et en ont blessé une troisième sous prétexte qu'elles fuyaient les points de contrôle, selon les médias. Dans un communiqué du 2 juillet, Hemat Mohammadi, chef de l'Organisation judiciaire des forces armées de la province de Hamedan, a déclaré qu'une enquête était en cours, mais a affirmé que les forces de sécurité avaient tiré sur un véhicule qui tentait de fuir. Sur les réseaux sociaux, des activistes ont identifié les deux hommes tués comme étant Alireza Karbasi et Mehdi Abaei.
D'après les médias d'État et les déclarations officielles, le 17 juillet, les forces de sécurité de Khomein, dans la province de Markazi, ont également abattu quatre membres d'une famille voyageant à bord de deux voitures : Mohammad Hossein Sheikhi, Mahboubeh Sheikhi, Farzaneh Heydari et une fillette de 3 ans, Raha Sheikhi. Vahid Baratizadeh, le gouverneur de Khomein, a indiqué que les forces de sécurité avaient tiré sur deux voitures « suspectes ». Le 12 août, un porte-parole du gouvernement a annoncé, sans plus de précisions, l'arrestation de plusieurs agents impliqués dans la fusillade.
Selon les déclarations des autorités, rien ne prouve que les personnes tuées par balle lors de ces incidents représentaient une menace imminente de mort ou de blessure grave. En vertu du droit international, le recours à une force potentiellement létale à des fins de maintien de l'ordre est une mesure extrême, qui ne doit être utilisée qu'en cas de stricte nécessité pour protéger des vies ou prévenir des blessures graves dues à une menace imminente.
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