Lien du flux RSS
Quotidien en ligne gratuit sans publicité, du Maroc à l’Afghanistan

Accès libre

▸ les 10 dernières parutions

21.05.2024 à 06:00

Russie-Israël. En attendant des jours meilleurs

Igor Delanoë

img

La guerre contre Gaza, les nouvelles tensions entre Israël et l'Iran et le risque d'une extension du conflit mettent en difficulté la relation entre Moscou et Tel-Aviv, déjà ébranlée depuis 2022. Mais les deux parties tentent de ne pas dépasser les lignes rouges. Le 1er avril 2024, Israël réalisait sa trentième frappe aérienne en Syrie depuis le début de l'année contre un bâtiment appartenant au consulat de la République islamique d'Iran à Damas. Parmi les cibles de ce raid figurait (…)

- Magazine / , , , , ,
Texte intégral (2932 mots)

La guerre contre Gaza, les nouvelles tensions entre Israël et l'Iran et le risque d'une extension du conflit mettent en difficulté la relation entre Moscou et Tel-Aviv, déjà ébranlée depuis 2022. Mais les deux parties tentent de ne pas dépasser les lignes rouges.

Le 1er avril 2024, Israël réalisait sa trentième frappe aérienne en Syrie depuis le début de l'année contre un bâtiment appartenant au consulat de la République islamique d'Iran à Damas. Parmi les cibles de ce raid figurait Mohamed Reza Zahedi, un brigadier-général de la force Al-Qods, l'unité spéciale des Gardiens de la révolution iraniens. Cette frappe constitue la plus importante opération d'élimination contre ce corps d'élite depuis celle réalisée par les États-Unis en Irak en janvier 2020 contre le chef des forces spéciales d'Al-Qods, Ghassem Soleimani. Mohamed Reza Zahedi est le dix-huitième haut gradé iranien éliminé en Syrie par Israël depuis décembre 2023, selon la presse israélienne. Dans la nuit du 13 au 14 avril, l'Iran répliquait en tirant contre le territoire israélien 320 drones et missiles, dont l'immense majorité était interceptée par Israël et ses alliés. Quelles peuvent-être les conséquences de cette nouvelle phase de tensions au Proche-Orient pour la relation russo-israélienne, déjà malmenée depuis 2022 ?

Si le déclenchement par Moscou de son « opération spéciale » en Ukraine en février 2022 a terni les relations russo-israéliennes, elle ne les a pas pour autant compromises. Le conflit en Ukraine et la sympathie généralement témoignée par l'opinion publique en Israël à l'égard des Ukrainiens ont mis fin à une période qui a vu la relation bilatérale atteindre au cours des années 2010 son plus haut niveau. Alors que le retour de Benyamin Nétanyahou au poste de premier ministre fin 2022 n'a pas permis de ramener les liens bilatéraux au niveau de qualité qu'ils avaient connu jusqu'à l'alternance survenue à Tel-Aviv en juin 2021, l'attaque du 7 octobre est venue jeter une ombre supplémentaire au tableau.

Moscou soigne son image au Proche-Orient

L'apparent manque de compassion exprimée par les responsables russes à l'égard d'Israël, leurs prises de position qualifiées par les Israéliens de « pro-Hamas » ainsi que la visite de responsables de ce mouvement islamique dans la capitale russe contribuent à la crispation des relations. Autre symptôme du malaise : la convocation en février de la nouvelle ambassadrice d'Israël en Russie au ministère russe des affaires étrangères suite à ses propos tenus dans un entretien accordé au quotidien Kommersant du 4 février 2024. La diplomate s'y étonnait de l'absence du Hamas dans la liste russe des groupes considérés comme terroristes. Les observateurs israéliens relèvent en outre le ton particulièrement dur adopté par les médias russes à l'égard d'Israël dans les semaines qui suivent le déclenchement de l'opération israélienne à Gaza.

Pour Moscou, l'adoption d'une position critique et de fermeté à l'égard de Tel-Aviv, sans pour autant en venir à la rupture, permet d'entrer en résonance avec les opinions publiques proche-orientales. Ce positionnement permet ainsi, pour un coût politique maîtrisé, d'accroître la popularité de la Russie dans une région où l'on s'attendait à une stagnation, voire un décrochage localisé de l'influence russe, en raison du conflit en Ukraine. Les échanges qui ont eu lieu lors du forum « Russie–Moyen-Orient » qui s'est tenu sous les auspices de l'Académie des sciences de Russie et du centre Primakov, à Saint-Pétersbourg fin septembre — soit quelques jours avant les attaques du 7 octobre —, étaient caractérisés par des notes de pessimisme quant à l'avenir du rôle joué par Moscou dans la région. Le Kremlin, accaparé par le champ de bataille ukrainien, disposait-il des ressources économiques pour déployer son agenda en Afrique du Nord et au Proche-Orient ? Si son potentiel économique est mis en doute, le poids politique de Moscou a été en revanche reconnu par les participants au forum. Certains d'entre eux reprochent néanmoins à la Russie son refus de prendre parti sur des questions aussi polarisantes que le Sahara occidental ou les contentieux frontaliers maritimes dans le Golfe. Autrement dit, son positionnement affirmé sur la crise à Gaza permet certainement à la Russie d'atténuer cette perception auprès de certains pays de la région, sans pour autant la faire disparaître.

Alliant le geste à la parole, Moscou a ainsi soumis au vote du Conseil de sécurité des Nations unies le 3 avril une déclaration condamnant Israël pour son raid contre le consulat d'Iran à Damas. Le texte a été rejeté suite à l'opposition des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France. Moscou a par ailleurs refusé de condamner l'attaque massive iranienne contre Israël dix jours plus tard, au motif qu'Israël n'a jamais condamné les frappes de drones effectuées par Kiev en Russie. Enfin, la contre-attaque attribuée à Israël visant une base aérienne iranienne près d'Ispahan dans la nuit du 18 au 19 avril a suscité un appel à la retenue de la part du Kremlin. Toutefois, la « mouvance Z »1 a eu tendance à mettre l'accent sur les similitudes du mode opératoire de ce raid — l'emploi de drones contre la base manifestement depuis le territoire iranien — avec celui supposément utilisé par les Ukrainiens contre des sites en Russie. En dépit de ces difficultés, ni Moscou ni Tel-Aviv n'en viennent à la rupture. Les autorités russes n'ont pas classé Israël dans la liste des pays dits « inamicaux », et Israël n'a pas adopté le régime de sanctions occidentales contre Moscou.

Un point de convergence entre Moscou et Washington

Les Israéliens sont conscients que, malgré ces prises de position qu'ils désapprouvent, les leviers de Moscou sur la crise de Gaza restent très limités. La Russie n'a pas non plus intérêt à une escalade du conflit qui risquerait de fragiliser ses positions en Syrie notamment. Alors qu'une réponse israélienne au raid punitif iranien se faisait attendre, Vladimir Poutine, l'ancien secrétaire-général du Conseil de sécurité de la Fédération Nikolaï Patrouchev et le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov ont pris leur téléphone les 15 et 16 avril pour appeler respectivement le président iranien, le ministre iranien des affaires étrangères2 et le chef du Conseil de sécurité nationale israélien. La Russie n'a rien à gagner à un embrasement de la région.

La police militaire russe a créé un nouveau poste d'observation début avril sur le plateau du Golan, à proximité de la ligne Bravo3, en réponse au raid israélien contre le consulat iranien à Damas. Mesure symbolique, mais il s'agit toutefois du troisième poste que les Russes construisent à proximité de cette zone tampon depuis le début de l'année 2024. À ce jour, ils disposent donc désormais de 12 postes d'observation dans la zone. Depuis janvier 2024, l'aviation russe a également repris ses patrouilles le long de cette même ligne Bravo. Ces mesures visent aussi, du point de vue de Moscou, à « hisser le drapeau » et à prévenir, par la simple présence de ses unités sur terre et dans les airs, toute escalade autour du plateau du Golan. Si ces mesures ne dissuadent évidemment pas les Israéliens de poursuivre leurs frappes, elles entravent en revanche le déploiement par l'Iran ou ses alliés d'un dispositif militaire dans ce secteur.

Par ailleurs, les canaux entre Moscou et Washington restent ouverts sur le dossier syrien. De bonne source, lors d'une rencontre discrète qui s'est tenue début 2024, Russes et Américains ont réaffirmé qu'ils ne souhaitaient pas voir l'Iran profiter du contexte ukrainien pour s'étendre davantage en Syrie. Il s'agit là d'un (rare) point de convergence russo-américain également partagé par Israël. Mais si le partenariat russo-israélien traverse une crise, celui entre la Russie et l'Iran monte en puissance depuis le 24 février 2022, notamment sur le plan militaro-technique. Tout porte d'ailleurs à croire que l'annonce du transfert d'un lot de Su-354 à Téhéran reste suspendue à la signature du nouveau traité de partenariat stratégique global entre Moscou et Téhéran, le précédent texte étant arrivé à échéance en 2021. Les négociations traînent depuis en longueur, mais le document pourrait être paraphé dans les prochains mois. Si ces appareils rejoignent la flotte iranienne, il s'agira certainement d'un défi supplémentaire pour la relation russo-israélienne.

Pragmatisme et résilience comme garde-fous

Les filets de sécurité dans la relation bilatérale sont peu nombreux. Le plus puissant demeure le facteur humain. En dépit de cette séquence difficile, les liens humains restent denses entre Israël et la Russie. L'an dernier, 35 000 « rapatriés » russes sont venus grossir les rangs des 1,5 million de russophones installés en Israël ; ils étaient 45 000 en 2022. Israël estime qu'entre 50 et 60 000 ressortissants russes peuvent à ce jour prétendre au programme de rapatriement promu par ses services diplomatiques en Russie. En outre, profitant des liaisons aériennes directes qui existent entre les deux pays, 158 000 touristes russes ont séjourné en Israël en 2023, ce qui a fait d'eux le quatrième contingent de visiteurs étrangers (après les Américains, les Français et les Britanniques).

Bien que le facteur linguistique rapproche les deux sociétés, les perceptions croisées traduisent cependant une forme de distance. On l'a dit, la société israélienne, d'une manière générale, a exprimé sa sympathie à l'égard de l'Ukraine dans son conflit avec la Russie. En Russie, les enquêtes d'opinion révèlent que deux tiers des personnes interrogées ne veulent pas prendre parti dans le conflit en cours à Gaza. Toutefois, 20 % des Russes témoignent spontanément de la sympathie à l'égard des Palestiniens (46 % pour les Russes de confession musulmane), tandis que 6 % l'expriment en faveur des Israéliens. À cet égard, les actes anti-israéliens intervenus à Makhatchkala au Daghestan le 29 octobre 20235 ne semblent pas tant avoir pour terreau la religion — aucun acte similaire n'a été constaté ni au Tatarstan, ni au Bachkortostan, pourtant deux sujets musulmans de la Fédération —, mais plutôt la réalité socio-économique déprimée des républiques musulmanes du Caucase du Nord. Les récentes enquêtes d'opinion réalisées par le Centre Levada (14 mai 2024), reconnu comme agent de l'étranger en Russie, corroborent d'ailleurs cette hypothèse dans la mesure où elles ne mettent pas en évidence un sursaut d'antisémitisme dans la société russe.

Le commerce entre les deux pays, convalescent, peut difficilement faire office de filet de sécurité. Selon les statistiques onusiennes, le commerce russo-israélien a été multiplié par 2,5 en 2023 avec 2,6 milliards de dollars d'échanges, après une année 2022 qui avait vu les flux commerciaux s'effondrer en s'établissant à un peu plus de 1 milliard de dollars. Il s'agissait d'un niveau historiquement bas jamais atteint depuis un quart de siècle dans les échanges entre les deux pays. Autrement dit, en 2023, le commerce russo-israélien est revenu au niveau qu'il connaissait en 2018 (2,7 milliards de dollars) avant le décrochage enregistré en 2019 et la séquence noire inaugurée par le Covid-19 puis l'éclatement du conflit en Ukraine. Ceci dit, ce rebond conjoncturel ne doit pas masquer une tendance structurelle au tassement des échanges économiques au cours des 15 dernières années.

Les relations personnelles entre Nétanyahou et Poutine

Rappelons en outre qu'en 2008, Moscou n'avait pas tenu rigueur à Tel-Aviv de la fourniture de drones et d'autres matériels militaires à la Géorgie dans les mois qui ont précédé la guerre russo-géorgienne des cinq jours. Non seulement Russes et Israéliens instauraient un régime sans visa dès 2009, mais ces derniers consentaient à vendre à la Russie un lot de drones quelques mois seulement après la fin du conflit dans le Caucase. Autrement dit, cet épisode met en lumière le pragmatisme et la résilience qui peuvent caractériser les liens entre les deux pays, y compris dans les moments les plus difficiles.

Enfin, la relation personnelle entre Vladimir Poutine et Benyamin Nétanyahou, qualifiée de bonne, constitue certainement le canal le plus efficace pour arrondir les angles entre les deux pays. Les deux hommes ne se sont toutefois parlé que deux fois depuis le 7 octobre. À titre de comparaison, ils se sont vus ou entretenus par téléphone onze fois en 2020, c'est-à-dire presque en moyenne une fois par mois.

Jusqu'à présent, le calcul israélien consiste à préserver des relations fonctionnelles avec la Russie en dépit des prises de position de Moscou sur la crise de Gaza. Côté russe, on ne souhaite pas non plus hypothéquer les liens avec Tel-Aviv. Dans la relation bilatérale, le pragmatisme et les intérêts continuent de l'emporter sur les émotions négatives au demeurant palpables. Il s'agit peut-être bien, avec le facteur humain, des principaux garde-fous auxquels peuvent se fier les deux pays, en attendant le retour de jours meilleurs pour leur relation.


1NDLR. On désigne ainsi la frange nationaliste et radicale qui se réclame de la défense des intérêts de la Russie et soutient notamment son intervention en Ukraine.

2NDLR. Le président iranien, Ebrahim Raïssi, et le ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, sont décédés dans un accident d'hélicoptère le 19 mai 2024 en Iran.

3NDLR. Dans un rôle d'arbitre, pour empêcher une militarisation de la présence iranienne non loin du Golan, Moscou était en 2018 chargé de faire respecter la démilitarisation d'une zone de 85 kilomètres, nommée la ligne Bravo, autour du plateau syrien

4NDLR. Le Soukhoï Su-35 est un chasseur multirôle russe.

5NDLR. Plusieurs dizaines de personnes ont envahi l'aéroport de Makhatchkala, la capitale du Daguestan, pour s'en prendre aux passagers d'un vol en en provenance d'Israël.

20.05.2024 à 06:00

L'ombre de la Cour pénale internationale plane sur les dirigeants israéliens

Rafaëlle Maison

img

Mise à jour. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a émis lundi 20 mai des demandes de mandat d'arrêt international contre le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et son ministre de la défense Yoav Gallant pour responsabilité pénale de crimes de guerre et crimes contre l'humanité. L'émission de mandats d'arrêts contre les dirigeants israéliens par la CPI aurait des conséquences importantes, tant symboliques que pratiques. Mais la nouvelle relative à ces mandats, (…)

- Magazine / , , , , ,
Texte intégral (3737 mots)

Mise à jour. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a émis lundi 20 mai des demandes de mandat d'arrêt international contre le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et son ministre de la défense Yoav Gallant pour responsabilité pénale de crimes de guerre et crimes contre l'humanité. L'émission de mandats d'arrêts contre les dirigeants israéliens par la CPI aurait des conséquences importantes, tant symboliques que pratiques. Mais la nouvelle relative à ces mandats, émanant de sources israéliennes, pourrait aussi bien participer d'une stratégie visant à remobiliser les alliés d'un État ayant perdu, au moins partiellement, la « bataille de l'opinion », voire d'une stratégie visant à intimider la juridiction pénale internationale

Interdit d'entrée en France alors qu'il devait participer à un colloque organisé le 4 mai par la sénatrice Raymonde Poncet Monge, le docteur Ghassan Abu Sittah a affirmé que les autorités allemandes, à l'origine de cette interdiction1, cherchaient à l'empêcher de témoigner devant la Cour pénale internationale (CPI). Sa rétention à l'aéroport Charles de Gaulle intervenait alors que nous parvenait la nouvelle du décès, possiblement sous la torture, d'un autre médecin palestinien, Adnan Albursh, arrêté à Gaza par les forces israéliennes puis détenu en Israël. Par ailleurs, après le retrait des forces israéliennes de l'hôpital Al-Shifa et de l'hôpital Nasser, plusieurs charniers ont été découverts, témoignant apparemment d'exécutions sommaires en masse de patients et de soignants par les forces israéliennes. Cette découverte a suscité de vives réactions et, peut-être, accéléré une enquête de la CPI. Ces exécutions sommaires, ne sont toutefois qu'un aspect de la guerre au soin conduite par Israël à Gaza. Et, au-delà des mandats qui viseraient le premier ministre Benjamin Nétanyahou, le ministre de la défense Yoav Galant et le chef d'état-major Herzi Halevi, les enquêteurs de la cour semblent bien travailler sur la situation des hôpitaux de Gaza.

Guerre au soin et génocide

Dans le dernier rapport de la rapporteuse spéciale de l'ONU Francesca Albanese, il est rappelé que les hôpitaux et autres lieux de soins font l'objet d'une protection spéciale dans le droit des conflits armés. Attaquer un hôpital constitue un crime de guerre, et ceci dans tout type de conflit. A fortiori, le saccage et la destruction de ces infrastructures essentielles relève aussi de ce type de prohibition. L'assassinat ou les mauvais traitements infligés à des soignants ou à des personnes blessées, qu'elles soient civiles ou militaires, est également un crime de guerre.

Mais l'attaque contre les hôpitaux ou les personnes s'y trouvant peut aussi relever du crime contre l'humanité. La jurisprudence internationale fournit un précédent à cet égard : celui de l'affaire dite de l'hôpital de Vukovar, dans laquelle les forces serbes avaient, à l'issue du siège de la ville en novembre 1991, arrêté à l'hôpital puis exécuté en dehors de celui-ci près de deux cents combattants croates. Dans cette affaire jugée par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie en 2009, la qualification de crime contre l'humanité avait été discutée dès lors que l'exécution de ces combattants s'inscrivait dans une attaque plus large contre la population civile2. À Gaza, l'attaque contre les hôpitaux peut être considérée comme systématique et doit être mise en lien avec le siège interdisant la délivrance de médicaments et de matériels essentiels. Il a par exemple été souvent rapporté que les médecins devaient pratiquer des amputations sans anesthésie, y compris sur des enfants.

S'agissant de Gaza, la qualification de génocide peut également être sérieusement envisagée au regard, notamment, de la systématicité des attaques, de leur sens, et de leur inscription dans une offensive plus large contre la population civile. Pendant ces longs mois, les morts civiles liées aux bombardements de zones d'habitations se sont accompagnées d'atteintes corporelles très lourdes. Le choix, inédit, de cibler particulièrement les hôpitaux, par-delà le fait qu'ils représentent des lieux organisés de la vie civile palestinienne et des lieux de refuge depuis le début de l'offensive israélienne, témoigne d'une volonté d'interdire le soin. Cette interdiction face à des blessures lourdes, condamne les blessés à la mort ou à un handicap permanent. Il pourrait donc s'agir de soumettre une partie du peuple palestinien à « des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle » ou de lui infliger des « atteintes graves à l'intégrité physique ou mentale » (article II de la Convention sur le génocide) dans l'intention de la détruire.

L'impact de mandats d'arrêts visant les dirigeants israéliens

Cette guerre au soin semble donc être sous enquête devant la CPI. Celle-ci pourrait sans difficulté conduire à l'arrestation des dirigeants israéliens ayant ordonné les attaques contre les hôpitaux, les soignants, les patients, les familles réfugiées dans leur enceinte. C'est l'hypothèse la plus probable étant donné le niveau d'organisation de l'armée israélienne, qui se trouve sous le contrôle du pouvoir politique. L'arrestation de soignants, dont le docteur Adnan Albursh, et leur détention en Israël en est aussi un signe clair. Ce ne sont pas des éléments indisciplinés ou des bataillons agissant spontanément qui conduisent cette guerre au soin : il s'agit d'une politique délibérée. La responsabilité pénale des dirigeants pourrait encore être engagée sur la base de leur position de commandement, ce commandement pouvant être militaire ou civil. Le défaut de prévention ou de punition des crimes est alors suffisant pour retenir leur responsabilité.

Au regard de la réticence de la CPI à enquêter sur le comportement d'Israël depuis 2009, l'annonce de mandats visant d'importants responsables israéliens a été accueillie avec scepticisme par les observateurs3. Elle a été clairement mise en scène par le premier ministre Nétanyahou, puis accompagnée de menaces contre la CPI et l'Autorité palestinienne de la part d'Israël. Les États-Unis ont suivi ce mouvement. Ils ont d'abord affirmé l'incompétence de la cour, un discours juridiquement bien peu convaincant dès lors qu'ils acceptent cette compétence s'agissant de la Russie, un État qui n'est pas plus partie au Statut de Rome instituant la CPI que l'État d'Israël. Puis, certains élus états-uniens ont menacé de faire adopter des sanctions contre la CPI. Les précédentes, adoptées sous l'administration de Donald Trump, réagissaient à l'enquête sur le comportement de l'armée américaine en Afghanistan mais aussi au regard porté par la cour sur la Palestine. Ces sanctions avaient été levées sous la présidence de Joe Biden, tandis que Washington commençait à apporter son concours à l'enquête sur la Russie, sans devenir partie au Statut de Rome.

Cette intense agitation autour de potentiels mandats a donné lieu, le 3 mai 2024, à une déclaration du bureau du procureur dénonçant les menaces et intimidations pesant sur la cour et son personnel. Plusieurs rapporteurs spéciaux du conseil des droits de l'Homme de l'ONU ont également exprimé leur « consternation » face aux déclarations des responsables israéliens et états-uniens4. Il demeure néanmoins difficile de savoir si nous sommes en présence d'une rumeur construite ou si la cour est véritablement en train d'enquêter sur les dirigeants israéliens. La cour peut, il est vrai, maintenir secret des mandats d'arrêts ; en 2023, elle avait toutefois décidé de rendre publics ceux qui visaient de hauts responsables russes, « dans l'intérêt de la justice », afin de « prévenir de nouveaux crimes »5. Mais, par ailleurs, le Statut de Rome permet à l'État dont les agents sont visés par une enquête d'entrer en relation avec le bureau du procureur. En effet, le principe dit de « complémentarité » reconnu par le Statut de Rome permet à tout État, même non partie au Statut, d'éviter la juridiction de la cour dès lors que cet État entend enquêter et connaître lui-même des crimes identifiés. Si l'on considère l'existence de ces probables échanges entre Israël et le procureur de la cour, ainsi que la passivité antérieure de la cour concernant les agissements d'Israël, on peut penser que l'émission de mandats contre les dirigeants israéliens demeure très incertaine.

Dès lors que la cour émettrait ces mandats, ils auraient un impact juridique et symbolique important. D'une part, tous les États parties au Statut de Rome, parmi lesquels de nombreux États européens soutenant Israël, seraient tenus d'arrêter les personnes visées présentes sur leur territoire. S'agissant du cas particulier du premier ministre israélien, qui jouit en droit international d'une inviolabilité rendant complexe son arrestation, les États parties au Statut de la cour pourraient se trouver en conflit d'obligations, l'obligation d'arrêter selon le mandat entrant en conflit avec la règle internationale d'inviolabilité. Le risque d'arrestation existerait néanmoins. D'autre part, l'identification des responsables israéliens comme suspects de crimes internationaux aurait un effet politique majeur.

Propagande israélienne et censure occidentale

Mais la rumeur relative aux mandats pourrait également s'inscrire dans la propagande israélienne , qui vise les juridictions internationales6. L'importante ordonnance de la Cour internationale de justice (CIJ) du 26 janvier 2024, exigeant d'Israël l'adoption de mesures conservatoires au vu du risque de génocide à Gaza, a ainsi été décrite comme émanant d'un « tribunal antisémite » par le ministre israélien Itamar Ben Gvir7. L'ordonnance a aussi été immédiatement invisibilisée par les accusations spectaculaires portées par Israël contre l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Une fois ces fausses informations démenties - et alors que l'accusation se retournait puisque l'UNRWA révélait que ses personnels avaient été détenus et soumis à la torture par Israël - la portée de l'ordonnance de la CIJ a resurgi.

C'est à ce moment qu'un élément inédit a été avancé en faveur d'Israël : une interview de l'ancienne présidente de la Cour internationale de justice, Joan Donoghue, affirmant que la juridiction n'aurait pas reconnu une affaire plausible de génocide (a « plausible case of genocide »). Rappelons ici que, dans son ordonnance du 26 janvier 2024, la cour affirme que le droit des Palestiniens d'être protégés contre les actes de génocide est plausible (§§ 36, 54), et qu'il existe une urgence, c'est à dire un « risque réel et imminent » de préjudice irréparable causé aux droits revendiqués (§ 61, 74). Il s'agit bien d'un risque de génocide, même si la cour n'emploie pas la formule « affaire plausible de génocide ». Les médias se sont précipités sur les propos ambigus de Joan Donoghue pour minimiser le sens de l'ordonnance et réfuter l'emploi du terme génocide.

Cet incident renvoie au désaveu public, en 2011, de l'important rapport de la mission d'enquête sur Gaza par son propre président, le juriste Richard Goldstone8. Les positions publiques de Joan Donoghue, tout comme celles de Richard Goldstone, suggèrent l'existence de fortes pressions exercées par Israël et ses alliés.

Plus largement, des formes d'intimidation et de censure relatives à l'analyse juridique sont perceptibles dans les pays occidentaux. Ainsi, en France, employer le mot de génocide serait un « cri de ralliement pour stigmatiser les juifs »9 ce qui renvoie à l'infraction « d'incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination ». Analyser la notion de terrorisme, de légitime défense, présenter le droit international des conflits armés qui traite de la condition des mouvements de libération nationale, s'interroger sur le statut des combattants palestiniens, est aussi susceptible de relever des tribunaux sous la qualification « d'apologie du terrorisme » si l'on en croit la circulaire du ministre français de la Justice du 10 octobre 2023. Dès le 9 octobre 2023, la ministre de l'Enseignement supérieur, donnant une lecture politique des événements, se référait d'ailleurs à ces infractions en invitant les présidents d'Université à réagir à toute « action ou propos » relevant de « l'apologie du terrorisme, de l'incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination », par le moyen de procédures disciplinaires ou de signalements au procureur de la République.

La compréhension de la situation à Gaza s'est tout de même imposée, mais accompagnée d'une répression des étudiants protestant contre la politique de leurs États ou de leurs universités, aux États-Unis comme en Europe. C'est pourquoi la rapporteuse spéciale du Conseil de droits de l'homme de l'ONU, Irène Khan, a récemment estimé que la situation à Gaza donnait lieu à une crise globale de la liberté d'expression. Signalant un biais médiatique contre les manifestants pro-palestiniens, elle rappelait aussi qu'au regard du droit international relatif à la liberté d'expression, la critique des politiques conduites par Israël est parfaitement légitime10.


1Une juridiction allemande a infirmé, le 14 mai, la décision des autorités.

2Hervé Ascensio et Rafaëlle Maison, avec la collaboration de Chloé Bertrand, « L'activité des juridictions pénales internationales (2008-2009) », Annuaire français de droit international, 2009, pp. 377-379.

3Voir par exemple l'analyse de Richard Falk, « War on Gaza : The ICC must seize this moment to hold Israel accountable », Middle East Eye, 6 mai 2024.

5Communiqué de presse du 17 mars 2023

6Pour une analyse de la communication israélienne sur la longue durée, voir John Quigley, The international Diplomacy of Israel's Founders, Deception at the United Nations in the Quest for Palestine, Cambridge University Press, 2016. Sur la position israélienne aux États-Unis, voir John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, La Découverte, 2009.

7Sam Sokol, « Un ‘déshonneur' pour la CIJ : réactions israéliennes suite au verdict de La Haye », The Times of Israël, 26 janvier 2024.

8Sur cet épisode, lire Norman G. Finkelstein, Gaza, An Inquest into its Martyrdom, University of California Press, 2018, pp. 117-132.

20.05.2024 à 06:00

« Les gens ont perdu l'espoir de vivre sur cette terre »

Rami Abou Jamous

img

Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter en octobre son appartement de la ville de Gaza avec sa femme et son fils Walid, deux ans et demi, sous la pression de l'armée israélienne. Réfugié depuis à Rafah, Rami voit désormais cette ville se vider à son tour et les déplacés reprendre la route de leur exil interne, coincés dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Cet (…)

- Dossiers et séries / , , , , , , ,
Texte intégral (1584 mots)

Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter en octobre son appartement de la ville de Gaza avec sa femme et son fils Walid, deux ans et demi, sous la pression de l'armée israélienne. Réfugié depuis à Rafah, Rami voit désormais cette ville se vider à son tour et les déplacés reprendre la route de leur exil interne, coincés dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Cet espace lui est dédié depuis le 28 février 2024.

Samedi 18 mai 2024.

La plupart des déplacés ont fui Rafah et ses alentours pour Deir El-Balah, devenue la nouvelle « capitale économique » où se trouvent aujourd'hui environ un million de personnes. Depuis leur départ, on trouve davantage de marchandises à Rafah. Sur les emballages, les étiquettes ne sont plus en arabe, on ne trouve plus de produits égyptiens. Tout est écrit en hébreu. Car depuis une semaine, les Israéliens ont rouvert le terminal de Kerem Shalom qui donne accès à Israël. Les transporteurs privés palestiniens peuvent donc importer directement de Cisjordanie, en passant par le territoire israélien. Or en Cisjordanie, la majorité des produits sont israéliens, puisque les Palestiniens n'ont le contrôle ni sur leur frontière ni sur leurs importations.

Cette situation est tout de même bien ironique. Les Israéliens nous pilonnent tous les jours, et en même temps ils envahissent notre marché. Comme les Américains qui fournissent à Israël les bombes qui nous tuent, et qui après parachutent quelques sacs de farine pour nous « secourir ». C'est une occupation qui fait des profits. Partout ailleurs dans le monde, quand il y a occupation, elle coûte plutôt de l'argent à l'occupant. Même les accords d'Oslo comportaient un volet économique qui permettait à Israël de gagner de l'argent.

La majorité de la population de la bande de Gaza dépend actuellement de l'aide humanitaire. Les gens n'ont plus de pouvoir d'achat. Celui qui était riche est devenu pauvre, et celui qui était pauvre est devenu encore plus pauvre. La classe moyenne a disparu. Ceux qui avaient quelques économies de côté ont tout dépensé pendant ces sept mois. La faute aux profiteurs de guerre palestiniens, qui ont fait exploser les prix. Avant cela, il y avait aussi le monopole des Égyptiens qui taxaient lourdement chaque camion entrant à Rafah, même les camions d'aide humanitaire.

Pourquoi les États-Unis investissent autant pour débarquer 50 camions ?

Les Israéliens ont tué plus de 30 000 personnes dans la bande de Gaza, et maintenant ils sont en train de nous donner à manger avec leur propre production. Mais il y a autre chose. Les États-Unis ont dépensé 330 millions de dollars (près de 303 millions d'euros) disent-ils pour construire un pont flottant, via lequel ont débarqué vingt camions le premier jour. Les Israéliens en ont juste laissé passer dix pour le Programme alimentaire mondial, juste pour la symbolique. On peut se demander : pourquoi un tel investissement ? Juste pour faire passer quelques camions ? Et pourquoi les Israéliens les ont-ils laissé passer, alors qu'ils interdisent par ailleurs l'entrée de l'aide humanitaire pour privilégier les produits israéliens ?

Avec ces 330 millions de dollars, on pourrait faire entrer des milliers de camions chaque semaine. Pourquoi les Israéliens ont-ils donné aux Américains la permission de construire ce port alors qu'ils bloquent les camions ? Pour des raisons de sécurité, disent-ils. Mais quand il s'agit du secteur privé et que la majorité des marchandises vient d'Israël, il n'y a plus de problème de sécurité. Car depuis une semaine, il y a près de cinquante camions du secteur privé qui entrent par jour directement par Kerem Shalom, sans que ça ne pose aucun problème de sécurité.

Il faut toujours mettre en doute ce qu'on entend. La majorité des habitants de la bande de Gaza commencent à se poser la question : pourquoi ce port flottant ? Pourquoi les États-Unis investissent autant pour débarquer vingt — ou même cinquante — camions par jour ? Je ne crois pas que ce soit seulement pour aider la population palestinienne, car ces quantités sont ridicules par rapport aux besoins.

Les gens pourraient accepter de partir

Une manière de comprendre ce qu'on veut faire avec ce port flottant est de regarder vers le passé. On a parfois l'impression que l'histoire se répète, et qu'on revit les scènes de 1982 à Beyrouth. À l'époque, les Israéliens avaient encerclé la ville pour en chasser Yasser Arafat et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Au bout de 90 jours de siège et de bombardements, Arafat et ses combattants ont été évacués par la mer. Aujourd'hui une question circule à Gaza : les Israéliens se préparent-ils à laisser sortir les leaders et les combattants du Hamas par ce port flottant ? Les Égyptiens refusant que les Gazaouis se réfugient sur leur territoire, ils pourraient donner leur feu vert pour ce transfert maritime comme en 1982.

À l'époque, Arafat avait cru aux promesses des États-Unis de reconnaitre l'OLP comme représentant du peuple palestinien. Mais le président Ronald Reagan n'a pas tenu ses promesses. Après les accords d'Oslo aussi, il y a eu d'autres promesses, des garanties du Quartet (Russie, États-Unis, Union européenne et Nations Unies) et elles n'ont pas été respectées non plus. À la fin, les Israéliens ont fait ce qu'ils voulaient.

Je crois que cette fois, ce ne sont pas les combattants du Hamas qui vont sortir, mais toute la population de Gaza. Les gens pourraient l'accepter. Ils ont perdu l'espoir de vivre sur cette terre et on les comprend, parce que les Israéliens ont absolument tout détruit : les infrastructures, les nappes d'eau, les puits, l'infrastructure de l'électricité, les hôpitaux, les ateliers et les petites usines qui existaient, les universités, les écoles, même les jardins d'enfants. Il n'y a plus rien à Gaza.

Pour le moment, les gens sont en mode survie grâce à l'adrénaline. Ils sont chassés d'une ville à l'autre, parfois d'un quartier à l'autre. Toute leur énergie est dépensée dans l'effort de rester en vie. Mais le jour où la guerre va s'arrêter, le jour où il y aura un cessez-le-feu, ils vont se rendre compte de l'ampleur de la destruction de toute la bande de Gaza et ils vont voir que la bande de Gaza est invivable.

Une génération sans écoles, sans universités

La reconstruction n'est qu'une carte entre les mains des Israéliens pour faire chanter les Gazaouis. Il va falloir des années et des années, sans doute une génération, pour reconstruire Gaza. Or une génération sans écoles, sans universités, c'est trop long. Sans enseignement, il n'y a pas de vie. C'est pour cela que beaucoup de gens vont choisir de sortir par ce port flottant, si on les y pousse, ce qui est possible. Derrière l'humanitaire, il y a toujours du politique.

Ceux qui le pouvaient sont déjà partis quand le terminal de Rafah était ouvert, en payant 5 000 dollars par personne. Pour ça, ils ont vendu leur voiture, leurs bijoux, tous leurs biens à moitié prix. Ils sont partis en Égypte ou dans d'autres pays, pour ceux qui avaient un peu plus d'argent. Ceux qui sont restés en Égypte se demandent quoi faire : tenter de s'intégrer sur place, essayer d'émigrer en Europe ? Mais une chose est sûre : ils ne reviendront pas à Gaza. S'ils ont tout vendu, ce n'est pas seulement pour sortir, c'est dans l'espoir de refaire leur vie ailleurs.

En 1982, à Beyrouth, c'était une guerre sans pitié. À l'époque, les combattants de l'OLP ont tout donné pour empêcher les Israéliens d'entrer dans la capitale libanaise. Mais ils ont dû partir. Et il y a eu les massacres de Sabra et Chatila. Malgré tous les sacrifices, il n'y a pas eu de victoire des deux côtés, ni militaire, ni politique. Tout le monde avait perdu. Aujourd'hui, je crains que ce ne soit pareil. Et si à la suite d'une négociation internationale les habitants peuvent évacuer cette terre ravagée sans espoir de retour, ils le feront.

3 / 10

 

  GÉNÉRALISTES
Basta
Blast
L'Autre Quotidien
Alternatives Eco.
La Croix
Euronews
Le Figaro
France 24
FTVI
HuffPost
L'Humanité
LCP
Le Media
Le Monde
Libération
Mediapart
La Tribune
 
  EUROPE
Courrier Europe Centle
Euractiv
Toute l'Europe
 
  INTERNATIONAL
Equaltimes
CADTM
Courrier International
Global Voices
Info Asie
Inkyfada
I.R.I.S
Jeune Afrique
Kurdistan au féminin
N-Y Times
Orient XXI
Of AFP
Rojava I.C
 
  OSINT / INVESTIGATION
OFF Investigation
OpenFacto°
Bellingcat
Disclose
G.I.J.N
 
  MÉDIAS D'OPINION
AOC
Au Poste
Cause Commune
CrimethInc.
Issues
Les Jours
Le Monde Moderne
LVSL
Marianne
Médias Libres
Quartier Général
Rapports de force
Reflets
Rézo
StreetPress
 
  OBSERVATOIRES
Armements
Acrimed
Catastrophes naturelles
Conspis
Culture
Extrême-droite
Human Rights
Inégalités
Information
Internet actu ✝
Justice fiscale
Liberté de création
Multinationales
Situationnisme
Sondages
Street-Médics
Routes de la Soie
Vrai ou Fake ?
🌞