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18.08.2025 à 06:00

Turquie. La vie s'éternise dans les villes conteneurs

Florian Pichet, Julien Grohar, Susie Bouyer
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Hatay, la région de Turquie la plus touchée par le séisme survenu le 6 février 2023, peine à se reconstruire. Entre les décombres, les villes en préfabriqués construits en urgence accueillent encore des milliers de personnes en attente de relogement. Photoreportage. Sur un terrain vague poussiéreux, une trentaine de conteneurs sont coincés entre une route et des pylônes électriques. Assis sur une chaise en plastique, Adnan Güzelmansur regarde des jeunes jouer au foot. Cet ancien (…)

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Texte intégral (6128 mots)

Hatay, la région de Turquie la plus touchée par le séisme survenu le 6 février 2023, peine à se reconstruire. Entre les décombres, les villes en préfabriqués construits en urgence accueillent encore des milliers de personnes en attente de relogement. Photoreportage.

Sur un terrain vague poussiéreux, une trentaine de conteneurs sont coincés entre une route et des pylônes électriques. Assis sur une chaise en plastique, Adnan Güzelmansur regarde des jeunes jouer au foot. Cet ancien restaurateur habite aujourd'hui une ville de conteneurs située à 17 kilomètres au nord du centre d'Antakya, qu'il administre au nom d'Akut Vakfi, une ONG spécialisée dans la gestion des catastrophes et des situations d'urgence.

Contrairement à sa femme et à ses enfants, il a fait le choix de rester dans sa région natale. « Je suis comme une pierre trop lourde pour être bougée », s'amuse le quinquagénaire en sirotant son thé.

Un jeune garçon dribble un ballon de foot sur un terrain gravelé.
Sur une place vide de la ville conteneur, un groupe de jeunes jouent au foot.
Toutes les photos sont de © Julien Grohar

Comme les quelque 1,5 million d'habitants de la province d'Hatay, au sud de la Turquie, sa vie a basculé le 6 février 2023. Un tremblement de terre de magnitude 7,8 a officiellement entraîné la mort d'au moins 60 000 personnes. À Antakya, la plus grande ville de la région, environ 70 % des immeubles se sont effondrés. Le restaurant d'Adnan, situé dans le centre-ville, n'a pas été épargné.

Un vaste camp de tentes et mobil-homes en arrière-plan montagneux. Des personnes marchent.
La ville conteneur de Ekinci abrite environ 3 000 personnes.

Une reconstruction précipitée

La province d'Hatay compte 263 villes conteneurs, principalement administrées par l'agence gouvernementale de gestion des catastrophes et des situations d'urgence en Turquie (AFAD), où s'entassent environ 280 000 personnes en attente d'une solution de relogement. Malgré la promesse du président Recep Tayyip Erdoğan de « remettre Hatay debout en moins d'un an », force est de constater que, plus de deux ans après, les ruines sont partout et la poussière omniprésente.

Un petit magasin avec une femme assise à l
Même les commerces comme cette épicerie sont installés dans des conteneurs.

Le président turc avait promis la construction de 650 000 logements pour reloger les sinistrés. Mais à ce jour, seulement 40 000 ont été construits, pour la plupart par TOKI, l'administration publique chargée des logements sociaux en Turquie.

A peine 6 000 sont occupés. En cause, des appartements bâtis dans la précipitation, mal raccordés à l'eau ou à l'électricité, situées dans des terrains parfois instables. Le 12 décembre 2024, la mort d'une famille de quatre personnes intoxiquées au gaz pendant leur sommeil a suscité une vive polémique. Lors des commémorations du deuxième anniversaire, le 6 février 2025, des tensions ont éclaté entre les manifestants et les forces de l'ordre, entraînant plusieurs arrestations. Malgré les dizaines de grues qui surplombent le ciel d'Antakya, les travaux sont considérés par les habitants comme trop lents, et les nouveaux immeubles, peu solides.

Un chemin désert bordé d
Tout juste terminés, ces logements ont été construits par une agence immobilière. Réputés plus solides, ils coûtent néanmoins 50 % plus cher que ceux de TOKI.
Un homme en moto avec une passagère, tous deux portant des vêtements sombres et un casque.
Un homme et une femme sur une moto, avec en fond, un quartier neuf de la banlieue d'Antakya.

Selon la journaliste Gülnur Saydam, « toutes les constructions faites par des entreprises proches du gouvernement sont à risque et la corruption est toujours très présente ». Originaire d'Hatay, elle couvre l'actualité de la région pour la chaîne privée Sözcü TV. « Après le traumatisme du séisme, les habitants préfèrent économiser pour construire leur propre maison. Ils ne font plus confiance à TOKI qui représente le gouvernement. »

Femme au bord de la mer, cheveux blonds, regard contemplatif vers l
La journaliste Gülnur Saydam sur la plage de Samandag.

Une solution temporaire devenue permanente

Après le séisme, certains ont perdu leur logement à cause de la spéculation. C'est le cas de Songül Iflazoğlu. Son appartement a très bien résisté à la catastrophe, mais le propriétaire en a profité. Il a fait passer le loyer de 2 000 lires par mois à 20 000 (500 euros). « Je ne pouvais plus me le permettre », explique-t-elle. Pour ces personnes exclues du dispositif officiel d'aide au logement — réservé aux habitations gravement endommagées — l'ONG Akut Vakfi offre des hébergements temporaires. « Ici, nous accueillons aussi des femmes seules et des personnes qui ne peuvent plus payer leur loyer », explique Adnan.

Femme souriante, assise sur un canapé, lumière douce filtrée par un rideau.
Songül Iflazoglu, à l'intérieur du conteneur qu'elle occupe.

La destruction des infrastructures agricoles et industrielles de la région, combinée à l'inflation galopante que connaît la Turquie, a fait exploser les prix des denrées alimentaires. Désormais obligée de cumuler deux emplois, Songül habite seule avec sa fille de 9 ans dans son conteneur de 21 mètres carrés. Elle a pu aménager une petite terrasse à l'avant, quand d'autres vont jusqu'à construire des murs de tôles et de briques pour étendre leurs pièces de vie.

Bâtiment en tôle bleue avec vêtements suspendus et murs colorés en arrière-plan.
Dans la ville conteneur de Ekinci, les habitants ont l'autorisation d'étendre l'avant de leur habitat de 160 centimètres maximum.
Des bâtiments modulaires colorés, regroupés sur un terrain sous un ciel nuageux.
Dans la banlieue nord d'Antakya, un terrain vague sert d'atelier de réparation pour les conteneurs abîmés.

« Au début, c'était très dur, je me sentais enfermée », poursuit Dilber Olgun, la voisine et amie de Songül. « Les conteneurs sont collés, on voit tout, on entend tout. C'est une épreuve de repartir à zéro et construire des liens avec des inconnus », souffle-t-elle. Avant le tremblement de terre, elle possédait trois voitures, une maison de 180 mètres carrés et allait chez le coiffeur tous les mois. « Aujourd'hui, nous sommes trois dans un conteneur et je porte des chouchous pour cacher mes cheveux », sourit-elle.

Deux femmes assises à une table à l
Dilber Olgun et sa fille Ece, rentrées à Hatay il y a six mois après avoir fui à Antalya puis à Dubaï.

À 24 ans, sa fille Ece prépare un examen d'anglais pour partir étudier au Royaume-Uni :

Pour ma mère et ma famille, je veux gagner de l'argent et préparer l'avenir. Ici, tout est fade, tout est triste. Beaucoup de conteneurs présentent des fuites d'eau, d'autres connaissent des coupures d'électricité. Quand il pleut, les gouttes frappent le toit dans un grondement assourdissant. Malheureusement, cette solution temporaire est devenue permanente.

« C'était comme un rêve »

Dans la banlieue ouest d'Antakya, la ville conteneur d'Ekinci s'étend sur plus d'un kilomètre. Ici, des milliers de sinistrés sont entassés dans plus de 500 préfabriqués. Dans une des allées, plusieurs femmes prennent un thé au soleil. Elles plaisantent et se taquinent. Mais cette bonne humeur apparente cache des blessures encore profondes. « Si l'on continue de sourire, c'est pour préserver nos enfants, sinon on pleurerait tous les jours », confie l'une d'elles.

Quatre enfants assis sur des blocs, souriant, dans un espace extérieur.
Un groupe d'enfants présente sa construction faite dans un coin inoccupé de la ville conteneurs.

Ces mères de famille ne se connaissaient pas avant le séisme. Aujourd'hui, elles vivent à quelques mètres les unes des autres : « Nous sommes toutes très solidaires, car nous avons vécu le même désastre. Arabes, sunnites ou alévies, peu importe, nous sommes devenues une famille. » Toutes étaient locataires avant que leur logement ne soit complètement détruit par le séisme. Certaines familles ont signé des contrats de six ans pour bénéficier d'un conteneur. D'autres ont même prolongé jusqu'à huit années. La doyenne du groupe explique :

On a dormi pendant trois semaines dans une voiture, puis pendant six mois dans une tente. Avoir un conteneur, c'était comme un rêve. Aujourd'hui, nous sommes prêtes à vivre plusieurs années ici. Le tremblement de terre nous a fait réaliser à quel point la vie est précieuse.

Groupe de femmes et d
D'origines ethniques et religieuses différentes, ces femmes sont devenues très proches en étant voisines de conteneurs.

Résignées, certaines familles vivent jusqu'à sept dans le même conteneur. Avec l'hiver et le mauvais temps, l'enfermement peut devenir insoutenable. « Cette situation met nos mariages en péril, les divorces augmentent. »

« Ma plus grande peur est d'oublier »

Dans le centre-ville d'Antakya, difficile de se dire que deux ans se sont écoulés depuis la tragédie. Des tonnes de gravats s'accumulent autour des routes et des centaines de maisons endommagées attendent encore d'être détruites par les bulldozers.

Terrain en friche avec des gravats, montagnes en arrière-plan et villages surplombants.
Ici se trouvait les rues animées du vieux centre ville d'Antakya. Seules les maisons construites à flanc de montagne ont bien résisté au séisme.

Une fine couche de poussière, potentiellement très dangereuse à cause de la présence d'amiante dans les décombres, balaie le paysage et s'accumule sur les voitures. « On est comme dans une zone de guerre », ironise Ela, 22 ans. Elle a grandi ici, mais vit désormais à Istanbul où elle étudie le droit :

Les dégâts sont tels qu'on ne reconnaît même plus l'emplacement des rues. Quand les bâtiments ont été détruits, c'est comme si une partie de nous, de notre mémoire, avait été effacée. Ma plus grande peur est d'oublier, de ne plus me souvenir à quoi ces rues ressemblaient.

Allée arborée avec des bancs, palmiers penchés sous le vent et ciel nuageux.
Dans la ville côtière de Samandag, le tourisme a chuté depuis deux ans.

Plus de deux ans après le désastre, la nuit orageuse du 6 février 2023 reste dans toutes les mémoires et revient constamment. Dans les mois qui ont suivi, Songül Iflazoğlu a essayé de vivre dans un nouvel appartement, mais par peur des répliques, elle est partie. Elle a ensuite déménagé dans une autre ville, mais la solitude et l'inconnu l'ont ramené à sa province natale. C'est finalement dans son conteneur qu'elle a fini par s'installer. Car malgré tous les problèmes liés à cette situation, c'est là qu'elle, et beaucoup d'autres, se sentent le plus en sécurité.

Une personne se tient debout dans une pièce lumineuse avec des fenêtres et des chaises.
Un homme prie dans le sanctuaire de Khidr à Samandag, lieu de culte important pour les alévis et symbole du multiculturalisme dans la région.

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15.08.2025 à 06:00

Tunisie. Dans les stades, la résistance des ultras

Chaker Jahmi
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Les slogans scandés lors des matchs de football par les groupes de supporteurs ont toujours traduit les souffrances et les aspirations de la jeunesse. À travers leurs banderoles et leurs hymnes, les jeunes Tunisiens expriment leur désillusion face à des politiques qui continuent de les ignorer. Aujourd'hui, ils sont à la pointe du combat pour les libertés publiques. Enveloppé dans une écharpe noire arborant l'emblème de son groupe, Farès (pseudonyme) parcourt les ruelles étroites du (…)

- Lu, vu, entendu / , , , ,
Texte intégral (3416 mots)

Les slogans scandés lors des matchs de football par les groupes de supporteurs ont toujours traduit les souffrances et les aspirations de la jeunesse. À travers leurs banderoles et leurs hymnes, les jeunes Tunisiens expriment leur désillusion face à des politiques qui continuent de les ignorer. Aujourd'hui, ils sont à la pointe du combat pour les libertés publiques.

Enveloppé dans une écharpe noire arborant l'emblème de son groupe, Farès (pseudonyme) parcourt les ruelles étroites du quartier populaire où il a grandi. Sur les visages des passants se lit un mélange de curiosité et de familiarité. Aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres : c'est jour de match ! Le cœur vibrant, les supporteurs forment des cortèges vers le stade. Mais derrière l'ambiance bon enfant, tous appréhendent ce qui les attend. Car entrer au stade n'est pas seulement accéder aux gradins. C'est, d'abord, franchir une barrière faite de répression systématique.

Devant la porte du stade olympique de Radès, dans la banlieue sud de Tunis, les regards croisent des policiers en uniforme, armés de matraques afin de « sécuriser » le match. Commence la fouille, vécue davantage comme une humiliation qu'une mesure de sécurité. Les ordres pleuvent : « Enlève tes chaussures ! », « Retire ta casquette ! », « Vide tes poches ! », « Jette la monnaie ! ». Le ton est martial et sans discussion, les visages sont filmés et photographiés sans la moindre explication : « Pourquoi êtes-vous vêtus en noir aujourd'hui ? Où avez-vous mis les fumigènes ? De quelle ville venez-vous ? ». Farès se tient pieds nus sur le sol glacé tel un accusé devant un tribunal.

« Répression douce »

Il s'agit d'instaurer un rapport de force, sinon de provoquer les supporteurs. Devant le sourire narquois d'un agent, Amin et certains de ses camarades se mordent les lèvres pour réprimer leur colère ; d'autres sourient pour ne pas donner de prétexte aux policiers. Mais une fois la porte franchie, toutes les humiliations se dissipent. Dans les tribunes, la voix est plus forte que les oukases et chaque refrain pour la liberté devient une petite victoire qui se renouvelle à chaque match.

Avant même le coup d'envoi, les gradins se mettent à vibrer. Les chants s'élèvent, le tifo se déploie, pas seulement comme performance artistique ou esthétique, mais comme affirmation collective de résistance. Approché par Nawaat, un des ultras — qui, généralement, refusent de parler aux médias ou communiquent chichement —, témoigne : « Le pouvoir cherche constamment à (nous) imposer de multiples restrictions », à travers ce qu'il appelle « une répression douce » qui se manifeste, selon lui, par une série de mesures restreignant la liberté d'expression.

Les images de la foule sont passées au peigne fin. Le ministère de l'intérieur exige une autorisation préalable des services de sécurité pour introduire tifos et banderoles dans l'enceinte. Officiellement, cette mesure prend pour prétexte le respect de la liberté d'opinion et de création. Mais selon notre interlocuteur, elle sert en réalité à instaurer une censure préalable, l'objectif étant d'empêcher tout message susceptible de ternir l'image du pouvoir ou de soulever des questions taboues sur la manière dont sont gérées les affaires de l'État, par exemple.

Les jours précédant le match, chaque groupe d'ultras œuvre pendant des nuits entières à la confection du tifo, une tâche qui prend des semaines, voire des mois. Celle-ci n'est jamais facile, car leurs moyens sont limités, le temps compté et la crainte d'une interdiction par les autorités constante. Ils savent qu'à tout moment la police peut venir tout stopper et réduire à néant leurs efforts sous prétexte de « rassemblement non autorisé ».

« Apprends à nager ! »

Les groupes d'ultras, qui jouissaient autrefois d'une plus grande liberté d'expression, sentent l'étau se resserrer. C'est pourquoi certains d'entre eux renoncent même au tifo. Dans ce contexte, la « répression douce » évoquée par Farès devient une arme redoutable entre les mains du pouvoir pour semer le stress et la peur. Aussi, de nombreux leaders ultras préfèrent éviter d'exposer des slogans politiques susceptibles de déclencher l'ire du régime. Ils ont le sentiment de devoir se battre en permanence pour préserver leur capacité à s'exprimer librement. Pourtant, au moment où le drapeau géant se dresse dans les tribunes, la fierté d'avoir vaincu la censure balaie toutes les craintes.

Le mouvement ultra tunisien fait face à une escalade répressive menée par le ministère de l'intérieur depuis mars 2018, après la mort du jeune supporteur Omar Laabidi à la suite d'une course-poursuite avec la police près du stade de Radès. Omar s'est noyé dans un ravin boueux, malgré ses supplications adressées aux policiers, leur disant qu'il ne savait pas nager. Le malheureux s'est vu répondre : « Taalem aoum ! » Apprends à nager ! »).

Ce crime n'a pas été une simple bavure policière, mais l'étincelle qui a allumé la colère des supporteurs. Il a inspiré la campagne « Taalem aoum ! », à la forte charge symbolique. Progressivement, celle-ci est devenue un creuset de la lutte pour la justice et contre l'impunité de la police. Des acteurs de la société civile l'ont adoptée, exhortant les autorités à faire de chaque 31 mars, date anniversaire de la mort d'Omar, la Journée nationale de la lutte contre les bavures policières. Le mouvement de protestation est sorti des stades pour occuper la rue, créant un engouement sans précédent ainsi qu'une large adhésion de tous les groupes ultras, mais aussi des associations et des syndicats. Cette initiative a rapidement fait des émules à travers toute la Tunisie.

Une foule passionnée avec des drapeaux et une banderole "NORTH VANDALS".
L'ambiance dans la Curva Nord au stade de Radès, où sont déployés des portraits d'Omar Laabidi.
North Vandals

Ces dernières années, le mouvement ultra s'est considérablement développé. Il ne se limite plus aux faubourgs de la capitale, comme à ses débuts, mais s'étend à de nombreuses régions et gouvernorats longtemps délaissés par les politiques de développement.

À Gabès, les ultras portent l'étendard de la lutte sociale

Gabès, un port du sud-est tunisien, est l'un des lieux où la montée en puissance des ultras les a imposés dans l'arène publique locale. Sortis des enceintes sportives, ils ont investi les débats sur les questions sociales et politiques, jusqu'à devenir une force active dans la défense des droits humains au-delà même de la région.

En tête des préoccupations des Gabésiens : la pollution chimique. Le mouvement ultra s'est pleinement engagé contre la dégradation de l'environnement causée par le Groupe chimique tunisien (GCT), un complexe industriel de transformation du phosphate, source de graves menaces écologiques et sanitaires. Toutefois, plusieurs membres du groupe ultra local ont confié à Nawaat que chaque action de protestation contre les « politiques d'empoisonnement » à Gabès est systématiquement la cible d'une campagne de surveillance et de répression de la part des autorités.

Des manifestants en tenues blanches avec des drapeaux et des pancartes.
Gabès, décembre 2024. Les ultras Eagles 09 présents en force dans une manifestation hors des stades pour dénoncer le désastre environnemental dans la région.
DR

Un ultra témoigne :

Le pouvoir considère Gabès comme un terrain d'essai pour les produits chimiques, sans aucun égard pour la santé des gens et de leurs enfants. Aujourd'hui, nous vivons dans un environnement pollué, sans air pur à respirer ni plages propres où l'on peut passer du bon temps. Gabès est en train de devenir lentement une région empoisonnée. Et si ça continue, on risque d'arriver à un point où la population sera privée des conditions de vie les plus élémentaires.

Pour aplanir les divisions et renforcer leurs rangs face à la répression qui les cible sans distinction à travers tout le pays, les ultras ont lancé une campagne sous le slogan « Pour une mobilisation unifiée » qui appelle à conjuguer la solidarité et l'entraide entre tous les groupes.

La carte de supporteur, un projet liberticide

De son côté, le ministère de l'intérieur, par la voix de ses porte-parole officiels et officieux dans les médias, fait la promotion du projet « Fan ID » Carte du supporteur »). Ce projet conditionne l'accès aux stades à la possession d'une carte d'identité spécifique, ce qui permettra une surveillance policière accrue et un contrôle encore plus rigoureux de n'importe quel fan qui pénètre dans un stade, en particulier dans les virages, bastion des ultras. Ces derniers y voient une menace directe à leur existence, car il porte atteinte à la liberté de mouvement et viole leurs données personnelles. Pour eux, c'est une énième tentative de contrôle des foules à l'intérieur comme à l'extérieur des terrains.

Les ultras sont ainsi passés de la défense d'une cause individuelle à une revendication plus large dont l'enjeu est de protéger les libertés publiques dans les stades. Bien que la carte de supporteur n'ait pas encore été mise en œuvre, les groupes ultras ont d'ores et déjà lancé une contre-campagne « No fan ID » Non à la carte du supporteur »), exprimant leur rejet absolu de toute atteinte à leur liberté d'expression.

En outre, les ultras menacent de boycotter les stades pendant la saison 2025-2026 si les autorités maintiennent leur projet et si les directions des clubs viennent à s'y soumettre. Ils ne cessent de rappeler que cette mesure ne conduirait pas seulement à la fermeture ultime des stades aux supporteurs, mais constituerait une nouvelle étape vers la restriction des libertés publiques en Tunisie. En définitive, cette contre-campagne n'est pas seulement une bataille contre une disposition sécuritaire, mais le prolongement d'un combat plus large assumé par les ultras tunisiens contre les politiques répressives qui gagnent des pans entiers de la vie quotidienne.

Bras de fer

Si le mouvement « Taalem aoum ! » et les luttes passées ont marqué un tournant dans les relations entre les ultras et le ministère de l'intérieur, « No fan ID » promet un bras de fer qui prend de l'ampleur car elle reflète une prise de conscience croissante en faveur de la défense des droits civils.

Longtemps à l'avant-garde des mouvements de protestation, les ultras restent l'une des rares forces tunisiennes capables de briser l'inertie sociale et la résignation politique. À travers leurs initiatives, ils s'efforcent, avec la voix forte et le visage découvert, d'impulser une nouvelle dynamique dans les tribunes au nom de la lutte contre la soumission et pour les libertés. Plus que jamais convaincus de la nécessité d'un changement politique et d'une participation active aux combats sociétaux.

Les mouvements ultras en Tunisie ne sauraient donc être réduits à de simples groupes de jeunes supporteurs. Il est temps de reconnaître leur combat comme un instrument de lutte contre la répression politique et la marginalisation sociale. Par leurs slogans et leurs chants, ces groupes remettent en cause le discours autoritaire et populiste du pouvoir. Ils redéfinissent la relation entre la jeunesse tunisienne et l'espace public, prouvant que les stades ne sont pas seulement des aires de jeu, mais de véritables arènes où s'expriment les revendications d'une société entière.

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Traduit de l'arabe par Moussa Acherchour
Cet article a été publié initialement sur Nawaat

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Ce dossier a été réalisé dans le cadre des activités du réseau Médias indépendants sur le monde arabe. Cette coopération régionale rassemble Assafir Al-Arabi, BabelMed, Mada Masr, Maghreb Émergent, Mashallah News, Nawaat, 7iber et Orient XXI.

14.08.2025 à 06:00

À Soueïda, en Syrie, Druzes et Bédouins face à face, côte à côte

Paloma Dupont de Dinechin
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L'explosion des tensions entre les deux communautés a provoqué la mort de plus de 1 400 personnes en huit jours et le déplacement de quelque 192 000 personnes. Safi, druze, et Leith, bédouin, ont fui. Deux adolescents nés de part et d'autre d'une fracture ancienne. Pris dans une guerre nourrie par la peur, la marginalisation et les vieilles rancunes. La mâchoire de Safi est déformée. Une balle lui a traversé le visage. Il est druze, âgé de 19 ans, et ne sourit plus que des yeux. Il (…)

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Texte intégral (3189 mots)

L'explosion des tensions entre les deux communautés a provoqué la mort de plus de 1 400 personnes en huit jours et le déplacement de quelque 192 000 personnes. Safi, druze, et Leith, bédouin, ont fui. Deux adolescents nés de part et d'autre d'une fracture ancienne. Pris dans une guerre nourrie par la peur, la marginalisation et les vieilles rancunes.

La mâchoire de Safi est déformée. Une balle lui a traversé le visage. Il est druze, âgé de 19 ans, et ne sourit plus que des yeux. Il n'avait qu'un téléphone dans la poche quand on lui a tiré dessus, à bout portant, près de l'hôpital Watan, en plein centre-ville de Soueïda. Son père a été tué le même jour. Leith a 17 ans. Il est bédouin. Marcel blanc, regard d'acier. Il a couru entre les balles avec son oncle pour fuir son village de Chahba, dans le gouvernorat de Soueïda. Six membres de sa famille sont morts. Ces deux récits s'ancrent dans un conflit brutal qui éclate le 13 juillet 2025.

Ce jour-là, à Soueïda, un marchand druze est enlevé par des Bédouins qui avaient installé des barrages sur la route reliant Soueïda à Damas. En représailles, des Bédouins sont kidnappés. En quelques heures, les tensions communautaires tournent à l'affrontement. L'armée syrienne et les forces de sécurité interviennent le 15 juillet. Des tribus bédouines armées, venues de Deraa — capitale de la province rurale et tribale du Haurane — où elles s'étaient rassemblées, entrent dans la ville pour aider leurs « frères opprimés ». Les combats se généralisent. Des civils sont victimes d'exactions. Israël bombarde Damas — aux abords du palais présidentiel, de l'aéroport militaire de Mezzeh et le Sud syrien — « en soutien des milices druzes », exhortant les forces gouvernementales à se retirer de la zone. Ce qu'elles font, et un cessez-le-feu est signé le 21 juillet. Le lendemain, les autorités syriennes annoncent qu'elles vont enquêter sur ces massacres et s'engagent à en punir les auteurs.

Carte de la Syrie, montrant Damas et la région de Soueïda.
Carte de la Syrie

En Syrie, les Druzes représentent environ 3 % de la population. Mais à Soueïda, ils forment 90 % des habitants. Cette minorité religieuse, dont la foi repose sur un syncrétisme entre philosophie grecque, islam et christianisme, est concentrée dans cette province depuis le XIXe siècle. Les Bédouins, qui appartiennent au courant sunnite — majoritaire en Syrie —, représentent 3 % de la population locale. Souvent marginalisés, soupçonnés de sympathie avec la rébellion ou les groupes islamistes, les Bédouins accusent le régime Assad et les milices druzes de les avoir exclus de la société.

Soueïda, refuge de nombreux déplacés sunnites depuis 2011, voyait ses équilibres déjà mis à l'épreuve. En huit jours — plus de 1 400 morts, majoritairement druzes, des maisons brûlées, des familles exilées —, la coexistence a pris feu.

Histoire de Safi, Druze de Soueïda

Passionné de documentaires, Safi, bouille d'étudiant aux yeux marron, avait monté sa petite société de production à Soueïda. Le 16 juillet, il sort chercher du pain pour sa mère et sa sœur. Il entend des cris, voit un tank et un drapeau noir. Peut-être l'Organisation de l'État islamique (OEI) ? Il n'a pas le temps de comprendre.

Trois balles le frappent — au bras, au visage, à la jambe. Il rampe sur 50 mètres au sol puis s'effondre sur le dos. Il se souvient du soleil de ce milieu d'après-midi et de crier. Fort. Les tirs continuent. Un étudiant en médecine le trouve et l'emmène sur un brancard à l'hôpital Watan, à quelques mètres, lui aussi ravagé par les combats. Son père est tué le même jour.

Le quartier d'Al-Qaria, où il vit, est devenu une zone de guerre. Quatre jours après le cessez-le-feu, aux abords de l'hôpital où il est soigné, la brise fait remonter une odeur de mort. Dans l'entrée du bâtiment, du sang séché sur le sol. Les murs sont criblés de balles. Il interrompt les infirmiers venus le soigner pour terminer son récit. « Ils m'ont visé délibérément », insiste-t-il. Quand il évoque le gouvernement qui avait promis de protéger les minorités dans le pays, il parle de « trahison ». Il est retourné chez lui. Sourd d'une oreille, défiguré et incapable de se déplacer seul.

Safi raconte l'histoire qu'on lui a transmise. Il évoque l'année 2000, « les couteaux, les disputes de terres ». Cette année-là, un Bédouin tue un Druze dans un conflit foncier. En représailles, des manifestations éclatent dans Soueïda. Mais ce sont les manifestants druzes qui tombent sous les balles du régime. Ce mitraillage reste un traumatisme fondateur de la méfiance des Druzes envers l'État et de leurs rapports à la communauté bédouine. Safi n'était pas né. Il n'a rien vu. Mais il a fait siennes ces rancœurs : « Depuis ce moment-là, avec les Bédouins, on se dit bonjour. C'est tout. » Après 2011, le fossé s'est creusé.

Deraa a été le foyer de la révolution syrienne, où les premières manifestations éclatent après l'arrestation de jeunes ayant inscrit sur un mur un slogan contre le régime Assad : « Ton tour arrive, Docteur1. » La police syrienne rafle les tagueurs, les retient quarante-cinq jours et leur fait subir sévices et tortures. Pendant ce temps, l'étincelle de Deraa embrase le pays.

Dans les premières années du soulèvement, de nombreux Bédouins ont manifesté, soutenu les déserteurs, parfois rejoint les groupes armés. À Soueïda, les Druzes, eux, sont restés majoritairement neutres au début du conflit. Le régime a fermé les yeux face à la montée des milices locales, en échange d'un calme apparent et en y voyant une possibilité de diviser la population.

Dès 2015, les premières incursions djihadistes apparaissent dans la région. Le 25 juillet 2018, une série d'attaques revendiquées par l'OEI fait plus de 250 morts à Soueïda. Cet épisode ancre chez les Druzes une peur durable des communautés sunnites environnantes. Au cours de la guerre civile syrienne, la population s'arme massivement. Chaque maison druze possède désormais une arme, symbole de défense, d'honneur, de survie.

À Soueïda, la contrebande a prospéré. Le sud de la Syrie est devenu un couloir stratégique pour la drogue de synthèse, le captagon. Ce trafic, vital pour l'économie de guerre du régime Assad, a exacerbé les rivalités locales. Le contrôle des routes, des checkpoints et des cargaisons de drogue a renforcé les milices, toutes communautés confondues — et alimenté la militarisation du territoire.

Après la chute du régime d'Assad le 8 décembre 2024, plusieurs dépôts d'armes ont été pillés dans le Sud. L'heure des vendettas était venue. Safi est convaincu qu'on veut les tuer car druzes : « Ils nous considèrent comme infidèles, pas comme des musulmans. » À Soueïda, un milicien druze affirme, en parlant des Bédouins : « Ils sont sunnites. Ce sont les mêmes que ceux qui ont massacré nos familles. »

Histoire de Leith, Bédouin de Chahba

À 17 kilomètres plus au sud, le lendemain du drame vécu par Safi, les forces de sécurité syriennes et les tribus bédouines se retirent de Soueïda, laissant le champ libre aux représailles. La communauté visée : les Bédouins sunnites, du même courant religieux que le président intérimaire de Syrie, Ahmed Al-Charaa. Les milices druzes encerclent Chahba, quartier mixte jusqu'alors. Des vidéos d'exécutions sommaires visant les Druzes circulent. L'une d'elles montre huit hommes non armés exécutés sur un rond-point du centre-ville. Sur une autre, deux hommes armés crient : « Tu es druze ? », avant d'ouvrir le feu sur un vieil homme dans la rue. Sur d'autres images, des Druzes se font raser la moustache de force, symbole d'honneur dans leur culture. Le 10 août, le média Suwayda 24 diffuse une image de vidéosurveillance datée du 16 juillet, tournée à l'hôpital national de Soueïda. On y voit des hommes en uniforme — dont certains portent les insignes de services de sécurité intérieure ou de la défense — abattre un secouriste bénévole dans un couloir. Ces images renforcent l'hypothèse d'une implication directe des forces liées au gouvernement dans les violences visant des civils, principalement druzes.

À mesure que la communauté druze compte ses morts, la colère monte — et se retourne contre les civils bédouins. Leith parle de miliciens druzes lourdement armés postés dans un immeuble qui surplombe le quartier, derrière sa maison. « Ils nous ont dit : “Vous avez deux heures pour évacuer.” Mais vingt minutes plus tard, ils ont commencé à tirer. » Leith supplie son père de fuir. Il refuse : « Je ne quitterai pas la maison où nous avons grandi. Va. Si je meurs, que Dieu te garde en vie. » Avec son oncle, Leith grimpe à l'arrière d'une moto. Les balles sifflent. Il sent son cœur battre. Fort. Dans sa fuite, il voit une femme enceinte tuée. Son fils à ses côtés, démembré. Lui et son oncle se cachent dans les champs pendant six heures, avec des femmes, des enfants.

Quand il revient chez lui, quelques jours plus tard, Chahba est méconnaissable. Du sang dans les rues. Une chaussure au sol devant la mosquée. Une femme crie : « C'est celle de mon mari ! » Leith est emmené pour identifier des corps. Le premier : un jeune de son quartier qui s'est marié une semaine plus tôt. Puis sa grand-mère, 95 ans. Son oncle. Sa tante. Leurs enfants de 7 et 15 ans. Encore une tante. Six membres de sa famille. Il apprend que sa mère, son père et ses frères ont survécu.

Quelques jours plus tard, à la suite du cessez-le-feu déclaré le 21 juillet sous l'égide des États-Unis, l'armée organise l'évacuation de 1 500 familles bédouines. À Izra, dans la province voisine de Deraa — à 90 % sunnite —, les réfugiés bédouins sont accueillis avec des tirs de joie. Mais Leith ne célèbre rien. « On quittait notre terre comme si elle ne nous appartenait plus. »

Leith se souvient. « Quand il n'y avait plus de pain, pendant la guerre, les Druzes recevaient des rations du régime Assad. Nous, on nous envoyait ce qu'il restait. » Il parle sans s'animer, comme on récite un proverbe. « Même les enfants savent qu'ils sont bédouins. Et ce que cela signifie : rien. », ajoute une professeure bédouine, à ses côtés dans l'école d'Izra, transformée en dortoir pour les déplacés bédouins.

La méfiance entre communautés s'est construite au fil des années. Sous Hafez Al-Assad, la province de Soueïda était stable. Les élites druzes occupaient des postes importants dans l'appareil d'État. Les Bédouins, eux, restaient à la marge : éleveurs, journaliers, mal recensés, sans influence politique. Conflits fonciers, pastoraux, rivalités sur l'eau et accès aux terres ont longtemps opposé Druzes sédentaires et Bédouins nomades. Ces tensions rurales, anciennes, ont nourri un ressentiment enfoui.

Leith a grandi avec. « On nous punit depuis 2011, parce qu'on a soutenu la révolution. Parce qu'on est bédouins. » Il le dit sans haine dans la voix. Mais avec lassitude. « Ils ne nous considèrent même pas comme des citoyens de seconde zone. Plutôt comme des insectes. »

« Il lui a sauvé la vie »

Leith vit maintenant à Damas. Il partage une chambre dans un hôtel avec son cousin de 17 ans, qui a perdu toute sa famille. Ils jouent à FIFA sur le téléphone. Sont fans du Real Madrid. Mangent des glaces. Vont au marché. Ils essaient d'avoir encore l'âge qu'ils ont. Le jeune bédouin regarde au-dehors, et demande, en parlant d'une cohabitation avec les Druzes : « Toi, tu pourrais vivre avec ceux qui ont tué ton père ? Ta famille ? Impossible. » Il le dit clairement : « Je ne rentrerai que si l'État contrôle Soueïda. Sinon, ils nous tueront. »

Safi, lui, cherche un passeport. Il veut partir. « Je ne me sens plus en sécurité ici. » Trop de douleur, trop de blessures. La situation est tendue ; des combats sporadiques ont lieu dans la campagne. Soueïda reste coupée du pays. « Ma confiance dans ce nouveau gouvernement est en dessous de zéro, confie-t-il. Et les Bédouins ? La plupart, je ne peux pas leur faire pleinement confiance. C'est quelque chose dans le regard. »

La nuance viendra d'un oncle de Leith, parlant de sa fille de 17 ans, pendant les affrontements : « Un voisin druze l'a portée hors des flammes. Puis il est revenu la chercher. Je ne sais pas pourquoi il l'a fait. Il lui a sauvé la vie. »

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1Bachar Al-Assad est ophtalmologue de formation.

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