Le blog de Louis Derrac
Publié le 04.11.2024 à 17:00
Héberger son contenu ou dépendre d’une plateforme fermée : quelle différence ?
La différence fondamentale, c’est qui a du pouvoir sur ton contenu ? Qui a le pouvoir de le retirer par exemple, et selon quel cas ?
Voici un petit tableau pour y voir plus clair. Et s’il fallait le préciser : privilégiez autant que possible le web ouvert !
Sur le web ouvert (site hébergé, Mastodon, Pixelfed…) | Sur le web fermé (Youtube, Instagram, X…) |
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La loi | La loi |
Les conditions générales d’utilisation de la plateforme (dictées souvent par le pays d’origine) | |
Les intérêts économiques, politiques, idéologiques propres à la plateforme | |
Une pression du gouvernement sur la plateforme | |
Une signalisation en masse de ton contenu par des opposants politiques ou militants | |
Un robot (bot) mal programmé | |
Un·e modérateur·ice de mauvaise humeur | |
La fermeture de la plateforme |
Photo de Simone Dalmeri sur Unsplash
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Publié le 21.10.2024 à 12:32
Local Send, alternative libre et multiplateforme à Airdrop et Quick Share
Pour partager des fichiers (images, sons, pdf, etc.) dans l’écosystème Apple, il y a Airdrop qui fonctionne (très) bien. Mais évidemment, si on a le malheur d’avoir un PC sous Linux ou Microsoft… rien ne va plus. Idem si notre ami⋅e n’est pas équipée d’un appareil de la pomme. Bref, comme toujours chez Apple, c’est bien fait, mais c’est aussi terriblement fermé. Même problème chez Google, où il existe un service, « Quick Share », cantonné cette fois à l’univers Google et Windows. Rien de très interopérable donc, rien de très libre, rien de très… acceptable.
Vous serez donc ravi⋅e⋅s d’apprendre qu’il existe une excellente alternative, multiplateforme sur smartphone ET sur PC, open-source, et ultra-efficace. J’ai nommé Local Send. Chez moi, entre smartphones d’OS différents, entre mon smartphone et mon PC sous Linux, c’est testé et approuvé !
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Publié le 15.09.2024 à 10:34
« Elles n’ont même pas Windows » – workflow d’une thèse libre
Un article repris de https://libres.hypotheses.org/387
« Elles n’ont même pas Windows ! » résume une de nos amies (Margaux pour ne pas la citer) pour expliquer notre manière de travailler. Alors, à quoi ressemble une thèse, sans Windows (ni Mac) et faite avec des logiciels libres ?
Cet article est un petit répertoire des différents logiciels qu’on utilise (ou non) dans notre quotidien de la recherche et qui feront l’objet de divers billets sur le carnet.
À part quelques exceptions notables (comme Zotero), les logiciels libres en général et utilisables dans la recherche en particulier sont peu connus. Souvent, un des premiers enjeux est de trouver quel logiciel utiliser. Pour ça, on utilise souvent https://alternativeto.net/ qui permet de trouver les alternatives (libres ou non d’ailleurs) à un logiciel qu’on utilise déjà ou qu’on connaît via des collègues ou ami·es. Il existe également une super base de données de logiciels libres adaptés aux sciences sociales réalisée par Zack Batist sur github : https://github.com/zackbatist/open-SocSci?tab=readme-ov-file.
À l’Université de Lille, on a aussi la chance d’avoir de nombreux logiciels libres hébergés par les serveurs de l’Université, ce qui nous facilite la tâche :
Dans cet article, on va revenir sur les différents logiciels qu’on utilise pour des opérations classiques de la recherche en science politique et plus généralement en sciences sociales : écrire, lire, récolter, retranscrire, analyser.
Au quotidien
Pour commencer si on n’a pas Windows c’est parce qu’on a un autre système d’exploitation libre : Ubuntu (Linux), qui a été installé par le service informatique de la faculté.
Voir notre article : Ubuntu et pourquoi le libre ?
Au quotidien nous utilisons toutes les deux des logiciels libres pour des tâches de travail de bureau relativement banal : traiter nos mails, ouvrir des PDFs, gérer notre temps.
- Mails : Thunderbird est un gestionnaire de mail libre, où on peut aussi gérer son agenda, ses contacts, ses tâches et avoir une messagerie instantanée. On l’utilise principalement pour nos mails.
- PDFs : on utilise chacune un logiciel différent pour lire et/ou modifier nos PDFs. Audrey utilise Okular qui permet de surligner, sous-ligner, annoter, signer un PDF. Clothilde quand à elle utilise la visionneuse de documents d’Ubuntu pour lire les PDFs et Xournal++ quand il s’agit de compléter ou signer ce format de document.
- Gestion du temps : pour calculer son temps de travail et s’assurer qu’elle ne fait pas plus de 35h, Clothilde utilise le logiciel Hamster, ce qui lui permet d’avoir une visibilité sur le temps travaillé chaque jours, mais aussi le temps consacré à ses différents projets en cours.
Écrire
Pour écrire nos mémoires de Master 2 nous avons toutes les deux utilisés LibreOffice Writer qui est une équivalent de Word, mais en libre et qui a globalement les mêmes fonctionnalités. C’est un outil qu’on utilise encore régulièrement, mais on a très vite cherché d’autres logiciels de traitements de textes pour plusieurs raisons :
- La principale est que LibreOffice Writer devient plus lent et bug une fois qu’on dépasse la centaine de pages et les centaines de notes de bas de page (avec l’option Zotero dans LibreOffice). Une thèse en science politique faisant a minima le quadruple de pages (et autant pour les notes de bas de page), il nous fallait une solution qui permette de soutenir des documents lourds.
- les gestionnaires de fichiers classiques avec le principe : dossier > sous-dossier > fichier ne nous convenait pas parce qu’on avait besoin d’avoir une vue d’ensemble de nos documents, et que le passage d’un document à un autre nécessitait de passer par une autre interface que celle de LibreOffice Writer, ce qui parfois nous perd dans nos recherches (pourquoi j’ai cliqué sur mon dossier “photos” déjà ?).
On sait que de nombreux·ses doctorant·es en sciences expérimentales écrivent leur thèse en LaTeX, un langage d’écriture utilisable via des éditeurs LaTeX comme TexStudio ou Overleaf (un éditeur LaTeX en ligne qui est open source, mais pas libre : certaines options sont payantes). Mais en attente de formation, on a cherché d’autres options.
Lors d’une discussion, un collègue en rédaction de thèse nous raconte qu’il a passé tous les documents liés à sa thèse sur Scrinever pour la rédaction. Cela lui a permis d’avoir tout sur une même interface (matériaux, rédactions) et aussi de diviser ses chapitres en plusieurs documents qui s’importent en un seul. Seul problème : Scrinever est un logiciel propriétaire et payant.
À la recherche d’alternatives, Clothilde utilise d’abord Obsidian, qui est un logiciel gratuit mais malheureusement propriétaire…
Ensuite, Audrey trouve Zettlr, une véritable pépite que nous utilisons toutes les deux et qui fera l’objet de plusieurs billets sur le carnet ! Sur cette application de prise de notes, le langage d’écriture utilisé est le Mardown, mais il est aussi possible d’intégrer des éléments en LaTeX. Pour une première présentation, on vous conseille l’article d’Aurore Turbiau, docteure en littérature comparée qui a écrit sa thèse grâce à Zettlr.
Lire
Niveau lecture, on utilise toutes les deux Zotero qui est devenu un incontournable de la recherche pour gérer sa bibliographie. On l’utilise à la fois pour enregistrer nos littératures, les citer ensuite facilement et générer automatiquement des bibliographies. Mais aussi de temps en temps pour surligner et annoter les articles ou chapitres de livre, faire nos fiches, étiqueter les documents, etc.
Nos manières de lire ont beaucoup évolué depuis le début du doctorat et on opte toutes les deux, à des degrés différents, de plus en plus pour la lecture sur papier et les fiches papiers.
Récolter
Les matériaux qu’on récolte pour nos recherches sont principalement qualitatives. La collecte d’entretien se fait via un enregistreur et pour les observations via nos carnets de terrain. Pas besoin de logiciels libres ici ! Par contre, ce carnet Hypothèse sera pour nous l’occasion de revenir sur des questions de sécurité des données récoltées notamment avec le chiffrage de nos ordinateurs et moyens de sauvegarde, et plus généralement de parler RGPD et éthique de la recherche.
Nous récoltons aussi des divers documents par le biais de recherches en ligne, et de revues de presse. Pour ranger ces documents, on utilise Zotero, dans lequel il est possible d’insérer les PDFs et de compléter les métadonnées (auteur, titre, date, etc).
Enfin, Audrey travaille aussi sur des archives. Pour cela, elle utilise Tropy, logiciel libre créé par l’équipe de Zotero. Grâce à Tropy, on peut organiser ses archives, remplir les métadonnées (quelles archives, nom du carton, etc) et annoter ses documents. C’est un super outil, on vous en reparlera !
Retranscrire
Niveau retranscription des données et notamment des entretiens, on a eu l’occasion de tester plein de systèmes différents depuis nos premières expériences de recherche en Master.
En première année de thèse, on a découvert Whisper, un outil open source de retranscription automatique de la parole via une intelligence artificielle. C’est une véritable pépite qui change en grande partie le travail de retranscription. Disponible dans ShareDocs sur la plateforme Huma-num, il suffit de télécharger le ou les audio(s) dans le dossier correspondant et on reçoit un mail quand ces derniers sont retranscrits au format texte. Il faut bien-sûr repasser derrière pour faire une relecture du document, mais cela nous facilite grandement le travail ! Pour en savoir plus sur l’utilisation de Whisper via Huma-num, vous pouvez lire cet article du sociologue Aden Gaide : https://agepouvoir.hypotheses.org/494
Avant cela, on avait testé d’autres outils comme Parlatype. Il s’agit d’un lecteur audio spécifique pour la retranscription avec des raccourcis claviers qui permettent de faire stop/play ou de rembobiner l’audio de quelques secondes sans quitter notre document LibreOffice Writer. On avait aussi utilisé un petit script pour transcrire automatiquement depuis un audio en local via Vosk. C’était beaucoup moins performant que Whisper (version large) et il n’y avait pas d’interface. Du coup, il fallait passer par des lignes de commande, ce qui peut être un frein pour certain·es.
Analyser
Pour finir, on utilise des logiciels d’analyse de nos données, qualitatives et quantitatives.
Pour les données qualitatives, Clothilde a commencé à utiliser un CAQDAS (Computer-assisted qualitative date analysis software) soit un logiciel, ici libre, d’aide à l’analyse qualitative des données : Qualcoder.
Pour les données quantitatives (et surtout un peu de cartographie), Audrey utilise Rstudio, logiciel libre qui permet d’écrire en R, langage de programmation orienté statistiques.
Reprise de l’article diffusé en CC BY NC. Audrey Safa, Clothilde Saunier (10 septembre 2024). « Elles n’ont même pas Windows » – workflow d’une thèse libre. Tout problème a son logiciel libre. Consulté le 15 septembre 2024 à l’adresse https://libres.hypotheses.org/387
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Publié le 04.06.2024 à 10:37
Où trouver des contenus (images, vidéos, livres, etc.) sous licence libre
Il existe tellement de sites alternatifs, souvent sous licence libre, souvent accessibles gratuitement (pensez au don), qui ne proposent ni publicité ni contenu publireporté. En voici quelques-uns. N’hésitez pas à compléter en commentaire s’il en manque des essentiels.
Même si c’est « gratuit » et libre, pensez à créditer les auteurs, c’est le minimum que l’on peut faire pour les remercier. Un don est également envisageable si vous utilisez souvent la ressource.
Encyclopédies et dictionnaires
- Wikipedia
- Le Littré (XMLittré v2)
- Wiktionnaire et ses applications Android
Les banques de livres sous licence libre
- Bibebook : Une banque de 1 700 livres édités de très grande qualité au format numérique. Possibilité de les télécharger en un seul pack
- Ebooksgratuits : Un autre annuaire de livres libres de droits
- Project Gutemberg : Le Projet Gutenberg offre plus de 54.000 livres électroniques en accès libre: choisissez entre les formats gratuits ePub, Kindle, le téléchargement ou la lecture en ligne
- Standard Ebooks : un annuaire de livres anglais.
- LibriVox – Free public domain audiobooks
Les banques d’images sous licence libre
- Les banques d’images sont celles que l’on retrouve le plus sur Internet. Cherchez sur un moteur et vous en trouverez plein. Voici néanmoins les deux meilleures selon moi :
- Unsplash : des tonnes de photos magnifiques, sur énormément de catégories. Un must.
- Pixabay : Pas mal d’images assez « business », donc bonne alternative libre à Shutterstock. Attention certaines images seraient faussement en licence libre. À vérifier.
- Visual Hunt : un autre très bon site
- CC search : le métamoteur de l’organisation Creative Commons. On y trouve de tout y compris beaucoup de photos amateurs, donc forcément, c’est moins quali que les autres banques de professionnels (mais plus naturelles peut-être)
Les banques de vidéos libres de droits
- Pexels Video : des vidéos d’ambiance plutôt courtes, pas mal pour des animations de site, moins peut-être pour des montages.
- Pixabay Vidéos : un peu de tout sur Pixabay, dont des séquences qui peuvent servir aux montages. Il y a du très quali et du moins quali.
Les banques de sons sous licence libre
- La Sonothèque : alors ici ce sont vraiment des bruitages (type une porte de réfrigérateur qui s’ouvre et se ferme) pour des montages.
- Free Music Archive
- Au bout du fil
- Filmmusic.io
- Freesound is a collaborative database of Creative Commons Licensed sounds. Browse, download and share sounds.
Les banques d’illustrations, icônes, assets sous licence libre
- Opengameart
- Creative Commons search
- Clip Safari : des tonnes d’image clip arts
- CocoMaterial : the Open Source hand-drawn illustration library with 2 373 images
- Flaticon
- Openclipart. Since 2004, Now with 172495 clipart.
- Openverse : Explore more than 600 million creative works
Autres
Cuisine libre : Site contributif sans cookie, sans pistage, et avec des recettes en CC BY
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Publié le 04.06.2024 à 10:31
Quelques ressources pour protéger sa vie privée et sa sécurité
Voici quelques ressources essentielles pour commencer à protéger sa vie privée et sa sécurité. N’hésitez pas à contribuer en proposant des ressources (grand public, pas de contenus experts) dans les commentaires, je les rajouterai à l’article. Merci !
Sites complets
- Privacy Guides (EN) : The guide to restoring your online privacy..
- switching.software (EN) : Des alternatives éthiques aux grands logiciels, faciles à utiliser et qui font gaffe aux questions de vie privées
- Gofoss : Adoptez les logiciels libres et ouverts, protégez votre vie privée, maîtrisez vos données.
- Prism Break : Refusez les programmes de surveillance des données comme PRISM, XKeyscore et Tempora.
- Hygiène numérique
- Nothing2hide : Guide de protection numérique
Contenus (articles, livres, etc.)
- Guide d’Autodéfense Numérique de Boum
- Libertés numériques. Guide de bonnes pratiques à l’usage des DuMo
- Services libres et hébergeurs de services libres
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Publié le 04.06.2024 à 10:27
Réinventer l’exploration du web
Cet article est une reprise de Pour revenir à l’esprit du web, soyons (beaucoup) plus curieux !, publié sur louisderrac.com
Hier, mon site a enregistré 4 fois plus de visites que d’habitude. Le responsable de ce pic, mon cours de culture numérique, qui avait été partagé sur Facebook. Ça arrive de temps en temps, et ça fait toujours plaisir.
Ce qui m’a intrigué cette fois, c’est le « comportement1 » des visiteurs sur mon site. La quasi-totalité est arrivée sur la page de mon cours de culture numérique, où je partage mes supports de cours, des activités, une bibliographie/sitographie et une curation de ressources2. C’est une page utile et qui commence d’ailleurs à être bien référencée.
Mais malgré cet intérêt apparent pour mon travail, quasiment aucun de ces visiteurs n’a parcouru le reste de mon site. Que ce soit mes différents articles, mon autre cours d’économie numérique, mes formations de culture numérique, pourtant tous partagés dans la même logique et traitant de sujets connexes. Guère plus n’a quitté mon site pour se diriger vers un autre, en utilisant un des nombreux liens externes que je propose. Et aucun, absolument aucun, n’a eu la curiosité de se renseigner sur l’auteur (donc moi héhé) en se dirigeant sur la page à propos, pourtant accessible directement depuis le menu du site.
En y réfléchissant, je me suis rendu compte que ce comportement de visite était systématique. Comme je ne m’en formalise pas, je ne l’avais simplement pas relevé. Si je le fais maintenant, c’est que cela a fait écho à la conclusion que j’ai donnée lors de ma dernière formation. J’y encourageais, comme à chaque fois, mes interlocuteurs à être curieux et critiques3 dans leur rapport à leurs écosystèmes numériques. Et à encourager leurs propres interlocuteurs à faire de même.
Car le web a bien changé depuis ses débuts. Et nous, nous avons peut-être cédé à la facilité offerte par certaines plateformes, et perdu de notre curiosité. Prenons deux exemples, la recherche sur le web et l’accès à l’information.
Rechercher sur le web : de la sérendipité aux moteurs de réponse
J’étais trop jeune pour connaître l’émergence du web, celui des débuts. Lorsque les premiers portails et moteurs de recherche se lançaient pour donner du sens au nombre croissant de sites web. Et que ces derniers affichaient fièrement des listes de liens pour diriger les internautes vers d’autres pages de leurs sites, mais aussi vers des sites amis.
C’était l’époque de la sérendipité, une période où l’exploration du web était un voyage plein de surprises. Concrètement, un internaute naviguait de lien en lien sans connaître précisément sa destination finale. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’autant de métaphores issues des vocabulaires marin et spatial structurent la perception d’Internet (surfer, naviguer, un site internet, etc.)4.
Le développement des moteurs de recherche, couplé à la folle démocratisation du web, a peu à peu supplanté la sérendipité et toutes les autres formes d’exploration et d’orientation : le web sémantique5, les folksnomies6, ou encore les portails et leur stratégie d’indexation par catégories7.
Par manque de curiosité (et de temps), nous consommons au lieu d’explorer
Si l’on cherchait une comparaison dans le monde réel, on pourrait dire que depuis que nous orientons avec des GPS toujours plus efficaces, nous nous perdons beaucoup moins. Nous n’avons d’ailleurs plus le temps et l’envie de nous perdre, que ce soit dans nos villes ou dans nos campagnes. Alors la consommation prend le pas sur l’exploration.
C’est pareil sur le web, et les moteurs de recherche, Google en tête, l’ont bien compris. C’est tout le sens de leur stratégie consistant à passer du moteur de recherche au moteur de réponse. Concrétisant ainsi un objectif poursuivi de longue date : être le début et la fin de toute quête d’information.
Prenez quelques requêtes classiques, et vous verrez comment Google s’arrange pour vous proposer une réponse parfaite. Il n’y a plus besoin d’être curieux et de chercher, il ne reste qu’une réponse à consommer (et dans le cas de Google, sans doute une publicité sur laquelle cliquer).
Reprenons le contrôle du web en retrouvant le plaisir de l’exploration
Dominique Boullier, dans son incontournable sociologie du numérique, liste un certain nombre de pratiques personnelles d’orientation qui sont autant de possibilités de changer sa façon d’explorer et de consommer le web. Je les reprends à ma sauce :
- Revenir à la sérendipité, se laisser porter par les liens. Cela reste une méthode d’exploration et de recherche efficace, en plus d’être une invitation au voyage (virtuel).
- Se créer ses habitudes grâce aux favoris, aux marque-pages (ou bookmarks) proposés par chaque navigateur internet.
- Chercher dans les catégories d’un annuaire ou d’un site structuré, comme Wikipedia. Wikipedia est un site parfait pour la sérendipité. Vous pourriez y passer des heures en sautant de lien en lien. Et chaque article de Wikipedia propose une série de liens externes.
- Faire confiance aux recommandations de vos communautés virtuelles et à leurs curations (sur Delicious, Scoopit, Seenthis, ou sur des réseaux sociaux). Mais attention à vos biais de confirmation !
Accéder à l’information : des flux RSS aux infomédiaires
Si les « infomédiaires8» sont aujourd’hui aussi prépondérants, c’est parce que la plupart d’entre nous ont perdu l’habitude, la curiosité ou l’intérêt d’accéder à des sites d’informations directement. Ou ne s’en donne plus le temps. C’est particulièrement criant chez les jeunes, qui accèdent très majoritairement aux médias par cette intermédiation des plateformes numérique.
Là encore, le web a changé. Nous sommes passés des flux RSS aux infomédiaires. Les flux RSS9 représentent une possibilité technique d’accéder sans intermédiaire à ses sites d’information préférés. Jusqu’à sa fermeture en 2013, Google Reader était l’un des lecteurs de flux RSS les plus populaires. Le service a finit par être fermé car son existence était contraire à la stratégie, à l’idéologie et au modèle économique du géant de la recherche. Cette décision a consterné la communauté du web10, et plusieurs alternatives ont pris la relève : Feedly, Inoreader, etc.
Il y a pourtant une différence fondamentale entre accéder directement à un site d’information, ou par le truchement d’un infomédiaire. Dans le premier cas, vous êtes en contrôle total. Vous choisissez vos sources d’information (et parfois vous faites le ménage), puis vous accédez à tous les articles publiés. Dans le deuxième, vous n’avez pas de contrôle : l’algorithme choisit les sources et les articles qui vous sont présentés. Ces choix, dont les critères précis sont totalement opaques, privilégient les articles les plus susceptibles de créer de l’engagement.
Reprenons le contrôle de notre information
Il existe bien des façons de reprendre le contrôle de notre accès à l’information, et de moins dépendre des infomédiaires pour construire notre vision du monde. Voici quelques pistes :
- À défaut de vous convertir aux flux RSS (encore que ça ne requiert aucune compétence particulière), vous pouvez sélectionner vos sites d’information préférés et les visiter vous-même selon votre routine d’information. Vous pourrez ainsi découvrir leur façon à chacun d’organiser et de hiérarchiser l’information.
- Le mail fait son grand retour avec les newsletters ! Alors profitez-en, c’est un autre excellent moyen de recevoir de l’information, directement depuis ses sources préférées. J’avais pour ma part proposé une liste de sites et de newsletters technocritiques.
- De nombreux médias se mettent aussi au podcast, là aussi avec des conseils de lecture pour aller plus loin.
Soyons (beaucoup) plus curieux !
Cet article est parti du cas personnel que constitue mon site et la manière dont les visiteurs le consultent, le consomment. Bien sûr, ce n’était qu’un prétexte, et je ne me formalise absolument pas que mes visiteurs quittent mon site sans l’avoir exploré.
Mais je pense que c’est l’occasion de redire à quel point il est important, malgré les facilités que nous offrent les grandes plateformes numériques, de garder du contrôle sur notre exploration du web, sur notre accès à l’information, et sur notre goût de l’exploration, de l’inconnu, de l’aventure.
Savez-vous que lors d’une requête sur Google, 60% des internautes cliquent sur les trois premiers résultats ? 60% ! Imaginez le pouvoir que nous conférons à l’algorithme de Google en nous limitant à ces trois premiers résultats. Soyons plus curieux que ça, il y a certainement des choses intéressantes dans les résultats suivants !
Plus de 90% des français utilisent Google pour rechercher sur le web. Pour beaucoup d’internautes, Google EST le web11. La preuve, beaucoup tapent Google… dans le moteur de recherche Google lui-même ! Là aussi, soyons plus curieux. Il existe d’autres façons d’accéder au web, d’autres moteurs de recherche, mais aussi des portails, des sites auxquels on peut accéder directement parce qu’on connaît son adresse, etc. Il faut éduquer les jeunes publics à toutes ces facettes.
Lorsque nous accostons sur un site internet, explorons-le comme on explorerait une ile déserte. Si l’article ou le contenu partagé est intéressant, découvrons son auteur, son autrice, ne serait-ce que pour savoir d’où et pourquoi ils parlent. Voyons quels liens hypertextes, quels autres aventures virtuelles ils nous proposent. Et si ce territoire inconnu nous attire, pourquoi ne pas nous accorder le droit et le temps d’aller l’explorer ?
PS : et alors que j’apportais les dernières modifications à cet article, voilà que m’est apparu ce dossier pédagogique de l’ENSSIB et l’INSPE Lyon : Former à s’informer : développer l’esprit critique ! Le monde est bien fait, merci Educavox pour le partage !
Photo à la une de Ali Kazal sur Unsplash
L’article Réinventer l’exploration du web est apparu en premier sur Alternatives numériques.
Publié le 04.06.2024 à 10:25
Trouver des logiciels et services alternatifs
Il existe plusieurs catalogues très complets permettant de trouver des logiciels et services alternatifs. En voici quelques-uns.
Des catalogues de logiciels et services alternatifs
- Framalibre : l’un des premiers annuaires du libre, maintenu par l’incontournable association Framasoft.
- Correspondance entre logiciels libres et logiciels propriétaires (article Wikipedia): Cet article recense une liste de choix alternatifs libres proposant des fonctionnalités proches de logiciels propriétaires bien établis dans leur domaine d’application. Cette liste n’est pas exhaustive.
- Les alternatives éthiques : Sur le wiki d’Herminien, plein d’alternatives éthiques que l’auteur a pu lui-même tester et utiliser.
- Chatons : Le collectif vise à rassembler des structures proposant des services en ligne libres, éthiques et décentralisés afin de permettre aux utilisateur⋅ices de trouver rapidement des alternatives respectueuses de leurs données et de leur vie privée aux services proposés par les GAFAM
- switching.software (EN) : Des alternatives éthiques aux grands logiciels, faciles à utiliser et qui font gaffe aux questions de vie privées
- Privacy Tools (EN) : PrivacyTools propose des services, outils et connaissance pour protéger votre vie privée contre les dispositifs de surveillance de masse.
Ma sélection d’alternatives numériques
Il existe des millions d’alternatives, mais si vous voulez aller vite, je vous propose une sélection personnelle. Je pars du principe que vous démarrez de zéro, donc je ne liste que des alternatives grand public.
Toutes ces alternatives correspondent à l’idée que je me fais d’un numérique convivial : un prix juste, un logiciel qui ne vous rend pas dépendant : multiplateforme, interopérable, les données s’exportent facilement, etc. Toutes ne sont pas parfaites, mais s’en approchent.
Cette liste est subjective et NON exhaustive. Si vous cherchez des trucs plus fouillés, creusez (en commençant par les catalogues évoqués plus haut), explorez et si besoin, contactez-moi !
Côté matériel/hardware
On parle beaucoup d’alternative software, mais le hardware constitue un élément essentiel de la chose numérique. En matière d’impact environnemental notamment, c’est la fabrication de nos appareils numériques qui est de loin la plus polluante (impact carbone, utilisation d’énergie et d’eau, sans parler d’exploitations humaines). Des alternatives existent pour proposer des appareils plus durables, réparables, plus éthiques quand c’est possible.
- Fairphone : le smartphone réparable de référence
- Shift : un smartphone modulaire made in Germany
- Framework : l’ordinateur réparable et modulable
- Why : des ordinateurs entièrement démontables et réparables
- Commown : la coopérative qui loue du matériel informatique
Navigateurs
L’essentiel du temps passé sur son ordinateur ou smartphone se déroule sur un navigateur. Aujourd’hui, Google Chrome est hégémonique, et pourtant il pille allègrement vos données de navigation pour vous proposer des publicités ultra-ciblées12. Il est temps de changer, non ?
Franchement, vous n’avez plus de raisons de garder un navigateur comme Google Chrome qui ne vous respecte pas…
Moteurs de recherche
Le web était un espace d’exploration et de sérendipité… avant l’émergence de moteurs de recherche toujours plus perfectionnés. Certes, ils rendent notre recherche d’information plus efficace, mais d’un autre côté, cette efficacité se paye en données d’une part, et dans la perte d’une certaine forme de flanerie, d’autre part. Google est le moteur de recherche hégémonique du web. Et si on en essayait d’autres ?
Et vous pouvez aussi naviguer sur le web… sans moteur de recherche ! Allez sur Wikipedia par exemple, et laissez-vous aller de clics en clics, voyez, explorez !
Musique
Spotify, Deezer, Apple Music, c’est pratique. Mais d’une part, ils rémunèrent mal les artistes, d’autre part, ce sont des algorithmes gonflés avec vos données, qui de plus en plus, vous recommandent de la musique. Et si on variait les sources ?
- Pour chiner de la musique : les radios (à commencer par FIP, ou encore l’excellent site Radio Browser), les blogs de passionnés, vos potes, etc.
- Pour acquérir légalement de la musique (sans DRM) : Bandcamp, Qobuz entre autres.
Adresse mail
L’adresse mail est l’un des piliers de son identité numérique. Il est conseillé d’en avoir plusieurs, perso, pro, spam. Mais, quoi qu’il en soit, voilà un choix à ne pas faire à la légère, car vos correspondances disent beaucoup de vous, et changer d’hébergeur n’est pas toujours chose aisée.
Boite mail
- Protonmail (freemium)
- Mailo (freemium)
- Infomaniak mail
- Tutanota
Client mail
- Thunderbird
- Fairemail ou K9mail (qui sera bientôt Thunderbird mobile) sur Android
- Canary Mail
Création de site
Outil de gestion de contenu (CMS)
Tous ces CMS sont gratuits et open source lorsque vous les hébergez. Et dans tous les cas, vous pouvez les faire héberger chez des hébergeurs (voir plus haut).
- WordPress
- Drupal
- Joomla
- Hugo
- Jekyll
Analytics
Quand on crée son site et qu’on veut des analytics, le réflexe c’est… Google Analytics. Pourtant, une fois de plus, vous refilez des données à Google, c’est de moins en moins RGPD-compatible, c’est gourmand en processus sur votre site, bref, il existe des alternatives !
- Matomo (libre, extension gratuite et ultra simple sur WordPress)
- Plausible (libre, gratuit si vous l’hébergez)
- Statify (Libre, GPL 3) (Directement depuis WordPress)
- Simple Web Analytics (Libre, AGPL3)
Vous pouvez aussi vous demander si vous avez vraiment besoin de données sur votre site. Et si oui, pourquoi et lesquelles ?
Webconférence
- Jitsi (libre et gratuit)
- Kmeet (gratuit)
- Big blue button (à héberger)
Prise de notes synchronisées
- Standard notes (freemium)
- Joplin (gratuit, synchronisation payante)
- Obsidian (gratuit, synchronisation payante)
Messagerie instantanée
- Signal (gratuit, dons suggérés)
- Telegram (gratuit, dons suggérés)
- Olvid (freemium avec offre complète payante)
Gestionnaire de mots de passe
Des sites web pour tous les jours
Il existe tellement de sites alternatifs, souvent sous licence libre, souvent accessibles gratuitement (pensez au don), qui ne proposent ni publicité ni contenu publireporté. En voici quelques-uns :
- Cuisine libre : Site contributif sans cookie, sans pistage, et avec des recettes en CC BY
- Unsplash : des photos magnifiques en licence libre.
- Bibebook : 1 700 livres gratuits
À compléter avec ma liste de sites, blogs et wiki à ne pas rater, ainsi que ma recension de banques d’images, de vidéos et de sons libres de droit
D’autres services numériques alternatifs
Un peu en pagaille mais ils sont méritent d’être plus connus !
- Location de matériel informatique : Commown
- Livraison de nourriture à domicile : Coopcycle
- Covoiturage : Mobicoop
- Forfait mobile : Telecoop
- Location de logement : Fairbnb
À suivre, le mouvement des licoornes qui a pour but de proposer des modèles économiques alternatifs et dont plusieurs proposent des services numériques.
L’article Trouver des logiciels et services alternatifs est apparu en premier sur Alternatives numériques.
Publié le 04.06.2024 à 10:22
Héberger son contenu ou dépendre d’une plateforme : quelle différence ?
La différence fondamentale, c’est qui a du pouvoir sur ton contenu ? Qui a le pouvoir de le retirer par exemple, et selon quel cas :
Si tu héberges ton contenu | Si tu dépends d’une plateforme fermée |
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La loi | La loi |
Les CGU de ton hébergeur13 | Les conditions générales d’utilisation de la plateforme (dictées souvent par le pays d’origine) |
Les intérêts économiques, politiques, idéologiques propres à la plateforme | |
Une pression du gouvernement sur la plateforme | |
Une signalisation en masse de ton contenu par des opposants politiques ou militants | |
Un robot (bot) mal programmé | |
Un·e modérateur·ice de mauvaise humeur | |
La fermeture de la plateforme |
Quels services peut-on héberger sur le web ?
En soi, tous les services que tu utilises sont hébergés sur le web. Mais dépendre d’une plateforme unique (Facebook, Google, Flickr, etc.) ne permet pas de façonner son propre espace sur le web. Quelques exemples de service que tu peux héberger ou faire héberger :
- Blog : WordPress, Drupal, Dotclear, Joomla, Drupal, Hugo, Korben, etc.
- Gallerie d’images : Koken, Piwigo
- Wiki : Mediawiki, Dokuwiki (c’est le cas de ce wiki)
- Cloud : Nextcloud ou Owncloud
- Suite bureautique : OnlyOffice ou Collabora
- Slack : Mattermost ou Rocketchat
- Visioconférence : Jitsi ou Big Blue Button
- Messagerie instantanée : Element, Signal ou Telegram
- Podcast : Castopod
Hébergeurs de services libres et/ou alternatifs ?
Quand on parle d’hébergeur de services libres et/ou alternatifs, on doit parler des CHATONS, le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires. Plus d’infos sur leur site.
Quelques hébergeurs particulièrement engagés (liste subjective et non exhaustive) :
- Yourownnet
- Liiibre par IndieHosters
- Infomaniak
- Gandi
- Zaclys
- Cryptpad
- Framaligue : l’offre de la ligue de l’enseignement pour les associations
- Apps.education : une plateforme d’outils libres à destination des enseignants
Bonne exploration !
L’article Héberger son contenu ou dépendre d’une plateforme : quelle différence ? est apparu en premier sur Alternatives numériques.
Publié le 05.02.2024 à 17:41
Les meilleures applications libres et éthiques pour Android en 2024
Cet article est une création collective. Suite à mon appel à propositions sur Mastodon, 45 internautes ont généreusement partagé leurs meilleures applications libres et éthiques. Merci à elles et eux.
Initialement, je pensais lister dans cet article les meilleures applications pour les smartphones en général, sous iOS (environ 15% de part de marché) et Android (environ 85% de part de marché)14. Sauf qu’absolument tou⋅te⋅s mes répondant⋅e⋅s m’ont proposé des applications Android. Sans doute le résultat d’un léger biais méthodologique, puisque l’appel à propositions a été envoyé sur Mastodon. Mea culpa pour ça. Mais en réalité, l’OS mobile d’Apple est tellement fermé qu’y proposer des applications libres (et souvent gratuites) est devenu largement impossible. Les libristes et alternuméristes se sont donc logiquement détourné des iPhones, ces prisons dorées de poche.
Dont acte. Cet article sera donc finalement un top des applications libres et éthiques… pour Android !
Quels sont les critères d’une application éthique ?
- La dimension libre et open source : l’ouverture, au moins partielle, du code informatique pour pouvoir en comprendre le fonctionnement a minima.
- La dimension écologique : la durabilité du matériel, la sobriété du code informatique.
- La dimension économique : le modèle économique est juste, il permet de faire vivre correctement les contributeurices. Pensez à soutenir les développeur⋅se⋅s de vos applications préférées lorsqu’ils font appel aux dons notamment.
- La dimension protection de la vie privée et des données personnelles : l’alternative numérique recherche le « privacy by design », du matériel et logiciel qui respectent nos données personnelles, en captent le moins possible et les stockent le moins longtemps possible. L’alternative numérique s’emploie à chiffrer le plus possible les données, à en capter et en stocker le moins possible. Cet indicateur, vous pouvez le suivre factuellement grâce au travail de l’association Exodus Privacy, qui comptabilise les pisteurs et les autorisations de chaque application sur Android.
- La dimension inclusive : l’alternative numérique s’attache à créer des outils accessibles, ergonomiques, égalitaires. Elle intègre que les technologies numériques ont tendance à renforcer toutes les inégalités sociales, économiques et culturelles.
- La dimension conviviale : l’alternative numérique s’attache à être conviviale, ne crée pas de dépendance inutile (captologie), n’impose pas un écosystème fermé (interopérable). L’alternative numérique élargit le rayon d’action personnel, elle ne le rétrécit pas.
- La dimension sociale : l’alternative numérique se construit dans des conditions dignes, respectueuse des personnes (salariés, clients, fournisseurs), du droit (payer ses impôts dans les pays où l’on génère du CA par exemple), de la morale.
Android sans Google
Rappelons qu’Android est un mouchard en lui-même. Heureusement, il est de plus en plus facile de le remplacer par des OS libres, eux-mêmes basés sur Android mais sans les nombreuses briques logicielles (et les pisteurs qui vont avec) de Google. Citons les plus connus d’entre eux :
- /e/OS, sans doute l’un des plus simples à installer aujourd’hui grâce au Easy Installer. La preuve, j’ai réussi ! Vous pouvez également acheter (chez Murena) ou louer (chez Commown) des smartphones avec /e/OS préinstallé.
- iodéOS, qui vous permet lui aussi d’acheter des smartphones avec son OS préinstallé
- LineageOS, l’un des projets phares sur lequel reposent les autres, mais qui nécessite plus de compétences pour être installé
- Citons également GrapheneOS et CalyxOS, sur lesquels j’ai moins d’éléments factuels.
Les catalogues alternatifs d’applications sur Android (libéré)
Pour pouvoir installer des applications sans donner toutes vos informations à Google (dans le cas où votre téléphone tourne sous Android), voici des catalogues alternatifs qui vous permettront d’installer des applications tout en préservant vos données personnelles. Vous pouvez installer ces deux catalogues depuis leurs sites respectifs, c’est assez simple.
- Aurora Store : permet d’accéder au répertoire du Google Play Store en se connectant anonymement.
- F-Droid : le catalogue d’applications libres pour Android
Notez que sur /e/OS : l’App Lounge, installé par défaut, regroupe Aurora Store et F-Droid.
Les meilleures applications libres et éthiques pour Android en 2024, sélectionnées par la communauté
Et voici enfin la liste d’applications plébiscitées par la communauté, classées par catégories. Selon leur disponibilité sur ces catalogues, je vous ai mis des liens vers le Google Play Store (vous les trouverez donc sur Aurora Store ou sur l’App Lounge) ou vers F-Droid (qu’il faudra installer en premier pour pouvoir installer les applications en question).
Pour commencer : la suite Fossify
Ici, il s’agit de remplacer vos applications « de base » par des alternatives éthiques, sans pistage ou publicité. Pour les connaisseurs, il s’agit du fork de SimpleMobileTools, qui s’est fait acheter récemment.
- Fossify Phone : pour remplacer l’application de téléphone
- Fossify Gallery : pour remplacer l’application de galerie photos
- Fossify Calendar : pour remplacer l’application de calendrier
- Fossify File Manager : pour remplacer l’application de gestion des fichiers
- Fossify Contacts : pour remplacer l’application de contacts
- Fossify SMS Messenger : pour remplacer l’application de sms
Navigation web
- Firefox (Play Store), Fennec (F-Droid) et Firefox Focus (Play Store) : des navigateurs, tous basés sur Firefox. Fennec est une version modifiée de Firefox avec encore moins de pisteurs. Firefox Focus est une version sans historique et avec moins de pisteurs également.
- Feeder (F-Droid – Play Store) et FeedMe (Play Store) : un lecteur de flux RSS
- Wikipedia (F-Droid – Play Store) : on ne présente plus Wikipedia, qui dispose donc de son application dédiée.
Lire aussi notre article : S’informer autrement grâce aux flux RSS
Cartographie
- Organic Maps (F-Droid – Play Store) et OsmAnd~ (F-Droid – Play Store) : deux applications pour se repérer dans l’espace.
Lire aussi notre article : 5 alternatives à Google Maps (et les autres)
Mails et communications
- K9-Mail (prochainement Thunderbird sur Android – F-Droid – Play Store) et FairMail (F-Droid – Play Store) : les deux clients mail incontournables pour toutes vos adresses
- Signal (Play Store) : l’alternative libre et éthique à Whatsapp
- Tusky (F-Droid – Play Store) et Fedilab (F-Droid – Play Store) : des clients pour Mastodon et le fédivers
- Mattermost (Play Store) : le client de l’alternative à Slack.
- QKSMS (F-Droid – Play Store) : l’application pour envoyer des SMS sans pistage
Médias
- AntennaPod (F-Droid – Play Store) : une application libre de podcast avec de nombreuses fonctionnalités
- NewPipe (F-Droid) et LibreTube (F-Droid) : Deux « Frontend » pour Youtube, c’est à dire des applications qui vous permettent de naviguer dans le contenu YouTube sans passer par l’interface Youtube, et tous ses pisteurs.
- Music (F-Droid), Auxio (F-Droid) et VLC (F-Droid – Play Store) : des lecteurs de musique stockée sur votre smartphone.
- ViMusic (F-Droid): Pour streamer de la musique de Youtube Music
- Transistor (F-Droid) et RadioDroid (F-Droid) pour écouter les radios numériques
- KOReader (F-Droid) et Librera Reader (F-Droid – Play Store) : deux lecteurs d’Ebooks
Lire aussi notre article : Des alternatives aux playlists de Spotify (et cie)
Productivité
- Joplin (F-Droid – Play Store) et Tasks.org (F-Droid – Play Store) : deux applications de prise de notes.
- KDE Connect (F-Droid) : une appli très pratique pour transférer des fichiers de son téléphone à son ordi, pour synchroniser le presse papiers, pour utiliser son téléphone pour commander la lecture média de l’ordinateur, pour faire sonner son téléphone
- Dictionnaire français (Play Store): une application gratuite et basée sur le Wiktionnaire français. Il existe également des dictionnaires en anglais, espagnol, allemand, italien et en russe.
- Bitwarden (Play Store): le gestionnaire de mots de passes gratuit (version payante pour plus de fonctionnalités), simple et open source
Lire aussi notre article : Trois applications de prises de notes alternatives à Evernote, Microsoft OneNote et cie
Utilitaires
- Periodical (F-Droid – Play Store) et drip (F-Droid – Play Store) : deux calendriers de règles/menstruations
- Yet Another Call Blocker (F-Droid) : permet de bloquer automatiquement des numéros, par exemple les calls center. À ce sujet, vous pouvez lire l’article Bloquons le démarchage chez Grise Bouille.
- FindMyDevice (F-Droid): une alternative libre à Google Localiser mon appareil (lire notre article)
- OpenFoodFacts (F-Droid – Play Store) : Choisissez les produits bons pour vous et pour la planète
- Weawow (Play Store) et Breezy Weather (F-Droid) : deux applications météo sans publicité et sans pistage !
- Catima – Le porte-cartes (F-Droid – Play Store) : Arrêtez de chercher des cartes de fidélité en plastique lors du passage à la caisse des magasins ou des boutiques en ligne.
- Barcode Scanner (F-Droid – Play Store) et QR & Barcode Scanner (F-Droid – Play Store) : deux applications pour scanner facilement vos QRcodes et Barcodes.
Un poil plus geek
- KeePassDX (F-Droid – Play Store), une appli pour utiliser un coffre-fort KeePass sur téléphone, avec un clavier spécial pour rentrer simplement les informations de connexion sur un site
- DAVx5 : permet de synchroniser Contacts et Calendrier sans passer via Google, via des protocoles ouverts (CalDav et CardDav)
- Sayboard (F-Droid) : Un clavier vocal open-source pour Android utilisant la bibliothèque Vosk. J’ai testé un petit peu et ça fonctionne vraiment pas mal du tout !
Conclusion
Comme vous le voyez, l’offre est large (et encore cet article n’est évidemment pas exhaustif), les alternatives nombreuses et fiables. Il existe de plus en plus de services pour lesquels se passer des géants du numérique est possible. Alors on s’y met, et on en parle à nos proches ?
Image à la une : « Another error page 301 308 » par David Revoy, framasoft.org − CC-BY 4.0
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Publié le 22.08.2023 à 17:04
Services libres et hébergeurs de services libres
Dans ma quête d’indépendance vis-à-vis des géants du web, j’ai voulu lister dans un article les services libres essentiels, et les structures capables de les héberger. Ceci est donc en quelque sorte un pense-bête évolutif, ouvert à vos contributions.
Avant de commencer
- Un service libre c’est quoi ? C’est un service web comme ceux que vous utilisez tous les jours (Gmail, Google Drive, Zoom, Slack, WhatsApp), mais en version libre (j’explique plus bas ce que ça veut dire).
- Pourquoi vouloir passer sur un service libre ? Je l’explique juste en dessous, dans les enjeux éthiques des services web.
- Est-ce que c’est accessible à toute·s ? Ça n’a longtemps pas été le cas, mais maintenant oui, et c’est une avancée majeure. C’est aussi pour ça que j’ai voulu écrire cet article, parce qu’on peut maintenant se lancer, et soutenir le mouvement.
- Combien ça coûte ? Franchement ça dépend mais pour un particulier ça tourne autour d’une dizaine d’euros par mois (voire moins si vous avez de petits besoins), un peu comme Spotify, Netflix et cie.
Les enjeux éthiques des services web
Connaissez-vous les enjeux éthiques qui gravitent autour d’un service web ? Souvent, ils s’entrecroisent, parfois ils se contredisent : en fait ils sont multiples. En voici quelques-uns, dans le désordre15.
La centralisation d’Internet et du web16. Internet a été construit pour être un système décentralisé : chaque ordinateur est connecté aux autres et peut héberger des données, ce qui crée un système théoriquement très résilient. Car si un ordinateur tombe il y en a des milliards d’autres. Mais notre dépendance à de très gros acteurs a conduit Internet à se recentraliser. Un exemple : si Google n’était pas accessible pendant ne serait-ce qu’une heure, la plupart des internautes ne pourrait plus naviguer sur le web.
La question écologique. Les services web polluent. Ils consomment de l’énergie, ils sont hébergés dans des datacenters qui ont nécessité des métaux rares dont l’extraction est très polluante, etc.
Le capitalisme de surveillance17 et l’économie de l’attention18. Les services web des grandes plateformes sont pour la plupart construits autour du modèle économique de la publicité. Pour faire simple : ils siphonnent nos données, font tout pour capter notre attention, et façonnent notre vision du monde.
La « souveraineté numérique19 » : privilégier des services hébergés en France, en Europe plutôt qu’aux États-Unis ou en Asie.
Les valeurs autour du logiciel : logiciel libre vs logiciel propriétaire. Pour la Free Software Foundation, le « logiciel libre » [free software] désigne des logiciels qui respectent la liberté des utilisateurs. En gros, cela veut dire que les utilisateurs ont la liberté d’exécuter, copier, distribuer, étudier, modifier et améliorer ces logiciels. ». Pour en savoir plus.
Des services libres
L’association Framasoft a entrepris, lors de sa campagne « Dégooglisons Internet » un immense travail d’hébergement de services libres alternatifs aux grosses plateformes centralisées. Une liste exhaustive est accessible ici. Framasoft a d’ailleurs opéré un changement de stratégie, et s’en est expliquée abondamment sur son blog20.
Voici selon moi les principaux services libres matures, fonctionnels, utilisables par tou·te·s :
- Cloud : Nextcloud ou Owncloud
- Suite bureautique : Only Office ou Collabora
- Slack : Mattermost ou Rocketchat
- Visioconférence : Jitsi ou Big Blue Button
- Messagerie instantanée : Element, Signal ou Telegram
Maintenant que vous avez identifié des services web qui correspondent à vos valeurs, encore faut-il pouvoir les héberger. Vous pouvez le faire vous-même si vos compétences le permettent et si vos besoins sont limités, mais autrement (et c’est mon cas), il faudra les faire héberger.
Des hébergeurs de services libres
Fort heureusement, il existe de plus en plus d’hébergeurs éthiques, convaincus par les valeurs du libre. Ils représentent autant d’alternatives et d’espérances pour arriver à décentraliser et guérir le web. Après une longue attente, leurs offres se simplifient et incluent enfin les très petites entreprises, les associations, et les particuliers !
Commençons par les CHATONS : le « Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires. Ce collectif vise à rassembler des structures proposant des services en ligne libres, éthiques et décentralisés ». C’est une bonne porte d’entrée.
Voici quelques hébergeurs, certains membres des CHATONS, qui proposent un service simple et grand public. Si vous en connaissez d’autres, n’hésitez pas à me les signaler21.
- Yourownnet
- Liiibre par IndieHosters
- Infomaniak
- Gandi
- Zaclys
- Cryptpad
- Framaligue : l’offre de la ligue de l’enseignement pour les association
- Apps.education : une plateforme d’outils libres à destination des enseignants
Et cette liste n’est qu’un début ! Pensez à chercher des hébergeurs prêts de chez vous. C’est aussi ça qui donne du sens à votre action. Ça décentralise Internet, ça le (re)localise, ça redonne du sens à sa matérialité (il faut jamais oublier qu’Internet ce sont des câbles, des câbles et des câbles. Et ça vous donne accès à un support de proximité.
Merci pour leurs contributions à Alain Imbaud, Patrice Andreani, Damien Accorsi et d’autres.
Pour aller plus loin
- Des associations qui défendent et sensibilisent au logiciel libre : Framasoft, April
- La campagne Dégooglisons Internet de Framasoft
- Sur Wikipedia, Correspondance entre logiciels libres et logiciels propriétaires
Cet article est une très légère adaptation de l’article Services libres et hébergeurs de services libres publié chez Louis Derrac.
Image à la une de David Revoy.
L’article Services libres et hébergeurs de services libres est apparu en premier sur Alternatives numériques.