le Blog de Julien Hervieux
Flux purgé de certains visuels, peut nuire à la compréhension des contenus.
Publié le 30.10.2025 à 09:05
L’IRE ENSEMBLE – MIDNIGHT SUN – ÉPISODE 9 FINAL
Qu’entends-je ? Des hautbois ? Des musettes ?
Que célèbre donc cet orchestre céleste ? Mais, la délivrance de votre serviteur, bien sûr, qui est enfin arrivé à la fin de cette gigantesque mer… daub… ahem, oeuvre qu’est Midnight Sun. Et si j’ai perdu en chemin amis, honneurs, et points de QI, me voici donc au bout de la quête que vous m’avez infligée, monstres. Alors, pour commencer, rappelons que le volet précédent est ici.
Et reprenons. Car nous en étions à un point crucial de notre récit : Bella étant poursuivie par un vampire, Edward a tenté de faire diversions avec des chaussettes qui puent (véridique, je tiens à le rappeler). Hélas, le traqueur n’étant visiblement pas un fétichiste des pieds, il n’est pas tombé dans le panneau, mais bien sur Bella. Ce qu’Edward ignore encore, au moment où il prend le premier avion pour aller retrouver l’amour de sa non-vie, qui je le rappelle, est une lycéenne pas foutue de marcher en ligne droite sur terrain plat.
Vous êtes prêts ? Alors lisons, mes bons !

Oui, bon d’accord, j’avançais au rythme d’un article tous les 6 mois, mais bon, faut me comprendre. Mais c’est fini ! Finiii !
Retrouvons donc Edward et sa famille qui ont pris le premier vol pour l’Arizona.
Mon impatience ne me quitta pas, même quand l’avion se posa sur le tarmac. J’eus beau me rappeler que Bella était en sécurité à moins de deux kilomètres de moi à présent, et que j’allais la revoir d’ici à peine quelques minutes, j’eus envie d’arracher la porte de sécurité et de me ruer dehors au lieu de devoir endurer l’interminable roulage jusqu’au terminal. Sentant mon agitation intérieure derrière ma rigidité totale, Carlisle me remémora de bouger d’un petit coup de coude.
Quand il pense à Bella, Edward a des problèmes de « rigidité totale ».
On me dira que je pense à mal, mais ce n’est pas moi qui écris une scène où son propre père doit lui demander de calmer sa rigidité au moment où il faut se lever devant tout le monde. On sent donc notre vampire foufou, voire carrément excité à l’idée de revoir sa douce. En attendant, les plus observateurs d’entre vous auront noté un point intéressant :
Bien que les volets des hublots soient baissés, une lumière trop violente illuminait la cabine.
Oui, nos vampires ont pris l’avion. Oui, en plein jour, et au milieu de plein de mortels. Et, oui, le soleil rentre dans la cabine.
Mais non, ils ne brillent pas comme de gigantesques boules à facettes, transformant l’appareil en soirée disco. Pourquoi ? Eh bien parce que… attention…
… ils ont mis des sweats à capuches. Non, c’est véridique. Apparemment, le sweat à capuche protège 100% de la peau, ne glisse jamais, et suffit à n’importe quel vampire pour sortir en plein jour. Les mecs, si cette tenue vous permet de sortir à volonté, c’est pas près de Seattle qu’il fallait s’installer, mais sur n’importe quelle commune desservie par le RER B. Personne n’aurait rien remarqué. Enfin : maintenant qu’ils sont descendus de l’avion, une mauvaise nouvelle attend nos héros, car les vampires chargés de protéger Bella annoncent qu’elle était là, et puis pouf, à un moment, elle était plus là. Il faut donc la retrouver au plus vite, car elle est sûrement en danger ! Mais pour cela, il faut une voiture.
Mais où diable trouver une voiture dans un aéroport ? En louer une ? Prendre un taxi ? Non ! Nos héros n’ont pas que ça à penser (chose qu’ils font peu), aussi décident-ils… d’en voler une. Et réfléchissent très fort. Avec difficulté, mais très fort quand même.
Quel que soit le véhicule que nous empruntons, la police cherchera son propriétaire.
Une bonne remarque : si la voiture est volée, elle sera recherché.
Là, lecteur, vous me direz : « Hmm, en suivant leur logique, en supposant qu’ils en aient une, le mieux serait de voler une voiture d’un modèle répandu, histoire de disparaître dans la circulation au plus vite. ». Oui, vous le direz. Mais je vous laisse voir ce que fait notre vampire préféré :
Je me ruais au fond du parking, juste là où le soleil tapait. Quelqu’un y avait garé sa Subaru WRX STI trafiquée pour être plus puissante, loin des ascenseurs, afin d’éviter qu’on en raye la peinture. Une peinture hideuse. Des bulles orange vif grosses comme ma tête s’échappaient de ce qui ressemblait à de la lave violette en fusion. En un siècle, je n’avais pas vu de carrosserie aussi ostentatoire.
Voilà.
Oui, c’est dans le livre. Les mecs se disent « Hm, on va être recherché, faisons profil bas », et Edward va voler une PUTAIN DE CHARRETTE TUNING ORANGE-VIOLET FLUO.
Imaginez la personne qui a écrit ce livre, réfléchissant longuement à comment décrire une carrosserie dégueulasse, environ deux secondes après avoir dit que ses héros devaient faire profil bas. Ah non mais on est bien. Cependant, après quelques manœuvres, voilà la voiture de kéké ouverte et vrombissante, avec Edward au volant qui s’empresse de flairer la piste de Bella (ses pieds qui puent, donc). Brièvement, nous avons aussi des commentaires comme :
l’Arizona et de sa luminosité ridicule
C’est bien d’insister qu’il fait grand jour et TRES lumineux. On en parle, donc, qu’on a donc une voiture tuning, ce qui est déjà peu subtil, mais remplie de TYPES QUI BRILLENT EN PERMANENCE ? Ça va être discret, ça, mes petits amis, une voiture immonde et fluo avec à l’intérieur l’équivalent du Versailles des boîtes de nuit. Mais visiblement, oui. Passons sur la route, car durant des pages et des pages – et pas qu’un peu – nous avons de longues descriptions d’Edward qui fonce, conduit comme un gros rabouin, emboutit des gens, mais s’en fout puisque bon, sa zouzette est en danger.
Heureusement, il arrive là où Bella est retenue en otage par le méchant vampire : un studio de danse !
Les vampires sont comme ça. Ils adorent la danse et les comédies musicales. Qui n’a jamais été bouleversé à la lecture de Dracula II – Le cours de zumba est annulé ? Non ? Eh bien vous voyez : c’est la preuve que vous ne l’avez pas lu. Toujours est-il que pour en revenir à la famille morte-vivante d’Edward, tout le monde débarque sur le parking dans le plus grand silence, puisqu’il ne faudrait pas alerter le margoulin. Comme le dit Edward :
S’il nous entend, elle meurt !
C’est noté ?
Attention, je tourne la page.
Le rugissement qui émana des tréfonds de mon corps fut purement instinctif.
Edward, une demi-seconde après avoir décidé d’être discret, rentre donc en hurlant « LEEEEEEEROYYYY JEEEEENKIIIIINS ! ». Normal.
Et, crotte de bique, ce n’est visiblement pas une stratégie suffisante, car le méchant a le temps de malmener Bella, et même de la mordre avec son gros venin de vampire. Si jamais on ne fait rien, Bella va elle aussi subir la malédiction de… de… attendez, rappelez-moi déjà ce qu’est le SEUL problème de nos vampires ? Ah oui voilà : ils doivent porter des sweats. Grosse malédiction les enfants.
Mais Edward, qui est probablement interdit chez H&M depuis qu’on l’a surpris se tripotant au rayon chaussettes, ne peut supporter d’aller y acheter un sweat pour Bella. Il doit donc la sauver du vampirisme. Mais comment ? Son père, médecin, désigne la morsure sur la main de Bella.
— Essaie de sucer le venin, me conseilla- t- il, son calme recouvré. La plaie est propre.
Rappelons qu’Edward n’y a pas pensé, alors que d’après ce que nous avons lu, ça fait un siècle qu’il fait des études. Ce qui confirme ma théorie : un siècle qu’il redouble.
Mais même avec ce plan simple, pour Edward, c’est compliqué.
— Je ne suis pas sûr d’y arriver, terminai- je.
C’est vrai. C’est pas comme si tu étais une créature spécialement équipée pour sucer du sang, Edward.
Quelque chose me dit qu’il a surtout sucé beaucoup trop de piles qui fuyaient étant petit.
— Je ne peux pas t’aider, enchaîna Carlisle, je dois m’occuper de stopper l’hémorragie, surtout si tu lui tires du sang par la main.
Pour info, dans cette scène, Edward est venu avec une bonne partie de sa famille. Donc même en supposant que Carlisle soit occupé à mettre du mercurochrome sur Bella, il reste au moins deux vampires qui se tournent les pouces à coté. Mais même l’autrice a oublié leur existence.
Heureusement, Edward suce si fort qu’il pourrait être journaliste sur Fox News, et parvient à sauver Bella. Qui se réveille et explique comment le vilain vampire l’a retrouvée :
Il m’a eue. Il a regardé nos films de vacances.
Personnellement, là : je plains surtout le pauvre vampire qui s’est donc tapé 8 heures de mauvais cadrages sur un séjour à la Bourboule.
Bien qu’elle soit épuisée par le traumatisme et la morphine, il était évident qu’elle était offusquée par cette intrusion dans son intimité.
Pensa Edward, le vampire pogneur qui se cache dans les chambres de lycéennes la nuit venue.
Bon, en attendant, Bella a quand même quelques bobos, puisque le vampire n’y est pas allé de main morte (enfin techniquement, si, mais arrêtez maintenant). Des côtes pétées, une jambe cassée, elle a des bouts de miroir dans la margoulette, des coups… bref, elle ressemble à un premier ministre 38 minutes après sa nomination. Il faut donc l’emmener en urgence à l’hôpital. Ce qui pose problème :
L’arrivée à l’hôpital promettait d’être risquée. Nous étions à bord d’un SUV volé, relié à une Subaru elle aussi volée et responsable d’un carambolage ayant impliqué vingt- sept véhicules. L’entrée des urgences était surveillée par des dizaines de caméras.
Autre solution :
Appeler une ambulance, et justifier de l’état de Bella en expliquant que le connard qui a défoncé 27 véhicules (des victimes ? on s’en fout !) l’a percutée. Mais même Carlisle, médecin de son état, n’y pense pas. Heureusement, via diverses ruses affreusement compliquées impliquant de la divination, des manoeuvres ninjas et autres, nos héros parviennent à réussir l’impossible : faire rentrer une blessée dans un hôpital. L’histoire ne dit pas si elle patiente 8 heures aux urgences.
Par contre, elle dit ce que nos héros font pendant ce temps. Car il faut bien prévenir la famille de Bella ! À commencer par son sheriff de père ! Mais que lui dire ? « Salut, si ta fille a quitté l’état à toute vitesse avant de finir à l’hosto, c’est à cause d’une sombre histoire de vampire magiques, de pieds qui puent et de studio de zumba ». Impossible ! Heureusement, Edward a une idée toute trouvée : dire que cette grosse gourdasse de Bella était à l’hôtel, a glissé, s’est mangé tout un escalier, puis au bout de celui-ci, a traversé une baie vitrée avant de s’éclater au sol.
Vous me direz « Jamais un sheriff ne va gober ça ! En tout cas, il va vouloir en savoir plus ! ». Ah oui ? Eh bien voici la réponse de Papa Swan au téléphone :
— Vous êtes sûr que tout va bien ?
« Tout va bien », signifie donc « Ma fille vient d’avoir le destin d’un oligarque russe » dans le langage local.
Ou alors, tout ceci est écrit avec le postérieur, mais je n’ose y penser.
La maman de Bella, elle aussi avertie, fonce à l’hôpital sans poser la moindre question elle non plus. Et quand elle débarque dans la chambre et voit Bella dans un état tel que le Centre Pompidou a demandé à en faire l’acquisition, tout ce qu’elle remarque, c’est Edward près du lit. Et là…
C’est donc lui le petit ami ? Bigre, Bella n’a aucune chance.
Je n’ai pas compris cette phrase.
Pas à cause du « Bigre » volé à un épisode de Placid & Muzo (Numéro 1 des ventes en Arizona depuis 30 ans), mais parce que… Bella n’a aucune chance ? En voyant son petit ami ? Ça vaut dire qu’il est moche selon elle ? Ou qu’en voyant les gros muscles d’Edward, elle se dit « Seigneur, si ce bestiau tente l’accouplement, ce sera comme un husky sur un chihuahua » ? Ne me dites pas que j’exagère : j’essaie de comprendre. Ou alors elle se dit « Ma fille est vraiment trop moche pour ce mec », mais je crois que je préfère encore l’histoire avec le husky. Que voulez-vous : au fond, je suis un grand romantique.
Pour faire la conversation, Edward demande à Maman Swan si elle aimerait en savoir plus sur comment Bella a mangé le sol, un escalier, une vitre, puis re-le sol, tout ça dans un hôtel d’un état où elle n’avait rien à foutre ? La réponse de la génitrice est fabuleuse :
— Bella est tombée en bas d’un escalier, ça n’a rien d’inhabituel. La baie vitrée, c’était un coup de pas de chance.
J’étais stupéfait de la facilité avec laquelle ses parents acceptaient notre histoire.
Même Edward se dit « Ah ouais, elle est un peu con. »
Même Edward.
Bon après, il est vrai que le running gag de Bella qui se casse tout le temps la gueule est là, mais en faire un élément de l’intrigue ? Chapeau.
Et justement, peu après, Bella ouvre les yeux, et voit son vampire près d’elle.
— Je suis très amochée ?
— Une jambe et quatre côtes brisées, énumérai- je, quelques entailles sur le crâne, des bleus un peu partout, et tu as perdu beaucoup de sang. Ils t’ont fait des transfusions. Ça ne m’a guère plu. Pendant un moment, tu as senti bizarre.
Edward est un grand romantique.
« Tu es sauvée. Par contre, tu pues. »
Mais bon, il se rattrape en disant que oui, bon, écoute, je t’ai sauvé le cucu, et je serai toujours avec toi ma louloute.
— Tu es en train de t’engager pour toujours, je te signale, rigola- t- elle malgré la douleur.
Un toujours de mortel.
Comprendre « Je m’engage pour toujours, mais ton toujours, hein, genre 70-80 ans, comme ça une fois que tu seras claquée, je me trouverai une petite lycéenne fraîche ».
Quel romantique cet Edward. Je comprends pourquoi il ne voulait pas qu’elle devienne immortelle. Ça aurait cassé ses plans.
Enfin : sa douce finit par sortir de l’hôpital. Et il faut qu’elle retourne au lycée. Où, bizarrement, une élève qui revient d’un voyage mystérieux en fauteuil roulant, ça éveille la curiosité. Mais Edward sait y faire, voyez.
Quand je poussai sa chaise roulante en ce premier jour de lycée, il me suffit de croiser le regard de ceux qui affichaient un intérêt un peu trop marqué : petit étrécissement des paupières, rictus retroussant ma lèvre supérieure, et ils s’égaillaient comme une volée de moineaux.
La célèbre technique du « Teckel nerveux ». Edward fait « RRrrrrRRRr ! RrrrrrrRRRrrr ! » dès qu’on le regarde, et apparemment, dans ce lycée, ça marche. Eh bé.
Mais attendez, tout cela manque de romantisme ! Edward, vite ! Le bal de fin d’année approche ! C’est le moment de pécho, mon vieux (voire très vieux). Et le bougre s’exécute en allant chercher Bella pour l’y emmener, vêtu de son plus beau smoking (de lycéen, comprendre, un slip propre et un noeud pap’ à élastique).
— Tu m’emmènes au bal de fin d’année ? hurla- t- elle.
Elle n’avait vraiment rien soupçonné. Je fus désarçonné. À quoi d’autre aurions- nous pu assister, ainsi habillés, à Forks ? Et voici qu’elle avait les larmes aux yeux, et qu’elle accrochait la portière de la Volvo, comme si elle aurait préféré se jeter dehors plutôt qu’affronter une bringue de lycéens. En douce, je verrouillai la voiture. J’étais à court de mots. Il ne m’avait pas traversé l’esprit qu’il puisse y avoir un malentendu. Bref, je dis la chose sans doute la plus stupide qui soit, au vu des circonstances :
— Ne sois pas pénible, Bella.
Ah, Edward.
Bella ne veut pas, Bella pleure, Bella s’accroche à la portière pour partir… aussi Edward verrouille la voiture et lui dit « Ne sois pas pénible ».
C’est vrai, quoi ! Depuis quand ton opinion compte ? Et pourquoi pas le droit de vote, hein ?
Fais pas chier, Bella. Ferme ta gueule. Ne sois pas pénible, enfin ! Bref. Toute la famille d’Edward est au bal du lycée, puisque tout est bien qui finit bien.
Bella n’avait d’yeux plus que pour la piste de danse, où mes frères et sœurs frimaient à mort. Ils se défoulaient, j’imagine. Nous étions tellement sur la retenue, toujours. S’il nous était impossible de ne pas attirer l’attention– nos visages d’immortels y veillaient–, nous nous efforcions de ne pas ajouter de l’eau au moulin des curieux. Ce soir, pourtant, Rosalie, Emmett, Jasper et Alice y allaient de bon cœur, mêlant des dizaines de danses de toutes les époques possibles pour créer des mouvements intemporels. Il va de soi que leur grâce n’avait rien d’humain. Bella n’était pas la seule à les contempler. Quelques audacieux se trémoussaient également, tout en se tenant à l’écart du cirque vampirique.
« Bon les mecs, faut pas qu’on se fasse griller. Prudence. Retenue. Subtilité.
– D’accord.
– PUTAIN Y A LE BAL DU LYCEE, FAIS PÉTER LES MOUVEMENTS INHUMAINS ! »
C’est vrai que quitte à tout risquer, autant que ce soit pour un truc important, comme danser au bal du lycée.
Les vampires dansent, Edward trimballe Bella comme un jouet dénué de toute volonté… tout est bien qui finit bien, donc. D’ailleurs, Edward conclut l’ouvrage en s’adressant à Bella pour lui dire :
— Je resterai toujours avec toi, poursuivis- je.
Ouais.
Le fameux « toujours de mortel », donc ?
Jusqu’au bout : quel gros bâtard, cet Edward. Et…
… FIN.
Seigneur. Qu’est-ce que j’ai lu ? Plus jamais. Oh non, plus jamais. Enfin, au moins, on est tranquilles : ce sera difficile de faire plus nul. Comment ? Le dernier ouvrage à la mode aux Etats-Unis avec une romance fantasy a pour pitch « Une jeune femme, pour gagner son pain, décide d’aller branler des minotaures dans la ferme où ils produisent leur belle semence ? ». Que ? Attendez je vérifie… non, c’est vraiment ça.
Bon allez ça suffit : il est temps que je croque ma fausse dent saveur cyanure.
Publié le 17.10.2025 à 09:14
– Oui… oui, c’est lui ! Il n’y a aucun doute possible !
Le policier tend un mouchoir à la vieille dame bouleversée, puis se penche vers le micro. D’une voix froide, il ordonne à tous les suspects de sortir, sauf le numéro 3. De l’autre côté de la glace sans tain, l’annonce est accueillie par des soupirs de soulagement pour les uns, et par un tremblement incontrôlé pour l’autre. Deux agents entrent, épaules larges et sourcils bas, et s’emparent du larron fraîchement identifié pour le pousser sans ménagement vers la salle d’interrogatoire. Le malheureux proteste :
– Écoutez, je ne sais pas quel témoin m’a soi-disant identifié, mais je vous assure que c’est une erreur !
– C’est ça, à d’autres. On a une caméra qui a filmé ta camionnette avec la plaque bien lisible, juste au moment des faits. On voit la portière s’ouvrir et la victime monter.
– Mais enfin ! Vous ne pensez pas que je… que moi… enfin, j’adore les enfants, tout le monde le sait !
L’argument ne semble pas faire mouche, puisque c’est toujours sans ménagement qu’on menotte le malheureux à la table d’interrogatoire. L’un des policiers referme la porte avant de se saisir d’un annuaire qu’il soupèse avec une attention quasi-scientifique.
– Ouais, ouais, ben la prochaine fois, au lieu de te chercher des excuses, trouve plutôt des fringues. Parce qu’un pervers qui se promène en slibard, pardon si ça attire l’attention.
– Mais ? J’ai le droit ! Et puis, votre témoin m’a peut-être confondu avec un autre type en slip !
– Ah ouais ? Sauf qu’elle a bien précisé : « Il avait aussi deux immenses oreilles et une queue. »
Le suspect déglutit. Et le policer reprend.
– Tu es fait, Mickey.
L’énorme souris s’agite sur sa chaise, faisant aussi bien tinter les menottes que les boutons cuivrés de sa culotte.
– Je peux tout expliquer.
– Ben alors mets-toi à table. Et explique-nous : pourquoi tu embarques de petites licences innocentes pour leur faire ça ? T’étais déjà sous contrôle judiciaire après Star Wars, mais là… on a Tron dans l’autre pièce. On lui a demandé de nous montrer sur une poupée où tu l’avais touché. Il est remonté si loin dans son cul que c’est plus une poupée, c’est une putain de marionnette.
– Je suis désolé, c’est plus fort que moi, quand je vois une petite licence aguichante, là, je… je dois lui faire du sale. Je n’y peux rien. Je suis malade. Vous comprenez ?
Le policier hoche la tête.
– C’est vrai, tu as besoin d’un médecin. Et tu sais où on trouve plein de médecins ?
– Euh… non ?
– Dans l’annuaire.
Tels furent les derniers mots entendus par Mickey avant de se faire rabattre les oreilles à coups de bottin. Car, oui, il faut tout de même poser la question : quel est le problème de Disney ? Qu’est-ce que les licences leur ont fait pour qu’ils décident de leur faire autant de mal ? Pulsion ? Vengeance ? Diarrhée ? Un mélange des trois ?
Pour comprendre ce mystère, penchons-nous sur Tron : Arès. Un film avec Jared Leto, dont le nom n’est pas exactement synonyme de bonne idée.
Et donc… spoilons, mes bons !

L’affiche : C’est pas exaaactement des flammes, mais Jared Leto compte comme 3,5 explosions.
Notre film commence par une série de flashs télévisés nous expliquant que depuis des décennies, deux énormes compagnies spécialisées dans les nouvelles technologies se font la guerre : Dillinger Corp et ENCOM. Que nous pouvons résumer ainsi : Dillinger Corp est la société du méchant des précédents Tron, donc forcément, ils sont très vilains et prêts à tout pour l’argent, alors que ENCOM étant la société de feu Flynn, héros du premier film, forcément, c’est aussi une gigantesque multinationale mais… euh… gentille. Quand ils « oublient » de payer leurs impôts par exemple, ce n’est pas de la fraude mais de l’optimisation fiscale gentille.
Voilà. Maintenant, allons justement voir l’une de ces deux sociétés Dillinger… enfin, Méchants Corp, ce sera plus simple, et son grand patron, le jeune et ambitieux Jullian. Qui a convoqué tout son conseil d’administration dans un hangar pour leur montrer sa dernière création.
– Chers amis, vous connaissez les imprimantes 3D ? Eh bien, voici la prochaine étape ! Une imprimante de la taille d’un bâtiment, constituée de gros lasers générateurs de matière, et capable de créer, là, de suite, n’importe quoi pour peu que ce soit dans nos serveurs. J’vous fais une petite démonstration, comme ça, au débotté… disons, un véhicule blindé.
Evidemment, c’est une imprimante, donc au début ça dit « Mauvais driver » puis « Je veux pas imprimer parce que j’ai plus de jaune » alors que 1) si et 2) y en a pas besoin, mais après un ou deux coups de pied au cul, le bousin fonctionne, et de gros lasers rouges et méchants qui font « pioupioupiou » ont tôt fait de créer une espèce d’énorme voiture futuriste recouverte de néons.
– Et voilà mes amis ! Avec ça, il vous suffit de 5 minutes pour lever une armée et… oui ? Je vois une main levée ? Madame ?
– Alors c’est super et tout… mais pourquoi imprimer une merde couverte de néons rouges dégueulasses ? Vous pensez qu’on part à la guerre en voiture tuning ?
– Ah je… ah oui. Nan, je sais pas pourquoi j’ai fait ça. Ni pourquoi j’insiste pour coller des néons rouges immondes sur tout ce que j’imprime.
– En plus, elle est pas armée, votre bouse. Enfin, si : elle pique les yeux. Mais sinon pour une démonstration d’engin militaire…
– Bon, je vois que j’ai un public difficile ce soir. Mais attendez, je n’ai pas fini. Car je n’ai pas imprimé qu’un véhicule ! Voyez plutôt à bord !
Et la portière s’ouvre pour qu’en sorte un type masqué.
– Pourquoi a-t-il lui aussi une combinaison à néons moches qui…
– Raaaah, mais fermez vos gueules ! Je viens d’imprimer un ÊTRE VIVANT, bordel ! Et vous, vous gueulez sur sa tenue ? Ça veut dire qu’on peut imprimer des soldats ! Des putains de soldats ! Remplaçables à volonté ! Là par exemple, ce soldat, c’est Ares, le programme qui gère la sécurité de mes serveurs. Eh bien, une fois imprimé sous forme humaine, il peut aussi gérer la sécurité du site, ou meuler la gueule de quelqu’un qui voudrait encore parler de NÉONS ! BAISSEZ LA MAIN, LÀ-BAS !
– Nan mais c’est pas pour parler des néons, m’sieur Jullian.
– Ah, bon, alors allez-y, je vous écoute ?
– Pourquoi vous lui avez donné la gueule de Jared Leto ? Non parce que quitte à imprimer n’importe qui…
– FERMEZ. VOS. GUEULES.
Cependant, le curieux ne baisse pas la main.
– Allons, attendez, j’ai pas fini. Je disais : si vous pouvez imprimer des êtres vivants de n’importe quelle taille ou forme, vous pourriez m’imprimer Sydney Sweeney ?
– Oui, M’sieur Jullian, il a raison ! Et Hitomi Tanaka, par exemple, c’est possible ? Par un heureux hasard j’ai des… euh… photos dans mon téléphone, si ça peut aider.
– Pour ma part, j’aimerais voir, pour la science, si le robot peut imprimer Rocco Siffredi et…
Hmm ? Pardon ? Ah, non, ces dialogues ne sont pas dans le film en effet. Ce qui prouve que ce n’est pas crédible tant tout le monde sait que la première chose que les gens regardent quand une nouvelle technologie sort, c’est comment l’appliquer au marché du porno. Alors notre petit Jullian et ses histoires militaires, il est bien rigolo. Cependant, sa démonstration a épaté son conseil d’administration quand même (qui n’a posé aucune question, même pas sur les néons), et tout ce petit monde repart, laissant Jullian seul avec sa maman, dont il a hérité du siège à la tête de l’entreprise.
– Bravo mon fils. Tu as marqué des points.
– Je sais, maman.
– Tu as juste oublié de leur dire que la machine était instable… et que les créations ne duraient que 29 minutes. S’ils le découvrent…
– Je suis fichu, je sais. Je dois trouver le moyen de les stabiliser. Et je vais le faire.
– Bravo, mon fils. En attendant, tu sais, 29 minutes, c’est plus qu’il n’en faut pour bien des choses. Alors, je repose ma question : pour Rocco Siffredi, tu…
Mais Jullian n’en écoute pas plus et s’en retourne en courant à son bureau en chantant « Lalala je n’entends rien« . Mais, oui, il est bel et bien conscient de la faiblesse de sa machine : 29 minutes, c’est à peine la durée de vie d’un gouvernement français. Tout le monde va rigoler si ça se sait. Mais comme il l’évoquait, il a un plan pour corriger ça…
Et bondissons justement chez ses concurrents de ENCOM, ou Gentils SARL, pour là aussi être plus clair, dont la PDG n’est autre que la jeune et pétillante Kim, une femme qui a développé exaaactement la même technologie que son concurrent, mais avec des lasers bleutés (ils sont gentils, donc comme dans Star Wars, la couleur des lasers change), et elle compte bien s’en servir, non pas pour la guerre, mais pour produire des médicaments, de la nourriture, des arbres…
On est passés à deux doigts de « L’un veut produire des armes chimiques, l’autre des chatons » tant on est dans la caricature. Car non, à aucun moment, Méchants Corp ne s’est dit « Ah tiens au fait, si on pouvait produire n’importe quel truc, à l’infini, sans souci de ressources, on ne pourrait pas se faire des couilles en or avec ? On pourrait réfléchir à toutes les applications, non ?« . Non. Eux ils se sont dit « Gueeeeeerre ! ». Probablement avant de grimper sur les tables en se tapant le torse, pour mieux crier et se jeter leur caca au visage.
Mais donc, où se trouve Kim, notre héroïne ? Eh bien dans une tente perdue dans la pampa gelée, où elle travaille sur des ordinateurs pourris à la recherche du code capable de rendre permanent les objets créés, au lieu de les voir s’effondrer après 29mn. Près d’elle, son fidèle assistant, Bob, a moult questions.

Les héros. Je vous laisse deviner qui aura raison sur absolument 100% des sujets et fera mieux que tout le monde dans tous les domaines, et qui est rigolo et dit des bêtises.
– Kim ? Pourquoi on travaille au milieu de nulle part sur du matos pourri alors que tu es la PDG d’une corporation qui brasse des milliards ?
– Eh bien parce que vois-tu, cette tente, c’était celle de ma sœur décédée, et ce matériel, c’était le sien aussi. Et elle savait que le code se trouvait dans l’une de ces machines, caché par le légendaire Flynn lui-même ! Des reliques des années 80 ! Ma sœur les avait apportées ici pour les étudier en paix.
– Et donc, plutôt que de relier ça à des PCs modernes pour trouver le code en deux minutes, ta sœur a décidé de rechercher ligne de code par ligne de code sur de vieux crincrins qui bouffent des disquettes molles disparues depuis bien longtemps ? Et tu as décidé de suivre son exemple ?
– Exactement !
– Ah. Et juste au hasard, ce ne serait pas un prétexte pourri pour te représenter toi, l’héroïne, en femme du peuple qui travaille sous la tente sur du matériel daté, alors qu’en fait, t’as trois yachts et deux jets ?
– Rrrrooooooh je… alors ça… euh… pas du tout !
Caricature oblige, dans la tente (d’ailleurs, pourquoi une tente dans la pampa ? Il n’y avait pas plus pratique pour bosser en paix ?) se trouve aussi un gigantesque tableau avec des articles de journaux découpés et les légendaires fils rouges qui relient les punaises sur le thème « Où est Flynn ? Car il a disparu il y des années sans laisser de trace !« . Car là aussi, en 2025, les spécialistes des nouvelles technologies n’ont toujours pas trouvé mieux que les ciseaux, les punaises et de la ficelle rouge (avec du bleu, ça ne marche pas) sur un tableau pour garder au même endroit des informations.
Un jour, nous sortions de ce cliché. Oui, un jour. Mais visiblement, pas de suite.
Toujours est-il, que tiens, paf, Kim tombe pile poil sur la ligne de code qu’elle cherchait. En effet, alors que jusqu’ici, la machine utilisait la ligne :
if (temps_ecoule > 29mn) then { dans_mon_cul = true; }
Elle découvre qu’en remplaçant par « false », paf, ça roule. Bon eh bien voilà ! Kim a désormais le pouvoir de créer n’importe quoi de manière permanente, et le fait avec un petit laser portatif mignon (et pas un grand hangar austère, car encore une fois, elle est gentille). C’est ainsi qu’elle parvient à faire apparaître un arbre fruitier là, au milieu de nulle part ce qui est impressionnant, mais toujours moins qu’un Rocco. C’est donc la grosse teuf, et elle bondit dans son jet – oui, elle en avait bien un – pour rejoindre la civilisation.
Et ça tombe bien, car le même jour, Gentils Corp est là pour annoncer la sortie de son nouveau jeu vidéo attendu par des centaines de millions de fans : Space Paranoids ! La suite du jeu développé par Flynn. Alors, oui, comme son nom l’indique plus ou moins, c’est bien un simple Space Invaders merdique, mais allez savoir pourquoi, à l’heure de Baldur’s Gate 3 et de Battlefield 6, dans ce film, le monde entier a les jambes qui tremblent à l’idée d’appuyer sur deux boutons pour tirer sur des pixels dégueulasses tout droit sortis des années 80. Ah. Je suppose que les producteurs imaginent les joueurs comme ils imaginent les spectateurs de cinéma, ce qui explique la qualité du film.
Mais cette sortie mondiale, c’est sans compter sur le méchant Jullian, qui depuis son bureau, tapote sur son clavier lorsque sa maman arrive.
– Jullian, que fais-tu espèce de petit garnement ?
– Je tente de pirater les serveurs de Gentils Corp !
– Mais… pourquoi faire ?
– Alors déjà, parce que je suis méchant. Et ensuite parce que je soupçonne leur PDG Kim d’avoir trouvé le secret du « code permament » dont j’ai besoin pour que mes créations durent plus de 29 minutes ! Alors allons fouiller ça… et planter leurs serveurs le jour de la sortie de leur jeu vidéo ! Ahahaha !
– Pourquoi ?
– Eeh bien je… ai-je dit que j’étais méchant ?
Tu sais mon p’tit Jullian, des serveurs qui plantent le jour de la sortie d’un jeu, ça ne s’appelle pas du « piratage », mais une sortie classique en 2025. Toujours est-il qu’il parvient à faire son affaire (le piratage étant représenté par une bataille entre Ares, le programme de Méchants Corp, et ses petits camarades à néons rouges qui attaquent la jolie cité numérique bleutée de Gentils Corp, et on ne va pas se mentir, c’est sans intérêt). Et obtient l’information qu’il cherchait : Kim a bien trouvé le code de permanence, l’a sur elle, et vient juste d’arriver en ville. Des caméras l’aperçoivent même filant sur sa mobylette dans la nuit, en faisant pout pout pout.
Pour Jullian, la solution est toute trouvée.
– Préparez l’imprimante géante ! Nous allons voler ses secrets à Kim ! Et bientôt, le secret de la permanence sera mieeeen, mouhahahaha !
– Alors oui d’accord chef, mais qu’est-ce qu’on imprime ? Je vous rappelle que vous pouvez créer absolument n’importe quoi. Durant 29 minutes, mais n’importe quoi quand même.
– Vous allez m’imprimer deux soldats : Ares, évidemment, et un autre programme, Athéna, qui est plus ou moins la même chose, mais au féminin. Leur mission sera de poursuivre Kim et de voler ses secrets à tout prix.
– Bien chef.
– Et pour ce faire vous leur imprimerez deux énormes mobylettes. Bien évidemment couvertes de néons rouges dégueulasses pour que A) Kim nous repère à cent mètres B) Toute la ville puisse reconnaître le style unique de notre entreprise au moment où on agresse le PDG d’une multinationale.
– Mais ? C’est complètement con ! Et puis comment deux personnes à moto sont supposés en capturer une troisième ?
– Ah non mais je vais leur donner des armes, je ne suis pas complètement idiot non plus ! De quoi la menacer !
– Okay… donc j’imprime des pistol-
– Des frisbees. Donnez-leur des frisbees.
– Bon allez, j’arrête là : je démissionne.
– Roudoudou, revenez ici sur le champ !

Vous devez attaquer quelqu’un discrètement ? Voici le choix idéal selon les auteurs du film.
Et voilà comment Méchants Corp imprime donc deux motos immondes, deux pilotes, des frisbees, et les envoie tenter de capturer Kim. Ce qui donne lieu à une course-poursuite naze, où de temps à autres, les méchants laissent des trainées solides derrière eux (la signature de Tron) qui leur permettent de créer des murs. Alors vous me direz « Ah, ça va être pratique pour capturer quelqu’un : il suffit de créer des murs autour d’elle », mais sachez que non : à aucun moment, ils ne vont s’en servir ainsi. Et parce que c’est complètement débile, sachez qu’au bout d’un certain temps, Kim parvient à faire tomber Athéna de sa mobylette magique et à lui voler. On voit donc Kim paniquer un peu puisque bon, c’est quand même une mopette de l’espace imaginaire avec des boutons partout et rien qui ne ressemble à une moto normale maiiiiis… après avoir paniqué et eu du mal à rouler avec pendant 0,3s, elle devient instantanément plus forte aux commandes qu’Ares, qui est pourtant né pour piloter le bousin. Sacrée Mary-Sue !
Cependant, Kim ne s’en tire pas à si bon compte. Ares et elle finissent par se crasher ensemble, et à la surprise de notre héroïne, celui-ci ne tente pas de lui extirper son code en même temps que quelques molaires.
– Kim, ne panique pas. Je ne te veux pas de mal.
– Tu bluffes, Martoni ! D’ailleurs, le code de permanence est sur cette clé USB… que je brise et jette ! Kesstuvafaire ?
– Non mais vraiment, je ne te veux aucun mal. Quand mon créateur, Jullian, m’a demandé de pirater les serveurs de Gentils Corp, j’ai vu plein de vidéos de toi kromignonnes avec ta sœur. Ton histoire m’a touché, j’ai des sentiments, et maintenant, je veux être un vrai petit garçon. Pas un type qu’on envoie au casse-pipe toutes les 29 minutes à la demande.
– Alors, je serais bien tentée de te croire, mais comme j’ai failli mourir 15 fois durant la course-poursuite qu’on vient de boucler, j’y crois moyen à ton refus de me faire du mal.
– Non mais on va dire que les spectateurs ont oublié.
De toute manière, ils n’ont pas le temps de finir leur conversation, car Jullian, voyant que l’affaire traînait trop, a envoyé sur place un hélicoptère avec à son bord un de ses employés équipés du cybercanon. Alors, qu’est-ce que le « cybercanon », me demanderez-vous ? Eh bien, c’est une sorte de gros fusil, où quand tu tires, paf, ça transforme la personne touchée en données et ça la capture droit dans tes serveurs. Et l’employé tire sur Kim, qui se retrouve ainsi coincée entre 2Go d’images de Sonic enceinte. Ou enceint. Ne me demandez pas, je ne veux pas savoir.
Dans son quartier général, Jullian triomphe.
– Ah ! Et voilà, elle est à moi ! Elle a peut-être détruit la clé avec le code, mais si elle l’a vu une fois, il est dans sa mémoire ! Je n’ai plus qu’à la fouiller !
– Juste une question…
– Oui maman ?
– Tu viens de ravager la moitié de la ville avec tes mobylettes magiques qui laissent des trainées solides partout. Le tout en ayant imprimé des véhicules tellement distinctifs qu’il est limite écrit « MÉCHANTS CORP » partout sur eux. Et ensuite, tu as désintégré Kim, la PDG de ta multinationale concurrente… depuis un hélicoptère aux couleurs de notre société et qui est rentré directement ici. Le tout, sous les yeux de la police qui arrivait justement sur place à ce moment-là. Est-ce que tu ne penses pas que tu viens uuuuuuuuuuuuun peu de faire de la merde ?
– Non.
– Sinon, concernant mon Rocco imprimé en 3D, est-ce que maintenant on…
Passons.
Car non, la police ne fait aucun lien entre les motos de Méchants Corp, l’hélicoptère de Méchants Corp, le retour de celui-ci à Méchants Corp après avoir désintégré Kim, etc. Tout au plus, on voit juste sur une télé en fond un journaliste dire « Panique en ville : certains soupçonnent une implication de Méchants Corp« . Ah oui, la présomption d’innocence, chez vous, c’est du sérieux. Enfin, allons plutôt voir Kim, qui se réveille dans les serveurs de Méchants Corp, sous la forme d’un avatar à néons moches (mais pas rouges, elle est gentille), au milieu d’une ville numérique sombre et qui fait trop peur (vous ai-je dit qu’ils étaient méchants ?). Près d’elle se trouve Ares, qui après ses 29 minutes dans notre monde, est lui aussi revenu sur le serveur.
– Kim. Ne panique pas. Tu es vivante.
– Disons « consciente », parce qu’à l’heure actuelle, je suis plus Kim.exe que Kim PDG. Et qu’est-ce que c’est que ces posters de Sonic au mur ? Mais ?! Son ventre il…
– N’y prête pas attention. Je dois te prévenir, Kim : Jullian m’a donné l’ordre d’extraire les données du code de permanence de ta tête. Or, ça risque de te détruire entièrement.
– C’est embêtant. Mais sinon, si le mec peut désintégrer un être humain entier avec tout son esprit et ses données pour les capturer, il ne pouvait pas juste faire ça avec mon PC pour me voler mes secrets ?
– … alors disons que Jullian est… comment dire ? Hmmm… disons qu’il a à peu près le niveau d’un candidat de Love is Blind.
– Ah oui on part de loin quand même. Mais pourquoi me dis-tu tout cela ?
– Car j’ai décidé de lui désobéir, car vraiment, tes vidéos m’ont touché. Je suis un être conscient moi aussi et je veux vivre, pas être réduit en esclavage.
– Tu veux dire que Jullian t’as créé, nommé chef de sa sécurité virtuelle et réelle, puis imprimé dans le monde réel sans vérifier que, au hasard, tu ne prenais pas ce type de petites libertés ? Genre deux vidéos Youtube de moi caressant des chatons, et paf, t’as envie de tuer ton chef pour partir courir les champs avec moi ? Jullian n’a pas pensé à au moins te…
– Je te reparle de Love is Blind ?
Mais attendez, niveau stupidité, on est encore loin du compte ! Car évidemment, Ares refusant de tuer Kim pour lui voler ses secrets, Athéna, qui est elle un programme bien obéissant, réunit les autres programmes de sécurité du coin pour péter la gueule de son traître de chef. Ares prend donc Kim par la main et s’enfuit avec elle dans la ville numérique, en direction d’un gigantesque portail. Et c’est là que c’est incroyablement débile car Kim demande :
– C’est quoi ce portail ?
– Oh, ça ? C’est le portail entre notre monde et le monde réel. Si on le passe, on sera automatiquement imprimé dans le hangar de Méchants Corp.
– Attendez ? Jullian n’a pas sécurisé ça ? N’importe quelle IA peut sortir des serveurs et se faire imprimer sans autorisation n’importe quand ?
– Ah euh… ben oui.
Voilà voilà voilà. C’est un peu comme brancher une mitrailleuse sur une IA, mitrailleuse qui se trouve dans votre bureau, et dire à l’IA « Au fait, tu l’utilises quand tu veux et comme tu veux, hein, pas besoin de mon autorisation par exemple ! Fais-toi plais’, no limit bébé ! ».

« Putain Jullian, même un robot aspirateur on contrôle un minimum ce qu’il fait ! Alors ChatGPT qui a accès à des tanks ? T’es con ou quoi ? »
Evidemment, cette fuite donne lieu à une nouvelle course-poursuite dans la ville numérique où Athéna et ses sbires aux trousses de nos héros envoient moult drones laisser des traînées solides devant eux pour les gêner, tenter de les tuer et… un instant. Laissez-moi vous présenter la chose autrement : imaginez que vous deviez empêcher des gens de passer une porte. Et que votre seul super pouvoir soit de pouvoir créer des murs. Quelle est la PREMIERE chose que vous feriez ?
Voilà : murer la porte.
Eh bien pas Athéna : elle laisse le portail grand ouvert, et se contente de jeter des murs sur la gueule des gentils, façon projectiles ou petits obstacles. Ah, on n’est pas aidés, hein. Résultat : Kim et Ares atteignent le portail grand ouvert, le passent, et chez Méchants Corp, tout le monde est surpris quand soudain, leur imprimante géante s’active seule et commence à produire deux formes humanoïdes. Sous les yeux ébahis de Jullian, sa maman et tout le personnel, qui gueulent « Que se passe-t-il ? Arrêtez-ça ! » mais sachez qu’il n’y a pas de bouton pour arrêter la machine (c’est ballot) et que personne ne pense à couper le jus. Non, ils regardent en agitant les bras très fort, jusqu’à ce que Kim et Ares soient complètement imprimés.
C’est à ce stade que vous me direz : « Ah ! Donc maintenant que Kim a été imprimée, elle est instable ! Donc elle aussi a 29 minutes devant elle ! Retrouver le code de permanence est désormais aussi vital pour elle que pour Ares ! »
Eh bien… non.
Vous comprenez, ça aurait à la fois intensifié les enjeux et été un minimum cohérent. Deux choses que chez Disney, on déteste. On aperçoit donc deux horloges numériques au mur affichant le temps restant aux créations, l’une marquée « Ares » qui est bien sur 29 minutes, et l’autre, marquée « Kim » qui indique qu’elle a un temps infini. Et Jullian n’a même pas l’air surpris.
Ah. Donc si on imprime un être qui était déjà vivant à l’origine, pouf, c’est stable quand on l’imprime ? Plus de souci ? Et apparemment, vous le saviez puisque ça ne vous surprend pas ? Soit, mais dans ce cas mon p’tit Jullian, tu n’aurais pas pu te dire plus tôt « Ah au fait les mecs on a découvert la clé de l’immortalité : on vous numérise, et vous pouvez vous imprimer un corps quand vous voulez, qui dure autant de temps que vous voulez puisque de base ce corps a existé donc n’a pas la règle des 29 minutes, et s’il y a un souci, ben hop, vous revenez à votre serveur, exactement comme nos créations quand elles s’effondrent au bout du temps qui pour elles, est limité. »
Le mec a donc, depuis le début, toute la technologie pour l’immortalité, complète et sans problème.
Mais à la place, il veut imprimer des SOLEX TUNING. GNNNNNUUUUUU.
De toute façon, le film continue à vous tartiner le visage à l’aide de l’étron qui a servi à écrire le scénario, puisqu’à peine imprimé, Ares et Kim s’en vont sans que personne ne les retienne. Car oui, Méchants Corp est une société spécialisée dans l’armement et les hautes technologies, et dans leur hangar le plus important, celui de l’imprimante, il n’y a même pas UN agent de sécurité, ni le moindre garde où que ce soit. Les deux compères peuvent ainsi s’en aller sans souci, prendre une camionnette pourrie (il y en a toujours une à disposition), et filer vers le QG de Gentils Corp, où Kim pense pouvoir aider Arès.
J’ai demandé à Diego d’aller passer les stagiaires à l’eau froide pour passer mes nerfs. Je l’aurais bien fait moi-même, mais contrairement à Méchants Corps, moi, j’ai du personnel pour mes basses besognes. Que disais-je ? Ah oui : la fuite en camionnette pourrie.
Evidemment, les plus audacieux d’entre voux penseront « Aha ! Qui dit véhicule dit course-poursuite ! Jullian va lancer quelqu’un à leurs trousses ! »
Et ils auront à la fois raison et tort. Raison, car Jullian imprime bien Athéna pour partir poursuivre les gentils sur le champ, lui imprimant même un jetpack (couvert de néons moches, évidemment), mais tort… car alors qu’on la voit voler à 300km/h, elle n’arrive pas à rattraper une camionnette daubée.. Voilà voilà voilà. Oui, le film se fout de votre gueule. Oh, vous ai-je parlé de la nuit qui tombe entre deux plans alors qu’il faisait grand jour ? Et que ça complique un peu cette histoire de « Il n’a pas pu se passer plus de 29 minutes sinon Ares et Athéna se seraient désintégrés » ? Voilà. Ah non mais vraiment, absolument tout est à chier. Et rien ne nous sera épargné.
Nos héros parviennent donc à gagner les bureaux de Gentils Corp, où il se trouve qu’on a conservé plus ou moins intact le bureau du légendaire Flynn. Et Kim y emmène Ares en lui expliquant la situation :
– Le code de permanence… il était sur la clé USB détruite. Et il est peut-être dans ma tête, mais là, de suite, c’est compliqué de le retaper. Mais sache que ce code venait de ma sœur, qui elle-même l’avait trouvé dans les ordinateurs de Flynn. Il doit donc aussi être ici. Là-dedans. Dans une de ces vieilles machines. Je vais donc utiliser un cybercanon de ma société pour t’envoyer dans le PC de Flynn chercher ce fichier facilement.
– Alors oui mais j’ai une question.
– Oui ?
– Si depuis le début, tu avais le PC de Flynn dans tes locaux, que tu savais que le code était dedans, et que tu avais même un cybercanon pour aller en personne fouiller tout ça en deux-deux… pourquoi tu passais le début du film sous une tente à Perpette-les-glaouis à fouiller à la main des merdes sous Windows 2 ?
– … CYYYYYYYYYYBEEEEEEEEEEERCANOOOOOOOOOON !
Et Ares est désintégré et envoyé dans l’ordinateur avant d’avoir sa réponse.
Athéna arrive plus ou moins à ce moment-là, mais comme elle passe son temps à tournoyer, menacer, raconter sa vie avec tous les détails, elle se désintègre piiiile quand elle allait utiliser son propre cybercanon pour capturer Kim. Histoire de souligner à quel point ça n’a aucun sens, le film nous montre parfois le point de vue d’Athéna, où l’on voit qu’elle a un compteur en permanence devant les yeux qui lui dit combien de temps il lui reste avant de se désintégrer. Et donc, alors qu’il ne lui reste que 3 secondes, elle préfère quand même causer et prendre des poses plutôt que d’appuyer sur la détente et d’en finir avec Kim.
Je pense que lui faire dire à voix haute « Je fais tout pour que tu gagnes parce que sinon, on n’a pas de raison de perdre » eut été plus honnête que ça.

Au fait : le film a « le syndrôme du masque ». À savoir qu’au début, toutes les IA portent un casque comme celui-ci. Mais sitôt qu’on voit leur visage une fois, pouf, elles ne le portent plus jamais.
Toujours est-il qu’une fois désintégrée et retournée dans les serveurs de Méchants Corp, Athéna en a plein le roudoudou. Elle décide de repasser le portail qui mène à l’imprimante géante elle-même, s’imprime sous les yeux médusés de Jullian et sa maman, et lorsque ladite maman se met sur son chemin, elle la tue. Jullian lui dit bien que c’est vilain, mais Athéna lui rétorque :
– Tu m’as donné l’ordre de capturer Kim par tous les moyens, qu’importe les obstacles. Elle était un obstacle.
Et Jullian de jurer que « Ah, zut crotte de bique, tout est ma faute ! » sans penser un seul instant que ah mais merde attends, comme c’est lui qui donne les ordres… il peut aussi lui dire d’arrêter. Mais non, ça non plus, il n’y pense pas. Oui, on en est là, et c’est très, très dur à regarder, pire encore à écouter.
Mais revenons à Athéna, qui décide de reprendre sa mission. Et pour ce faire, s’imprime une petite armée de programmes pour retourner en ville péter la gueule de Kim. Et pour cela, elle va avoir besoin d’un véhicule… alors, hélicoptère pour arriver en vitesse ? Autre jetpack ? Un avion dont elle sautera ?
Non : elle imprime… une version géante d’un véhicule de Space Paranoïds, qui je le rappelle, est une sorte de Space Invaders, sauf qu’au lieu de petits aliens qui tombent du haut de l’écran, ce sont des pinces. Donc voilà : elle s’imprime une pince volante de 30 mètres de haut, et qui vole à la vitesse d’un sénateur asthmatique (c’est pas spécialement aérodynamique). Pour autant, et alors qu’elle n’arrivait pas à rattraper une camionnette avec un jetpack, là, elle revient en ville en deux minutes sans souci, et sa pince géante qui flotte dans les rues terrorise la population qui fuit en hurlant « Dieu que c’est moche ! ».
Alors certes, les autorités finissent par réagir, et un avion de chasse américain finit par endommager le bousin. Qui s’écrase en causant encore plus de dégâts, mais sans tuer Athéna, qui reprend sa traque. Mais alors, qu’est-ce qui va l’arrêter ? Alors que Kim elle-même fuit dans les rues de la ville sans guère d’espoir de lui échapper, alors que l’armée d’Athéna sème le chaos en ville ?
Eh bien revenons à Ares qui est donc dans l’ordinateur de Flynn. Pour une séquence intitulée « On fait du fan service pour les fans de Tron histoire de justifier le titre. »
En effet, dans un univers graphique reprenant les éléments des années 80 du premier Tron, Ares tombe sur Flynn.
– Ben ? Vous n’êtes pas mort vous ?
– Non, je me suis numérisé ici. Dans ce PC avec 2Mo de Ram. Mon esprit est tellement puissant qu’il occupe au moins, pfou, 7Mo d’espace. Et toi, tu es… ?
– Ares, création de Méchants Corp. Je viens ici pour trouver le code de permanence.
– Hmmm… et pourquoi je donnerais le code super secret de permanence à un programme créé par mon pire ennemi ?
– J’aime Depeche Mode.
– AH BEN D’ACCORD ALORS.
Je ne plaisante pas : c’est exactement ce qu’il se passe. À aucun moment Flynn ne se dit « Ce programme essaie de m’amadouer », non : il aime Depeche Mode ? C’est donc qu’il a des sentiments, donc il faut lui donner de quoi devenir un vrai petit garçon !
Et pouf pouf, Flynn lui donne le code, un moyen de revenir dans le monde réel de manière permanente désormais, et hop ! Le voilà de retour en ville, avec une tenue toujours immonde, mais désormais avec des néons blancs puisqu’il est libre et gentil. S’ensuit une bagarre où Ares savate Athéna, et où les gentils font crasher les serveurs de Méchant Corp afin qu’Athéna ne puisse pas revenir, et que toute son armée qui ravageait la ville s’effondre instantanément (comme dans 99% des films depuis une décennie).
C’est donc la victoire, Méchants Corp est vaincu, Gentils SARL utilise le code pour produire des arbres, des médicaments, mais toujours pas de porno, Ares profite d’être vivant pour aller visiter le vaste monde, quant à Jullian, lui, voyant la police arriver, il se numérise avec un cybercanon afin de se cacher dans ses propres serveurs en partie détruits, et d’où il préparera sa vengeaaaaance !
Probablement avec des néons rouges immonde. Et…
… FIN !
D’une certaine manière, ce film a de bons côtés : en comparaison, le tuning de Twingo n’est pas si moche. Et pas si con.

Je vous mets quand même une image du monde virtuel moche de chez Méchants Corp, avec au fond, la lumière indiquant où est l’immense portail ouvert en permanence vers le monde réel, ainsi que les fameuses trainées solides dont personne ne pense jamais à se servir pour… faire un mur ?
Bien. Maintenant, je vous rappelle le pitch du film :
Dans le futur, une société a découvert le secret de l’immortalité, mais décide de ne pas s’en servir. Une autre a dans un de ses ordinateurs le secrets pour créer n’importe quoi à l’infini et de manière permanente, et la technologie pour retrouver ce fichier en 0,3 secondes. Mais en lieu et place, la première société décide de produire des véhicules tunings qui ne durent que 29 minutes, et la seconde de chercher le secret en tapant toutes les lignes de commande possible sur un vieil Amstrad sous une tente pendant des plombes. Une lutte commence pour savoir qui sera le plus neuneu, avec entre les deux, des IA qui peuvent s’imprimer des corps et armes à volonté pour faire n’importe quoi parce que quelqu’un a oublié de leur dire « Non ».
Budget : 180 millions de dollars.
C’est déjà inexplicable, mais quand je lis Le Figaro écrire :
Le film dépasse les attentes en fusionnant le meilleur des deux premiers films, avec des effets spéciaux bluffants et une intrigue fascinante.
Arrêtez le monde, je veux descendre.
Publié le 02.10.2025 à 09:18
« La magie, ça n’existe pas ».
Ainsi parlèrent bien des sages, jusqu’à ce qu’au début du XXème siècle, un spahi vienne emmerder tout le monde avec des histoires de veste magique qui rendait invincible. Le pire, c’est que lui n’avait rien demandé. Parlons donc de la légende de « l’homme rouge », aussi appelé Henri de Bournazel, un type qui ferait passer la cape d’invisibilité d’Harry Potter pour une blague.
Bon visionnage.
Publié le 18.09.2025 à 13:42
Peuple !
Votre serviteur étant en vadrouille, comme cela lui arrive parfois (il aurait même une vie, disent les mauvaises langues), faisons cette semaine le point sur la tournée qui s’en vient. En effet, nombre de galopins n’allant pas forcément sur les réseaux sociaux, ce qui est tout à leur honneur, ils ne sont pas au courant du moment où ils peuvent venir se jeter sur mon chemin pour que je leur touche les écrouelles (et juste les écrouelles, tas de petits cochons).
Aussi, faisons un point général : mais où diable venir causer de vive voix de cinéma pourri et d’anecdotes historiques honteuses, voire de notre mépris commun pour notre prochain ? Eh bien hop, en route.
Pour commencer, ces 20 et 21 septembre 2025, ce sera le Salon du livre de l’armée de Terre à Paris.
Alors oui, l’Odieux Connard à un salon du livre de l’armée de Terre, ça fait toujours bizarre, mais que voulez-vous, j’aime faire le malin. Vous pourrez donc y retrouver votre pas très humble serviteur en compagnie de Prieur & Malgras, dessinateurs du Petit Théâtre – Guerre Napoléoniennes en BD, de 14h à 18h, aux Invalides. Comme ça vous aurez non pas une, mais trois dédicaces. Mais oui, on est comme ça.
Ensuite, il s’agira d’aller dans le Nord lointain, au festival des Livres d’en haut de Lille, les 3, 4 et 5 octobre 2025.
EDIT : En fait, non ! Il y a eu erreur quelque part, Diego a été châtié (je ne sais pas si c’est sa faute, mais dans le doute, bon).
Pour les habitués du festival de Saint-Malo : je n’en serai pas cette année !
Mais j’envoie Prieur & Malgras travailler à ma place.
Si vous êtes du côté de Cherbourg, je serai aux Voyageurs Immobiles, du 31 octobre au 2 novembre.
Ça se passe au centre culturel Le Qasar, et là encore, armé de mes tampons, d’un stylo, et probablement de brandy, je tiendrai bon aussi longtemps que possible face aux malotrus qui me demandent « Mais, où est Diego ? » comme si ce valet était plus intéressant que moi. Scandaleux.
Pour la plèbe de Brive, je serai présent à la Foire du Livre, du 7 au 9 novembre.
Je crois qu’il est inutile que je précise où ça se tiendra : suivez les gens bourrés, ce sont probablement des auteurs. Ils vous guideront jusqu’à destination, s’ils ne s’effondrent pas avant dans un caniveau. Pour ceux qui auront trouvé, on parle même d’une intervention sur scène de votre serviteur ci-présent, en compagnie de monsieur le chouin, qui dessinera en même temps. Vous pourrez ainsi lui jeter des canettes de coca light vides afin de lui rappeler que sa place est dans une cave à bosser sur le prochain album, bordel.
Pour les aventuriers de la région parisienne, les 15 et 16 novembre au salon du livre d’Asnières-sur-Seine, je devrais rôder entre 14h et 18h.
Et ça tombe bien, puisque c’est à cette période que vous devriez trouver en librairie le tome 2 du Petit Théâtre – Guerre Napoléoniennes. J’irai donc naturellement sur place avec Prieur & Malgras, afin de dédicacer tout cela, et bien plus encore. Mais on reparlera de cette sortie plus tard, parce que vous le savez : j’aime le pognon, alors faire mon autopromotion est une seconde nature.
Et parce que prendre des weekends, c’est pour les faibles ou les gens ayant des activités sociales (ce qui implique d’aimer son prochain), je serai la semaine suivante, à Toulon, à la Fête du livre du Var, du 21 au 23 novembre.
La légende raconte même qu’on pourrait me retrouver dès le 20 au soir en pleine conférence au Musée de la Marine. J’emmène aussi monsieur le chien dans mes bagages, afin de l’introduire auprès des marins locaux. Avec un peu de chance, l’un d’entre eux voudra bien me l’acheter et le revendra quelques mois plus tard sur un marché exotique du Vietnam, lors d’une escale. Ou bien il le perdra aux cartes. Mais tant qu’il m’en débarasse, ça ira.
Et ce n’est pas fini mais… pour aujourd’hui, on va s’en arrêter là.
Et je reviens bien évidemment bientôt avec des choses plus légères, comme par exemple, des aventures impliquant des scénaristes, une pelle et le caporal Roudoudou.
Hop.
Publié le 06.09.2025 à 09:07
L’éducation est un sport de combat
Ah, la rentrée !
Voilà l’un des moments qui rythment notre année, avec ses éternels marronniers, comme « Mais combien coûte le cartable ? » « Combien pèse-t-il ? » ou encore « Résiste-t-il aux balles ?« . C’est à cette occasion que des milliers d’enseignants vont aller rencontrer les trous du… les sales peti… les sympathiques bambins qu’ils vont devoir former afin de devenir des citoyens indépendants, responsables, et qui sauront peut-être, qui sait, compter jusqu’à huit !
À cette occasion, et après les premiers jours, nombre de nouveaux professeurs sont probablement déjà traumatisés. C’est donc à cet humble site de se plier à son marronnier, et de rappeler quelques conseils utiles pour permettre à ces malheureux de tenir un peu plus longtemps.
Bonne chance dans ce Verdun éducatif. En attendant, voici (vous pouvez cliquer pour agrandir).
Publié le 22.08.2025 à 09:43
Dans la vie, parfois, on n’a pas de bol.
C’est le cas Wenman Wykeham-Musgrave, un jeune homme qui est à la fois porteur d’un nom improbable, anglais, et qui en plus, a une poisse du tonnerre. En effet, âgé de seulement 15 ans, ce petit fripon a réussi l’exploit de faire naufrage trois fois le même jour. À noter que des Allemands l’ont un peu aidé, mais c’est parce qu’ils sont comme ça : serviables.
Voici donc un nouvel épisode du Petit Théâtre des Opérations, hop.
Bon visionnage.
Publié le 08.08.2025 à 14:39
Le nom de Superman est, dans les comics, un symbole d’espoir.
Dans la vie de tous les jours, c’est plutôt un nom que vous susurrez à l’oreille de geeks pour les voir se mettre à trembler. Ils changent alors de couleur, arrachent leurs t-shirts Évangélion et exhibant fièrement leurs tatouages écrits en elfique, se mettent sur la gueule. Vous les entendrez alors vociférer sur Zack Snyder, l’édition ultra-longue-director’s cut de tel film incluant l’homme au slip rouge, la compareront à la dernière réalisation de James Gunn, et tout cela pendant que d’autres agiteront les comics parce que « C’est pas fidèle au livre, mécréants !« .
De manière générale, c’est le moment où vous réaliserez que vous n’en avez cordialement rien à foutre, puisque bon, Superman, c’est quand même l’histoire d’un boy scout volant qui a tous les superpouvoirs ou presque, et règle tous les problèmes à coups de super patates dans la bouche ou de lasers magiques. J’entends d’ici des voix s’élever en grognant pour me dire que pas du tout mais permettez-moi de vous inviter à aller vous chamailler avec les autres, là-bas. Très joli tatouage elfique d’ailleurs, si je puis me permettre.
Car pour notre part, il n’y aura nulle comparaison. Ici, mes bons, nous allons simplement passer en revue le dernier Superman, de James Gunn.
Alors, quelqu’un va-t-il enfin réussir à écrire une histoire qui ne soit pas complètement débile ?
Ni une, ni deux : spoilons, mes bons !

L’affiche : deux films de suite sans explosions ni débris ? Il se passe quelque chose d’étrange par ici.
Notre chef-d’œuvre commence dans l’Arctique, alors qu’un petit texte à l’écran nous propose un peu de contexte. Ainsi, cela fait 30 ans que la Terre a connaissance des « métahumains », ces gens avec des pouvoirs plus ou moins scandaleux (comme celui de donner la Légion d’honneur à n’importe qui). Et depuis quelques années, l’un d’eux s’est fait connaître comme étant le plus puissant de tous : Superman. Qui se sert de sa force pour empêcher des braquages, stopper des voleurs de sac à main, mais en chie toujours comme un âne pour comprendre ce que c’est que cette histoire de « fraude fiscale » (apparemment, ça ne se résout pas avec des yeux lasers). Ah, si, dernièrement, il a empêché un conflit entre le Communistan et le Pauvristan. Non, ce n’est pas pareil, bande de mauvaises langues.
Seulement, ça a eu des conséquences. Ainsi, alors que Superman se promenait tranquillement dans Métropolis, un métahumain du Communistan est venu le trouver et lui expliquer sa façon de penser à coups de poings. Et pour la première fois… Superman a perdu. Et voilà comment notre super-homme s’écrase, comme une bouse, au milieu de l’Arctique.
– Aïe, constate-t-il finement.
Et il a raison, puisqu’il a en effet tellement bobo qu’il est incapable de se mouvoir. Mais alors, que faire, lorsque l’on est seul et amoché au pays des glaces ? Si n’importe quel Russe bourré pourrait proposer 712 réponses différentes, Superman a lui une option plus étonnante : il siffle. Et devinez qui ça attire ?
Superkiki.
Laissez-moi vous parler de Superkiki. Car ainsi, un jour qu’un auteur de comics était probablement lui aussi bien bourré, il a décidé d’ajouter à Superman… un chien. Avec les mêmes pouvoirs et la même cape (non, pas le même slip, sinon il pourrait moins s’en prendre aux lampadaires), sauf que hop, c’est un chien. Un concept ridicule, mais quelqu’un a eu l’idée de l’ajouter dans le film. Et voici donc Superkiki, le petit chien avec une cape à la con, qui fonce au milieu des glaces.
– Superkiki… tu dois m’aider… je suis blessé…
Après s’être vertement branlé contre la jambe de Superman (ça reste un chien), Superkiki traîne donc notre héros jusqu’à une forteresse de glace cachée. La fameuse Forteresse de Solitude, où Superman cache tous ses secrets, comme des restes de la navette avec laquelle il est arrivé sur Terre, l’ordinateur qui contient le dernier message de ses parents, ses slips de rechange, et toute une armée de robots à son service qui s’empressent de lui faire prendre un bon bain de soleil concentré, car comme chacun sait, Superman tire son énergie du soleil. Et ainsi, hop hop, le revoilà chaud patate pour retourner se battre. Avant de partir, il écoute une dernière fois le message de ses parents pour se donner du courage.
– Tu es notre fils, notre espoir et le réceptacle de notre amour. Nous t’envoyons à l’abri, sur Terre, où tu pourras faire le bien… scrouiscrouiscroui.
Alors, le père de notre héros ne dit pas texto « scrouiscrouiscroui« , c’est simplement que le message est endommagé, il n’y a donc que la première partie. Mais c’est bien suffisant pour que Superman se sente investi d’une mission sacrée d’aider les humains à ne pas se taper, voler, jeter leurs cigarettes par la fenêtre ou mettent leur clignotant sur les ronds-points, bordel, et reparte à fond les ballons direction Métropolis pour casser la gueule de Super-Communiste. Seulement, pas de chance pour lui… il re-perd. Et finit au sol, pendant que Super-Communiste délivre son message :
– CAPITALISME… KAKA.
Une réflexion si profonde qu’on la croirait sortie de Twitch, et c’est sur ces quelques mots que Super-Communiste s’enfuit. Certes, mais où ? Eh bien… dans un camp super secret. Un camp super secret situé JUSTE à côté de Métropolis, en vue des tours de la ville, et avec d’énormes drapeaux qui claquent au vent « LUTHORCORP ».
Que ? Mais ?! MAIS ENFIN ?!
Voilà, le film pourrait s’arrêter là, n’importe quel habitant de la ville pouvant voir par sa fenêtre que « Hééé, attendez, en fait, Super-Communiste, c’est visiblement un employé de Luthorcorp ! ». Oui, je suis sérieux. Son camp secret a bien des drapeaux à son nom qui claquent au vent, en vue de la ville. Mais qu’importe, et suivons Super-Communiste qui, sur place, retire son costume et s’avère… en avoir un autre en-dessous. Celui d’Ultraman, un métahumain masqué au service de Luthorcorp. Et le brave Ultraman va rejoindre son patron directement dans son bureau grâce à un petit téléporteur qui se trouve dans le camp. Le diabolique Lex Luthor , propriétaire de la firme éponyme, l’accueille à bras ouverts.
– Tu as bien travaillé, Ultraman ! Grâce à la grosse peignée que tu as mis à Superman, il a été forcé de faire étape dans sa Forteresse de Solitude. Et nous en avons profité pour la localiser ! J’ai envoyé sur place Nanonana, la nana métahumaine pleine de nanomachines à mon service, pour vérifier. Et c’est bon, c’est bien là. Regarde, j’ai fait une jolie croix sur ma carte. Je pense que ça pourra nous servir. Hohoho… HOHOHOHOHO !
Et après avoir éclaté d’un rire diabolique et lourdement souligné l’importance de cette information, Lex Luthor laisse le film reprendre son cours.
Ainsi, après avoir pris sa fessée, Superman s’est tout de même bien remis, merci pour lui (il a de la crème pour cucu botté). Il a donc repris son déguisement civil de Clark Kent, journaliste au Daily Planet, où il est en couple depuis quelques mois avec une autre journaliste, Loïs Lane. Et tout le monde discute des dernières aventures de Superman contre Super-Communiste.
– Vous avez vu ? Le Communistan dit que Super-Communiste, c’est pas eux ! lance un journaliste.
– N’empêche qu’il a bien mis sa rouste à Superman, ajoute un autre.
– HÉHO ! ÇA VA ALLER OUI ? intervient peu subtilement Clark Kent. Superman s’est bien battu ! J’en sais quelque chose car je suis…
– Vous avez entendu ? La bataille a fait pour 27 millions de dégâts matériels, j’espère que Superman a un super-portefeuille. Clark, pardon, tu allais dire quelque chose ?
– Je… ahem, non, rien.
Mais pendant qu’il sifflote, ailleurs, Lex Luthor n’est pas resté inactif. Car il a obtenu une réunion au Pentagone pour discuter avec les généraux américains.
– Messieurs, Luthorcorp peut vous proposer ses services. J’ai formé une armée d’experts capables de maîtriser des métahumains. Mes deux meilleurs éléments étant bien sûr Nanonana et Ultraman. Et je vous propose leurs services. Par exemple… POUR STOPPER SUPERMAN !
– Mais ? Mais enfin, pourquoi voudrions nous cela ? C’est comme un policier, mais plus efficace et qu’en plus, on ne paie pas.
– Oui mais euh… il… euh… il est HORS DE CONTRÔLE ! Il agit à son bon vouloir !
– Vous voulez dire, un peu comme des métahumains qui obéiraient à une compagnie privée, disons, Luthorcorp ? Sauf que Superman est tout seul et lui au moins ne vend pas son cul au plus offrant ?
– Ah merde oui, j’avoue que mes arguments sont un peu nazes vu ma situation.
– Accessoirement, en tant que multimilliardaire, logiquement, quand vous voyez un superflic qui arrête les braqueurs de la banque où vous planquez vos milliards, vous devez plutôt être de son côté que de dépenser des fortunes pour l’empêcher de faire ça.
– Je… euh… ah merde. Attendez, le script… pourquoi un multimilliardaire voudrait se ruiner en complots pour emmerder Superman… ah, voilà !
Lex Luthor s’éclaircit la voix.

Lex Luthor en a assez de ces gens qui ont trop de pouvoir et ne sont contrôlés par aucun gouvernement ! Comme les multimilliardai… ah merde. Que fait cette balle dans son pied ?
– Il a empêché une guerre entre le Communistan et le Pauvristan ! Il se permet de s’occuper de questions internationales qui lui échappent !
– Et votre société vendant des armes, j’imagine que ça vous arrangerait que Superman arrête de maintenir la paix, hmmm ?
C’est vraiment le propos. On voit bien que c’est un film : dans quel univers le Pentagone trouve-t-il que vendre des armes, c’est mal ? Mais passons, car on voit donc l’intérêt de Lex Luthor.
– Bon, écoutez m’sieur Luthor, voilà ce qu’on vous propose. Vous nous trouvez UNE bonne raison qu’il faut arrêter Superman, et on vous soutiendra sur le sujet.
– Super, bande de blair… je veux dire, très bien !
Et Lex Luthor sait exactement où fouiner : maintenant qu’il a localisé la Forteresse de Solitude de Superman, il n’a plus qu’à s’y rendre. Et sur place, Ultraman défonce tous les robots sur son chemin, pendant que Nanonana neutralise Superkiki (en matérialisant une nanopantoufle un peu allumeuse), avant de pirater l’ordinateur de Superman. Et non seulement elle parvient à y trouver le message de ses parents… mais même à réparer la partie manquante ! Lex Luthor est curieux.
– Super ! Alors, qu’est-ce que ça dit ?
– C’est-à-dire qu’ils parlent dans une langue extraterrestre. Donc pour moi ils disent juste « Wagou wagou lolilol ».
– Bon, on va dire que nos linguistes qui n’ont jamais entendu un seul mot de cette langue peuvent tout décoder en 0,3s.
– Oui, un peu comme moi qui pirate un ordinateur alien et parvient à réparer des données dont j’ignore tout ! Il devait être compatible Windows, un peu comme dans Independance Day.
Quand on cite Independance Day, en général, c’est que ça va mal.
Mais au fait, que fait Superman pendant ce temps ? Eh bien ma foi, il est bien occupé. D’abord, parce que Loïs Lane a décidé, pour s’amuser, de l’interviewer en privé entre deux bisous. Sauf que telle une journaliste moderne, ses questions sont consternantes du genre « QUE PENSEZ-VOUS DE CES MESSAGES SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX ?« . Ah, oui, faire des interviews où on demande ce que l’on pense du tweet de @JeanBatdu12 « Superman = caca », le journalisme contemporain est en effet plutôt bien représenté dans ce film. Superman lui-même en a un peu marre, et ça tombe bien, car au même moment, un monstre géant attaque la ville. Monstre géant sorti tout droit des laboratoires de Luthorcorp, justement pour occuper Superman pendant qu’on fouille sa Forteresse de Solitude.
Vous me direz « Mais attendez, Lex Luthor n’a pas peur de se griller ? Les autorités doivent quand même vaguement enquêter sur les menaces géantes qui ravagent leurs villes, non ? Et puis comment Lex sait-il que le monstre ne va pas lui ratiboiser ses propriétés ? »
Eeeeeeh bien… oh, regardez ! Derrière vous, un singe à trois têtes !
Voilà. Maintenant que vous avez perdu le fil de vos pensées, passons à la bagarre contre le monstre géant. Qui d’ailleurs, est parsemée de scènes où Superman va sauver quelqu’un avant qu’il ne se fasse écraser (une personne ou même un chien ou un écureuil, si, si). Et c’est là qu’il me faut souligner un truc fabuleux : durant tout le film, quand la ville est parcourue d’explosions dues à Super-Communiste ou autre monstre géant… les gens s’en cognent. Ah non, vraiment. Par exemple, on voit les gens regarder tout ça depuis leurs bureaux sans bouger. Dans les rues, des vendeurs continuent de servir des putains de hot-dogs (c’est vital !) à dix mètres des pieds du monstre. Et, oui, les gens font la queue pour acheter. Même la télévision locale fait ses titres sur des sujets qui n’ont rien à voir ! Oui, bon, un monstre géant attaque la ville. Mais saviez-vous combien coûtait la rentrée cette année ?
Vraiment.
Ça n’a donc aucun sens, et en tout cas sachez que la même scène se répète en boucle, à savoir :
– Des gens qui n’avaient rien à foutre là (par exemple, ils continuaient leur réunion en pleine attaque) sont soudain en danger
– Tous parviennent à s’enfuir sauf Jeannine/Roger/Rex le chien
– Superman n’a qu’une seule personne à sauver
Oui, même si un immeuble entier s’effondre, sachez-le, il n’y aura jamais plus d’UNE personne en danger à la fois. C’est vraiment pourr… pratique.
En tous les cas, Superman voit soudain arriver à sa rescousse trois autres justiciers : Mr Terrific, un crack des technologies avec une armée de drones, Green Lantern, et la Fauconne. Ensemble, ils savatent lourdement le monstre, même si Superman est triste car ils ont tué le bestiau au lieu de le capturer. Hélas, il n’a pas le temps de verser une super-larmichette, car la télévision locale, qui n’en a donc toujours rien à branler d’une espèce d’Axolotl de 100 mètres de haut qui crache du feu, décide que ayé, ils ont une information urgente, et la diffusent sur tous les écrans et téléphones du coin.
– Nous recevons à l’instant une information cruciale : Superman a été envoyé sur Terre avec un message de ses parents. Il a été décodé en entier et envoyé à nos journalistes… et le voici !
On voit alors l’hologramme vu plus tôt dans le film, des parents de notre héros, débiter la même chose :
– Tu es notre fils, notre espoir et le réceptacle de notre amour. Nous t’envoyons à l’abri, sur Terre, où tu pourras faire le bien…
Sauf qu’au lieu de faire « scrouiscrouiscroui », ça continue !
– « … au milieu de ces gros connards d’humains. Qui sont de petites merdes, laisse-moi te le dire. Alors tu les savates, tu les domines, et n’oublie pas de te faire un gros harem pour transmettre tes gènes. Maintenant, papa va te montrer comment enfiler une capote pour les cas où tu… »
Superman s’arrête là. Et il est choqué : lui qui avait toujours pensé qu’on l’avait envoyé sur Terre faire le bien… en fait, il devait la conquérir ? Il est méchant ? Tous les gens qu’il vient de sauver le regardent, un peu effrayés… avant de se mettre à l’insulter. Oui. Personnellement, j’aurais surtout demandé par quel miracle la première partie du message, celle non-endommagée, était par un incroyable hasard uniquement positive et bienveillante, alors que PILE après la coupure, ça tournait en « Monte ton Reich et utilise ton zboub, mon fils ! ». Le changement de ton, brutal, arrivait pile au bon moment, dis donc. Le hasard.

Les gens qu’il vient de sauver UNE seconde plus tôt l’insultent tous et lui jettent des trucs sur la gueule. Non, ils n’ont même pas eu une vague demi-seconde de doute. Le type qui sauve la ville tous les jours depuis 3 ans est un nazi, ils l’ont lu sur Blast.
Cependant, Superman finit, après un fort long moment, par se poser la bonne question.
– Mais attends… d’où ils ont eu accès au message de mes parents ?
Et Superman de s’envoler pour foncer à la Forteresse de Solitude qu’il trouve grande ouverte, les robots savatés, et l’ordinateur un peu pété. Quant à Superkiki, il a disparu ! Superman qui a vu à la télévision que la source de ces révélations n’était autre que ce p’tit bâtard de Lex Luthor, fonce donc jusqu’à ses bureaux, très en colère, mais Lex Luthor prétend ne rien savoir.
– Mais ? Que voulez-vous Superman ?
– Je sais que tu es allé dans ma Forteresse de Solitude voler mes secrets !
– Forteresse de Solitude ? Qu’est-ce donc, Superman ?
– Eh bien, comme son nom l’indique c’est l’endroit où je me rends pour être tranquille pour caresser mon Superkiki.
– …
– … attendez, je crois que j’ai mal choisi mes mots, on peut recommencer cette conversation ?
– Non. Et puis bon, je ne sais rien… en plus, ça se verrait si je mentais. Parce que c’est supposé être arrivé il y a quoi ? Une heure ? Deux ? Et on m’a vu me promener dans l’Arctique avec mon crâne chauve sans même un bonnet. Alors si j’y étais allé, pensez bien que j’aurais la tête en train de peler, les oreilles plus rouges que ta cape, et que de manière générale, tu aurais quelques indices, surtout avec ta super vue !
– Sauf si nous sommes dans un de ces films où tout le monde peut se promener au milieu des glaces en slip sans aucun problème à cause d’une réalisation à la ramasse !
Et en effet.
Superman ne peut rien prouver. Mais maintenant, le monde entier se méfie de lui. Aussi décide-t-il de se rendre aux autorités afin qu’ils décident de ce qu’il faut faire. Et la réponse est simple : comme le Pentagone l’avait promis à Luthor, maintenant… ils le soutiennent pour arrêter Superman. Et lui confient sa garde, car Luthor lui a préparé une petite prison. Une prison accessible uniquement par téléporteur car elle se situe dans…
Un univers parallèle créé par Lex Luthor.
– Attendez ?! s’exclame Superman. Vous avez un univers parallèle rien qu’à vous ?
– Oh, oui, j’ai répliqué le Big Bang, et paf pouf, voilà, j’ai une dimension rien qu’à moi. Pourquoi, c’est important ?
– Que… mec. Tu es multimilliardaire. Tu as des ressources illimitées grâce à ton propre univers, et tu fais des complots à deux balles pour ?
– M’enrichir !
– Ressources. Illimitées.
– Ah oui, merde.
Voilà. Donc ça n’a aucun sens. Mais si vous voulez encore moins de sens, Lex Luthor a aussi dépensé une fortune pour avoir une armée de singes génétiquement modifiés pour troller Superman sur les réseaux sociaux (si, si). Alors que chacun sait qu’il suffit d’un post Reddit pour avoir des milliers de gens qui le feront gratuitement. Ah, et tant qu’à faire n’importe quoi, on découvre aussi que Lex Luthor a enfermé des milliers de gens qu’il n’aimait pas dans cette dimension parallèle. Dont ses ex-copines. On va dire que 100% de ces gens n’avaient aucune famille qui les cherchait, et que faire disparaître des milliers de gens pour les enfermer dans une dimension parallèle, c’est un truc qui n’attire pas du tout l’attention.
– Vous savez, plus ça avance, plus je trouve ça con.
– Silence, Superman !
– Non mais regardez, même votre prison : ce sont juste des cubes en verre de 2m de côté. Avec à l’intérieur… rien. Ils font comment les gens, pour boire ? Faire popo ? Dodo ?
– Non mais je… raaaah, Superman, arrêtez ! Vous êtes chiant à la fin ! Tenez, pour vous calmer, je vais vous enfermer avec l’homme-élément. Un mec qui peut se transformer en n’importe quel élément… même la kryptonite ! Comme ça, tu vas rester tout faible, hahaha !
– Ouille ! Aille ! Ça kryptopique ! Mais attendez, le mec doit rester enfermé avec moi, alors ?
– Euh… oui.
– Mais comment vous le forcez à ça ?
– Eh bien en… enfermant son bébé dans un cube juste en face de lui. Avec un mec qui exécutera son bébé s’il n’obéit pas.
– Attendez… donc pour m’enfermer, vous enfermez un mec avec moi, pour l’enfermer, vous enfermez un bébé, et pour enfermer ce bébé, vous enfermez un de vos employés qui… vous avez enfermé qui pour qu’il accepte ? Non parce qu’apparemment, à chaque enfermement, votre solution, c’est d’enfermer quelqu’un de plus ?
– FERMEUTABOUCHEUUUUH !
Et Lex Luthor de laisser Superman avec l’homme-élément, que nous appellerons Korben Dallas. Un personnage pas bien malin, puisque sitôt Lex Luthor parti, Superman lui fait remarquer un détail.
– Vous savez que si vous arrêtiez deux secondes d’être l’homme-kryptonite, je pourrais m’envoler, aller chercher votre fils et vous libérer tous les deux ?
– SILEEEEENCE !
– Ah.
Car, non, Korben Dallas n’a pas envie de sauver son fils, ni son cul, là, de suite, alors qu’on vient de l’enfermer avec la solution. Mais alors, qu’est-ce qui va tout changer ? Une longue discussion ? Une menace trop poussée sur son enfant ? Un accident quelconque ? Non.
Lex Luthor revient… avec un vendeur de hot-dogs.
Si, si. Vous savez, les mecs qui continuent à vendre pendant que c’est l’apocalypse à Métropolis ? Eh bien il en a ramené un, et le menace d’un flingue, devant Superman.
– Superman ! Regarde, c’est Pajit, le vendeur de hot-dogs !
– Mais ?
– Il t’a vendu un hot-dog, une fois !
– Euh… oui et ?
– Eeeeeh bien parle ! Dis-moi tous tes secrets où je le tue !
– C’est-à-dire que… vous avez aussi emprisonné Superkiki, non ?
– Oui, on l’a enfermé ailleurs.
– Alors pourquoi vous vous êtes emmerdé à kidnapper le type à qui j’ai acheté un hot-dog une fois dans ma vie alors que vous aviez un otage bien plus cher à mes yeux déjà sous votre petite main potelée ?
– … euh… PAN !
Alors non, dans le film, Superman ne fait pas remarquer à quel point c’est con. Par contre, Pajit se prend bien une balle dans la tête. Et… ça fait pleurer Korben Dallas !
– Ooooh ! Il a tué ce vendeur de hot-dogs !
– Pardon ?
– Oui, Superman… ça m’attriste tellement !
– Ah. Euh. Donc, le truc qui va vous faire changer d’avis, c’est d’avoir vu Lex Luthor tuer un mec que vous n’aviez jamais vu ?
– Voilà ! Moi, Korben Dallas, j’arrête de faire de le kryptonite, et à la place, je fais un soleil pour te soigneeeeer !
Et pouf pouf, il le fait. On appréciera les figurants des cages autour à qui personne n’a expliqué ce qu’il se passait, on leur a juste dit « Faites les gens aveuglés par la lumière », donc ils se cachent un peu les yeux, mais tous regardent quand même dans la direction du soleil. Au lieu de, je ne sais pas moi, se tourner ?
Mais hop ! Superman retrouve sa force, s’échappe de sa cage, vole jusqu’à celle de Bébé Dallas, claque le type qui le retenait (et qui a tout vu, même le moment du soleil, mais n’a donc strictement rien fait, il s’est contenté de baver au lieu de, je ne sais pas, appeler ses collègues de Luthorcorp ? Menacer le bébé, soit exactement la raison de sa présence ?), puis s’ensuit une scène d’action longuette où notre héros doit affronter les gardes de Lex Luthor, les dangers de la dimension parallèle (dont un trou noir), libérer Superkiki, et regagner la sortie, où l’attendent… Mr Terrific et Loïs Lane !
Superman est tout content, mais a tout de même une question.
– Comment nous avez-vous retrouvés ?
– Alors déjà, il y a le camp secret avec des drapeaux « LUTHORCORP » juste devant Métropolis.
– Hmmmoui mais ça d’après le script, c’est discret. Donc quoi d’autre ?
– Ah ! Eh bien, Superman, tu sais que je suis journaliste, n’est-ce pas ?
– Oui, tu fais des interviews à base de « Réagissez à ces tweets ».
– Voilà ! Donc un de mes collègues journalistes a un contact qui lui a envoyé « Superman est prisonnier d’une dimension parallèle créée par Lex Luthor ».
– Mais ?! Qui c’est ce contact en or ?!
Eh bien c’est… la petite amie de Lex Luthor, Bimbo von Bimbo, une grande débile qui se filme en permanence, SURTOUT quand elle est dans des zones ultra-secrètes. Ah, et oui, Lex Luthor le voit, mais n’a aucun problème à avoir une crypto-Nabila (crypto, pas krypto, concentrez-vous) qui enregistre toute la journée des preuves de tous ses plans diaboliques. Il y a même un moment où il y a des contrats secrets, et il la laisse se rouler dedans en prenant des selfies où on voit les détails du contrat !

Je ne plaisante pas : par exemple, ici, Bimbo von Bimbo se filme depuis le QG de Lex Luthor pendant que derrière, Super-Communiste colle une branlée à notre héros. QG où on peut entendre Lex Luthor hurler ses ordres à Super-Communiste, révélant donc tous ses plans secrets. Et donc, elle fait ça devant tout le monde et personne ne dit que hééé, ça serait pas un peu risqué si on veut rester discrets ?
Heureusement que le film n’arrête pas d’insister sur le fait que Lex Luthor est vraiment très intelligent, et qu’il compte sur son gros cerveau pour battre les gros muscles de Superman. Disons que c’est pas gagné.
Enfin. Maintenant que Superman s’est évadé, il faut qu’il se remette sur pied, car toute cette kryptonite ne lui a pas fait du bien. Aussi Loïs l’emmène là où personne ne le trouvera… chez ses parents, les Kent, à Smallville. Car, oui, Lex Luthor a trouvé la Forteresse de Solitude ultra-secrète de Superman dans l’Arctique en 0,2 secondes, par contre l’adresse de ses parents, ça, pfou, c’est dur. Et voilà comment notre héros peut se requinquer au soleil dans les champs de papa, pendant que ce dernier lui fait un petit discours sur le fait que oui, tes vrais parents t’ont envoyé sur Terre latter autrui, mais c’est ta vie, tes choix. Et on est très fiers que tu sois un gros gentil.
Ce n’est que lorsque Clark approuve et annonce qu’il vote démocrate que Papa Kent le fermier va chercher son fusil et qu’il est donc temps pour notre héros de repartir à Métropolis.
Surtout que pendant ce temps, les choses s’accélèrent.
Dès l’annonce de l’emprisonnement de Superman, le Communistan a annoncé qu’il allait envahir le Pauvristan. Sans le héros préféré des enfants pour les arrêter, ça va être facile ! Surtout qu’on nous explique que Luthorcorp a vendu au Communistan pour 80 milliards d’armes. Ils ont donc des tonnes de soldats, des blindés, des grosses armes… et se massent à la frontière avec le Pauvristan. Qui est… comment dire ? Caricature n’est pas le mot. On est au-delà.
Si le Communistan est une sorte de puissance régionale surarmée, le Pauvristan, qui a pourtant échappé de peu à la dernière invasion est son opposé complet. Au point qu’à la frontière, ils n’ont pas d’armée, ni même un vague type en uniforme (comme ils sont gentils, ils ne peuvent avoir de gens en uniforme avec eux, enfin !). Non, en lieu et place, c’est un attroupement de familles avec enfants qui agitent vainement des fourches et des torches.
Je pense que le Communistan n’avait pas touuut à fait besoin d’acheter pour 80 milliards d’armes. Un fusil à poudre noire ou un type qui court avec en faisant « Pssht, du vent ! » suffisait amplement, visiblement.
Mais alors que l’invasion se prépare, revenons aux Etats-Unis où Loïs Lane, utilisant ses grands talents de journalistes, réfléchit très fort.
– Nous devons trouver un moyen d’arrêter Lex Luthor. Il faut trouver un moyen pour que les autorités se rangent à nos côtés.
– Oh. On pourrait leur parler de la dimension parallèle que Lex Luthor a créée complètement illégalement ? Et qui selon Mr Terrific, est ultra-dangereuse ?
– Hmmmm non.
– Ah. Et si on leur parlait des milliers de gens qu’il a enfermés, genre ses ex-copines ?
– Hmmmm non.
– Alors les singes qu’il oblige à aller sur X ? Parce que c’est de la cruauté envers les animaux.
– Hmmmm non.
– Bon alors parlons-leur de l’assassinat, de sang-froid et devant témoins – Korben Dallas, Superman et tous les prisonniers – du vendeur de hot-dogs ?
– Non, tout ça c’est beaucoup trop efficace. Et puis pourquoi parles-tu de Superman à la troisième pers… eeeh mais attendez, vous n’êtes pas Clark ?
– Non, je suis le caporal Roudoudou, et je…
– Oui ben dégagez.
Et c’est ainsi qu’alors qu’elle a environ 53 bonnes raisons de faire arrêter Lex Luthor, Loïs décide plutôt de chercher à prouver que Lex Luthor est lié à l’invasion du Pauvristan. Et ça tombe bien, car sa grosse débile de petite amie a pris un selfie en se roulant dans les plans SUPER SECRETS de Lex, avant de les envoyer à son amant au Daily Planet. Et on voit donc tous les plans où… on découvre que Lex Luthor a en fait un accord secret avec le Communistan : ils n’ont pas besoin de lui payer les 80 milliards d’armes, si en échange, ils lui font cadeau de la moitié du Pauvristan où il établira son royaume, « Luthoria », MOUHAHAHAHA !
Que ?
Bon. Je rappelle que le mec est incroyablement riche, au point de pouvoir élever au grain ses propres métahumains ou faire cadeau de 80 milliards d’armes, et qu’il règne sur une DIMENSION PARALLELE dont il est le dieu et créateur, mais il est prêt à risquer tout cela pour… régner sur la moitié d’un pays constitué de clodos qui cultivent la poussière.
Voilà voilà voilà. Le mec a tout et le risque dans l’espoir… d’avoir encore moins.
Je pose la question : à quel moment le plan de Lex Luthor a-t-il un sens, en fait ?
Mais vous allez voir, ce n’est pas fini. Car toujours plus idiot, lorsque Lex apprend que Superman s’est évadé, il comprend que ce dernier risque d’empêcher l’invasion du Communistan. Aussi, il a un plan simple, à savoir créer un problème plus gros à gérer à Métropolis. Et ce problème… c’est tout simplement de surcharger un de ses téléporteurs pour ouvrir sa dimension parallèle au beau milieu de la ville, créant ainsi une faille qui s’étend sans cesse et détruit tout sur son passage.
Bon, je ne vois pas trop ce que Superman est supposé faire (refermer avec ses petits bras ?) mais il y va. Et évidemment, sauve des gens dans des plans où même si une tour de 150 mètres va s’effondrer, il n’y a toujours qu’une seule personne en danger. Ah. Quant à Lex Luthor, il sacrifie même sa propre tour dans l’affaire (oui, il détruit son propre empire), avant de continuer ses plans depuis un petit vaisseau. Il envoie Nanonana et Ultraman latter Superman, mais ce dernier parvient à vaincre Nanonana (tout simplement en oubliant qu’elle l’étouffe avec des nanites durant 10 minutes, avant de lui péter la truffe), puis découvre que sous le masque d’Ultraman se cache… son clone ! Créé par Lex Luthor à partir d’un de ses cheveux (à Superman, pas à Lex, pour qui c’est plus difficile).
– Mais ? Kékecé que ce bordel ? demande Clark.
– C’est ton clone ! Un clone idiot, mais un clone qui m’obéit ! Et voilà pourquoi tu as été vaincu au début du film, quand il se déguisait en Super-Communiste !
– Ah ben d’ailleurs, pourquoi tu le déguisais en Super-Communiste ? C’était un coup à attirer l’attention et des emmerdes au Communistan, qui était ton allié pour ton plan. Alors qu’il suffisait d’habiller mon clone comme moi, de foutre un peu le boxon, et hop, tout le pays avait de bonnes raisons de me haïr et de vouloir ma mort.
– … ah oui, crotte.
– Bon c’est pas grave, c’est pas comme si tes actions avaient le moindre sens depuis le début. Vas-y, continue, je t’écoute.
– Non mais j’ai fini.
Fort bien. C’est donc à ce stade qu’il y a la bataille finale entre Superman et son clone. Clone qui étant idiot, reçoit ses instructions via des drones de Lex Luthor autour de lui qui filment l’action et permettent à Lex de lui dire comment réagir. Superman se dit donc que « Tiens, si j’utilisais ma vision laser pour latter tous les drones et… ah non, ce serait trop efficace. Je vais plutôt me prendre une branlée durant 10mn, puis siffler Superkiki pour qu’il croque les drones. ». Ce qui est dit est fait, et hop, Ultraman se retrouve idiot et sans instructions, Superman peut donc le vaincre en le balançant dans un trou noir au fond de la faille dimensionnelle qui traverse la ville.

Puisque l’on parle de baston dans toute la ville, une fois de plus, laissez-moi vous montrer le souci des figurants. Là par exemple, Superman vient de se manger un souffle enflammé pour protéger une réunion dont on voit les membres juste derrière. Donc, oui, les mecs poursuivaient leur réunion alors qu’il y avait un monstre cracheur de feu à 10 mètres de la fenêtre, et maintenant que leur bureau est à moitié cramé… comme vous pouvez le constater, ils n’ont pas l’air pour autant pressés de sortir.
Alors vous me direz « J’imagine que toutes les télévisions du monde parlent d’une gigantesque faille dimensionnelle qui s’ouvre au beau milieu d’une métropole américaine ! Et ne parlons pas de la télévision locale ! ».
Ahaha. C’est mignon.
Bien sûr que non ! La télévision locale parle de tout et n’importe quoi, puis soudain, interrompt ses programmes pour annoncer que le Daily Planet vient de publier des photos montrant des liens entre Lex Luthor et le Communistan ! Avec un plan pour devenir roi d’un demi-Pauvristan ! Hopopop, les chaînes d’information tournent en boucle là-dessus (la fin du monde et un trou noir pouvant avaler la Terre, c’es très secondaire), et Superman n’a plus qu’à aller défoncer la porte du vaisseau de Lex Luthor et lui faire la morale pendant que Mr Terrific, lui, prend le contrôle des téléporteurs de Lex et les coupe pour ainsi fermer la faille dimensionnelle. Faille qui se referme littéralement, c’est-à-dire que vraiment, les deux côtés du canyon artificiel se resserrent et hop hop hop on voit plus rien !
C’est vraiment pratique.
Superman n’a qu’une question pour Lex Luthor.
– Mais pourquoi tu m’embêtes ?
– Parce que je suis JALOUX ! Je vois un surhomme, je suis faible je… voilà.
– Attends attends, en fait j’ai une deuxième question, Lex !
– Tu avais dit une ! Bon, allez. Envoie.
– Si ton but c’était de me tuer… pourquoi au début du film, quand Ultraman était déguisé en Super-Communiste et m’éclatait littéralement la truffe, tu ne l’as pas laissé me finir ?
– … parce que…
– Je vois : parce que sinon le film s’arrêtait dès le début. Donc chaque scène où tes plans entraient en jeu n’avait en fait aucun sens ?
– Voilà.
– Eh bien super. Bonne journée Lex.
– Bonne journée Superman. Je crois qu’en revoyant tout mon plan, je vais passer de Lex Luthor à Lex O’Mil.
Lex est arrêté, et l’invasion du Pauvristan par le Communistan aussi parce que soudain, le scénario s’est rappelé que « Eh mais attends, il y a d’autres justiciers, non ? » et pouf, Green Lantern & la Fauconne sont allés s’en charger. Superman peut donc rentrer à Métropolis rouler un patin à sa copine, repartir dans sa Forteresse de Solitude qui s’est magiquement réparée, et y regarder des photos de ses parents, les Kent parce que « C’est eux mes vrais parents, pas les nazis de l’espace ».
Supergirl passe brièvement faire coucou histoire de dire que « Ah oui au fait j’aurais pu aider mais je faisais la teuf » (véridique) et…
… FIN.
Bien bien bien.

Ah, et non : personne ne pense à arrêter Lex Luthor… parce qu’il a détruit une ville avec une faille dimensionnelle et tué des dizaines de milliers de gens. Non, le selfie qui montre un contrat secret, c’est bien plus important.
Il existe une règle simple pour connaître la qualité d’un film : celle de son méchant.
En effet, s’il est complètement débile, les gentils devraient parvenir à le vaincre en 2 minutes. Sinon, c’est qu’ils sont eux-mêmes un peu cons. Or, si les deux camps sont entièrement constitués de personnages stupides, il n’y a que deux options possibles : A) c’est une comédie B) c’est une daube.
Maintenant, permettez-moi de vous rappeler l’intrigue du film.
Lex Luthor, homme incroyablement riche qui règne sur une dimension entière, décide de tout remettre en jeu dans un seul objectif : régner sur la moitié d’un trou paumé rempli de clodos. Son plan implique un camp super secret signalé par d’énormes drapeaux, installé juste devant Métropolis. Heureusement, Superman ne le remarquera jamais, et malgré les 12 000 crimes commis par Luthor devant témoins, il ne parviendra à l’arrêter que parce que la petite amie de Lex Luthor prend des selfies en se roulant dans des contrat secrets.
Voilà voilà voilà.
Attendez, je lis… 225 millions de dollars.
Eh bien.
Publié le 25.07.2025 à 09:39
– J’ai dépensé sans compter !
Un large sourire se dessine sur les lèvres du vieil homme, alors que ses doigts s’agitent sur le pommeau en ambre de sa canne. Sa voix est dénuée d’arrogance, car sa tirade ne visait pas à rappeler ses importants moyens, non, mais bien à souligner qu’il avait tout fait pour parvenir à ses fins. Et à présent, devant cet enclos, malgré son grand âge, son rire est celui d’un enfant. Car c’est bien un rêve d’enfant qu’il dévoile à ses invités, un rêve devenu réalité après des décennies de labeur. Dans la jeep, un paléontologue en laisse tomber ses lunettes comme sa mâchoire, alors que ses yeux se posent sur l’impossible.
– Vous avez ramené à la vie…
– C’est de la folie ! l’interrompt le mathématicien de l’équipe avant qu’il ne prononce un mot de plus. Vieil homme ! Vous étiez tellement entêté à chercher si vous pouviez ramener ces choses à notre époque qu’à aucun moment, vous ne vous êtes posé la question de si vous deviez !
– Allons, soupire le vieillard en rajustant son élégant couvre-chef. Ne vous demandez-vous pas plutôt comment j’ai fait ? Tout a commencé avec ce moustique, prisonnier dans l’ambre que vous voyez dans le pommeau de ma canne. Figurez-vous qu’il avait piqué un scénariste. Et en qu’en fouillant, nous avons trouvé à l’intérieur toutes les licences que l’on pensait arrêtées, et…
Son propos est interrompu par un pied qui frappe nerveusement le plancher du véhicule. C’est le mathématicien qui, visiblement, refuse de suivre pareil raisonnement.
– Regardez ce que vous avez fait !
Et d’un doigt rageur, il désigne l’enclos, où des scénaristes jouent avec des licences qui auraient dû rester dans le passé. Ghostbusters, Alien, Terminator, Gladiator… et celle de Jurassic World, dont chaque épisode était plus nul que le précédent. Et pourtant, devant ses yeux, jouant avec cet énorme tas de caca, les scénaristes tentent de lui donner une nouvelle forme. Déjà, on peut y lire un titre :
Jurassic World – Renaissance.
Alors, après trois films absolument navrants, quelqu’un s’est-il dit « Et si on mettait dix balles de plus sur le scénario ? ». Pour le savoir…
Spoilons, mes bons !

L’affiche : Ni explosions, ni débris, entrons-nous dans une nouvelle ère ?
Notre film commence il y a bien des années, sur l’île de Saint-Hubert, au large de la Guyane. C’est là que la société derrière Jurassic Park a décidé d’installer un laboratoire pour mener des expériences ultra-secrètes, car elle sait que si ça merde, des années plus tard, elle pourra toujours avoir François Bayrou pour dire qu’il ignorait tout. Pratique. Il faut dire que les scientifiques locaux n’ont pas envie que leurs expériences s’ébruitent : ils travaillent en effet, non pas sur la recette du kouign amann (la science a ses limites), mais bien sur le génome des dinosaures. Pour en créer de toujours plus bizarres et surtout, plus dangereux. Pourquoi ? Mais, parce que les visiteurs du fameux parc à dinos veulent toujours plus de frissons bien sûr !
Et comme ils avaient le choix entre construire un grand huit et investir des millions pour créer des trucs hideux ultra-dangereux que personne ne voudra regarder et qu’il faudra de toute façon enfermer, ils ont choisi la seconde option. Quelle évidence, enfin !
Mais attendez, car le meilleur arrive. Et pour mieux comprendre à quel point ce film se fout de votre gueule, faisons un petit jeu. Imaginez : suite à un choix de vie lamentable, vous avez fini scénariste à Hollywood (non vraiment, vous avez tellement léché de colle que vous avez chié dedans, si je puis me permettre). Et voilà qu’un Monsieur avec un joli costume vous dit « J’aimerais que vous écriviez une scène où soudain, la sécurité d’un laboratoire ultra-secret de Jurassic Park plante. Trouvez-moi une raison crédible à cet incident.« . Alors, à quoi pensez-vous ? Sabotage du site par un concurrent ? Catastrophe naturelle qui pose de sérieux soucis ? Mise à jour Apple ?
Prenez quelques secondes pour réfléchir. C’est fait ?
Bien. Alors, sachez que dans le film quelqu’un a écrit… « un emballage de Snickers se prend dans une porte« .
Non, je ne plaisante pas. Oui, vos sourcils sont tout froncés. Et voyez plutôt : un scientifique mange un Snickers, et laisse tomber le papier par accident. Celui-ci est aspiré par une porte automatique… ce qui provoque un court-circuit. Car, oui, ce laboratoire a des portes ultra-sécurisées supposées arrêter des dinosaures, mais un papier Snickers, et paf, c’est foutu (un Twix et le labo explosait, je suppose). Mieux encore… le système central, détectant la panne… redémarre. Et quand il redémarre, il déverrouille tout. Y compris les cages à dinosaures.
…
Première scène. PREMIERE scène et on a déjà une écriture qui sent plus le rectum que le bic. J’ignore ce que je préfère, entre le scénariste qui parmi toutes les possibilités a choisi comme motif de catastrophe « Gégé a raté la poubelle », et le système de sécurité qui, quand il détecte une faille de sécurité, passe justement en mode « journée portes ouvertes ».
Enfin : la suite, vous l’imaginez. Il y a bien évidemment des scientifiques qui courent partout les bras en l’air, de la fumée qui sort de nulle part sans que l’on comprenne bien pourquoi, et émergeant de celle-ci, une silhouette énorme : celle du grobatarosaure, la dernière création monstrueuse du centre. Que l’on devine plus qu’on ne voit.

Le fléau des bases secrètes ressemble à cela.
Cette fabuleuse introduction terminée, bondissons donc quelques années plus tard, aux Etats-Unis, où nous retrouvons John Pognon. John Pognon est riche et cupide, soit deux caractéristiques qui font qu’on sait déjà qu’il va mourir dans le film. Je me répète, mais j’ai toujours apprécié comment Hollywood, qui est géré par des millionnaires, voire milliardaires, martèle dans tous ces films que « Non mais être riche, c’est… c’est pas bien, n’essayez surtout pas chez vous. Le top du top, c’est d’être pauvre, et d’avoir pour seule richesse celle du cœur« . Ou, en plus court « Restez à votre place, les gueux. » Mais dans l’immédiat, John Pognon a un rendez-vous avec notre héroïne : Zora. Une ancienne des forces spéciales américaines, devenue mercenaire. Et il a un contrat pour elle.
– Zora, j’ai une mission très spéciale pour vous. J’ai besoin d’aller voir des dinosaures.
– Vous savez, depuis les films précédents, il y en a partout. Donc ça va être facile. C’était même le thème : les humains qui doivent désormais cohabiter avec les dinos.
– Alors euh… oui mais… comment vous dire ? Scénaristiquement, ça nous emmerde un peu. Donc pour annuler tout ce que les films précédents ont fait… eh bien en fait… euh… les dinos s’adaptent très mal au climat. Et du coup, ben, ils sont tous morts.
– Pardon ?!
– Oui, comme ça, paf pouf. Heureusement, il en reste uniquement dans…
– Laissez-moi deviner : par un incroyable hasard, ils sont tous morts SAUF dans quelques îles bien particulières, genre celles de Jurassic Park & compagnie ?
– Oh ! Ben ça alors, comment avez-vous fait ? C’est exactement ça !
Voilà. Là encore, gros travail scénaristique : vous savez tout ce qu’il s’était passé dans les précédents films ? Hop, c’est annulé ! Comme ça, on peut en revenir à la formule basique de la franchise : héros doivent aller sur île – oh non, héros bloqués sur île – héros doivent fuir île. Un sacré travail d’écriture qui nous rappelle que s’il ne faut pas remplacer les scénaristes par des IA, c’est parce que c’est mal : une simple photocopieuse suffit.
Et donc, John Pognon explique que désormais, les dinosaures ne vivent en effet plus que dans les zones proches de l’équateur, où le climat leur convient mieux. Et qu’ils pullulent même dans toute une zone au large de l’Amérique du sud pleine de petites îles au point que les gouvernements du monde entier se sont mis d’accord pour en interdire l’accès. Même la navigation n’y est pas autorisée.
– Et c’est là où vous intervenez, Zora. J’ai besoin d’une équipe discrète pour aller sur place pomper du sang de trois dinosaures bien spécifiques. Car dans leur ADN se cache ce qui pourrait révolutionner l’avenir des traitements des maladies cardio-vasculaires. Et comme je bosse pour une boite pharmaceutique, ça nous intéresse.
– Désolée, mais moi, ça ne m’intéresse pas. Trop risqué.
– Pourtant, vous pourriez aider des millions de gens.
– Je m’en fous.
– Et votre mère elle-même est morte de pareille maladie !
– C’est vrai, mais je m’en fous toujours.
– Et… si je vous propose 10 millions de dollars ?
– J’ADORE AIDER MON PROCHAIN !
Oui, Zora aurait pu faire de la politique. Mais surtout, retenez bien cela : ceci est la scène d’introduction de Zora. Et la première chose qu’on apprend à son sujet… c’est qu’elle se fout de tout, sauf du pognon. Même la mort de sa mère, elle s’en cognait en comparaison, c’est vous dire si elle aime le fric. Son rêve est probablement d’avoir un F4 à Levallois, allez savoir. Retenez bien cela (pas Levallois, sa cupidité), on y reviendra. En attendant, maintenant que Zora est prête à partir planter des seringues dans des cuculs de dinosaures, John Pognon lui propose d’aller recruter l’autre spécialiste nécessaire à leur équipe, à savoir quelqu’un qui connait bien le comportement des dinosaures.
– C’est pourquoi j’ai choisi… Henry ! Un paléontologue qui travaille dans un musée qui tombe en ruines !
– Mais ?
– Oui Zora ?
– John Pognon… on n’a pas passé les derniers films à, justement, introduire de nouvelles spécialités ? Comme au hasard, dresseur de dinosaures ? Vous savez, comme Owen, le héros des trois derniers film ? Avec son petit clic-clic à raptors ? En fait, dans un monde où les dinosaures existent depuis des années, et où il y a même eu des parcs dédiés remplis de professionnels formés sur le sujet… pour avoir un spécialiste de leur comportement, ce ne serait pas plus utile d’aller chercher un type qui bosse ou a bossé avec des dinosaures vivants ?
– La Sainte Photocopieuse à scénarios a dit « Dans l’intrigue, un paléontologue tu foutras« .
– Ah. Ben alors si la Sainte Photocopieuse l’a dit…
Et c’est ainsi que John Pognon et Zora embarquent avec eux Henry, le paléontologue qui n’a rien à foutre là, et d’ailleurs, qui dit même qu’il n’a pas envie de participer à la mission. S’il vient, c’est juste pour voir « des dinos en dehors d’un zoo ». Hmmm… si seulement tu vivais dans un monde où l’on peut trouver des dinosaures tout le long de l’équateur, comme on vient de nous l’expliquer ! Et où des pays seraient sûrement ravis de te proposer un safari photo ! Mais Henry est américain, et on va donc supposer qu’en conséquence, il ignore l’existence d’autres pays. Partir en mission clandestine ultra-risquée, ça a l’air vachement mieux pour voir des dinos gambader. Tu es si fort, Henry.
Afin de compléter cette équipe de choc, Zora propose à John Pognon de recruter quelques-uns de ses vieux compagnons d’armes, qui ne seront pas de trop pour cette mission. Ainsi, ils vont chercher :
– Duncan, un ex-camarade et contrebandier, qui saura les faire passer en douce dans la zone interdite des îles des dinos
– Jean-Jacques
– Jean-Jacques
– Jean-Jacques
Certes, dans le film, ils ont des noms brièvement évoqués, mais on comprend tout de suite que ce sont des Jean-Jacques puisqu’ils n’ont aucune scène juste pour eux. Ils sont juste là, au fond, à faire du bruit. Hmmm… je me demande ce qui va leur arriver ! En attendant, John Pognon est satisfait.

Ah, oui : tous les anciens équipiers de Zora sont donc devenus des rois du « Je fais du fric en tuant/volant/trafiquant pour qui me paie le plus », mais en fait, ils sont gentils.
– Nous avons tout le nécessaire pour partir sur une île pleine de gros monstres : des militaires, un scientifique, et même des Jean-Jacques ! Tout est prêt !
– Un instant, Monsieur Pognon… regardez, là, en bas de votre document sorti de la Sainte Photocopieuse… il y a un truc écrit. Un élément apparemment obligatoire.
– Vous avez raison, Zora. Voyons… « Des enfants relous et au moins un parent, tu colleras« .
– Zut ! Ça, on n’a pas ! Que faisons nous, Monsieur Pognon ?
– Ayez foi en la Sainte Photocopieuse !
Et en effet.
* * *
Au même moment, au large de la Guyane, en pleine zone interdite.
– LALALALA ! JE FAIS DE LA VOILE AVEC MON BEAU BATEAU ! LALALALA ! J’ESPERE QU’IL NE VA RIEN NOUS ARRIVER D’AFFREUX À MOI, MA FILLE ESPIEGLE, MON ADOLESCENTE RELOUE ET SON COPAIN AUX HORMONES EN FOLIE ! QU’EST-CE QUE C’EST LÀ BAS ? OH NON ! UN ENORME DINOSAURE AQUATIQUE ! AAAAH MON BATEAU ! JE SUIS À LA DÉRIVE ! AU SECOURS ! J’ESPERE QU’UNE MISSION SECRETE DONT JE N’AI PAS CONNAISSANCE NOUS TROUVERA DANS LA ZONE INTERDITE PAR LE PLUS GRAND DES HASARDS !
* * *
Le 30 juin 1908, à Toungouska, en Sibérie, quelque chose a atterri avec tant de violences que cela a produit une explosion équivalente à un millier d’Hiroshima. Certains pensent à une météorite. Mais en réalité, il s’agissait d’une boîte à « Ça alors » d’une telle puissance qu’elle a remonté le temps pour venir s’écraser là.
Et en effet, alors que la mission secrète de John Pognon arrive peu après en bateau dans la zone, ils captent soudain un SOS d’une petite famille dont le navire est en détresse (alors qu’eux voulaient juste écouter Nostalgie en paix). John Pognon est partisan de l’ignorer, puisque personne ne doit savoir qu’ils violent les lois internationales pour venir dans le secteur. Zora, elle, dit qu’il faut y répondre, car laisser des gens en danger, c’est mal. Et Duncan pense de même.
– Attendez… Zora, on vous a présentée comme une mercenaire uniquement intéressée par l’argent, mais soudain, vous vous dites « Tiens, si je décevais mon client pour aller aider des gens gratos ? »
– Ah tiens, oui.
– Et vous, Duncan, vous qui êtes un contrebandier dont le métier est de ne surtout pas se faire gauler, vous répondez à tous les SOS ?
– Ah c’est vrai que….
Voilà voilà. Ce serait difficile d’avoir des personnages cohérents plus de deux scènes de suite. Et voici comment nos héros vont donc secourir une famille que nous appellerons la famille Doritos, puisque l’on y retrouve Dora, la petite enfant à sac à dos qui aime briser les clichés et les burnes, Dory, sa grande sœur neuneu, Dodor, son copain qui est du même niveau, et enfin Daddy, leur papa. Qui est très reconnaissant.
– Merci de nous avoir sauvés, mystérieux mercenaires. Déposez-nous au premier port venu, et nous ne dirons rien de ce que nous avons vu. Car vu votre matériel, et le fait que vous naviguez dans le coin, vous n’êtes sûrement pas supposés être ici.
– Et sinon, qu’est-ce que vous foutiez à emmener vos enfants dans une zone interdite par tous les gouvernements et bourrée de dinosaures tueurs ?
– Euh… putain que… que dit le script… « J’ai pas eu de bol ».
– Hein ? Mais ça ne répond pas du tout à la question !
– Ben oui mais le script n’a aucune idée de ce que je fous là. C’est juste la Sainte Photocopieuse qui demandait son lot d’histoires familiales, donc pif pouf, on atterrit dans le film.
Autre explication : Daddy est en fait venu exprès pour filer ses enfants relous à manger aux dinosaures, mais bordel, il a fallu qu’on vienne le sauver. Pas d’bol Daddy. La prochaine fois, va visiter un volcan. Ou Charleroi.
Enfin, revenons à nos moutons, puisque John Pognon refuse de faire un détour pour déposer tout ce petit monde. Il propose une autre option, à savoir d’emmener cette famille avec eux sur l’île de Saint-Hubert, où se trouve une ancienne installation sécurisée. La famille pourra y attendre en paix que les mercenaires accomplissent leur mission en vitesse, puis tout le monde repartira ensemble vers un port sûr, afin de s’y séparer en se donnant de grandes claques dans le dos ou de gros coups de pied au cul, selon comment tout se sera passé.
Il n’y a de toute manière pas de place pour la discussion, car soudain, à bord le sonar s’agite : un gros truc approche du bateau de nos mercenaires favoris. Et ça ressemble à un titanesque dinosaure aquatique.
– C’est sûrement le mosasaure ! s’exclame Henry. L’un des trois dinosaures à qui l’on doit pomper du sang ! Vite, prenez ce fusil à prélèvements super mal branlé qui ne tire qu’à dix mètres et éjecte ensuite l’échantillon dans une direction aléatoire au bout d’un parachute !
– … pardon ?!
Car, oui, nos amis sont dans une mission secrète où l’on peut recruter des gens pour dix millions de dollars par tête de pipe, par contre leurs fusils sont clairement de la daube conçue par un singe sous ecstasy. D’ailleurs, pourquoi est-ce que soudain, le paléontologue de la bande s’y connait en fusils à prélèvements ? Ah, mais oui, j’oubliais : il est « scientifique » (il a des lunettes). Donc tout ce qui est technique, hopopop, il maîtrise.
En attendant, le sonar n’a pas menti, c’est bien un gros bestiau qui file vers le navire. Qui n’est autre que le mosasaure attendu, ou « lézard de la Meuse », je le rappelle, qu’on reconnait au fait qu’il sifflote Verdun, on ne passe pas lorsqu’il approche de ses victimes. Tout l’équipage se met donc en branle pour essayer de lui pomper un peu de son sang à l’aide du fusil à échantillons. Passons sur la scène où l’animal approche, s’éloigne, manque de faire tomber à l’eau les héros, et paf pouf, Zora parvient à tirer la fléchette dans le bestiau.
– Super ! s’exclame Henry. Maintenant, la fléchette va pomper le sang, puis éjecter l’échantillon avec son petit parachute, qu’on n’aura plus qu’à récupérer !
– Attends… comment on sait que l’éjection va se faire dans la bonne direction, surtout en sachant qu’on est sur un bateau lancé à pleine vitesse, et que l’échantillon va lui décoller d’un mosasaure lui aussi qui va à fond, peut plonger à tout instant, et dont on n’a aucun contrôle de la trajectoire ?
C’est pourtant simple : le script, bon dieu !
Car oui, hop, miraculeusement, la fléchette collée sur le mosasaure envoie bien son échantillon parachuté pile-poil sur nos héros, sans aucune explication. Eh bien, merci ! Mais avant que les spectateurs ne puissent se lever et quitter la salle devant un tel niveau, le film nous envoie une nouvelle scène d’action : le mosasaure, grognon, a décidé de savater le bateau ! Pire, il est bien vite rejoint par des dinosaures mutants (oui, oui, des dinosaures normaux, ça ne suffisait pas) qui l’aident à secouer tout ce beau monde.
– Heureusement que nous avons emporté des armes pour neutraliser des dinosaures ! s’exclame un Jean-Jacques.
Qui en prend une et… bah en fait, ça ne fait rien à part du bruit. Pourquoi ? Comment ? On ne sait pas. Mais comme il tire sur des dinosaures majestueux (bien que mutants), la nature le punit en faisant qu’un des animaux bondit sur le navire et le croque. Adieu, Jean-Jacques ! Ta mort est une grande surprise, crois-le bien. En tout cas, elle doit l’être pour les mercenaires du bord qui se mettent alors à glapir « Holala on ne peut rien faire ! Vite, moteurs à fond, on va tenter de les semer en filant droit sur l’île devant nous, celle où on devait se rendre ! À faible profondeur, ils devraient nous lâcher ! »

Nos héros n’ont donc pas pensé à prendre des armes efficaces contre les créatures qu’ils traquaient. Malin !
Et vroum : Duncan pousse les moteurs à fond.
S’ensuit une autre scène longuette du navire qui prend des coups, des rochers, mais surtout, où la famille Doritos, a des soucis, et pas seulement à cause de leur QI de 120, certes, mais en cumulé. En effet, Daddy ordonne à Dory, sa plus grande fille, d’aller trouver une radio pour appeler à l’aide. Ce qui ne fait que moyennement plaisir à John Pognon, qui n’a pas trop envie qu’on attire l’attention sur son opération. Aussi, lorsque le bateau est secoué par un nouveau coup et que Dory se retrouve suspendue au bord, John Pognon ne l’aide pas. Pas de Dory, pas d’appel radio. Et… Dory tombe à l’eau.
Je vous entends déjà, lecteurs étonnés :
« Attendez, Monsieur Connard, êtes-vous en train de nous dire que Dory, une fille de la gentille famille, meurt dévorée par des dinosaures aquatiques mutants dès le début ? »
Eh bien… non.
Car pour une raison mystérieuse, et alors que TOUTE la famille Doritos se jette à l’eau pour aider Dory, les dinosaures, eux, décident de disparaître entre deux scènes. Voilà, ils voulaient croquer les humains, mais quand ces derniers sautent droit devant eux… eh bien, euh, en fait, ils n’ont plus faim. Ou alors, ils se disent que manger des neuneus, c’est peut-être mauvais pour ce qu’ils ont. Tout cela n’est qu’un prétexte pour que la famille Doritos se retrouve à nager jusqu’à un coin de l’île, pendant que les mercenaires et leur navire, eux, vont s’échouer plus loin, les séparant ainsi en deux groupes, comme dans tout Jurassic Park, comme le veut la Sainte Photocopieuse.
En arrivant sur la plage, l’un des Jean-Jacques mercenaires soupire.
– Ouf, nous voilà sauvés ! Quelle chance que ces dinosaures mutants aient abandonné la poursuite pile quand la famille Doritos a sauté à l’eau ! Et… aaaaah !
Et Jean-Jacques se fait manger, car en fait, les dinosaures n’avaient pas abandonné la poursuite du tout. Ils avaient juste disparu le temps de la scène où les Doritos sautaient à l’eau. C’est quand même génial. J’imagine bien l’équipe du film au moment de rédiger le scénario :
– Bon et là, les Doritos sautent à l’eau… mais ne se font pas manger, bien sûr, car ils doivent atteindre la fin du film.
– Ah ! On pourrait dire que le plan des héros a réussi : ils sont désormais dans des eaux si peu profondes que les dinosaures ont abandonné la poursuite ! Ce qui explique leur survie !
– … ouais mais ça serait cohérent. Tiens, voilà du pognon pour rajouter une scène, juste après, où un Jean-Jacques meurt tué par les MÊMES dinosaures pour expliquer que non, ils n’avaient pas abandonné. Et souligner que la survie des Doritos n’a aucun sens.
– Mais… pourquoi ?
– Tais-toi et zippe ta cagoule en cuir, esclave.
Si vous avez une meilleure explication, je suis preneur.
Cela dit, revenons à nos moutons mutants, et résumons : les Doritos sont échoués dans un coin de l’île, et les mercenaires et leur navire, sur l’autre. Et comme tout est très bien écrit, sachez que la présence des Doritos n’apporte RIEN au film. Ils ne servent à rien, ne font rien, et n’auront aucune interaction avec personne qui serve à quoi que ce soit. Commençons donc par leur épopée qui est… disons… ahem. Disons qu’elle a autant de sens que la carrière de Julien Odoul. Mais, voyez plutôt.
Car les Doritos se sont échoués PILE POIL devant la source chaude d’où partent les tuyaux de géothermie qui alimentent l’ancien centre scientifique de l’île. Comme ça, ils n’ont pas à se demander dans quel sens ils doivent suivre les tuyaux s’ils veulent arriver à un abri. Vraiment, quelle chance ! Ma boite à ça alors n’aurait pas remonté le temps pour s’écraser ailleurs, je l’aurais bien lancée sur mon écran en poussant des jurons en araméen.
Les Doritos partent ainsi à l’aventure et pour commencer, tombent sur un premier dinosaure, qui est petit et cromignon. Au point que Dora le fourre dans son sac à dos. Vous vous dites « Aha ! Ça va leur servir ! » mais en fait, non. Il est juste là. Voilà. Comment ? Vous voulez de l’action ? Pas de souci ! Car voici des vélociraptors ! Qui surprennent Dodor pendant qu’il était parti faire pipi à 250 mètres du reste du groupe (vraiment ; en même temps, il ne s’appelle pas Dodor pour rien). Vous vous attendez à une scène d’action ? Aha, malheureux ! En fait, on voit juste Dodor de face, qui pisse, pendant que dans son dos, un Deusexmachinosaure (c’est très rare) surgit pour manger les deux raptors pile quand ils allaient attaquer Dodor. La caméra ne bouge pas, tout se passe en arrière plan, et Dodor peut finir son pipi.
Puis, vient la scène où la famille Doritos arrive sur un petit cours d’eau qui traverse l’île.
– Je vais aller y nager, car je suis complètement conne ! s’exclame Dory.
– C’est vrai, c’est pas comme si on savait que des dinosaures aquatiques rôdaient !
Et Dora d’aller sur l’autre rive, où hélas, un T-rex dort. S’ensuit une scène que l’on peut résumer à :
– Surtout, ne fais aucun bruit, Dory !
– Oh non, j’ai marché sur une branche !
Mais ça ne réveille pas le T-rex.
– Surtout, ne fais aucun bruit, Dory !
– Oh non, j’ai réveillé toute une volée de chauve-souris !
Mais ça ne réveille pas le T-rex.
– Surtout, ne fais aucun bruit, Dory !
– Oh non, j’ai trouvé un bateau gonflable d’urgence plié et je le traîne sur le sol à un mètre du T-rex en faisant « crouiii ! crouiii ! »
Mais ça ne réveille pas le T-rex.
– Surtout, ne fais aucun bruit, Dory !
– Oh non, j’ai décidé, malgré l’énorme inscription « Ne pas gonfler sur terre », de tirer sur la poignée pour gonfler le bateau sur terre, et à 1 mètre du T-rex !
Et ça réveille le T-rex ! Oh ben ça alors, elle l’a vraiment pas cherché ! Toute la fine équipe décide que le meilleur moyen de fuir est donc de sauter dans le bateau et de pagayer, poursuivis par un T-rex qui selon les besoins de la scène, est tantôt champion de natation, tantôt avance à 0,5 km/heures et mord dans le vide toujours à 1cm des héros. Non vraiment, ces scènes d’actions sont oh… aaah… oaaaah… pardon, je baillais. Je disais donc : ces scènes d’actions font vraiment monter la tension.

« Tiens, un T-Rex ? Et si au lieu de l’éviter pour continuer notre chemin comme prévu, j’allais foutre le boxon juste à côté sans aucune raison ? »
Nos héros peuvent bien vite reprendre leur progression sur le cours d’eau, et vous me direz « Mais, ils n’étaient pas supposés suivre les tuyaux de géothermie ? » et… ah ben oui, tiens ? Pourquoi ne le font-ils plus ? Quel intérêt à changer de trajectoire pour remonter un cours d’eau sans aucune idée d’où il mène ? Non, vous avez posé une bonne question. Et le mauvais film, n’a aucune réponse.
Mais comme c’est dans le script : hop ! Ça les amène quand même à destination, à savoir l’ancien centre scientifique de l’île, celui qui fut détruit il y a bien longtemps par un emballage de Snickers (même moi je n’arrive pas à croire que je viens d’écrire cela). C’est ici qu’ils vont retrouver l’autre équipe… dont il est temps de conter la propre aventure.
Revenons donc à Zora, John Pognon, Henry, Duncan et le dernier Jean-Jacques, quelques heures plus tôt, alors qu’ils viennent de s’échouer sur l’île. John Pognon ne décolère pas.
– Notre navire est foutu ! Nous sommes bloqués ici, ce qui était totalement imprévisible !
– Pas d’inquiétude, lui rétorque Zora. J’avais prévu le coup. J’ai averti un hélicoptère de sauvetage qui viendra survoler l’ancien centre scientifique de l’île dans 24h. Il restera deux minutes, puis partira. Donc si nous sommes là-bas à ce moment-là, ils pourront nous évacuer.
– Vous voulez dire que vous avez averti des sauveteurs au hasard, en amont, de la mission super secrète dont je vous avais demandé de ne surtout pas parler ?
– Exactement.
– D’ailleurs, je vous avais parlé du centre scientifique ?
– Ah tiens non, c’est vrai. On va dire que j’ai deviné qu’il y en avait un alors qu’il était secret, que j’ai deviné ses coordonnées GPS, et que j’ai donné tout ça à l’hélico de secours sans vous en parler d’abord, d’ailleurs.
Ah, non, vraiment, on est bien, là. Toujours est-il que puisqu’ils ont un moyen de quitter l’île, autant en profiter pour aller recueillir les deux derniers échantillons manquants. L’un est à récolter sur un Titanosaurus, un gros herbivore, et l’autre sur un Quetzalcoatlus, une sorte de gros ptérosaure, et qui donc, vole. Pour le Titanosaurus, l’affaire est vite pliée : alors qu’ils se promènent dans un champ d’herbes hautes, ils aperçoivent un truc : c’est un de ces immenses animaux qui était allongé ! Bon, quand la caméra dézoome, on voit qu’ils étaient environ 200 et pas du tout allongés pour l’essentiel, mais apparemment, Zora la mercenaire n’est pas foutue d’apercevoir des dizaines de cibles de 12 mètres de haut juste devant elle (Zora a besoin de tout cet argent pour se payer des lunettes, car les mercenaires ont de très mauvaises mutuelles, c’est connu). Mieux, quitte à tirer au fusil à échantillons sur l’un d’entre eux… elle tire sur celui auquel Henry était en train de faire un câlin, appréciant le calme de ces paisibles herbivores.
Bon, Henry est certes un peu con d’aller se coller à la patte d’un animal qui peut l’écraser sans même le remarquer, mais Zora qui tire dessus alors qu’elle a des millions d’autres cibles, c’est limite une tentative de meurtre (qui hélas, échoue). Heureusement, personne ne semble remarquer ce petit problème, tout le monde glousse, et reprend sa route.
Reste à aller chopper le Quetzalca… Quetazcla… Quetalz… l’autre merdou.
Et figurez-vous que l’animal a installé son nid dans un ancien temple pré-colombien typique de la région, niché à flanc de falaise. Henry, le nerd, n’a aucun souci à y descendre en rappel avec Zora (Henry devait avoir un abonnement au club d’escalade local, en tout cas on va dire ça, voyez si je veux sauver l’intrigue), et tous deux parviennent à effectuer un prélèvement sur un œuf, ce qui est tout de même plus facile que sur une espèce de pigeon géant tueur. Sauf que ledit pigeon revient pile à ce moment-là, et s’ensuit une scène d’action où l’un de nos héros va mourir. Sur qui pariez-vous ? Je vous redonne la liste :
- Zora
- Henry
- Duncan
- John Pognon
- Jean-Jacques
Vous avez trouvé ? Eh non, ce n’est pas Zora qui meurt en vomissant du sang dans ses propres excréments, coupées en deux par un bec géant, comme vous l’espériez secrètement, mais bien Jean-Jacques qui se fait gober comme un vulgaire Tic-Tac d’1,80m. Le reste de l’équipe peut battre en retraite, et reprendre sa route en direction de l’ancien centre de recherches de l’île. Qu’ils atteignent aisément et où ils retrouvent… la famille Doritos ! Sauf que les retrouvailles ne sont pas heureuses, puisque Dory désigne aussitôt John Pognon du doigt.
– C’est lui ! C’est lui qui, plus tôt sur le bateau, m’a laissée tomber à l’eau pour m’empêcher d’utiliser la radio ! Il a tenté de me tuer !
– C’est vrai, ça, John Pognon ? demande Zora d’un air inquisiteur.
Car Zora, dont la PREMIERE caractéristique est de ne croire qu’au pognon, est soudain plus intéressée par la justice, quitte à se fâcher avec le mec qui doit la payer.
Non, vraiment, toute cette scène au début où on insiste sur le fait que rien d’autre ne l’intéresse… bravo. Je rappelle qu’ils la retirent du film, ce dernier est plus cohérent et coûte moins cher. Tant de nullité crasse, c’est beau.
Toujours est-il que John Pognon sort un pistolet.
– Vous me saoulez, tous ! Ne m’approchez pas ! Nous allons attendre l’hélico, quitter cette île maudite, et la suite… nous verrons !
Sauf que John Pognon ne peut pas échapper à la règle de la Sainte Photocopieuse : « À la fin du film, des raptors tu mettras« . Et comme nous sommes dans une mauvaise production qui ne sait plus quoi inventer pour prétendre apporter quelque chose de nouveau à la licence, ce sont donc des raptors volants qui attaquent ! On en est là. La fine équipe se disperse dans tout le centre de recherche, avec les fameuses scènes où on tente de bloquer une porte pour stopper les prédateurs, où les enfants doivent se cacher dans des placards alors que les créatures les cherchent, et où les gentils se battent avec tout ce qu’ils trouvent pour faire diversion.

« Non mais c’est super différent passque là euh les raptors eh ben… euh… ils ont des ailes. »
D’ailleurs, quand nos héros tirent pour se défendre, ces animaux résistent aux balles de John Pognon, mais pas de Zora, qui ont pourtant la même pétoire. Le pouvoir de la gentillesse, sûrement.
L’affaire dégénère plus encore quand surgit celui que vous attendiez tous : le grobatarosaure ! Le monstre du début du film ! Et quand je dis monstre, je n’exagère pas puisque la bête ne ressemble à rien, si ce n’est à un alien de plusieurs mètres de haut, avec beaucoup trop de membres, écailleux, bref, c’est à peu près tout sauf un dinosaure. Le grobatarosaure ne fait qu’une bouchée de l’hélicoptère de secours qui s’était approché un peu bas, puis de John Pognon, qui lui avait pété un peu haut.
Le reste de la fine équipe peut donc récupérer la valise d’échantillons de John Pognon, puis s’enfuir, coursée par les dinosaures. Seul Duncan reste en arrière pour distraire le grobatarosaure, et il se sacrifie sans hésiter avant de…
… avant de revenir, parce qu’en fait, ça va. Pardon ? Le grobatarosaure qui lui arrivait droit dessus gueule ouverte ? Non, apparemment, il a juste toussé un peu fort, puis est reparti faire des mots-croisés. Oui, même la scène du sacrifice final est ratée (pas autant que celle de The Batman, mais tout de même). Tout le monde peut donc se glisser dans un canot à moteur et filer vers le large, alors que le soleil se lève sur l’île des dinosaures mutants.
À bord du frêle esquif, Zora se tourne vers Henry.
– Bon, Henry, les échantillons, je vous laisse décider d’à qui on les donne.
– Pardon ? Vous savez qu’ils valent des millions, si ce n’est des milliards ? La compagnie de John Pognon vous couvrira de lingots d’or si vous lui apportez.
– Ouais mais… t’avais pas parlé de les filer au peuple à un moment du film ?
– Euh, si, en les analysant et en diffusant toutes les données en ligne ! En open source. Pour que tout le monde puisse en profiter. Pas juste une société pharmaceutique. Mais ça veut dire que vous ne toucherez pas un dollar.
– Moui, mais moi, l’argent, vous savez… allez, va pour l’open-source !
Voilà. C’est le dernier dialogue de Zora, celui où en fait, le fric, elle s’en fout. Pardon ? Le début du film ? Chhhht. Écoutez ma voix. Oubliez. Oubliez tout. Vous êtes un sanglier. Un saaanglier. Voilà.
Quant à la famille Doritos, qui n’a donc servi à rien d’un bout à l’autre, elle n’a donc toujours servi à… rien, et tout le film aurait été exactement le même sans eux, sauf qu’il aurait duré une heure de moins. C’est donc sur la grande question du « Mais pourquoi ? » que le spectateur voit l’écran virer au sombre et…
… FIN !
De toute façon, on connait la réponse, et elle tient en deux mots : Sainte photocopieuse.

Et tout de même : une image du grobatarosaure, qui n’a donc plus rien à voir avec un dinosaure.
Pour conclure, laissez-moi donner la parole au mathématicien évoqué en introduction de cet article. Et qui saura mieux que moi résumer tout cela :
C’était donc prophétique.






