Un odieux connard

le Blog de Julien Hervieux

Flux purgé de certains visuels, peut nuire à la compréhension des contenus.

 

Publié le 25.07.2025 à 09:39

Jurassic World – Rebouse

– J’ai dépensé sans compter !

Un large sourire se dessine sur les lèvres du vieil homme, alors que ses doigts s’agitent sur le pommeau en ambre de sa canne. Sa voix est dénuée d’arrogance, car sa tirade ne visait pas à rappeler ses importants moyens, non, mais bien à souligner qu’il avait tout fait pour parvenir à ses fins. Et à présent, devant cet enclos, malgré son grand âge, son rire est celui d’un enfant. Car c’est bien un rêve d’enfant qu’il dévoile à ses invités, un rêve devenu réalité après des décennies de labeur. Dans la jeep, un paléontologue en laisse tomber ses lunettes comme sa mâchoire, alors que ses yeux se posent sur l’impossible.

– Vous avez ramené à la vie…
– C’est de la folie ! l’interrompt le mathématicien de l’équipe avant qu’il ne prononce un mot de plus. Vieil homme ! Vous étiez tellement entêté à chercher si vous pouviez ramener ces choses à notre époque qu’à aucun moment, vous ne vous êtes posé la question de si vous deviez !
– Allons, soupire le vieillard en rajustant son élégant couvre-chef. Ne vous demandez-vous pas plutôt comment j’ai fait ? Tout a commencé avec ce moustique, prisonnier dans l’ambre que vous voyez dans le pommeau de ma canne. Figurez-vous qu’il avait piqué un scénariste. Et en qu’en fouillant, nous avons trouvé à l’intérieur toutes les licences que l’on pensait arrêtées, et…

Son propos est interrompu par un pied qui frappe nerveusement le plancher du véhicule. C’est le mathématicien qui, visiblement, refuse de suivre pareil raisonnement.

– Regardez ce que vous avez fait !

Et d’un doigt rageur, il désigne l’enclos, où des scénaristes jouent avec des licences qui auraient dû rester dans le passé. Ghostbusters, Alien, Terminator, Gladiator… et celle de Jurassic World, dont chaque épisode était plus nul que le précédent. Et pourtant, devant ses yeux, jouant avec cet énorme tas de caca, les scénaristes tentent de lui donner une nouvelle forme. Déjà, on peut y lire un titre :

Jurassic World – Renaissance.

Alors, après trois films absolument navrants, quelqu’un s’est-il dit « Et si on mettait dix balles de plus sur le scénario ? ».  Pour le savoir…

Spoilons, mes bons !

L’affiche : Ni explosions, ni débris, entrons-nous dans une nouvelle ère ?

Notre film commence il y a bien des années, sur l’île de Saint-Hubert, au large de la Guyane. C’est là que la société derrière Jurassic Park a décidé d’installer un laboratoire pour mener des expériences ultra-secrètes, car elle sait que si ça merde, des années plus tard, elle pourra toujours avoir François Bayrou pour dire qu’il ignorait tout. Pratique. Il faut dire que les scientifiques locaux n’ont pas envie que leurs expériences s’ébruitent : ils travaillent en effet, non pas sur la recette du kouign amann (la science a ses limites), mais bien sur le génome des dinosaures. Pour en créer de toujours plus bizarres et surtout, plus dangereux. Pourquoi ? Mais, parce que les visiteurs du fameux parc à dinos veulent toujours plus de frissons bien sûr !

Et comme ils avaient le choix entre construire un grand huit et investir des millions pour créer des trucs hideux ultra-dangereux que personne ne voudra regarder et qu’il faudra de toute façon enfermer, ils ont choisi la seconde option. Quelle évidence, enfin !

Mais attendez, car le meilleur arrive. Et pour mieux comprendre à quel point ce film se fout de votre gueule, faisons un petit jeu. Imaginez : suite à un choix de vie lamentable, vous avez fini scénariste à Hollywood (non vraiment, vous avez tellement léché de colle que vous avez chié dedans, si je puis me permettre). Et voilà qu’un Monsieur avec un joli costume vous dit « J’aimerais que vous écriviez une scène où soudain, la sécurité d’un laboratoire ultra-secret de Jurassic Park plante. Trouvez-moi une raison crédible à cet incident.« . Alors, à quoi pensez-vous ? Sabotage du site par un concurrent ? Catastrophe naturelle qui pose de sérieux soucis ? Mise à jour Apple ?

Prenez quelques secondes pour réfléchir. C’est fait ?

Bien. Alors, sachez que dans le film quelqu’un a écrit… « un emballage de Snickers se prend dans une porte« .

Non, je ne plaisante pas. Oui, vos sourcils sont tout froncés. Et voyez plutôt : un scientifique mange un Snickers, et laisse tomber le papier par accident. Celui-ci est aspiré par une porte automatique… ce qui provoque un court-circuit. Car, oui, ce laboratoire a des portes ultra-sécurisées supposées arrêter des dinosaures, mais un papier Snickers, et paf, c’est foutu (un Twix et le labo explosait, je suppose). Mieux encore… le système central, détectant la panne… redémarre. Et quand il redémarre, il déverrouille tout. Y compris les cages à dinosaures.

Première scène. PREMIERE scène et on a déjà une écriture qui sent plus le rectum que le bic. J’ignore ce que je préfère, entre le scénariste qui parmi toutes les possibilités a choisi comme motif de catastrophe « Gégé a raté la poubelle », et le système de sécurité qui, quand il détecte une faille de sécurité, passe justement en mode « journée portes ouvertes ».

Enfin : la suite, vous l’imaginez. Il y a bien évidemment des scientifiques qui courent partout les bras en l’air, de la fumée qui sort de nulle part sans que l’on comprenne bien pourquoi, et émergeant de celle-ci, une silhouette énorme : celle du grobatarosaure, la dernière création monstrueuse du centre. Que l’on devine plus qu’on ne voit.

Le fléau des bases secrètes ressemble à cela.

Cette fabuleuse introduction terminée, bondissons donc quelques années plus tard, aux Etats-Unis, où nous retrouvons John Pognon. John Pognon est riche et cupide, soit deux caractéristiques qui font qu’on sait déjà qu’il va mourir dans le film. Je me répète, mais j’ai toujours apprécié comment Hollywood, qui est géré par des millionnaires, voire milliardaires, martèle dans tous ces films que « Non mais être riche, c’est… c’est pas bien, n’essayez surtout pas chez vous. Le top du top, c’est d’être pauvre, et d’avoir pour seule richesse celle du cœur« . Ou, en plus court « Restez à votre place, les gueux. » Mais dans l’immédiat, John Pognon a un rendez-vous avec notre héroïne : Zora. Une ancienne des forces spéciales américaines, devenue mercenaire. Et il a un contrat pour elle.

– Zora, j’ai une mission très spéciale pour vous. J’ai besoin d’aller voir des dinosaures.
– Vous savez, depuis les films précédents, il y en a partout. Donc ça va être facile. C’était même le thème : les humains qui doivent désormais cohabiter avec les dinos.
– Alors euh… oui mais…  comment vous dire ? Scénaristiquement, ça nous emmerde un peu. Donc pour annuler tout ce que les films précédents ont fait… eh bien en fait… euh… les dinos s’adaptent très mal au climat. Et du coup, ben, ils sont tous morts.
– Pardon ?!
– Oui, comme ça, paf pouf. Heureusement, il en reste uniquement dans…
– Laissez-moi deviner : par un incroyable hasard, ils sont tous morts SAUF dans quelques îles bien particulières, genre celles de Jurassic Park & compagnie ?
– Oh ! Ben ça alors, comment avez-vous fait ? C’est exactement ça !

Voilà. Là encore, gros travail scénaristique : vous savez tout ce qu’il s’était passé dans les précédents films ? Hop, c’est annulé ! Comme ça, on peut en revenir à la formule basique de la franchise : héros doivent aller sur île – oh non, héros bloqués sur île – héros doivent fuir île. Un sacré travail d’écriture qui nous rappelle que s’il ne faut pas remplacer les scénaristes par des IA, c’est parce que c’est mal : une simple photocopieuse suffit.

Et donc, John Pognon explique que désormais, les dinosaures ne vivent en effet plus que dans les zones proches de l’équateur, où le climat leur convient mieux. Et qu’ils pullulent même dans toute une zone au large de l’Amérique du sud pleine de petites îles au point que les gouvernements du monde entier se sont mis d’accord pour en interdire l’accès. Même la navigation n’y est pas autorisée.

– Et c’est là où vous intervenez, Zora. J’ai besoin d’une équipe discrète pour aller sur place pomper du sang de trois dinosaures bien spécifiques. Car dans leur ADN se cache ce qui pourrait révolutionner l’avenir des traitements des maladies cardio-vasculaires. Et comme je bosse pour une boite pharmaceutique, ça nous intéresse.
– Désolée, mais moi, ça ne m’intéresse pas. Trop risqué.
– Pourtant, vous pourriez aider des millions de gens.
– Je m’en fous.
– Et votre mère elle-même est morte de pareille maladie !
– C’est vrai, mais je m’en fous toujours.
– Et… si je vous propose 10 millions de dollars ?
– J’ADORE AIDER MON PROCHAIN !

Oui, Zora aurait pu faire de la politique. Mais surtout, retenez bien cela : ceci est la scène d’introduction de Zora. Et la première chose qu’on apprend à son sujet… c’est qu’elle se fout de tout, sauf du pognon. Même la mort de sa mère, elle s’en cognait en comparaison, c’est vous dire si elle aime le fric. Son rêve est probablement d’avoir un F4 à Levallois, allez savoir. Retenez bien cela (pas Levallois, sa cupidité), on y reviendra. En attendant, maintenant que Zora est prête à partir planter des seringues dans des cuculs de dinosaures, John Pognon lui propose d’aller recruter l’autre spécialiste nécessaire à leur équipe, à savoir quelqu’un qui connait bien le comportement des dinosaures.

– C’est pourquoi j’ai choisi… Henry ! Un paléontologue qui travaille dans un musée qui tombe en ruines !
– Mais ?
– Oui Zora ?
– John Pognon… on n’a pas passé les derniers films à, justement, introduire de nouvelles spécialités ? Comme au hasard, dresseur de dinosaures ? Vous savez, comme Owen, le héros des trois derniers film ? Avec son petit clic-clic à raptors ? En fait, dans un monde où les dinosaures existent depuis des années, et où il y a même eu des parcs dédiés remplis de professionnels formés sur le sujet… pour avoir un spécialiste de leur comportement, ce ne serait pas plus utile d’aller chercher un type qui bosse ou a bossé avec des dinosaures vivants ?
– La Sainte Photocopieuse à scénarios a dit « Dans l’intrigue, un paléontologue tu foutras« .
– Ah. Ben alors si la Sainte Photocopieuse l’a dit…

Et c’est ainsi que John Pognon et Zora embarquent avec eux Henry, le paléontologue qui n’a rien à foutre là, et d’ailleurs, qui dit même qu’il n’a pas envie de participer à la mission. S’il vient, c’est juste pour voir « des dinos en dehors d’un zoo ». Hmmm… si seulement tu vivais dans un monde où l’on peut trouver des dinosaures tout le long de l’équateur, comme on vient de nous l’expliquer ! Et où des pays seraient sûrement ravis de te proposer un safari photo ! Mais Henry est américain, et on va donc supposer qu’en conséquence, il ignore l’existence d’autres pays. Partir en mission clandestine ultra-risquée, ça a l’air vachement mieux pour voir des dinos gambader. Tu es si fort, Henry.

Afin de compléter cette équipe de choc, Zora propose à John Pognon de recruter quelques-uns de ses vieux compagnons d’armes, qui ne seront pas de trop pour cette mission. Ainsi, ils vont chercher :
– Duncan, un ex-camarade et contrebandier, qui saura les faire passer en douce dans la zone interdite des îles des dinos
– Jean-Jacques
– Jean-Jacques
– Jean-Jacques

Certes, dans le film, ils ont des noms brièvement évoqués, mais on comprend tout de suite que ce sont des Jean-Jacques puisqu’ils n’ont aucune scène juste pour eux. Ils sont juste là, au fond, à faire du bruit. Hmmm… je me demande ce qui va leur arriver ! En attendant, John Pognon est satisfait.

Ah, oui : tous les anciens équipiers de Zora sont donc devenus des rois du « Je fais du fric en tuant/volant/trafiquant pour qui me paie le plus », mais en fait, ils sont gentils.

– Nous avons tout le nécessaire pour partir sur une île pleine de gros monstres : des militaires, un scientifique, et même des Jean-Jacques ! Tout est prêt !
– Un instant, Monsieur Pognon… regardez, là, en bas de votre document sorti de la Sainte Photocopieuse… il y a un truc écrit. Un élément apparemment obligatoire.
– Vous avez raison, Zora. Voyons… « Des enfants relous et au moins un parent, tu colleras« .
– Zut ! Ça, on n’a pas ! Que faisons nous, Monsieur Pognon ?
– Ayez foi en la Sainte Photocopieuse !

Et en effet.

* * *

Au même moment, au large de la Guyane, en pleine zone interdite.

– LALALALA ! JE FAIS DE LA VOILE AVEC MON BEAU BATEAU ! LALALALA ! J’ESPERE QU’IL NE VA RIEN NOUS ARRIVER D’AFFREUX À MOI, MA FILLE ESPIEGLE, MON ADOLESCENTE RELOUE ET SON COPAIN AUX HORMONES EN FOLIE ! QU’EST-CE QUE C’EST LÀ BAS ? OH NON ! UN ENORME DINOSAURE AQUATIQUE ! AAAAH MON BATEAU ! JE SUIS À LA DÉRIVE ! AU SECOURS ! J’ESPERE QU’UNE MISSION SECRETE DONT JE N’AI PAS CONNAISSANCE NOUS TROUVERA DANS LA ZONE INTERDITE PAR LE PLUS GRAND DES HASARDS !

* * *

Le 30 juin 1908, à Toungouska, en Sibérie, quelque chose a atterri avec tant de violences que cela a produit une explosion équivalente à un millier d’Hiroshima. Certains pensent à une météorite. Mais en réalité, il s’agissait d’une boîte à « Ça alors » d’une telle puissance qu’elle a remonté le temps pour venir s’écraser là.

Et en effet, alors que la mission secrète de John Pognon arrive peu après en bateau dans la zone, ils captent soudain un SOS d’une petite famille dont le navire est en détresse (alors qu’eux voulaient juste écouter Nostalgie en paix). John Pognon est partisan de l’ignorer, puisque personne ne doit savoir qu’ils violent les lois internationales pour venir dans le secteur. Zora, elle, dit qu’il faut y répondre, car laisser des gens en danger, c’est mal. Et Duncan pense de même.

– Attendez… Zora, on vous a présentée comme une mercenaire uniquement intéressée par l’argent, mais soudain, vous vous dites « Tiens, si je décevais mon client pour aller aider des gens gratos ? »
– Ah tiens, oui.
– Et vous, Duncan, vous qui êtes un contrebandier dont le métier est de ne surtout pas se faire gauler, vous répondez à tous les SOS ?
– Ah c’est vrai que….

Voilà voilà. Ce serait difficile d’avoir des personnages cohérents plus de deux scènes de suite. Et voici comment nos héros vont donc secourir une famille que nous appellerons la famille Doritos, puisque l’on y retrouve Dora, la petite enfant à sac à dos qui aime briser les clichés et les burnes, Dory, sa grande sœur neuneu, Dodor, son copain qui est du même niveau, et enfin Daddy, leur papa. Qui est très reconnaissant.

– Merci de nous avoir sauvés, mystérieux mercenaires. Déposez-nous au premier port venu, et nous ne dirons rien de ce que nous avons vu. Car vu votre matériel, et le fait que vous naviguez dans le coin, vous n’êtes sûrement pas supposés être ici.
– Et sinon, qu’est-ce que vous foutiez à emmener vos enfants dans une zone interdite par tous les gouvernements et bourrée de dinosaures tueurs ?
– Euh… putain que… que dit le script… « J’ai pas eu de bol ».
– Hein ? Mais ça ne répond pas du tout à la question !
– Ben oui mais le script n’a aucune idée de ce que je fous là. C’est juste la Sainte Photocopieuse qui demandait son lot d’histoires familiales, donc pif pouf, on atterrit dans le film.

Autre explication : Daddy est en fait venu exprès pour filer ses enfants relous à manger aux dinosaures, mais bordel, il a fallu qu’on vienne le sauver. Pas d’bol Daddy. La prochaine fois, va visiter un volcan. Ou Charleroi.

Enfin, revenons à nos moutons, puisque John Pognon refuse de faire un détour pour déposer tout ce petit monde. Il propose une autre option, à savoir d’emmener cette famille avec eux sur l’île de Saint-Hubert, où se trouve une ancienne installation sécurisée. La famille pourra y attendre en paix que les mercenaires accomplissent leur mission en vitesse, puis tout le monde repartira ensemble vers un port sûr, afin de s’y séparer en se donnant de grandes claques dans le dos ou de gros coups de pied au cul, selon comment tout se sera passé.

Il n’y a de toute manière pas de place pour la discussion, car soudain, à bord le sonar s’agite : un gros truc approche du bateau de nos mercenaires favoris. Et ça ressemble à un titanesque dinosaure aquatique.

– C’est sûrement le mosasaure ! s’exclame Henry. L’un des trois dinosaures à qui l’on doit pomper du sang ! Vite, prenez ce fusil à prélèvements super mal branlé qui ne tire qu’à dix mètres et éjecte ensuite l’échantillon dans une direction aléatoire au bout d’un parachute !
– … pardon ?!

Car, oui, nos amis sont dans une mission secrète où l’on peut recruter des gens pour dix millions de dollars par tête de pipe, par contre leurs fusils sont clairement de la daube conçue par un singe sous ecstasy. D’ailleurs, pourquoi est-ce que soudain, le paléontologue de la bande s’y connait en fusils à prélèvements ? Ah, mais oui, j’oubliais : il est « scientifique » (il a des lunettes). Donc tout ce qui est technique, hopopop, il maîtrise.

En attendant, le sonar n’a pas menti, c’est bien un gros bestiau qui file vers le navire. Qui n’est autre que le mosasaure attendu, ou « lézard de la Meuse », je le rappelle, qu’on reconnait au fait qu’il sifflote Verdun, on ne passe pas lorsqu’il approche de ses victimes. Tout l’équipage se met donc en branle pour essayer de lui pomper un peu de son sang à l’aide du fusil à échantillons. Passons sur la scène où l’animal approche, s’éloigne, manque de faire tomber à l’eau les héros, et paf pouf, Zora parvient à tirer la fléchette dans le bestiau.

– Super ! s’exclame Henry. Maintenant, la fléchette va pomper le sang, puis éjecter l’échantillon avec son petit parachute, qu’on n’aura plus qu’à récupérer !
– Attends… comment on sait que l’éjection va se faire dans la bonne direction, surtout en sachant qu’on est sur un bateau lancé à pleine vitesse, et que l’échantillon va lui décoller d’un mosasaure lui aussi qui va à fond, peut plonger à tout instant, et dont on n’a aucun contrôle de la trajectoire ?

C’est pourtant simple : le script, bon dieu !

Car oui, hop, miraculeusement, la fléchette collée sur le mosasaure envoie bien son échantillon parachuté pile-poil sur nos héros, sans aucune explication. Eh bien, merci ! Mais avant que les spectateurs ne puissent se lever et quitter la salle devant un tel niveau, le film nous envoie une nouvelle scène d’action : le mosasaure, grognon, a décidé de savater le bateau ! Pire, il est bien vite rejoint par des dinosaures mutants (oui, oui, des dinosaures normaux, ça ne suffisait pas) qui l’aident à secouer tout ce beau monde.

– Heureusement que nous avons emporté des armes pour neutraliser des dinosaures ! s’exclame un Jean-Jacques.

Qui en prend une et… bah en fait, ça ne fait rien à part du bruit. Pourquoi ? Comment ? On ne sait pas. Mais comme il tire sur des dinosaures majestueux (bien que mutants), la nature le punit en faisant qu’un des animaux bondit sur le navire et le croque. Adieu, Jean-Jacques ! Ta mort est une grande surprise, crois-le bien. En tout cas, elle doit l’être pour les mercenaires du bord qui se mettent alors à glapir « Holala on ne peut rien faire ! Vite, moteurs à fond, on va tenter de les semer en filant droit sur l’île devant nous, celle où on devait se rendre ! À faible profondeur, ils devraient nous lâcher ! »

Nos héros n’ont donc pas pensé à prendre des armes efficaces contre les créatures qu’ils traquaient. Malin !

Et vroum : Duncan pousse les moteurs à fond.

S’ensuit une autre scène longuette du navire qui prend des coups, des rochers, mais surtout, où la famille Doritos, a des soucis, et pas seulement à cause de leur QI de 120, certes, mais en cumulé. En effet, Daddy ordonne à Dory, sa plus grande fille, d’aller trouver une radio pour appeler à l’aide. Ce qui ne fait que moyennement plaisir à John Pognon, qui n’a pas trop envie qu’on attire l’attention sur son opération. Aussi, lorsque le bateau est secoué par un nouveau coup et que Dory se retrouve suspendue au bord, John Pognon ne l’aide pas. Pas de Dory, pas d’appel radio. Et… Dory tombe à l’eau.

Je vous entends déjà, lecteurs étonnés :

« Attendez, Monsieur Connard, êtes-vous en train de nous dire que Dory, une fille de la gentille famille, meurt dévorée par des dinosaures aquatiques mutants dès le début ? »

Eh bien… non.

Car pour une raison mystérieuse, et alors que TOUTE la famille Doritos se jette à l’eau pour aider Dory, les dinosaures, eux, décident de disparaître entre deux scènes. Voilà, ils voulaient croquer les humains, mais quand ces derniers sautent droit devant eux… eh bien, euh, en fait, ils n’ont plus faim. Ou alors, ils se disent que manger des neuneus, c’est peut-être mauvais pour ce qu’ils ont. Tout cela n’est qu’un prétexte pour que la famille Doritos se retrouve à nager jusqu’à un coin de l’île, pendant que les mercenaires et leur navire, eux, vont s’échouer plus loin, les séparant ainsi en deux groupes, comme dans tout Jurassic Park, comme le veut la Sainte Photocopieuse.

En arrivant sur la plage, l’un des Jean-Jacques mercenaires soupire.

– Ouf, nous voilà sauvés ! Quelle chance que ces dinosaures mutants aient abandonné la poursuite pile quand la famille Doritos a sauté à l’eau ! Et… aaaaah !

Et Jean-Jacques se fait manger, car en fait, les dinosaures n’avaient pas abandonné la poursuite du tout. Ils avaient juste disparu le temps de la scène où les Doritos sautaient à l’eau. C’est quand même génial. J’imagine bien l’équipe du film au moment de rédiger le scénario :

– Bon et là, les Doritos sautent à l’eau… mais ne se font pas manger, bien sûr, car ils doivent atteindre la fin du film.
– Ah ! On pourrait dire que le plan des héros a réussi : ils sont désormais dans des eaux si peu profondes que les dinosaures ont abandonné la poursuite ! Ce qui explique leur survie !
– … ouais mais ça serait cohérent. Tiens, voilà du pognon pour rajouter une scène, juste après, où un Jean-Jacques meurt tué par les MÊMES dinosaures pour expliquer que non, ils n’avaient pas abandonné. Et souligner que la survie des Doritos n’a aucun sens.
– Mais… pourquoi ?
– Tais-toi et zippe ta cagoule en cuir, esclave.

Si vous avez une meilleure explication, je suis preneur.

Cela dit, revenons à nos moutons mutants, et résumons : les Doritos sont échoués dans un coin de l’île, et les mercenaires et leur navire, sur l’autre. Et comme tout est très bien écrit, sachez que la présence des Doritos n’apporte RIEN au film. Ils ne servent à rien, ne font rien, et n’auront aucune interaction avec personne qui serve à quoi que ce soit. Commençons donc par leur épopée qui est… disons… ahem. Disons qu’elle a autant de sens que la carrière de Julien Odoul. Mais, voyez plutôt.

Car les Doritos se sont échoués PILE POIL devant la source chaude d’où partent les tuyaux de géothermie qui alimentent l’ancien centre scientifique de l’île. Comme ça, ils n’ont pas à se demander dans quel sens ils doivent suivre les tuyaux s’ils veulent arriver à un abri. Vraiment, quelle chance ! Ma boite à ça alors n’aurait pas remonté le temps pour s’écraser ailleurs, je l’aurais bien lancée sur mon écran en poussant des jurons en araméen.

Les Doritos partent ainsi à l’aventure et pour commencer, tombent sur un premier dinosaure, qui est petit et cromignon. Au point que Dora le fourre dans son sac à dos. Vous vous dites « Aha ! Ça va leur servir ! » mais en fait, non. Il est juste là. Voilà. Comment ? Vous voulez de l’action ? Pas de souci ! Car voici des vélociraptors ! Qui surprennent Dodor pendant qu’il était parti faire pipi à 250 mètres du reste du groupe (vraiment ; en même temps, il ne s’appelle pas Dodor pour rien). Vous vous attendez à une scène d’action ? Aha, malheureux ! En fait, on voit juste Dodor de face, qui pisse, pendant que dans son dos, un Deusexmachinosaure (c’est très rare) surgit pour manger les deux raptors pile quand ils allaient attaquer Dodor. La caméra ne bouge pas, tout se passe en arrière plan, et Dodor peut finir son pipi.

Puis, vient la scène où la famille Doritos arrive sur un petit cours d’eau qui traverse l’île.

– Je vais aller y nager, car je suis complètement conne ! s’exclame Dory.
– C’est vrai, c’est pas comme si on savait que des dinosaures aquatiques rôdaient !

Et Dora d’aller sur l’autre rive, où hélas, un T-rex dort. S’ensuit une scène que l’on peut résumer à :

– Surtout, ne fais aucun bruit, Dory !
– Oh non, j’ai marché sur une branche !

Mais ça ne réveille pas le T-rex.

– Surtout, ne fais aucun bruit, Dory !
– Oh non, j’ai réveillé toute une volée de chauve-souris !

Mais ça ne réveille pas le T-rex.

– Surtout, ne fais aucun bruit, Dory !
– Oh non, j’ai trouvé un bateau gonflable d’urgence plié et je le traîne sur le sol à un mètre du T-rex en faisant « crouiii ! crouiii ! »

Mais ça ne réveille pas le T-rex.

– Surtout, ne fais aucun bruit, Dory !
– Oh non, j’ai décidé, malgré l’énorme inscription « Ne pas gonfler sur terre », de tirer sur la poignée pour gonfler le bateau sur terre, et à 1 mètre du T-rex !

Et ça réveille le T-rex ! Oh ben ça alors, elle l’a vraiment pas cherché ! Toute la fine équipe décide que le meilleur moyen de fuir est donc de sauter dans le bateau et de pagayer, poursuivis par un T-rex qui selon les besoins de la scène, est tantôt champion de natation, tantôt avance à 0,5 km/heures et mord dans le vide toujours à 1cm des héros. Non vraiment, ces scènes d’actions sont oh… aaah… oaaaah… pardon, je baillais. Je disais donc : ces scènes d’actions font vraiment monter la tension.

« Tiens, un T-Rex ? Et si au lieu de l’éviter pour continuer notre chemin comme prévu, j’allais foutre le boxon juste à côté sans aucune raison ? »

Nos héros peuvent bien vite reprendre leur progression sur le cours d’eau, et vous me direz « Mais, ils n’étaient pas supposés suivre les tuyaux de géothermie ? » et… ah ben oui, tiens ? Pourquoi ne le font-ils plus ? Quel intérêt à changer de trajectoire pour remonter un cours d’eau sans aucune idée d’où il mène ? Non, vous avez posé une bonne question. Et le mauvais film, n’a aucune réponse.

Mais comme c’est dans le script : hop ! Ça les amène quand même à destination, à savoir l’ancien centre scientifique de l’île, celui qui fut détruit il y a bien longtemps par un emballage de Snickers (même moi je n’arrive pas à croire que je viens d’écrire cela). C’est ici qu’ils vont retrouver l’autre équipe… dont il est temps de conter la propre aventure.

Revenons donc à Zora, John Pognon, Henry, Duncan et le dernier Jean-Jacques, quelques heures plus tôt, alors qu’ils viennent de s’échouer sur l’île. John Pognon ne décolère pas.

– Notre navire est foutu ! Nous sommes bloqués ici, ce qui était totalement imprévisible !
– Pas d’inquiétude, lui rétorque Zora. J’avais prévu le coup. J’ai averti un hélicoptère de sauvetage qui viendra survoler l’ancien centre scientifique de l’île dans 24h. Il restera deux minutes, puis partira. Donc si nous sommes là-bas à ce moment-là, ils pourront nous évacuer.
– Vous voulez dire que vous avez averti des sauveteurs au hasard, en amont, de la mission super secrète dont je vous avais demandé de ne surtout pas parler ?
– Exactement.
– D’ailleurs, je vous avais parlé du centre scientifique ?
– Ah tiens non, c’est vrai. On va dire que j’ai deviné qu’il y en avait un alors qu’il était secret, que j’ai deviné ses coordonnées GPS, et que j’ai donné tout ça à l’hélico de secours sans vous en parler d’abord, d’ailleurs.

Ah, non, vraiment, on est bien, là. Toujours est-il que puisqu’ils ont un moyen de quitter l’île, autant en profiter pour aller recueillir les deux derniers échantillons manquants. L’un est à récolter sur un Titanosaurus, un gros herbivore, et l’autre sur un Quetzalcoatlus, une sorte de gros ptérosaure, et qui donc, vole. Pour le Titanosaurus, l’affaire est vite pliée : alors qu’ils se promènent dans un champ d’herbes hautes, ils aperçoivent un truc : c’est un de ces immenses animaux qui était allongé ! Bon, quand la caméra dézoome, on voit qu’ils étaient environ 200 et pas du tout allongés pour l’essentiel, mais apparemment, Zora la mercenaire n’est pas foutue d’apercevoir des dizaines de cibles de 12 mètres de haut juste devant elle (Zora a besoin de tout cet argent pour se payer des lunettes, car les mercenaires ont de très mauvaises mutuelles, c’est connu). Mieux, quitte à tirer au fusil à échantillons sur l’un d’entre eux… elle tire sur celui auquel Henry était en train de faire un câlin, appréciant le calme de ces paisibles herbivores.

Bon, Henry est certes un peu con d’aller se coller à la patte d’un animal qui peut l’écraser sans même le remarquer, mais Zora qui tire dessus alors qu’elle a des millions d’autres cibles, c’est limite une tentative de meurtre (qui hélas, échoue). Heureusement, personne ne semble remarquer ce petit problème, tout le monde glousse, et reprend sa route.

Reste à aller chopper le Quetzalca… Quetazcla… Quetalz… l’autre merdou.

Et figurez-vous que l’animal a installé son nid dans un ancien temple pré-colombien typique de la région, niché à flanc de falaise. Henry, le nerd, n’a aucun souci à y descendre en rappel avec Zora (Henry devait avoir un abonnement au club d’escalade local, en tout cas on va dire ça, voyez si je veux sauver l’intrigue), et tous deux parviennent à effectuer un prélèvement sur un œuf, ce qui est tout de même plus facile que sur une espèce de pigeon géant tueur. Sauf que ledit pigeon revient pile à ce moment-là, et s’ensuit une scène d’action où l’un de nos héros va mourir. Sur qui pariez-vous ? Je vous redonne la liste :

  • Zora
  • Henry
  • Duncan
  • John Pognon
  • Jean-Jacques

Vous avez trouvé ? Eh non, ce n’est pas Zora qui meurt en vomissant du sang dans ses propres excréments, coupées en deux par un bec géant, comme vous l’espériez secrètement, mais bien Jean-Jacques qui se fait gober comme un vulgaire Tic-Tac d’1,80m. Le reste de l’équipe peut battre en retraite, et reprendre sa route en direction de l’ancien centre de recherches de l’île. Qu’ils atteignent aisément et où ils retrouvent… la famille Doritos ! Sauf que les retrouvailles ne sont pas heureuses, puisque Dory désigne aussitôt John Pognon du doigt.

– C’est lui ! C’est lui qui, plus tôt sur le bateau, m’a laissée tomber à l’eau pour m’empêcher d’utiliser la radio ! Il a tenté de me tuer !
– C’est vrai, ça, John Pognon ? demande Zora d’un air inquisiteur.

Car Zora, dont la PREMIERE caractéristique est de ne croire qu’au pognon, est soudain plus intéressée par la justice, quitte à se fâcher avec le mec qui doit la payer.

Non, vraiment, toute cette scène au début où on insiste sur le fait que rien d’autre ne l’intéresse… bravo. Je rappelle qu’ils la retirent du film, ce dernier est plus cohérent et coûte moins cher. Tant de nullité crasse, c’est beau.

Toujours est-il que John Pognon sort un pistolet.

– Vous me saoulez, tous ! Ne m’approchez pas ! Nous allons attendre l’hélico, quitter cette île maudite, et la suite… nous verrons !

Sauf que John Pognon ne peut pas échapper à la règle de la Sainte Photocopieuse : « À la fin du film, des raptors tu mettras« . Et comme nous sommes dans une mauvaise production qui ne sait plus quoi inventer pour prétendre apporter quelque chose de nouveau à la licence, ce sont donc des raptors volants qui attaquent ! On en est là. La fine équipe se disperse dans tout le centre de recherche, avec les fameuses scènes où on tente de bloquer une porte pour stopper les prédateurs, où les enfants doivent se cacher dans des placards alors que les créatures les cherchent, et où les gentils se battent avec tout ce qu’ils trouvent pour faire diversion.

« Non mais c’est super différent passque là euh les raptors eh ben… euh… ils ont des ailes. »

D’ailleurs, quand nos héros tirent pour se défendre, ces animaux résistent aux balles de John Pognon, mais pas de Zora, qui ont pourtant la même pétoire. Le pouvoir de la gentillesse, sûrement.

L’affaire dégénère plus encore quand surgit celui que vous attendiez tous : le grobatarosaure ! Le monstre du début du film ! Et quand je dis monstre, je n’exagère pas puisque la bête ne ressemble à rien, si ce n’est à un alien de plusieurs mètres de haut, avec beaucoup trop de membres, écailleux, bref, c’est à peu près tout sauf un dinosaure. Le grobatarosaure ne fait qu’une bouchée de l’hélicoptère de secours qui s’était approché un peu bas, puis de John Pognon, qui lui avait pété un peu haut.

Le reste de la fine équipe peut donc récupérer la valise d’échantillons de John Pognon, puis s’enfuir, coursée par les dinosaures. Seul Duncan reste en arrière pour distraire le grobatarosaure, et il se sacrifie sans hésiter avant de…

… avant de revenir, parce qu’en fait, ça va. Pardon ? Le grobatarosaure qui lui arrivait droit dessus gueule ouverte ? Non, apparemment, il a juste toussé un peu fort, puis est reparti faire des mots-croisés. Oui, même la scène du sacrifice final est ratée (pas autant que celle de The Batman, mais tout de même). Tout le monde peut donc se glisser dans un canot à moteur et filer vers le large, alors que le soleil se lève sur l’île des dinosaures mutants.

À bord du frêle esquif, Zora se tourne vers Henry.

– Bon, Henry, les échantillons, je vous laisse décider d’à qui on les donne.
– Pardon ? Vous savez qu’ils valent des millions, si ce n’est des milliards ? La compagnie de John Pognon vous couvrira de lingots d’or si vous lui apportez.
– Ouais mais… t’avais pas parlé de les filer au peuple à un moment du film ?
– Euh, si, en les analysant et en diffusant toutes les données en ligne ! En open source. Pour que tout le monde puisse en profiter. Pas juste une société pharmaceutique. Mais ça veut dire que vous ne toucherez pas un dollar.
– Moui, mais moi, l’argent, vous savez… allez, va pour l’open-source !

Voilà. C’est le dernier dialogue de Zora, celui où en fait, le fric, elle s’en fout. Pardon ? Le début du film ? Chhhht. Écoutez ma voix. Oubliez. Oubliez tout. Vous êtes un sanglier. Un saaanglier. Voilà.

Quant à la famille Doritos, qui n’a donc servi à rien d’un bout à l’autre, elle n’a donc toujours servi à… rien, et tout le film aurait été exactement le même sans eux, sauf qu’il aurait duré une heure de moins. C’est donc sur la grande question du « Mais pourquoi ? » que le spectateur voit l’écran virer au sombre et…

… FIN !

De toute façon, on connait la réponse, et elle tient en deux mots : Sainte photocopieuse.

Et tout de même : une image du grobatarosaure, qui n’a donc plus rien à voir avec un dinosaure.

Pour conclure, laissez-moi donner la parole au mathématicien évoqué en introduction de cet article. Et qui saura mieux que moi résumer tout cela :

C’était donc prophétique.

Publié le 11.07.2025 à 11:26

Porte-avions géant VS très grosse moule

Les vacances sont là.

Ce qui veut dire, mon bon Diego, que je devrais pouvoir en profiter pour visionner une bonne grosse daube des familles et en faire un spoiler. Mais en attendant, et pour satisfaire le peuple qui demande « À quand la prochaine vidéo ? » je réponds donc : c’est maintenant, bande de galopins. Et cette fois-ci, nous allons parler d’un héros américain, Joseph Enright… qui a surtout eu une moule telle que même un script de cinéma n’aurait pas enchaîné tant de « Ça alors ! ». Où comment un commandant de sous-marin considéré comme une quiche s’est retrouvé nez à nez avec un projet top secret japonais qui limite, le suppliait de le faire sauter.

Bon visionnage.

Publié le 26.06.2025 à 08:47

Seize années au compteur

Ce 26 juin, ce blog fête ses 16 ans.

Ce petit con fait désormais du scooter avec ses copains, refuse de rentrer à l’heure, a une voix tellement improbable qu’il a toutes ses chances à l’Eurovision, et de manière générale, semble appeler les pieds au cul, quand bien même lui préférerait pécho. Mais c’est un blog, et tout ce qu’il peut pécho, c’est un robot Google alors hein, hé, ho, on se calme maintenant. En tous les cas, ce nouvel anniversaire est un énième coup de vieux pour vous, lecteurs, comme pour votre moyennement humble serviteur, qui entend régulièrement « Oh oui, je lisais votre blog il y a dix ans, ça existe toujours » ? Ou qui découvre qu’il est suivi par des gens même pas nés en 2009, lorsque ce site du diable est sorti du néant. Comme le temps passe, mon bon Diego.

Cela étant dit, et comme le veut la tradition, faisons le point.

L’IA peut vous générer une image à partir de rien, mais compter jusqu’à 16 quand vous lui demandez 16 bougies, c’est encore un peu compliqué.

Le blog continue sa route à son rythme de croisière d’un article toutes les deux semaines, et la chaîne Youtube s’enrichit elle d’une vidéo toutes les 6-8 semaines, là aussi, comme les années précédentes. Il faut dire que les sorties papier prennent un certain temps, avec Le Petit Théâtre des Opérations qui continue sa route en bédé (monsieur le chien est enchaîné à sa table de dessin en ce moment-même), aussi bien en version classique comme déclinaisons comme Le Petit Théâtre des Opérations – Guerres napoléoniennes, dont le tome 2 est aussi en cours de création. Mais, on me retrouve aussi à parler histoire plus sérieusement avec Albert Roche en bédé, ou encore Mystères ou arnaques ?, où il est question d’histoire toujours, mais sans forcément de guerres parce que hein, bon, voilà.

Mais cette année, la petite nouveauté, c’est que votre serviteur étant vieux, et le monde envahi de jeunes (il en arrive toujours plus chaque jour ? Mais d’où sortent-ils ? Et pourquoi n’ai-je pas envie que vous répondiez à cette question ?), il est question de passer à l’attaque sur Instagram et TikTok. Histoire de prêcher auprès de jeunes malandrins qui ne savent même pas qui est Max Mader (ce qui est mal). Pour l’instant, c’est un peu vide, mais on peut y trouver de premiers essais de podcasts via Tiktok, et je cherche un format qui conviendra à ces supports. Attendez-vous donc à des tests. En tout cas, si vous vous abonnez, sinon, rassurez-vous, je n’irai pas jeter des clés USB dans vos boîtes aux lettres. La page Instagram est ici, la page TikTok, là.

Et cette année, point de termes de requête ayant mené au blog passés en revue ! En effet, WordPress qui est de pire en pire année après année, a décidé de dire « Naaan, je te les montre que si tu me paies un peu plus cher !« . WordPress, je vais donc simplement te montrer mon majeur. Qui est très beau, merci, on me le dit souvent. Principalement parce que je le montre en effet régulièrement, mais là n’est pas le sujet.

Bref !

En attendant, et pour rappel pour suivre ce blog une année de plus : la page Facebook est ICI, le compte Twitter, , la page Instagram est ICI, la page TikTok, (je viens de vous le dire juste avant, en plus, canaillous !)  la FAQ qui vous fera gagner du temps, est PAR ICI, quant à vos communications diverses, questions particulières et autres, c’est toujours PAR LÀ. Enfin, la chaîne Youtube est ici : Le Petit théâtre des opérations.

À défaut de mots-clés à commenter, comme toujours, la tradition sera respectée : je descendrai donc dans l’arène des commentaires pour tenter de répondre à tout le monde aujourd’hui et dans les jours qui viennent. Je prépare donc mon clavier à être maltraité, mais pas autant que mes yeux (je vous connais).

En attendant, en route pour une nouvelle année dans un monde qui pète la forme, l’honnêteté & l’amour de son prochain bien sûr.

Publié le 12.06.2025 à 14:28

Prendre une grosse mine

Souvent, on caricature les généraux de la Première Guerre mondiale comme des gens pas bien fins envoyant des vagues de types à l’assaut.

C’est faux.

Prenez l’exemple de nos amis britanniques : bloqués devant Messines, en Belgique, ils se posent la question « Mais par quelle subtile stratégie allons-nous réussir à passer ?« . Ce à quoi l’un d’entre eux répond « Et si on faisait tout péter, pour voir ?« . Voici donc le récit d’une blague dont le résultat surprit l’ennemi, les auteurs, une vache, et qui aujourd’hui encore, fait qu’en cas d’orage à Messines, il est bon de ne pas trop se promener.

Bon visionnage.

Publié le 29.05.2025 à 09:08

Le plan de communication du Président

Ces derniers jours, la presse internationale, cette petite irrespectueuse, se moque de notre Président.

En effet, celui-ci ayant été surpris dans une situation peu flatteuse à la descente de son avion au Vietnam, il n’a rien trouvé de mieux pour expliquer cela que « C’est un montage vidéo des Russes« . Une excuse digne de « J’avais un programme pour redresser l’économie, mais mon chien l’a mangé. » ou « J’ai un super ascenseur social, mais là, il est en réparation« . Alors, comment diable expliquer une communication aussi, disons… ahem, particulière ?

La réponse est simple : à l’heure de ChatGPT, notre Président montre que la France n’est pas en retard grâce à un système de communication automatisé, que je vous transmets ci-dessous. Je vous laisse cliquer sur l’image.

Cliquez ou j’appelle le Président.

Publié le 14.05.2025 à 10:56

Eugène Bullard, l’hirondelle noire

Nous revoici pour un nouvel épisode du Petit Théâtre des Opérations.

Où il est question d’Eugène Bullard, un nom que vous avez sûrement déjà croisé dans une excellente bédé, mais qui n’avait pas eu le droit à sa vidéo. Pour rappel, Eugène Bullard est un garçon qui aime la difficulté, puisqu’il a décidé de naître noir aux Etats-Unis en 1895. Comme c’était un peu rude, et sur les conseils de son père, il est parti voir comment ça se passait en France. Et là… oooh ! Certes, le racisme existait aussi (c’était pas le paradis non plus, hein !) mais pas de loi sur la couleur de peau pour savoir qui peut utiliser les toilettes de qui. Et voilà comment Eugène décide de s’installer, de défendre sa nouvelle petite maison… et va devenir un héros d’un côté de l’Atlantique. Mais toujours méprisé de l’autre.

Avant de vous glisser la vidéo, sachez que votre serviteur va tenter d’en faire une version anglaise, histoire de pourrir vos amis à la gastronomie contestable. Et afin de conquérir de nouveaux territoires et sauver la jeunesse perdue sur Instagram et TikTok et leurs formats pourris… votre serviteur regarde aussi pour faire du podcast. On aura l’occasion d’en reparler.

En attendant, parlons d’Eugène.

Bon visionnage.

Publié le 10.05.2025 à 15:10

Des bédés sortent, vous dites ?

Pendant que votre serviteur travaille sur la prochaine vidéo et autres trucs & machins, il se rend soudain compte avec effroi qu’il n’a même pas parlé des dernières sorties. Tel un commercial en chaussures pointues, laissez-moi donc faire un bref point sur la marchandise fraîchement arrivée dans les étals.

On commence avec Le Petit Théâtre des opérations – Anthologie 39-45

Ça ressemble à ça.

Etant un fort mauvais vendeur (mes chaussures sont tristement non-pointues), je préfère vous avertir de suite : ce n’est pas un nouveau tome de la série. Il s’agit d’une édition spéciale avec le Musée de la Légion d’Honneur, où il y a une histoire inédite, mais le reste était dans les volets précédents. D’où le nom « d’anthologie ». Voilà. Je vous avais dit que j’étais un mauvais vendeur. Mais pour une victime qui n’a encore rien lu et aime les aventures se déroulant à cette époque, vous avez désormais le cadeau parfait. Sachez que monsieur le chien travaille bel et bien sur le vrai tome 6, je m’en assure en envoyant chaque matin Diego taper dans les barreaux de sa cage pour le réveiller. Prieur & Malgras, eux, sont sur le PTdO Napoléon tome 2, mais je ne leur envoie personne car déjà, ils sont deux, et ensuite, contrairement à monsieur le chien, ce sont des êtres humains respectables.

Puis, l’an dernier, il y avait eu un ouvrage collectif sur les folles anecdotes de l’histoire dédié au sport, et cette année, il est sur un tout autre thème : Mystères ou Arnaques ?

Non, on n’y parle pas de scientologie. Pas encore.

Le principe reste le même : des anecdotes absurdes, ici sur les grands mystères de l’histoire. Pourquoi diable est-ce que l’on pense qu’il y a un monstre dans le Loch Ness ? Et d’où vient la photo la plus célèbre de la bête ? La réponse implique un pied d’hippopotame, un chasseur pas content, et une vengeance pas bien fine. La malédiction de Toutankhamon a-t-elle vraiment emporté un paquet de monde ? Disons que quand on regarde de plus près, on constate surtout qu’elle prouve que le mauvais journalisme est intemporel. Et il en va de même avec d’autres mystères mystérieux : que sont ces lumières fantomatiques qui ont fait la renommée d’une petite ville américaine durant des années ? Est-ce que le Big Foot va enfin se montrer ? Et bordel, qui a encore dessiné des bites dans mon champ avec sa soucoupe volante ?

Tout ça, on en parle dans cette belle bédé, avec des gens de talent de France et d’ailleurs, dont les noms sont sur la couverture (oui, je suis paresseux).

Vous savez tout.

Oui, oui… je retourne bosser. Rah, vous êtes durs !

Publié le 26.04.2025 à 10:04

The Bêteman

Batman est un super enquêteur.

Voilà généralement ce que vous pouvez retrouver dans la plupart des discussions sur « Quel est le super pouvoir de Batman à part d’être honteusement riche ? ». Et c’est en effet plus ou moins officiel, tant des comics entiers sont dédiés aux investigations du célèbre détective crypto-transformiste. Par conséquent, si je vous demandais de m’écrire une aventure de Batman là, au débotté, sur le thème « Il y a un crime », j’ose imaginer que le premier truc que vous me répondriez serait « Batman va enquêter ».

Eh bien à Hollywood, quelqu’un a dit « Non, en fait, il va faire du rien. Puis-je en faire un film de trois heures avec un budget de 185 millions de dollars ? » et quelqu’un a répondu « Mais, fais-toi plaiz’ ! »

Personnellement, s’il y a une enquête à mener, c’est plutôt par là que j’irais voir.

« Enfin, » me direz-vous de votre voix au timbre raffiné « le film a eu d’excellentes critiques, comment osez-vous dire que ce serait en fait une daube où Batman ferait du rien ? »

Et j’entends, j’entends, lecteurs de peu de foi. Et je n’ai qu’une seule réponse à cela :

Spoilons, mes bons !

L’affiche. Dois-je commenter la couleur du ciel ou ça ira ?

Notre film commence au travers des yeux d’un monsieur avec des jumelles qui respire très fort en observant une belle maison. Celui-ci est en train d’espionner toute une petite famille, probablement en marmonnant « Hmmmouiiii, fifille… », mais finalement, à défaut de fifille, il décide d’arrêter son attention sur le père de famille, qui n’est autre que le maire de Gotham City. Et profitant d’un moment où il se trouve seul, notre pervers se faufile dans la maison, puis au cri de « Ça, c’est pour les ralentisseurs et les ronds-points !« , savate lourdement le pauvre élu, qui en décède.

Pendant ce temps, à l’extérieur, le reste de Gotham est plongé dans le crime. On aperçoit tour à tour un braqueur, des tagueurs et une bande de jeunes fifous qui veulent agresser à douze un type isolé. Une voix off, celle de Bêteman, car comme vous le verrez, il est plus andouille que chauve-souris, résonne en voix off.

« Cela fait deux ans que je hante les nuits de Gotham. Deux ans que je viens venger les innocents. Les criminels ont appris à me craindre. Passque… euh… passque j’les tape ! »

En effet, sitôt que le bête-signal apparaît dans le ciel, on aperçoit le braqueur paniquer, lâcher son arme et fuir, les tagueurs arrêter d’écrire « ACAB » pour retourner dans la piscine à boules de la garderie partager leurs brillantes idées politiques, et pour les agresseurs… eux ont moins de chance, car ils tombent directement sur Bêteman, qui sortant des ombres, leur malaxe la gueule à coups de mandales, tatanes et autres tasers. On comprend d’ailleurs pourquoi ce film s’est retrouvé sur Netflix : la bande de vilains agresseurs n’est constitué que de petits blancs, sauf un type de couleur qui évidemment, est le seul qui refuse d’agresser. Il est probablement venu avec eux par amour de la randonnée urbaine, et a au fond de lui, cette fameuse bonté naturelle des gens de couleur que les Bons Gros Racistes aiment à glisser dans les films. Ah, ces gens de couleur ! Faudrait pas qu’ils soient comme les blancs. Eux sont différents : toujours gentils et souriants. Ma grand-mère disait pareil en nous montrant ses boites de chocolat en poudre. Ah, le progrès !

Mais passons.

Car alors que Bêteman en a fini avec les vilains, il lève les yeux pour apercevoir dans le ciel le bête-signal. On a besoin de lui… à la résidence du maire de Gotham, que l’on vient de retrouver mort. Sur place, l’inspecteur Gordon l’attend. Ce qui ne fait guère plaisir à ses camarades en uniforme ou à son supérieur, le commissaire Grokon, qui trouvent tous que bon, confier tes enquêtes à un type qui se déguise en rongeur volant, c’est quand même pas ce qu’il y a de plus professionnel. Mais Gordon insiste : il faut laisser Bêteman accéder à la scène de crime. Alors oubliez sa tenue de drag queen gothique et écartez-vous, bordel. Et ce qui est dit est fait.

– Bêteman, vous voilà ! On a bien besoin de vous sur cette enquête.
– Quand le corps a-t-il été découvert ?
– Il y a une heure. Soit le temps exact nécessaire pour que je me dise « Ouah, pfou, c’est trop dur cette enquête, j’appelle Bêteman. »

Oui, Gordon est un gros branlos. Avant même d’essayer de résoudre le moindre crime, il confie le dossier à un type douteux. Quel talent ! Mais, voyons plutôt la scène de crime. Car le maire a été retrouvé tout mort, avec un pouce en moins, ligoté à une chaise, et avec un scotch où il était écrit « Arrête de mentir, menteur ! » sur la bouche. Mais ce qui a poussé Gordon à appeler Bêteman, c’est qu’on a retrouvé une enveloppe à proximité, marquée « Pour Bêteman. »

– Ah ! Voilà qui justifie que vous m’ayez appelé dans l’intrigue !
– Euh… pas exactement, Bêteman. Je suis policier. Si un meurtrier laisse une enveloppe, je suis supposé l’étudier au labo et m’en servir d’élément pour l’enquête. Pas faire le facteur. Si un terroriste laisse une lettre pour le président, vous imaginez bien que mon boulot ne consiste pas à lui remettre sans poser de questions.
– C’est vrai que vous êtes un branleur en fait !
– Il suffit, Bêteman !

Car il est temps d’ouvrir l’enveloppe, qui contient une carte de vœu, avec à l’intérieur une énigme :

– « Que fait un menteur qui se noie ? ». Hmmm…
– Pas facile, Bêteman !
– Il ment à l’eau… mais oui, une menthe à l’eau ! Sûrement une référence à Eddy Mitchell ! Vite, envoyez toutes les unités l’arrêter !

Sauf que non. Eddy Mitchell, brièvement passé à tabac, est relâché. En réalité, c’est la clé pour décoder un message au dos de la carte. Message que Gordon refuse de remettre à Bêteman parce que vas-y, c’est ma preuve, t’y touche pas. Oui, en fonction des besoins de l’intrigue, des fois Gordon propose à Bêteman de venir danser au milieu d’une scène de crime pour lui remettre son courrier, mais des fois, il lui dit que « Par contre, je te laisse pas le courrier, c’est pas pro. » Hmmm. D’accord. Quelle équipe ! Boudeur, Bêteman s’en va, et retourne dans sa bête cave sur son bête solex.

Alors, je dis « bête solex » car ne vous attendez pas à une batmoto bourrée de gadgets : dans ce film, Batman est un homme d’Action. Et quand je dis « Action » avec une majuscule, c’est parce que je pense au magasin. Tous ses accessoires sont, disons, discounts, mais cela a quelques avantages. Par exemple, en usant d’un bête solex, Batman peut ranger sa tenue dans son sac à dos et rentrer chez lui en deux roues dans les rues de Gotham sans trop éveiller l’attention. Personne ne se doute donc que cette silhouette qui retourne vers la Wayne Tower qui domine la ville n’est autre que Bruce Wayne, alias Bêteman. Après avoir garé son bête solex dans la bête cave sous la maison, il retire son meilleur gadget : une lentille de contact sur son œil qui enregistre tout ce qu’il voit et entend ! Et il peut ainsi réétudier, sur écran, le mystérieux message codé laissé par l’assassin, que Gordon a refusé de lui remettre. C’est alors que débarque dans la bête cave Alfred, le majordome de Bruce Wayne.

– Monsieur, je vois que la nuit a été longue. Vous devriez vous reposer.
– Et laisser le crime s’étendre comme une moisissure ? Jamais !
– Hmmm… monsieur, vous êtes milliardaire. Si vous commenciez par payer vos impôts, on pourrait avoir des dizaines d’unités de police en plus. Pas juste un gugusse en latex qui peut être à un seul endroit à la fois.
– Vous oubliez une chose, Alfred.
– Oui ?
– Je suis Bêteman.

Alfred, qui aime son petit protégé, aimerait lui dire que mais noooon, t’es pas si bête que ça. Mais Bruce insiste.

– Si, je suis Bêteman ! Tiens, regarde : tu vois ma super lentille de contact qui filme tout avec un curieux filtre rouge sans aucune explication possible ?
– Oui ?
– J’ai un putain de casque sur la tête avec des oreilles. J’aurais pu mettre une caméra dans l’une, et un micro dans l’autre, j’aurais eu une meilleure qualité de son et d’image, au lieu de payer une fortune une merde qui donne l’impression d’avoir la colorimétrie d’un terminator. En plus, je ne veux même pas savoir combien ça m’a coûté d’insérer un micro dans une lentille de contact. Ou des batteries, d’ailleurs.
– Alors c’est vrai que c’est pas très malin maiiiis… d’après le pitch, vous êtes quand même un enquêteur surdoué !
– Ah oui ? Tu m’as vu avec Gordon ? J’ai à peine étudié la scène de crime. Je n’ai même pas cherché d’indices qu’aurait pu laisser le meurtrier : un cheveu, une trace sur une vitre, remonter par où il est rentré… tiens, et avec Gordon, on n’a même pas demandé à regarder les caméras de sécurité du coin, alors qu’on parle de la résidence du maire de Gotham City ! En résumé : Gordon est un branleur, moi aussi, et on n’a même pas commencé le début d’une once d’enquête, on s’est juste contentés de récupérer le courrier du meurtrier, soit exactement ce qu’il voulait qu’on fasse.
– D’accord : vous êtes VRAIMENT Bêteman.

Voilà voilà.

Alors qu’Alfred explique que ce serait bien que Bruce Wayne fasse au moins un peu semblant de s’intéresser aux activités de sa propre entreprise, son bon maître lui répond qu’écoute mon p’tit, t’es gentil mais tu vas me faire un café, moi, j’ai un message à décoder. Et il s’y met, pour découvrir que le message est inutilement complexe : il faut décoder uniquement certaines lettres, tenir le document devant soit, n’observer que les lettres décodées, et elles forment alors des points qui eux-mêmes, forment un mot : « DRIVE ».

– Le film idiot avec le type au cure-dent ! s’exclame Bruce. Vite, je dois retourner à la maison du maire ! C’est sûrement lié à ses voitures ! Ou ses DVDs !

Et accompagné de Gordon, dès le lendemain soir, il se rend sur place et met la main sur un indice caché par l’assassin (Ah ! Si seulement quelqu’un avait fouillé la scène de crime ! Un inspect… un enquêt… oh, non, rien, ça ne doit pas être dans le film), à savoir cachée dans une voiture de collection du maire, une clé USB attachée au pouce manquant du monsieur. Gordon sort donc son ordinateur portable pour y mettre la clé. Et ils découvrent sur celle-ci… des photos du maire dans des situations compromettantes (comme en train de mimer des emotes Fortnites), et surtout un cliché où il est en train de sortir d’une boîte de nuit douteuse avec une femme qui n’est pas la sienne, le tout entouré de divers mafieux de Gotham. Quel gros coquinou ! Pendant que Bêteman demande à Gordon s’il ne pourrait pas zoomer sur la dame pour, euh, l’enquête bien sûr, voici que l’écran se bourre de messages d’alerte.

– Flûte ! s’exclame Gordon. La clé était piégée ! Rho, si seulement on n’était pas aussi bêtes et qu’on se disait qu’une clé USB laissée par un tueur, on aurait peut-être dû l’étudier de manière sécurisée d’abord !
– Il vous a refilé un virus ?
– Il a pris le contrôle de ma boîte mail et a envoyé ces photos à toute la presse !
– Gordon, vous voulez dire que le plan du tueur était donc de tuer le maire, laisser une énigme, elle-même contenant plusieurs niveaux d’énigme, espérer qu’on n’enquête pas et qu’on se contente de résoudre ses charades à la con, qu’on les résolve, qu’on revienne et qu’on viole bêtement toutes les procédures pour étudier sa clé sans aucune sécurité, et ainsi, faire que la presse reçoive ces photos ?
– Exactement, Bêteman.
– Mais alors pourquoi il n’a pas juste envoyé anonymement ces photos à la presse ?
– Eeeeeeeeeeeeh bieeeeeeeeeeeeeeeeeeeen…

Parce qu’on dirait que Bêteman et Gordon on trouvé un ennemi à leur hauteur !

– Et comment devrions-nous appeler ce nouvel ennemi ?
– Hmmm… un trou du cul qui adore les énigmes… j’ai trouvé : « Le Sphinxter ».

Bêteman se gratte alors le menton : et maintenant, que faire ? Après tout, le tueur du maire est toujours dans la nature. Alors, que faire ? Etudier cette mystérieuse clé plus avant ? Retourner inspecter la scène de crime ? Déterminer à partir de l’angle des photos du maire sortant de boîte où se trouvait le mystérieux photographe et voir s’il a laissé des indices ?

Non, ce serait intelligent, puisque cela signifierait « enquêter sur le meurtre du maire ».

Ici, Batman et Gordon regardant l’écran de l’ordinateur de Gordon où vient d’apparaître l’historique internet de ce dernier. C’est la dernière fois que Gordon utilise son PC perso pour le boulot.

À la place, Bêteman décide d’enquêter sur le maire (toujours blâmer la victime et laisser le tueur tranquille !). Et tente de retrouver la mystérieuse Madame avec qui il était sur la photo. Pour ce faire, il se rend au club devant lequel ont été prises les photos : le Macumba. Sauf que sur place, c’est tenue correcte exigée, et qu’on ne laisse pas rentrer les gens vêtus en chauve-souris, ce qui est de la discrimination. Bêteman n’ayant pas le temps de les attaquer en justice, il préfère leur attaquer la gueule directement, et savate donc tous les videurs sur son chemin, déclenche une fusillade dans la boîte de nuit, le genre de truc qui peut causer des morts me dit-on, mais Bêteman n’en a rien à foutre. Il est contre tuer et les armes à feu, mais causer des fusillades dans des lieux remplis de civils, c’est parfaitement okay. Bêteman : tu ne portes pas ton nom pour rien.

Finalement, notre neuneu masqué parvient à mettre la main sur le maître des lieux, un mafieu surnommé « Le Pingouin », probablement parce que c’est pas un manchot.

– Pingouin ! Dis-moi qui est la dame sur la photo avec le maire !
– Chaipatro.
– Damnation ! Il ne sait rien, alors qu’il est pourtant juste à côté sur la photo ! Tant pis, je laisse tomber;

Non, vraiment, quel enquêteur. Et sinon, essayer de chopper les caméras du club ? Interroger un videur un peu moins résistant aux menaces ? Tu ne veux vraiment pas… non ? Bon, bon, très bien Bêteman. De toute manière, notre héros a une piste. Il a repéré une serveuse qui a l’air d’en savoir pas mal sur ces photos, tant elle s’est montrée nerveuse en les apercevant. Bêteman décide donc de la suivre jusqu’à chez elle, où il découvre que la femme de la photo qu’il cherche… est là, dans le même appartement que la serveuse ! C’est sa colocataire, Annika. Bêteman les observe depuis un toit voisin, avec des jumelles, et ne se prive pas pour bien mater la serveuse, Sélina, lorsqu’elle se change.

Ah, eh, c’est pour… euh… l’enquête, hein !

Oui, Bêteman. Bien sûr. Petit pervers microcéphale, va ! Enfin. Il aperçoit justement la belle se changer en combi cuir et sortir par la fenêtre avant de sauter sur une moto avec une agilité féline. Vite ! Le bête solex ! Bêteman la suit moyennement discrètement, pour constater que la mystérieuse serveuse se rend… à la résidence du maire ! Et avec des talents de cambrioleuse incroyables, se faufile sur la scène de crime. Et va droit vers un tableau (Périzonium en chapiteau, un chef d’œuvre de l’art français), qu’elle écarte pour révéler un coffre fort caché. Elle l’ouvre sans le code grâce à de petits outils, et y récupère un passeport.

C’est à ce moment-là que Bêteman surgit derrière elle.

– Vous me dites si je vous fais chier.
– OH ! Bêteman ! Que faites-vous là ?
– C’est à moi de vous poser la question. Êtes-vous l’assassin du maire qui revient sur la scène du crime ?
– Ah ! Pas du tout ! V’là l’enquêteur ! Je suis une amie de sa maîtresse, Annika. Dont il avait fait sa prisonnière en lui confisquant son passeport. Je suis venu le récupérer.
– Alors d’accord, mais d’où vous connaissiez exactement l’emplacement du coffre-fort secret du maire que même la police n’a pas trouvé en fouillant les lieux ? Enfin siiii elle les a fouillés, notez. J’imagine mal le maire inviter sa maîtresse dans sa demeure familiale au vu et au su de tous pour lui dire « Tiens, je cache ton passeport ici. ». Donc elle ne doit pas connaître ce coffre non plus, et n’a donc pas pu vous en parler.
– Eeeh bien… vous oubliez quelque chose, Bêteman.
– Oui ?
– Vous êtes trop bête pour poser cette pertinente question.
– Ah merde, oui.

Les deux réalisent alors qu’ils sont dans le même camp. Celui des gens qui aiment le cuir et résoudre des crimes. Aussi retournent-ils ensemble chez Sélina, avec pour objectif de rendre son passeport à Annika, et de lui poser quelques questions sur tout ce merdier. Sauf qu’en arrivant, tout l’appartement est un gigantesque bazar, la porte a été forcée, et Annika a disparu, visiblement non sans grosse baston, elle a dû douiller. Là, vous vous dites « Mon dieu, Sélina doit être bouleversée ! Annika était son amie, vient d’être enlevée, et elles étaient si proches que Sélina était prête à tout risquer pour lui rendre son passeport et sa liberté ! ». N’est-ce pas ? Alors, comment Sélina va-t-elle réagir ? Hurlements ? Pleurs ? Panique ? Adrénaline qui tape et bougresse qui file à la poursuite des ravisseurs ?

Non.

En lieu et place elle décide de se faire un petit chocolat.

« Vous savez, c’est juste une personne pour laquelle je risquais ma vie, on va pas en chier une pendule, Bêteman. »

Ah mais on t’en prie Sélina. Savoure ta p’tite boisson au milieu des ruines de ton appartement où ta meilleure amie vient de se faire enlever comme si de rien n’était, on t’en prie. Et voilà comment on se retrouve avec une scène où Bêteman, qui ne relève pas non plus le problème, papote autour d’une boisson avec Sélina. Et parle de trucs palpitants comme :

– Dites-donc, vous avez plein de chats.
– Ouais, j’adore les chats.

Vous ne voudriez pas non plus nous parler de la météo ? Non parce que, qu’est-ce qu’il pleut à Gotham ! Tout ça, c’est les spoutniks qui nous dérèglent le climat. Finalement, ils décident qu’ils pourraient faire équipe pour retrouver Annika. Car ils finissent par se rappeler que ah tiens oui, merde, on n’était pas spécialement venus ici pour boire du Banania. Mais comment s’y prendre ? Les mafieux du club doivent savoir quelque chose.

– Je suis serveuse au Macumba. Contrairement à toi, Bêteman, je peux m’y infiltrer pour poser des questions. Et même dans le club sous le club.
– Quel club sous le club ?
– Le club secret réservé à la pègre et aux VIP. Situé sous le Macumba, nous l’appelons le Macumbé.
– Génial. Je vais t’y envoyer avec une de mes lentilles qui permet de filmer les gens.

À noter qu’en deux ans à Gotham, le super-méga-enquêteur-génial qu’est Bêteman n’a jamais entendu parler du club où tous les gens qu’il traque se réunissent la nuit venue. Vraiment, quel talent ! Bêteman approuve : la nuit prochaine, ils feront ça. Mais en attendant, il est appelé par l’inspecteur Gordon, qui a un truc à lui montrer. Et pas un truc très joyeux, puisque c’est une vidéo de l’exécution du commissaire Grokon, qui a lui aussi été tué par le Sphinxter, que l’on aperçoit masqué dans ladite vidéo.

– Regardez ! Il porte des lunettes bien particulières ! Et on aperçoit un décor derrière lui… Bêteman, vous pourriez analyser cela !
– Allons Gordon. Je suis Bêteman. Je n’ai donc qu’une seule question : avez-vous retrouvé un courrier sur les lieux du crime ?
– Ah ben oui, en effet : tenez, je vous le donne.

Surtout, prenez garde à ne surtout pas enquêter, les gars !

Et en lieu et place, nos deux gros débiles font donc exactement ce que le Sphinxter demande, à savoir jouer avec ses énigmes débiles. Dans celle-ci, en décodant un truc digne d’un paquet de céréales, il faut lire le message « Trouve-le rat-ailé et amène-le dans la lumière ».  Bêteman ne comprend pas.

– Une rongeur volant ? Moi, l’homme chauve-souris, je ne vois pas de quoi il parle.
– Alors là, moi non plus, Bêteman !

Si. Vraiment.

Et comme nous le verrons, en fait, le Sphinxter avait justement prévu qu’ils ne fassent pas le lien, car ce n’était pas du tout une référence à Batman. Quel talent.

En attendant, Bêteman a d’autres projets la nuit suivante. Comme par exemple, retrouver Sélina pour aller comme prévu infiltrer le Macumba, puis le Macumbé. Sélina est donc équipée de l’une des fameuses lentilles de contact magiques, et avec Bêteman qui lui cause dans l’oreillette, elle va donc jusqu’au Macumbé, espace VIP dissimulé sous le Macumba où toute la pègre se retrouve. Bêteman, qui voit via la lentille de contact, en profite pour scanner automatiquement tous les visages croisés. Et tombe donc sur énormément de gros bras de la mafia, dont les tronches sont enregistrées dans les bases de données de la police. Mais soudain, Bêteman aperçoit un visage qu’il ne parvient pas à scanner.

– La personne, là ! Assise, que l’on voit bien ! Sélina, tu dois la regarder à nouveau et fixement, mon logiciel a du mal avec ce monsieur !
– Mais si je le regarde fixement, il va me draguer, le lourd.
– C’est pas mon problème.
– Rho, merci gros sexiste.

Sélina y retourne, se fait draguer par le monsieur, et le regarde suffisamment longtemps pour qu’enfin, le logiciel l’identifie : c’est le procureur de Gotham City !

Oui, le logiciel de Batman peut t’identifier Gégé-les-pruneaux, mafieu de troisième zone évoqué dans deux dossiers obscurs de la police, par contre reconnaître le procureur qui fait régulièrement campagne pour être réélu, là, euh, bon, attends, montre mieux qui est cet illustre inconnu ? Oui, même le logiciel de Bêteman est bêtement codé. Après, il est peut-être en Bête-A, mais oooh, je ne suis pas le genre d’homme qui fait des blagues de développeur, cessez. Et concentrons-nous sur l’action. Car le procureur évoque un « rat » au détour d’une conversation. Comme dans l’énigme ! Bêteman ordonne à Sélina d’en demander plus, mais elle n’a guère de résultats. Heureusement, une secrétaire du procureur qui était à sa table, elle, lâche le morceau : le « rat » est une référence à un indicateur infiltré dans la mafia qui a permis au procureur de faire tomber Don Mafioso, le parrain de la ville, il y a quelques temps déjà. Sélina, cette information en poche, se rend aux toilettes pour pouvoir parler à voix haute à Bêteman sans se faire griller.

– Bêteman, vous avez entendu ? Le rat, c’est une taupe.
– Hmmm, j’aurais dit que c’était un rat, mais une taupe ? Attendez, je regarde dans livre « Je découvre les cris des animaux. »
– Bêteman !
– Rah, pfou. En plus ce n’est pas la vraie info.
– Quoi ? Vous vouliez l’identité du rat ? Ils refusent de me la donner, vous pensez bien !
– Non, Sélina. La vraie info, c’est que la moindre secrétaire d’un bureau de Gotham connait l’existence du Macumbé, mais même pas moi !

Effectivement, voilà qui souligne une fois de plus le niveau de Bêteman. Et comme en plus il fait un caca nerveux pour dire à Sélina de se remettre au turbin, elle lui répond que wopopop, tu vas te calmer, chuis pas ta pouliche, t’es pas mon mac, et hop, elle retire la lentille de contact et la balance, finissant ici la mission d’infiltration. Bêteman n’est pas content, mais c’est ainsi.

« Comment ça Alfred toi aussi tu savais pour le Macumbé ? Tu connais d’autres coins comme ça ? Attends, je prends des notes… la… fist… in… iè… »

Le lendemain, notre héros décide de se rendre à l’enterrement du maire, première victime dans cette affaire, car il suppose que son meurtrier sera présent aux funérailles qui s’avèrent être publiques. L’occasion de le repérer ? Venu en Bruce Wayne, il n’a aucun mal à avoir une bonne place dans l’assemblée. Mais alors que la cérémonie va commencer… vroum-vroum-vroum ! Un bruit de voiture surprend les présents, et bientôt, un véhicule entre en trombe dans l’église sans même retirer son chapeau. En descend alors le procureur de Gotham, qui a un collier explosif autour du cou, et un téléphone scotché à la main.

– Mais enfin, c’est pas une tenue pour un enterrement ! C’est même pas la bonne couleur !
– Taisez-vous, Bruce Wayne ! Hier soir, alors que je sortais du Macumb… ahem, du bureau, j’ai été enlevé par le Sphinxter, qui m’a posé tout cela ! Si je ne fais pas ce qu’il dit, il va me faire exploser ! Et dans ma main, ce téléphone qui sonne… c’est pour Bêteman !
– Bêteman vous dites ? Euh… je… ooooh, je dois aller faire caca.

Bruce Wayne disparait aux toilettes, l’église est évacuée, et quelques instants plus tard sort des WCs… BÊTEMAN !

– C’est moi ! Alors mon p’tit procureur, on a un appel pour moi ? Passez-moi ce téléphone !

Et c’est mieux qu’un appel. C’est un appel vidéo, diffusé en ligne et en direct ! Avec le Sphinxter qui propose un marché : si le procureur répond à trois énigmes, il vivra. Sinon…

– Vite ! ordonne Bêteman. Surtout, que personne ne tente de localiser l’origine de la vidéo ou du compte du Sphinxter ! Surtout, que personne ne fasse rien d’utile ! En lieu et place, faisons tout ce qu’il demande !

Car oui, une fois de plus, Bêteman… ne tente rien. Vraiment, quel incroyable héros. Vous ne voudriez pas juste faire un film sur le Sphinxter et son complice ? Plutôt que de mettre un héros qui ne tente même pas de le retrouver ? Non ? Bon. Alors passons aux trois énigmes du Sphinxter, qui glousse en live, tel un streamer de 12 ans.

– Voici l’énigme numéro 1 ! « Je n’ai pas de face et je… »
– Manuel Valls.
– Je… Je n’avais pas fini, mais d’accord, vous avez gagné.
– C’était facile. Envoie ta prochaine question, Spinxter !
– Deuxième énigme ! « Je suis un plat envahissant qu… »
– La poutine !
– Ah nan mais vous êtes en train de niquer mon jeu là en fait. Pour la peine, dernière énigme : « 6×7 ? »
– … oh mon dieu ! C’est trop dur !

Et le procureur ne sachant répondre, un compte à rebours s’enclenche sur son collier. Quelques secondes seulement. Bêteman s’empresse alors de venir le saisir par le col.

– Procureur ! Tu dois me donner le nom du rat !
– Hein ? Mais pourquoi ?
– Pour résoudre l’énigme que m’a donné le Sphinxter !
– Vous ne voudriez pas plutôt essayer de désamorcer cette bombe ? Ou de l’arrêter ?
– NON ! Sinon comment on fait un film de trois heures ?
– Vous ne voudriez pas vous reculer alors ?
– Non, car je suis… BÊTEM-

Le procureur explose, et la bombe souffle ce crétin de Bêteman loin de lui. Le malheureux héros-neuneu en tombe raide inconscient.

À son réveil, il est au commissariat, entouré de policiers qui se demandent qui se cache sous le masque de Bêteman. Et s’apprêtent à le lui retirer. Car, oui : les policiers ont eu le temps de le ramasser sur le sol de l’église, de le charger dans une ambulance, de l’emmener au commissariat, de le traîner jusqu’à une salle à part, de le déposer sur une table, et là, uniquement là, quelqu’un s’est dit « Hé ! Et si on retirait son masque ? ». Même le personnel de l’ambulance n’y a pas pensé tant un type qui vient de se manger une explosion dans la margoulette n’a pas besoin qu’on regarde s’il va bien là-dessous.

Ah non mais vraiment : c’est très bien écrit.

Heureusement, Bêteman se réveille à temps, tape sur les policiers qui veulent lui retirer son joli déguisement, et finalement, ce n’est que grâce à l’aide de Gordon que Bêteman parvient à filer, feignant d’avoir assommé le brave inspecteur pour lui voler ses clés de cellule et prendre la fuite. Fuite durant laquelle il tente de déployer sa bête-cape, qui est un bête jump suit de civil, et en l’utilisant se vautre comme une merde et repart en boitant. Oui, le film prend un malin plaisir à nous montrer Bêteman… qui est bête.

Je me demande si en fait, le type derrière ce film n’a pas juste voulu se marrer, et des gens ont pris ça pour un chef-d’oeuvre. Bêteman est à chier en enquête, Bêteman se vautre durant les scènes d’action…

La suite est encore meilleure, puisque non seulement la réalisation oublie qu’elle vient elle-même d’éclater Bêteman contre le bitume – désormais il va bien mieux, merci – mais notre héros retrouve dans un loin discret ce brave Gordon pour préparer la suite.

– Bêteman ! Que fait-on maintenant ? On tente de retrouver le Sphinxter ?
– Nan, toujours pas.
– Ça devient longuet. Donc on continue à faire ce qu’il dit ? Chercher le rat ailé ?
– Oui. Et tu sais ce qui a des ailes ? Un pingouin !

Et voilà comment à partir de cela, Bêteman décide de surveiller le Pingouin, le suit alors qu’il va visiter un entrepôt de drogue, et on découvre qu’un de ses complices a dans son coffre le cadavre d’Annika (il le promenait visiblement depuis des jours, il est comme ça, il aime toujours avoir une preuve de meurtre sur lui). Super, et sinon ? Eh bien rien. À part que ça tourne à la fusillade – encore, et que le Pingouin fuyant en voiture, Bêteman va chercher la bête-mobile. À savoir une bête voiture… à laquelle il a accroché un réacteur aux fesses.

En conséquence, on se tape une longue, loooongue séquence de poursuite où Bêteman finit par coincer le Pingouin, non sans avoir causé un carambolage avec explosions de camions sur une autoroute bondée qui a dû faire des tonnes de mort. Mais pour Bêteman, si ce n’est pas lui qui tue par armes à feu, ça ne compte pas. D’ailleurs, il n’appelle même pas les secours. Les gens peuvent brûler dans leurs épaves enflammées. Sacré Bêteman !

Bêteman est contre tuer autrui, sauf avec une bagnole parce que c’est rigolo.

Cependant, il a quand même attrapé le Pingouin, et l’emmène dans un coin isolé pour lui claquer les joues à l’aide de ses grosses phalanges.

– Parle, Pingouin ! C’est toi, le rat ailé !
– Mais de quoi vous parlez ?
– Attends, c’est pas toi ? Toute cette course-poursuite, tous ces morts… c’était pour rien ?
– On dirait, Bêteman.

Pas tout à fait, Bêteman ! Après tout, tu viens de surprendre le Pingouin dans une usine de drogue, entouré de gens ayant causé une fusillade, avant qu’il n’aille tuer plein de gens via des carambolages sur l’autoroute. Tu as des millions de raison de l’arrêter, c’est donc…

– Bon ben alors pardon. Tu peux partir, Pingouin.
– Quoi ? Mais je… ahem, je voulais dire : Bêteman, tu es digne de ton nom.

Et donc, oui, je suis sérieux : Bêteman laisse le Pingouin tranquille sans poser de questions. Bêteman qui n’enquête pas, se vautre, et n’arrête même plus les criminels : on est très bien, là. Pendant ce temps, Bêteman repense à l’énigme se dit « Hmmm… amener le rat volant dans la lumière… et si ça voulait dire entrer « leratvolant » dans la barre de mon navigateur internet ? ».

Et… oui.

Ça marche. Oui, oui.

Je ne plaisante pas. Bêteman se retrouve donc sur une session privée Caramail avec le Sphinxter. Où il tchatte.

– Kikoo! C Bêteman. T ki?
– Le Sphinxter lol XPDTR. Ta trouvé le rat?
– C pas le pingou1 ?
– Lol nan. :D:D:D
– :'(
– Je V TD. Avec 1 nouvel victim.
– C ki?
– Enigm! « Il a pas de parents, mais il a du pognon »
– HAN C MWA
– ?
– Ou c « effacer message » ? Je voulé dire « C Bruce Wayne !

Et Bêteman de comprendre que la prochaine victime… c’est lui ! Le Sphinxter va donc attaquer la Wayne Tower ! Vite, Bêteman fonce, mais arrive trop tard. Alfred, qui ouvrait le courrier de son patron, s’est mangé une bombe dans la gueule, et est transporté à l’hôpital dans le coma. Bêteman hésite. Doit-il venger Alfred ? Retrouver le Sphinxter au plus vite ? Faire quelque chose d’utile ? Surtout pas, malheureux ! En lieu et place, il trouve sur la scène de l’explosion une enveloppe ignifugée, contenant une nouvelle énigme.

– Super ! Je vais pouvoir continuer à jouer avec le Monsieur qui vient de tenter de me tuer et a explosé mon seul quasi-parent ! Voyons voir…

Et à sa grande déception, c’est juste une carte de vœu « Rendez-vous en enfer. »

– Rho non ! Bon ben si j’ai rien pour jouer, je vais devoir m’occuper autrement.

Pas en enquêtant, hein, ce serait un peu intelligent. Bêteman préfère donc proposer un rendez-vous à Sélina, et les deux se roulent un patin, car comme chacun sait, rien ne vaut un attentat contre vos proches pour stimuler votre envie de romance immédiate. Sacré Bêteman ! Qu’est-ce que c’est bien écrit ! Sans qu’on comprenne bien pourquoi, Sélina enchaîne sur un monologue sur l’injustice et les vilains « riches blancs » (car c’est connu, les gens riches de couleur sont tous des chantres de vertu ; tu ne voudrais pas rajouter qu’ils ont le sens du rythme et dansent bien tant qu’à y être, Sélina ?).

Cela fait, Bêteman… eh bien, fait du rien. Et attend paisiblement que le Sphinxter lui dise que faire.

Quel volontarisme.

Et ça tombe bien, car le Sphinxter fait suivre aux médias une vidéo dans laquelle il explique qu’il est en colère contre Gotham car il y a des années, Papa Wayne s’est présenté à la mairie. Tout le monde pensait qu’il était gentil alors que pas du tout ! Un journaliste avait découvert que sa femme, Maman Wayne, avait eu des passages en unité psychiatrique, et s’apprêtait à le révéler. Aussi, Papa Wayne a fait appel à Falcone, un autre mafieux local qui est aussi le boss du Pingouin, et le journaliste a été retrouvé mort. Hmmm… voilà qui intrigue Bruce et ses gros soucis qui feraient plaisir à Freud. Son papounet n’était pas gentil ? Comment ? Il se déguise comme un con depuis des années pour venger des parents pas si top ? Ben merde alors !

Vite ! Puisque c’est ce que le Sphinxter a révélé, alors il doit le croire… et aller rendre visite au fameux Falcone.

Falcone qui a son quartier générale dans le Macumbé, et lorsqu’il apprend que Bruce Wayne est à la porte pour lui parler, le reçoit bien volontiers.

– Bruce Wayne ! J’ai travaillé avec votre père il y a longtemps. J’imagine que vous êtes là suite à la vidéo de l’autre trou de balle de Sphinxter ? Eh bien oui, tout est vrai. À l’époque, votre papa faisait sa campagne pour devenir maire. Et un scandale sur sa femme aurait pu tout foutre en l’air. Alors il est venu me voir, dans un moment de faiblesse, pour me demander d’intimider un peu ce reporter. Et oui, je l’ai fait tuer. Ton père m’en devait une, Don Mafioso, l’ancien parrain de la ville, a pensé qu’une faveur de ton richissime papounet me permettrait de le doubler et donc… eh bien, le lendemain, tes parents ont été tués. Drôle de coïncidence tu ne penses pas ?
– Don Mafioso aurait tué mes parents ?
– P’têt ben.

Cette réponse de normand (ces gens sont partout) suffit à convaincre Bêteman qu’on lui a menti toute sa vie. Bouleversé, il se rend à l’hôpital, dans la chambre d’Alfred. Qui, coup de bol, sort du coma à ce moment-là, et voit ce brave Bruce à ses côtés.

– Bruce… mon petit maître m’a veillé, quel…
– TU M’AS MENTI, GROS BÂTARD !
– Euh… Maître Bruce ? Je sors du coma, là, c’est le premier truc que vous avez à me dire ?
– Vous m’avez toujours dit que mon père était un homme bien, alors qu’en fait, c’était un turbo-rabouin !
– Sans vouloir vous offenser, Maître Bruce, lui ne déclenchait pas des fusillades en boîte de nuit ou des carambolages sur autoroute pour satisfaire sa passion du déguisement.
– Ouais, ben il a quand même demandé à Falcone de tuer un journaliste, et Don Mafioso l’a assassiné pour ça !
– Que ? Qui vous a dit ça ?
– Falcone.
– Maître Bruce ! Vous allez demander la vérité à un gros mafieux et vous le croyez sur parole ?
– Vous savez, je suis toutes les instructions du Sphinxter depuis le début du film sans poser de question. Alors croire un mafieux…
– Hm. C’est vrai. Bon, sachez que oui, votre père a pris peur il y a des années. Pas pour sa campagne électorale, non. Pour le bien-être de votre mère. Il a eu la faiblesse de demander à ce malfrat d’intimider de journaliste, mais il l’a tué. Aussi, votre père a dit que dès le lendemain, il irait tout confesser à la police. Et par un heureux hasard… il fut tué ce soir-là.
– Vous voulez dire… que Falcone… aurait tué mes parents ?
– P’têt ben.

Gotham City, ville jumelée avec Le Havre.

« Si c’est pour entendre des conneries pareilles, je préfère retourner dans le coma, Maître Bruce. »

Sans guère de réponse claire, Bêteman décide de repartir à l’aventure. Et ça tombe bien, car lui et Gordon sont contactés par Sélina, qui leur dit avoir fait une découverte majeure : elle a trouvé qui avait tué Annika, à savoir un flic corrompu. Qu’elle s’apprête à exécuter, mais Bêteman l’en empêche.

– Non Sélina ! Tu connais ma devise « Si tu tues un meurtrier, le nombre de meurtriers en liberté ne change pas. »
– D’accord, mais si j’en tues douze ?

Pendant que Bêteman compte sur ses doigts en marmonnant, Sélina leur annonce autre chose : ce flic avait sur lui un enregistrement du soir où Annika est morte. Et où on entend Falcone, présent sur place, discuter avec elle. Et lui dire en substance « Je dois te tuer car tu sais que je suis le rat qui balance des infos à la police pour me débarrasser des mes concurrents mafieux, comme Don Mafioso, et ça, personne d’autre ne doit le savoir. »

– Le rat ! Celui que le Sphinxter voulait nous voir « amener dans la lumière », c’est donc lui ! Le rat « avec des ailes »… c’est parce qu’il s’appelle Falcone, « le faucon » !
– Vous voulez dire que la phrase écrite par le Sphinxter faisait à la fois référence à Batman, mais sans le faire exprès, à une URL de site de tchat à la con, et à Falcone, tout ça en un ?
– C’est vrai que c’est n’importe quoi, Gordon.

Nous sommes bien d’accord, c’est brouillon. Que se serait-il passé si Bêteman avait arrêté directement Falcone sans passer par le tchat en ligne ? Le Sphinxter aurait râlé « Aaaah, j’ai acheté cette URL pour rien ! » ?

On l’ignore, mais en tout cas, Sélina, Gordon et Bêteman décident d’aller péter la gueule de Falcone, en ordre plus ou moins dispersé. Sélina veut le tuer (accessoirement, on apprend que c’est son père, mais ça a en fait peu d’importance, que de problèmes avec le père dans ce film ! Allez voir un psy, merde, au lieu de tous vous déguiser !), les deux autres, l’arrêter. Et c’est l’équipe Bêteman qui y parvient finalement, et traîne le pauvre Falcone hors du Macumbé, puis du Macumba, où des flics intègres attendent de l’embarquer. C’est alors que… PAN ! Un tir de sniper abat le pauvre Falcone. Alors qu’il se tenait pile sous une lampe à la sortie de la boîte.

– Mon dieu… je viens d’amener le rat « dans la lumière »… marmonne Bêteman. Exactement ce que le Sphinxter voulait !

Alors certes, mais à ce stade, on est au-delà du débile.

  • Comment le Sphinxter savait que Bêteman sortirait par cette porte précisément, et pas par une plus discrète ?
  • Comment savait-il que Bêteman s’arrêterait pile sous cette lampe ?
  • Comment le Sphinxter aurait-il fait si Bêteman avait arrêté le maffieux à une heure où lui-même dormait, faisait caca, où était juste ailleurs ?

C’est facile : ça n’a aucun sens, à part que comme d’habitude, le script dit « Ta gueule, c’est magique, et ça fait intelligent en plus » alors que c’est précisément tout le contraire.

Bêteman s’empresse de foncer à la fenêtre d’où le coup de feu est parti, et découvre un appartement de psychopathe (mais si, ceux avec les  fameux articles de journaux collés aux murs ! Quelle créativité !), un fusil de sniper encore pointé à la fenêtre, le décor qui servait aux vidéos du Sphinxter… et mieux encore, le malandrin n’est pas allé bien loin : il est juste descendu prendre un café au coin de la rue, sans même se cacher, pour que la police vienne l’y arrêter. Ce qui est donc promptement fait. Principalement parce qu’il avait commandé un café « pumpkin spice », ce qui est un crime contre le bon goût, comme chacun sait. Ooooh, je sais. Je vous vois, hein.

Bref.

Dans l’appartement du Sphinxter fraîchement arrêté, Bêteman et Gordon trouvent principalement l’arme du meurtre du maire, à savoir un outil de tapissier, et un ordinateur avec une vidéo protégée par mot de passe.

– On n’a pas le mot de passe, Bêteman ! Que faisons-nous ?
– Bah, laissons tomber.

Oui.

Vraiment : ils n’essaient RIEN. Tout au plus on entend un flic lire les statistiques de la vidéo et dire « Ouah, ce salaud a pas moins de 500 abonnés ! ». Mon dieu, 500, c’est énorme ! Et il ajoute « Et sa dernière vidéo bloquée par mot de passe est très dérangeante… ». Ah oui ? Et comment tu le sais puisqu’elle est bloquée par le code en question ?

C’est fabuleux.

La chaîne du Sphinxter et ses 500 abonnés menacent le monde libre ! Si on le laisse faire, il pourrait atteindre les, pfou, 800 vues !

C’est donc une superstar avec 500 followers (mon dieu, ma boulangère est donc une célébrité internationale) qui est jetée en prison. Et demande bien évidemment à voir Bêteman. Notre héros s’y rend donc, pour une scène où il se retrouve face au Sphinxter, qui est juste un type malingre à grosses lunettes.

– Bêteman ! Nous avons réussi toi et moi ! Quelle équipe ! Tu as suivi mes énigmes ! Grâce à mon cerveau et à tes muscles, Falcone n’est plus, la vérité est sortie sur la corruption du maire… la purge de Gotham a commencé !
– Alors oui mais j’ai juste une énigme pour toi.
– J’adore les énigmes ! Aha, tu vas voir Bêteman, je les résous toutes !
– Okay : si depuis le début, tu avais les photos du maire et que tu habitais en face du Macumbé, pourquoi t’as pas juste envoyé les photos à la presse et tiré sur Falcone lors de l’une de ses allées ou venues ?
– … nan, j’admets, elle est dure cette énigme. Je dirais même qu’elle n’a pas de réponse.

Eh oui ! C’était tellement plus simple de se glisser sans se faire repérer dans le demeure du maire, le tuer, laisser un message codé contenant lui-même un autre message codé, compter sur le fait que Bêteman ne mènerait aucune enquête (pas plus que la police) et préférerait s’amuser avec les énigmes, les résoudrait, trouverait la clé USB contenant les photos, les donnerait à Gordon qui les mettrait dans un ordinateur non-protégé et connecté à internet sans rien vérifier, puis que Bêteman continuerait à ne surtout pas enquêter, partirait à la place en quête du « rat volant » en comprenant bien que ça ne fait pas référence à une chauve-souris, comprendrait aussi qu’il faut taper ça dans une barre de navigation, chatterait avec le Sphinxter, résoudrait l’identité du rat, parviendrait à sortir Falcone de chez lui à coups de tatanes, l’emmènerait par la bonne porte, sous la bonne lampe, pile quand le Sphinxter serait derrière son fusil et…

Voilà. C’est l’intrigue du film. Qui repose donc intégralement sur le fait que le Sphinxter connait intégralement le scénario, y compris toutes ses énormes incohérences de flics qui ne cherchent rien ou d’indices qui sortiront pile au bon moment alors que c’est un pur hasard.

Génial. Je suis content qu’on nous fasse des films de trois heures pour cela.

En attendant, pendant un moment, Bêteman pense que le Sphinxter connait son identité, mais en fait, non. S’il n’arrête pas d’évoquer Bruce Wayne durant leur conversation, c’est parce qu’il est triste de l’avoir raté avec son colis piégé. Oui, le Sphinxter est un génie qui pense à tout, mais pas qu’un multimilliardaire puisse avoir un secrétaire pour gérer son courrier. Ben oui ! Qui aurait pu le prédire ?

– Bon, en résumé, Sphinxter, on a passé deux heures et demie de film pour une diffusion de photos et un meurtre de mafieux que tu pouvais faire en deux minutes depuis chez toi ?
– Voilà.
– Eh ben super, merci.
– Mais maintenant… il y a la suite !
– Quelle suite ?
– AHAHA ! Tu n’as pas deviné ? AHAHA !

Euh… d’accord ? Bon. Soit. Bêteman est embêté, car maintenant que le Sphinxter est en cage, il ne peut plus lui envoyer de jolies cartes pour le guider. Aussi Bêteman se rend dans l’appartement du Sphinxter en quête d’indices, où il réalise quelque chose.

– Attendez… le Sphinxter a tué le maire avec un outil de tapissier… et il y a un tapis dans son appartement super mal posé… et si je regardais ce qu’il y a dessous ?

Bêteman arrache la moquette, et oh ! Au-dessous, un dessin de Gotham avec écrit « PROUT » (est-ce vraiment dans le film ou juste dans ce spoiler ? Vu le niveau de l’œuvre, admettez que vous doutez, que c’est crédible). Bêteman s’exclame donc :

– Le Sphinxter a écrit ce mot… car c’est forcément le mot de passe de la vidéo bloquée sur son ordinateur !

Car non, personne n’avait fouillé l’appartement dans le détail. Et oui, l’ordinateur est toujours là, c’est pas comme si c’était un peu important. Oh, et bien sûr : oui, le Sphinxter, personnage génial, écrit bien en effet ses mots de passe en grand sur son plancher, car « PROUT » déverrouille effectivement la vidéo vue par 500 personnes. Vidéo où le Sphinxter explique qu’il a placé des vans bourrés de bombes près de la digue qui sépare Gotham de la mer. Mais au moment où Bêteman le découvre… boum ! Les vans sautent, et la mer entre dans Gotham.

Le tout, le soir de l’élection de la nouvelle mairesse, Mme Femme-Noire-Courageuse. Qui, vous serez surpris de l’apprendre, contrairement à absolument TOUS les autres membres de la vie publique de Gotham (je vous rappelle que mêmes les secrétaires de procureur trainent dans les bars à mafieux), est une personne 100% sympa, honnête, courageuse et animée de valeurs progressistes. En un mot : « Elle est naturellement gentille ». Dois-je commenter ?

Alors, pourquoi le Sphinxter, qui voulait éradiquer la corruption de Gotham, veut-il la tuer ? En quoi pense-t-il que noyer des innocents va faire avancer sa quête dérangée de vérité ? Depuis quand une catastrophe qui va créer de la pauvreté, et donc probablement du crime, va-t-elle aider à quoi que ce soit ?

Le Sphinxter n’y a pas réfléchi. C’est juste pour dire « Bon, il nous reste une heure de film, on va dire qu’il a posé plein de bombes, comme ça, hop. »

Ah, et accessoirement, il a encouragé ses 500 followers à prendre les armes pour aller tuer la maire et… une dizaine d’entre eux ont accepté sans ciller. Ah oui, il a un sacré gros ratio de radicalisation le monsieur ! Bon, notez que le plan est débile, car en faisant sauter les digues, vous imaginez bien que toute la police de Gotham est de sortie, et particulièrement, tente d’évacuer Mme Femme-Noire-Courageuse. Donc essayer de la tuer :

  • Alors qu’elle est entourée de flics
  • En pleine évacuation
  • Dans des zones où on ne peut prendre les chemins habituels à cause de l’eau qui monte

C’est 1 000 fois plus compliqué que juste tirer dessus à l’ancienne, mais ce n’est pas grave. Par un incroyable tour de magie, pouf-pouf, tous les fans du Sphinxter se sont déplacés sans problème dans Gotham où l’eau monte, sont passés avec d’énormes fusils dans la salle où se trouve la maire sans qu’aucun des 50 flics présents ne remarque, plus encore quand ils sont grimpés sur les poutrelles dominant la salle pour avoir une meilleure vue. Des ninjas, probablement. 500 followers dont 10 ninjas : c’est effectivement peu commun.

Ah oui : tous les suivants du Sphinx s’habillent comme lui. On voit même un tchat où ils disent où acheter ce genre de choses tant c’est pas facile à trouver. Quel dommage que Bêteman n’ait jamais pensé à enquêter sur « Tiens, mais comme le Sphinx se montre en vidéo avec une tenue particulière peu commune, qui a acheté ça dernièrement ? »

Malheureusement pour eux, il y a un autre fan de Naruto en ville, et Bêteman débarque donc pour leur casser la gueule, ce qu’il fait avec cascades, patates, coups de feu où l’armure de notre héros prend tout et personne ne pense jamais à viser sa tête pourtant exposée… on est bien, on est bien. À un moment, un policier parle à la maire en lui disant que quand même, l’eau monte, il est temps de se barrer, mais comme c’est Mme Femme-Noire-Courageuse, elle répond fièrement que jamais elle ne quittera ses concitoyens, qu’elle a juré de protéger !

Quelle femme forte et courageuse !

Passons : pif, paf, bang, Bêteman parvient à latter les méchants, mais finalement, une poutrelle pleine de trucs électriques bascule, et menace d’électrocuter tous les gens dans l’eau au-dessous. Tout le monde est donc choqué, Sélina comprise (car oui, elle s’est pointée), lorsque finalement Bêteman dans un moment d’émotion intense, se sacrifie en grimpant la poutrelle pour sectionner son alimentation électrique, quitte à s’électrocuter avec, mais en sauvant les gens au-dessous de lui.

– NOOOON ! hurle Sélina.

Bêteman ferme les yeux, et zap ! Le voilà électrocuté, et il disparait dans l’eau, mais désormais, les gens sont saufs. Il n’entend pas la suite du crie de Sélina :

– NOOON ! Gros blaireau ! Pourquoi t’es pas juste allé couper l’alimentation qui était à côté ?

Oups.

Mais, double-oups, après « Bêteman se vautre en jump-suit mais on a oublié », voici que la réalisation nous offre « Bêteman vient de faire une scène de sacrifice ultime, mais en fait, ça va ». En effet, sans aucune explication, Bêteman ressort de l’eau où il était tombé, en pleine forme, et aide les civils à gagner les hauteurs. Une électrocution ? Quelle électrocution ? Il va très bien, merci, pourquoi ? Oui, oui. Ah non mais vraiment, tout est fabuleusement bien écrit.

On passe donc à la scène suivante, où si Bêteman n’a pas pu sauver Gotham, qui est désormais sous l’eau, il a au moins pu sauver des civils, et en voix-off, nous dit qu’en fait, venger c’est bien, mais sauver, c’est mieux. C’est un héros, et au vu de comment la ville va être sujette au crime et au pillage après l’inondation, on va encore plus avoir besoin de lui. Donc oui, même le film reconnait que le plan du Sphinxter… n’a donc fait qu’aller exactement à l’opposé des objectifs du Sphinxter, qui voulait purger Gotham du crime qui la corrompt. Génial.

Mais, mauvaise écriture peut aussi rimer avec malaise, lorsque, alors que nous approchons de la fin, nous avons une séquence où l’on voit le Sphinxter enfermé dans l’asile d’Arkham, qui pleure que Bêteman a ruiné ses plans (en sauvant la mairesse, hein : la ville, elle, est bien noyée, mais visiblement, il voulait juste buter la mairesse, ce qui confirme que le reste n’avait aucun sens ; je ne cherche plus à comprendre). Et dans une cellule voisine un prisonnier l’interpelle.

– Alors Sphinxter ? On est malheureux ? Tu sais, parfois, on est au sommet et puis le lendemain, on est un… CLOWN.
– Hmm ? Vous êtes le gars de la cellule d’à côté ?
– Oui… j’adore les blagues… en anglais on dirait que je suis un vrai JOKER !
– Okay, donc vous êtes le Joker, je crois qu’on a compris.
– Oui, mais j’aime rire, comme ça : AHAHAHAHA !
– Oui, c’est bon, on a compris. Clown, Joker, rire… stop ?
– Non, non ! Ce teasing est encore trop subtil ! Regarde, on aperçoit mes cheveux verts… un bout de visage blanc…
– On a compriiiiiiiiiiiiiiis ! Stooooooooooop !
– ET MON SOURIRE ? VOUS AVEZ VU MON SOURIRE ? AHAHAHAHA !

Ce teasing avait la subtilité d’un candidat de télé-réalité devant la promesse de 7 secondes d’émission rien qu’à lui.

Finalement, nous retrouvons Bêteman et Sélina, sur un balcon qui domine Gotham, leurs motos près d’eux. Ils contemplent la ville.

– Bêteman… tu as été un preux chevalier, mais je pense qu’il est temps que je parte. On se reverra peut-être ?
– Peut-être plus vite que tu ne le penses.
– Ah oui coquinou ? Tu as envie de me dire quelque chose ?
– Oui Sélina je…
– Ouiii ?
– Je crois que tu as emmené ta moto sur un balcon. Tu vas pas pouvoir aller bien loin.

Je ne plaisante pas. Je me suis même dit « Je dois louper un truc, on va nous montrer que ce n’est pas un balcon, juste une sorte de plateforme mal branlée avec une route derrière qu’on va voir quand elle va démarrer », mais non, non. On voit juste sa moto partir hors-champ, et ensuite, pif pouf, elle roule sur une route sans explication. Bêteman, qui a lui aussi sorti son bête solex de là sans explication, roule avec elle, puis à une intersection, leurs routes se séparent. C’est beau comme du Fast & Furious. On voit alors Bêteman qui retourne vers Gotham qui a bien besoin de lui et…

… FIN !

La vraie énigme, c’est : qui a écrit ce truc ?

Je me devais de vous montrer la scène de la moto sur le balcon.

Sinon, pour un budget de 120€, promotion comprise, je vous présente la version « The Batman – Le Sphinx a un QI de plus de 55« .

« Bonjour Madame, je m’appelle Monsieur Sphinx, j’habite en face du Macumba/Macumbé et j’ai toutes les photos de tous les gens qui trainent avec la pègre depuis des années à Gotham. Je vais les poser là. J’ai aussi envoyé une copie aux journaux nationaux.
– Vous êtes sûr que vous ne voulez pas plutôt poser des bombes, tirer sur des gens, commettre des meurtres avec énigmes à tiroirs, fabriquer des bombes et les placer dans des vans pour faire exploser une digue, d’abord ?
– Non, non. Voici les photos. Bonne soirée. »

C’était « The Batman – Le Sphinx a un QI de plus de 55« .

Mais, c’est vrai qu’il n’y a pas la scène où Catwoman voit sa coloc/meilleure amie se faire enlever et tuer et décide que c’est le bon moment de se faire un p’tit chocolat, pépouze, au milieu du sang et des meubles renversés.

Et ça, ça manquerait.

 

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