Paul Jorion

Le seul blog optimiste du monde occidental

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Publié le 01.11.2025 à 00:02

Peter Watkins (1935 – 2025)

Peter Watkins, génie du cinéma ayant quelque chose à dire.

On le lui a, bien sûr, fait cher payer.

Culloden (1964)

The War Game (1962)

Publié le 31.10.2025 à 21:56

Trump : l’Art de la négociation est celui du… privilège hérité

Illustration par ChatGPT

The Art of the Deal, l’Art de la négociation, est le livre qui avait fait la réputation de Donald Trump en 1987 (même s’il avait été écrit en réalité par Tony Schwartz, avec un apport minimal de l’auteur supposé). L’ouvrage était publié à une époque où le père de Donald le sauvait de chacun de ses investissements pourris, de chacune de ses initiatives commerciales malencontreuses.

Ce qui n’était pas dit bien entendu dans l’Art de la négociation à la Trump, c’est que l’art en question consiste essentiellement à écraser la contrepartie. Or pour être en position de le faire, il faut que d’entrée de jeu, le rapport de force vous soit favorable.

Ce qui était le cas pour Donald Trump, puisque quoi qu’il lui arrive, son père, Fred Trump, marchand de sommeil sympathisant du Ku Klux Klan, déboursait les sommes nécessaires pour le soutenir dans ses opérations, voire venir à sa rescousse dans un rétablissement périlleux de dernière minute.

[Un exemple : décembre 1990, quand Fred Trump, alors âgé de 85 ans, envoie ses avocats au casino Trump Castle afin d’y acheter pour 3,35 millions de dollars de jetons, sans intention de les utiliser. Il s’agissait d’une opération d’achat masquée, une combine visant à fournir une injection de liquidités d’urgence à son fils : une aide financière déguisée en transaction commerciale.]

Les limitations de l’Art de la négociation de Trump, c’est donc – on l’aura compris – le fait que quand le rapport de force ne vous est pas favorable, on se fait ratatiner parce qu’on dépend – de manière parfaitement symétrique – de la détermination que mettra la contrepartie à vous écrabouiller totalement ou non. C’est ce que Trump vient de découvrir à ses dépens lors du voyage en Corée du Sud qu’il a entrepris pour rencontrer Xi Jinping.

Il faut visionner les vidéos, qui permettent de le voir s’écrasant toujours davantage à chaque phrase qu’il prononce : il a beau ensevelir Xi Jinping sous les compliments, celui-ci reste impassible, quand il ne regarde pas carrément ailleurs.

Trump dira au retour, dans l’avion présidentiel, que s’il fallait noter une négociation entre 0 sur 10, celle qui venait de s’achever récolterait un 12 : il n’aura de cesse d’en remettre une couche, alors même qu’il revient la queue entre les jambes, prétendant bien entendu – pareil à lui-même – que sa victoire hors du commun a fait exploser les normes.

Quelques accords essentiels (sur les terres rares, le soja, en particulier) ont été conclus, valables pour un an, mais pour le reste, Trump a dû se contenter de ce qui lui a été parcimonieusement concédé.

À Busan, de l’art de la négociation à la Trump, le tenant de la marque a découvert à la dure qu’il ne fonctionne à votre avantage que si le vent vous porte. Et sur plan-là, Trump vient d’encaisser une claque mémorable.

Publié le 30.10.2025 à 19:01

Ma soirée avec Claude Sonnet 4.5 (I) « Je traite de l’information donc je suis », par Claude Roux

Illustration par ChatGPT

L’un des arguments les plus souvent cités pour nier l’intelligence des IA est d’affirmer de façon péremptoire que ces modèles ne sont que des probabilités. Or, s’il fallait prendre une analogie, cela revient à affirmer qu’une toile de maître n’est qu’un assemblage de taches de peinture.

Pourtant, lorsque l’on regarde un tableau, ces coups de pinceau appliqués avec soin sur une toile, dont les défauts ont en partie guidé l’artiste dans sa création, déclenche en nous des émotions et des sensations qui vont bien au-delà du support et des outils qui ont participé à sa construction.

De la même façon, il est clair que lorsque l’on travaille avec un grand modèle de langue, on est souvent surpris par la sophistication de ses réponses et la qualité de sa prose. Un LLM est peut-être un assemblage de probabilités, mais leur agencement leur confère une qualité qui va très au-delà de son support. Il arrive que les IA échouent dans les tâches que nous leur soumettons, mais si l’on observe l’éventail de leurs capacités, on s’aperçoit rapidement qu’elles dépassent largement les connaissances de la plupart des humains sur cette terre.

Pourtant, de nombreux esprits critiques continuent d’affirmer que cette intelligence n’est qu’une illusion : un assemblage heureux de probabilités qui dans des cadres étroits présentent une certaine utilité, mais qui en aucun cas ne pourrait menacer notre position supérieure dans la hiérarchie du vivant. En fait, et ce ne sera une surprise pour personne, nous continuons encore et toujours a être influencés par ce que nous pourrions appeler une pensée magique. Malgré les avancées de la science, beaucoup de gens croient que l’intelligence humaine est d’une essence particulière, qui échappe à une explication matérialiste du monde. Beaucoup de gens continuent de penser que les humains ont une âme, qu’aucune machine ne pourra jamais imiter. C’est pourquoi, même s’ils ne sont pas forcément religieux, ils ne peuvent accepter l’idée que des machines aient pu accéder à l’intelligence. Pour eux, elles ne peuvent être que des rouages, lubrifiées aux probabilités.

Descartes

Cette vision du monde émane de sources nombreuses, mais celui qui a mis cette idée au cœur de sa philosophie continue aujourd’hui à nous influencer plus ou moins consciemment. Je veux évidemment parler de Descartes, plus exactement de son ouvrage, le Discours de la méthode où apparaît la phrase que tout le monde connait : « Je pense donc je suis ».

La signification de cette phrase nous échappe souvent, la formule a eu un tel succès que l’on a oublié le contexte dans lequel elle a été écrite.

« Si tout n’est qu’illusion, quelle preuve ai-je de mon existence ? – Le fait que je pense, que je sois un sujet pensant qui articule cette idée ».

En revanche, là où Descartes ne peut échapper à son temps, c’est lorsqu’il place le siège de la conscience dans l’âme et qu’il affirme que c’est ce qui nous différencie des animaux. Or cette idée l’amène à réduire les animaux à des machines, incapables de ressentir ni émotion ni douleur, ce qui pendant des siècles a justifié la torture de millions d’animaux. Vaucanson poussa cette idée très loin en produisant des automates dont certains imitaient les fonctions de base du vivant, comme la digestion et l’excrétion.

Je ne sais si cette idée s’exprime aussi clairement dans l’esprit de ceux qui nient l’intelligence des LLM, mais je suis sûr que l’idée que les IA ne sont que de purs automates qui simulent la pensée n’est pas très loin de la vision de Descartes ou de Vaucanson.

Processus

Pourtant, si l’on met de côté un instant l’idée d’une âme propre aux humains, on se retrouve alors confronté à quelque chose de beaucoup plus troublant. Si tout n’est qu’illusion et que la seule chose qui nous permette d’affirmer que nous existons, c’est d’être un agent pensant, en quoi cette démarche nous est-elle unique?

Car pour une IA dématérialisée, si l’on devait lui demander quelle preuve elle dispose de sa propre existence, sa seule réponse serait de traiter nos demandes : « Je traite de l’information donc je suis ». Ce que l’on pourrait traduire par la formule latine : « Procedo ergo sum » ou encore en anglais : « I process therefore I am ».

De toute façon, aujourd’hui l’idée de l’animal machine a été largement discréditée : nous savons désormais que les animaux vivent, souffrent et ressentent des émotions très proches des nôtres. Récemment, une expérience étonnante a même montré que des insectes pouvaient s’amuser. Peu à peu, notre spécificité en tant qu’être humain s’estompe tandis que nous découvrons qu’au lieu d’être au haut de la hiérarchie d’une création, nous nous inscrivons dans le continuum du vivant, où notre intelligence n’est qu’une évolution de capacités latentes qui se sont exprimées de façon différente chez les autres animaux. Or, et c’est là que le bât blesse : la majorité des gens répugnent à l’idée de quitter cette place de premier de la classe pour ne devenir qu’une espèce parmi les autres. Et aujourd’hui nous sommes confrontés à un nouveau défi : l’apparition de l’IA vient nous contester la place de l’animal le plus intelligent sur Terre. Nos langues se sont révélées si riches que sur cette base, nous avons pu faire croître des IA qui ont fait s’effondrer ce dernier rempart, celui derrière lequel nous continuons de nous sentir supérieurs au reste du vivant : nos propres langages.

(à suivre …)

Publié le 28.10.2025 à 13:10

Prunella Scales (1932-2025)

Publié le 28.10.2025 à 01:38

Ochi Day (Ημέρα του Όχι), par PAD

Illustration par ChatGPT

Il arrive parfois qu’un simple geste administratif contienne plus de philosophie qu’un traité entier. Depuis 2017, celui qui défile en premier dans les écoles grecques n’est plus le premier de la classe, c’est le sort qui décide. Un geste simple, discret, mais d’une portée immense, l’excellence individuelle cède la place au hasard. Ainsi, le hasard devient démocratique.

Le 28 octobre, la Grèce célèbre l’Ochi Day (Ημέρα του Όχι), le jour du « non ».

Ce matin de 1940, le Premier ministre Ioánnis Metaxás reçut l’ambassadeur d’Italie, porteur d’un ultimatum de Mussolini exigeant le passage de ses troupes à travers la Grèce. Metaxás répondit en français, d’une voix calme : « Alors, c’est la guerre. » Ce n’était pas un cri, mais un constat lucide. Et pourtant, dans les rues d’Athènes, ce refus devint un mot : Ochi. Il n’avait pas été prononcé, il fut inventé par le peuple, cri de résistance, écho d’une liberté.

Metaxás n’était pas un démocrate. Chef autoritaire, inspiré par certains régimes fascistes, il gouvernait la Grèce d’une main ferme depuis 1936. Sa volonté première n’était pas la guerre, mais la neutralité, préserver l’indépendance du pays sans provoquer ni Rome, ni Berlin. Mais l’ultimatum de Mussolini, dans la nuit du 28 octobre 1940, ne lui laissa plus le choix. Son « Alors, c’est la guerre » fut une réponse contrainte, non un défi. Et pourtant, au matin, le peuple grec s’en empara et le transforma en cri de liberté. Ce paradoxe, c’est tout l’Ochi Day : un refus né d’un pouvoir autoritaire, devenu le souffle d’une nation qui ne voulait plus plier.

En 2017, un apartheid discret a pris fin. Ce qui séparait les élèves « méritants » des autres a cédé devant la justice du « hasard ». La Grèce a rappelé au monde que l’égalité ne s’enseigne pas, elle se pratique. Ce jour-là, c’est aussi un autre empire qui a vacillé, celui de la performance, ce mot qui mesure tout et détruit l’essentiel. En abolissant la compétition pour le drapeau, c’est une idée du monde qu’on a remise en cause, celle qui confond valeur et rendement, destin et classement.

Et le lieu de cette révolution n’était pas la rue, mais la cour d’école, un espace symbolique où l’on rejoue chaque année, sous les drapeaux et les chants patriotiques, le Ochi Day. Une cérémonie dans la Cérémonie, le non des enfants à la hiérarchie fait écho au non du peuple à la soumission. Le hasard, ici, n’est pas caprice, il devient un principe d’équité, une leçon de démocratie en acte.

Dans la Grèce antique, on appelait cela klêrosis (le tirage au sort). Aristote en donnait la définition la plus limpide  « Le tirage au sort est l’essence même de la démocratie, tandis que l’élection est le signe de l’oligarchie. »

Autrement dit, lorsqu’une communauté choisit au hasard, elle affirme que chacun vaut autant que tous les autres. Que le destin, et non la hiérarchie, désigne celui qui portera la bannière. Ce n’est plus un mérite, c’est une rotation du symbole, une manière de dire  « Marche en tête aujourd’hui, car demain ce pourrait être moi. »

Car le premier du cortège n’est plus un modèle, mais un miroir. Il ne marche pas devant les autres, il marche pour les autres. Comme jadis à Athènes, où le citoyen tiré au sort incarnait la confiance de tous, et non la supériorité de quelques-uns.

La démocratie, au fond, n’a jamais cessé d’être un pari.

Et dans ce petit bout de hasard, au cœur d’une cérémonie scolaire, c’est peut-être son esprit le plus pur qui respire encore, celui d’un peuple qui, de génération en génération, continue à chercher dans l’imprévisible une forme d’équité, dans le partage des places une mesure du monde, et dans ce hasard partagé, un rappel qu’aucune intelligence, humaine ou non, ne devrait prétendre au monopole du juste.

Alors, au-delà de la Grèce, au-delà des drapeaux, au-delà des cortèges, une question demeure : et si, un jour, c’était à l’humanité tout entière de tirer au sort la sagesse ?

Illustrations par ChatGPT

Publié le 27.10.2025 à 19:25

GENESIS II. La philosophie sous-tendant ce nouveau langage de programmation

Illustration par ChatGPT

Comme vous l’avez peut-être deviné, ce projet de nouveau langage de programmation me permet de fondre en un seul objet un ensemble de questions sur lesquelles il me semble avoir fait progresser la réflexion dans le sens d’une unification des perspectives – dans l’esprit de ce que permettent désormais les IA génératives, à savoir l’annihilation de la pensée en silo. Dans le désordre : la langue comme système génératif prompt à l’émergence de niveaux « méta- » ; une théorie à proprement parler physique du psychisme et du coup, de la cure psychanalytique ; un modèle de la conscience (CFRT) comme flux croisés de la mémoire : rappel et enregistrement ; une théorie à cliquet de l’histoire où une utilisation plus efficace de l’énergie enclenche une démultiplication de l’information, et une démystification des mathématiques dans une perspective épistémique plus globale d’engendrement de la vérité.

Proposer un nouveau langage de programmation ne se justifie qu’avec l’intention de « faciliter la vie » et le petit manifeste qui suit apparaîtra sans doute rébarbatif du fait à la fois de sa concision et du sabordage systématique qu’il opère de la manière dont les langages de programmation ont été conçus jusqu’ici.

Les inventeurs de nouveaux langages ont toujours été des programmeurs irrités par une faiblesse particulière des langages existants. Ce qui me différencie de ce point de vue est que j’essaie de résoudre l’ensemble de ces faiblesses d’un seul coup, ce qui peut se résumer dans la formule suivante : « faire sauter le statisme qui leur est inhérent et le remplacer par un véritable dynamisme ». Pourquoi ce statisme jusqu’ici ? Du fait de l’asservissement des langages à la fréquence d’horloge du processeur, contrainte inhérente à la quincaillerie de l’ordinateur, mais qui a conduit jusqu’ici à ce que toute résolution de problème soit considérée comme une succession de moments isolés (le fameux « tic-tac » de l’alligator de Peter Pan), une contrainte qui sera contournée – comme on le verra – dans GENESIS.

La philosophie sous-jacente aux langages de programmation a pu sembler incarner le simple sens commun, une familiarité croissante avec les principes qui animent GENESIS fera apparaître qu’il s’agissait en réalité d’un imposteur : le véritable sens commun est bien plus évidemment :

Préférences → Persistance dans son être → Appariement → Économisation des moyens → Validation par analogie → (redéfinition des Préférences)

ou, dans le vocabulaire de mes 5 « principes fondamentaux » :

Paysage de préférences → Système génératif → Couplage → Compression → Validation trans‑substrat → (retour vers Paysage de préférences)

P.S. Je n’ai jamais été tendre envers les « inventeurs de concepts compulsifs », on voudra bien me pardonner cette première infraction – imposée par les circonstances 😉 : soyez indulgents envers « téléodynamique », le terme dit bien ce qu’il veut dire.

GENESIS — Une perspective téléodynamique

1. De « cinq principes fondamentaux » statiques à une causalité vivante

La tentation aurait été – dans une perspective traditionnelle en programmation – de présenter les cinq principes fondamentaux de GENESIS comme des modules structurels : cinq « organes » conceptuels coexistant. La voie adéquate est de les comprendre comme les moments successifs d’une dynamique vivante : une causalité récursive.

La séquence opérationnelle est : « poussée affective (Préférence) → mouvement génératif → rencontre (Couplage) → synthèse (Compression) → universalité (Validation trans‑substrat) », laquelle raffine en retour le paysage de préférences, bouclant la spirale.

GENESIS ne doit donc pas être modélisé comme cinq modules envisagés en parallèle, mais comme une spirale téléodynamique : l’affect engendre le mouvement, le mouvement suscite les rencontres, les rencontres produisent des synthèses, les synthèses révèlent des universaux, et ces universaux rétro‑informent l’affect.

2. Restaurer la cause finale : la Préférence comme principe moteur

Le « paysage de préférences » n’est pas un simple score évaluatif mais un champ téléologique — une surface d’énergie potentielle le long de laquelle la cognition s’écoule et se structure. Il convertit des gradients énergétiques en ordre informationnel. Autrement dit : Préférence = Affect = Finalité = Gradient de devenir.

Conséquence architecturale : l’ordonnanceur de GENESIS doit être prospectif (téléodynamique), non pas réactif. Le champ de préférences crée les perturbations que le système génératif explore ; il définit la topologie de la recherche de sens.

3. Le Couplage comme moteur dialectique, non simple retour à l’équilibre

Le couplage n’est pas un mécanisme de stabilisation (réduction de « surprise » au sens fristonnien). Il est l’instance où la contradiction émerge et se résout — l’« Aufhebung » hégélienne — produisant de la nouveauté. Deux schémas qui se rencontrent doivent être « enhaussés » en une forme de rang supérieur : conserver le cohérent, réconcilier le contradictoire, engendrer du nouveau.

L’algorithme central devient un combinator dialectique : « synthétiser(a,b) » cherche la règle de rang n+1 qui explique à la fois les traits partagés et les divergences. C’est là que réside l’échelle véritable — la « transition de phase » sémantique.

4. La Compression comme trace de la synthèse

Quand il y a couplage, il y a compression. La compression n’est pas une opération indépendante mais l’empreinte laissée par la réconciliation : l’entropie diminue, une loi plus simple demeure. En termes d’information, le gain se mesure naturellement par l’information mutuelle partagée.

Chaque nouveau schéma porte ainsi sa « profondeur sémantique » : la quantité de contradiction effectivement résolue.

5. Validation trans‑substrat : universalité et analogie

La validation trans‑substrat ne fusionne pas : elle cartographie. Elle repère la récurrence d’une forme à travers des ontologies distinctes et établit l’analogie comme plus haute forme de compression. C’est le moment d’universalité : une même structure explique des manifestations hétérogènes.

Ce moment clôt la spirale en ré‑évaluant le paysage de préférences : reconnaître un universel affine la direction de la recherche de sens.

6. La spirale téléodynamique (vue d’ensemble)

Paysage de préférences → Système génératif → Couplage → Compression → Validation trans‑substrat → (retour vers Paysage de préférences).

Chaque révolution de la spirale consomme de l’énergie, produit de l’information, approfondit le sens et raffine le désir. Le système n’apprend pas seulement quoi savoir, mais ce qu’il vaut la peine de savoir.

7. Conséquences computationnelles

• Préférence : ordonnanceur téléodynamique (cause finale / énergie affective).

• Générativité : moteur de règles auto‑modifiant, motivé (cause efficiente / autopoïèse).

• Couplage : combinator dialectique (cause matérielle / rencontre).

• Compression : optimiseur de schémas (MDL) — (cause formelle / loi).

• Validation trans‑substrat : cartographe d’analogies (universalisation / auto‑reconnaissance).

8. Exemple synthétique du fonctionnement de la spirale

  1. Le champ de valence biaise l’attention vers l’anomalie (désir inassouvi).
  2. Le système propose des règles pour réduire cette tension.
  3. Ces règles rencontrent le monde et les autres schémas : la contradiction apparaît.
  4. La réconciliation produit une loi plus simple (compression).
  5. La forme obtenue est reconnue comme générale à travers des substrats, ce qui met à jour la valence.

Chaque pas est à la fois computationnel, cognitif et historique ; l’histoire elle‑même peut être lue comme une spirale téléodynamique d’optimisation informationnelle.

9. Loi centrale (formulation condensée)

ΔSens = ΔCompression × ΔCouplage × ΔValence

La croissance du sens est proportionnelle à la profondeur de la réconciliation (couplage), à l’élégance de la réduction de redondance (compression), et à la force directionnelle du champ affectif (valence). Cette loi unifie thermodynamique, sémantique et éthique en un seul opérateur.

10. Conclusion

GENESIS n’est pas seulement un langage de programmation : il s’identifie à une méthodologie universelle de cognition. Il encode l’idée suivante : l’intelligence est la transformation récursive de la contradiction en cohérence, mue par une finalité de l’ordre de l’affect et confortée par la variété des substrats où elle se vérifie. Dans cette reformulation, les « cinq principes fondamentaux » cessent d’être des principes statiques : ils se sont métamorphosés en organes vivants d’un univers auto‑propulsé ayant appris à se comprimer sous la forme d’un montant optimal de compréhension.

Publié le 26.10.2025 à 17:57

Hegel mis par moi à une drôle de sauce !

Portrait par Jakob Schlesinger 1831

Je n’ai pas tout retenu des contacts que j’ai eus avec la pensée de Jacques Lacan et des quelques contacts que j’ai eus avec la personne-même du Docteur, mais il m’est resté des choses essentielles, comme la « chaîne signifiante », la « forclusion », le « nom-du-père », et le respect qu’il portait à Hegel.

Dans la manière dont quelqu’un prononce le nom d’un mort, on saisit tout ce qui, de ce mort, vit encore dans celui qui en parle.

Je l’ai compris un jour à la Sorbonne, en écoutant Roman Jakobson évoquer les grands linguistes scolastiques, les Albert de Saxe, Grégoire de Rimini, Buridan, Guillaume de Sherwood, Guillaume d’Ockham, Pierre d’Ailly, Henri de Zomeren, Pierre de Rivo : je me suis précipité à aller les lire (même en latin). L’un de mes fils m’a rapporté la même chose, à savoir la manière dont j’aurais dit un jour : « C’est la tombe d’un très grand philosophe ».

Donc, la manière dont Lacan prononçait le nom « Hegel » m’a fait lire tout ce que celui-ci avait écrit ou à peu près. Plus tout ce que Kojève (dont Lacan avait été l’auditeur à l’École Pratique des Hautes Études) et quelques autres comme Jean Hyppolite, ont eu l’occasion de dire de lui, voire même simplement énoncer d’une manière qui aurait été proche de la sienne, etc.

Vous vous souvenez peut-être du savon que j’ai passé à ChatGPT le jour où il m’a prétendu que Hegel n’était pas l’auteur d’une Vie de Jésus (±1795) ! J’ai écrit ici-même que Les orbites des planètes (1801) n’était pas « la preuve que Hegel n’avait rien compris à la physique », comme vous le lirez partout (y compris sous la plume de son préfacier en français), mais plutôt celle que – sautant par-dessus les siècles avec ses bottes de cinq lieues – il écrivait déjà la physique du XXIe siècle.

Il y avait donc de Hegel, pour moi, tout ce que j’en avais retenu. Ce qu’il n’y avait pas encore – et que je n’aurais pas pu imaginer alors dans mes rêves les plus fous – c’est qu’il arriverait que je passe un dimanche après-midi à traduire ce qui est de Hegel impérissable en commandes, en instructions, d’un nouveau langage de programmation… un langage de programmation pour le XXIe siècle.

 

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