pour la lutte sociale
BLOG COLLECTIF - L.N Chantereau, Olivier Delbeke, Robert Duguet, Alexis Mayet, Luigi Milo, Vincent Presumey ...
Publié le 15.12.2025 à 15:34
Deux photos qui en disent beaucoup sur le « campisme » et la contre-révolution.
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Publié le 14.12.2025 à 19:40
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Publié le 11.12.2025 à 20:11
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Publié le 15.12.2025 à 15:34
Deux photos qui en disent beaucoup sur le « campisme » et la contre-révolution.
La divulgation progressive d’une partie des « Epstein files » accable bien entendu, malgré la censure persistante des documents les plus sensibles, de plus en plus Donald Trump, mais elle a aussi produit, de manière collatérale, le document ci-dessous : Noam Chomsky et Steve Bannon se gobergeant comme deux vieux potes qu’ils semblent être, photo qui aurait été prise par Epstein lui-même !
Chomsky fut une idole de la bien-pensance se croyant subversive, passant pour un courageux « anti-impérialiste », qui plus est anarchiste, dans la forteresse de l’impérialisme, et pour un grand linguiste et scientifique aux travaux ardus. Souvent la seule entorse à cette stature d’icone, pour les Français, était son soutien aux négationnistes de la Shoah au nom de la « liberté d »expression », un péché véniel en quelque sorte, petite faiblesse du grand homme.
Chomski, de longue date, était un « campiste » soutenant les dictatures oligarchiques (Chine, Russie, Iran, Syrie …) supposées combattre « l’impérialisme » réduit aux Etats-Unis, voire aux Etats-Unis et à Israël. Et bien sûr anti-ukrainien (la guerre est bien malheureuse mais c’est l’OTAN qui agresse la Russie, etc.). Cela, tout en étant un digne représentant de l’intelligentsia universitaire établie – quant à ses théories linguistiques, c’est un autre sujet mais elles ont fait l’objet de critiques les tenant pour non évolutives et non historiques, faisant du langage un code.
La chute de l’icône Chomsky auprès de ses propres supporters a commencé quand on a su qu’il était un bon ami de Jeffrey Epstein. Attention, il n’a pas usé du trafic sexuel de ce dernier, mais de ses relations : Chomsky s’est déclaré intéressé – et flatté- d’être mis par Epstein en relation avec des huiles, des milliardaires, des diplomates …
Et voilà que sort cette photo de potes avec le nazi Bannon, dans les albums photos d’Epstein !
Comme le souligne la figure du féminisme révolutionnaire indien Kavita Krishnan, même si rien ne permet de soupçonner que Chomsky se soit vu offrir des femmes par Epstein, il était parfaitement au courant de cela, et le campisme, l’élitisme, la convergence avec l’extrême droite, ne sont pas sans liens avec l’attitude de ces messieurs envers la moitié opprimée du genre humain.
Mais voici une autre photo encore !
Après Steve Bannon le nazi et Noam Chomsky le « grand penseur », voici Marjorie Taylor Greene (MTG), l’icône MAGA fâchée désormais avec Trump : leur conflit couvait depuis juin, l’affaire Epstein en a été le facteur final, et avec elle : Medea Benjamin, de CodePink, vieille coalition « pacifiste » campiste classée à l’extrême-gauche aux Etats-Unis, prenant toutes les guerres du monde pour des remakes de celle d’Irak en 2003 et soutenant Poutine, Bachar, l’Iran, etc.
C’est le comploto-antisémite belge Jean Bricmont qui diffuse cette photo en s’en réjouissant ainsi :
« Alliance « rouge-brune » nécessaire pour la paix. Nous avons rendu visite aujourd’hui à la représentante Marjorie Taylor Greene pour la remercier d’être devenue une voix si forte contre la guerre au Congrès et lui dire que nous allons la regretter. »
Mieux : MTG a déclaré qu’elle et « Medea » sont en relation depuis longtemps puisqu’elles sont, n’est-ce pas, « pour la paix » et « pour Gaza ».
Une convergence officieuse ancienne, donc, qui devient officielle aujourd’hui.
Notre camarade ukrainienne Hanna Perekhoda posait récemment la question suivante : maintenant que Trump et les Etats-Unis sont alignés avec Poutine, qu’est-ce que le « campisme » qui était censé être le choix « anti-impérialiste » de la Russie, de la Chine, de l’Iran … contre les Etats-Unis ? Maintenant que les « campistes » se retrouvent aux côtés de Washington et n’en semblent nullement gênés ?
Ces deux photographies donnent un élément de réponse : et s’il s’agissait de contre-révolution ? De haine des révolutions – depuis celle qui renversa le mur de Berlin jusqu’au Maidan en passant par les « révolutions arabes » et maintenant celles de la « GenZ » ? « Campisme » ? Contre-révolution, tout simplement : haine des mouvements réels et complicité des dominants et des idéologies qu’ils engendrent …
VP, le 15/12/25.
Publié le 14.12.2025 à 20:06
Dermatose nodulaire bovine : QUID ?
Les évènements actuels dans les campagnes sont de la plus grande importance politique.
La maladie bovine qui s’est répandue dans quelques exploitations savoyardes puis pyrénéennes est grave pour les vaches, non transmissible aux humains, et peut être contenue par la vaccination.
Le gouvernement, la ministre Genevard, soutenus et en fait inspirés par les agro-industriels qui dirigeant la FNSEA, ces « agriculteurs » qui ne sont rien d’autres que de purs capitalistes, ne veulent pas de vaccination généralisée ni même massive !
Cette absurdité, peut-être motivée aussi par des « économies » budgétaires, a pour cause la crainte de ne pouvoir exporter des « viandes vaccinées », y compris en raison de fakes complotistes circulant par exemple à ce sujet en Italie…
Elle est complétée par le fait de préconiser, au premier cas, l’abattage de tous les troupeaux touchés, bêtes vaccinées comprises.
Très clairement, cette combinaison entre non-vaccination et abattages a pour effet, et probablement pour but réel, de détruire les petites exploitations. Leur révolte est donc inévitable et légitime !
Cette situation prend en sandwich la FNSEA, soi-disant organisation représentative du « monde agricole » qui organise en réalité l’assassinat du monde agricole.
Deux organisations appellent à la mobilisation, séparément ou ensemble : la Coordination rurale, sur la droite de la FNSEA, et la Confédération paysanne, sur sa gauche.
C’est la Coordination rurale, comme d’ailleurs des secteurs de la FNSEA et des JA, qui agresse les fonctionnaires, les agents et les locaux de l’Office de la Biodiversité (OFB), la Ligue pour la Protection des Oiseaux (PLO), et dont les dirigeants parlent ouvertement d’assassiner des écologistes. La Coordination rurale est ce qui se rapproche le plus d’une milice antisociale et antidémocratique recrutant parmi des pauvres désespérés.
La Confédération paysanne est, elle aussi, à l’offensive. Elle appelle à bloquer les routes, sans hésiter à le faire de concert avec la Coordination rurale, mais s’oppose au purin sur les préfectures et les services publics, voire sur les monuments publics, et désigne clairement comme adversaires : le gouvernement et les agro-industriels, qui tiennent la FNSEA.
Nous appelons à la solidarité avec la Confédération paysanne. Nous appelons à ne pas condamner le fait que, comme cela est arrivé à tous les vrais militants ouvriers parmi les Gilets jaunes, qu’elle se trouve à tel ou tel moment ensemble avec la Coordination rurale face à la police. Elle doit disputer l’organisation des pauvres désespérés à la Coordination. Au lien de condamner, il faut aller avec eux, voir ce qui se passe, discuter des méthodes les plus efficaces.
La course de vitesse qui est engagée dans les campagnes, avec la bataille pour les services publics des maternités aux écoles laïques, et la bataille contre l’union des droites et de l’extrême droite à la Stérin, est un combat essentiel dans la lutte des classes en France, dans l’union de tous les exploités sur l’ensemble du territoire !
Soutien à la Confédération Paysanne !
Publié le 14.12.2025 à 19:55
Notes politiques françaises du 14 décembre 2025.
Le 8 décembre dernier, j’insistais :
« Matériellement, les conditions d’existence réelle des plus larges masses reculent et les menaces budgétaires portent sur les services publics et la Sécurité sociale. Mais ces demi-victoires politiques, sur la réforme des retraites, l’Assurance chômage et le « choc des savoirs », ont une portée considérable.
Elles signifient que le rapport des forces réel est beaucoup plus favorable aux salariés, actifs, chômeurs, jeunes, retraités, que ne le font croire les médias et que ne le croient, généralement, les militants, conditionnés par l’inaction intersyndicale et par la division des partis issus du NFP.
Elles signifient qu’il n’y a pas à avoir peur de l’affrontement social, de son développement en affrontement politique central contre Macron et la V° République, car, de toutes les combinaisons possibles, c’est celle-là qui sera réellement efficace contre le RN et l’union des droites ! »
Cette peur correspond, chez beaucoup de militants et de responsables politiques, à la peur de la dissolution de l’Assemblée nationale, censée conduire automatiquement à l’arrivée au pouvoir du RN flanqué des partis « néo-gaullistes » (UDR, LR, Horizons) eux-mêmes engagés dans une course aux extrêmes.
C’est justement la défection d’Horizons du « bloc central » post-macronien, et la crise de LR – dont la cause en dernière analyse est le rapport de force social réel, Retailleau dirigeant du parti s’étant brillamment auto-discrédité lors du bref épisode du gouvernement Lecornu 1 ! – qui ont conduit le groupe parlementaire PS à voter pour le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), beaucoup plus que les quelques reculs gouvernementaux enregistrés dans ce projet, à commencer par le décalage-suspension de la réforme des retraites. Le PS a fait explicitement le choix d’aider le gouvernement Lecornu à tenir, de crainte d’une dissolution.
Danielle Simonnet, pour L’APRÈS, a raison de souligner les reculs gouvernementaux, dont il faut préciser que la cause n’est pas parlementaire, mais tient au rapport de force social, sur les retraites, mais aussi l’année blanche contre les pensions et minimas sociaux qui a été abandonnée, ainsi que le doublement des franchises médicales et les autres « horreurs » sur les apprentis, les chèques vacances et les tickets restaurants, tout en expliquant que l’essentiel de la ligne politique de destruction du droit à la santé et de la Sécurité sociale a été maintenu, avec les attaques sur les arrêts de travail, l’hôpital public et les mutuelles.
Du point de vue revendicatif, il était donc parfaitement possible et logique de voter contre le PLFSS tout en ayant voté pour les reculs qu’il intègre – rappelons que le groupe LFI suivi par les députés PCF ont voté contre le décalage-suspension de la réforme des retraites ! -, car c’est là le B-a-ba de l’action revendicative : quand le rapport de force devient favorable, on ne s’arrête pas, on enfonce le clou !
Et on enfonce le clou sans avoir peur de faire sauter le taulier, en l’occurrence de renverser le gouvernement Lecornu, si, et seulement si, l’on comprend que la victoire politique contre Macron, la droite et le RN est et sera fonction de l’affrontement social, comme septembre 2025 en a apporté la démonstration !
Ajoutons une chose qu’il convient de ne jamais oublier, car la mémoire de ce qu’est la Sécu, le salaire socialisé, est constitutive de la lutte sociale en France, alors que, du PS à LFI, ceci n’a pas été rappelé : le PLFSS, du point de vue de la classe des travailleurs salariés qui produit son propre salaire, direct et socialisé, par son travail (« cotisations patronales » inclues !), n’a aucune légitimité. Les fonds sociaux appartiennent à la classe salariale et devraient être gérés par ses représentants élus et mandatés. C’est le plan Juppé de 1995 qui a opéré ce vol. Une République démocratique et sociale aura à rendre la gestion de la Sécu et du salaire socialisé à celles et ceux qui le produisent et se le partagent !
Les chefs de LFI et l’aile Hollande du PS voudraient sans doute que ce vote « pour » le PLFSS de la part du PS, décisif dans son adoption puisque le « bloc central » bat de l’aile plus que jamais (mais qui ne suffit pas à l’expliquer : des dizaines de députés, y compris LFI, ont été prudemment absents ce mardi 8 décembre !), signe l’entrée du PS dans le dit « bloc central » soi-disant macronien, ce qui serait la « trahison » qu’un Bompart, loin à vrai dire de la dénoncer, ne cesse de souhaiter et d’appeler de ses vœux !
Possible, s’il n’y avait le rapport de force social, dont fait d’ailleurs partie le vote NFP de 2024, faisant des députés de tous les groupes issus du NFP la majorité relative de cette assemblée : ce rapport de force social exige l’indépendance, donc pas de vote pour le PLFSS et le projet de loi budgétaire de Macron/Lecornu, et l’unité, donc pas d’opposition aux gains revendicatifs tels que le décalage-suspension de la réforme des retraites, et pas d’anathèmes se voulant définitifs !
Cette remise des pendules à l’heure ne peut être réalisée, et elle le sera, que par la mobilisation sociale. Et les municipales seront totalement politiques, totalement nationales et totalement surdéterminées par ces éléments : nous allons y revenir régulièrement à partir de cette semaine.
VP, 14/12/2025.
Publié le 14.12.2025 à 19:40
Ce supplément au numéro 44 du bulletin Solidarité avec l’Ukraine Résistante porte sur les différentes formes de résistance de la population ukrainienne dans les territoires occupés par l’armée de Poutine. Cette publication est parfaitement synchronisée avec la tournée de Karyna Chmelyuk du réseau de solidarité Hromada Crimea.
Retrouver toute la collection du bulletin sur le site des éditions Syllepse
Lire et faire connaitre ce numéro !
BSE_UA_special_Résistances-territoires-occupésTéléchargerPublié le 14.12.2025 à 19:09
Trois constats factuels sur le crime de Sidney.
1) Il s’agit d’une tuerie antisémite, quel que soit le verbiage antisioniste et “Gaza” qui peut ou non servir à ses auteurs et à leurs partisans – et d’une tentative de massacre de masse, qui a fait 11 morts et des dizaines de blessés et aurait pu avoir bien plus d’ampleur encore.
2) Cette tuerie antisémite a en effet été stoppée par Ahmed al Ahmed, commerçant ambulant qui passait par là, musulman, 42 ans, père de deux enfants, hospitalisé pour les deux balles que les tueurs, qu’il a tenté spontanément d’intercepter, lui ont logées, dans le bras et la jambe.
3) Le commentaire immédiat du gouvernement israélien, expliquant la tuerie par le fait que l’Australie a récemment reconnu un État palestinien, est une infamie, qui montre que ce pouvoir ne combat aucunement, et nulle part, l’antisémitisme, et qu’il met Juifs et Palestiniens en danger, délibérément, avec le plus criminel des cynismes.
14/12/2025.
Publié le 11.12.2025 à 20:11
Présentation du journal Le Soir
Après 16 mois d’une crise d’ampleur qui impacte en particulier les classes populaires, les signataires appellent à une mobilisation générale « contre la tentative des droites d’imposer un agenda néolibéral à la Région de Bruxelles-Capitale (RBC) en se réfugiant derrière l’inéluctabilité de la dette. Les alternatives existent, et ne pourront se mettre en place que par la lutte de tous et toutes », soulignent-ils.
Présentation de Martin Vander Elst sur sa page Facebook
#BruxellesEstAGauche #Austérité #ProgrammeDeRupture Ce jour, nous publions une importante carte blanche. Du fédéral au gouvernement wallon en passant par la communauté Wallonie-Bruxelles, le cartel des droites impose un agenda austéritaire afin de détruire ce qui reste d’État social. À Bruxelles, ce destin n’est pas inéluctable, il existe une majorité de gauche. Le programme du MR pour Bruxelles lui est malheureusement connu : suppression de 3000 postes dans la fonction publique, 40% de coupes dans les moyens aux ASBL (0) de premières lignes, 100.000.000€ de coupes dans le budget des communes … etc.
En diminuant son engagement financier, et donc en imposant des cures d’austérité, le gouvernement de la RBC fait reposer une plus grande charge financière sur les individus les plus vulnérables. En opposition à ce dogme, une alternative est possible : il faut augmenter les recettes, avec des mesures ciblées vers les plus hauts revenus, les entreprises et les multipropriétaires.
Aujourd’hui, les Engagés lâchent le MR en vue de former un gouvernement centriste. Une première brèche ? Rien n’est fait. Pour défaire le dogme austéritaire et l’asphyxie programmée de la Région bruxelloise, il faut une dynamique politique de fond qui soit capable de répondre aux causes structurelles du déficit public. Si l’actuel gouvernement en affaires courantes pratique déjà une forme d’austérité soft, des coupes bien plus sombres sont au programme.
Face au projet autoritaire des droites, c’est la dynamique des syndicats, des mouvements féministe, écologiste, antiraciste, des collectifs de quartiers, du secteur associatif miné par cinquante ans de néolibéralisme, qui fera la différence. Seule une telle mobilisation coordonnée pourrait identifier les mesures d’urgence pour répondre aux besoins sociaux et environnementaux de la population bruxelloise, et construire le rapport de force face aux lobbies bancaires et immobiliers d’un côté, et à l’Arizona [coalition politique réactionnaire qui entend imposer un programme de super-austérité] de l’autre. Pour vaincre les droites, la lutte défensive ne sera pas suffisante : nous avons besoin que les mouvements sociaux prennent en main les questions politiques, et construisent une véritable alternative sociale, écologique et démocratique.
Carte blanche par un collectif de signataires*
La crise qui paralyse la région bruxelloise depuis plus de 16 mois est une crise politique. Le scrutin du 9 juin 2024 a donné une courte majorité à la gauche institutionnelle à Bruxelles, mais la droite tente par tous les moyens de forcer les négociations pour imposer un programme austéritaire à la capitale. En particulier, le bloc MR/Open VLD cherche à forcer la main au PS pour l’intégrer à un gouvernement qui se voudrait le prolongement de l’Arizona dans la Région, ce dont témoigne leur obstination à intégrer une N-VA quasi inexistante à Bruxelles (2 % dans la région, zéro député communal) dans le gouvernement. Pour justifier son jusqu’au-boutisme, la droite invoque systématiquement l’argument de la dette : vu l’état des finances bruxelloises, il n’y aurait pas d’alternative pour la région.
Un budget pour les gouverner tou·te·s
Le budget bruxellois est un casse-tête. En 2018, la dette de la RBC représentait 3,4 milliards d’euros. Depuis, deux chocs exogènes, la pandémie de covid et la crise énergétique due à la guerre en Ukraine, ont fait exploser les dépenses de la Région tout en impactant considérablement ses recettes. (1)
En 2024, les recettes totales représentaient 5,691 milliards tandis que les dépenses primaires représentaient 6,990 milliards d’euros, soit un déficit de 1,3 milliard d’euros. En parallèle, la dette consolidée (2) de la région pour l’année 2024 était estimée à 14,5 milliards d’euros, avec une projection pour 2029 estimée à 22,162 milliards d’euros. On parle donc d’un ratio dette / recettes totales de 241 % pour l’année 2024 avec une perspective clairement négative au vu du taux de croissance de la dette consolidée (8,83 %).
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Cette question du déficit budgétaire et du risque d’emballement sur la dette se trouve aujourd’hui au centre des négociations gouvernementales. Incapables de s’entendre sur la mise en place d’une coalition un tant soit peu représentative des résultats des élections de 2024, plusieurs représentant·es des partis engagés dans les discussions (Bouchez, De Gucht) voient le budget comme une priorité pour débloquer la situation politique. Sauf que là aussi, les stratégies pertinentes font défaut.
Financer un programme de rupture anti-néolibérale
Malgré les discours catastrophistes de la droite, sur base du premier trimestre 2025 (3), la RBC parvient toujours à se financer sur les marchés financiers avec des financements très diversifiés, avec régularité (4) et ce, malgré une diminution de sa note, passée de A+ à AA- selon l’agence de notation S&P (5). En outre, les mesures mises en avant pour équilibrer le budget concernent exclusivement les dépenses. C’est à nouveau un grand mythe néolibéral. Réaliser des coupes budgétaires ne permet pas de retrouver de la stabilité. En diminuant son engagement financier, et donc en imposant des cures d’austérité, le gouvernement de la RBC fait reposer une plus grande charge financière sur les individus les plus vulnérables. En opposition à ce dogme, une alternative est possible : il faut augmenter les recettes, avec des mesures ciblées vers les plus hauts revenus, les entreprises et les multipropriétaires.
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Une multitude de mesures pourraient être prises dans ce sens : par exemple la mise en place d’une hausse progressive des centimes additionnels de l’impôt sur les personnes physiques (6) avec l’objectif de récupérer une somme importante sur les revenus les plus élevés. Une autre pourrait être de reprendre le contrôle sur le marché du logement en récupérant les propriétés laissées à l’abandon par des multi-propriétaires obnubilés par la spéculation, ou encore en augmentant le précompte mobilier pour ces mêmes multi-propriétaires qui profitent de la pénurie de logement pour s’enrichir. Pourquoi pas également regarder du côté des droits de succession. La logique qui sous-tend ces mesures est la même : reprendre ce qu’ils nous ont volé, après un demi-siècle de néolibéralisme, qui a vu les classes dominantes s’enrichir en pillant toujours plus la classe travailleuse et les plus vulnérables.
En complément de ces propositions, il reste nécessaire de mettre en place un comité d’audit citoyen. Car pour agir, il nous faut comprendre les origines et les destinations des financements de la RBC, identifier les dépenses légitimes pour la population, et s’opposer catégoriquement aux lois des marchés financiers qui imposent une marche à suivre sur fond de chantage aux taux d’intérêt. Autant de sujets que nous devons imposer à l’agenda.
Pour sortir de la crise, mobilisation générale !
De telles propositions provoqueraient inéluctablement les cris d’orfraie de la droite, et l’ire des lobbies financiers et bancaires. En parallèle, la gauche institutionnelle a déjà témoigné de son impuissance à sortir la Région bruxelloise de cette crise d’ampleur. Les négociations pour une majorité progressiste, entamées au printemps 2025 sous la pression du mouvement social (7), ont été rapidement enterrées par Vooruit, sans provoquer d’émoi chez les partenaires autour de la table. Dans ces conditions, il apparaît clair que la clef pour sortir de l’impasse réside dans la mobilisation des Bruxellois·es elles et eux-mêmes. Face au projet autoritaire des droites, c’est la dynamique des syndicats, des mouvements féministe, écologiste, antiraciste, des collectifs de quartiers, du secteur associatif miné par cinquante ans de néolibéralisme, qui fera la différence. Seule une telle mobilisation coordonnée pourrait identifier les mesures d’urgence pour répondre aux besoins sociaux et environnementaux de la population bruxelloise, et construire le rapport de force face aux lobbies bancaires et immobiliers d’un côté, et à l’Arizona de l’autre. Pour vaincre les droites, la lutte défensive ne sera pas suffisante : nous avons besoin que les mouvements sociaux prennent en main les questions politiques, et construisent une véritable alternative sociale, écologique et démocratique.
10/12/2025.
*Signataires : José Angeli, Président du MOC Bruxelles ; Joëlle Baumerder, citoyenne, UPJB ; Bernard Boccara, photographe ; Matthieu Bordenave, PhD candidat en économie politique à l’université de Pise ; Eléonore Merza Bronstein, Secrétaire fédérale du MOC Bruxelles ; Simon de Brouwer, SeTIS Bruxelles ; Manuela Bruyndonckx, pensionnée de l’ULB ; Michel Caraël, professeur émérite de l’ULB ; Valter Cortese, retraité de l’ULB ; Céline Curvers, artiste ; Aziz Dahmane, Président CRB CSC (comité régional de Bruxelles) ; Benoît Dassy, secrétaire régional bruxellois de la CSC bruxelloise ; Lieven De Cauter, philosophe, prof. em. KU Leuven, faculté d’architecture ; Sarah De Laet, géographe, militante pour le droit au logement ; Jo De Leeuw, syndikale militante ACOD onderwijs ABVV, ACOD Onderwijs ; Rémi Dekoninck, citoyen ; Muriel Di Martinelli Secrétaire Fédérale de la CGSP-ACOD ALR-LRB BRU ; Olivier Dubin, Equipes populaires Bruxelles ; Pierre Galand, président du Forum Nord Sud ; Jean-François Gava, chercheur en philosophie économique ; Michel Genet, économiste ; Marie Gotalle, personnel soignant ; Jean-Claude Grégoire, prof. honoraire de l’ULB ; Aline Jacques & Eduardo Carnevale, coordination générale du Collectif Alpha ; Francoise Kemajou, administratrice déléguée de Pour la solidarité ; Catherine Kestelyn, BelRefugees ; Guillaume Kidula, administrateur de l’asbl Communa ; Adrien Lenoble, Mission Locale pour l’emploi De Saint-Gilles ; Cédric Leterme (chargé d’étude au GRESEA asbl) ; Selma Lisein, Atelier des Droits Sociaux ; Gabriel Maissin, économiste ; Carla Nagels, professeure à l’Université libre de Bruxelles CGSP enseignement-recherche ; Julien Pieret, professeur à l’Université libre de Bruxelles ; Emmanuelle Rabouin, coordinatrice de l’Union des locataires marollienne asbl ; Rassemblement Bruxellois pour le Droit à l’Habitat/Brussel Bond voor het Recht op Wonen / RBDH / BBRoW ; Anne Rayet, avocate ; July Robert, autrice et traductrice ; Michel Roland, médecin ; RL, membre de l’Union des Locataires de Saint-Gilles ; Nordine Saidi, membre de Bruxelles Panthères ; Daniel Soil, romancier, écrivain public ; Andreas Stathopoulos, Forest à gauche ; Marcelle Stroobants, professeure retraitée de l’ULB ; Eric Toussaint, porte-parole international du CADTM ; Mélodie Vandelook, travailleuse dans l’éducation permanente ; Martin Vander Elst, docteur en anthropologie, UCLouvain en colère ; Philipe Vansnick, secrétaire fédéral CSC Bruxelles ; Denis Verstraeten, militant à la Gauche anticapitaliste ; Pascale Vielle, professeure ; Carmelo Virone, écrivain, militant au collectif DK Saint-Gilles.
Notes :
(0) ASBL : Associations sans but lucratif, forme légale des associations non lucratives en Belgique
(1) Cette augmentation de dépenses et cette diminution de recettes dues aux crises citées doivent aussi être remises dans un contexte général d’austérité imposé par les choix politiques des gouvernements précédents. Incapable d’assumer une politique portée sur des investissements stratégiques dans les secteurs de l’énergie ou la santé, la Belgique est aujourd’hui l’un des pays les plus dépendants des importations d’énergies brutes extérieures en Europe tandis que ses capacités d’accueil en milieux hospitaliers sont impactées par un double danger : une diminution drastique du nombre de lits disponibles ainsi que des conditions de travail extrêmement pénibles pour les membres du personnel.
(2) La dette brute consolidée, ou dette Maastricht, constitue la consolidation de la dette propre et de la dette indirecte de la Région.
(3) Rapport annuel 2024 de l’Agence de la dette de la Région de Bruxelles-Capitale.
(4) Rapport annuel 2024 de l’Agence de la dette de la Région de Bruxelles-Capitale.
(5) « Standard & Poor’s dégrade à nouveau la note de Bruxelles », L’Echo (13/06/2025).
(6) Les centimes additionnels sont des taxes locales perçues en complément d’un impôt de base. Le taux s’ajoute au montant de la taxe principale, ici l’impôt sur les personnes physiques perçu par le fédéral. Une hausse progressive de ces centimes permettrait d’augmenter les recettes de la région en ciblant les revenus les plus élevés.
(7) Notamment « l’appel du 1er mai » pour une alliance progressiste, signé par près d’une centaine de personnalités académiques, syndicales et associatives.