pour la lutte sociale
BLOG COLLECTIF - L.N Chantereau, Olivier Delbeke, Robert Duguet, Alexis Mayet, Luigi Milo, Vincent Presumey ...
Publié le 17.09.2025 à 12:41
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Publié le 17.09.2025 à 11:49
Soutien à l’Ukraine Résistante – Parution du bulletin numéro 42 daté du 12 septembre 2025
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Publié le 16.09.2025 à 13:36
Londres – Mobilisation massive de l’extrême droite : sonnez l’alarme ! Par Dan Katz.
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Publié le 16.09.2025 à 01:05
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Publié le 15.09.2025 à 21:56
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Publié le 17.09.2025 à 12:41
Présentation
En juillet dernier nous avions annoncé la prochaine parution aux éditions Syllepse de cet ouvrage de Zbigniew Marcin Kowalewski qui constituera certainement dans l’histoire intellectuelle un tournant dans l’appréhension de la révolution ukrainienne de 1917-1921 et de sa relation avec la révolution russe de 1917, puis des effets de la contre-révolution stalinienne et des conséquences qui s’en font sentir jusqu’à aujourd’hui dans le contexte de la guerre d’agression impérialiste menée par Poutine contre le peuple ukrainien.
Pour inciter nos lecteurs à lire ce livre, nous en offrons ici l’introduction.
Document
J’ai commencé mes recherches dans la première moitié des années 1980, en exil politique en France. J’ai alors eu accès à des sources, à de la documentation et à des travaux qui, pour des raisons politiques, n’étaient pas disponibles dans mon pays, en Pologne. Je me suis notamment rendu dans la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine [devenue La Contemporaine ] et dans la Bibliothèque Symon Petliura à Paris. De là, j’ai également pu me rendre à l’Institut canadien d’études ukrainiennes (CIUS), revendiquant alors son ukrainité sans entrave russe à Edmonton, dans les prairies de la province de l’Alberta. Bohdan Krawchenko, qui était alors son vice-directeur, a été un guide très efficace au début de mes recherches.
En pleine période de réformes gorbatchéviennes en Union soviétique, au milieu de l’année 1989, Yves Lacoste, un géographe qui réinventait la géopolitique en tant que discipline scientifique, a décidé de consacrer un numéro entier, et même un numéro double de sa revue spécialisée, Hérodote, aux peuples et aux pays non russes de l’URSS, qui étaient notoirement ignorés par l’opinion publique occidentale. L’idée était d’exposer une face cachée et obscure des réalités soviétiques, totalement inconnue du public de l’Ouest, même si l’intérêt pour ces réalités et les processus de plus en plus turbulents qui se déroulaient en URSS à l’époque s’était considérablement accru. Il s’agissait de la situation actuelle et de l’histoire de l’oppression des peuples non russes. Lacoste m’a demandé un article sur la question nationale ukrainienne. Dans un numéro intitulé Les marches de la Russie, c’était l’article le plus long. Ce numéro a suscité un tel intérêt que, pour la première fois dans l’histoire de la revue, il a été réimprimé plusieurs fois. Dans mon article, j’annonçais – en expliquant historiquement pourquoi – que l’Ukraine serait bientôt indépendante – Voir note 1. C’est avec une certaine stupéfaction que j’ai découvert que mon évaluation avait complètement surpris les lecteurs français – principalement non pas parce que personne n’avait encore pensé que l’Union soviétique s’effondrerait et se désintégrerait, mais parce que l’on ne savait pratiquement rien de L’Ukraine. Elle était pourtant un grand pays et son peuple appartenait à l’une des plus importantes nations du Vieux Continent.
La perspective de l’apparition soudaine d’un nouvel État, territorialement vaste et peuplé sur la carte politique d’une Europe, semblait-il, enfin stabilisée, était très surprenante, presque inimaginable. On n’imaginait pas que ce que l’on croyait être arrivé pour la dernière fois sur les marches occidentales de l’Empire russe, après la révolution d’Octobre, et avec la désintégration de l’Empire autrichien, après la Première Guerre mondiale, pût se reproduire encore une fois sur le continent.
Plus tard, deux publications consécutives d’une autre de mes études, intitulée « La question polonaise dans la stratégie d’après-guerre de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne – Voir note 2 », par l’Académie des sciences de l’Ukraine, désormais indépendante, et l’accueil qui lui a été réservé par des historiens ukrainiens, m’ont conforté dans l’idée que j’avais choisi la bonne voie dans mes recherches sur la question nationale ukrainienne.
La question de l’impérialisme russe est au cœur de ce livre, au même titre que la question nationale ukrainienne. Les deux questions étaient et sont toujours inextricablement liées. La Russie tsariste s’est affirmée comme une puissance impérialiste, à la fin du 18e siècle, en s’emparant de la majeure partie de l’Ukraine. Forcé de battre en retraite par la révolution prolétarienne russe et la révolution nationale ukrainienne de 1917, cet impérialisme a persisté dans la mesure où l’Ukraine n’a accédé à l’indépendance ni sous la Rada centrale, ni sous le régime soviétique. En revanche, il est réapparu pleinement, cette fois sous la forme d’un impérialisme militaro-bureaucratique, lorsque le régime stalinien a écrasé le peuple ukrainien avec l’Holodomor génocidaire et détruit les acquis de la révolution nationale ukrainienne et de l’ukrainisation postrévolutionnaire de la république soviétique.
Une notion erronée s’est imposée presque universellement parmi les marxistes, selon laquelle l’impérialisme serait apparu à un certain stade du développement du capitalisme, dans le cadre du dernier partage entier du monde. Les puissances les plus développées et les plus puissantes au niveau mondial seraient devenues d’abord impérialistes et se seraient ensuite engagées dans une lutte entre elles pour un nouveau partage du globe. C’est à partir de cette notion que se développent – encore aujourd’hui – les débats pour savoir si la Russie de Poutine est impérialiste, en partant des critères qu’une puissance doit remplir pour être considérée comme telle. Puisque, selon le titre d’une fameuse « esquisse populaire », élevée au rang de l’un des ouvrages théoriques fondamentaux de la pensée marxiste, l’impérialisme est « le stade suprême du capitalisme », on ne peut débattre de l’existence de l’impérialisme russe, au mieux, que par rapport à la Russie capitaliste, bien que Lénine lui-même ait déclaré dans cette « esquisse populaire » que « l’impérialisme existait déjà avant la phase contemporaine du capitalisme, et même avant le capitalisme – Voir note 3 ».
Les partisans d’une telle conception de l’impérialisme ignorent donc l’impérialisme russe précapitaliste, que Lénine qualifiait de « militaro-féodal » et qui, au fil du temps, s’est, selon ses propres paroles, enchevêtré avec « l’impérialisme capitaliste moderne », ainsi que l’impérialisme russe non capitaliste, stalinien et poststalinien, que Jean van Heijenoort, avait qualifié en 1946 de bureaucratique, et qu’il vaudrait peut-être mieux appeler militaro-bureaucratique.
Alors, selon cette notion (prétendument « léniniste »), chaque puissance impérialiste se forme séparément sur sa propre base de développement capitaliste, puis, un jour, ces puissances s’affrontent, déclenchant une lutte pour le nouveau partage du monde. En d’autres termes, elles existent avant cette lutte, indépendamment d’elle, et celle-ci se déclenche seulement dans un deuxième temps. C’est évidemment faux. La lutte pour un nouveau partage du monde – nouveau, parce qu’avant l’apparition de l’impérialisme spécifiquement capitaliste, comme l’explique Lénine : « Le monde se trouve déjà entièrement partagé, si bien qu’à l’avenir il pourra uniquement être question de nouveaux partages, c’est-à-dire du passage d’un “possesseur” à un autre, et non de la “prise de possession” de territoires sans maître – Voir note 4 » – et l’existence des puissances impérialistes sont une seule et même chose. Toute grande (et même moyenne) puissance qui participe à la lutte pour un nouveau partage impérialiste du monde est donc une puissance impérialiste (ou au moins sous-impérialiste), quel que soit son niveau de développement capitaliste, ou même précapitaliste, semi-capitaliste ou (prétendument) post-capitaliste (précédant en réalité la restauration du capitalisme là où il a été renversé) mais appuyée sur des modes d’exploitation de la force de travail.
En d’autres termes, la lutte pour un nouveau partage du monde entre les puissances impérialistes a le primat sur ces puissances : c’est elle qui les constitue. Comme on le voit, il s’agit d’une thèse analogue à celle de Louis Althusser, qui pose que c’est la lutte des classes qui constitue les classes sociales, la division de la société en classes opposées ; que ce qui fait les classes (dont les classes antagonistes), c’est la lutte des classes, et qu’il faut donc mettre la lutte des classes au premier rang, reconnaissant son primat sur les classes. Althusser a aussi très judicieusement reconnu (déjà en 1976, dans Les vaches noires – Voir note 5, mais en l’écrivant encore pour le tiroir) qu’en 1945, le « partage de l’Allemagne était aussi un partage du monde ». Cependant, il n’en a pas tiré la conclusion encore trop consternante pour lui, comme pour l’écrasante majorité des marxistes, que, en participant à ce partage et en soumettant sa zone d’occupation militaire à un gigantesque pillage industriel, l’Union soviétique devenait l’une des grandes puissances impérialistes de l’après-guerre. En fait, elle l’est devenue avant cela, en 1939, en participant au partage de la Pologne et des États baltes avec l’Allemagne – en initiant de cette façon une guerre mondiale pour un nouveau partage du monde.
Le recul de l’impérialisme russe sur toute la ligne s’est produit avec l’effondrement de l’Union soviétique, ainsi que la séparation et l’indépendance de l’Ukraine et de treize autres républiques non russes. Mais, après avoir gagné les guerres en Tchétchénie et avec la Géorgie, il a repris des forces, cette fois-ci en tant qu’impérialisme militaro-oligarchique. Sous les présidences ukrainiennes de Koutchma (1994-2005) et de Ianoukovytch (2010-2014), il était encore possible de compter au Kremlin sur la reconquête de l’Ukraine autrement que par une nouvelle opération militaire – pourtant, entre l’une et l’autre des guerres précédemment mentionnées s’étaient déjà interposées la « révolution orange » et la présidence de Iouchtchenko (2005-2010), mettant sérieusement à mal la réalité de tels calculs.
La révolution du Maïdan a radicalement changé la donne. On considère généralement, que c’est l’écrivain, poète et critique littéraire ukrainien, Mykola Khvylovy, militant bolchevique – en fait, communiste indépendantiste –, qui a lancé le mot d’ordre : « Aussi loin que possible de Moscou ! Nous voulons l’Europe ! » Il est devenu célèbre grâce à ce mot d’ordre et est entré dans l’histoire comme son auteur, bien qu’en réalité il ne l’ait pas lancé – Voir note 6. Début 2014, on avait l’irrésistible impression que Khvylovy prenait sa revanche d’outre-tombe – que c’était le mot d’ordre légendaire qu’on lui avait attribué qui grondait sur le Maïdan et faisait trembler Moscou. L’Ukraine affirmait alors l’indépendance nationale qu’elle avait déjà acquise – les participants à la révolution marquaient cette fois-ci leur volonté d’en assurer l’irréversibilité. D’où l’invasion russe, alors encore limitée et camouflée, d’où la saisie de la Crimée et du Donbass, mais en même temps, déjà, la première phase de la reconquête.
Ce livre est consacré à l’impérialisme russe et à l’Ukraine. Il examine en profondeur les deux épisodes clés de la révolution ukrainienne de 1917 et des années suivantes, qui se sont soldés par la chute du pouvoir bolchevique en Ukraine, ainsi que la révolution de la dignité et la contre-révolution oligarchique dans le Donbass en 2014. Plusieurs travaux qui y figurent ont été rédigés en 2014-2015 et en 2022-2023, publiés premièrement en Pologne et traduits dans plusieurs langues – français, anglais, espagnol, portugais, italien, ukrainien, russe, grec, macédonien. Les deux chapitres sur les bolcheviques et la révolution ukrainienne en 1917 et 1919 sont publiés pour la première fois. Pour l’édition française, j’ai corrigé, développé ou complété certains passages. J’ai également écrit, spécialement pour cette édition, un chapitre concernant la position de Lénine sur la question nationale dans la Russie tsariste et soviétique. Il rompt radicalement avec les convictions communes des marxistes sur cette question.
À la fin de ce volume, j’ai reproduit un article que j’avais rédigé en août 2022, à la demande de Pablo Stefanoni, éditeur de la revue argentine Nueva Sociedad. Il m’avait demandé de l’écrire, ayant été témoin de mes échanges enflammés, en castillan, sur la guerre en Ukraine avec plusieurs militants latino-américains et ibériques de gauche. Dans ces polémiques, j’ai parfois fait référence à certaines de mes expériences personnelles, tant en Pologne qu’en Amérique latine et en Europe occidentale, liées au problème de l’impérialisme russe. Stefanoni m’a suggéré d’en faire part aux lecteurs de la revue. Stefan Zgliczyński, mon ami et éditeur polonais, a insisté pour que je l’ajoute comme postface à ce livre.
Je remercie Stefan pour sa proposition de publier en Pologne ces travaux sous forme de livre. Il m’a convaincu et a veillé avec diligence à sa réalisation. Je tiens également à remercier mes amis philosophes Katarzyna Bielińska et Michał Siermiński pour leurs contributions à la rédaction de cet ouvrage et pour l’intérêt très vif qu’ils ont manifesté à sa préparation. Les différents sujets abordés ici ont été débattus avec ces trois amis pendant des années. Il leur doit beaucoup plus qu’ils ne le pensent eux-mêmes, parce que ce sont eux qui m’ont conforté dans ma conviction, qu’aujourd’hui, l’histoire, marxiste comme toute autre, de la révolution d’Octobre, comme également celle du parti et du pouvoir bolcheviques doit être réécrite à fond et audacieusement.
Trente ans après l’énorme « révolution », dite parfois « archivistique », qui a consisté dans l’ouverture très large en Ukraine, et plus limitée, mais historique elle aussi, en Russie, des archives de l’époque soviétique, nous devons admettre que l’histoire s’avère assez différente de celle que nous avions imaginée pendant soixante-dix ans. Au cours de mes longues années de recherche sur les mouvements révolutionnaires dans différents pays et à différentes époques, j’ai constaté, que, contre toute apparence, l’admission de désagréables surprises cognitives qui subvertissent les savoirs communs des partisans de ces mouvements, sert bien leur cause.
Jan Malewski, un ami de longue date, toujours prêt à se porter volontaire pour traduire mes écrits en français, l’a fait également cette fois-ci en compagnie d’un autre ami, aussi ancien que lui, Stefan Bekier. Enfin, mon ami suisse Jean Batou, a soigneusement édité l’ensemble du livre. Je leur suis très reconnaissant pour leur engagement.
Zbigniew Marcin Kowalewski
Notes
1. Kowalewski, Z. M., « L’Ukraine : réveil d’un peuple, reprise d’une mémoire », Hérodote, n° 54-55, 1989, p. 100-138.
2. Kowalewski, Z. M., « Польське питання у післявоєнній стратегії Української Повстанської Армії » [La question polonaise dans la stratégie d’après-guerre de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne], Україна : Наука і культура[Ukraine : Science et culture], vol. 26-27, 1993, p. 200-232 et Україна : культурна спадщина, національна свідомість, державність [Ukraine : patrimoine culturel, conscience nationale, souveraineté], vol. 10, 2003, p. 287-333.
3. Lénine, V. I., « Империализм как высшая стадия капитализма (Популярный очерк) » [L’impérialisme, stade suprême du capitalisme], dans Полное собрание сочинений [Œuvres complètes], vol. 27, Moscou, Politizdat, 1967-1975, p. 379 (Lénine, V. I., L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Pantin, Les Bons caractères, 2024).
4. Ibid., p. 374. Voir Eckstein, A. M., « Is There a “Hobson-Lenin Thesis” on Late Nineteenth-Century Colonial Expansion ? », The Economic History Review, vol. 44, n°2, 1991, p.297-318.
5. Althusser, L., Les vaches noires. Interview imaginaire (le malaise du 12e congrès), Paris, PUF, 2016, p.375.
6. La question du mot d’ordre susmentionné et plus généralement la « question de Khvylovy » sont examinées, parmi d’autres, par A. Nowacki, « Myśli pod prąd », Twórczość Mykoły Chwylowego w kontekście ukraińskiej dyskusji literackiej lat 1925-1928 [« Pensées à contre-courant », Œuvre de Mykola Khvylovy dans le contexte de la discussion littéraire ukrainienne de 1925-1928], Lublin, Katolicki Uniwersytet Lubelski, 2013 et Krupa P., « Na Zachód » i « z dala od Moskwy » ? Publicystyka Mykoły Chwylowego lat 1925-1926. Historia – idee – konteksty[« Vers l’Ouest » et « loin de Moscou » ? Écrits de Mykola Khvylovy des années 1925-1926. Histoire – idées – contextes], Cracovie, Universitas, 2018.
Cette introduction a aussi été publiée sur les sites suivants : Entre les lignes entre les mots et Europe Solidaire Sans Frontières
Publié le 17.09.2025 à 11:49
Soutien à l’Ukraine Résistante – Parution du bulletin numéro 42 daté du 12 septembre 2025
Le numéro 42 daté du 12 septembre 2025 du bulletin Soutien à l’Ukraine Résistante, réalisé par les Brigades Éditoriales de Solidarité, comporte 158 pages d’infos et de réflexions sur la situation en Ukraine qui seront bien utiles à celles et ceux qui combattent l’alliance Trump-Poutine, les campistes tonitruants ou honteux et autres pacifistes hémiplégiques dans la lutte contre la désinformation sur la réalité de la résistance du peuple ukrainien face à l’agression impérialiste de Poutine.
Nous invitons nos amis, lectrices et lecteurs à faire circuler le plus largement possible cette publication qui remplit une incontournable mission d’information et de soutien à la lutte du peuple ukrainien contre l’agression de Poutine.
Au sommaire de ce numéro 42
Soutien-UA-resistante-num-42_sommaireTéléchargerPublié le 16.09.2025 à 13:36
Londres – Mobilisation massive de l’extrême droite : sonnez l’alarme ! Par Dan Katz.
Les syndicats et les sections du Parti travailliste doivent faire descendre leurs membres dans la rue sous leurs propres bannières.
Alors que je traversais la gare de Waterloo, sur la rive sud de Londres, en milieu de matinée du samedi 13 septembre, un groupe de femmes dansaient et chantaient « Keir Starmer est un branleur » et se filmaient en riant aux éclats. Des centaines de personnes descendaient des trains, vêtues de t-shirts patriotiques, brandissant des drapeaux de l’Union Jack et des canettes de bière. Au rond-point de Waterloo, plusieurs milliers de personnes s’étaient déjà rassemblées.
La police a estimé à 110.000 le nombre total de manifestants participant à la marche « Unite the Kingdom », présentée comme une manifestation pour la liberté d’expression, qui a convergé vers Parliament Square. C’était énorme d’une façon certaine. Et parmi eux figuraient de nombreux ouvriers qui savent se battre physiquement.
Mais comme la marche était si importante, de nombreux participants étaient des femmes, certaines avaient amené leurs enfants.
La droite antimusulmane et anti-immigrés était d’humeur festive ; elle se sentait en position de force. Et elle a raison. Le mouvement d’extrême droite mené par l’escroc et voyou Tommy Robinson se développe, accompagnant l’ascension du Parti Reform UK de Nigel Farage. À midi, 300 000 personnes regardaient en direct la manifestation sur le compte X de Robinson.
La droite a bénéficié de la deuxième victoire de Trump aux États-Unis et des conséquences politiques du krach de 2008 et du Brexit au Royaume-Uni. Un autre élément est la politique et la grossièreté du gouvernement travailliste, qui a répercuté les coupes budgétaires sur la classe ouvrière, n’a résolu aucun des problèmes sociaux auxquels sont confrontés les travailleurs et les plus démunis, et a rejoint le discours anti-immigrés de l’extrême droite.
Keir Starmer a passé l’après-midi à regarder un match de football au stade d’Arsenal, l’air satisfait et complaisant. Les militants et les syndicats affiliés [au Labour Party ] doivent forcer ce gouvernement à agir en faveur des travailleurs, et non des riches, et à mettre fin aux attaques contre les droits des travailleurs réfugiés et migrants.
Elon Musk s’est exprimé lors du rassemblement raciste par liaison vidéo. Il a appelé à la « dissolution du Parlement » et à un changement de gouvernement au Royaume-Uni. Il a ajouté : « Que vous choisissiez la violence ou non, la violence vous attaquera. Soit vous ripostez, soit vous mourez. »
En comparaison, la contre-manifestation de « Stand Up To Racism » (SUTR) du SWP a rassemblé bien moins de 10 000 personnes. La campagne SUTR est financée par les syndicats, et ces derniers ont parrainé la contre-manifestation, mais n’ont pas accompagné leurs membres. Ils laissent la « lutte contre le fascisme » au SWP, ce qui devient une grave et dangereuse erreur.
La politique du SWP-SUTR est fade, empreinte du plus petit dénominateur commun, d’un antiracisme sans méchanceté, et ne répond à aucune des préoccupations ressenties par tous les travailleurs du Royaume-Uni. À l’inverse, Workers’ Liberty prône la mobilisation de la classe ouvrière, l’unité des travailleurs noirs et blancs et des politiques socialistes pour vaincre les racistes.
Le SWP avait également failli à son devoir d’encadrer la marche antiraciste, et s’était montré d’une stupidité et d’une indifférence spectaculaires envers la sécurité des manifestants. Alors que la manifestation de SUTR approchait de Trafalgar Square depuis le Strand, des centaines de manifestants d’extrême droite, dont beaucoup étaient ivres et certains sous l’emprise de la cocaïne, se tenaient sur le trottoir d’en face et nous insultaient.
Une manifestation bien organisée aurait vu son service d’ordre se placer entre l’extrême droite et le gros du cortège et organiser l’autodéfense. Un petit nombre de policiers a tenté de séparer les manifestants adverses avant que le reste du cortège de SUTR ne soit encerclé par la police pour sa propre protection.
Dans les ruelles et les rues adjacentes menant de la Tamise à Whitehall, des militants d’extrême droite ont affronté la police, tirant des fusées éclairantes et lançant des bouteilles. Franchement, sans la présence de la police, les antiracistes auraient été mis en déroute dans le sang. On peut s’attendre à une recrudescence des attaques racistes et des attaques contre les manifestations de gauche.
Nous – la gauche, le mouvement ouvrier et les communautés minoritaires – devons être prêts à nous défendre.
Les syndicats doivent notamment assumer la responsabilité de mener campagne et de lutter contre le nouveau mouvement raciste d’extrême droite. SUTR est clairement dépassé par les événements, incapable de mobiliser les membres des syndicats et du Parti travailliste.
Les syndicats doivent tenir compte de la menace de l’extrême droite. Si un gouvernement Reform UK ou Reform UK – Tory succède à celui de Starmer, ce sera un désastre pour le mouvement ouvrier. Agissons dès maintenant au sein de nos syndicats et du Parti travailliste pour forcer un changement de cap.
Luttons pour des politiques socialistes et une mobilisation ouvrière contre la menace d’extrême droite !
Dan Katz, le 13/09/2025
Source : https://workersliberty.org/story/2025-09-13/massive-far-right-mobilisation-sound-alarm
Pour combattre l’extrême droite, un modèle de motion pour votre section syndicale
Publié le 16.09.2025 à 01:05
Une seconde attaque létale des USA contre un supposé « narco-bateau » dans les Caraïbes vient d’avoir lieu. La première avait eu lieu, il y a dix jours, contre un petit bateau de pêche vénézuélien accusé de « narcotrafic » par les services US, entraînant la mort, ou plutôt l’exécution sommaire, de onze personnes.
Cette fois avec trois personnes à bord – exécutées sommairement, là où les USA ont toujours disposé des moyens d’arrêter « proprement » de tels bateaux suspects dans les eaux internationales ou à leurs frontières -, Trump a haussé d’un cran la confrontation avec le régime de Maduro.
Pour remettre en perspective les motifs de cette tension croissante, nous proposons à nos lecteurs un compte rendu par l’un de nos contributeurs de l’atelier consacré à la situation au Venezuela lors de l’Université d’été des mouvements sociaux et des solidarités (Bordeaux) en août dernier. On peut aussi consulter le verbatim exhaustif de l’atelier ici (cliquer).
CR-atelier-solidarite-Venezuela-CSPV-UEMSS-08-2025Télécharger
Publié le 15.09.2025 à 21:56
On nous communique :
C’est une grève puissante, une grève politique, qui s’annonce ce jeudi.
Oui, une grève politique, pour la démocratie dans ce pays.
Les organisations syndicales ont déposé une demande de parcours de manif à Paris, de Bastille à Concorde. Une grande manif, donc, permettant à de larges masses de se déployer.
La préfecture, c’est-à-dire Retailleau (« Il y a deux France, la France du courage et la France du sabotage »), veut imposer un sempiternel République-Nation, c’est-à-dire bloquer et nasser sur une surface étroite la foule qui va venir, ou, mieux, tenter de la dissuader de venir.
Ce sont ces méthodes qui sèment l’insécurité. Elles sont inadmissibles.
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Débat public avec Aplutsoc sur la situation française
Ce jeudi 18, nous le savons : grèves et manifestations seront PUISSANTES parce qu’elles seront POLITIQUES : ASSEZ des gouvernements du mépris et de la casse sociale, ASSEZ d’un régime antidémocratique, ASSEZ du capitalisme qui détruit le monde vivable !
L’unité monte en France vers l’affrontement social, et l’unité du Nouveau Front Populaire doit être imposée pour un gouvernement démocratique, une assemblée constituante, un régime démocratique !
Pendant ce temps, la guerre rode en Europe et ailleurs. Un gouvernement démocratique qui représente la majorité et fait face aux urgences sociales et écologiques, ferait également face à la question de la défense contre Trump et Poutine, non par le nucléaire et la loi de programmation militaire de Macron/Lecornu mais par une aide décisive à l’Ukraine et en brisant le blocus de Gaza !
- Rendez-vous Dimanche 21 septembre 2025 à 14H
- Au Maltais rouge – 40 rue de Malte, Paris 11° (Métro République ou Oberkampf) et possibilité par visio
Nota : si vous voulez assister à cette réunion en Zoom, prière de nous contacter sur notre boite mail : aplutsoc [@] netc.eu
Notre flyer en PDF
Flyer-APLUTSOC-21-sept-2025TéléchargerPublié le 14.09.2025 à 18:15
Présentation
Nous publions au titre de la discussion cette contribution de Jacques Chastaing
Texte
La France n’a pas été paralysée ce 10 septembre mais il y a eu bien plus que cela. Il s’est passé quelque chose de marquant dans l’histoire des luttes sociales en France, probablement un tournant, dont on ne mesure peut-être pas immédiatement la portée mais qui aura certainement un impact considérable pour l’avenir.
Le 10, sans bloquer totalement le pays, l’a toutefois bloqué suffisamment pour que ce soit d’abord une réussite indéniable avec de 250 à 500 000 participants, suivant les comptages, des blocages dans toutes les villes et plus de 1 000 grèves, plus important donc par cette conjonction de deux mouvements qu’au premier jour des Gilets Jaunes. Mais ce qu’il y a de plus important ne réside pas dans ces chiffres qui font qu’il y a eu des manifestations, des grèves et des actions de blocage partout dans toutes les villes, mais dans le fait que ces chiffres sont le résultat d’une mobilisation par en bas, hors des sentiers institutionnels habituels.
Ainsi, des fractions avancées importantes des classes populaires se sont organisées pour leur émancipation sur les réseaux sociaux puis dans des assemblées générales sans attendre que l’initiative vienne des professionnels du mouvement social. Jusque-là, les classes d’en bas étaient condamnées à attendre que tout vienne d’en haut, c’est-à-dire jamais, puisque que rien ne peut venir d’une intersyndicale dirigée par la CFDT, alors que cette dernière invitait Bayrou à sa réunion de la rentrée 2025 et qu’elle s’oppose depuis longtemps à tout mouvement social un tant soit peu important.

Cette irruption des classes d’en bas, se dirigeant elles-mêmes, montant sur la scène politique est un évènement historique ; en tous cas, on n’en a pas connu de tel depuis 1968.
Il y a bien sûr déjà eu des tentatives de soulever la chape de plomb que fait peser sur les révoltes des pauvres le système politique dit représentatif, depuis ses élections commandées par l’argent en passant pars ses directions de partis, de syndicats, jusqu’à sa police et ses médias. Parmi ces tentatives de débordement récentes, on peut citer depuis 2008 dans différents domaines, le NPA, le LKP, Nuit Debout, le Front Social, Colère, les Gilets Jaunes…mais aucune de ces tentatives n’a réussi avec un tel succès aussi bien pratique que dans l’autodétermination de masse, à associer tout à la fois des objectifs sociaux et politiques, des militants syndicalistes, politiques et hors organisations, des femmes et des hommes, des jeunes et des vieux. Pourtant jamais non plus, un tel mouvement annoncé longtemps à l’avance, n’a eu autant de bâtons dans les roues avec d’abord la tentative de Bayrou de ramener le mouvement vers les jeux institutionnels, puis celle de l’intersyndicale lui opposant la date concurrente du 18 septembre, et puis bien sûr, les attaques de médias et de politiciens, qui dénonçaient tout à la fois ce mouvement comme d’extrême-droite puis d’extrême-gauche et annonçaient tous ensemble un flop inévitable sans oublier les menaces de violence policière débridée de Retailleau.
Rien n’y a fait. L’effet de la rupture de ce mouvement avec les formes anciennes de lutte a été fulgurant : en quelques semaines de préparation et une journée de lutte, des centaines de milliers de personnes se sont formées à agir autrement par elles-mêmes.
Le résultat a été que le mouvement a évité le piège Bayrou et l’a fait tomber sans dévier d’un pouce en ajoutant au contraire la chute de Macron à ses objectifs. La terreur promise par Retailleau ne l’a pas effrayé. Il n’a pas été freiné d’un poil par la date de l’intersyndicale. Au contraire, l’esprit du mouvement du 10 a entraîné la base syndicale à pousser deux directions nationales de syndicats à suivre et puis tous les partis de gauche. Et comme contrairement aux journées traditionnelles syndicales sans suite, personne ne veut s’arrêter au 10, en se mobilisant encore samedi 13 et à partir de là tous les jours jusqu’au 18, même moins nombreux, le mouvement a multiplié et renforcé sa structuration autonome, ses AG, envisageant même de les coordonner nationalement autour du 21 septembre. C’est grâce à cet esprit, grâce à sa continuation de la lutte après le 10 et continuant à peser sur la situation et sur le mouvement ouvrier organisé que le mouvement du 10 vient d’obtenir en plus de la chute de Bayrou, un recul de Lecornu qui vient d’annuler la suppression des deux jours de congés fériés. Mais cela n’arrêtera pas le mouvement. Au contraire, ça l’encouragera à continuer pour obtenir de vrais reculs et qu’ils dégagent tous.
De plus, cette dynamique de mobilisation est en passe de faire que la date du 18 ne sera pas la prise en main du mouvement par l’intersyndicale comme elle le voudrait et donc l’arrêt du mouvement, mais sera au contraire la mainmise du 10 sur le 18, c’est-à-dire un point possible d’élargissement vers quelque chose d’encore plus grand. L’esprit du 10, c’est-à-dire l’abandon des journées saute mouton et la fin de la rupture entre le mouvement syndical et citoyen, la fin de la division entre le social et le politique, les revendications, le mouvement de rue et la chute de Macron, pourrait bien entraîner les participants du 18 au-delà de ce que veut l’intersyndicale.
Déjà les directions syndicales avaient tenté de bloquer la montée du mouvement étudiant par la journée d’action du 13 mai 1968. C’est l’énorme succès de cette journée qui avait entraîné dans les jours qui ont suivi la multiplication des grèves. Passerons-nous du blocage total à la grève générale après le 18 ? Alors poussons par les AG locales et d’usines à une continuation de la grève le 19 et une manifestation nationale à Paris le 20, ou encore une multiplication d’initiatives la semaine suivante autour d’une coordination si elle se crée le 21. De toute façon, le 18 sera vécu par beaucoup comme un pas conscient vers la construction de la grève générale, car c’est ça l’esprit du 10 qui va peser sur le 18. Cet esprit dès le départ dans le mouvement du 10, c’est l’incarnation vivante des leçons tirées du mouvement des Gilets Jaunes et des retraites, partagées aussi bien par le mouvement citoyen que par la base syndicale et cela parce qu’il est associé à la conscience générale de la situation, de la nécessité de faire face à la contre-révolution réactionnaire sociale et démocratique que les riches mènent partout depuis des années, autrement que par des solutions politiques institutionnelles et les sempiternelles journées d’action syndicales, sans plan et sans lendemain.

Le mouvement du 10 septembre, c’est une rupture, c’est la volonté affichée par des masses de gens d’une autre orientation, d’une autre politique ouvrière. C’est un pas important dans la lutte de classe. C’est la classe des prolétaires qui prend peu à peu confiance en elle-même, la classe ouvrière au sens large, qui de classe opprimée et exploitée apprend à se passer de représentants institutionnels et se constitue en classe pour elle-même, en classe politique indépendante, le pire cauchemar des possédants, car ce faisant, elle monte sur la scène politique pas seulement pour stopper le plan Bayrou mais pour changer le monde.
Jacques Chastaing, 14 septembre 2025.
Source : Page Facebook de Jacques Chastaing.