Maître de conférences en sciences de l'information, Olivier Ertzscheid suit les évolutions du web en temps réel.
Affordance.info
Publié le 12.12.2025 à 17:13
Regarde les universités crever. Regarde bien.
Publié le 09.12.2025 à 17:57
83% des femmes victimes de viol sont des sales connes (selon Brigitte Macron).
Publié le 19.11.2025 à 19:07
La ma’yonnaise est dans la sauce.
Publié le 15.11.2025 à 15:01
Internet en décomposition : comment l’IA achève le rêve du web libre.
Publié le 10.11.2025 à 16:30
Publié le 09.11.2025 à 20:24
Publié le 12.12.2025 à 17:13
Regarde les universités crever. Regarde bien.
[je préfère vous prévenir, va y avoir des gros mots #VousÊtesPrévenus]
Pourquoi à votre avis personne ne parle de la liquidation de l’université publique ?
Pourquoi à chaque fois qu’une sale conne comme Christelle Morançais raconte des tombereaux de merde sur la supposée « détestation » que les universités et universitaires auraient des patrons et de l’entreprise (« En France, une certaine doxa de gauche, dominante dans la presse et à l’Université, adore détester les patrons et les entreprises« ), pourquoi notre seule réponse c’est de l’inviter à venir voir sur place et à se sentir obligé de faire des déclarations d’amour aux patrons et aux entreprises ?
Pourquoi à chaque fois qu’une sale conne comme Laurence Garnier nous chie littéralement sur la gueule en racontant absolument n’importe quoi (« Entre le faible taux de réussite des étudiants, le gouffre financier que représentent les établissements et l’égarement idéologique de certains départements de recherche, la situation de l’université française est dramatique« ) pourquoi cela fait les gros titres des journaux (de droite) et la vérité, juste la vérité, jamais ?
Pourquoi semblons-nous si collectivement et singulièrement incapables, à chaque fois que nos fossoyeurs et fossoyeuses hurlent « oui mais c’est un coût énorme » (bah oui), de répondre autre chose que « oui mais c’est un investissement essentiel » (bah oui) ? Pourquoi ? Les universités sont plein de trucs mais bordel de merde de sa mère en tongs elles sont avant tout et par-dessus tout des lieux, des espaces de formation, de culture, de recherche indépendante, et donc d’émancipation. Et pour le reste, bouffez vos coûts et fumez vos investissements. La seule question qui tienne la route est la suivante : une société peut-elle se passer de tels lieux ? À chaque fois qu’on a répondu « oui » ou « chiche ! » ça s’est mal, très très très mal terminé.
En ce moment et dans l’attente du vote du budget de feu la start-up nation, toutes les universités sont de leur côté en train de présenter et de voter leurs budgets. Et cette année comme les précédentes mais cette année tout particulièrement, ça sent le sapin, et pas celui qu’on enguirlande et qu’on éclaire pour Noël. Alors nous sommes un certain nombre à alerter et à gueuler, depuis des années. Depuis de longues années. Des collectifs (comme Rogue ESR) font également le taff. Les syndicats de leur côté font ce qu’ils peuvent mais vu le nombre de syndiqués dans l’ESR bon bah voilà quoi.
« Cri d’alarme », « malades », situation « d’urgence absolue », phase « critique ».
Les universités sont traitées avec le champ lexical d’un patient en fin de vie et même une demi-molle de Patrick Sébastien suscite davantage de débat public et parlementaire.
Source : France Info.
Source : TF1.
Source : Le Parisien.
Source : Le Monde.
On gueule, on analyse, on explique. L’année dernière à la même époque déjà je vous expliquais (avec d’autres) pourquoi nos universités étaient en grand danger. Et le scénario que j’y décrivais et que tout le monde connaît, se met inexorablement en place. En Mars 2025 et à l’occasion de la journée Stand Up For Science je rappelais (avec d’autres) que « plus de 60 universités sur les 74 que compte l’hexagone sont en situation de faillite ou de quasi-faillite (elles étaient 15 en 2022, 30 en 2023, et donc 60 en 2024 à voter un budget initial en déficit). »
Cette année il est probable que plus aucune université française ne soit en situation de voter autre chose qu’un budget initial en déficit. Je vais le répéter et le réécrire. Cette année il est probable que plus aucune université française ne soit en situation de voter autre chose qu’un budget initial en déficit. Et en déficit massif. Alors que voulez-vous que je vous dise et raconte encore ? Rendez-vous l’année prochaine sur un paysage universitaire devenu pour l’essentiel un grand cimetière ?
S’il demeure assez improbable d’envisager la fermeture totale d’universités, il est désormais absolument certain que tout un tas de formations dans tout un tas de départements universitaires seront fermées (notamment en sciences humaines et sociales). Il est désormais tout aussi certain que d’ici un an ou deux nombre de sites et campus dits « délocalisés » vont être éparpillés façon puzzle. Et il est enfin absolument certain que le tabou des frais d’inscription va sauter (il a déjà sauté dans beaucoup d’universités pour les étudiants étrangers notamment extra-communautaires). C’est une véritable boucherie. Une boucherie à bas bruit mais une boucherie quand même. Qui masque en plus de tout cela d’immenses situations de souffrance au travail (car les personnels s’y épuisent et font tout ce qu’il est possible de faire au-delà du raisonnable). Ajoutez-y l’autre grand sujet de la situations d’extrême précarité de nombre de nos étudiantes et étudiants qui est traitée avec le même soin que la grande cause nationale des violences faites aux femmes. On attend d’ailleurs avec impatience la prochaine prise de parole de Brigitte Macron nous expliquant que ces petits cons d’étudiants et ces petites connes d’étudiantes n’ont qu’à se prendre un peu en main et arrêter de chouiner.
Et si tout cela ne vous donne pas envie de tout foutre en l’air, alors allez vous-même bien vous faire cuire le cul.
Mais entendez-bien ceci. Si vous acceptez (et si nous l’acceptons aussi), que demain vous deviez payer des frais d’inscriptions pour vos gosses qui soient autres que ceux actuels (moins de 200 euros par an en cycle licence), alors après demain vous serez aussi contraints d’accepter de payer plusieurs centaines d’euros pour leur prise en charge médicale. L’université n’est pas un hors-lieu, un hors-sol, une antichambre : elle est simplement une préfiguration. La préfiguration depuis maintenant plus de quinze ans d’un projet de mise à sac programmée, méthodique, chirurgicale, appliquée, la mise à sac d’un projet de société s’articulant autour du libre accès aux savoirs, aux connaissances et à la formation pour toutes et tous.
Tout ou presque y a été mis en charpie et en concurrence. Concurrence entre chercheurs, entre laboratoires, course à la publication, course aux financements (sur projets), multiplication des agences de certification de mon cul et autres hauts conseils à l’évaluation de ce qui en sort. Et tout à été fait en parallèle pour totalement libérer la seule vraie concurrence libre et non-faussée qui vaille pour les gouvernement qui se sont succédés : celle qui permet à n’importe quelle structure privée de délivrer un pseudo-équivalent au diplôme de n’importe quelle université publique en s’exonérant de toutes les responsabilités afférentes et tout en affichant des coûts d’inscription oscillant entre l’extorsion de fonds et l’escroquerie en bande organisée.
Sous couvert d’une loi et d’une stratégie dite « d’autonomie » conçue dès le départ pour avoir statistiquement autant de chance de donner des résultats satisfaisants que la pratique de l’auto-fellation, l’état s’est désengagé de presque tout, laissant aux universités la totalité des charges et leur en ajoutant chaque année de nouvelles (hier c’était le « GVT » et l’immobilier, aujourd’hui c’est la prise en charge de la mutuelle), tout en leur demandant de faire toujours mieux, de déposer toujours davantage de projets, et de faire tout cela (sinon c’est pas drôle) « à moyens constants » et surtout surtout d’être bien concurrentielles et en adéquation avec le marché de l’emploi et avec les idées du Medef et avec l’agenda politique de ma tata Jaquie et en silence siouplé.
Et je préfère vous prévenir tout de suite, ça ne sert absolument à rien d’accepter cela tout en continuant de se pignoler sur notre exception culturelle universitaire au regard de ce qui se passe aux USA et ailleurs, parce qu’à la fin de la pignolade qui sera brève, non seulement on ne pourra plus rien pour aider ou accueillir les collègues de ces pays où toutes les nécropolitiques sont déjà actives, mais surtout nous serons dans à peu près exactement le même état qu’eux, et bien plus vite qu’on ne le croit.
La totalité de la classe politique, à part quelques frémissements du côté très (très) à gauche, a totalement laissé tombé le sujet. Ils ont même arrêté de faire semblant de s’y intéresser. L’essentiel de la gauche semble au mieux s’en agacer légèrement et le plus souvent s’en foutre totalement. Sur la base de ce silence poli ou de ces agacements feutrés, il n’est pas très compliqué pour le centre, la droite et l’extrême-droite de bien se faire entendre en articulant avec leur bouche toutes les débilités et contre-vérités habituelles qui ne devraient avoir vocation qu’à sortir de leurs culs.
Faut dire que de notre côté et du côté des présidences universitaires qui se réveillent aujourd’hui avec les doigts qui puent, elles ont été promptes à oublier toutes les alertes envoyées concernant leur capacité à s’endormir avec le cul gui gratte. Elles ont fait à peu près tout ce qu’il ne fallait pas faire : créer d’immenses bateaux ivres en fusionnant différents et (déjà trop) grands établissements, tenter des PPPP (Putains de Partenariats Publics Privés) qui les ont éloigné d’un socle de valeurs hors lesquelles il est de plus en plus compliqué de s’affirmer comme garant d’une forme aboutie de service public, accepter docilement des réformes (notamment au niveau du cycle licence, notamment au niveau de la formation des professeurs) dont chacun voyait bien qu’elles ne poursuivaient que l’objectif de faire du chaos le mode de management le plus abouti possible. Elles ont été (les présidences d’université) si souvent à genoux quand si souvent nous les attendions debout devant l’ensemble des violences politiques et insitutionnelles qui leur étaient faites, que leurs bourreaux eux-mêmes se sont sentis autorisés à leur administrer double dose de pénitence. Elles ont cru et adhéré au mirage libéral, elles ont alimenté et construit le naufrage managérial, elles paient aujourd’hui la note et autant vous dire que du côté du ministère ils regardent ça et s’en délectent : c’est festival.
Et puis surtout, comme je l’écrivais plus haut, les universités ont été tellement abandonnées du discours, du soutien et du paysage public. Chaque parent est prêt à se mobiliser contre la fermeture d’une classe dans l’école de son enfant, chaque parent a déjà manifesté contre les classes surchargées. Mais quel parent est aujourd’hui prêt à se mobiliser contre la violence faite aux universités et aux étudiant.e.s qui les peuplent et qui sont aussi ses enfants ? Vous me direz que les universités accueillent des jeunes majeurs et que c’est à elles et eux de se mobiliser. Ils et elles l’ont fait. Mais là encore, ils et elles ont tellement pris de coups de taser et de lacrymos, ils et elles ont été tellement isolés quand ils et elles se sont mobilisés, et surtout ils et elles sont dans des situations de précarité et de fragilité (mentale, alimentaire, sociale) telles que malgré les grands discours, plus aucun universitaire sérieux ne peut s’étonner de la radicalité de certains et de la résignation de tous les autres. Car le projet libéral de mise à sac de l’université publique s’accompagne du même projet d’effondrement de toutes les aides et politiques publiques et sociales d’aide à la jeunesse. Sinon comment expliquer que chaque campus se soit aujourd’hui transformé en succursale des restos du coeur ? Sinon comment expliquer qu’il faille plus de 6 mois pour obtenir un rendez-vous psy quelque soit le niveau d’alerte et d’urgence ?
Rien. Rien de décent en démocratie dans la 6ème puissance économique mondiale ne peut justifier tout cela. Absolument rien. Sinon le projet d’une longue liste de sales cons et de sales connes de construire les conditions de cet inexorable effondrement.
[Mise à jour du soir] Et les prochaines « assises » promises en urgence par le dernier ministre en date (Philippe Baptise) n’y changeront rien. Ministre qui, rappelons-le, il y a quelques semaines encore se signalait par son extraordinaire acuité d’analyse indiquant notamment à propos de la situation financière des universités que bon ben « c’est pas Zola non plus » (sic). Et qui donc deux semaines plus tard, hashtag cohérence, décide de faire des grandes assises de la crise du financement des universités.
C’est marrant (non) parce que Zola, il écrivait déjà en 1867, dans Thérèse Raquin, le bilan du second quinquennat d’Emmanuel Macron : « Lorsque l’avenir est sans espoir, le présent prend une amertume ignoble. »
Publié le 09.12.2025 à 17:57
83% des femmes victimes de viol sont des sales connes (selon Brigitte Macron).
La dernière fois que l’injure avait fait irruption dans le champ politique français et même francophone (en tout cas, à ma connaissance), c’était dans la bouche de Sarko président en 2008, lorsqu’en déplacement au salon de l’agriculture et en réponse à un passant qui refusait de lui serrer la main il lui envoyait son désormais (tristement) célèbre : « casse toi pauv’con« .
Dix-sept ans plus tard (2025), c’est cette fois la « première dame », Brigitte Macron, qui dans une séquence tout à fait officielle mais éditorialisée comme étant « Off », se fend d’un « S’il y a les sales connes, on va les foutre dehors. » En référence aux militantes féministes manifestant à l’entrée des spectacles de l’acteur Ary Abittan accusé de viol (et qui a bénéficié d’un non-lieu).
Cette polémique intervient dans un contexte où la « grande cause » du 1er quinquennat Macron était celle de la lutte contre les violences faites aux femmes. Et où donc la dernière grande causerie de son 2nd quinquennat est de lutter contre les sales connes qui font rien qu’à embêter Gérard (Depardieu), Ary (Abittan), et les autres.
Un contexte dans lequel, également, de Darmanin à Hulot et jusqu’à Depardieu, Emmanuel Macron a toujours entretenu une posture a minima problématique dans le soutien affiché à ses amis, ministres ou figures emblématiques de la nation plutôt qu’à la présomption d’innocence et à la parole des femmes victimes.
Un contexte, enfin, où la parole de Brigitte Macron est toujours en arrière-fond polluée par l’ensemble des saloperies et calomnies sur sa supposée véritable identité de genre. Du coup au moment où j’écris cet article (vit’fait entre deux cours et réunions le matin du 9 décembre) je suis prêt à parier sur le fait que dès ce soir certains éditos traiteront cette prise de parole (qui reste fondamentalement inacceptable) sous l’angle pervers du « vous voyez, elle dit tout haut ce que plein de mâles s’imaginant dominants pensent tout bas« , ce qui sera suffisant pour que le discours d’escorte des médias sociaux fasse le reste et mobilise les signifiés retors et dégueulasses du « bah en fait si elle parle comme un homme c’est bien que …« .
Depuis 2008, depuis le « casse-toi pauv’con » du premier président délinquant emprisonné de la république française, la vie autant que la parole politique se sont, partout dans le monde, brutalisées. Les injures et insultes sont devenues la rhétorique d’une audience garantie pour tout un ensemble d’hommes et de femmes politiques (mais davantage des hommes quand même) qui oscillent entre autoritarisme et illibéralisme dans la mouvance de théoriciens de l’extrême-droite comme Steve Bannon à sa grande époque, qui recommandait « d’inonder la zone de merde« . Injures et insultes dans la parole politique et le débat public ne sont que deux des innombrables robinets qui permettent à cette inondation de se déclencher ou de se perpétuer.
« On se traite de con à peine qu’on se traite » écrivait Claude Nougaro. Et sans cesse tombent de nouvelles barrières de ce qui était un indicible en politique, le recours à l’injure et à l’insulte publique.
Si le sujet n’était pas aussi grave, si les chiffres n’étaient pas ce qu’ils sont, s’il n’y avait pas une tentative de viol toutes les deux minutes et trente secondes en France, si plus d’une femme sur deux en France et plus de six jeunes femmes sur dix n’avaient pas déjà été victimes de harcèlement ou d’agression sexuelle au moins une fois dans leur vie, et si 86% des plaintes pour viol n’étaient pas classées sans suite et s’il n’y avait donc pas au moins 86% de femmes se rangeant dans la catégorie Macroniste de « sales connes », alors on pourrait recourir à l’analyse linguistique et étymologique. Alors on pourrait parler de l’origine du mot « con », qui est aussi l’origine du monde et pas que chez Courbet ; alors on pourrait évoquer à ce que cela renvoie et mobilise comme renversement de stigmate au carré, quand une femme (a fortiori désignée comme « la première ») l’adresse à d’autres femmes (victimes et/ou militantes) en déclinant l’insulte d’une désignation vulgarisée de la source même des agressions dont elles sont victimes, et pour le coup littéralement salies. « Sales connes » c’est dans le langage, une injure au carré et une violence au cube.
Il est de toute façon déjà trop tard. La séquence médiatique est déjà passée en mode tambours et trompettes. Et quoi que l’on pense du fond, dans la forme tout s’y prête, tout est éditorialisé pour que tout s’emballe car tous les codes de l’emballement viral sont présents dans un écosystème informationnel qui est en prédation constante du moindre de ces signaux (le faux « off », la surface publique des gens en présence, leur propre storytelling, la fausse polémique entre respect d’une décision de justice et droit de manifester, le refus de formuler des excuses claires – officiellement il paraît qu’elle ne faisait que condamner un mode d’action, et bien sûr l’effet Streisand puisque certains ont cru bon de dépublier la vidéo en question en imaginant qu’ainsi elle allait disparaître totalement).
Alors pourquoi prendre (ou perdre) le temps de consigner tout cela par écrit dans cet article ? Parce qu’une chose me frappe à la (re)lecture récente d’un fragment de Deleuze à propos de ce que c’est qu’être de gauche (et non je ne vous parle pas du classique « Être de gauche c’est d’abord penser le monde, puis son pays, puis ses proches, puis soi ; être de droite c’est l’inverse« ).
Ce passage de Deleuze voilà longtemps que je voulais vous en parler et le consigner ici. Il me fallait une occasion que Brigitte Macron vient de me fournir. Ce passage de Deleuze c’est l’explication la plus profonde et la plus juste de la raison pour laquelle ni Brigitte Macron ni Emmanuel Macron (ni tant d’autres) n’ont jamais été et ne seront jamais de gauche et sont bien authentiquement de droite mais d’une droite qui quoi qu’elle en dise ne sera jamais en capacité de faire aux femmes la place qui devrait être la leur dans notre société c’est à dire à égalité de devenir et de puissance.
Vous me direz qu’il n’était pas besoin du recours à Deleuze pour parvenir à dresser ce constat. Je vous le concède aisément. Quoique. Lisez ci-dessous. Surtout lisez le dernier paragraphe que je souligne. Et reparlons-en après.
« Si on me disait : « comment définir être de gauche » ? ou « comment définir la gauche » ?. Je le dirais de deux manières. Il y a deux façons.
C’est, d’abord, une affaire de perception.(…) En effet, être de gauche, c’est savoir que les problèmes du tiers monde sont plus proches de nous que les problèmes de notre quartier. C’est vraiment une question de perceptions. Ce n’est pas une question de belle âme ! C’est ça, d’abord, être de gauche, pour moi.
Et deuxièmement, être de gauche, c’est être par nature – ou plutôt devenir, c’est un problème de devenir -. C’est : ne pas cesser de devenir minoritaire. (…) Or, la majorité est par nature l’ensemble qui, a tel moment, réalisera cet étalon, c’est-à-dire l’image sensée de l’homme adulte, mâle, citoyen des villes. Si bien que je peux dire que la majorité, ça n’est jamais personne. C’est un étalon vide. Simplement, un maximum de personnes se reconnaissent dans cet étalon vide. (…) Alors, les femmes vont compter et vont intervenir dans la majorité ou dans des minorités secondaires, d’après leur groupement par rapport à cet étalon. Mais à côté de ça, il y a quoi ? Il y a tous les devenirs qui sont des devenirs minoritaires ! Je veux dire: les femmes, ce n’est pas un acquis. Elle ne sont pas femmes par nature. Les femmes, elles ont un devenir femme. Du coup, si les femmes ont un devenir femme, les hommes aussi ont un devenir femme. On parlait tout à l’heure des devenirs animaux. Les enfants, il ont un devenir enfant. Ils ne sont pas enfants par nature. Tous ces devenirs-là sont des devenirs minoritaires.
(…) L’homme mâle adulte, il n’a pas un devenir. Il peut devenir femme, alors il s’engage dans les processus minoritaires. La gauche, c’est l’ensemble des processus de devenir minoritaires. Donc, je peux dire, à la lettre : la majorité c’est personne, la minorité c’est tout le monde. C’est ça, être de gauche : savoir que la minorité, c’est tout le monde. Et que c’est là que se passent les phénomènes de devenir.«
Alors d’abord il faut remercier les militantes de Nous Toutes et toutes les autres militantes aussi. D’être toujours là pour rendre sensibles ces processus de devenir.
Le sale con s’est finalement cassé (ou il a fait 3 semaines de prison, on ne sait plus très bien). Les sales connes, elles, continuent de résister, de parler, et de faire exister l’indicible, l’injustifiable et l’in-justiciable qui accompagne ces violences. Et pendant qu’un nombre considérable de gros cons et de grosses connes sont au pouvoir, ou à ses portes, c’est bien là l’essentiel.
Publié le 19.11.2025 à 19:07
La ma’yonnaise est dans la sauce.
Depuis maintenant 4 ans, il y a un petit être fragile qui m’occupe au moins une des 7 journées que compte chaque semaine. Ce petit être fragile je vous en ai déjà parlé ici de temps en temps, pour vous en expliquer l’intérêt, l’enjeu, mais aussi le risque face à l’abandon de certain.e.s très vilaines politiques de droite ou d’autres vilains sans scrupules.
Ce petit être c’est une association, c’est une épicerie solidaire pour les étudiant.e.s, c’est la Ma’Yonnaise épicerie. Bah les ami.e.s, figurez-vous que la Ma’Yonnaise est dans la sauce. Bien sûr on va rien lâcher. Mais comme tant d’autres associations, des géants comme les Restos du Coeur ou la Banque Alimentaire jusqu’aux associations presqu’invisibles qui chaque jour oeuvrent en silence (nous par exemple on bosse, entre autres, avec DLC Bocage Vendéen qui nous apporte fruits et légumes à donner à nos bénéficiaires), et en passant par l’indispensable mais pourtant toujours menacé Planning Familial, comme tant d’autres associations, « rien lâcher » ça veut dire faire appel à vous toutes et tous.
Alors si vous avez 5 minutes et un peu (ou beaucoup) de thune, de caillasse, de moula, de fric, de blé, d’oseille, d’artiche, de grisbi ou de pèze vous pouvez nous aider. Oui. En nous filant de la thune de la caillasse de la moula du fric de l’oseille de l’artiche du grisbi ou du pèze.
Ou alors (ce sera déjà pas mal) en partageant ce communiqué de presse (ci-dessous). En le partageant (c’est mieux) auprès de vos ami.e.s, réseaux et communautés doté.e.s de davantage de thune, de caillasse, de moula, de fric, de blé, d’oseille, d’artiche, de grisbi ou de pèze que vous
On lâche rien. De toute façon on lâchera rien quoi qu’il arrive. Parce que mettre le début du commencement d’un putain d’orteil dans ce genre d’association c’est taper dur dans une réalité qui te fait immédiatement et irrévocablement comprendre que si nous on lâche, que si ça, ça lâche, alors tout lâchera. Parce que pour beaucoup, pour beaucoup trop de gens, il n’y a plus que ça qui tient et qui les fait tenir. Et que cela nous lie, immédiatement, irrévocablement.
Merci à toutes les étudiantes et étudiants qui depuis 4 ans font tourner ça avec nous (sans vous tout ça n’aurait aucun sens). Merci à la copine formidable qui a eu l’idée de ce projet (elle s’appelle Sandrine), et merci à l’autre copine formidable qui a dit « bah oui » et qui fait trio avec nous depuis le début (elle s’appelle Cécile). Merci à toutes celles et ceux qui sont déjà venus nous filer un coup de main pour ranger, décharger, distribuer, merci à celles et ceux qui dès le début nous ont aidé, un peu ou beaucoup, et merci à vous qui déjà avez donné soit du temps soit de l’argent, soit simplement de l’attention. Ah et puis aussi, merci à toi l’iroquois. Merci aussi à tous les gosses, des îles Maudites jusqu’à l’Ecosse. Merci à vous tous les zazous, merci à la jeune garde rouge. Merci à tous les « camawades », merci à toutes les mères qui gueulent. Merci Jeunesse du monde entier.
Merci tout le monde.
On lâche rien. Et c’est aussi grâce à vous
[ Le même en pdf -> CP Mayo – officiel ]