Think-tank citoyen et média indépendant
Publié le 24.04.2024 à 06:00
L’aphantasie : vivre sans images mentales
Mr M.
Publié le 23.04.2024 à 06:00
Surpopulation : le mythe qui cache le vrai problème des inégalités
Mr M.
Publié le 22.04.2024 à 06:00
L’extrême droite s’empare de l’écologie et c’est mauvais signe
Simon Verdiere
Publié le 19.04.2024 à 10:16
10 scandales de l’industrie alimentaire à ne pas oublier
Mr Mondialisation
Publié le 18.04.2024 à 09:38
Vivre en Macronie : les déboires Macroniens en 7 dessins
Sharon H.
Publié le 17.04.2024 à 06:00
Debunk : la nourriture végane est « ultra transformée »
Mr M.
Publié le 16.04.2024 à 06:00
Services publics et écologie : les freins qui empêchent d’aller vite
Mr Mondialisation
Publié le 15.04.2024 à 06:00
L’alimentation bio est-elle vraiment meilleure pour la santé ?
Mr M.
Publié le 12.04.2024 à 14:00
Grenoble : l’eau menacée par l’extension de deux usines Tech
Sharon H.
Publié le 11.04.2024 à 06:57
Des images de vaches torturées dans un abattoir Bigard
Sharon H.
Publié le 24.04.2024 à 06:00
L’aphantasie : vivre sans images mentales
Sharon H.
Il n’existe pas qu’une seule façon d’être au monde. L’aphantasie, terme dérivé du grec signifiant « absence d’imagination », se caractérise par l’incapacité à visualiser des images mentales. Contrairement à la cécité mentale qui affecte la perception visuelle réelle, l’aphantasie impacte uniquement la capacité à créer des images dans l’esprit. Concrètement, si vous essayez de vous représenter le visage d’un ami proche et que vous ne parvenez à rien voir, vous êtes peut-être aphantasique. Explications.
Il y aurait environ 2 % de personnes dans le monde à ne pas avoir « d’œil mental ». Cette partie de la population serait incapable de se figurer le visage d’un proche ou la forme d’un fruit. Mais l’absence d’images mentales ne se limite pas à la vision. L’aphantasie peut également affecter d’autres sens, comme l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût.
On distingue ainsi l’aphantasie visuelle (incapacité à visualiser des images), de ses dérivés : l’akouphantasie (incapacité à entendre des sons dans sa tête), l’anosmie mentale (incapacité à sentir des odeurs imaginaires), l’agueusie mentale (incapacité à goûter des saveurs imaginaires), l’anesthésie mentale (incapacité à ressentir des sensations tactiles imaginaires).
L’intensité de l’aphantasie varie d’un individu à l’autre. Certains peuvent visualiser des images fugaces, tandis que d’autres ne perçoivent aucune image mentale, quelle que soit la force de leur concentration.
Un monde sans images
L’impact de l’aphantasie est de plusieurs degrés sur la vie des personnes touchées. Certaines d’entre-elles peuvent éprouver des difficultés à mémoriser des informations visuelles, comme des souvenirs, ou à intégrer des concepts abstraits. Bien sûr, elles peuvent développer des stratégies alternatives d’apprentissage et de mémorisation, comme l’association d’images à des mots clés ou l’utilisation d’une autre mémoire fonctionnelle, comme la mémoire auditive ou tactile.
Pour autant, contrairement aux croyances éventuelles, ce trouble ne signifie pas forcément une absence de créativité. Les personnes aphantasiques peuvent exceller dans des domaines artistiques et imaginatifs en utilisant d’autres sens et en s’appuyant sur leur logique et leur intelligence abstraite. En effet, en l’absence de la forme d’imagination la plus commune, d’autres formes de conceptions peuvent être stimulées : narrative, kinesthésique ou encore sensorielle.
Par ailleurs, les rêves des personnes aphantasiques peuvent être différents de ceux des personnes qui visualisent. Ils peuvent être plus abstraits, basés sur des sensations et des émotions plutôt que sur des images.
Comment survivre à l’école quand on est aphantasique ?
Le système scolaire étant déjà lacunaire pour bon nombre d’élèves au profil non conventionnel, il peut évidemment constituer un obstacle, voire une souffrance, pour les personnes aphantasiques. En effet, de nombreuses méthodes d’enseignement actuelles s’appuient sur la visualisation et la mémorisation.
Tout comme la dyslexie peut rendre la lecture et l’écriture difficiles, l’aphantasie peut rendre l’apprentissage de certaines matières plus complexe, en particulier celles qui nécessitent une projection visuelle, comme la géométrie, la physique ou l’histoire.
A l’instar de la dyslexie, l’aphantasie fait également partie des troubles invisibles, impliquant que les personnes qui en souffrent peuvent ne pas être diagnostiquées et ne pas recevoir le soutien dont elles ont besoin, comme des adaptations pédagogiques adaptées à leur fonctionnement cognitif. De fait, l’aphantasie n’est pas synonyme d’échec scolaire. Avec un soutien adéquat, les élèves aphantasiques peuvent réussir à l’école et même exceller dans certains domaines.
Une évolution de l’être humain ?
@amouton/PixabayDe façon contre intuitive, l’absence d’images mentales pourrait même être considérée comme une force et une source d’amélioration de l’être humain dans certains aspects, toute proportions gardées dans une perspective équilibrée et nuancée.
L’absence d’images mentales parasites peut favoriser une concentration plus profonde sur le moment présent et l’objectif en cours. Dans un monde saturé d’images, cette façon de vivre le monde peut ainsi représenter un atout en permettant de se détacher des stimuli visuels perturbateurs.
Qui plus est, dans le cas d’une aphantasie visuelle, le souvenir d’informations non imagées, comme les sons, les odeurs et les concepts abstraits, peut être également renforcé. En effet, sans le biais des images, l’esprit peut se concentrer sur des concepts et des structures logiques pragmatiques, aiguisant la pensée analytique et la résolution de problèmes. L’aptitude à la réflexion philosophique et mathématique peut ainsi, paradoxalement, être décuplée.
En somme, l’aphantasie ne se résume pas à une simple absence, mais permet l’exploitation d’autres formes d’existence au monde, rappelant qu’il n’existe pas qu’une seule manière de percevoir le réel.
Un mystère en cours d’exploration
Longtemps ignorée, l’aphantasie suscite un intérêt croissant dans la communauté scientifique depuis quelques années, notamment dans les domaines de l’imagerie cérébrale et de la génétique. En effet, le terme « aphantasie » apparaît pour la première fois en 2015 dans les travaux du neurologue Adam Zeman, mais le phénomène en lui-même est connu depuis bien plus longtemps.
Le cousin de Charles Darwin et anthropologue Francis Galton, notamment considéré comme le père de l’eugénisme, publie dans les années 1880 Inquiries into Human Faculty, où il décrit pour la première fois l’incapacité de visualiser des images mentales. Il utilise le terme « imagerie mentale » et propose à l’époque un questionnaire pour évaluer la capacité des gens à visualiser la réalité matérielle. Charles Darwin lui-même, quelques années plus tôt dans son autobiographie, mentionne son propre manque d’imagination visuelle et sa difficulté à visualiser des concepts abstraits.
Sculpture de Charles Darwin à la Faculté des Sciences de l’UNAM. Wikimedia.Toutefois, après ces deux mentions, le principe d’aphantasie tombe dans l’oubli. Il faudra donc attendre 2015 pour que le neurologue de l’université d’Exeter, Adam Zeman, et le professeur de neurosciences cognitives à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud (Sydney, Australie), Joel Pearson, inventent le néologisme « aphantasie ».
S’il n’existe pas encore de test standardisé pour diagnostiquer l’aphantasie, des questionnaires et des outils d’imagerie mentale sont en cours de développement pour parvenir à mieux comprendre ce rapport spécifique aux images et peut-être étendre notre connaissance du vivant au-delà des humains…
L’aphantasie et les animaux : penser et vivre sans images
Ce phénomène fascinant soulève effectivement des questions sur la nature de la pensée et de l’imagination. Si les humains peuvent vivre sans images, qu’en est-il des animaux ?
Certaines espèces animales semblent avoir des capacités cognitives similaires à celles des personnes aphantasiques.
Par exemple, les abeilles et les fourmis naviguent en utilisant des repères olfactifs et spatiaux, sans nécessairement créer de cartes mentales. De même, les oiseaux migrateurs utilisent des indices magnétiques et célestes pour se repérer, sans avoir besoin de visualiser leur destination.
@Fotoblend/PixabayL’absence d’images mentales ne signifiant pas une absence de pensée ou d’intelligence, les animaux développent des stratégies alternatives pour s’adapter à leur environnement et survivre.
Le sens olfactif est particulièrement développé chez de nombreux animaux, leur permettant de suivre des traces, de trouver de la nourriture et de communiquer entre eux. Le goût joue également un rôle important dans la perception du monde pour les animaux. L’ouïe est un autre sens crucial pour la survie de nombreuses espèces. Elle permet de détecter les prédateurs, les proies et les dangers environnementaux. Le toucher est également important pour la communication, la manipulation d’objets et la perception de l’environnement.
On sait par ailleurs grâce à de nombreuses études scientifiques que les animaux apprennent et mémorisent des informations à travers l’expérience et l’association de stimuli. Ils peuvent ainsi développer des compétences complexes sans avoir besoin de visualiser des images mentales.
L’intelligence animale ne se résume donc pas à la capacité anthropomorphique de visualiser des images. Certaines espèces, comme les primates et les corvidés, font preuve d’une intelligence sociale remarquable. Elles coopèrent entre elles, communiquent de manière complexe et utilisent des outils pour atteindre leurs objectifs. D’autres animaux, comme les dauphins et les chauves-souris, excellent dans la navigation et la perception spatiale. Ils utilisent des sens comme l’écholocalisation et le sonar pour se déplacer dans leur environnement.
L’aphantasie humaine, ne signifiant pas une absence de conscience ou d’intelligence, peut de cette façon nous éclairer sur la diversité des formes de pensée dans le monde animal. Les animaux développent des stratégies alternatives pour s’adapter à leur environnement et survivre, démontrant ainsi une intelligence tout aussi fascinante que celle des humains.
Pour finir, l’aphantasie et vous
Voici le test de la pomme pour aider à comprendre l’aphantasie : fermez les yeux et imaginez une pomme rouge.
@Belbury, original image components by Mrr cartman, Caduser2003, Bernt Fransson and IconArchive.comPouvez-vous voir la pomme dans votre tête ?
Si oui, quelle est sa taille ? Sa forme ? Sa couleur ?
Pouvez-vous voir la peau de la pomme ? Est-elle lisse ou rugueuse ?
Pouvez-vous sentir la pomme ?
Pouvez-vous goûter la pomme ?
Répondre non pourrait être le signe d’une forme d’aphantasie.
– Ano
Sources :
https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=aphantasie-pourquoi-arrive-pas-visualiser-image-mentale
https://institutducerveau-icm.org/fr/actualite/imaginer-sans-images-mentales-enquete-sur-les-caracteristiques-des-personnes-aphantasiques/
https://www.reddit.com/r/Aphantasia/?rdt=49680
https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2017/04/12/vivre-sans-images-dans-la-tete/
Image entête @LeandroDeCarvalho/Pixabay
The post L’aphantasie : vivre sans images mentales first appeared on Mr Mondialisation.Publié le 23.04.2024 à 06:00
Surpopulation : le mythe qui cache le vrai problème des inégalités
Sharon H.
Une vague humaine nourrie au soleil vert ? Des hordes d’âmes en peine cherchant à se nourrir ? Sommes nous voués à subir cette vision pessimiste et apocalyptique de l’avenir ? La surpopulation frappe-t-elle à nos portes ? Devrons-nous bientôt barricader nos portes et fenêtres ? Démystifions la croyance fortement répandue que la surpopulation est responsable de la misère dans le monde.
Comme disait Ghandi, « il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins humains, mais pas assez pour assouvir leur avidité ». En effet, l’on n’est pas trop nombreux sur Terre. Le problème est, en réalité, notre rapport au monde et à la concentration des ressources aux mains d’une minorité. Décryptage en règle du mythe tenace de la surpopulation.
La menace de la surpopulation : comment tout a commencé
Le concept de la surpopulation est né en Angleterre en 1798, lorsque le révérend Thomas Robert Malthus a vu que la production alimentaire augmentait progressivement, alors que les gens se reproduisent de façon exponentielle. Sur la base de calculs simples, il « prédit » que le monde sera en manque de nourriture d’ici l’an 1980. Malthus, alarmé par ses résultats, encourage une réduction de la population…
via monthlyragonlineDans son essai sur le principe de population, motivé par la crainte d’une marée humaine, Malthus appelle à accroître la mortalité chez les pauvres par d’horribles procédés :
« Tous les enfants nés, au-delà de ce qui serait nécessaire pour maintenir la population à ce niveau, doivent nécessairement périr, sauf si un nouvel espace leur est fait par les décès de personnes adultes … Pour agir de manière cohérente, par conséquent, nous devrions faciliter, au lieu de bêtement et inutilement chercher à les entraver, les opérations de la nature dans la production de cette mortalité; et si nous redoutons la visite trop fréquente de l’horrible famine, nous devrions encourager assidûment d’autres formes de destruction (…). Au lieu de recommander la propreté aux pauvres, nous devrions encourager des habitudes contraires. Dans nos villes, nous devons rendre les rues plus étroites, entasser plus de gens dans les maisons, et encourager le retour de la peste. » (R. Malthus, Livre IV, chap V.).
Ce qu’ignorait Malthus, c’est que l’humanité allait développer des solutions pour nourrir abondamment l’espèce humaine au delà de toutes espérances. La faim touchera principalement les populations victimes de l’accaparement occidental des richesses. Ainsi, la peur de la surpopulation va conduire Malthus à penser que certaines maladies ne devraient pas être guérie par souci de contrôle de la population :
« Mais par-dessus tout, nous devons réprouver des solutions spécifiques pour les maladies ravageuses; ainsi que ces hommes faussement bienveillants qui ont pensé qu’ils faisaient un service à l’humanité en projetant des programmes pour l’extirpation totale de troubles particuliers. » (R. Malthus, Livre IV, chap V.)
Aussi dur que cela puisse paraître, la volonté de « dépopulation » a été définie par ceux qui soutiennent cette pensée et voient la mort comme un mal nécessaire pour sauver l’humanité et la planète. Naturellement, ce sont les plus pauvres et les personnes les plus fragiles physiologiquement qui en sont les victimes : un programme eugéniste, validiste et classiste.
Le révérend Thomas Robert Malthus. WikimediaEn 1968, dans La bombe de la population, Paul Ehrlich, de l’Université de Stanford a adopté et propagé la théorie de Malthus. Il a affirmé que la reproduction humaine excessive allait submerger la planète et prédit que le monde subirait des famines massives, tuant des centaines de millions de personnes, dès la fin des années 70. L’évocation de tels scénarios a conduit au transfert d’importantes sommes d’argent à l’UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la population).
La population mondiale pourrait entrer dans l’État du Texas
Beaucoup s’imaginent que le problème de la surpopulation est une affaire d’espace. Et non ! À ce jour, il y a plus de 8 104 870 500 personnes sur terre. La superficie du Texas est de 696 241 km2. Si nous divisons cet espace par 8 104 870 500 personnes, nous obtenons 86m2 par personne. Ceci représente un espace suffisant pour que chacun puisse vivre dans une large maison individuelle avec le reste de l’humanité comme voisin, tout ça sur la seule superficie du Texas. Et ceci ne prend même pas en compte qu’une famille moyenne fait 4 personnes qui partagent volontiers leur habitation.
via reseauinternationalCe calcule ne signifie pas qu’une telle division territoriale et concentration serait une bonne chose. Un tel entassement d’une population qui continue de surconsommer comme nous le faisons actuellement serait la bonne recette pour un désastre écologique. Ce raisonnement par l’absurde donne cependant une idée de la façon dont il faut penser la problématique. La surpopulation n’est PAS une question d’espace. Donc, quel est le vrai problème ?
Les villes sont surpeuplées, pas le monde !
Les conditions d’une surpopulation apparente existent seulement dans les villes, pas ailleurs. Il s’agit donc d’une « illusion » propre à l’urbanisation et à la concentration des individus en un même lieu.
via reseauinternationalEn pratique, la population urbaine est en hausse constante depuis la révolution industrielle. Depuis 2008, plus de la moitié de l’humanité est devenue urbanisée. En cause, l’exode rural. En effet, il y a davantage de possibilités de gagner de l’argent, donc de survivre, dans les villes que dans les campagnes. Les villes sont prises d’assaut par une population venant parfois de très loin afin de s’y installer. La forte population en ville n’est ainsi pas directement liée à la reproduction. Par opposition, les campagnes se vident.
Pas assez de nourriture ? La rareté est un mythe
Paradoxalement, le monde actuel abonde de ressources, de quoi largement combler les besoins de tout le monde. Mais, chaque année, les pays riches gaspillent plus de 220 millions de tonnes de nourriture. Pendant ce temps, les populations qui ne disposent pas de l’argent nécessaire pour avoir accès aux denrées alimentaires sur le marché mondial ou local, meurent de faim.
via canalblogLe mythe de la surpopulation tente de camoufler une réalité tragique : l’humanité ne manque de rien, mais ne distribue pas équitablement. Porter la cause sur la surpopulation profite ainsi aux logiques élitistes en détournant le problème de fond : la distribution des richesses et l’accès aux ressources.
La surpopulation ne provoque pas la faim dans le monde, la mauvaise gestion en est à l’origine
Les sociologues Frédéric Buttel et Laura Raynolds ont publié une étude sur la croissance démographique, la consommation de nourriture, et autres variables dans quatre-vingt-treize pays. Les statistiques ne montrent aucune preuve que la croissance rapide de la population provoque la faim. Cependant, ils ont trouvé que les populations des pays les plus pauvres ont moins à manger. En d’autres termes, la pauvreté et les inégalités causent la faim, pas la surpopulation.
via wikipedia
La pauvreté n’est pas du fait de la rareté et de la surpopulation. Elle est organisée par des politiques et des manoeuvres qui empêchent les personnes affamées d’avoir accès à la nourriture et aux terres arables. Comment oublier la « dette » que les pays du Sud global « doivent » aux pays du Nord alors que le niveau de vie des pays du Nord repose en grande partie sur l’exploitation des pays du Sud.
« L’histoire de la dette du tiers monde est l’histoire d’une formidable ponction par la finance internationale sur les ressources des personnes les plus démunies. Ce processus est conçu pour se perpétuer, grâce à un mécanisme diabolique qu’est la reproduction de la dette sur une plus grande échelle encore, un cycle qui ne peut être rompu que par l’annulation de la dette. » – Third World Debt, a Continuing Legacy of Colonialism.
Pas assez de terres ?
Contrairement à l’idée reçue, la terre ne manque pas d’espaces productifs. Même en 100% bio, les scientifiques s’accordent aujourd’hui à dire qu’il serait possible de nourrir l’humanité toute entière couplé à une régulation du gaspillage. Le mythe des rendements bio « insuffisants » pour nourrir le monde reste cependant tenace dans les discours. De plus, même si l’alternative fait polémique, il existe aujourd’hui de très nombreuses alternatives pour produire beaucoup, même en biologique, sur de très petites surfaces en hors-sol.
Pourquoi est-ce si difficile d’admettre, comme l’indique les chercheurs, que nous vivons sur une planète spacieuse qui pourrait fournir à tout le monde de quoi vivre dignement si nous étions en mesure de l’utiliser intelligemment ? Ces solutions, bien plus complexes que la peur démographique, nécessitent un effort, une réflexion, un changement et surtout du courage.
Propriété et contrôle de la Terre
On entend souvent dire que la pauvreté serait le résultat de la surpopulation, le manque d’éducation ou même la paresse. Certains à l’extrême droite vont jusqu’à prétexter honteusement une infériorité liée à l’origine. Mais parce que la plupart des gens ne pensent jamais à remettre en question les fondements du système actuel, peu se rendent compte comment la société est orientée vers l’enrichissement matériel par l’accaparement des terres productives dans les pays émergents et la mise au travail forcée des individus.
Nécessairement, les possédants sont plus enclins à reporter la responsabilité de la faim sur les pauvres plutôt que sur un manque de redistribution. Alors, à nouveau, on blâme le nombre. Le passage suivant de The World’s Wasted Wealth: the political economy of waste de J.W. Smith, décrit cette réalité :
« La faim dans les pays sous-développés d’aujourd’hui est tout aussi tragique et absurde. Les colonisateurs européens ont bien compris que la propriété des terres donne le contrôle sur le produit. Les puissants ont simplement redistribué les titres fonciers de valeur entre eux, entrainant l’éradication de traditions millénaires d’usage courant. (…) Pour cette raison, la plupart des terres sont inutilisées ou sous-utilisées jusqu’à ce que les propriétaires décident d’en faire un usage plus rentable. Ceci est le mode d’utilisation des terres qui caractérise la plupart des pays du Tiers-Monde aujourd’hui, et c’est ce qui génère la faim dans le monde. »
Agriculture et logement durable : créer l’abondance pour tous
Des alternatives à l’agro-industrie existent. Le succès de Cuba à surmonter une crise alimentaire à travers l’autonomie et l’agriculture durable, pratiquement sans pesticides, est un excellent exemple. Même dans les villes, des solutions urbaines se développement à vive allure partout à travers le monde. Respectueuses de l’environnement, des alternatives agricoles saines se voient parfois plus productives à long terme que leurs homologues destructeurs de l’environnement. La permaculture en est un excellent exemple.
L’habitat durable et l’agencement intelligent de la ville sont d’autres alternatives qui devraient être mises en œuvre à l’échelle mondiale au lieu de pointer du doigt la population croissante. Les possibilités sont infinies, de la yourte aux éco-villages à l’intégration de hautes technologies dans les futures éco-villes. Naturellement, ces solutions, aussi positives soient-elles, ne peuvent occulter le fait d’une nécessaire critique structurelle de la propriété en matière de production alimentaire.
La destruction de la Terre : la surpopulation ou un système dépassé ?
La surpopulation est trop souvent jugée coupable de la destruction de la planète, mais avons-nous jamais pensé à pointer du doigt nos pratiques destructrices ? Nous continuons à perpétuer le même schéma au nom du profit et de l’illusion d’une croissance infinie malgré les nombreuses solutions existantes. Nous savons désormais que ce n’est pas une question du nombre de personnes qui habitent notre planète. C’est une question de responsabilité personnelle et collective.
Pour vivre équitablement et en autonomie, il « suffit » d’y mettre les moyens techniques, politiques et financiers. Par opposition, céder au mythe de la surpopulation, c’est faire le jeu des puissants et des pires dictatures dont l’habileté est d’orienter les véritables causes d’une problématique vers un épouvantail insaisissable : le nombre.
La vérité, c’est que nous avons le choix d’évoluer vers un style de vie favorable à la terre entière, concevoir des villes durables qui permettraient l’autosuffisance et la collaboration pour le bien de tous. Nous ne serions plus considérés comme une menace pour la planète, mais comme un élément parmi les éléments. Nous devons enfin travailler avec la nature et non contre elle. Nous sommes une partie de la nature et il est temps de cesser de se sentir coupable d’exister. Par contre, nous devons faire preuve d’autocritique dans nos actions individuelles (consommations) et nos choix collectifs (politiques sociales, production..). Il est encore possible de transformer cette société si nous cessons de prétendre à notre supériorité face à la nature.
via forwallpaperSi nous avons construit ce monde, qu’est-ce qui peut vous faire croire que nous sommes incapables d’en construire un autre ? À partir de maintenant, faisons la promesse de ne plus utiliser notre main-d’œuvre, notre créativité et notre intelligence pour construire des armes de guerre, des technologies non-durables et produisons du sens à la place, de la résilience, du progrès utile.
Nous avons aujourd’hui le potentiel et l’intelligence de créer des technologies durables, des produits bénéfiques et un système harmonieux qui permettraient à l’humanité de prospérer au bénéfice de tous. Ceci n’est pas une utopie, mais l’irréalisé. Mais ce monde plus beau n’aurait pas de sens s’il n’est pas destiné aux 7 milliards de personnes sur la planète, sans exception.
– Mr Mondialisation & Elina St-Onge
Photo de couverture : Pixabay
Sources :
http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-planete/20150511.RUE9028/oui-l-agriculture-biologique-peut-nourrir-la-planete.html
Overpopulation is not the problem – a sustainable world begins!
http://www.prolifeinfo.ie/mcms_print.php?nav=p-25120
http://www.theguardian.com/commentisfree/2010/aug/26/urban-planning-overcrowding
http://www.un.org/apps/news/story.asp?NewsID=40698#.VE0iE4vF-mA
The Entire World Population can Sink into the State of Texas
http://overpopulationisamyth.com/
http://www.pop.org/content/debunking-myth-overpopulation
http://www.globalissues.org/article/7/causes-of-hunger-are-related-to-poverty
http://informationwarfareblog.com/a-simple-solution/
http://leaksource.info/2013/03/09/overpopulation-debunked-every-person-in-the-world-could-fit-inside-australia-with-14-acre-of-land-each/
http://www.globalissues.org/article/205/does-overpopulation-cause-hunger
http://theratchet.ca/no-population-bomb
http://www.slate.com/articles/technology/future_tense/2013/01/world_population_may_actually_start_declining_not_exploding.html
Rédigé avec l’aide du Collective-Evolution
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L’extrême droite s’empare de l’écologie et c’est mauvais signe
Sharon H.
Devenant de plus en plus incontournable, le sujet de l’écologie est aujourd’hui abordé par la plupart des formations politiques françaises, y compris l’extrême droite. Dans sa stratégie pour paraître plus « respectable », le RN essaie d’afficher un visage dans le domaine. Pour autant, derrière les faux semblants, le parti de Marine Le Pen démontre par ses actes qu’il ne se soucie guère de ce sujet, bien au contraire.
Largement en tête des sondages (dont on pourrait discuter la pertinence) en vue des Européennes de juin prochain, légitimé par le spectre politico-médiatique libéral, le RN tente d’élargir un peu plus son électorat en évoquant une thématique majeure du XXIe siècle. Pourtant, comme sur le secteur social, lorsque l’on gratte le vernis, on se rend vite compte de la supercherie.
Un ancrage historiquement anti-écologiste
Avant de s’intéresser au discours actuel et surtout aux actes du RN en matière d’environnement, il convient d’abord de rappeler l’histoire de ce parti dans le domaine. Et depuis toujours, le mouvement a bien pris soin de taper sur « la gauche ». On se souvient par exemple de Jean-Marie Le Pen qui avait popularisé l’expression « gauche pastèque » dans les années 80.
Sur un plateau, il avait ainsi comparé les écologistes à ce fruit « vert à l’extérieur et rouge à l’intérieur ». Une formule d’ailleurs reprise toute honte bue par Olivier Véran, porte-parole du gouvernement en 2022. De cette manière, la droite et l’extrême droite affirment leur claire démarcation de l’écologie politique, notamment liée à la décroissance.
Longtemps méprisée par cette partie de l’échiquier politique, la défense des conditions de vie sur Terre devient toutefois de plus en plus incontournable. Il est ainsi beaucoup plus compliqué d’afficher un climatoscepticisme décomplexé comme le faisait auparavant Marine Le Pen.
L’écologie « positive », une nouvelle escroquerie de Bardella
Pour malgré tout se saisir de ce sujet, le RN, comme l’ensemble de la droite, essaie s’appuie sur l’idée qu’il existerait plusieurs types d’écologie. L’écologie, soutenue par la gauche, serait « punitive », déraisonnable ou fanatique.
À l’inverse, l’extrême droite s’est alignée sur la stratégie libérale, tentant de s’afficher comme censé et responsable. Comprendre par là, ne surtout par remettre en cause l’ordre établi.
Ainsi, pour s’opposer à la gauche et son « catastrophisme », le RN entend porter une écologie « positive ». Évidemment, derrière ce genre d’expression ne se cache pas grand-chose de concret. L’idée est surtout de se placer en opposition aux véritables écologistes que l’on cherche à diaboliser.
Le rejet de l’altérité comme boussole
En ce qui concerne le secteur social, le RN a toujours porté un projet permettant d’asseoir son obsession identitaire. Ainsi, il faudrait « moins aider les étrangers » pour pouvoir s’occuper des Français (dans les faits, le RN ne se soucie pour autant pas du tout des classes populaires).
Sa politique écologiste repose sur la même logique xénophobe. L’un des thèmes phares du parti dans ce domaine est d’ailleurs le « localisme ». En soi, cette pratique consistant à produire et consommer au niveau local peut tout à fait être vertueuse pour le climat. Toutefois, elle est insuffisante en elle-même, puisque si elle permet effectivement d’éviter le transport de marchandises émetteur de gaz à effet de serre, elle ne garantit en rien de bonnes conditions environnementales de production (pollution, type d’énergie, gestion de l’eau ou des sols…).
Cependant, le localisme a l’avantage de constituer une merveilleuse passerelle pour les thèmes identitaires de l’extrême droite. Ainsi, en vantant les denrées régionales sous un prétexte écologique, le RN flatte aussi le sentiment nationaliste en affirmant la supériorité de la France sur les autres.
Une ribambelle de votes anti-écologiques
Dans les faits, au-delà des coups de communication, on sait par l’observation des votes des élus d’extrême droite que ces derniers agissent objectivement à l’encontre de l’intérêt environnemental.
En 2019, une enquête du Monde révélait ainsi que les eurodéputés du RN ont œuvré à l’encontre du climat notamment en rejetant les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. De même, ils se sont largement positionnés contre le développement des énergies renouvelables (un sujet sur lequel la France est toutefois déjà très en retard). Dans le même temps, le RN s’est aussi opposé aux accords de Paris (qui sont pourtant bien insuffisants).
Pour séduire l’électorat rural réactionnaire, Marine Le Pen a promis qu’elle démantèlerait les éoliennes de l’hexagone si elle arrivait au pouvoir. Une idée climaticide qui ferait la part belle aux énergies fossiles. Un lobby auquel le RN semble bien soumis puisqu’il a refusé la taxation des superprofits des grandes entreprises du pétrole, du charbon et du gaz.
Derrière son apologie d’une écologie "enracinée", le #RN défend un programme destructeur pour le vivant.https://t.co/XgLx1JL5qU pic.twitter.com/cn9flhdXIr
— Graziella MELIS (@GraziellaMls) May 2, 2023
En matière d’agriculture, le RN ne brille pas non plus par son action pour la planète puisque ses votes sont largement orientés en faveur des industriels. Il a par exemple voté contre le « pacte vert » et donc contre la réduction des pesticides et l’essor de la paysannerie biologique.
En matière de logement, le RN s’est également positionné du côté des plus riches en s’opposant à l’obligation de rénovation des passoires thermiques. Et pour bien démontrer qu’il se moque de cet enjeu crucial, il a aussi voté contre la mise en place d’un fond européen pour aider les plus précaires à rénover les habitations ou acheter des voitures électriques.
L’extrême droite du côté du capitalisme
On l’aura compris, le bilan écologique du RN est loin d’être reluisant, en particulier au parlement européen. Leurs attaques récurrentes à l’encontre des forces de gauche qui portent réellement le combat environnemental en sont d’ailleurs une belle démonstration.
Le même constat a en outre été fait dans les pays où l’extrême droite a accédé au pouvoir, notamment aux États-Unis de Trump ou au Brésil de Bolsonaro. Dans tous les cas, ce camp politique est avant tout animé par une obsession identitaire, mais elle se place également du côté du capitalisme.
Un mode de fonctionnement qui reste bel et bien incompatible avec la sauvegarde des conditions de vie sur Terre puisqu’une croissance infinie dans un monde aux ressources finies relève définitivement du fantasme.
– Simon Verdière
Photo de couverture : Montage Mr M x Wikimedia x Unsplash
The post L’extrême droite s’empare de l’écologie et c’est mauvais signe first appeared on Mr Mondialisation.Publié le 19.04.2024 à 10:16
10 scandales de l’industrie alimentaire à ne pas oublier
Sharon H.
Un scandale industriel en remplace souvent un autre. Et notre mémoire collective est malheureusement très courte. Si bien que les marques incriminées n’ont aucun mal à s’en remettre. Et pourtant, ces scandales industriels à répétition sont les symptômes d’un modèle en voie de perdition, mais aussi l’opportunité de faire renaître des modes de production plus justes et éthiques. Contre l’amnésie citoyenne, un petit rappel des plus gros abus agro-alimentaires, de nos jours jusqu’à la crise de la vache folle.
Pizza contaminées, lait en poudre contaminé aux salmonelles, œufs aux fipronil et poulets aux dioxines… Ces dernières décennies, les scandales alimentaires en Europe et dans le monde se sont suivis et tristement ressemblés.
@Nestlé/FlickrLoin de l’impression d’hygiène que peuvent susciter les aliments sur-emballés sous plastique et bien présentés dans les rayons de nos supermarchés, l’agro-industrie n’hésite pas à contourner les règles pour produire toujours plus à moindres frais. Et face à la répétition, ce ne sont pas une enseigne ou un industriel isolé qui serait en cause, mais bien un système économique généralisé et opaque où la recherche de profit justifie toutes les inepties.
Les abus de confiance sont arrivés à un tel point paroxysmique que la question n’est plus de savoir si un nouveau scandale éclatera bientôt, mais quand et où. Et en première ligne ? La société dans son ensemble qui paie la facture, parfois même de sa vie.
La profusion d’informations pousse à s’accoutumer de ces scandales une fois la vague d’émotion et de colère retombée. Chacun retourne gentiment dans son monstro-marché le plus proche, jusqu’à la prochaine révélation. Afin de briser cette mécanique de l’oubli, prenons un instant pour nous souvenir de 10 grands scandales qui ont touché l’industrie alimentaire pendant ces dernières années (liste non exhaustive).
2022 : les pizza Buitoni contaminées, signalées un an avant le drame
En mai 2021, notre média publiait une enquête inédite sur l’usine Caudry de Buitoni (Nestlé) grâce au témoignage et aux images accablantes d’un lanceur d’alerte. Les coulisses de l’établissement du nord de la France révélaient de graves manquements à l’hygiène et un gaspillage démesuré, sur fond de sous-effectifs et de fonctionnements internes défaillants. Un cas d’école de notre productivisme inadapté à l’échelle humaine.
Un an plus tard, le 18 mars 2022, tous les JT révèlent l’intolérable : 56 enfants ont été intoxiqués par des pizza Fraîch’up issues de cette usine, contaminées par la bactérie E.Coli. Deux d’entre-eux n’y survivent pas : Kelig, 2 ans et demi, et Nathan, à peine 9 ans. D’autres souffriront à vie des séquelles de cette intoxication, comme Bérénice restée trois semaines dans le coma, touchée par deux arrêts cardiaques et qui a perdu en sensibilité et mobilité. Les médecins lui prédisent également une perte des reins tôt ou tard.
Comme nous l’expliquions déjà à l’époque, ce cas n’est ni anodin, ni imprévisible, et encore moins isolé : c’est le fruit d’un problème systémique dans notre rapport à la production de nourriture, indexée sur des notions de rentabilité.
Décembre 2017 : le lait infantile Lactalis contaminé aux Salmonelles
"On essaie d'acheter notre silence", a regretté Quentin Guillemain,
président de l'association des familles de victimes du lait contaminé, après les déclaration du PDG de #Lactalis au @leJDD "…ni excuses, ni explications…"https://t.co/Uq9odi6UfS pic.twitter.com/pMcCAPcHJh
— AlimentationGénérale (@AlimentationGnr) January 14, 2018
Début décembre 2017, les autorités sanitaires françaises annoncent la contamination de 37 nourrissons à la salmonellose. Tous auraient été nourris de produits laitiers fabriqués à l’usine de Craôn, en France. Lactalis est rapidement accusé d’être au courant de la contamination depuis plusieurs mois, ce que Emmanuel Besnier, le PDG, nie en bloc.
Sous pression, la multinationale annonce le 2 février suivant que la source de contamination a été identifiée dans l’une des tours de séchage et que cette dernière avait été fermée.
Cependant, de grands distributeurs tels que Leclerc, Auchan, Carrefour, ont tardé à mettre en place les rappels de produits et ont ainsi laissé plusieurs centaines de boîtes de lait potentiellement contaminées être achetées par les consommateurs.
Derrière le nom Lactalis, industriel aux milliards d’euros de chiffre d’affaires, se cachent bon nombre de marques iconiques telles que Président, Cœur de Lion, Lactel, Bridel, Chaussée aux Moines, Galbani, ou encore La Laitière. Dans les supermarchés, Lactalis est partout.
Août 2017 : Du Fipronil dans les œufs
Le scandale aura marqué les mois de l’été 2017 et sera en grande partie symbolisé par la lenteur des réactions des autorités sanitaires et le manque de transparence, notamment en France.
Début août de cette année, les magasins « Aldi » en Allemagne retirent de leurs rayons des œufs en provenance des Pays-Bas. Il s’avère que ces œufs ont été contaminés au Fripronil. En France, plusieurs centaines de milliers d’œufs contaminés ont également été importés et transformés dans divers produits de grande consommation. En dépit des taux élevés de contamination, les autorités françaises n’ont cessé de minimiser l’ampleur du scandale.
Utilisé dans des produits vétérinaires, le Fipronil est pourtant interdit d’usage pour les animaux qui entrent dans la chaîne alimentaire humaine. Suite au scandale, certaines ONG, notamment FoodWatch ont pointé que le système de traçabilité européen n’était toujours pas fiable, et ce malgré des promesses politiques répétées allant en ce sens.
2015 – 2017 : Des chevaux maltraités, vidés de leur sang au profit de l’industrie de l’élevage français
Jusqu’à deux fois par semaine, la jument gestante se voit enfoncer une canule dans la jugulaire pour prélever jusqu’à 10 litres de sang, soit l’équivalent de 2 litres pour un homme de 80 kilos.
Une jument avec une jambe cassée. Selon les vétérinaires, elle aurait déjà du être euthanasiée il y a longtemps pour abréger ses souffrances. Source : Animal Welfare Foundation (screenshot).Deux ONG ont mené une enquête exclusive entre mars 2015 et avril 2017 sur les “fermes à sang” en Argentine et en Uruguay. Ces industries de l’horreur exploitent des juments pour leur extraire une hormone particulière, uniquement sécrétée lorsqu’elles sont gestantes. Les industries pharmaceutiques et les élevages français et européens s’arrachent alors cette hormone à prix d’or sans vraiment se soucier de la provenance.
Les images révélée dans les ONG font froid dans le dos. On y voit des juments affamées, blessées, terrorisées, et parfois même à l’agonie sur le sol. Des vidéos montrent les chevaux avec des plaies ouvertes et infectées, des membres cassés, ainsi que des signes notoires de panique et de folie (balancements, la tête frappée contre les palissades…).
Jusqu’à deux fois par semaine, la jument gestante se voit enfoncer une canule dans la jugulaire pour prélever jusqu’à 10 litres de sang, soit l’équivalent de 2 litres pour un homme de 80 kilos. Tortures physiques et mentales, avortements forcés, saignées, ces animaux souffrent le martyr au bénéfice de l’élevage européen.
Depuis, d’autres enquêtes (2022) ont révélé la continuation de ces tortures, en Uruguay, en Argentine et en Islande, toujours au profit de commerces en Union Européenne. Et ce, malgré une résolution non contraignante votée en octobre 2021 par le Parlement Européen. De fait, les ONG continuent de réclamer des mesures fortes et l’interdiction pure et simple de cette pratique.
2013 : Des lasagnes pure bœuf à la viande de cheval
Début 2013, les autorités de contrôle sanitaires britanniques relèvent que des barquettes de Lasagne « pur Bœuf, produites en Irlande », contiennent de la viande de cheval. Rapidement, le scandale s’étend au reste de l’Europe alors que le groupe agro-alimentaire suédois « Findus » communique également à propos de la présence de viande de cheval dans ses lasagnes.
L’entreprise qui a transformé les produits incriminés se trouve en France : il s’agit de Comigel. Ses plats préparés sont vendues par 28 enseignes dont Picard, Carrefour, Auchan, Monoprix, dans 13 pays. Elle obtient sa viande auprès de Spanghero également situé en France.
Cette dernière est rapidement accusée d’avoir modifié les étiquettes de lots de viande de cheval roumaine en « pur bœuf origine EU » sur pas moins de 750 tonnes de viande équine.
Ce sandale aura fait coulé beaucoup d’encre non seulement parce qu’il aura mis en lumière la complexité des circuits d’approvisionnement alimentaires, mais aussi parce qu’il aura participé à décrédibiliser, aux yeux du consommateur, la grande distribution et les produits transformés qu’elle propose.
2012 : Des tartelettes IKEA aux matières fécales
En 2012, les autorités sanitaires chinoises annoncent avoir décelé des taux élevés de bactéries coliformes dans des tartelettes au chocolat vendues par IKEA, ce qui témoigne d’une contamination fécale. À la suite de ce bad buzz, le géant suédois retire rapidement ces produits de la vente dans 23 pays.
2011 : Des steak au E. Coli
Dans le nord de la France, 7 enfants sont infectés par la bactérie E. Coli. Les éléments réunis par les enquêteurs établissent le lien avec la consommation de steak de la marque « Steak country ». Certains des enfants touchés resteront handicapés à vie. Le producteur a été condamné à deux ans de prison ferme. À peine quelques mois plus tôt, des graines germées produites en Allemagne avaient fait l’objet d’une contamination similaire…
2008 : En Chine, de la mélamine dans le lait en poudre
De la mélanine, un produit qui entre dans la composition de la colle, est découvert dans des lots de laits infantiles en poudre en Chine. 300 000 bébés tombent malade et au moins 6 décèdent, d’après les chiffres communiqués.
1999 : Du poulet aux dioxines
En 1999, les éleveurs s’alertent de la mortalité élevés des poulets en Belgique. Les analyses démontrent une contamination importante aux dioxines, à des taux dépassant jusqu’à 100 fois les normes. La nourriture administrée aux bêtes est rapidement pointée du doigt.
Alors que les dioxines sont particulièrement nocives pour la santé humaine, les scientifiques estiment que ce scandale aurait potentiellement été la cause de 20.000 cas de cancer en Belgique.
1996 : La maladie de la vache folle
@VincentDesjardins/Unsplash20Probablement le scandale alimentaire le plus visible et médiatisé. Le premier cas connu de « vache folle » (encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) remonte à 1986 au Royaume-Uni.
Cette maladie cause la dégénérescence mortelle du système nerveux central. Les causes de son développement sont à rechercher dans l’alimentation des bêtes, qui sont nourries en partie de « farines animales », c’est à dire de carcasses et d’abats d’animaux. Environ 200.000 bovins ont été contaminés.
En 1996, on observe les premiers cas de transmission à l’homme par l’intermédiaire de la consommation de viande. Suite à cette révélation, des centaines de milliers de bovins sont abattus et la Grande-Bretagne se voit imposer un embargo sur sa viande de bœuf. Officiellement, 204 personnes meurent de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. À la suite du scandale il est interdit de nourrir les animaux d’élevage à partir de farines animales. Mais la pratique est à nouveau autorisée par l’Union européenne depuis 2013 en ce qui concerne les élevages de poissons. Business is business.
Cette liste est loin d’être exhaustive, mais permet de se rappeler l’ampleur de chaque abus commis au nom de la course au profit qui régit notre monde globalisé. Pour mieux comprendre les rouages du système dont ces scandales sont les symptômes, (re)lire notre dossier Big Food & Cie : les industriels nous tuent à petit feu
-Mr Mondialisation
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Image @Nestlé/Flickr
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Vivre en Macronie : les déboires Macroniens en 7 dessins
Sharon H.
Aucune frasque de notre gouvernement n’échappe à son talent : Allan Barte, partenaire de longue date, partage ses célèbres caricatures du Président français sur les réseaux sociaux depuis des années. Aujourd’hui, il publie également le septième tome d’une série d’album dédiée aux manœuvres de la start-up nation : Vivre en Macronie. Le réarmement démographique. Retour en 7 dessins sur cette sortie attendue.
Non content de croquer les pires interventions de notre gouvernement pour internet, Allan Barte a eu la bonne idée de graver les casseroles de ce dernier dans une série d’album unique : « Vivre en Macronie ».
Archive drôle et précise d’une mascarade politique en cours, chacun de ses tomes retrace une année de plus des quinquennats Renaissance. Après « Les premiers de cordée », « Qu’ils viennent me chercher », « Essayez la dictature et vous verrez », « 66 millions de procureurs », « Très envie de les emmerder » et « Qui aurait pu le prédire ? », le jeune dessinateur dévoile donc aujourd’hui « Le réarmement démographique » qui décortique la septième et interminable année au pouvoir d’Emmanuel Macron.
La campagne KissKissBankBank de ce bilan alternatif publié chez Ant Editions est un succès depuis une semaine et se poursuit jusqu’au 26 mai, avec de nombreuses contreparties. L’occasion pour nous de revenir en humour sur 365 jours de provocation macroniste avec notre top 7 des derniers dessins d’Allan Barte :
7. Les fameux 20h de Manu. Toujours un régal…
@AllanBarte6. Macronie, marche-pied Premium du Rassemblement National.
5. Encore une belle année pour l’écologie…
4. Le sketch des JO, un des plus travaillés du gouvernement !
3. L’épisode « colère agricole VS écologie » : hi-la-rant également.
2. Manu, de loin le meilleur Méprisant de la République.
1. Après 7 ans, ils serait en effet temps de s’en rendre compte…
Pour plus de dérision face à l’inégalable condescendance du pouvoir, retrouvez Allan Barte sur ses réseaux et en pré-commande sur KissKissBankBank jusqu’au 26 mai.
– Mr Mondialisation
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Debunk : la nourriture végane est « ultra transformée »
Sharon H.
Pour critiquer le mode de vie végane, ses détracteurs expliquent souvent que le végétalisme conduirait à manger des aliments « ultra-transformés », néfastes pour la santé et la planète, contrairement au régime carnivore. Un argument qui relève pourtant d’une méconnaissance profonde de cette gastronomie, mais aussi d’un grand manque de nuances.
L’accusation sur la supposée nourriture « ultra transformée » consommée par les véganes permet d’abord de s’interroger sur ce que signifie cette expression et ce qui se cache derrière. Mais elle révèle également les préjugés importants qu’il existe à propos d’un mode de vie bien souvent mal compris.
« Mais au fait, qu’est-ce que tu manges ? »
Dans l’esprit d’un profane, l’alimentation végane demeure en réalité bien mal connue. Accuser quelqu’un de consommer des produits « ultra-transformés » sans rien savoir de son mode de vie relève d’ailleurs bien souvent de la mauvaise foi.
Dénoncer une pratique dont on ignore tout comme néfaste, en particulier lorsque celle-ci vient bousculer nos principes moraux, est une manière bien commode de ne surtout pas se remettre en question et d’entretenir une certaine dissonance cognitive.
Ne surtout pas se remettre en question et d’entretenir une certaine dissonance cognitive. Photo de Julien L sur UnsplashLe véganisme ne se résume pas qu’aux simili-carnés
Car, lorsque les détracteurs du véganisme visent les « produits ultra-transformés », ils font surtout référence aux « similis-carnés ». Ces articles sont fabriqués de manière à rappeler le goût, la texture et l’apparence des denrées d’origine animale.
Or, cet argument démontre simplement que leurs auteurs sont incapables de concevoir un repas sans viande ou quelque chose qui s’en rapprocherait. Dans leur imaginaire, puisque les véganes ont choisi de se passer de produits animaux, ils doivent forcément consommer de la nourriture de synthèse pour les remplacer.
C’est pourtant bien mal connaître la gastronomie végétalienne, puisque, dans les faits, il est tout à fait possible de se restaurer de manière appropriée sans avoir recours aux smili-carnés. Rien n’empêche par exemple un végétalien de manger uniquement des aliments bruts et non travaillés.
Toutes les alimentations, qu’elles soient végétales ou pas, peuvent être malsaines, riches, trop grasses, biologiques, transformées, écologiques, carencées, etc. En réalité, ces caractéristiques dépendent surtout de l’origine des produits, mais aussi de l’équilibre existant dans leur consommation.
Un concept flou
L’accusation sur la nourriture « ultra transformée », s’appliquant à tout type de régime selon les individus, est donc infondée pour le véganisme en général. Pour autant, il est effectivement possible de manger des articles de ce type tout en étant végane, mais pas plus qu’en ne l’étant pas.
La notion d’aliment transformé est d’ailleurs elle-même à prendre avec des pincettes. Elle peut, en effet, être rapprochée du concept de « nature », utilisé à tort et à travers pour justifier tout et n’importe quoi, comme Mr Mondialisation l’expliquait précédemment.
Ainsi, ces concepts correspondent à la définition qu’on leur donne et peuvent recouvrir des produits qui sont très loin d’être équivalents en matière de santé. Un produit transformé s’obtient par la combinaison de plusieurs denrées alimentaires qui peuvent également subir plusieurs traitements comme la friture par exemple.
Qu’est-ce qu’une nourriture « ultra transformée » ?
Fondamentalement, le simple fait de cuire des légumes et d’y ajouter un peu de sel peut être considéré comme une transformation. Pas sûr pour autant que l’on puisse en évaluer le résultat comme mauvais pour l’organisme.
Le simple fait de cuisiner est une transformation alimentaire. Photo de Kevin McCutcheon sur UnsplashÉvidemment, lorsque l’on commence à cumuler de nombreux processus, d’ingrédients et d’additifs, dont certains sont notoirement connus pour être dangereux pour la santé, on peut légitimement s’inquiéter.
Une question de mesure
Toutefois, il reste compliqué de déterminer ce que l’on peut entendre par « ultra-transformés » et à quel endroit peut se situer la limite entre un produit dangereux et un produit sain.
La fréquence de la consommation de ces aliments est en outre une donnée cruciale à prendre en compte. Manger quelque chose d’ultra-transformé de manière occasionnelle représente en effet peu de risque par rapport au fait d’en utiliser à chaque repas.
Pour aller plus loin, on pourrait même s’interroger sur certains articles considérés comme bruts (alors qu’ils ne le sont pas forcément) qui peuvent pourtant poser problème. Difficile par exemple de déterminer ce qui est le plus dangereux entre un aliment ultra-transformé et une pomme traitée aux pesticides ou un poulet aux hormones.
Des outils plus pertinents que des catégories fourre-tout
De fait, au lieu d’essayer de ranger les aliments dans une catégorie dont les contours restent compliquer à dessiner (ultra-transformé, naturel, industriel…), il serait sans doute plus pertinent de s’intéresser à eux au cas par cas pour en analyser la valeur nutritive.
Et, en ce qui concerne les simili-carnés, comme pour les autres aliments, on compte toutes sortes de produits et de marques dont les propriétés ne sont en aucun cas équivalentes. Pour le consommateur, mieux vaut donc se fier à des indicateurs plus objectifs qu’à des préjugés.
Il existe ainsi des outils pour déterminer si un aliment est bon pour la santé où non. C’est par exemple le cas de l’application Yuka qui permet de scanner les articles en vente et connaître leur valeur nutritive, ou encore du site openfactfood qui recense un maximum de produits pour en analyser ses qualités.
Photo de LikeMeat sur UnsplashLes simili-carnés ne sont pas tous équivalents
Si l’on se penche sur les imitations végétales de viande, on peut constater d’importantes différences en fonction des fabricants. Ainsi un steak de la marque Accro est noté à 84/100 sur Yuka et A au nutriscore. Le haché végétal de sojasun monte lui jusqu’à 90/100. À l’inverse, d’autres produits peuvent quant à eux être en effet peu intéressants d’un point de vue nutritif. Pour autant, ils peuvent représenter également un aliment « plaisir » qui n’est pas non plus contre-indiqué tant qu’il reste occasionnel. De même, ils sont aussi d’une grande aide pour les personnes qui souhaitent réduire ou supprimer leur consommation des produits animaux à effectuer une transition plus douce.
Attaquer le véganisme sur ce genre d’argument a donc sans aucun doute pour but d’éluder le véritable sujet exposé par ce mode de vie : celui de notre rapport de domination aux autres espèces. Puisque les scientifiques ont déjà démontré qu’il était possible de vivre en bonne santé tout en ayant une alimentation végétale, le débat n’est alors plus sur ce terrain, mais bien sûr celui de l’éthique. Une zone où beaucoup d’opposants sont visiblement bien moins à l’aise, ce qui explique sans doute qu’ils cherchent à la fuir.
– Simon Verdière
Photo de couverture de Sam Lion sur Pexels.
The post Debunk : la nourriture végane est « ultra transformée » first appeared on Mr Mondialisation.Publié le 16.04.2024 à 06:00
Services publics et écologie : les freins qui empêchent d’aller vite
Sharon H.
Au regard des enjeux environnementaux actuels, l’action locale est indispensable. De l’organisation de chaines alimentaires sur le territoire, à l’isolation des bâtiments, en passant par la sensibilisation des citoyens, à la réduction des déchets et au développement d’une mobilité douce, les possibilités d’engagement sont nombreuses pour les collectivités. Pourtant, leurs mises en oeuvre s’avèrent encore timide. C’est dans ce contexte qu’une enquête, menée par la société coopérative Fertilidée, propose un état des lieux précis et instructif des freins et des attentes des municipalités françaises en matière de transition écologique.
Qu’est-ce qui motive les élus locaux à s’engager en faveur de l’environnement ? A contrario, quels sont les obstacles qu’ils rencontrent dans la mise en oeuvre de projets écologiques ? C’est au départ de ces interrogations que se met en place l’action de Fertilidée.
Avec le soutien des @Maires_Ruraux et @ANETT_tourisme, #Fertilidée a mené une enquête nationale auprès des #communes françaises pour sonder la question de la #transition écologique. Elle vise à comprendre leur implication, les freins et attentes. Les résultats ci-dessous pic.twitter.com/nHw4c6DNO4
— Romain Gaspar (@RomainGaspar) February 27, 2024
Engager les collectivités
Fertilidée est une société coopérative destinée à accompagner les entreprises et collectivités dans le développement de leurs initiatives de transformation écologique ancrées dans les territoires. Elle entend mener une recherche à l’échelle nationale pour cerner les enjeux du secteurs :
« L’enquête, menée sur une période de 10 semaines, visait à comprendre l’implication, les attitudes, les avantages perçus et les motivations exprimées, les freins et les attentes des collectivités »
Au total, 260 élus et agents publics issus de presque toutes les régions françaises ont participé au sondage. 50% des répondants occupent la fonction de maire (129), 42% sont adjoints (109) et le reste remplissent la mission de conseillers ou d’agents municipaux. Les paysages communaux sont diversifiés, car les répondants administraient autant des communes rurales (50%), qu’urbaines (22%), en passant par des communes situées en littoral (4%) ou à composantes mixtes (23%).
Si le nombre de sondés reste limité, la diversité des données permet une représentation globale des réalités municipales, « offrant ainsi une perspective diversifiée sur les perceptions liées à la transition écologique au niveau local ».
Des avantages et motivations d’action plutôt variés
Parmi ces agents publics, la plupart envisage positivement leur implication dans la transition écologique. On retrouve en tête des avantages à agir : participer à protéger la planète (82 %), offrir un meilleur cadre de vie aux citoyens (82 %), engager les citoyens de mon territoire dans une démarche vertueuse (77 %), faire des économies financières (économies d’énergie, par exemple) (72 %) ou encore favoriser une image attractive de ma commune (61 %). Seul 1% des répondants ne distinguait pas d’avantages à agir, seulement des contraintes.
Plus surprenant cependant, les motivations à l’action en faveur de l’écologie sont avant tout propres à l’agent publique interrogé. 91% d’entre eux mentionnent ainsi leurs convictions personnelles, alors que 52% seulement insistent sur la demande des citoyens du territoire. 42% des répondants perçoivent également la rentabilité économique de certaines actions et espèrent réaliser des économies. « On pourrait s’attendre à ce que l’engagement de la commune en faveur de l’écologie dépende surtout du nombre de citoyens engagés et votant sur le territoire », explique Fertilidée.
« Malheureusement, il est bien question de la conviction personnelle d’une poignée de représentants. Alors, à vos urnes ! ».
Une diversité d’intervention
Sur la question des terrains prioritaires d’intervention, la politique locale démontre une fois encore sa diversité et sa capacité d’influences multiples à petite échelle. « Les verbatims recueillis mettent en lumière divers domaines d’intervention souhaités par les mairies. Les répondants soulignent notamment l’importance de l’action sur les bâtiments communaux, avec des propositions telles que l’amélioration de l’isolation, le remplacement des éclairages publics par des LEDs, ou encore l’installation de panneaux solaires », développent les experts.
En outre, la végétalisation des espaces publics et la gestion des déchets restent des préoccupations récurrentes. « La mobilité douce est également abordée, avec des suggestions telles que le covoiturage, l’auto-partage, ou encore le développement des véhicules électriques ».
En ce qui concerne l’alimentation, les agents publics mettent en avant l’importance de favoriser une alimentation locale, bio et durable, et insistent sur le choix des menus proposés dans les cantines scolaires.
« La préservation de la biodiversité, la gestion de l’eau, et l’éducation à l’environnement sont également des thématiques fréquemment évoquées ».
Il reste des freins à l’action écologique
Si ces différentes actions sont incontestablement souhaitables et inspirantes pour entamer la transition écologique des collectivités locales, elles paraissent encore inaccessibles pour certains acteurs. Au sujet des inconvénients et des freins perçus, les répondants citent en premier lieu le manque de ressources financières (79 %), suivi du manque de ressources humaines (56 %) ou de compétences et méthodologie (39 %).
Heureusement, l’appréhension de ne pas faire l’unanimité ou de rencontrer des résistances au sein du territoire ne constitue pas un frein à l’action pour la plupart des personnes interrogées (22 %). « Retours d’expériences, formation des élus, aide au pilotage de la démarche… Les collectivités veulent se lancer, mais veulent se lancer dans de bonnes conditions et obtenir un aperçu concret et désirable des bénéfices d’une telle démarche », analyse Fertilidée.
Photo de Shane Rounce sur UnsplashLe groupe d’expert en transition des territoires insistent également sur la durée limitée des mandats électoraux communaux, rendant difficile la mise en place d’actions à long terme. « En outre, la capacité d’action des collectivités dépend fortement des personnes qui les composent, soulignant ainsi l’importance de convaincre et de mobiliser nos élus locaux », explique la société coopérative.
Les processus décisionnels longs et chronophages constituent également un obstacle majeur pour les petites collectivités qui cherchent le plus souvent à agir rapidement. Ces collectivités font face à des contraintes de ressources et de capacités qui rendent difficile la mise en œuvre rapide de projets écologiques ambitieux.
Pistes de réflexion en faveur de l’action locale positive
Pourtant, « il est impératif d’adopter des approches innovantes et agiles pour surmonter ces obstacles et progresser efficacement vers une transition écologique réussie », expliquent les auteurs de l’enquête. Fertilidée suggère notamment l’instauration de nouvelles méthodes de gouvernance participative, le renforcement des partenariats entre acteurs locaux et la meilleure gestion des ressources déjà disponibles.
Si l’enquête présente certaine limites inhérentes à la méthodologie utilisée, notamment en terme de taille réduite de l’échantillon, des biais de sélection des répondants ou de la présence de variables non-mesures, les résultats soulevés demeurent précieux pour identifier des tendances générales et des pistes de réflexion pour les politiques locales en faveur de la transition écologique.
– L.A.
Photo de couverture : @paysdesalternatives
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L’alimentation bio est-elle vraiment meilleure pour la santé ?
Sharon H.
À l’heure où de plus en plus de personnes s’inquiètent des conséquences à long terme de l’agriculture dite conventionnelle, d’autres préfèrent relativiser voire même jusqu’à remettre en cause les avantages pour la santé de l’agriculture biologique. Qu’en est-il réellement ?
Si l’agriculture biologique a déjà démontré ses bienfaits en matière de préservation de la biodiversité et de fertilité des sols, elle a cependant longtemps fait débat concernant la santé. Avec le recul des années, il existe désormais des études qui prouvent ses effets positifs sur le corps humain. Pour autant, l’agriculture bio ne peut être considérée comme le seul facteur vertueux puisque d’autres manières de produire entrent elles aussi en compte.
Des aliments plus riches en nutriment
Avec la forte inflation, le bio a connu un net recul dans le panier des Français ces derniers mois. Il faut dire que son prix peut être jusqu’à 75 % plus élevé que celui des produits classiques. Et si de telles différences peuvent s’expliquer par l’inaction des pouvoirs publics pour développer sa consommation ainsi que par les marges des distributeurs, on peut néanmoins légitimement s’attendre à y gagner quelque chose.
Les dernières études à ce sujet le confirment : ce type d’agriculture fournirait des aliments plus riches en nutriments (notamment en vitamine C, polyphénols, et oméga 3), mais aussi 12 % d’éléments phytochimiques en plus. Des composés naturels contenus dans les fruits et légumes qui ont des propriétés positives sur la santé en général.
Moins de produits néfastes
En plus de propriétés nutritives supérieures, l’agriculture biologique épargne aussi les corps de multiples substances néfastes notamment en évitant de nombreux pesticides, mais également du cadmium, un métal lourd et cancérigène que l’on retrouve dans les engrais de synthèse.
Déjà en 2012, des recherches démontraient que les produits non bio contenaient en moyenne 30 % de plus de pesticides et 48 % en plus de cadmium. Or ces substances sont très néfaste pour la santé humaine.
Quel impact sur les consommateurs ?
Une longue étude qui s’est déroulée sur plus de dix ans l’a prouvé, l’agriculture biologique aider à rester en bonne santé. Ainsi, les scientifiques ont par exemple relevé que l’exposition aux pesticides favorisait l’obésité et le diabète de type deux. À l’inverse, la teneur supérieure en oméga 3 et antioxydants de la nourriture bio permettrait de lutter contre le phénomène.
En outre, les individus adeptes du bio auraient 23 % de chances en moins d’être en surpoids et 31 % de risques en moins d’être obèse. Mieux, l’alimentation bio diminue de 25 % les possibilités de contracter un cancer. Le chiffre grimpe même jusqu’à 34 % pour le cancer du sein et 76 % pour les lymphomes. Cette nourriture aurait aussi un impact positif sur les risques cardio-vasculaires. Enfin, les résidus de pesticides pourraient également avoir une influence négative (notamment des anomalies cérébrales) sur les enfants en développement qu’ils soient très jeunes ou encore dans le ventre de leur mère.
Ces informations restent valables même si l’on considère que les personnes mangeant bio ont en général un mode de vie plus sain. En effet, pour éviter de se fourvoyer dans ce biais, les chercheurs ont corrigé leurs données par des modèles statistiques.
L’agriculture bio utilise-t-elle des produits nocifs ?
Un argument que l’on entend régulièrement dans la bouche des détracteurs de la nourriture bio consiste à affirmer que cette agriculture userait aussi des produits très néfastes pour l’organisme et que certains paysans non certifiés feraient de meilleurs aliments.
On évoque par exemple souvent le cas de la bouillie bordelaise (également employée dans l’agriculture conventionnelle), un produit phytosanitaire toléré dans l’agriculture biologique qui semble créer la polémique. Pourtant, l’immense majorité des fermes bio en France n’utilisent absolument aucun pesticide (au moins 85 % selon l’agronome Jacques Caplat).
Bouillie bordelaise utilisée dans la viticulture. Wikimedia.Comme le précise l’association Générations futures, à peine dix biopesticides autorisés dans l’agriculture bio ont une toxicité identifiée (dont aucun n’est suspecté d’être cancérigène), contre 340 dans l’agriculture conventionnelle. Finalement, les pesticides que l’on retrouve le plus dans les aliments bio sont peut-être bien ceux qui proviennent de l’agriculture conventionnelle et qui contaminent, notamment par les cours d’eau, les parcelles voisines. Ces dernières occupent en effet encore 90 % des terres exploitées en France.
Différents types d’agriculture
Bien évidemment, au-delà des aspects biologiques et conventionnels, il existe de nombreux types d’agriculture qui peuvent favoriser ou pas la qualité des produits. Le respect des saisons, les caractéristiques des terrains, le type de semences ou encore la nature des fertilisants peuvent avoir un impact non négligeable.
C’est dans ce cadre que s’inscrit par exemple l’agriculture régénératrice. De fait, celle-ci donne une importance capitale au respect des sols qui sont effectivement cruciaux pour fournir des aliments de valeur. À l’inverse, depuis juillet dernier, les légumes produits sous serres chauffées en hiver ont été réautorisés dans l’agriculture biologique, preuve que ce label n’est pas forcément synonyme de sobriété énergétique.
Mais pour être exact, lorsque l’on parle d’agriculture biologique, on compte en réalité plusieurs labels, dont le plus connu est sans doute le fameux AB qui est le seul décerné par les pouvoirs publics. Cependant, il en existe de même des privés, comme celui de Nature & Progrès, avec un cahier des charges plus strict.
L’agriculture bio favorise la vie du sol. Flickr.Certains petits paysans peuvent également produire des aliments de très grandes qualités (parfois même supérieur au bio) sans pour autant disposer d’un label, parfois pour échapper aux contraintes administratives. Pour autant, se cacher derrière cette minorité qui ne représente pas l’essentiel de notre consommation pour dénigrer le bio paraît peu pertinent.
Une question d’équilibre
Dans tous les cas, la nourriture bio ne doit évidemment pas servir de caution à une alimentation déséquilibrée. Fondamentalement, il est même tout à fait possible de manger d’une façon moins saine avec des repas uniquement bio qu’avec de la nourriture classique.
Pour avoir un sens, la comparaison doit alors se faire avec des aliments de type identique. Il serait par exemple absurde de faire un parallèle entre de la pâte à tartiner bio avec des brocolis en agriculture conventionnelle. Les habitudes de vie ont donc, elles aussi, une importance cruciale dans la santé des consommateurs.
Toutefois, de manière globale, et en moyenne, il apparaît pourtant clair que manger bio offre de nombreux avantages en matière de santé. Dans ce contexte, il est à déplorer que les politiques publiques de ces dernières années ont plutôt fait la part belle à l’agriculture chimique.
Les récentes manifestations paysannes ont d’ailleurs elles aussi été instrumentalisées pour affaiblir un peu plus les normes écologiques au profit des fermes industrielles. Et ce, une nouvelle fois, au détriment des populations les plus précaires. Un constat d’autant plus regrettable qu’une étude confirme bien qu’il serait tout à fait possible de nourrir l’humanité avec le l’agriculture bio.
– Simon Verdière
Photo de couverture : Bernard Ronot, visite de la plate-forme de blés anciens à Fromenteau (Côte d’Or). Flickr
The post L’alimentation bio est-elle vraiment meilleure pour la santé ? first appeared on Mr Mondialisation.Publié le 12.04.2024 à 14:00
Grenoble : l’eau menacée par l’extension de deux usines Tech
Sharon H.
Depuis plus d’un an, le collectif STopMicro se mobilise contre deux géants de la tech grenobloise, les entreprises ST Microelectronics et Soitec. Ces deux fabricants de puces électroniques consomment à elles deux 29 000 m³ d’eau par jour, soit l’équivalent de 12 piscines olympiques. Portrait d’une lutte.
Malgré la pression et la pollution exercées sur la ressource en eau, les deux usines grenobloises ST Microelectronics et Soitec projettent de s’agrandir. Les 5, 6, 7, et 8 avril 2024, plusieurs milliers de personnes se sont réunies sous le mot d’ordre : « de l’eau, pas des puces ».
« de l’eau, pas des puces ! »
Pendant l’été 2022, en pleine sécheresse, le président Emmanuel Macron s’est rendu à Crolles, à côté de Grenoble, pour annoncer l’extension de l’usine de l’entreprise ST Microelectronics, et le soutien financier de l’État à hauteur de 2,9 milliards d’euros. Le montant est astronomique. En effet, c’est le plus grand soutien de l’État à une entreprise en dehors du secteur nucléaire.
@STopMicroPourtant, cette entreprise est de plus en plus contestée. L’été 2022 a été marqué par un important épisode de sécheresse dans la vallée du Grésivaudan. Alors que des habitant.es et des agriculteur.ice.s ont connu de nombreuses restrictions d’eau de la part de leurs communes, les usines de puces électroniques étaient autorisées à utiliser toute l’eau dont elles avaient besoin. Depuis cet événement, la contestation contre ces usines ne fait que croître.
L’accaparement de l’eau à la source du capitalisme industriel
Ces dernières années, la défense de l’eau est une thématique de plus en plus présente dans les combats écologistes. Que l’on pense évidemment aux luttes contre les méga-bassines dans les Deux-Sèvres, à celles contre les retenues collinaires dans les Alpes ou contre l’installation de golfs, notamment dans les Pyrénées Orientales…
Le vendredi 5 avril au soir, donc, une conférence de l’historien François Jarrige a permis de planter le décor du week-end de mobilisation. Celui-ci nous a rappelé la façon dont le capitalisme s’est fondé sur un accaparement continu de l’eau. Des premières usines à textile en passant par les machines à vapeur, l’eau a régulièrement été au centre de nombreux conflits d’usages.
@STopMicroMais si, il y a quelques siècles, il était encore envisageable de prioriser des usages quotidiens de l’eau à la production de marchandises, ce n’est aujourd’hui plus le cas. Les entreprises ST Microelectronics et Soitec en sont les parfaits exemples. Leur fabrication de puces électroniques (aussi appelées semi-conducteurs) est très gourmande en eau.
« Les deux usines consomment 29 000 m³ d’eau par jour, soit l’équivalent de la consommation domestique de 200 000 personnes ».
Ces deux usines en consomment 29 000 m³ par jour, soit l’équivalent de la consommation domestique de 200 000 personnes. Après agrandissement, la seule usine ST consommerait plus de 33 000 m³ par an. Dans une période où l’eau risque de manquer de plus en plus régulièrement, les demandes de concertations sur les usages et le partage de l’eau deviennent toujours plus pressantes.
De l’eau pour des puces ? – de l’eau, pas des puces !
@STopMicroMais à quoi servent ces puces ? « Ce site est unique en France car ses clients c’est Apple, Tesla, Space X, Général Motors, Ford. En Europe, c’est Schneider, Siemens, Bosch, etc. C’est toute la palette de grands groupes automobiles, industriels », avait déclaré Jean-Marc Chéry, le PDG de STMicro, lors de la visite de président de la république en juin 2022.
L’entreprise fournit également des entreprises qui fabriquent des bouteilles d’eau connectées, des pommeaux de douches intelligents, et un ensemble de gadgets pour la domotique (les maisons intelligentes). Ce qu’elle publicise moins, c’est l’équipement en semi-conducteurs pour du matériel de guerre.
Sur le front Ukrainien, on peut retrouver des drones kamikazes KUB-BLA de l’armée russe alimentés par les puces de ST Micro selon l’Obsram (l’observation des armements). Au regard de tous ces usages, autant civils que militaires, les opposants sont dans l’incompréhension. Pourquoi fournir des dérogations à des usines qui accélèrent la dématérialisation des vies et qui entraînent la mort sur les fronts de guerre ?
Un cortège festif – 2000 personnes le samedi après-midi
@STopMicroLe samedi 6 avril, à 14h, 2000 personnes se sont réunis au pied de la tour Perret pour le départ de la manifestation. En plus du char dénonçant la vie connectée que promet ST Micro et les nombreuses banderoles contre l’accaparement de l’eau, le collectif Urgence Palestine a rejoint le cortège pour dénoncer le lien entre les sociétés de la tech grenobloise et des institutions comme le CEA (commissariat à l’énergie atomique) qui participent à l’industrie de l’armement.
Au rythme des fanfares et de l’accrochage spectaculaire de banderoles sur les câbles du tramway, le cortège s’est rendu jusqu’à la presqu’île scientifique. « C’est une première historique », ont rappelé les manifestant.es. Jamais un rassemblement n’avait eu lieu aussi proche du CEA et du centre de recherche de STMicro.
Encore plus proche des usines – 400 personnes à Crolles le dimanche
@STopMicroLe dimanche était consacré à un rassemblement à Crolles, ville où sont situées les usines de Soitec et ST Micro. Pendant l’après-midi, certain.es sont allés visiter les usines pour se rendre compte de plus près de la taille de ces usines. D’autres ont participé à des discussions sur l’avenir du Grésivaudan, essayant de prendre le contre-pied de ce projet en imaginant à plusieurs des futurs désirables.
D’autres encore ont assisté à une table ronde sur la numérisation de l’agriculture, l’un des secteurs de recherche de STMicro pour promouvoir le « smart farming » et le remplacement du travail agricole par un ensemble de capteurs, de drones, et de GPS capables de réguler l’ensemble des paramètres nécessaire à la production.
Cette discussion a été l’occasion de formuler à nouveau une critique du monde promu par des entreprises comme STMicro et Soitec, et de s’attaquer à la « transition écologique » telle qu’elle est soutenue par ce type d’acteurs. Alors que le numérique prétend donner naissance à une époque dématérialisée, ce secteur d’activité a créé de nouvelles façons de pilier la terre et de polluer l’eau.
Ce dimanche, le collectif StopMicro a eu un mot pour les personnes qui luttent en Uruguay contre les Datacenters de Google, pour les chiliens dont l’eau est pillée pour alimenter les mines de Lithuim, « et pour tant d’autres dans le monde ».
Bloquer la presqu’île – faire monter la pression
@STopMicroLe lundi 8 avril au petit matin, une centaine de militant.es ont bloqué les accès routiers à la presqu’île scientifique pendant plus d’heure. Dans le communiqué de l’action, les manifestant.es expliquent leur geste :
« De la recherche nucléaire aux micro-puces qui accaparent une partie de l’eau de la vallée, nous considérons que la presqu’île produit, directement ou indirectement, un monde toujours plus déconnecté de la réalité vivante de notre environnement ».
Partie de l’accaparement de l’eau, la critique s’étoffe. Ses mots d’ordre se multiplient. Contre la vie connectée, contre l’industrie de l’armement, contre la transition écologique, dont les dégâts sont de plus en plus documentés dans les pays d’extractions de minerais. Et bien sûr : pour une rupture, un changement de cap, pour la vallée du Grésivaudan.
– Lilou Z.
The post Grenoble : l’eau menacée par l’extension de deux usines Tech first appeared on Mr Mondialisation.Publié le 11.04.2024 à 06:57
Des images de vaches torturées dans un abattoir Bigard
Sharon H.
Ce jeudi 11 avril, L214 révèle des images de l’abattoir Bigard de Venarey-les-Laumes en Côte-d’Or (Bourgogne-Franche-Comté). La vidéo de mars 2024 montre l’abattage sans étourdissement (halal et casher) de vaches et de veaux, et des actes de violence délibérée. Révélations inédites et, attention, réalité difficile.
L214 porte plainte et demande la fermeture de l’abattoir, ainsi que la fin de la dérogation autorisant les abattages d’animaux sans étourdissement. L214 demande à rencontrer les représentants de la Grande Mosquée de Paris, d’Évry-Courcouronnes et de Lyon, ainsi que les représentants du Consistoire de France afin d’entamer un échange sur cette enquête.
Des animaux suspendus encore conscients, la gorge béante
Lors de ces abattages réalisés sans étourdissement, les animaux sont poussés dans un box rotatif qui les retourne sur le dos, puis sont saignés à vif. La majorité d’entre eux sont égorgés par un geste de cisaillement, avec des retours dans la plaie ouverte à la lame ou à la main alors que la saignée doit être effectuée en un seul passage et en un seul geste.
« redressement du haut du corps, tentative de se mettre debout, clignement des yeux, mouvements volontaires.
Certains sont en panique totale »
Les animaux sont relâchés du box rotatif juste après l’égorgement, alors que l’immobilisation doit être maintenue jusqu’à l’état d’inconscience. Ils montrent des signes de conscience évidents une fois sur la table d’affalage et jusqu’à leur suspension : redressement du haut du corps, tentative de se mettre debout, clignement des yeux, mouvements volontaires. Certains sont en panique totale.
abattoir-bigard-venarey-les-laumes-animal-conscient-affalage @L214Dans l’enclos d’attente, des animaux sont frappés : un bovin subit l’acharnement du bouvier, qui le bat avec rage et lui enfonce son bâton dans l’anus. L’animal reçoit en une minute plus de 20 coups violents sur le corps et la tête.
Les 60 tonnes de viande bovine produites chaque jour sont commercialisées sous certifications halal, casher et dans le circuit conventionnel, principalement dans les grandes surfaces, entre autres sous la marque Bigard, et chez des bouchers artisanaux. La viande produite sous certification halal et casher alimente aussi le circuit standard¹.
abattoir-bigard-venarey-les-laumes-bouverie-violence-coups-rage @L214L214 s’adresse aux représentants religieux
Cet abattoir abat essentiellement des bovins de façon rituelle, sans étourdissement des animaux au préalable. Les communautés juives et musulmanes sont donc particulièrement concernées par les pratiques et les souffrances extrêmes vécues par les animaux dans cet abattoir.
Il est important que les autorités religieuses se saisissent des enjeux éthiques liés à l’abattage sans étourdissement des animaux, dont les souffrances supplémentaires font consensus auprès des principales institutions vétérinaires. Il leur appartient aussi, comme tout acteur majeur de la société, de s’emparer des impératifs à végétaliser l’alimentation.
L’abattage des animaux est encadré par la réglementation européenne : « Les animaux sont mis à mort uniquement après étourdissement […]. L’animal est maintenu dans un état d’inconscience et d’insensibilité jusqu’à sa mort. » Mais une dérogation à l’obligation d’étourdissement y est prévue : l’abattage sans étourdissement pour le marché halal et casher.
Cette dérogation est facultative et non obligatoire dans chaque législation nationale. C’est pourquoi L214 demande au ministère de l’Agriculture la fin de l’application de cette dérogation.
Danemark, en Norvège, en Finlande, en Suède, au Luxembourg ou encore en Suisse,… Plusieurs pays d’Europe ont déjà adopté des pratiques différentes pour produire de la viande certifiée halal et casher².
abattoir-bigard-venarey-les-laumes-veau-abattage @L214L214 porte plainte contre l’abattoir et exige sa fermeture en urgence
L214 porte plainte contre l’abattoir pour sévices graves et actes de cruauté auprès du procureur du tribunal judiciaire de Dijon pour les faits suivants :
- coups d’aiguillon sur des endroits interdits,
- violents coups donnés à des animaux,
- manipulations interdites et source de souffrance,
- absence d’immobilisation durant toute la saignée,
- temps d’attente excessif dans le box d’immobilisation avant saignée,
- défaut de vérification de l’état d’inconscience et la suspension d’animaux conscients,
- inadaptation des installations et du matériel,
- saignée par cisaillement et le défaut de compétence du personnel,
- méconnaissance des règles relatives à l’abattage d’urgence.
L214 demande au préfet de la Côte-d’Or la suspension immédiate de l’agrément d’abattage qui a été délivré à cet abattoir au vu des graves dysfonctionnements. Seule une fermeture permettrait d’éviter que ces infractions se reproduisent au lendemain de cette enquête, et ainsi de protéger les animaux prévus à l’abattage les jours prochains.
Pour Olivier Morice, porte-parole de L214 : « Cette enquête est l’occasion pour L214 de s’adresser à tous les consommateurs de viande, qu’elle soit halal, casher ou standard. La mise à mort des animaux, quel que soit le type d’abattage, est l’affaire de tous.
Les 25 abattoirs épinglés par L214 ont tous un point commun, c’est la souffrance des animaux. Nous l’avons encore montré en janvier dernier à l’abattoir de Craon où des animaux étaient découpés vivants.
Élevage en cage, animaux entassés, mutilations, abattage avec ou sans étourdissement : il est urgent de s’engager collectivement vers un objectif concret de – 50 % d’animaux tués d’ici 2030. Pour cela, chacun doit prendre sa part de responsabilités : le gouvernement, les industriels, les distributeurs, les consommateurs, mais aussi les autorités religieuses. »
abattoir-bigard-venarey-les-laumes-egorgement-souffrance @L214Bigard : le règne de l’opacité
« En France, ses 30 abattoirs produisent 43 % de la production française de viande et 70 % des steaks hachés »
Le groupe Bigard (marques Bigard, Charal et Socopa) est le leader européen du boeuf. En France, ses 30 abattoirs produisent 43 % de la production française de viande et 70 % des steaks hachés.
Comme pour la publication de ses comptes, le groupe Bigard s’oppose à toute transparence concernant la mise à mort des animaux. Au cours de la commission d’enquête de 2016 sur les conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français, Jean-Paul Bigard déclarait :
« L’acte de mort est totalement verrouillé. […] nous n’avons aucun intérêt à mettre en scène et à ouvrir le début d’une chaîne d’abattage. […] on ne peut pas montrer des animaux pour dire au consommateur qu’il va manger de la bonne viande. Bigard, Charal et Socopa investissent des sommes considérables dans la communication. Avec les “Hachés de nos régions”, on voit furtivement, pendant une seconde, un troupeau de vaches normandes, mais tout de suite après on parle de viande et surtout pas de ce qui se passe dans l’abattoir. »
Update : Réaction de BIGARD et du Ministère
Suite aux images révélées par L214 ce jeudi 11 avril, les services de la préfecture de la Côte-d’Or se sont rendus ce jeudi 11 avril à l’abattoir Bigard de Venarey-les-Laumes. Dans un communiqué, la préfecture annonce un audit et la suspension provisoire des abattages des veaux et des bovins de grand gabarit.
Des mesures dérisoires au regard des graves infractions observées sur les images, en particulier les animaux libérés de leur contention encore conscients qui se débattent jusqu’après leur suspension. Une non-conformité majeure déjà constatée en 2016 et qui aurait dû être sanctionnée par les services vétérinaires de l’État présents quotidiennement sur place.
En conséquence, L214 engage ce jour un recours contre l’État pour manquement à sa mission de contrôle.
La préfecture de Côte-d’Or contrôle un abattoir… contrôlé quotidiennement par ses propres services
Informé de l’enquête à paraître, le préfet de la Côte-d’Or a annoncé dans un communiqué prendre « des mesures immédiates ». Les mesures immédiates en question : envoyer sur place le directeur départemental de la DDPP21 « afin d’évaluer la situation et la nécessité de mettre en œuvre des mesures correctives ».
Dans le même communiqué, la préfecture rappelle pourtant que « cet abattoir fait l’objet d’un contrôle permanent par la Direction départementale de la protection des populations de Côte-d’Or (DDPP21 – ex services vétérinaires) chargée de l’application de la réglementation relative à la protection animale ». Alors pourquoi ces infractions n’ont-elles pas été corrigées par les agents vétérinaires présents quotidiennement à l’abattoir ?
Le ministère de l’Agriculture envisage le contrôle vidéo dans les abattoirs
« Cette mesure est une tentative de diversion »
Le ministère de l’Agriculture envisage le contrôle vidéo « comme une des réponses à apporter pour lever le climat de suspicion et de défiance qui règne sur les abattoirs ».
Pour L214, il est impossible d’espérer pouvoir limiter la souffrance de plus d’un milliard d’animaux abattus chaque année en France avec des caméras qui ne seront accessibles qu’aux services vétérinaires, déjà présents dans les abattoirs. Cette mesure est une tentative de diversion pour éviter d’aborder la seule solution qui traite vraiment le problème de la souffrance des animaux d’élevage, déjà évoquée par le récent rapport de la Cour des comptes, à savoir diminuer le nombre d’animaux élevés, comme s’y engagent déjà d’autres pays (Allemagne, Pays-Bas).
« Il faut diminuer le nombre d’animaux élevés »
Pour Sébastien Arsac, directeur des enquêtes de L214 : « Les mesures annoncées par la préfecture sont dérisoires, pour ne pas dire risibles ! Les mesures correctives, c’est au quotidien que les services vétérinaires présents à l’abattoir sont censés les demander ! Ces non-conformités sont d’ailleurs connues depuis 2016, où les mêmes dysfonctionnements avaient déjà été observés… par les mêmes services ! Les services de l’État sont au courant depuis des années, ils se moquent du monde en prétendant les découvrir aujourd’hui. Nous portons donc plainte contre les services de l’État pour manquement à leur mission de contrôle !
La seule solution pour limiter la souffrance des animaux dans les abattoirs, c’est de diminuer les cadences et donc de diminuer le nombre d’animaux tués. L214 va mettre tous les moyens en œuvre pour atteindre un objectif très concret : diminuer de 50 % le nombre d’animaux tués d’ici 2030. »
Signer la pétition adressée à Franck Robine, préfet de la Côte-d’Or, et à Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture.
1. L’ensemble de la carcasse et des organes d’un bovin ne peut être certifié casher (sources : OABA p. 5 et SMAC Corse), la viande est donc acheminée vers le marché conventionnel, tout comme le surplus de viandes halal et casher qui ne trouve pas de preneur sur le marché confessionnel (source : note de service DGAL – Ministère de l’Agriculture – p. 19).
2. Au Danemark, en Norvège, en Finlande, en Suède, au Luxembourg ou encore en Suisse, les animaux sont étourdis avant l’abattage rituel. La Belgique (hors région de Bruxelles-Capitale) a également mis fin à l’abattage sans étourdissement, décision validée par la Cour européenne des droits de l’Homme en février 2024.
Aux Pays-Bas, les autorités musulmanes ont accepté par un contrat passé avec l’État le principe de l’étourdissement post-jugulatoire, comme le rapportait Arnaud Schaumasse du bureau central des cultes lors de la commission d’enquête parlementaire sur les conditions d’abattage des animaux en France (2016).