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19.11.2024 à 16:58

Comment la RDA a cherché à imprimer sa marque à la langue allemande

Laurent Gautier, Professeur des Universités en linguistique allemande et appliquée, Université de Bourgogne

En novembre 1989, la chute du mur de Berlin a mis fin à la séparation Est-Ouest. Les deux Allemagnes réunifiées étaient alors marquées par de nombreuses divisions, notamment sur le plan linguistique.
Texte intégral (2697 mots)
Mur de Berlin en mars 1990. Au temps de l'Allemagne divisée, les dirigeants de la RDA ont tenté de mener une politique linguistique se distinguant de l'Allemagne de l'Ouest. DacologyPhoto / Shutterstock

En novembre 1989, la chute du mur de Berlin a mis fin en l’espace de quelques heures seulement à près de quarante années de séparation entre les parties est et ouest de la ville, aboutissant à la réunification des deux Allemagnes. Les divisions entre ces deux sociétés étaient multiples, mais certaines demeurent encore peu connues, notamment sur le plan linguistique.


Il y a 35 ans, la chute du mur de Berlin, érigé en 1961, marque la réunion d’une ville divisée – Berlin-Ouest, sorte d’île à l’intérieur du territoire est-allemand d’un côté, Berlin-Est de l’autre – et d’un État divisé, partagé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale entre la République fédérale d’Allemagne (RFA) et la République démocratique allemande (RDA).

Les analyses ne manquent pas sur les processus ayant conduit à la disparition du mur et à la naissance, un an plus tard, d’un État allemand unifié. Les dimensions entre autres politiques, institutionnelles, économiques ou culturelles ont ainsi été étudiées, avec une attention particulière portée à la ville de Berlin. Toutefois, un aspect concernant cette séparation de quarante années reste moins connu, surtout en dehors des territoires allemands : l’évolution qu’a subie au cours de ces quatre décennies et demie la langue allemande en RDA.

Le langage, un miroir de la société est-allemande

La langue évolue au fil du temps : c’est une évidence. Mais, souvent, cette variation est abordée sur le temps long à l’échelle d’un ou de plusieurs siècles ; ou bien sur un temps extrêmement court avec l’apparition de néologismes sous la pression du besoin que nous avons de nommer de nouveaux concepts (découvertes scientifiques, inventions, etc.). Dans ce contexte, les quarante années de division de l’Allemagne représentent un laboratoire intéressant.

Un groupe de réfugiés est-allemands assis sur un banc, archive de 1961
Des réfugiés est-allemands attendent d’être transportés vers l’Allemagne de l’Ouest en juillet 1961. Extrait de la brochure « A City Torn Apart : La construction du mur de Berlin ».

À un premier niveau, les divergences de fond entre les systèmes des deux États ont entraîné de grandes divergences lexicales, illustrant la manière dont un lexique peut donner à lire l’évolution d’une société. Deux séries de mots nouveaux sont ainsi apparues en RDA.

D’une part, des mots qui dénommaient des réalités est-allemandes n’existant pas sous une forme identique en RFA. Par exemple, le Dispatcher emprunté au russe, qui désigne un employé chargé de contrôler le processus de production et la bonne réalisation des objectifs imposés par la planification économique du régime.

D’autre part, des mots désignant des réalités partagées mais pour lesquelles des dénominations particulières permettaient de marquer la spécificité est-allemande et, ainsi, de mieux se « démarquer » de l’Allemagne de l’Ouest – octroyant de fait une marque idéologique au concept nommé.

C’est le cas de la formule Antifaschistischer Schutzwall employée pour désigner le mur de Berlin – une dénomination qui cherche à opérer une redéfinition politique au service de l’idéologie en place. Elle ne fait pas du mur un élément de division, mais lui attribue un rôle protecteur pour les citoyens de RDA face à une Europe occidentale ennemie qualifiée de fasciste. Il s’agit là d’un leitmotiv dans le discours officiel de RDA, bien analysé dans les travaux de recherche allemands, en particulier ceux de la linguiste Heidrun Kämper.

Berlin est aussi l’objet d’une intéressante paraphrase désignant la partie Est de la ville : Berlin Hauptstadt der DDR (littéralement : « Berlin, capitale de la RDA »). La non-utilisation du mot Est permet de faire passer la partition de la ville au second plan.

Quatre ouvriers est-allemands dans une aciérie de la région de Dresde en 1989
Aciérie et laminoir de Riesa dans la région de Dresde (en Allemagne de l’Est) le 3 octobre 1989. Wikimedia, CC BY

L’autre forme par laquelle le lexique reflète les évolutions divergentes des deux sociétés allemandes relève des « néologismes de sens », c’est-à-dire de l’apparition de nouveaux sens donnés à des mots existants.

Le terme Brigade désignait en allemand (et désigne d’ailleurs toujours) une « brigade » dans les deux sens principaux du terme existant aussi en français, pour l’armée et en cuisine. En RDA, un sens supplémentaire, emprunté au russe, lui a été attribué : celui de la plus petite unité d’ouvriers dans une entreprise de production.


À lire aussi : Et si on réunifiait enfin l’Allemagne…


Le lexique n’est toutefois pas le seul niveau linguistique touché par ces changements. La syntaxe – le mode de construction des phrases – l’est également, par exemple à travers l’utilisation accrue de formes passives qui permettaient d’exprimer les contenus, en particulier dans le domaine politique, de façon dépersonnalisée et sans jamais citer les agents des actions. Donnant le sentiment que ces décisions s’imposaient d’elles-mêmes à la population sans que personne ne soit désigné pour en avoir été à l’origine.

Les formules de routine, rythmant les interactions quotidiennes, se sont aussi « teintées de RDA ». À l’instar de Freundschaft (« amitié ») qui était la formule de salutation lors des rencontres de l’organisation de jeunesse Freie Deutsche Jugend (« jeunesse libre allemande »), ou mit sozialistischen Grüssen (« avec des salutations socialistes »), expression utilisée comme formule de clôture dans les lettres.

Les textes et les discours n’étaient pas en reste, avec deux types de textes emblématiques : les « blagues de RDA » (DDR-Witze), mettant généralement en scène le régime, le parti unique ou les conditions de vie ; et les lettres de réclamation, dites Eingaben, un type de texte inventé par le régime et à la structure très figée.

Le film Good Bye Lenin ! en présente un exemple parfait. Le personnage de Christiane Kerner – la mère du protagoniste – aidait, du temps de la RDA, des personnes dans l’écriture de leurs Eingaben. Sur un mode ironique, le film met ainsi en évidence la façon dont cette variété d’allemand était sclérosée, reposant sur des fossilisations de formules « prêtes à l’emploi » et le plus souvent vides de sens.

Bande annonce de Good Bye Lenin ! (2003) réalisé par Wolfgang Becker. Le film se déroule en ex-RDA où le jeune Alex Kerner tente de cacher la disparition de la RDA à sa mère, Christiane, fervente communiste s’éveillant d’un long coma bien après la chute du mur.

À lire aussi : L’Allemagne de l’Est est-elle la grande perdante de l’unification ?


Avant ce film devenu culte, des écrivains de RDA s’employaient déjà à montrer le ridicule de cette langue largement artificielle (incarnée en particulier par le quotidien Neues Deutschland). Ils dé-construisaient ces formules pour en faire tomber les masques linguistiques.

La création d’une variété linguistique : une décision politique

L’état des lieux de l’allemand en RDA, décrit plus haut, doit être contextualisé d’abord sur le plan linguistique. Les années 1960-1970 sont marquées dans l’espace germanophone par un large débat sur la question des variétés de la langue. La question était de savoir si l’allemand n’existait que sous une seule forme, celle de l’Allemagne – le plus souvent réduite de manière implicite à la RFA –, et si les variétés autrichienne ou suisse devaient être considérées comme des « déviances » par rapport à cette unique norme de référence ; ou s’il fallait considérer l’allemand, à l’instar notamment de l’anglais, comme une langue dotée de différents centres légitimes (ici, l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse) caractérisés par des variétés propres historiquement constituées et sources d’identification pour les locuteurs locaux.

Or dans le cadre de cette discussion sur la langue, la RDA voit une carte à jouer sur le plan politique. En 1969-1970, une rupture survient dans le discours officiel est-allemand : les officiels postulent l’existence d’une « langue » différente de celle pratiquée en RFA, appuyant la revendication d’une nation est-allemande. Cela s’est traduit concrètement et au premier chef dans le travail lexicographique de « fabrication » des dictionnaires. Depuis 1952, un groupe de travail à l’Académie des Sciences de Berlin (Est) élabore un dictionnaire de référence produit en RDA, le Wörterbuch der deutschen Gegenwartssprache (dictionnaire de la langue allemande contemporaine), aujourd’hui accessible en ligne.

Après la parution des trois premiers tomes, le travail de cette commission connaît une inflexion afin de mettre en œuvre le programme de politique linguistique du régime. Stigmatisation systématique des mots propres à la RFA et plus généralement à l’Europe occidentale tels que Faschismus (fascisme) ou bürgerlich (bourgeois), révision des définitions et des exemples pour les rendre conformes à l’idéologie du régime, attention accrue portée aux mots et aux expressions propres à la RDA. Cette inflexion a non seulement concerné les tomes encore en cours d’élaboration (4 à 6) mais a aussi débouché sur une refonte des trois premiers pour les rendre plus « conformes ».

Toutefois, peu de sources permettent de mesurer aujourd’hui le véritable degré de pénétration de cette politique linguistique dans la pratique réelle des locuteurs est-allemands. Les sources les plus accessibles relèvent toutes du discours officiel, public ou médiatique, qui appliquait scrupuleusement les préconisations du régime. Afin de contourner ce biais, il faut donc aussi consulter les égo-documents (correspondances privées, journaux intimes, biographies linguistiques) qui permettent d’accéder à une part d’intime – dimension essentielle pour étudier les usages d’une langue.

Aujourd’hui, l’emploi de termes propres à l’ancienne RDA n’est jamais dû au hasard. Ils peuvent avoir une valeur documentaire car relevant de réalités désormais historiques, ou être utilisés de façon ironique pour marquer une forme de distanciation. L’attention de la recherche sur la langue allemande – comme pour d’autres idiomes – porte davantage sur les évolutions récentes : néologismes, par exemple liés à la pandémie ou aux questions climatiques, évolution des modes d’écriture liés aux dispositifs sociotechniques, places des emojis, etc.

The Conversation

Laurent Gautier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

19.11.2024 à 16:57

Qu’est-ce que le biomimétisme ?

Cathy Grosjean, Enseignante-chercheuse sur la transition écologique, UCLy (Lyon Catholic University)

Comment s’inspirer des principes du vivant tout en respectant la biosphère ? Le biomimétisme nous invite à replacer l’homme comme une espèce vivante parmi les autres espèces vivantes. Explications.
Texte intégral (1058 mots)

Comment s’inspirer des principes du vivant tout en respectant la biosphère ? Le biomimétisme nous invite à replacer l’homme comme une espèce vivante parmi les autres espèces vivantes. Explications.


Quel point commun entre les vitrages auto-nettoyants, les verres fabriquées par chimie douce et le traitement des eaux usées ECOSTP ? Tous relèvent du biomimétisme, une démarche visant à résoudre des problèmes et concevoir des solutions en s’inspirant des principes du vivant tout en respectant la biosphère et les limites planétaires.

Ainsi, les vitrages auto-nettoyants reproduisent l’effet superhydrophobe observé à la surface des feuilles de Lotus : une surface microtexturée et très hydrophobe qui ne retient ni la saleté ni l’eau. La chimie douce fabrique du verre à température ambiante en s’inspirant des processus biologiques identifiés chez les Diatomées, des microalgues qui fabriquent des « carapaces » transparentes en verre de silice. Quant au procédé ECOSTP, il s’inspire du fonctionnement de l’estomac à plusieurs chambres des vaches pour purifier l’eau sans alimentation électrique.

Les solutions identifiées par cette démarche sont ainsi par essence même économes en matière et en énergie, robustes et résilientes, elles s’insèrent dans leur milieu sans le dégrader et elles ne génèrent pas de déchets non réutilisables, au même titre que les processus développés par l’ensemble des êtres vivants au long des 3,8 milliards d’années d’évolution de la vie sur Terre.

Le tournant des années 1990

Cette démarche de biomimétisme a toujours existé spontanément dans les populations humaines mais elle s’est structurée et théorisée récemment. Le terme lui-même de biomimétisme a été proposé pour la première fois en 1969 par le biophysicien américain Otto Herbert Schmitt dans le titre de son article Some interesting and useful biomimetic transforms.

Une étape majeure dans la structuration du concept a été la publication en 1997 du livre de l’Américaine diplômée en gestion des ressources naturelles Janine Benuys Biomimétisme : quand la nature inspire des innovations durables (Biomimicry : Innovation Inspired by Nature). L’auteure a regroupé et structuré de nombreuses approches hétérogènes comme la permaculture, la symbiose industrielle, l’écoconception… et a proposé de quitter la vision très technique de la bionique (démarche qui crée des systèmes technologiques inspirés du vivant) pour construire la vision systémique du biomimétisme, qui prend en compte les conditions d’équilibre et les interactions entre les différents éléments du système vivant étudié.

Qu’est-ce que le biomimétisme ?

Comment s’inspirer des principes du vivant tout en respectant la biosphère ? Le biomimétisme nous invite à replacer l’homme comme une espèce vivante parmi les autres espèces vivantes. Explications.

Sous l’impulsion de ce livre, des think tanks et des cabinets de conseil se sont ensuite créés, tels que Biomimicry 3.8 et le Biomimicry Institute aux États-Unis, ou le CEEBIOS (Centre d’excellence en biomimétisme de Senlis) en France.

Ainsi le biomimétisme s’est développé et installé dans le paysage mondial ces vingt-cinq dernières années : la mise en œuvre technologique du concept s’est accompagnée d’une définition par une norme ISO, les politiques s’en sont également emparés et les chercheurs ont commencé à livrer des analyses critiques, notamment sous l’angle de la philosophie et de l’éthique.

Des enjeux éthiques

Le biomimétisme doit désormais faire ses preuves. Se contenter de reproduire des concepts techniques ne suffira pas, seule l’intégration d’une dimension systémique peut répondre aux enjeux environnementaux de manière réellement soutenable. Quelques réalisations indiquent que c’est possible, comme celles relevant de l’écologie industrielle et territoriale ou encore les démarches de type permaentreprise.

Cette dimension systémique est rendue visible par le terme d’écomimétisme parfois utilisé à la place de biomimétisme : il enjoint de nous inspirer non pas seulement des fonctions biologiques mais des propriétés des écosystèmes, donc de prendre en compte les interrelations entre les espèces et les populations, la circularité des flux de matière et d’énergie, la frugalité dans l’utilisation des ressources… : des propriétés des écosystèmes garantes du respect de la biosphère et des limites planétaires.

Le biomimétisme et l’écomimétisme doivent également faire leurs preuves dans leur capacité à intégrer une réflexion éthique : imiter la nature pour des applications purement techniques n’est qu’une instrumentalisation de plus de la nature.

De nombreux auteurs invitent au contraire à un changement de paradigme philosophique : replacer l’homme comme une espèce vivante parmi les autres espèces vivantes. Car c’est la position dominante de l’homme vis-à-vis de la nature qui a abouti à notre économie extractiviste, linéaire et mondialisée, destructrice de nos milieux de vie et des conditions d’habitabilité de la Terre.

The Conversation

Cathy Grosjean ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

19.11.2024 à 16:55

Pourquoi notre environnement nous semble plat alors que la Terre est ronde ?

Kelly R. MacGregor, Professor of Geology, Macalester College

Tout est une question de perspective : Plus on monte, plus on voit la courbe.
Texte intégral (1013 mots)
Cette image d'une tempête tropicale prise en 2014 depuis la Station spatiale internationale montre clairement la courbure de la Terre. NOAA/Getty Images

Depuis que les Grecs de l’Antiquité ont fait des observations de la Lune et du ciel, les scientifiques savent que la Terre est une sphère. Nous avons tous vu de magnifiques images de la Terre depuis l’espace, certaines photographiées par des astronautes et d’autres collectées par des satellites en orbite. Alors pourquoi notre planète ne semble-t-elle pas ronde lorsque nous nous trouvons dans un parc ou que nous regardons par la fenêtre ?

La réponse est une question de perspective. Les êtres humains sont de minuscules créatures vivant sur une très grande sphère.

Imaginez que vous êtes un acrobate de cirque debout sur une boule d’environ 1 mètre de large. Du haut de la boule, vous la voyez s’éloigner de vos pieds dans toutes les directions.

Imaginez maintenant une petite mouche sur cette boule de cirque. Son point de vue se situerait probablement à un millimètre ou moins au-dessus de la surface. Comme la mouche est beaucoup plus petite que la balle et que son point de vue est proche de la surface, elle ne peut pas voir toute la balle.


Chaque semaine, nos scientifiques répondent à vos questions.

N’hésitez pas à nous écrire pour poser la vôtre et nous trouverons la meilleure personne pour vous répondre.

Et bien sûr, les questions bêtes, ça n’existe pas !


La Terre mesure environ 12,8 millions de mètres de large, et même le regard d’un adulte de grande taille ne culmine qu’à environ 2 mètres au-dessus de sa surface. Il est impossible pour nos yeux de saisir la taille de la Terre sphérique lorsque nous nous trouvons dessus. Vous ne pourriez pas visualiser que la Terre est une sphère même en montant au sommet du mont Everest, qui se trouve à 8 850 mètres au-dessus du niveau de la mer.

La seule façon de voir la courbe de la Terre est de s’envoler à plus de 10 kilomètres au-dessus de sa surface. En effet, la longueur de l’horizon que nous voyons dépend de la hauteur à laquelle nous nous trouvons au-dessus de la surface de la Terre.

Debout sur le sol, sans rien qui bloque notre vision, nos yeux peuvent voir environ 4,8 kilomètres de l’horizon. Ce n’est pas assez pour que la ligne d’horizon commence à montrer sa courbe. Comme une mouche sur une boule de cirque, nous ne voyons pas assez le bord où la Terre rencontre le ciel.

Pour voir l’ensemble de la sphère planétaire, il faudrait voyager avec avec un astronaute ou à bord d’un satellite. Vous auriez ainsi une vue complète de la Terre à une distance beaucoup plus grande.

Les gros avions de ligne peuvent également voler suffisamment haut pour donner un aperçu de la courbure de la Terre, bien que les pilotes aient une bien meilleure vue depuis l’avant de l’avion que les passagers depuis les fenêtres latérales.

Pas tout à fait une sphère

Même depuis l’espace, vous ne pourriez pas déceler quelque chose d’important à propos de la forme de la Terre : elle n’est pas parfaitement ronde. Il s’agit en fait d’un sphéroïde légèrement aplati ou d’un ellipsoïde. Cela signifie qu’autour de l’équateur, elle est un peu plus large que haute, comme une sphère sur laquelle on se serait assis et qu’on aurait un peu écrasée.

Ce phénomène est dû à la rotation de la Terre, qui crée une force centrifuge. Cette force produit un léger renflement au niveau de la taille de la planète.

Les caractéristiques topographiques de la surface de la Terre, telles que les montagnes et les fosses sous-marines, déforment également légèrement sa forme. Elles provoquent de légères variations dans l’intensité du champ gravitationnel terrestre.

Les sciences de la Terre, le domaine que j’étudie, comportent une branche appelée géodésie qui se consacre à l’étude de la forme de la Terre et de sa position dans l’espace. La géodésie sert à tout, de la construction d’égouts à l’établissement de cartes précises de l’élévation du niveau de la mer, en passant par le lancement et le suivi d’engins spatiaux.

The Conversation

Kelly R. MacGregor reçoit des fonds de la National Science Foundation, du Keck Geology Consortium et du Minnesota Environment and Natural Resources Trust Fund (ENRTF).

19.11.2024 à 15:57

Reading dark romance: The ambiguities of a fascinating genre

Magali Bigey, Maîtresse de conférences en SIC, sémiolinguiste spécialiste de la réception de publics populaires, Laboratoire ELLIADD, Université de Franche-Comté – UBFC

What does the growing success of these provocative novels, often portraying romantic relationships tinged with violence, tell us eight years after #MeToo?
Texte intégral (1260 mots)
Un rayon qui ne cesse de s'étoffer. Fourni par l'auteur

A literary subgenre that emerged in the 2010s and gained widespread popularity in the 2020s, dark romance falls under the umbrella of unhealthy love stories. These novels often depict relationships that challenge moral and legal boundaries, raising questions about their growing appeal. What does the success of these provocative stories, frequently marked by violence and complex power dynamics, reveal about contemporary society?


Fueled by social media platforms such as TikTok – particularly under the hashtag #BookTok – the meteoric rise of dark romance underscores a shift in how narratives about love and desire are consumed. The genre’s ability to provoke intense emotional responses has captivated a predominantly young, female, and highly engaged audience. While controversial, these novels allow readers to explore forbidden or complex emotions within a controlled, fictional environment. How can society better understand this phenomenon, and more importantly, guide young readers toward critical engagement without dismissing their preferences?

A genre on the rise

The success of Fifty Shades of Grey by E.L. James in the early 2010s helped establish new romance as a dominant force in publishing, paving the way for subgenres like dark romance. Series such as 365 Days by Blanka Lipińska and Captive by Sarah Rivens have garnered millions of readers, cementing dark romance as a popular niche.

By 2023, romance accounted for 7% of the French book market, with dark romance representing a significant portion. Once relegated to the fringes, the genre is now widely available in bookstores, libraries, and even boasts its own event – the Festival New Romance in Lyon.

Central to dark romance’s success is the role of online literary communities. Platforms such as TikTok amplify these novels’ visibility through thousands of videos featuring recommendations, excerpts, and emotional analyses. Enthusiastic readers become influencers, driving interest and propelling titles to success – sometimes even before official publication. Viral sensations like Captive owe much of their popularity to this digital word-of-mouth model.

The allure of emotional intensity

Dark romance explores the murky areas of love and desire, often characterised by fraught power dynamics and implicit or explicit violence between protagonists. Yet, these stories typically have a positive, albeit complicated, conclusion.

Protagonists in these novels are often young women in submissive roles paired with dominant male characters. Despite frequent criticism for their portrayal of toxic relationships, these narratives resonate with readers by offering an emotional intensity unmatched by other romance subgenres.

For many, the appeal lies in the safe exploration of extreme emotions within a fictional framework. Similar to the thrill of horror movies, readers can experience fear, tension, or desire, knowing they remain in control of the story. This emotional catharsis may reflect broader societal unease, particularly among young people navigating conversations around gender equality, consent, and power dynamics in the post-#MeToo era.

Recognising excess without normalizing it

Contrary to fears that dark romance promotes violence or unhealthy relationships, many readers engage critically with these narratives. A 2024 study of high school students revealed that young readers often interpret such content through a lens of awareness, acknowledging the troubling dynamics while recognising their fictional nature. “It’s good to show readers the violence of these acts so they can understand how absurd it is,” one student told Arnaud Genon, a professor at INSPÉ in Strasbourg. This sentiment underscores the idea that reading these novels can foster a critical awareness of harmful behaviours rather than normalising them.

Far from being a mere incitement to violence, dark romance can serve as a tool for introspection and emotional processing – though its impact varies significantly based on the reader’s maturity and age. Concerns often arise regarding very young readers, particularly girls who may lack the emotional tools to process such content effectively. This underscores the importance of providing guidance and fostering environments where young people can discuss these narratives openly, whether with trusted individuals or within critical reading communities. Such approaches mitigate risks of superficial interpretations or unchecked immersion, especially on platforms like Wattpad, a collaborative storytelling site where moderation can be minimal.

Dark romance often serves as a form of catharsis, allowing readers to engage with powerful and conflicting emotions in a controlled and safe environment. The genre enables readers to navigate themes of control, freedom, and submission – concepts many young women grapple with amid societal pressures. Within these fictional realms, readers remain in control of the narrative, creating a boundary that separates fantasy from reality.

This exploration is particularly relevant in a society where young women are often subjected to paradoxical expectations. Dark romance provides a space to examine these tensions without real-world repercussions, making emotional engagement the cornerstone of the reader’s experience.

One of the reasons dark romance maintains its popularity is its ability to offer a sense of reassurance amid the complexities of real-world relationships. The recurring theme of the heroine “healing” her abuser or gaining control over the relationship provides a redemptive arc that appeals to readers seeking resolution. While the initial depictions of violence may be troubling, the eventual mastery and closure provide a controlled space for readers to explore challenging emotions without endorsing such behaviours in real life.

In many households, the introduction to dark romance comes from familial connections, such as mothers or older sisters sharing their own discoveries. These shared experiences often lead to discussions, fostering critical thinking and reflection on the content. In more open-minded environments, such exchanges transform reading into a communal and analytical activity, steering readers away from simplistic or potentially harmful interpretations.

Toward a more nuanced approach

Rather than condemning dark romance, society should focus on guiding its readership. Demonising the genre risks alienating young readers, while fostering open dialogue encourages critical reflection.

Teenagers often engage with these stories as a form of experimentation, rather than a desire to emulate the characters or relationships depicted. Social media reactions like “Oh, Ash is so handsome; I’d love a guy like that” are frequently playful provocations rather than genuine aspirations.

As Hervé Glevarec, a CNRS sociologist specialising in contemporary cultural practices, observes: “Cultural tastes cannot be understood independently of the context in which they are expressed; they are shaped by social situations and networks of sociability.” Dark romance, in this light, becomes an emotional playground where readers can safely explore desires, frustrations, and fantasies while remaining grounded in the understanding that these stories are fictional.

The challenge lies in ensuring young readers encounter dark romance within frameworks that encourage thoughtful engagement. When supported by open discussions and critical analysis, this provocative genre can serve as a space for readers to confront complex emotions on their terms – and ultimately dominate the narrative.

The Conversation

I advise library staff and middle and high school teachers regarding Dark Romance for young audiences

19.11.2024 à 12:36

« Kéta », « K », « Spécial K »… les usages détournés de la kétamine prennent de l’ampleur : quels sont les risques et les dispositifs de surveillance ?

Joëlle Micallef, Service de pharmacologie clinique et pharmacosurveillance, AP-HM Centre d'Évaluation et d'Information sur la Pharmacodépendance – Addictovigilance PACA-Corse Institut de Neurosciences des Systèmes (U1106), Aix-Marseille Université (AMU)

Thomas Soeiro, Service de pharmacologie clinique et pharmacosurveillance, AP-HM Centre d'Évaluation et d'Information sur la Pharmacodépendance – Addictovigilance PACA-Corse Institut de Neurosciences des Systèmes (U1106), Aix-Marseille Université (AMU)

L’usage détourné de la kétamine comme hallucinogène, psychédélique, pour le chemsex… se répand et fait régulièrement la Une, avec l’affaire Palmade ou le décès de Matthew Perry de la série « Friends ».
Texte intégral (2579 mots)

L’usage détourné de la kétamine, un médicament anesthésique, comme hallucinogène s’installe dans la population, même chez les jeunes. Ce produit peut entraîner des comportements addictifs, avec toutes les conséquences que cela implique, et peut aussi conduire à des complications sévères, notamment urinaires. Il fait l’objet de suivis par des dispositifs de surveillance spécialisés.


La kétamine est un médicament anesthésique général pour usage humain et vétérinaire, dont la première spécialité a été commercialisée en France en 1970.

Plus de 50 ans après, ce produit est aussi de plus en plus présent dans les faits divers en France ou à l’étranger pour son usage détourné. Il en a par exemple été question suite au décès de Matthew Perry, l’un des protagonistes de la célèbre série Friends. L’ampleur que prend l’usage détourné de la kétamine comme hallucinogène, bien loin de son utilisation médicale pourtant essentielle, est sans équivalents. Comment et pourquoi en est-on arrivé à une telle situation ?


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En France, les usages récréatifs explosent avec la techno des années 90

Aux États-Unis puis en Europe, les premiers cas de déviation de son usage médical vers un usage récréatif ont été décrits notamment chez des professionnels de santé (anesthésistes) ayant accès aux produits. À la fin des années 90, son usage en France gagne l’espace festif techno, où elle est proposée sous différentes appellations (Kéta, K, Kate, Spécial K, la Golden, la vétérinaire…) et consommée essentiellement par voie nasale (60-100 mg) ou orale, pour ses effets hallucinatoires.

L’usage détourné de la kétamine va également atteindre l’Asie. Elle y prendra une ampleur considérable, en particulier dans les night-clubs de Taiwan et de Hong Kong. En 2006 à Hong Kong, la kétamine est la deuxième substance psychoactive la plus consommé après l’héroïne.

Une substance sous surveillance grâce à l’addictovigilance

En France, depuis de nombreuses années, la kétamine fait l’objet de rapports nationaux d’expertise d’addictovigilance, permettant ainsi de détecter, repérer et caractériser de nouvelles pratiques d’utilisations ainsi que leurs conséquences sur la santé.

Il faut dire que la France est le seul pays en Europe à avoir mis en place depuis 1990 un dispositif de veille spécifique sur les substances psychoactives et leurs conséquences sur la santé, grâce aux treize Centres d’Évaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance-Addictovigilance (CEIP-A) qui constituent le Réseau français d’addictovigilance.

Cette analyse s’appuie sur la triangulation de plusieurs sources de données françaises, dont les déclarations de cas graves avec la kétamine (qui sont une obligation légale pour les professionnels de santé) et les données issues d’un dispositif de pharmacosurveillance appelé OPPIDUM (Observation des produits psychotropes Illicites ou détournés de leur Utilisation Médicamenteuse).

Ce dispositif permet de connaître les substances psychoactives consommées par les patients pris en charge en France dans les structures spécialisées en addictologie, grâce à un recueil effectué chaque année durant le mois d’octobre. Sur le mois d’octobre 2012, 35 patients (0,7 %) étaient des consommateurs de kétamine. Ce chiffre ne cesse de croire depuis jusqu’à attendre 107 consommateurs (2 %) lors du recueil en octobre 2023.

Une constante progression des usagers réguliers

La proportion d’usagers réguliers de kétamine est aussi en constante progression. C’est également le cas pour ceux qui augmentent les doses de kétamine et présentent des troubles de l’usage, c’est-à-dire une addiction avec la kétamine.

Cette problématique des troubles de l’usage avec la kétamine se retrouve dans les déclarations d’addictovigilance avec des usagers qui se retrouvent en difficulté avec leur consommation. Cela se manifeste par des augmentations des doses, du craving qui décrit le besoin irrépressible de consommer, des complications dans le domaine de la santé (complications urinaires, complications sur le foie, complications psychiatriques…), des conséquences financières… ce qui amène les usagers à consulter ou à être hospitalisés.

À noter dans ce contexte de troubles de l’usage avec la kétamine, des situations cliniques qui rapportent un comportement de recherche de kétamine pharmaceutique, par des passages via les services d’urgences pour obtenir de la kétamine. Ceci témoigne des passerelles qui peuvent exister entre la kétamine dite « illicite » et la kétamine pharmaceutique.

Quant au profil des usagers, il se diversifie. Certains continuent d’utiliser la kétamine dans un contexte festif ou récréatif, d’autres pour une finalité « auto-thérapeutique » (réduction de l’anxiété, bien-être, antidouleur, amélioration de l’humeur, sevrage alcoolique…) sans que l’efficacité de la kétamine dans ces indications ait été démontrée et hors de tout accompagnement médical, ce qui les expose à des effets indésirables possiblement graves et enfin, d’autres encore à visée sexuelle, notamment dans un contexte de chemsex.


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Une kétamine expérimentée aussi par une minorité de jeunes

De façon intéressante, trois récentes études réalisées en France sur les niveaux d’expérimentation des substances psychoactives ont inclus spécifiquement la kétamine. Leurs chiffres témoignent notamment de l’installation de l’expérimentation de kétamine en population générale mais aussi chez les jeunes.

On observe ainsi en France :

  • en 2023, une prévalence d’expérimentation de la kétamine au cours de la vie de 2,6 % (3,3 % chez les 18-24 ans, 4,8 % chez les 25-34 ans, 3,2 % chez les 35-44 ans ; sur un échantillon représentatif de 14 984 personnes âgées de 18 à 64 ans), d’après l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives OFTH.

  • une prévalence d’usage de la kétamine de 0,9 % (allant de 0,6 % à 4,7 % en fonction de la situation scolaire) quand on interroge de jeunes gens âgés de 17 ans lors de la journée défense et citoyenneté (sur un échantillon représentatif de 23 701 filles et garçons âgés de 17,4 ans), selon les données ESCAPAD 2022.

  • une prévalence d’expérimentation de la kétamine de 1,1 % (1,4 % garçons, 0,9 % filles) chez des élèves de la sixième à la terminale, d’après les données d2022 du dispositif EnCLASS.


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Et il ne s’agit pas d’une spécificité française. Au Royaume-Uni,par exemple, l’expérimentation de la kétamine est passée de 0,5 % en 2010 à 0,8 % en 2020. Parmi les 16-24 ans, cet usage a doublé durant la même période, de 1,7 % à 3,2 %.

Gare aux complications sévères, notamment urinaires

Une abondante littérature scientifique caractérise des complications liées à la consommation de kétamine, en particulier des complications urinaires sévères (à type de cystites interstitielles) chez des consommateurs réguliers de kétamine souvent par voie nasale.

Pourtant au début, comme souvent pour tout évènement nouveau, le lien avec la kétamine fut débattu et même critiqué, avec des arguments évoquant d’autres hypothèses comme l’existence d’un produit adultérant dans la kétamine, ses modalités de préparation (chauffage de la kétamine) ou encore la synthèse d’un métabolite toxique de la kétamine par les usagers asiatiques qui présente souvent des polymorphismes génétiques.

C’est en 2007 que paraîtront les deux premiers articles scientifiques sur les complications urinaires chez des usagers réguliers de kétamine, à Hong Kong et au Canada, battant en brèche l’hypothèse du métabolite toxique liée à la population asiatique.

De façon intéressante, cette publication canadienne donnera lieu à d’autres publications par des équipes utilisant la kétamine à but médical, de façon répétée, pour traiter des douleurs complexes et relatant dans ce cadre-là également des complications urinaires.

Des études expérimentales chez l’animal amèneront un éclairage utile pour établir ce lien avec notamment la mise au point d’un modèle animal de cystites induites par l’administration répétée de fortes doses de kétamine ou encore la mise en évidence d’anomalies urinaires symptomatiques chez le rat après l’administration de la méthoxétamine, une puissante drogue de synthèse et un antagoniste des récepteurs de la NMDA comme… la kétamine.

Difficultés à uriner, mictions fréquentes…

Ces cystites se manifestent par des difficultés à uriner (dysurie), la présence de sang dans les urines (hématurie) et des mictions très fréquentes en lien avec une capacité réduite de la vessie. Elles peuvent entraîner un retentissement sur le haut appareil urinaire donc au niveau des reins, conduisant à ce que l’on appelle des hydronéphroses.

Des tableaux cliniques sévères et invalidants peuvent nécessiter des interventions chirurgicales. Ces complications sont observées en cas de poursuite de la consommation de kétamine. Dès les premiers symptômes urinaires, l’arrêt constitue pourtant le meilleur traitement.

En France, toutes ces complications cliniques en lien avec les substances psychoactives à risque d’abus (médicamenteuses ou non) sont suivies de près par les pharmacologues du Réseau français d’addictovigilance, piloté par l’Agence National de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM).

Des saisies importantes, signe de la circulation du produit

La kétamine est un produit qui circule davantage. En 2022, près de 3 000 saisies ont été réalisées en Europe, pour un total de près de 2,79 tonnes de kétamine. Elles s’inscrivent dans une dynamique croissante.

Cet usage est facilité par une diffusion accentuée de la kétamine (comme en témoignent les niveaux de saisies en augmentation au niveau européen et mondial) et une accessibilité facilitée (deal, dématérialisation par le recours aux outils numériques…).

Cette situation explique les chiffres d’exposition en population générale, ou plus spécifiquement chez les collégiens et lycéens scolarisés, et également l’augmentation des complications sanitaires liées à la kétamine en France ou ailleurs.

The Conversation

Joëlle Micallef a reçu des financements dans le cadre d'appels à projets de l'Institut pour la Recherche en Santé Publique (IReSP) et de l’Institut National du Cancer (INCa).

Thomas Soeiro a reçu des financements dans le cadre d’appels à projets du GIS EPI-PHARE.

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