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Site d’analyse et d’opinion collectif, internationaliste, antifasciste, féministe et résolument contre l’antisémitisme et l’islamophobie.

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31.10.2024 à 09:57

Arrestation d’Abdourahmane Ridouane: triple peine pour les militants étrangers

Lignes de Crêtes

Abdourahmane Ridouane, président de la mosquée de Pessac, est désormais inculpé pour apologie du terrorisme. Il a été mis en garde à vue pour cette raison. Il a été initialement interpelé en août. Son titre de séjour ne lui avait pas été renouvelé, malgré des décennies de présence sur le territoire français. Son domicile a été perquisitionné. Première peine pour avoir osé prendre la défense du peuple palestinien. Depuis le mois d’août, il était en rétention administrative. Il n’y a guère de différence entre la prison et la rétention, si ce n’est que la seconde a lieu sans condamnation pénale. Abdourahmane Ridouane était privé de sa liberté d’aller et venir, il n’avait pas le droit à internet et donc de se défendre face aux accusations politiques portées contre lui dans les médias et sur les réseaux. Sciemment, il a été enfermé dans un centre de rétention à des centaines de kilomètres de chez lui : il a donc été privé des visites régulières de son épouse et de ses proches. Double peine parce qu’il est immigré. Alors que le délai légal de rétention allait se terminer, il a été transféré ce 30 octobre au commissariat et placé en garde à vue pour “ apologie du terrorisme”. Triple peine, après avoir utilisé toutes les possibilités offertes par la législation contre les immigrés. Militants et militantes des droits humains, musulmans ou non, nous sommes solidaires d’Abdourahmane Ridouane et de l’intégralité de ses propos publics, que nous partageons sans exception ni aucune réserve.…
Texte intégral (826 mots)

Abdourahmane Ridouane, président de la mosquée de Pessac, est désormais inculpé pour apologie du terrorisme. Il a été mis en garde à vue pour cette raison.

Il a été initialement interpelé en août. Son titre de séjour ne lui avait pas été renouvelé, malgré des décennies de présence sur le territoire français. Son domicile a été perquisitionné. Première peine pour avoir osé prendre la défense du peuple palestinien.

Depuis le mois d’août, il était en rétention administrative. Il n’y a guère de différence entre la prison et la rétention, si ce n’est que la seconde a lieu sans condamnation pénale. Abdourahmane Ridouane était privé de sa liberté d’aller et venir, il n’avait pas le droit à internet et donc de se défendre face aux accusations politiques portées contre lui dans les médias et sur les réseaux. Sciemment, il a été enfermé dans un centre de rétention à des centaines de kilomètres de chez lui : il a donc été privé des visites régulières de son épouse et de ses proches. Double peine parce qu’il est immigré.

Alors que le délai légal de rétention allait se terminer, il a été transféré ce 30 octobre au commissariat et placé en garde à vue pour “ apologie du terrorisme”. Triple peine, après avoir utilisé toutes les possibilités offertes par la législation contre les immigrés.

Militants et militantes des droits humains, musulmans ou non, nous sommes solidaires d’Abdourahmane Ridouane et de l’intégralité de ses propos publics, que nous partageons sans exception ni aucune réserve. Le délit d'”apologie du terrorisme” est un délit politique, une infraction aux contours suffisamment flous pour que son application dépende uniquement du pouvoir en place et de ses choix diplomatiques.

Aujourd’hui, on peut être un admirateur de Netanyahu, le mettre en photo de profil, l’applaudir lorsqu’il massacre des civils quotidiennement. Ce n’est pas de l’apologie du terrorisme.

La terreur en Palestine, même celle des enfants, n’est pas considérée comme un sentiment venant d’êtres suffisamment humains pour être des victimes de “terrorisme”.

Les dirigeants palestiniens peuvent être exécutés sans procès par Israel, dans le cadre d’opérations extérieures en pays étranger, et en tuant des civils au passage, sans que ce soit considéré comme un attentat. Et l’on devrait se taire lorsqu’ils sont assassinés au mépris de toutes les règles du droit international ? À combien de dirigeants de pays musulmans cette règle va-t-elle être étendue dans l’avenir, en cette période de guerre généralisée ?

Militantes et militants contre la politique raciste en matière d’immigration, nous ne sommes pas dupes de l’utilisation spécifique de l’internement administratif des étrangers pour punir toutes celles et ceux qui n’ont pas la nationalité française et museler les immigrés. Abdourahmane Ridouane vient de purger presque trois mois d’une peine de prison qui ne dit pas son nom, simplement pour avoir exprimé une opinion. Ce qui est en jeu aujourd’hui, au-delà de son cas personnel, comme cela l’a été pour de nombreux imams expulsés dans l’indifférence, ce sont les libertés civiles accordées en France, indépendamment de la nationalité française.

Le gouvernement français applique désormais le principe de la préférence nationale aux libertés fondamentales, la liberté d’expression, la liberté de conscience, la liberté de culte.

Militants et militantes contre l’islamophobie, nous constatons que la triple peine pour Abdourahmane Ridouane existe parce qu’il est musulman et président de mosquée : une mosquée que le gouvernement a tenté en vain de fermer en 2022. Mauvais perdant devant la justice de son pays, Darmanin s’est acharné sur Abdourahamne Ridouane faute d’avoir pu détruire la mosquée dont il était président ? Qu’à cela ne tienne, Retailleau prend le relais.

Nous ne pouvons empêcher la souffrance infligée à un homme musulman et sa famille. Pas plus pour Abdourahmane Ridouane que pour d’autres dont les droits sont bafoués et les vies détruites actuellement. Mais chacun a le devoir de dire la vérité face à un pouvoir tyrannique :  le gouvernement français se couvre de honte et met en Lumières le courage de ceux qu’il veut détruire.

Involontairement, en punissant la générosité, la dignité et le combat exemplaire contre un génocide, il indique le sentier à suivre, celui de la Justice universelle.

28.10.2024 à 12:25

Procès d’Elias d’Imzalene : au cœur des débats, la liberté d’expression contre un génocide en cours.

Lignes de Crêtes

Ces femmes qui s’avancent En tenant au bout de leurs bras Ces enfants qui lancent Des pierres vers les soldats C’est perdu d’avance Les cailloux sur des casques lourds Tout ça pour des billets retour D’amour, d’amour, d’amour, d’amour.. Tout le monde y pense Francis Cabrel 1989 A-t-on encore le droit en France de critiquer la politique étrangère de son pays, lorsqu’elle a trait au soutien diplomatique à un état dont les dirigeants sont mis en cause par la communauté internationale pour crimes contre l’humanité ? La question a été posée à la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, ce 23 octobre, à l’occasion du procès d’Elias d’Imzalene, jugé pour avoir fait ce que la plupart  des acteurs et actrices de la lutte pour les droits humains font depuis des mois, appeler à l’insurrection des consciences et à la mobilisation contre les massacres en Palestine, lors d’un rassemblement pour la Palestine, souvent en utilisant le mot arabe “Intifada”. Voilà pour les faits. Elias d’Imzalene étant musulman visible, la dramaturgie politique partisane a pris le pas sur le réel depuis plus d’un mois. Plusieurs dizaines d’articles de presse répétitifs ont visé le « fiché S » tout de suite après le rassemblement incriminé, souvent fondés  sur des dénonciations venues de polémistes de Reconquête ou des cercles favorables à la stratégie israélienne. Le ministère de l’Intérieur a cru utile de réagir aux demandes de l’extrême droite, particulièrement déchaînée sur X, en annonçant des poursuites pour des délits passibles de 15 ans…
Texte intégral (3382 mots)

Ces femmes qui s’avancent
En tenant au bout de leurs bras
Ces enfants qui lancent
Des pierres vers les soldats
C’est perdu d’avance
Les cailloux sur des casques lourds
Tout ça pour des billets retour
D’amour, d’amour, d’amour, d’amour..
Tout le monde y pense
Francis Cabrel 1989

A-t-on encore le droit en France de critiquer la politique étrangère de son pays, lorsqu’elle a trait au soutien diplomatique à un état dont les dirigeants sont mis en cause par la communauté internationale pour crimes contre l’humanité ?
La question a été posée à la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, ce 23 octobre, à l’occasion du procès d’Elias d’Imzalene, jugé pour avoir fait ce que la plupart  des acteurs et actrices de la lutte pour les droits humains font depuis des mois, appeler à l’insurrection des consciences et à la mobilisation contre les massacres en Palestine, lors d’un rassemblement pour la Palestine, souvent en utilisant le mot arabe “Intifada”. Voilà pour les faits.

Elias d’Imzalene étant musulman visible, la dramaturgie politique partisane a pris le pas sur le réel depuis plus d’un mois. Plusieurs dizaines d’articles de presse répétitifs ont visé le « fiché S » tout de suite après le rassemblement incriminé, souvent fondés  sur des dénonciations venues de polémistes de Reconquête ou des cercles favorables à la stratégie israélienne. Le ministère de l’Intérieur a cru utile de réagir aux demandes de l’extrême droite, particulièrement déchaînée sur X, en annonçant des poursuites pour des délits passibles de 15 ans de prison. Finalement, malgré le déplacement du procureur en personne lors de sa garde à vue, pratique fort rare en la matière, Elias d’Imzalene en est ressorti avec une convocation pour simple délit de presse.

Pourtant, les apparences lors de l’audience donnaient l’impression d’assister au choix :
* à un procès en assises pour des actes de terrorisme ;
* ou au jugement d’un néo-nazi négationniste qui aurait appelé à brûler des synagogues dans une manifestation, laquelle aurait ensuite dégénéré en expédition punitive contre des commerces juifs.

Rien de tout cela n’était survenu après les propos d’Elias d’Imazalene, le rassemblement incriminé s’étant terminé comme il avait commencé, dans le calme.

Au père de famille mis en cause à la barre et interrogé pendant plus de trois  heures de suite par les parties civiles et le procureur, on a pourtant imputé la responsabilité morale et collective, en vrac : de l’attentat contre Charlie Hebdo, de la mort de Samuel Paty, de celles de soldats israéliens survenues il y a des années en Palestine, de l’ensemble des actes antisémites commis en France depuis octobre dernier, rien que ça.

De manière plus surprenante encore, un des avocats des parties civiles lui a opposé l’incendie d’une synagogue à Créteil en 2003. Vérification faite, car la mémoire précise des actes antisémites importe, il s’agissait d’un départ de feu dans le local technique de la  synagogue de Cachan, que l’avocat a sans doute mêlé à celui d’une classe de l’école juive Ozar Hatorah de Créteil, survenue la même année. Aucune mention de lien avec un auteur musulman n’a été faite par la presse à l’époque, et le rabbin de la synagogue avait lui-même évoqué un acte isolé qui contrastait avec le quotidien des fidèles et du lieu de culte dans sa ville.

Pourtant, aucune mention des Juifs ne figurait dans les propos reprochés à Elias d’Imzalene. Mais la longue barbe de l’accusé, sa foi non cachée jouait a en sa défaveur absolue, comme dans d’autres procès de ce type. Il était difficile de ne pas songer à l’audience d’Abdourahmane Ridouane au Conseil d’Etat  : le président de la mosquée de Pessac y contestait la mesure d’expulsion prise à son encontre, et, dans les débats, il avait notamment évoqué sa condamnation publique et immédiate des évènements du 7 octobre 2023. Il avait aussi longuement parlé des raisons de son engagement dans la lutte contre tous les génocides, en évoquant le choc et la réflexion induites par le visionnage de Shoah, de Claude Lanzmann dans le cadre de sa scolarité au Niger. Le Ministère de l’Intérieur lui avait opposé le « double discours » censé être la marque de la Bête chez les « islamistes ».

Au bout de deux heures d’audience et devant les discours contre Elias d’Imzalene, d’une mauvaise foi palpable, on avait presque envie de lui demander de se taire et de ne pas perdre son énergie devant des procédés similaires, déployés par au moins six avocats en sus du Ministère Public, puisque certaines parties civiles en avaient deux.

On entendit ainsi  à maintes reprises répéter qu’Elias d’Imzalene était antisémite parce qu’il travaillait avec des organisations juives.

Qu’il l’était d’autant plus car des personnes juives étaient venues témoigner pour lui et que de surcroît elles arboraient EXPRES une kippa en manifestation. Pire, l’”influenceur”, comme certains le dénomment dans la presse, avait commis un acte irréparable : oser se rendre au Mémorial pour les insurgés du ghetto de Varsovie à l’occasion d’un déplacement à l’OSCE en Pologne. Se recueillir dans un lieu de mémoire de la Shoah, s’interroger publiquement sur les raisons pour lesquelles il était aussi petit, pourquoi les traces physiques de l’évènement avaient été recouvertes par des parkings, tout cela était intolérable et d’une duplicité antisémite inouïe. Quant au fait de rapprocher les victimes d’un crime contre l’humanité en Pologne et celles de victimes incontestables de l’escalade génocidaire de l’extrême droite israélienne, cela relevait de l’appel à la violence antisémite. En effet, pour les parties civiles, l’insurrection du ghetto de Varsovie étant une insurrection juive armée, cela prouvait bien qu’Elias d’Imzalene pensait à tuer des Juifs lorsqu’il disait « intifada ».

On avait donc envie de demander à l’accusé d’accepter la sentence pour le bien commun et d’abréger par son silence cet exposé de dangereuses sottises. En effet, l’audience avait lieu dans une salle remplie notamment de jeunes, musulmans et/ou de gauche, engagés dans le combat pour les droits humains. L’engagement mémoriel d’Elias d’Imzalene, l’ “influenceur” selon ses adversaires, est évidemment une chance pour la lutte contre l’antisémitisme, si l’on considère que pour être efficace, elle doive intéresser de manière large dans la population française. Malheureusement, toute personne profane sur ce sujet pouvait en tirer une seule conclusion en ayant assisté à cette audience : qui ne soutenait pas le gouvernement israélien, et était en plus musulman, serait de toute façon qualifié d’antisémite et de surcroit d’hypocrite et de lâche calculateur s’il s’avisait de s’en mêler. Catastrophique pour la suite, évidemment.

Mais assez symptomatique de la dérive inquiétante de certaines forces politiques, de la fuite en avant des soutiens  les plus fervents de l’état israélien qui, en un an, en sont venus non seulement à intenter des procès à toutes les forces qui de près ou de loin se battent pour le cessez le feu à Gaza, mais aussi à déclarer antisémites et héritiers des nazis, non seulement des musulmans, mais aussi des militants juifs, mais aussi des membres de la communauté internationale, des rapporteuses spéciales de l’ONU , des intellectuels et des artistes, le gouvernement de l’Afrique du Sud, et même parfois Emmanuel Macron, lorsqu’il lui vient à l’idée de condamner un bombardement sur cent.

Cette dérive politique a des raisons objectives qui apparaissaient à qui voulait bien se renseigner après l’audience sur les parties civiles présentes et leurs positionnement au lieu de lire des articles sans intérêt confinant au gênant, par exemple lorsque Marianne ou Franc Tireur insistent sur le fait qu’Elias d’Imzalene est un homme intelligent et cultivé ce qui aggraverait sa dangerosité. Faut-il que les hommes musulmans soient ignares et stupides pour trouver grâce aux yeux de certains « patriotes » français ?

Tout militant de longue date était ainsi surpris par l’apparition d’une association inconnue au bataillon antiraciste : « Lutte pour l’égalité de l’antiracisme ». Le site internet de l’association ne mentionne aucune activité précise et indique que seul un don de 500 euros ou plus peut permettre de rencontrer son président, Laurent de Béchade. Pour les curieux au compte en banque dégarni, une simple recherche sur Google permet de savoir que l’association s’appelait « Organisation de lutte contre le racisme anti-blancs » il y a encore peu de temps, et que Laurent de Béchade retweetait, par exemple, sur le risque du « White Génocide », théorie suprémaciste blanche anglo-saxonne, fondée sur un récit négationniste et antisémite selon lequel les Juifs manipulent les races inférieures pour coloniser l’Occident et provoquer sa décadence et sa chute. (1)

De même, les positions de l’Observatoire Juif de France ont de quoi étonner les acteurs sincères de la lutte contre l’antisémitisme : lors de l’élection de Netanyahu, cette organisation avait par exemple produit un communiqué de presse pour exiger des journalistes qu’ils cessent de qualifier le gouvernement israélien d’ “extrême droite” (2). On trouve aussi sur leur site la tribune d’un père de soldat israélien qui s’insurge que les familles des otages du Hamas se mobilisent et s’expriment contre Benjamin Netanyahu, ce qui constituerait une trahison grave contre Israël  (3). Dès octobre, l’Observatoire s’exprimait à l’impératif sur sa page Facebook pour intimer l’ordre aux personnes juives françaises d’”arrêter la politique”, de cesser toute critique de l’état d’Israel et de se ranger derrière son gouvernement. Sinon ?

Un début de réponse a été donné pendant l’audience, ou des témoins individuels d’Elias d’Imzalene ont été injuriés comme « juifs de service » ( sic) par l’avocat de l’OJF.

On regrette évidemment que la LICRA se soit associée à l’extrême droite française et à des associations pour qui le périmètre de l’antisémitisme commence à toute position critique de Benjamin Netanyahu. Un nom ça se porte dignement et quand on a hérité de celui d’une organisation fondée en 1926 pour soutenir un  homme Juif qui avait abattu un leader fasciste ukrainien en plein Paris, on évite de compromettre une noble mémoire avec des gens pour qui tout homme musulman est forcément terroriste. Et même tout enfant de sexe masculin puisqu’il fut reproché à Elias d’Imzalene de faire référence même à la première Intifada et à l’image iconique et consensuelle du jeune garçon jetant une pierre contre un tank.

L’enjeu politique du procès apparaissait aussi dans cette dangereuse réécriture de l’Histoire où la révolte de toute une jeunesse opprimée par un gouvernement en dépit de toutes les résolutions de l’ONU devenait finalement l’équivalent de massacres en tous genres.
Mais la LICRA avait sans doute donné le ton de ce procès quelques jours auparavant en citant cet extrait des interventions de ses journées d’automne sur X : « On ne devient pas antisémite parce qu’on s’intéresse au Proche Orient , on s’intéresse au Proche Orient parce qu’on est antisémite ». La messe était dite.

Au sortir de l’audience et en réintégrant le réel, le public musulman et de gauche, et même des observateurs objectifs, ne pouvaient que ressentir la même dissonance cognitive qu’après une dystopie cinématographique réussie.
Il suffisait de rallumer son téléphone et de parcourir les dépêches de presse : l’énumération devenue quotidienne des victimes palestiniennes, des destructions d’écoles, de mosquées , d’hôpitaux, l’exode terrible des réfugiés palestiniens et maintenant libanais sous les bombes. Les réfugiés brulés vifs dans des des tentes après avoir échappé à la mort dans la destruction de leur maison.
Et puis effectivement, en face, pour tenter d’endiguer le flot de sang, un mouvement mondial multiforme, généreux et infatigable, évidemment critiquable dans le cadre du débat démocratique : mais un mouvement qui, sans moyens, contre les choix diplomatiques de son gouvernement, comme en France, persiste à exister essentiellement avec son cœur et avec ses pieds, en manifestant depuis un an, pacifiquement, massivement ou pas, chaque semaine, qu’il pleuve ou qu’il vente.

C’était tout le crime d’Elias d’Imzalene, qui reconnaissait lui-même avoir eu peu de goût pour les prises de parole en manifestation, dans toute sa vie politique antérieure. Il eut d’ailleurs cette phrase amusante “Je ne trouvais pas cela très distingué”, la seule qui fit sourire les militantes du public, ravalées toute l’audience au rang de groupies prêtes à aller tuer au moindre mot du Barbe Bleue des temps modernes.

Elias d’Imzalene avait commis le crime impardonnable, celui de ne pas faire ce que l’on attend, dans la société française, de la part de ceux que l’on qualifie d’islamistes ou de séparatistes, en n’ayant souvent pas la moindre idée de ce que cela peut signifier. Il s’était mobilisé avec d’autres forces politiques, il avait battu le pavé et pris le mégaphone pour appeler à la révolution, tradition française ancienne, et parfaitement inoffensive le plus souvent, comme chacun le sait depuis qu’Emmanuel Macron a ainsi intitulé son livre pour la campagne de 2017 (4). Si cela avait conduit à l’incendie du 16eme arrondissement, à celui du Château de Versailles et à la décapitation des puissants, cela se saurait. Mais il est vrai qu’Emmanuel Macron n’est pas musulman, n’a pas de barbe, et ne lutte pas contre un génocide. Libre à chacun de choisir le sentier entier de la Justice ou pas.

 

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(1) Ce tweet de Laurent de Béchade est extrait de cet excellent article sur l’offensive des médias d’extrême-droite et leur rhétorique

(1)

 

(2) Quelques captures d’écran de la page FB de l’OJF . Nous épargnons au lecteur l’intégralité des textes et des screens réalisés, disponibles sur demande, naturellement. En réalité, il suffit d’un seul post pour comprendre l’orientation politique de cette association qui relaie Douglas Murray avec enthousiasme. Douglas Murray est qualifié d’Eric Zemmour anglo-saxon et défend la thèse de la dangerosité absolue de l’immigration musulmane , dont la religion et la culture sont un poison mortel pour l’Occident.

 

(3)  Demande de l’OJF auprès de ses lecteurs :

(3)

(4) Livre du président, pour nous réconcilier (source FNAC.com) :

25.10.2024 à 19:23

Etat des lieux et questionnement sur le glissement sécuritaire en France post-JOP2024.

Kurteas

Fin août 2024  à Paris, sous prétexte de Jeux Olympiques, les gens ont été contraints de circuler avec instauration de QR codes juste pour se déplacer . Il y a eu une dissolution de l’Assemblée Nationale qui n’a rien donné. Rien. Il y a eu des élections, le pouvoir les a perdues, il est resté au pouvoir . La démocratie est malade, la maladie s’aggrave de jour en jour, et tout le monde le voit mais commente comme si elle était une connaissance pour laquelle on ne peut rien faire, car elle est atteinte d’une maladie incurable qui ne dépend pas de nous, mais au mieux de médecins que nous ne connaissons pas . La politique institutionnelle est devenue un cirque. On le sait, on le voit. On en ricane sur les réseaux, pour montrer qu’on n’est pas dupes, pas du tout, qu’on voit exactement ce qu’il se passe. Mais que montre-t-on aussi en ricanant ? Que ce n’est pas si grave, que la vie continue presque normalement. Et ce n’est pas nouveau, cela fait des années que la 5ème République agonise. Mais comme tout corps politique mourant, il y a la tentation de se maintenir par la force. Alors comment se maintient-on par la force dans une démocratie ? Entre autres, en fabriquant un besoin d’autorité dans la population, une nécessité de rétablir l’ordre ou de l’assurer. Mais pour cela, il faut que les gens aient peur, qu’ils aient peur de leur avenir, des “autres”. Il faut que la…
Texte intégral (2210 mots)

Fin août 2024  à Paris, sous prétexte de Jeux Olympiques, les gens ont été contraints de circuler avec instauration de QR codes juste pour se déplacer . Il y a eu une dissolution de l’Assemblée Nationale qui n’a rien donné. Rien. Il y a eu des élections, le pouvoir les a perdues, il est resté au pouvoir . La démocratie est malade, la maladie s’aggrave de jour en jour, et tout le monde le voit mais commente comme si elle était une connaissance pour laquelle on ne peut rien faire, car elle est atteinte d’une maladie incurable qui ne dépend pas de nous, mais au mieux de médecins que nous ne connaissons pas .

La politique institutionnelle est devenue un cirque. On le sait, on le voit. On en ricane sur les réseaux, pour montrer qu’on n’est pas dupes, pas du tout, qu’on voit exactement ce qu’il se passe. Mais que montre-t-on aussi en ricanant ? Que ce n’est pas si grave, que la vie continue presque normalement.

Et ce n’est pas nouveau, cela fait des années que la 5ème République agonise.
Mais comme tout corps politique mourant, il y a la tentation de se maintenir par la force.

Alors comment se maintient-on par la force dans une démocratie ?
Entre autres, en fabriquant un besoin d’autorité dans la population, une nécessité de rétablir l’ordre ou de l’assurer.
Mais pour cela, il faut que les gens aient peur, qu’ils aient peur de leur avenir, des “autres”.
Il faut que la police soit forte, capable de violence et aux ordres. Cela aura un double objectif, celui d’instiller la peur parmi les gens qui seraient contre le pouvoir en place (mais pas assez pour affronter cette police), et d’être assez forte pour mater ceux qui le défieraient.
Pour faire peur, il faut des épouvantails, des boucs émissaires, et donc la facilité fera porter le choix sur des minorités qui n’auront pas le nombre (ou la puissance médiatique) nécessaire pour vraiment s’opposer au pouvoir en place.

Pour la peur, on a vu les sujets et thèmes qui ont été choisis ces dernières années :
• « Les musulmans qui sont tous des terroristes », minorité très pratique puisque certains évènements (les attentats  sur le sol français) ont pu accompagner la fabrique de cette peur. 2015 et 2016, accompagner et pas fabriquer directement, car les principales lois islamophobes, notamment celle de 2004 et de 2010, ont été votées SANS attentat sur le sol français. Les musulmans français étaient sommés de se désolidariser des terroristes , sinon… Sans parler de toute la mouvance d’extrême droite qui hurlait dans cette direction. De plus (voir plus bas), cela a permis de faire passer des lois sécuritaires sans précédent.
• Les migrants, qui sont au mieux la vague migratoire submersive, au pire des terroristes futurs. Ici par exemple  un argumentaire de 2019 expliquant l’anti-immigrationnisme ;
• Les black blocs, qui sont des sortes de terroristes ;
• Les gilets jaunes, qui sont… des sortes de terroristes aussi ;
• Les militants écolos qui sont… bah des sortes de terroristes ;
• La gauche (LFI), nommée extrême-gauche, et porteuse de chaos, en dehors de l’arc républicain. Ici et ici .

Bien entendu, ces thèmes et ce récit voulus par le pouvoir sont relayés par les médias sans aucune retenue ni contrôle (voir le pauvre rôle de l’ARCOM face au groupe média Bolloré, par exemple qui a dû attendre l’aide du Conseil d’Etat pour se doter de moyens d’agir – et encore…- voir ici, ou les groupes d’enquêtes parlementaires ici).
C’est avec ce récit que le pouvoir a alors mis en avant LA solution à tous ces risques (jamais réellement étayés et encore moins mesurés dans le temps en termes d’efficacité), à savoir la policiarisation de la société.
Pour faire accepter la montée en puissance de la police, pour éviter tout rejet face à une violence croissante, il faut non seulement renforcer le mythe qu’elle est la seule réponse à ces risques source de peurs, mais aussi que les violences faites pour mater les opposants sont la résultante de causes extérieures. (cf Que fait la police de Paul Rocher chap I. L’emprise policière).

En parallèle des cibles désignées, il faut agir.
C’est pourquoi les effectifs et le matériel doivent augmenter.
Les effectifs policiers (gendarmes, police nationale et municipale) sont passés de 225.000 en 1996 à 280.000 en 2019. Dans la même échelle de temps, la dépense de l’Etat pour « services de police » a augmenté de +35% entre 1995 et 2019. Et ces 5 dernières années, les dépenses ont encore augmenté.
Pour le cadre juridique :
Loi Cazeneuve de 2017 : dite « permis de tuer » car est faite autorisation aux policiers d’ouvrir le feu pour refus d’obtempérer », ce qui deviendra la première raison évoquée lors des morts suivantes (la mort du jeune Nahel par exemple).
Loi anti-casseurs de 2019 : pour faire peur aux manifestants et aux Black Blocs.
L’antiterrorisme (source wikipedia) : la législation sur le terrorisme est apparue en France en 1986 et a été continuellement renforcée. Elle permet la prolongation de la garde à vue durant 120 heures, ou les perquisitions à toute heure, à la demande d’un magistrat19. Cette législation a encore évolué avec la promulgation de la loi relative au renseignement en 2015 et de la loi renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement, et améliorant l’efficacité et les garanties de la procédure pénale en juin 2016 qui prévoit la possibilité de retenue administrative pour une durée maximum de quatre heures20. La loi de prorogation de l’état d’urgence de juillet 2016 signe notamment le retour de la « double peine » pour les terroristes de nationalité étrangère21. En 2017, la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme introduit les assignations à résidence administratives, les perquisitions, après avis du juge des libertés et de la détention ainsi que les contrôles aux frontières ; ces mesures pouvant être prises exclusivement en prévention du terrorisme mais hors période d’état d’urgence22. En 2021, ces mesures sont pérennisées et complétées par la loi relative à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement23.
Le plan Vigipirate est activé depuis les attentats de 1995 avec une intensité variable et l’opération Sentinelle, opération militaire de protection des lieux sensibles est en cours depuis les attentats de janvier 2015.
À compter de novembre 2015, la prévention d’actes de terrorisme se décline en plusieurs autres dispositifs comme les contrôles aux frontières en application de l’article 25 du code frontières Schengen , prévus initialement du 13 novembre au 13 décembre 2015 dans le cadre de la réunion de la COP2124, ou encore l’autorisation des policiers à porter une arme en dehors de leur service25.

Ça c’est pour les moyens en constante progression, matériels, humains et judiciaires.
Les cibles, maintenant.

1- 2008, Affaire de Tarnac avec Julien Coupat :
Assez anecdotique par l’ampleur de la violence physique déployée (par rapport aux futures cibles), mais révélatrice de la volonté policière et étatique de faire passer ces gens pour « terroristes ». Nous restons persuadés que cet échec du pouvoir a été une base de réflexion pour le futur.
2- 2018 et 2023, Les gilets jaunes :
Dispositif policier hors norme (par exemple la BRI qui a pour mission de lutter contre la grande criminalité ou contre les terroristes sera envoyée intervenir). Dispositif pénal aussi, ayant pour objectif de démobiliser les gens, de faire peur (le passage en garde à vue de nombreux Gilets jaunes « pour des faits d’apparence anodine (la confection d’une banderole invitant à un pique-nique, à Nantes, par exemple) a beaucoup marqué les manifestants, qui avaient des casiers vierges pour la plupart », et « en a dissuadé beaucoup de continuer la lutte dans la rue »). Côté répression, l’Etat cède 2500 blessés côté manifestants, sans faire état de la gravité de ces blessures. Côté manifestants, on parle de 11 morts, 32 éborgnés et 5 mains arrachées (ici), minimum.
3- Les ZADistes : mort de Rémy Fraisse en 2014, nombre impressionnant d’armes utilisées. 2023 à Saintes Soline : 200 blessés dont 40 gravement + 2 personnes dans le coma. Suite à ça, Darmanin a annoncé vouloir dissoudre « Les Soulèvements de la Terre » et parle d’éco-terrorisme, sans aucun support juridique ni définition.
4- Les musulmans spécifiquement : cela a commencé massivement en 2015 et en 2016. Depuis, la répression n’a jamais cessé, sous forme de dissolutions arbitraires d’associations de lutte contre l’islamophobie, de nombreuses perquisitions, notamment en amont des JOP 2024.
5- Les citoyens “autres” : pour les JOP2024 : refus d’accréditation, permettant au ministre d’interdire à certaines personnes d’accéder aux Jeux selon des critères largement arbitraires, visant notamment « 131 personnes fichées S, 18 personnes fichées pour radicalisation islamiste, 167 personnes fichées à l’ultragauche et 80 à l’ultradroite ». Mais la répression ne s’arrête pas là : 164 perquisitions et 155 assignations à résidences administratives – appelées « mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance (Micas) ».

Il y a eu de nombreuses mises en cause et condamnations de l’Etat français par la justice et l’ONU et des organismes défendant les droits de l’homme, sans aucun effet ni remise en question (les contrôles au facies en 2014 et 2016, la CEDH pour 2010, et pour 1999 pour torture, l’ONU, le Conseil de l’Europe, il y en a certainement d’autres) ni de la part de l’institution, ni de la part des citoyens, rien.
Alors se pose la question suivante :
Qui sera la prochaine cible si rien n’est fait ? Sachant que rien n’est fait pour les musulmans de la part d’aucun bord politique (normal, même à « gauche », ils sont concernés par le maintien au pouvoir de l’ordre établi, quand ce n’est pas une inaction directement dictée par une islamophobie largement partagée à travers le spectre politique français).
Sachant que pas grand-chose n’est fait pour les écologistes , sauf ponctuellement quand on en vient à une dissolution.
Sachant que pas grand monde n’a fait quelque chose contre la répression anti-Gilets Jaunes.
Chaque partie de notre société qu’on abandonne aux violences étatiques, c’est un peu de nous qu’on abandonne. Et cela nous affaiblit dès à présent et encore plus pour le futur.

Pour aller plus loin, quelques pistes de réflexion (parmi tant d’autres) :

  • Que fait la police ? (et comment s’en passer) de Paul Rocher – La fabrique éditions (2020)
  • Un pays qui se tient sage – documentaire de David Dufresne (2020) : bande annonce ici
  • Tarnac – Magasin général de David Dufresne – Edition Poche pluriel / Fayard (2018)
  • Relax – documentaire d’Audrey Ginestet (2023)
  • Wiki sur les violences policières : https://fr.wikipedia.org/wiki/Violence_polici%C3%A8re_en_France#
  • France. Des policiers au-dessus des lois, de Amnesty International (2009) ici
  • L’ordre et la force de l’Action des Chrétiens pour l’abolition de la torture ici
  • La domination policière – Mathieu Rigouste – Editions la Fabrique (2021) ici

23.09.2024 à 18:20

Solidaires d’Elias d’Imzalene, pour une intensification de la résistance politique au génocide en Palestine

Lignes de Crêtes

La convocation policière d’Elias d’Imzalene ce mardi 24 septembre s’inscrit dans la suite de dix mois de privation grandissante des libertés politiques en France. Le mouvement contre le génocide en Palestine a été soumis à un régime d’exception dès octobre 2023: la France a été un des seuls pays à interdire d’emblée toute manifestation de solidarité avec les Palestiniens pendant plusieurs semaines, jusqu’à ce que ce diktat soit brisé par des décisions judiciaires. Depuis, le droit de manifester et de s’exprimer pour que cesse le massacre des Palestiniens, commis avec une intention génocidaire clairement énoncée dès octobre par les plus hauts responsables israéliens,  fait l’objet d’ offensives permanentes et coordonnées de l’extrême droite française, des réseaux de propagande du gouvernement israélien en France et du gouvernement français. Ce dernier n’a aucune honte à obéir ouvertement aux campagnes délatrices des caniveaux fascistes contre tel ou telle activiste. Elias d’Imzalene , aujourd’hui visé par le Ministère de l’Intérieur est en effet la cible continue de menaces de mort venues de groupes islamophobes violents assumant leur volonté de commettre des attaques armées, comme le groupe Frdeter dont aucun des membres n’a été inquiété pour les menaces contre Elias d’Imzalene et sa famille. Comme d’autres activistes pour la Palestine, il  a également fait l’objet d’une campagne de presse diffamatoire particulièrement violente de la part de Livre Noir, officine zemmouriste tenue par des requins blancs islamophobes et ultra-libéraux. Parmi leurs invités officiels figure notamment Daniel Conversano, néo-nazi assumé et petite star de la mouvance suprémaciste…
Texte intégral (1234 mots)

La convocation policière d’Elias d’Imzalene ce mardi 24 septembre s’inscrit dans la suite de dix mois de privation grandissante des libertés politiques en France.

Le mouvement contre le génocide en Palestine a été soumis à un régime d’exception dès octobre 2023: la France a été un des seuls pays à interdire d’emblée toute manifestation de solidarité avec les Palestiniens pendant plusieurs semaines, jusqu’à ce que ce diktat soit brisé par des décisions judiciaires.

Depuis, le droit de manifester et de s’exprimer pour que cesse le massacre des Palestiniens, commis avec une intention génocidaire clairement énoncée dès octobre par les plus hauts responsables israéliens,  fait l’objet d’ offensives permanentes et coordonnées de l’extrême droite française, des réseaux de propagande du gouvernement israélien en France et du gouvernement français. Ce dernier n’a aucune honte à obéir ouvertement aux campagnes délatrices des caniveaux fascistes contre tel ou telle activiste.
Elias d’Imzalene , aujourd’hui visé par le Ministère de l’Intérieur est en effet la cible continue de menaces de mort venues de groupes islamophobes violents assumant leur volonté de commettre des attaques armées, comme le groupe Frdeter dont aucun des membres n’a été inquiété pour les menaces contre Elias d’Imzalene et sa famille. Comme d’autres activistes pour la Palestine, il  a également fait l’objet d’une campagne de presse diffamatoire particulièrement violente de la part de Livre Noir, officine zemmouriste tenue par des requins blancs islamophobes et ultra-libéraux. Parmi leurs invités officiels figure notamment Daniel Conversano, néo-nazi assumé et petite star de la mouvance suprémaciste blanche depuis une décennie pour ses prises de positions particulièrement répugnantes qu’il énonce en toute impunité. Ces offensives d’extrême droite ont néanmoins le mérite d’assumer leur objectif : la destruction de la communauté musulmane par tous les moyens nécessaires, la perpétuation de la logique génocidaire et coloniale à l’œuvre en Palestine mais qui est aussi le rêve de beaucoup en Europe.

Le gouvernement est plus hypocrite et procède  à une inversion victimaire perpétuelle pour justifier la répression.

Les activistes musulmans pour la Palestine, cibles de la haine islamophobe, propageraient selon lui  la violence contre la communauté juive. Presque un an de manifestations a montré que ce n’était pas le cas, et que les appels à l’insurrection des consciences et des énergies pour faire cesser le génocide ne débouchaient sur aucune action de masse contre la communauté juive pendant ces manifestations.
Bien au contraire, la vigilance contre les mouvances et les discours antisémites venus de l’extrême droite ( vigilance exercée notamment par des activistes expérimentés comme Elias d’Imzalene qui a multiplié les initiatives contre l’antisémitisme avec des collectifs investis sur cette lutte ces dernières années ) ont permis comme partout dans le monde la participation massive et paisible d’une partie grandissante des communautés  juives à la pointe de la résistance antifasciste contre Netanyahu et ses alliés.

Elias d’Imzalene est également accusé de porter gravement atteinte aux intérêts de la Nation Française en se mobilisant contre la politique génocidaire de l’état israélien : c’est un droit de le penser, néanmoins d’autres ont le droit de penser et de dire que le soutien macroniste au gouvernement israélien, condamné par les institutions de la communauté internationale, bientôt devant la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, objet de la réprobation morale de milliards d’êtres humains sur toute la planète, ne rend pas service à la France et aux Français pour leur place future dans le concert des Nations.

Mais il ne s’agit pas de débat démocratique, car le gouvernement français s’assoit sur la démocratie dans tous les domaines . Et les musulmans sont depuis des années les premiers à être privés de leurs droits politiques. Cette privation est toujours accompagnée d’un narratif déshumanisant visant à banaliser une traque abjecte et pathétique, notamment dans un pays où beaucoup de médias sont détenus par un milliardaire qui ne cache pas sa mobilisation active pour mettre le RN au pouvoir  : si Elias d’Imzalene n’était pas musulman, il aurait eu au moins droit à quelques lignes de réponse , à quelques invitations dans les médias qui l’ont attaqué pendant des jours. Traité de terroriste sans avoir jamais été inquiété judicairement, il est privé en permanence de tout droit à la défense dans l’espace public.

Nous appelons donc à participer à la solidarité contre l’offensive qui le frappe, et qui n’est malheureusement qu’une manifestation de la tentative d’étouffement du mouvement contre le génocide et de l’islamophobie ambiante : cet été des milliers de personnes ont été frappées par une vague de perquisitions , dont certaines se sont traduites par des assignations à résidence. Des anonymes qui ont simplement exprimé leur soutien à la résistance du peuple palestiniens sur les réseaux sont en prison, et il est encore impossible de quantifier le nombre de vies qui ont été brisées par la violence pathogène actuellement à l’œuvre dans un pays dévoré par ses vieux démons racistes. Chaque jour les milices virtuelles des extrême droites française et israélienne ciblent des militants et militantes, les harcèlent en masse, tentent d’obtenir leur licenciement et leur mort sociale. En, toute impunité .

Cette violence n’est cependant rien comparée à un seul jour de bombardement à Gaza, à une seule heure de torture dans les prisons et les petits Guantanamo ouverts par Israël. En France comme partout dans le monde, toute une génération l’a compris et se bat pour la justice universelle. C’est tout naturellement qu’elle s’identifie à la jeunesse palestinienne et nomme son combat Intifada , même en Occident. Aucune intimidation individuelle, aussi injuste soit elle ne peut faire taire des millions de voix.

Solidarité inconditionnelle avec Elias d’Imzalene . 

Pour rejoindre les initiatives de solidarité, nous vous invitons à vous abonner sur les comptés dédiés qui relaieront une bataille qui s’annonce unitaire et massive.

Des comptes ont été crées sur les réseaux sociaux. Vous pouvez dès maintenant les partager et interagir afin de faire monter la visibilité.

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22.09.2024 à 18:21

Retailleau comme une cérémonie de clôture des JO, démocratie de façade vaincue par KO.

Nadia Meziane

A un moment, il fallait bien que finisse le cirque macroniste, la farce progressiste estivale certes utile pour endormir la gauche après un coup de force, pour susciter une douce torpeur festive, à la rentrée on verra, Lucie sera là. Non, finalement ce sera Jeanne d’Arc. Macron n’a pas fait de dissolution pour amener la gauche au pouvoir, mais pour éviter que Marine Le Pen prenne sa place en 2027. Et une des solutions pour cela, c’est  essayer de lui opposer un ersatz de Le Pen père. Juste après les élections, c’était difficile. Le mouvement contre le génocide en Palestine perdurait malgré les évacuations d’universités et les musulmans en étaient les leaders non contestés par la jeunesse. La masse de la gauche sociale s’était mobilisée dans les urnes et avait retrouvé un peu d’espoir en se comptant, après l’écrasement par la force du mouvement des retraites et la violence terrifiante contre les jeunes écologistes, déployée à Sainte Soline et ensuite. Malgré les manœuvres des islamophobes de gauche qui voient dans LFI la structure à détruire pour pouvoir définitivement isoler les musulmans de toute alliance politique, LFI avait gardé sa place centrale pas seulement en nombre de sièges à l’Assemblée Nationale mais surtout en termes de moteur idéologique positif pour une partie des classes populaires. Il fallait donc jouer sur deux plans pour neutraliser une offensive immédiate qui pouvait amener le NFP à une conquête au moins partielle du pouvoir. D’abord, le cirque sociétal. Celui qui ne coute rien qu’un paquet…
Texte intégral (2248 mots)

A un moment, il fallait bien que finisse le cirque macroniste, la farce progressiste estivale certes utile pour endormir la gauche après un coup de force, pour susciter une douce torpeur festive, à la rentrée on verra, Lucie sera là.

Non, finalement ce sera Jeanne d’Arc. Macron n’a pas fait de dissolution pour amener la gauche au pouvoir, mais pour éviter que Marine Le Pen prenne sa place en 2027. Et une des solutions pour cela, c’est  essayer de lui opposer un ersatz de Le Pen père.

Juste après les élections, c’était difficile. Le mouvement contre le génocide en Palestine perdurait malgré les évacuations d’universités et les musulmans en étaient les leaders non contestés par la jeunesse. La masse de la gauche sociale s’était mobilisée dans les urnes et avait retrouvé un peu d’espoir en se comptant, après l’écrasement par la force du mouvement des retraites et la violence terrifiante contre les jeunes écologistes, déployée à Sainte Soline et ensuite. Malgré les manœuvres des islamophobes de gauche qui voient dans LFI la structure à détruire pour pouvoir définitivement isoler les musulmans de toute alliance politique, LFI avait gardé sa place centrale pas seulement en nombre de sièges à l’Assemblée Nationale mais surtout en termes de moteur idéologique positif pour une partie des classes populaires.

Il fallait donc jouer sur deux plans pour neutraliser une offensive immédiate qui pouvait amener le NFP à une conquête au moins partielle du pouvoir.

D’abord, le cirque sociétal. Celui qui ne coute rien qu’un paquet de fric pour une cérémonie : convoquer  quelques artistes, faire un son et Lumières suffisamment kitsch pour sembler révolutionnaire à des cinquantenaires pour qui mai 68 se résume à des filles torse nu en manif et à une orgie libérale.  A l’heure du règne de l’instantané et de l’image, quelques drag queens , une chanteuse racisée et des DJ non binaires suffisent à faire oublier à une part de l’opinion de gauche, qu’avec l’argent des JO, on aurait pu rouvrir des services gynécologiques, des maternités de proximité, des permanences pour les victimes de violences sexuelles et de genre, financer des hébergements pour des mères isolées à la rue avec leurs enfants.

Le progressisme de série Netflix comme ersatz de politique féministe et inclusive a toujours réussi au macronisme

L’espace de quelques semaines, les communicants du pouvoir  ont donc réussi à imposer une polarisation factice : tous ensemble contre l’extrême droite chrétienne et réactionnaire qui n’a pas apprécié que l’on touche à ses valeurs.

En réalité, ce furent surtout des loosers définitivement à l’écart de la vie politique française qui s’indignèrent :Christine Boutin depuis longtemps à la retraite sauf sur X, des traditionnalistes de base qui ne savent pas jouer tactique. On peut y ajouter les  zemmouristes que le RN a cantonnés au rôle d’agitateurs de soupe fasciste, utiles pour entretenir la colère populiste de la base et la détourner de la tentation de rallier la droite dure, mais tenus à l’écart de la prise de pouvoir institutionnelle.

En revanche la fausse polarisation eut un effet majeur : conforter un narratif totalement déconnecté du réel immédiat, c’est à dire une  offensive d’extrême droite menée en toute impunité par un gouvernement censé être démissionnaire au nom de la protection de JO censés incarner le progressisme français.

La trêve olympique pour les uns , l’amplification de la violence islamophobe pour les autres

Les JO ont  ouvert une phase de violence sans précédent contre la communauté musulmane : sans précédent parce que ne s’appuyant pas même sur le prétexte d’attentats déjà commis. La vague de perquisitions et de MICAS lancée par Gérald Darmanin  était l’avant-goût de ce qui nous attend maintenant: la répression ‘anti-terroriste préventive” comme gouvernance contre la communauté musulmane dans un premier temps, contre toutes les autres oppositions ensuite. L’extension du domaine de ce type de répression a déjà commencé avec les inculpations pour apologie du terrorisme réalisées même contre des députés de gauche.

Cette violence islamophobe n’a créé aucune polarisation antifasciste d’ampleur. Or l’islamophobie n’est pas une diversion mais le cœur battant du régime, son centre idéologique et névralgique d’où jaillissent mille arborescences qui enserrent ensuite aussi ce qui reste des libertés publiques pour tous.

Dans ces conditions, forcément, le macronisme n’a trouvé aucune opposition suffisamment structurée en face de lui. Seulement un vasouillage impuissant , une unité de façade qui s’est brisée très rapidement. Et ce alors même que l’offensive islamophobe de gauche pour détruire LFI trouvait un visage et une voix, celle de François Ruffin dont le discours antisystème raciste a au moins le mérite de la simplicité et de l’accessibilité. Cet état de faiblesse et de désorientation de la gauche, couplé à la nécessité pour la communauté musulmane activiste de faire face quasi seule à une répression féroce, n’a pas permis d’offensive coordonnée et mobilisatrice pour mettre à nu un régime contesté de toutes parts.

C’est donc la part fasciste qui a remporté la manche.

La dernière phase du macronisme sera déjà celle de l’extrême droite au pouvoir. Avec le meilleur déni du monde, il sera désormais impossible de se raconter des fables. D’abord évidemment à cause de Retailleau. Retailleau n’est même pas Darmanin, tentant de dépasser le Pen fille sur sa droite. Retailleau est un Le Pen père, mais un Le Pen Père ayant déjà l’expérience des responsabilités politiques au moins locales . Retailleau est l’archétype du Vendéen revanchard et solide, formé et adoubé par Philippe de Villiers, le partisan affiché de la guerre civilisationnelle. Retailleau à l’intérieur, c’est la fin de la farce laïque, l’avènement de  la Croisade assumée  La décapitation pour rire de Marie Antoinette aux JO, c’était un gadget pour gogos républicanistes vulgaires à fantasmes sexistes violents.  Place à Retailleau,  l’homme du Puy du Fou, l’attraction royaliste installée depuis des décennies.

Le proche de SOS Chrétiens d’Orient n’est pas le Jean Marie Le Pen des années soraliennes, mais celui d’avant, celui  d’une vision idéologique un peu oubliée, le néo-reaganisme. C’est-à-dire le soutien affiché aux  Etats Unis en guerre contre le communisme: le Jean Marie  Le Pen des années 80,  chantre  assumé de Vichy, trouvait très peu de mérite aux Juifs mais une certaine utilité à Israël comme avant-poste de la guerre contre les arabes .

Cela ne signifie donc  pas que le macronisme avec Retailleau aux commandes  renoncera à sa petite musique antisémite traditionnelle, bien au contraire. La réhabilitation de Vichy, celle de Maurras ou de Barrès sont nécessaires à la puissance du nationalisme français éradicateur. Le schéma directeur islamophobe doit pouvoir s’appuyer sur un narratif historique familier, celui de l’Ennemi Intérieur , de l’Agent corrupteur, bref sur le schéma classique de l’antisémitisme réutilisable contre les musulmans. Ce sera d’autant plus facile que dans les cercles officiellement adoubés de la lutte contre l’antisémitisme, on n’en est plus seulement à accepter Bardella dans les manifs: comme Sfar, on se paye le luxe de déterrer Céline.

De surcroit,  dans sa phase finale, le macronisme aux abois ne peut plus être faussement laïque : depuis 20 ans, la laïcité est une coquille vide remplie uniquement par l’islamophobie, elle n’a jamais intéressé personne en tant que modèle de société éventuellement positif c’est-à-dire fondé sur la défense des services publics forts. A l’inverse, elle a été invoquée durant deux décennies marquées par la destruction de l’Etat providence, c’est-à-dire celle de toutes ses structures hors régalien.

Le prétendu état laïque est celui de la privatisation absolue du bien public, de la ruine du secteur éducatif au profit des écoles privées , sauf les écoles musulmanes. Lorsque l’islamophobe laïque nous accuse de taqya collective et de double discours , il parle de lui , qui invoque les Lumières pour replonger le pays dans l’Ombre de l’absolutisme, où le seul soleil brille à Versailles pour le clergé et la noblesse, pendant que le peuple doit financer la guerre perpétuelle  et qu’on persécute les minorités pensantes . Il était donc logique que le discours laïciste hypocrite entretenu aussi à gauche par les plus libéraux économiquement, ceux qui ont multiplié les lois antisociales sous Mitterrand , sous Jospin et sous Hollande doive au moment crucial , céder sa place à un narratif historique plus mobilisateur, celui de la Chrétienté agressive, de la Croisade islamophobe  offerte aux pauvres comme seule vengeance et dignité possible face à un destin misérable au quotidien .

 Les projets islamophobes pour la période sont en effet tout à fait clairs : exclure les musulmans de l’enseignement supérieur et des postes de cadres, cibler ceux qui exercent des professions libérales, comme en témoigne l’offensive actuelle contre les « avocats fréristes ».

La communauté musulmane ayant retrouvé sa capacité à se mobiliser, face à sa jeunesse, il faudra aussi réactiver et amplifier le logiciel antiterroriste et plus seulement celui de la loi Séparatisme. La vague islamophobe de cet été l’a annoncé, il s’agit d’assigner à résidence les militants, d’interdire toute prise de parole politique libre en la criminalisant : c’est le sens des offensives qui se généralisent contre les activistes les plus appréciés dans la communauté mais qui ont aussi fait le choix ces dernières années de travailler avec d’autres forces politiques, ce qui a fait toute la puissance du mouvement contre le génocide en Palestine. D’Abdourahmane Ridouane (1)  à Elias d’Imzalene (2), les hommes qui sont visés par la répression médiatisée en ce mois de septembre 2024 incarnent tout simplement la composante directrice du front antifasciste possible avec la gauche révolutionnaire.

Il faut  bien dire le mot “révolution” , très sérieusement cette fois. Donc forcément en arabe, la révolution ne se fait jamais dans un seul pays: Intifada contre le fascisme et le Capital , c’est le nom du seul Rêve réaliste pour échapper aux Cauchemar fasciste.

C’est un vœu pieux, mais face à l’apparente hégémonie fasciste, la Foi sincère est de toute façon nécessaire pour résister à la Croisade. Paradoxalement, c’est aussi un appel au calme ,à l’insurrection des consciences ,  au combat raisonné pour la justice universelle face aux hurlements nihilistes et chaotiques des fascistes uniquement capables de proposer aux masses  l’ivresse du Sang versé, jusqu’au génocide pour  oublier  l’enjeu terrible  du Temps présent. C’est à dire la nécessité de sauver la Planète d’un mode de production mortifère qui menace l’espèce humaine dans son ensemble.

(1)France. Pessac, cas d’école de l’acharnement islamophobe de l’État – Rayan Freschi (orientxxi.info)

(2) Sur l’offensive visant à criminaliser l’emploi du mot intifada dans les manifestations pour la Palestine,  (1) Perspectives Musulmanes sur X : “Communiqué de soutien à notre frère Elias d’Imzalène cible d’une vague d’attaques islamophobes et pro-impérialistes de la part de certains médias français et d’une grande partie de la classe politique française.

29.07.2024 à 17:28

Perquisitions et répression islamophobe: de la terreur psychologique comme discipline olympique

Nadia Meziane

Il y a quelques mois, comme désormais mon entourage est au courant de ma « radicalisation » supposée, un ami d’enfance m’a brusquement parlé d’une personne qui avait subi une perquisition en 2015. Il s’agissait d’un livreur Uber qui connaissait quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui connaissait quelqu’un fiché comme « islamiste ». Je n’ai pas demandé de détails car les perquisitions préventives et leurs motifs sont absurdes et inutiles à décrypter sauf pour les avocats éventuels . D’ailleurs cet homme, musulman, faut-il le préciser, a été relâché après 48 heures de garde à vue. Mais aussi après qu’on eut fracassé sa porte à six heures du matin, qu’on l’ait braqué en hurlant, et qu’on lui ait mis une lumière « bleue « dans les yeux. Mon ami pensait que c’était plutôt une lumière rouge de viseur, mais nous avons conclu que cette hypothèse était peut-être liée au fait que nous avions vu beaucoup de films américains. Ce sujet de la couleur de la lumière, de l’altération de la perception des choses dans les moments de crise est revenu plusieurs fois dans les discussions sur cette histoire : je crois que cela permettait de meubler les silences et la gêne entre nous, qui nous connaissions depuis le collège, et qui ne parlions jamais de politique ensemble. Et brusquement les présumés « terroristes », ce truc de la télé de nos enfances, c’était presque nous, des amis à nous. La personne perquisitionnée n’a pas pu sortir de chez elle pendant des semaines…
Texte intégral (4506 mots)

Il y a quelques mois, comme désormais mon entourage est au courant de ma « radicalisation » supposée, un ami d’enfance m’a brusquement parlé d’une personne qui avait subi une perquisition en 2015. Il s’agissait d’un livreur Uber qui connaissait quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui connaissait quelqu’un fiché comme « islamiste ». Je n’ai pas demandé de détails car les perquisitions préventives et leurs motifs sont absurdes et inutiles à décrypter sauf pour les avocats éventuels . D’ailleurs cet homme, musulman, faut-il le préciser, a été relâché après 48 heures de garde à vue. Mais aussi après qu’on eut fracassé sa porte à six heures du matin, qu’on l’ait braqué en hurlant, et qu’on lui ait mis une lumière « bleue « dans les yeux. Mon ami pensait que c’était plutôt une lumière rouge de viseur, mais nous avons conclu que cette hypothèse était peut-être liée au fait que nous avions vu beaucoup de films américains. Ce sujet de la couleur de la lumière, de l’altération de la perception des choses dans les moments de crise est revenu plusieurs fois dans les discussions sur cette histoire : je crois que cela permettait de meubler les silences et la gêne entre nous, qui nous connaissions depuis le collège, et qui ne parlions jamais de politique ensemble. Et brusquement les présumés « terroristes », ce truc de la télé de nos enfances, c’était presque nous, des amis à nous.
La personne perquisitionnée n’a pas pu sortir de chez elle pendant des semaines après cela, même pas pour acheter du pain et ce symptôme se répète depuis.

Depuis 2015.

Elle a perdu son emploi, sa compagne, son logement originel. Elle n’a pas vu de psychologue, n’a pas tenté d’obtenir réparation, n’a pas redémarré le moindre projet, n’a pas pris contact avec une association communautaire ou autre. Elle ne veut pas parler de ça, a refusé de me rencontrer. De l’extérieur, c’est simplement un Rsaste musulman, et je me demande comment il va faire pour aller faire quinze heures de travail gratuit et obligatoire, désormais imposé par les macronistes. Je pense très sincèrement qu’il ne le fera pas, et qu’il finira SDF et que personne ne saura plus jamais pourquoi.

Actuellement, une nouvelle vague de perquisitions et d’assignations à résidence préventives a lieu (1). Depuis un mois et demi. Je la vis de manière différente car je connais quelques personnes concernées ou éventuellement concernées dont une avec qui je suis en contact quotidien. Evidemment, ce que je vis est anodin à côté de ce qu’il vit lui, néanmoins cela a impacté mon état psychologique et physique.
Les symptômes précis n’ont aucune aucune importance en soi, ni aucune originalité globale. Sur une militante de base  moyennement  performante en temps normal, la seule chose à noter, c’est que cela invalide partiellement  ma capacité à militer, à hauteur de 70 pour cent environ, depuis plusieurs semaines. Cela fait évidemment partie des objectifs de masse d’une telle opération.

Il s’agit seulement de la manifestation individuelle  de la destruction psychologique massive que personne n’évaluera. Combien d’hommes, de femmes, d’adolescents et d’enfants musulmans vont être impactés par cette nouvelle offensive, en plus des personnes directement visées par les mesures iniques et antidémocratiques du gouvernement ?
Réponse : on ne pourra jamais le savoir exactement, pour plusieurs raisons.

Un, les dispositifs de signalement et de délation institutionnelles génèrent des phénomènes de non-recours aux soins psychologiques. La plupart des gens qui ont des personnes ciblées comme « islamistes » dans leur entourage ne le crient pas sur les toits. Leur souffrance psychique fait partie des choses à dissimuler au travail, dans la vie quotidienne, et aussi par exemple aux enfants de notre entourage, qui évidemment seraient en danger s’ils parlaient de la situation en milieu scolaire. Dans ces conditions, l’idée d’aller voir un professionnel de santé paraît absurde, d’autant que les “professionnels” ne sont pas neutres  (2), et qu’il est difficile de savoir quelle sera la réaction face à un ” Je fais des cauchemars parce que j’ai peur que mon entourage islamiste se fasse éclater sa porte à six heures du matin”. On peut imaginer qu’elle ne sera pas  forcément safe et dans le care, c’est certain, tout le monde n’a pas la chance de faire des cauchemars féministes psychologiquement corrects  . Et au fond la question de l’utilité de ce recours à des soins se pose, car l’état de détresse psychologique généré par l’islamophobie d’état n’est pas une pathologie ex nihilo, et l’islamophobie d’état ne s’arrêtant jamais, quelle guérison espérer de toute façon ?

Deux, pour être reconnu comme victime, il ne faut pas être vu socialement comme un bourreau ou un complice des bourreaux . Or, en France, même à gauche, on a beaucoup de mal à dépasser l’autosatisfaction prétendument humaniste consistant à reconnaître uniquement les formes les plus violentes de l’islamophobie, par exemple des agressions physiques commises de préférence par l’extrême droite, et de préférence également contre des musulmans certifiés totalement innocents selon les critères de gauche .

Ce ne sont évidemment pas des critères objectifs: par exemple, si l’on s’intéresse au sujet de la violence politique, celle-ci peut être parfaitement acceptée pour certains mouvements internationaux comme les mouvements kurdes, déclarés “résistants” d’emblée  , jamais pour d’autres, pour lesquels il n’y a pas la moindre empathie. A gauche la défense des  prisonniers politiques notamment contre les QHS et la torture blanche de l’isolement est une tradition existante, même si contestée et débattue.

Mais lorsque l’état désigne des personnes comme « islamistes » , « radicalisées » et qu’il sort pour ce faire des fichiers qu’il a lui-même arbitrairement remplis, lorsque le mot « terrorisme « est prononcé, même sans aucun recours à l’accusation d’actes concrets éventuellement commis,  la qualité de victime potentielle disparaît même pour des agressions étatiques extrêmement violentes. Par conséquent, bien que 99 pour cent des personnes perquisitionnées en 2015 n’aient fait l’objet d’aucune poursuite, non seulement ce scandale n’a pas généré l’indignation massive qui a eu lieu pour une répression beaucoup moins forte contre les écologistes, mais surtout, la suite, la vie Après n’a jamais été un sujet. Et l’oubli semble aussi la seule chance d’une partie des personnes concernées et de leurs proches : continuer à vivre, à être considéré comme à peu près « normal » espérer un arrêt de la surveillance étatique.

D’ailleurs de cela aussi on ne parle pas. Que génère la surveillance massive, ou simplement la menace de surveillance massive des « fichés islamistes « et de leur entourage ?

C’est un aspect intéressant psychologiquement, pourtant. Ayant longtemps été d’extrême-gauche, j’ai eu toute ma vie cette culture du jeu à se faire peur et à essayer ainsi de se sentir très important et rebelle et donc objet de l’attention des Renseignements Généraux et de la police de la pensée parce qu’on a critiqué le gouvernement sur les réseaux ou qu’on a fait deux pauvres manifs interdites ( je ne parle pas ici des camarades réellement surveillés (3) mais des militants de base peu importants comme je l’ai été la majeure partie de ma vie, membres d’une masse de dizaines de milliers de personnes ). C’était juste un moyen de compenser la non-reconnaissance sociale que ressentent tous les activistes de base à gauche. On se persuade qu’au moins la police s’intéresse à nous individuellement. Pas trop, le plus souvent.

La vie des musulmans décrétés islamistes et de leur entourage est différente. On ne sait pas. Enfin on sait que les messages qu’on envoie à telle personne fichée S ou membre d’une organisation ciblée sont lus. Ce qui amène à se torturer le cerveau des jours entiers pour savoir si on ne l’a pas mise en danger pour un message anodin qui pourrait cependant être interprété différemment.
Mais on ne sait rien de plus. En tout cas avant la répression. On vit juste avec cette idée que possiblement tous nos échanges privés sont lus, que toute notre vie est disséquée. On sait qu’on est soi même fiché S à la drôle de tête d’employés de banque ou des services publics ou quand on veut envoyer un mandat à son cousin afghan en Allemagne pour son anniversaire et que finalement lui-même ne pourra jamais toucher l’argent (4). On sait évidemment que tout ce qui est dit sur les réseaux sociaux est susceptible de servir pour plus tard. Lorsqu’on est militant, tout ceci se vit bon an mal an car on a des raisonnements politiques accessibles pour rationnaliser.
Mais pour les autres ? Pour ces milliers de gens perquisitionnés au fil des années, et pour leur entourage, quel impact psychologique de cette surveillance massive proclamée haut et fort par les ministères de l’intérieur ? Quelle vie psychique, quelles conséquences sur les interactions sociales et la manière de les mener ?

On ne sait pas. Sans doute y a-t-il eu quelques publications scientifiques peu accessibles à ce « on » qui est la masse des personnes concernées. A vrai dire nous sommes seuls, c’est cela le principal sentiment particulièrement destructeur. Contrairement au discours étatique la fameuse « association de malfaiteurs » ou la “frérosphère”  globale n’existe pas. La répression épuise, suscite les conflits, l’éloignement. Dans la société actuelle, où la popularité sur les réseaux sociaux est devenue l’enjeu central de la plupart des représentations de soi, l’écrasement est d’autant plus fort pour celles et ceux dont les récits ne susciteront pas de réaction.
Nous qui sommes juste des « proches » sans pouvoir, nous sommes inutiles aux nôtres et nous devenons des fardeaux pour l’entourage autre. Cela aussi, c’est un non-dit. Tout le discours sur les « mouvances islamistes » concourt à l’idée d’écosystèmes fermés et florissants. En fait, nous sommes souvent aussi, avant cela, proches de beaucoup d’autres gens. Il y ceux à qui on ne peut pas parler sinon ils vont être horrifiés, et l’impression d’être réellement coupable de quelque chose à force de le taire.

En monde militant de gauche, c’est différent : la lutte contre l’islamophobie a son prestige, des militants français veulent bien en tirer avantage et sont très heureux de rencontrer et de travailler avec des frères et des sœurs connues, si ça amène des bénéfices pour leur propre militantisme. Mais si on n’est juste personne, et qu’on n’a rien à apporter que nous-mêmes, on se retrouve très vite simplement en trop avec notre histoire, et notre état psychologique dégradé

De même on ne sait pas vraiment ce que génère psychologiquement le temps suspendu de ces phases islamophobes violentes. Par temps suspendu, il faut entendre l’arrêt brutal de l’horloge interne qui règle notre quotidien et du calendrier « normal ». A partir du moment où l’offensive a été lancée, le temps se raccourcit et se dilate en même temps.

Il se raccourcit sur des cycles éternels de 24 h où peut survenir le pire, l’arrestation d’un proche. Il se raccourcit car les annonces de perquisitions chez des inconnus rythment les journées sur les réseaux sociaux. A chaque rappel de la période qui est vécue, c’est un choc interne et les espaces entre les chocs semblent se réduire, ramenant la sensation d’écoulement du temps à un jour sans fin. Le temps se dilate en même temps car le futur réel est inaccessible. Le futur simple, dirons nous, les vacances, tel évènement personnel et familial prévu de longue date, la rentrée, les projets politiques ou autres sont en partie plongés dans un brouillard dense, après le Mur. Actuellement le ministère de l’Intérieur a décidé que ce Mur couvrait la période des JO, mais le simple fait de croire ça fait se sentir stupide.
De fait, on a beaucoup de mal à se remémorer l’ « avant » cette période. Je me souviens du moment matinal où j’ai lu la dépêche résumant le discours de Darmanin annonçant les perquisitions, un matin où j’avais beaucoup de projets jusqu’à fin août en cours : des déplacements politiques, des week end avec des amis de passage à Paris, des textes à finir. Et puis plus rien, sauf la sensation physique d’un morceau de glace sur la nuque. Ce moment me semble être arrivé dans un passé lointain et inquantifiable. De fait cela pourrait bien continuer toujours. De fait on pourrait bien avoir peur pour les siens toute la vie et ne jamais sortir de la nasse mentale

Que peuvent générer des pensées aussi morbides sur des personnes en difficultés autres, en précarité sociale par exemple ? Que se passe-t-il quand les états dépressifs deviennent tels qu’on ne peut pas aller au travail ni prendre d’arrêt maladie, car le contrat de travail est trop précaire ? Que se passe-t-il quand de surcroit, pendant plusieurs semaines, le fascisme est aux portes du pouvoir et qu’en supplément AUCUN parti politique même de gauche n’a promis la fin de cette vague de répression ?
Ces questions sont rhétoriques. Les effondrements de la personnalité sont inévitables, dans des proportions évidemment inconnues. On peut juste être certains qu’ils se produisent, car on les vit soi-même sans savoir à quoi ils vont aboutir dans quelques temps. Et certains aussi que cela ne posera pas question, même pour des personnes qui ne se vivent pas comme islamophobes, car la présomption de culpabilité prévaut dans tous les esprits dès lors que le « terrorisme » est évoqué.

Ce constat chez les personnes concernées peut créer un sentiment de résignation, de repli et de séparatisme effectif. Le séparatisme défini comme la volonté de ne plus être en contact avec un environnement brutal est un mécanisme rationnel d’autodéfense.

Comme l’est la dissimulation de sa situation, ou au contraire l’affirmation plus ostensible de son appartenance religieuse, seul moyen de retrouver une certaine assurance et de contrer la honte de soi. De même ces périodes entrainent forcément des changements de comportement et d’habitudes visibles qui vont perdurer …et qui sont très exactement dans l’imaginaire public, la marque de la « radicalisation ».

En dehors de sphères assez restreintes, l’on peut raisonnablement avancer l’hypothèse qu’il est impossible de contrer ce regard sur nous. Pour ma part, j’en ai parlé avec quelques frères et sœurs convertis récemment, précaires et isolés, donc les plus susceptibles de voir de manière « neuve » leur situation. Le constat a toujours été le même. Une hostilité dite ou une hostilité non dite qui prend au mieux la forme de l’indifférence affichée, l’injonction à redevenir la personne d’avant, non musulmane. Contrairement à l’imaginaire, absolument pas de repli communautaire, bien au contraire, un repli tout court. Une sœur m’a dit « En ce moment, je suis bien quand je dors ». Une jeune femme de 30 ans. Blanche, jolie, très vive et joyeuse selon ses dires, avant la période ouverte en octobre, alors qu’elle s’était convertie quelques mois avant, au terme d’un parcours spirituel heureux n’ayant rien à voir avec la politique, au demeurant. Notre rencontre n’avait rien à voir avec la politique non plus, j’étais au supermarché, elle a fait tomber une bouteille de jus de fruit à terre et elle pleurait, je lui ai dit que je faisais aussi tout tomber en ce moment, ensuite on a parlé . De manière significative, ensuite nous n’avons même pas échangé nos numéros de téléphone.

Alors comment en sortir ? Sans doute en comprenant que le phénomène de radicalisation ne nous touche pas, nous, mais une grande part de la société environnante, et avec des signaux extrêmement forts. Ce que nous percevons comme la normalité des non-musulmans opposée à notre délabrement psychologique est en réalité pathologique politiquement et provoqué par l’hégémonie islamophobe absolue qui règne dans ce pays.
Ce qui nous arrive est monstrueux, injuste et toutes celles et ceux qui nous le font vivre ou le tolèrent ont une grave responsabilité morale et politique. C’est très important de se le répéter et de se le répéter encore

Bien avant cette vague de perquisitions, depuis le 7 octobre, j’ai croisé dans les manifs Palestine et sur les réseaux, des personnes seules, comme moi. Ressentant une intense détresse en dehors des moments de mobilisation. Se sentant parfaitement nulles et inutiles pour la communauté, impuissantes face à un génocide  tout en subissant un rejet intense du reste de leur environnement. Passant leurs nuits sur les réseaux pour se sentir appartenir à une communauté et affrontant leur entourage non musulman et surtout non concerné par toutes ces histoires politiques islamistes la journée. Ce qui m’a marquée, c’est le sentiment d’être des ratés et des ratées partagées dans des proportions quantitatives que je n’aurais pas imaginées, mais accompagné du sentiment d’être le ou la seule à être aussi minable.

Jeune, j’ai eu la chance de connaître le mouvement des chômeurs et précaires de l’hiver 97/98. Un moment où les rebuts de la société et même du monde militant de gauche, des jeunes désocialisés, des SDF, des chômeurs très longue durée se sont rassemblés et ont brusquement pris conscience d’eux même , de leur force et de leur Beauté.

En quelques semaines, toutes les nasses mentales de haine de soi ont volé en éclats malgré la domination de classe très présente, même dans les mondes militants, et surtout à gauche où le mépris se dissimule sous un faux égalitarisme.
A l’époque, j’ai eu la chance de voir des personnes se transformer et prendre conscience d’elles même, en se parlant de manière horizontale et massive.

Cela peut sembler totalement absurde et hors de propos d’évoquer cela à propos de l’”islamisme”. Ce concept cependant est une arme de destruction psychologique massive en soi. Les vagues de répression soi-disant anti-terroriste touchent indirectement des milliers et des milliers et des milliers de musulmans et de musulmanes, et pas seulement les activistes. Pour diverses raisons, nous sommes des milliers et des milliers à vivre une situation similaire à celle de mon ami que j’évoquais au début de ce texte : nous sommes des amis d’islamistes présumés et persécutés, et nous le taisons. Et en même temps, nous sommes restés nous-mêmes, en l’occurrence des gens n’ayant pas spécialement réussi dans la vie non musulmane et pas des musulmans en vue dans notre communauté. Dans notre for intérieur, tout le discours islamophobe sur la puissance islamiste crée une réalité psychologique finalement très comique dans cette période intense de persécution.

Nous voudrions bien devenir magiquement ce que décrivent les islamophobes, des islamistes. Cet imbécile de Darmanin et ses amies  nous font rêver avec les portraits qu’il croient cauchemardesques On voudrait tellement être des vrais Séparatistes, au lieu de nous sentir juste nuls comme d’habitude.

Pourtant nous n’avons pas besoin d’être plaints, nous sommes nombreux.
En réalité, ce que décrit le Pouvoir existe. Nous sommes la masse qui ne pense qu’à arrêter un génocide islamophobe depuis octobre. Si le pouvoir réprime quelques centaines d’entre nous, c’est qu’il craint les centaines de milliers d’autres, qui dans leur petite vie de monsieur et madame Personne, font tout à leur modeste mesure, par petits grains de sable pour enrayer la machine génocidaire, qui ne fonctionne pas seulement avec des armes, mais aussi et surtout grâce à l’assentiment même passif . Le propre de la répression féroce et de la désapprobation sociale permanente est qu’elles créent un sentiment d’impuissance, de vulnérabilité et de faiblesse absolue, car nous la vivons de l’intérieur . La maltraitance infantile crée par exemple le même phénomène, tous les professionnels de l’enfance le savent: un enfant maltraité ne peut voir l’immense capacité de résistance dont il fait preuve sur le long terme, il ne voit que sa nullité, sa méchanceté supposée et son incapacité à susciter la moindre empathie autour de lui. Les mécanismes d’oppression de masse fonctionnent de la même manière: chaque personne qui lutte depuis des mois contre le génocide a affronté les manifestations interdites, la fatigue de la lutte, la stigmatisation sociale massive, l’islamophobie d’état, l’islamophobie ambiante dans la société française Ce n’est pas rien, c’est même immense, collectivement et nous avons tous contribué.

En réalité nous sommes l’Islamisme, le vrai, même si ce mot est celui du pouvoir et que nous sommes justes musulmans .  L’islamisme est le nom que le pouvoir donne à une Force réelle, celle de toutes les petites Ames, détruites à moitié par cette période terrible mais pas totalement. Toutes ces petites Ames effroyablement arrogantes au fond, ayant décidé que nous pouvions intervenir dans le cours de l’Histoire pour faire le bien. Ne trouvera grandiloquente cette conclusion que celui qui ne croit plus en Rien, sauf à des sons et Lumières  pathétiques où le Pouvoir fait tout le bruit possible pour cacher qu’il n’a rien à proposer que le Vide, en plus d’un génocide.

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( 1) Pour des données chiffrées et organisées sur cette vague de perquisitions et d’assignations à résidence  on lira le travail de CAGE International , en bref d’abord pour comprendre de quoi on parle et le rapport précis sur la période JO ensuite.  Mettre une  source musulmane= uniquement est volontaire, car à l’heure actuelle, les chercheurs, journalistes ou activistes des droits humains musulmans sont justement criminalisés pour ces activités , et les disqualifier comme “communautaires” et donc “non objectifs” fait notamment  partie du dispositif islamophobe de gauche, elles ne sont pas moins objectives que Libération ou Mediapart et de plus grande qualité, sauf quand ces médias mainstream pillent des sources musulmanes sans les citer.

(2) On notera que Loi du 30 juillet 2021 relative à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement prévoit la mise à disposition de l’ensemble des dossiers médicaux des personnes décrétées radicalisées qui sont hospitalisées sans leur consentement , pour le préfet de leur département mais également pour l’ensemble des préfets et les services de renseignement. Dans ce cadre, l’on peut évidemment imaginer facilement que la paranoïa pour laquelle des gens vont être “soignés” de force puisse s’auto-alimenter et que le processus de soins soit légèrement compromis.

(3) A ce sujet, on notera que les dispositifs islamophobes , surveillance préventive, dissolutions, perquisitions administratives banalisés peu à peu pour les musulmans sont évidemment aujourd’hui utilisés de manière massive contre l’extrême-gauche et l’ensemble des mouvements d’opposition au régime, dans des proportions assez inédites depuis des décennies. La vie d’une ou d’une jeune gauchiste ou antifasciste conséquent n’a rien à voir avec celle de son équivalent dans les années 90 ou 2000. A cette époque, l’islamophobie d’état était déjà en plein développement, mais semblait un monde séparé et lointain. La comparaison entre la situation actuelle et les années de plomb italiennes est objectivement justifiée, mais ce n’est pas une attaque initiale contre la gauche radicale ou des mouvements de classe qui a généré l’état d’exception en pleine extension, mais la dite politique mondiale de la guerre contre le terrorisme lancée dans les années 2000

(4 ) La déshumanisation islamophobe crée un imaginaire étrange, où “islamiste” est une essence absolue, une créature démoniaque et quasiment surnaturelle qui n’a pas besoin de manger,  ne vit ni la crise des loyers dans les grandes villes , ni la diminution de son pouvoir d’achat, ou la réforme des retraites. L’état français naturellement n’a pas ce genre de superstitions et une des mesures les plus répandues accompagnant les perquisitions ou utilisée en soi est le blocage immédiat des comptes bancaires personnels, pour “vérification” . Des années de ce genre de mesures mais aussi de “formations à la laïcité et contre la radicalisation ” aimablement proposées aux banques ont amené à des refus d’ouverture de compte  par exemple pour des librairies musulmanes , pour des activistes ou des établissements musulmans. C’est un sujet dont il est peu question, tant le complotisme islamophobe généralisé valide l’idée selon laquelle l’argent étranger coule à flots chez l’Ennemi Intérieur.

 

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