De façon singulière, la scène-clé du documentaire d’Albert Serra, lauréat de la Coquille d’or au dernier Festival de San Sebastian, se trouve au début, lorsque le héros, le torero Andrés Roca Rey demande à un des membres de sa cuadrilla (ensemble d’hommes accompagnant un matador, notamment ses planteurs de banderille et son picador) : « Comment est-ce qu’il toréait, Tomás ? » Un spectateur novice croira qu’il s’agit du prénom d’un concurrent ou d’un modèle défunt ;
Séisme politico-judiciaire, le jugement du tribunal correctionnel de Paris déclarant neuf anciens eurodéputés et douze assistants parlementaires coupables de détournement de fonds au niveau de l’Europe et les condamnant à des peines d’amende, de prison et à des peines complémentaires d’inéligibilité avec exécution provisoire remet en lumière les liens étroits entre démocratie, État de droit et justice, notamment au regard des commentaires non seulement de personnalités politiques
En tant qu’élus locaux, nous savons aujourd’hui que la jeunesse, trop souvent invisible dans le débat public, a plus que jamais besoin d’être le sujet d’un grand et nouveau projet d’émancipation. Des villes, des champs ou des banlieues, les jeunes, notamment les « décrocheurs », sont les grandes victimes de la vague de précarisation qui monte dans notre pays depuis un quart de siècle et qui les éloigne également d’un système démocratique, hélas fracturé et inégalitaire,
Dans son roman, L’écriture ou la vie, Jorge Semprun, survivant du camp nazi de Buchenwald, libéré il y a 80 ans, le 11 avril 1945 écrit : Il y aura des survivants, certes. Moi, par exemple. Me voici survivant de service, opportunément apparu devant ces trois officiers d'une mission alliée pour leur raconter la fumée du crématoire, l'odeur de chair brûlée sur l'Ettersberg, les appels sous la neige, les corvées meurtrières, l'épuisement de la vie, l'espoir inépuisable, la sauvagerie
L’apocalypse a lieu sur grand écran, à l’entrée de l’exposition Apocalypse. Hier et demain, avec la dernière scène de Melancholia (Lars van Trier, 2011). Le visiteur est aveuglé par la collision imminente et frontale de la Terre avec une autre planète. Les mots « cataclysme », « apocalypse » et « catastrophe » ont envahi notre vocabulaire. Ils qualifient les tragédies de guerre et les désastres environnementaux, n’hésitant pas à les niveler avec les événements mineurs
« À travers cette lecture d’Aristote, Ricoeur pointe le risque qu'à force de prétendre s’éloigner de la vengeance, on rende la justice encore plus implacable, au nom du fait que c’est la justice. Alors que si l’on acceptait cette part de refoulé, on serait peut-être beaucoup plus prudent dans le maniement des peines. » Vous pouvez retrouver ce texte dans nos archives : Paul Ricœur, Aristote : de la colère à la justice et à l’amitié politique, Esprit, novembre 2022