12.11.2023 à 18:00
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Une histoire globale des révolutions vient de paraître, c’est un pavé de 1200 pages, 72 autrices et auteurs, 93 articles. L’ouvrage est impressionnant, peut-être même intimidant, il n’en est pas moins incontournable et fera date. Pour ce lundisoir, nous accueillons Ludivine Bantigny, Eugenia Palieraki, Boris Gobille et Laurent Jeanpierre qui l’ont pensé et coordonné. Ils nous parlent de ce qui les a poussé à produire une telle enquête, de la nécessité d’ordonner les archives révolutionnaires et de la manière dont ce travail nous permet d’éclairer les soulèvements en cours et à venir.On dit que la révolution est exception. Il se trouve qu’elle est plutôt la norme. Le XX° siècle aura été, plus encore que le XIX° siècle, le siècle des révolutions. Et il semble que ce siècle, à l’échelle planétaire, n’a pas fini de s’éterniser. En réalité, il n’y a pas la Révolution. Car une révolution qui veut persévérer dans l’être historique, une révolution qui tient à son devenir, cette révolution dessine et trace une constellation. Constellation dont les astres scintillent de révolutions soeurs.
Avec Une histoire globale des révolutions, Ludivine Bantigny, Quentin Deluermoz, Boris Gobille, Laurent Jeanpierre et Eugénia Palieraki et leurs 67 contributrices et contributeurs, ne ne sont pas contentées d’une rhapsodie ou d’un catalogue géohistoriques des grands soirs mal connus et oubliés. Nous n’avons pas sous les yeux le cabinet des curiosités de la Nature en révolte. Et bien qu’il s’agisse d’une enquête sur les « constellations révolutionnaires », les autrices et auteurs ne sont pas les cosmologues contemplatifs d’un ciel indifférent ; ils et elles sont plus proches, en réalité, de l’astrologue théorico-tactique qui, à l’aide de son érudition, de sa finesse méthodique et de son objectivité, ne nous fournit pas son manuel insurrectionnel fantoche, ni ses mille et une leçons pour une révolution réussie, mais les quelques conditions de rigueur, parfois même négatives, d’une approche effective et éthique de la Révolution.
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05.11.2023 à 16:00
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Quid sit hierarchia ? Ce soir nous plongeons dans l'histoire des anges, des astres et de la hiérarchie. On pourrait nous croire à jamais convertis à l’anarcho-spiritualisme . En un sens, c’est peut-être bien vrai. Mais sous l’œil patient de Ghislain Casas, auteur de La dépolitisation du monde (VRIN), l’angélologie médiévale se change en théorie du pouvoir – théorie de la hiérarchie – théorie du pouvoir sacré. Qui croit parler mystique en parlant des anges, parle plutôt d’un pouvoir si pur qu’il se change en lumière. Au moment où les anges abandonnent le cosmos et le mouvement des sphères pour s’affairer au gouvernement des esprits hors les astres, jetant les bases très lointaines de la Modernité, nous découvrons que leur « hiérarchie » fut pour les scolastiques du XIII° siècle – au moins en ce qui concerne le gouvernement des prêtres –, aussi importante politiquement que l’ensemble des arts de gouverner du XVI° et XVII° siècle.
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15.10.2023 à 17:00
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Faire tenir ensemble la psychanalyse et le féminisme, la psychanalyse et la politique, Scum Manifesto et Sigmund Freud : tel est le pari de Silvia Lippi et Patrice Maniglier, qui co-signent aux éditions du Seuil Sœurs. Pour une psychanalyse féministe. Un titre aux allures de manifeste, et un ouvrage qui prend acte des critiques adressées à la psychanalyse, mais qui moins que de la détruire vise au contraire à la recommencer — à partir du féminisme, et de l’introduction du concept de sororité dans la clinique psychanalytique. C’est donc tout à la fois une autre psychanalyse et une autre modalité de relation — que #MeToo, sur le divan et dans la rue a participé à faire exister en pleine lumière — qu’il s’agit de penser ici, « une relation qui se tisse entre des femmes en tant que femmes, mais aussi plus généralement une alliance entre personnes qui s’effectue du point de vue de leur position féminine, c’est-à-dire ce à quoi elles sont à la fois incluses et soustraites à la problématique phallique. » Exister et guérir hors du paradigme d’un pouvoir dont finalement personne ne veut, exister et guérir ensemble à partir d’un commun symptôme, « symptôme partagé » sur lequel se construit la relation sororale, c’est l’horizon de cette réflexion qui fait dialoguer psychanalystes et psychotiques pour faire entendre une voix qui n’attend plus qu’on l’autorise à parler. « La femme est traumatique, la femme est politique » : mais comment penser justement le lien entre la femme et la sœur en échappant au piège de l’essentialisation ? Tout le monde peut-il être « sœur », et peut-on être « soeur » sans être traumatisée, et traumatisée sans être victime ? Qu’est-ce, concrètement, qu'une psychanalyse sororale ? On en parle dans lundi soir.
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29.09.2023 à 16:00
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Partons d’un constat simple : nous héritons, pour nommer l’ennemi de tout un tas de mots et de concepts : le fascisme, l’extrême-droite, l’autoritarisme, la réaction, etc. Pourtant, à chaque fois que nous les convoquons, nous sentons bien qu’ils ne recouvrent pas tout à fait ce qui se trame ou nous fait face. Lorsque le gouvernement Macron juge opportun d’interdire l’abaya et d’organiser le rejet des migrants dans la méditerranée, assiste-t-on à l’endofascisation du parti de l’économie ? Lorsque des milliardaires de la Silicon Valley investissent dans le transhumanisme pour abolir la démocratie, peut-on parler d’une nouvelle hybridation du conservatisme ? Lorsque de Cyril Hanouna à Papacito, nos écrans diffusent en continue l’affect fun de l’asservissement et de la bêtise, faut-il prendre au sérieux la réaction ? Pour tenter d’y voir plus clair, nous lançons cette nouvelle série de lundisoir et pour entamer cette recherche nous avons invité Pablo Stefanoni & Marc Saint-Upéry pour nous parler d’un livre passionnant : La rébellion est-elle passée à droite ? Une présentation plus détaillée du livre comme de cette série est publiée ici : Des insurrections sans lumières.
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24.09.2023 à 18:00
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Déserter, bifurquer, s’évader, autant de mots pour dire le refus de participer à un système mortifère. Si le constat semble sans appel pour un certain nombre d’individus vivant au quotidien le malaise et le clivage que leur situation professionnelle leur impose, l’échappée belle n’est pas toujours si simple. Ces derniers temps, c’est une drôle de classe qui s’est retrouvée en première ligne du front de la désaffiliation : celle des ingénieurs. Qui peut assumer aujourd’hui de faire partie des techniciens de la destruction du monde ? Alors comment partir ? Que faire de compétences si chèrement acquises, et problablement utiles, autrement ? Comment sortir d’une cage que tout le monde considère comme dorée ? Ce lundisoir nous poursuivons avec Olivier Lefebvre une discussion entamée l’an dernier. Ingénieur-déserteur, il vient de publier une Lettre aux ingénieurs qui doutent.
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31.08.2023 à 22:00
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Parmi les machines qui hantent nos vies quotidiennes, le tapis roulant est celle qui traverse le plus insidieusement tous les secteurs d’activité : des tapis mobiles sur chaîne d’assemblage aux tapis de caisse de la moindre supérette en passant par ceux dévolus à l’exercice corporel du fitness. Travail posté, rituel consumériste et souci hygiénique de soi : trois postures qui, chacune à sa manière, nous condamnent à l’éternel recommencement d’une marche forcée. Pour cette rentrée et ce lundisoir, nous avons invité Yves Pagès à venir parler de son dernier livre : Les chaînes sans fin, histoire illustrée du tapis roulant.
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