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La Lettre de Philosophie Magazine

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03.06.2025 à 05:00

“Versailles est avant tout un jardin d’autorité” : entretien avec Alain Baraton, jardinier en chef du parc du château de Versailles

nfoiry

“Versailles est avant tout un jardin d’autorité” : entretien avec Alain Baraton, jardinier en chef du parc du château de Versailles nfoiry mar 03/06/2025 - 05:00

Il est le serviteur du roi des jardins : Versailles, 850 hectares au total, 43 kilomètres d’allées, 32 hectares de pelouse, un million de fleurs et quelque 10 millions de visiteurs annuels. Dans notre nouveau hors-série, Alain Baraton, jardinier en chef du domaine du Roi-Soleil, nous fait visiter son royaume.

juin 2025
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02.06.2025 à 18:12

Et vous, avez-vous identifié votre lieu propre ?

hschlegel

Et vous, avez-vous identifié votre lieu propre ? hschlegel lun 02/06/2025 - 18:12

« Vous est-il déjà arrivé de sentir qu’un lieu – une place, un chemin, le pont d’une grande ville ou le grenier d’une vieille maison – entrait en résonance profonde avec ce que vous êtes ? Comme s’il vous attendait depuis toujours et qu’il recelait une promesse de bonheur ? Nous autres Modernes, qui avons vidé l’espace de ses qualités, avons du mal à accueillir de telles expériences. C’est pourtant ce qu’Aristote permet de penser avec son idée d’un “lieu propre”.

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Ce week-end, de passage à Bruxelles pour fêter l’anniversaire de ma mère, je suis retourné avec elle et ma fille sur les lieux de mon enfance. J’ai eu la chance de grandir dans une commune un peu excentrée de la capitale qui regorge de vieilles maisons dans des rues boisées aux noms enchanteurs, de la Petite-Espinette à la Drève Pittoresque. En passant devant la maison où j’ai grandi, que mes parents ont quittée depuis longtemps pour le centre-ville, j’ai montré à ma fille la fenêtre de ma chambre, où j’entendais les ânes et les poules le matin, mais aussi, en contrebas, le club de football où je jouais toutes les semaines, sur un terrain en pente mal dégrossi qui portait le nom du ruisseau longeant la route pavée, le Verrewinkel… Alors même que tout a été redessiné pour faire place à de riches immeubles ultramodernes destinés aux fonctionnaires européens, ces ruelles n’ont pas perdu leur poésie. Et les traversant avec émotion, j’ai compris que la fréquentation de ce lieu s’était durablement imprimée en moi. Si j’ai ressenti le besoin impérieux, après avoir vécu à Paris pendant vingt ans, de m’extraire de la grande ville, au moment du Covid, pour m’installer en Seine-et-Marne, entre la forêt de Fontainebleau et la Seine, c’est peut-être que cette attache initiale fait partie de moi. Comme un appel de la forêt en deçà de mon attrait plus intellectuel, plus culturel, plus politique aussi, pour l’urbanité des grandes villes.

Comment nommer cette empreinte spatiale ? Nous autres Modernes, enfants de la révolution scientifique initiée par Copernic, Galilée et Newton, nous tendons à penser que l’espace est indifférent aux corps qui s’y meuvent. Si la pomme tombe de l’arbre, c’est en vertu d’une loi, celle de l’attraction, qui est la même pour tous. Cette loi, externe aux corps, décide de la place qu’ils occupent, en les “attirant” du dehors d’eux-mêmes. Pour Aristote, au contraire, si la pomme tombe, c’est qu’elle veut rejoindre la terre, qui est son “lieu propre”, comme d’autres corps aspirent au contraire à s’élever vers le ciel. La gauche et la droite, le haut et le bas… mais j’ajouterais aussi bien la ville et la campagne, ne sont pas des données spatiales relatives. “Le haut n’est pas un lieu quelconque ; c’est le lieu où se dirige le feu, et en général les corps légers. Le bas n’est pas davantage arbitraire, et c’est le lieu où se dirigent tous les corps qui ont de la pesanteur, et qui sont composés de terre. Par conséquent, ces éléments ne diffèrent pas seulement par leur position; ils diffèrent encore par leur propriété et leur puissance” (Physique, IV, §3). Aristote articule ainsi très étroitement la place que les choses occupent dans l’espace et leurs propriétés ou leur puissance intrinsèque. Tout ce qui est occupe un lieu – c’est une évidence. Mais il faut distinguer le “lieu commun”, qu’occupent tous les corps, du lieu “propre”, qui correspond aux propriétés spécifiques de chacun d’eux. “Chaque corps est porté ou demeure dans les lieux qui lui sont propres”, répète le philosophe. L’espace qui abrite les êtres et les choses n’est pas une qualité extrinsèque – comme habiter en Belgique ou en France, à la ville ou à la campagne, en restant le même. Il a une qualité et une consistance propres qu’il leur communique. “Il s’agit, souligne Rémi Brague, qui fait une lecture très fine de la théorie du lieu propre d’Aristote, de montrer qu’il existe quelque chose comme le lieu, que le lieu possède une consistance bien à lui, puisqu’il ne se confond pas avec ce dont il est le lieu” (Aristote et la question du monde, Éditions du Cerf, p. 279).

Comment définit-on le “lieu propre” d’une chose ? Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas une donnée naturelle ou biologique ; au contraire, elle est liée à l’usage, à la praxis. Prenant l’exemple d’un crayon, Aristote fait ainsi valoir qu’on peut le considérer comme un corps purement physique (soma) qui m’échappe des mains et tombe par terre… ou comme une “affaire” (pragma) qui déploie, entre mes mains, à la verticale, l’activité d’écrire à laquelle il est destiné. C’est en remplissant sa fonction, son usage propre, que le crayon rejoint son lieu. Qu’en est-il pour les êtres humains ? Pour caractériser le “lieu propre” d’un homme, Aristote s’adresse directement, personnellement (c’est rare dans la Physique !) à l’auditeur de son cours. “Tu es sur terre, lui explique-t-il, parce que tu es dans ce lieu-ci qui n’enveloppe rien de plus que toi.” Cette adresse personnelle répond au fait que l’homme est le seul être dont le lieu propre ne soit pas lié à une fonction, mais à son identité singulière – celle d’un sujet, “toi”, qui est interpellé par les autres dans le lieu qu’il occupe. “Le lieu propre n’est pas pensable, commente Rémi Brague, sans une expérience implicite de ma présence dans le monde.” C’est ainsi, en tout cas, interpellé par ma fille et ma mère, que j’ai pris conscience ce week-end que j’avais sans doute, incrusté en moi, en deçà de mon cosmopolitisme déclaré, un lieu propre clandestin. Et vous, avez-vous identifié le vôtre ? »

juin 2025
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02.06.2025 à 17:11

Jacques Lévy : “En Pologne, l’élection présidentielle marque un nouveau conservatisme à l’écart des villes”

hschlegel

Jacques Lévy : “En Pologne, l’élection présidentielle marque un nouveau conservatisme à l’écart des villes” hschlegel lun 02/06/2025 - 17:11

Alors que les résultats de l’élection présidentielle en Pologne sont tombés dimanche, donnant la victoire au candidat nationaliste Karol Nawrocki, le géographe Jacques Lévy décrypte pour nous les logiques territoriales de ce vote décisif pour l’avenir de l’Europe.

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La victoire du candidat nationaliste Karol Nawrocki à l’élection présidentielle en Pologne est-elle surprenante ?

Jacques Lévy : Cette victoire est celle de la coalition réactionnaire, qui s’est portée sur le candidat Karol Nawrocki du parti Droit et Justice (en polonais : Prawo i Sprawiedliwość, PiS), qui a battu Rafał Trzaskowski, le maire de Varsovie. C’est une victoire relativement étroite, de l’ordre de 400 000 voix sur un total de 10 millions. C’est un nouvel épisode d’une bataille jamais terminée entre les deux grandes forces politiques, les progressistes pro-européens d’un côté, et un camp conservateur de l’autre, qui, en Pologne, se caractérise par une forte allégeance cléricale. L’Église polonaise, qui a pendant longtemps été associée à l’idée nationale, représente une force considérable, encore aujourd’hui. Ce sont des successions qui sont assez habituelles depuis l’avènement de la démocratie en 1989 en Pologne. Ça prouve que la victoire de Donald Tusk [un libéral-démocrate de centre-droite pro-européen] aux élections législatives de 2023 ne signifiait pas du tout la victoire définitive de son camp.

“Cette victoire est celle de la coalition réactionnaire. C’est un nouvel épisode d’une bataille jamais terminée entre les deux grandes forces politiques de la Pologne, les progressistes pro-européens et le camp conservateur très clérical” Jacques Lévy

 

Un élément important qui, lui, n’est pas habituel, est l’émergence de deux partis d’extrême droite qui ont totalisé à eux deux 21% des voix au premier tour. Leurs électeurs se sont assez logiquement reportés sur la variante moins radicale de leurs idées qu’est le PiS au second tour. Ces deux partis sont la Confédération (en polonais : Konfederacja Wolność i Niepodległość) et la Confédération de la Couronne polonaise (en polonais : Konfederacja Korony Polskiej). Ces partis poussent encore plus à l’extrême les positions déjà quand même très marquées à droite du PiS. La divergence idéologique majeure entre ces deux partis d’extrême droite d’un côté, et le PiS et le camp progressiste de l’autre, portait sur leur positionnement par rapport à l’Ukraine. En effet, les premiers rompent la solidarité avec l’Ukraine tandis que les seconds, pour des raisons un peu différentes de celles des pro-européens, ont été jusqu’à présent solidaires de l’Ukraine. Pour l’extrême droite polonaise, au contraire, le discours était de dire « les Ukrainiens se croient chez eux, les Russes sont nos ennemis mais l’Europe n’est pas non plus notre amie ». Du coup, ils ont tendance à renvoyer dos à dos les belligérants. D’ailleurs, le PiS, tenant compte du succès de ce discours à l’extrême droite, a évolué, depuis qu’il est dans l’opposition, dans un sens moins pro-ukrainien, plus sceptique.

 

Vous dites qu’il y a eu un renversement idéologique par rapport à l’Ukraine dans le spectre allant de la droite à l’extrême droite. Mais n’est-ce pas également le cas, certes dans une moindre mesure, du candidat Rafał Trzaskowski, qui s’est prononcé contre l’aide sociale aux immigrés ukrainiens ?

Oui, il y a eu un renversement sur la question ukrainienne, qui atteint l’ensemble de la scène politique, pas seulement le PiS et les deux partis d’extrême droite. La question ukrainienne est sensible parce qu’elle recoupe deux questions : la question géopolitique et la question de l’immigration. Sur le premier point, le positionnement pro-européen est nouveau dans l’histoire de la Pologne. Traditionnellement, elle comptait avant sur les États-Unis. Le bloc progressiste correspondant au Premier ministre Donald Tusk s’est beaucoup engagé dans un renforcement de l’identité européenne de défense, en se plaçant au premier plan avec la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne. Pendant longtemps, l’Europe de l’Est était considérée en Europe de l’Ouest comme immature, trop submergée par ses émotions nationales. Lorsque les Occidentaux étaient partagés vis-à-vis de la Russie, l’Europe de l’Est en général, et les Polonais en particulier, se sentaient en mauvaise posture – en conséquence de quoi, ils comptaient plutôt sur les États-Unis que sur l’Union européenne pour les soutenir. Avec l’élection de Donald Trump et les derniers discours d’Emmanuel Macron, on a eu la prise de conscience qu’il y a bien un camp réactionnaire et un camp progressiste à l’échelle mondiale, et qu’il faut choisir ses alliés en fonction de valeurs. Le président français ne cherche plus à convaincre Vladimir Poutine de rentrer dans le jeu coopératif. Donc, de ce point de vue-là, la Pologne a embrassé une dynamique de défense européenne. 

“Pour l’extrême droite polonaise, le discours est de dire ‘les Ukrainiens se croient chez eux, les Russes sont nos ennemis mais l’Europe n’est pas non plus notre amie’” Jacques Lévy

 

Sur la question de l’immigration, avant même la guerre en Ukraine, la Pologne est l’un des pays qui réussit le mieux économiquement, et donc qui attire des migrants venant de plus à l’Est. Ce qui est nouveau – et qu’on a constaté aussi en Europe du Sud (en Espagne, au Portugal, en Grèce) –, c’est que la culture d’émigration a été remplacée maintenant par un sentiment de menace des immigrants. C’est un phénomène commun à l’Europe, mais avec la spécificité en Pologne qu’une très grande partie des immigrants sont des Ukrainiens. D’ailleurs, les manœuvres de la Russie alliée à la Biélorussie consistant à organiser la venue de migrants et à les masser à la frontière polonaise a créé un débat en Pologne. C’était une forme d’agression, et l’opinion publique a été partagée, y compris dans le camp progressiste. C’est un pays qui a franchi des étapes dans la culture migratoire assez rapidement puisque ça a longtemps été un pays d’émigration, dès l’époque soviétique. Son imaginaire national ne le préparait pas à ce type d’évolution. On ne peut être surpris que cette peur de l’immigration de masse ait atteint l’ensemble de la scène publique.

“En Pologne, qui a longtemps été un pays d’émigration, cette culture d’émigration a désormais été remplacée par un sentiment de menace des immigrants, venant de plus à l’Est” Jacques Lévy

 

Vous êtes spécialiste de géographie politique : quelles distributions géoographiques du vote pouvez-vous dégager ?

Elles sont caractérisées par deux principes. D’abord, il y a une incontestable logique ville-campagne : les villes votent progressiste et les campagnes conservateur. On pourrait penser qu’il y a une stabilité de ce qui est derrière le mot ville et le mot campagne. Or, les campagnes ne sont plus du tout les campagnes qu’elles étaient : elles sont beaucoup plus connectées aux villes. Il faut se souvenir qu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les agriculteurs représentaient la moitié de la population active en Pologne tandis qu’aujourd’hui, ils ne sont plus que 7,5% (ce qui reste encore nettement plus que l’Europe de l’Ouest). C’est une rupture sociologique considérable. Cela laisse des traces en partie nostalgiques, qui font que les habitants des campagnes qui sont beaucoup moins liés au monde agricole, gardent tout de même une mémoire vive de l’époque précédente. Ensuite, dans les campagnes, s’est installé un habitat, avec des scores électoraux intermédiaires. On voit d’ailleurs sur les cartes qu’il y a un continuum électoral entre les zones rurales et les villes, à travers le périurbain. En tout cas, le candidat progressiste a gagné les deux tiers des voix dans les villes, et le candidat conservateur, les deux tiers des voix dans les campagnes. 

“Cette élection en Pologne confirme elle aussi qu’il y a bien un camp réactionnaire et un camp progressiste à l’échelle mondiale, et qu’il faut choisir ses alliés en fonction de valeurs” Jacques Lévy

 

Dans le cas des deux partis d’extrême droite, ce qui est intéressant est qu’ils confortent dans l’ensemble la distribution géographique ville/campagne. Leurs électeurs sont surtout dans les campagnes, ce qui est assez logique puisqu’ils forment une espèce d’extrémisation du PiS. Néanmoins, ils ont une géographie particulière. La Confédération fait de gros scores dans les zones particulièrement éloignées des villes. Quant à la Confédération de la Couronne polonaise, c’est plutôt vers la frontière avec la Biélorussie et l’Ukraine qu’elle obtient ses meilleurs résultats. On sent là une peur de l’immigration particulièrement marquée. Le deuxième principe est régional, qui a été bien analysé par Béatrice von Hirschhausen dans Les Provinces du temps. Frontières fantômes et expériences de l’histoire (CNRS Éditions, 2023). Elle analyse des cas, notamment en Pologne ou en Roumanie, où, très curieusement, la carte du vote semble faire revivre une ancienne frontière. Elle parle d’espaces « fantômes ». En Pologne, les régions qui ont appartenu à la Prusse ou à l’Empire austro-hongrois votent beaucoup plus en faveur de l’Europe que celles qui ont appartenu à la Russie. On pourrait penser que cela s’explique par la population qui n’a pas changé. Mais ce n’est pas le cas : c’est la culture politique qui est en cause. De ce point de vue-là, à l’ouest, au nord-ouest et au sud-ouest, le vote est systématiquement pro-européen, alors qu’à l’est, proche de la frontière avec le monde russe et ukrainien, le vote est beaucoup plus conservateur.

“En Pologne, les régions ayant appartenu à la Prusse ou à l’Empire austro-hongrois (donc l’ouest du pays) votent beaucoup plus en faveur de l’Europe que celles qui ont appartenu à la Russie (à l’est). C’est une histoire de culture politique” Jacques Lévy

 

Comment analyser le vote des nouvelles campagnes polonaises ?

Deux éléments peuvent contribuer à expliquer ce vote : le poids de l’Église et la peur du changement. Alors même que, sociologiquement et économiquement, les campagnes ont embrassé le changement, elles restent conservatrices culturellement et politiquement. Culturellement, elles restent sous influence de l’Église. L’Église, c’est un réseau très territorialisé, avec un maillage très fin, qui garde des pouvoirs d’encadrement de la population qu’elle a perdus dans les villes. On voit bien, par exemple, que la question de l’avortement est absolument centrale dans le pays, qu’il contribue au clivage ville-campagne, et que l’influence des forces conservatrices, notamment religieuses, porte bien sur ces sujets-là, entre autres.

 

Peut-on parler d’un nouveau conservatisme jeune en termes d’âge qui est en train d’émerger ?

Oui, l’électorat du PiS a tendance à vieillir, tandis que l’électorat de ces deux partis récents, qui ont eu un grand succès, est jeune. C’est une autre sociologie politique qui est en train d’émerger. L’affaiblissement du PiS semble avoir été plus que compensé par l’émergence de cette extrême droite qui touche des gens jeunes, de manière un peu comparable à l’électorat de Trump dans les zones rurales des États-Unis. 

juin 2025
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02.06.2025 à 14:00

Entre stress et stratégie, le supplice de Parcoursup

hschlegel

Entre stress et stratégie, le supplice de Parcoursup hschlegel lun 02/06/2025 - 14:00

Ce lundi 2 juin tombent les résultats de la plateforme Parcoursup. Mais cela n’est pas un verdict définitif : plutôt le début d’un long marathon, pénible et souvent cruel, pour les élèves comme pour les professeurs que nous avons interrogés.

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Entre stress, stratégie, spécialisation et sélection : profs et élèvent s’expriment sur cette machine à trier qu’est Parcoursup, un système angoissant et sans pitié.

STRESS. Les résultats tombent aujourd’hui, mais la procédure Parcoursup va continuer jusqu’au 10 juillet. Si c’est aussi long, c’est parce que « la plupart des élèves n’ont pas pu avoir leurs vœux de cœur », nous explique Marie Perret, présidente de l’Appep, l’Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public. Les lycéens se retrouvent donc « en attente » sur les choix qui les intéressent le plus. Si par bonheur ils sont enfin acceptés là où ils souhaitent entreprendre leurs études supérieures, la plupart du temps, ils ont « 48 heures pour valider leurs vœux, sinon ils les perdent », nous explique Clarisse L., professeure de philosophie dans la région lyonnaise. Jusqu’en juillet, certains élèves vont donc devoir vérifier très régulièrement sur l’application dédiée si leur vœu a été accepté. Le système est d’autant plus cruel qu’ils assistent anxieusement à leur progression – parfois très lente – sur liste d’attente, en sachant qu’à partir d’une date butoir, leur vœu ne sera plus disponible. Les enseignants se retrouvent donc à devoir prendre en charge une nouvelle forme de stress spécifiquement générée par Parcoursup. « En tant que professeurs, on fait du management du stress. On organise des plages dédiées pour les rassurer, et leur expliquer que ce n’est pas perdu s’ils ne sont pas immédiatement acceptés », explique Clarisse L.STRATÉGIE. Parcoursup est un algorithme très complexe, qui a tendance à récompenser les élèves les plus stratèges, quitte à ce que cela mène à des situations ubuesques. Nous avons interrogé Mano, un élève de terminale au lycée Philippe-Lamour à Nîmes (30), qui nous explique par exemple avoir quitté la spécialité HLP – « Humanités, littérature et philosophie » – alors qu’il avait de très bonnes notes. Quand on lui demande pourquoi, il répond que c’est une manière de « graver dans le marbre » ses bons résultats. En effet, les notes obtenues en classe de première dans ce que les textes officiels appellent « la spécialité abandonnée », comptent pour le dossier de Parcoursup. En revanche, les notes des spécialités poursuivies en terminale sont annulées et remplacées par celles obtenues lors des épreuves écrites dans ces mêmes spécialités. Si tout cela paraît bien alambiqué, il faut retenir que l’on se retrouve dans une situation absurde dans laquelle un élève doué dans une certaine spécialité l’abandonne afin de maximiser ses chances d’avoir un bon dossier.SPÉCIALISATION. Ces stratégies ont une influence sur les enseignements de spécialité proposés. « Il y a deux raisons pour lesquelles un élève choisit une spécialité au lycée : pour avoir un bon métier et un bon dossier sur Parcoursup. », explique Julien* (le prénom a été modifié), également professeur de philosophie en région lyonnaise. Les professeurs de spécialité, particulièrement en HLP, doivent donc s’adapter à cette logique et « rendre leur discipline attractive » car « les faibles effectifs peuvent entraîner une fermeture de la spécialité concernée », poursuit l’enseignant. Dans ce contexte difficile, ni les professeurs ni les élèves ne sont à blâmer, « ce sont bien les réformes qui poussent tout le monde à être calculateur », estime Marie Perret.SÉLECTION. Marie Perret appelle le dernier trimestre le « drôle de trimestre », en référence à « la drôle de guerre », car dès le retour des vacances de printemps, les élèves ne sont plus concentrés sur les cours mais tout entiers dévolus au suivi de leur dossier Parcoursup. Et pour cause, pendant tout le dernier trimestre de leur scolarité, ils doivent faire parvenir à leurs professeurs des projets relatifs à leurs engagements extérieurs, en association ou sur le plan sportif, afin de nourrir leur lettre de motivation. C’est ce que les rédacteurs des textes officiels de l’Éducation nationale ont appelé des « projets motivés ». Les élèves doivent donc être stratèges, mais aussi apprendre à se vendre. Ce temps passé à échafauder des lettres de motivation et des stratégies alambiquées pour avoir le meilleur dossier possible « les éloigne de ce pour quoi ils sont au lycée : s’instruire, et apprendre à réfléchir », déplore la présidente de l’Appep. Un constat partagé par Clément F., professeur de philosophie en région parisienne, qui estime que le but – non assumé – des réformes actuelles est « la transformation de l’institution pour la rendre plus compétitive ». Comme l’indique Marie Perret, « la sélection à l’université est de plus en plus rude. Car on a gonflé le nombre de bacheliers sans augmenter le nombre de places dans le supérieur ». Les élèves sont donc beaucoup plus stressés par l’algorithme de Parcoursup que par les épreuves de baccalauréat : c’est bien dans les rouages opaques de cet algorithme, bien plus que dans l’obtention de cet examen national, qui n’est plus un graal pour personne, que se joue véritablement leur avenir. juin 2025
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02.06.2025 à 12:00

Bac philo 2025, J-14 : et si on mettait toutes les chances de son côté avec quelques citations ?

nfoiry

Bac philo 2025, J-14 : et si on mettait toutes les chances de son côté avec quelques citations ? nfoiry lun 02/06/2025 - 12:00

Les citations ne sont pas indispensables, mais c’est bien d’en connaître quelques-unes si le sujet s’y prête. D’autant qu’elles sont également très utiles pour comprendre en quelques mots la pensée d’un auteur. N’hésitez donc pas à en apprendre quelques-unes par cœur, puis essayez de les expliquer avec vos propres mots. Si vous ne savez pas par où commencer, pas de panique : on vous a sélectionné dix citations de philo « classiques »… décryptées !

➤ Et retrouvez ici notre programme complet de révision, jour par jour juin 2025
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