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06.11.2024 à 15:34
Anthony Robine
À la rencontre des araignées tant redoutées, bien plus douces qu'il n'y paraît.
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À la rencontre des araignées tant redoutées, bien plus douces qu’il n’y paraît.
Par Charles Flamand.
Photographies Charles Negre.
Tout le monde sait à quoi tu ressembles, pourtant peu savent qui tu es.
Te présenter au singulier est une première erreur commise à dessein, pardonne cette stratégie, elle semble nécessaire pour commencer.
Tu es si plurielle, si multiple, si variée, du haut de tes 52 000 espèces recensées, qu’un « s » se doit d’être tissé au bout de ton nom. Un miracle de l’évolution, vieux de 305 millions d’années, présent, sauf en Antarctique, aux quatre coins du monde et de nos foyers, de nos rêves, de nos mythologies.
Ton nom nous vient d’Arachné, fille d’un teinturier d’une ville de Lydie, ancien pays d’ Asie mineure, proche de la mer Égée. Cette jeune femme avait acquis dans l’art de broder une telle réputation que les nymphes oisives, ayant eu vent de ses travaux, finirent par quitter leur retraite pour les admirer.
Athénée, particulièrement jalouse de ce don qu’elle croyait être seule à posséder, lui proposa un défi qu’ Arachné ne craignît pas de relever: représenter sur sa toile le différend opposant la déesse à Poséidon au sujet du nom que devrait porter la ville d’ Athènes.
Arachné, consciente de son talent, tissa du mieux qu’elle pût, pendant des jours et des nuits, les métamorphoses des dieux et leurs intrigues amoureuses. Athénée, furieuse du résultat, ne décelant aucun défaut dans le travail de sa rivale, déchira la toile. Humiliée, Arachné se pendit de désespoir. Alors, Athénée, prise de pitié, ou peut-être ayant un projet plus cruel, sauva la vie de la jeune femme en la changeant en araignée, condamnée in fine à tisser pour l’éternité.
Ainsi vous voilà, araignées de toutes les formes et couleurs, formant le grand peuple arachnide aux côtés des scorpions et autres petites bêtes de la nuit, filant vos toiles comme de la dentelle où vient se poser la rosée du matin. De même que la mouche velue.
Et maintenant, mesdames et messieurs les araignées, permettez-nous de produire votre fiche d’identité. C’est pour votre salut, sachez-le bien. Car comment apprécier ce qu’on ne connaît pas? Comment aimer ce qu’on nous a appris dès l’enfance à fuir, ou pire à tuer d’un coup de semelle ou d’un pschitt de Bio Kill ? Cruauté qui s’exprime en dépit de la chanson, tendre ritournelle : « Araignée du matin, chagrin. Araignée du soir, espoir. » Et d’un coup, c’est une vie qui s’éteint. Tant pis pour la prévision météo. Un prodige de l’évolution agonisant dans le silence et l’indifférence de certains, mais pas de Victor Hugo. Écoutons le poète (en 1856), car il a toujours raison: « J’aime l’araignée et j’aime l’ortie parce qu’on les hait. »
Au-delà de l’espèce à huit pattes, c’est le peuple qu’ildéfendait en ces termes, le peuple vulnérable, le peuple méprisé, le peuple écrasé sous la botte impériale.
Oui, mesdames et messieurs les araignées, on vous hait, vous méprise, vous élimine, mais si tel est le cas, c’est par erreur, par ignorance, par orgueil. On vous pense capables de nous pondre dans le corps, tel Alien. Et le dormeur-ronfleur croit vous avaler pendant son sommeil. Foutaises, billevesées, c’est le doigt qu’on se fourre dans l’œil !
Alors pardonne-nous nos offenses, peuple arachnide, car nous sommes de pauvres pécheurs luttant depuis l’aube de notre âge contre notre peur viscérale de la nuit.
Vous qui savez comme au temps de Rome et du Colisée emporter l’ennemi dans vos filets d’un geste véloce.
Pardonnez-nous araignées sauteuses, vous dont les yeux fascinent autant que votre capacité à vous détendre dans les airs.
Pardonnez-nous araignées bolas, vous, reines des fils, qui, suspendues à vos pattes arrière, capturez le papillon mâle avec votre hormone particulière dans votre glu sans merci.
Pardonnez-nous araignées-crabes, vous qui plus que toutes les autres aimez les fleurs et changez de couleur en fonction de celle que vous avez choisie.
Et vous, araignées de nos caves et nos greniers, peuplant le moindre interstice, vous êtes ni plus ni moins les gardiennes de nos maisons. Vous représentez, dit-on dans les campagnes, le signe d’un toit en bonne santé, renfermant le bon air, au bon degré, avec la bonne dose d’humidité.
Vous êtes également de redoutables chasseuses de petites bêtes. Acariens et mites mangeuses de laine vous fuient comme les hommes la peste, ce qui devrait faire de vous de bons colocataires pour celle ou celui qui vous remarque dans son armoire de famille.
Vous êtes étranges, et pourtant comme nous, mesdames et messieurs les araignées. Enfin, presque. À peu près, disons. Entraînées à la faveur du vent par vos fils soyeux, ou par la course, ou par la nage, spectaculairement mobiles, vous avez conquis quasiment tous les milieux offerts par cette planète, des hauts-fonds du littoral aux cimes des montagnes. À marée montante, les plus moussaillons d’entre vous retournerez dans votre cave et utiliserez votre soie pour tisser un sas qui préservera le précieux oxygène.
Aussi, vous ne pensez qu’à manger et vous reproduire. C’est encore un point commun avec notre animalité humaine. D’autant qu’en vue de ce dernier projet, le chant, la danse et autres performances charmantes y sont également déployés.
Munies d’yeux, en majorité huit, souvent six, et parfois d’aucun œil du tout (on vous appelle alors cavernicoles), vous avez des pattes, plus ou moins longues, accrochées à vos corps subtils qui n’excéderont jamais les quinze centimètres. Au-delà, vous appartiendrez au registre de la fiction, où vous tiendrez le mauvais rôle, sans doute.
« Pourquoi suivez les araignées? » se lamente Ron en marchant vers la forêt interdite sous la plume de J.K. Rowling. « Pourquoi ça ne pouvait pas être suivez les papillons ? »
Vous partagez bien des mots de notre anatomie animale ; hanche, fémur, tibia, cœur, tube digestif, poumons, organes de reproduction, vous constituent de la même manière qu’ils nous composent. À ceci près qu’ils ne sont pas disposés de la même façon. Ainsi l’organe reproducteur de ces messieurs se compte-t-il au nombre de deux, qui sont baptisés bulbes copulateurs et se trouvent au bout des pédipalpes, une paire de pattes à l’entrée de la bouche. Côté femelles, une autre innovation de la nature : la spermathèque, une poche qui leur permet de stocker la semence du mâle, parfois de plusieurs, longtemps après l’accouplement, et de contrôler son usage selon son bon vouloir.
C’est un mécanisme d’attaque et de défense comparable à certaines idées générées par notre organe cérébral. Tout aussi génial, tout aussi funeste.
Continuons d’arpenter ce pont qui existe entre nos espèces. À force de marcher vers vous, il se peut que l’on se retourne sur notre humanité et la considère avec plus de lucidité.
Bien plus encore que nous, vous investissez du temps dans votre toilette en passant vos pattes les unes contre les autres, et, sur vos yeux, vos chélicères, ces petites tiges qui portent vos crochets à l’entrée de votre bouche. Vos pattes sont recouvertes de nombreuses soies qui, selon l’appellation scientifique, sont mécanoou chimio-réceptrices. En d’autres termes plus communs, cela signifie que ces soies sont très sensorielles et que pour percevoir votre environnement au maximum de leur capacité, il faut qu’elles restent propres !
Puis, comme pour nous, la gymnastique vous est nécessaire afin d’évoluer en bonne santé. Au cours de vos mues, qui ont lieu, selon les spécimens, trois à quinze fois dans votre vie, vous vous déshabillez de votre ancienne carapace pour vous parer d’une nouvelle armure (le tégument). L’exercice vous permet d’assouplir vos articulations et renforcer votre corps qui, sinon, resterait tout mou. Pas prédateur pour un sou.
L’empathie à votre égard commence à votre rencontre, si tant est que celle-ci ne soit pas gâchée par un réflexe de répulsion et de mort. Et c’est le travail de toute une vie que de vous avoir cherché jusque dans vos habitats les plus secrets ; celle de Christine Rollard, maître de conférences et arachnologue au Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Elle qui préfère vous appeler « soyeuses » plutôt que poilues. Elle aussi qui parle de votre « art de la table », elle encore qui en connaît un rayon sur vos nuits de noces, elle à qui nous voulons rendre hommage ici. Car Christine Rollard réhabilite votre monde en nous ouvrant ses portes avec une extrême sensibilité et tient le flambeau de l’empathie entre les espèces.
Ce papier ne serait rien sans son travail. Alors, à bon entendeur, chers futurs arachnophiles.
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18.10.2024 à 09:33
Anthony Robine
...Il y a la Normandie, les Landes, le Jura. Il y a des passages de flambeaux, des débuts d’histoires, des idées de recyclage. Cet automne, Regain vous en fait voir une verte et des bien mûres.
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Il y en a un qui tend ses filets sur le Rhin et d’autres qui tissent leurs toiles. Une qui s’est battue sans relâche pour la condition des femmes agricultrices et un autre qui chasse un arbre oublié. Il y a aussi une plante vénéneuse hérissée d’épines, et des vignes d’Aveyron qui poussent la chansonnette. Il y a un duo d’artistes inspirés, une péquenaude poétique, un village solidaire. Et puis, il y a aussi le soleil qui joue avec l’averse chez Valérie Donzelli et la valse d’un premier service joyeux à la Belle Vie, l’auberge de Zoé Boinet. Il y a à boire, à manger et même des adresses où piquer un petit roupillon. Il y a la Normandie, les Landes, le Jura. Il y a des passages de flambeaux, des débuts d’histoires, des idées de recyclage. Cet automne, Regain vous en fait voir une verte et des bien mûres.
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01.07.2024 à 23:01
Darius
Des murènes guettant leurs proie, des étoiles de mer et des baudroies. Une Vénus portant le sabot, un châtelain, un bouquet de pivoines. Des citernes, des lavoirs-papillons, des lacs de saint-namphaises et même des sources de rosé...
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Des murènes guettant leurs proie, des étoiles de mer et des baudroies. Une Vénus portant le sabot, un châtelain, un bouquet de pivoines. Des citernes, des lavoirs-papillons, des lacs de saint-namphaises et même des sources de rosé. Un prix Goncourt, sa maison Drômoise, un nom gravé sur le mur, les murmures du passé. Une virée sur la french riviera, entre citronniers et Méditerranée. La bouillabaisse du futur, le marché au bout du sentier. Des fruits, une soupe froide, le vin tiré par Claude et Lydia Bourguignon. Des trucs simples, de bonnes adresses, des conseils de lecture et des objets chinés. Pour préparer l’été, Regain mise sur la mer, le soleil, la gaieté.
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22.03.2024 à 08:33
Darius
Des flamants roses à la parade, une brocanteuse face à la chine. Un projet éolien et des oiseaux migrateurs. Une jeune femme se rappelle son enfance et réveille le souvenir du restaurant de ses parents. Un couple se construit sur une ruine, un village passe la nuit à casser des noix et un pschitt-pschitt aide à trouver des truffes...
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Des flamants roses à la parade, une brocanteuse face à la chine. Un projet éolien et des oiseaux migrateurs. Une jeune femme se rappelle son enfance et réveille le souvenir du restaurant de ses parents. Un couple se construit sur une ruine, un village passe la nuit à casser des noix et un pschitt-pschitt aide à trouver des truffes. Des fleurs flirtent, des amoureux s’embrassent, des artisans s’échinent sur des mochetés valdôtaines. La bamboche, la cantoche, un verre de vin, une bouteille d’eau de Source. Étienne Klein grimpe, Stanislas Merhar bricole. Un peu de lumière : Clémentine Autain, Audrey Pulvar, Léa Falco, Gilles Luneau, Marc Dufumier, Carice Van Houten, Charles Hervé-Gruyer, Féris Barkat, Alessandra Montagne et Mathilde Caillard donnent des solutions. Et toujours des adresses à gogo, des choses à faire au jardin et avec ses mains. Regain soigne la sinistrose par un numéro rose.
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20.12.2023 à 21:34
Darius
Sur le chemin de fer, des renards esquivent et des coquilles Saint-Jacques émergent. Dans le Lot et dans le Finistère, la musique néo-traditionnelle réveille le souvenir de langues anciennes. Aurélien Bellanger fait du vélo, dans le Morvan, ça sent le sapin, dans le Jura, Valentin Morel plante des cépages hybrides...
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NOUVELLE FORMULE ! PLUS GRAND, PLUS GROS, PLUS BEAU…
Dans ce numéro, Jean-Marc Rochette et Christine Cam s’isolent dans un hôtel d’altitude coupé du monde, pendant qu’une jeune femme et sa grand-mère arpentent un village de l’Yonne et que, sur les bords de la Méditerranée, trois motos filent vers un chantier naval. Sur le chemin de fer, des renards esquivent et des coquilles Saint-Jacques émergent. Dans le Lot et dans le Finistère, la musique néo-traditionnelle réveille le souvenir de langues anciennes. Aurélien Bellanger fait du vélo, dans le Morvan, ça sent le sapin, dans le Jura, Valentin Morel plante des cépages hybrides. Le fantôme du tracé de l’autoroute A69 écrase tout sur son passage. Les pneus crevés, les cailloux sur la chaussée ralentissent les journalistes sans les décourager. Au cœur de l’hiver, des jouets en bois, des manufactures alsaciennes et un téléphone léger donnent la direction à suivre pour donner du temps au temps. On enfile ses chaussettes en laine, on concocte une liqueur maison, on reste au chaud…
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21.09.2023 à 16:14
arthur
Des hérissons qui inspirent l'armée romaine. Un garde-champêtre et son musée varois, des poussins masqués et des champignons qui parlent, de la lavande et du lavandin. Des rocs, des pics, des caps et du théâtre populaire. Des co-fermentations de pommes, de poires, de coings et de raisins...
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Des hérissons qui inspirent l’armée romaine. Un garde-champêtre et son musée varois, des poussins masqués et des champignons qui parlent, de la lavande et du lavandin. Des rocs, des pics, des caps et du théâtre populaire. Des co-fermentations de pommes, de poires, de coings et de raisins. La maison d’un poète, le poète d’une maison. Une championne de ski et son fromage à croûte persillée. Des carrières de champignons, un village du Morvan et un camion de coiffure. L’auberge du père et de l’oncle mais aussi d’autres adresses à visiter. De quoi faire des bouquets, des digestifs, des infusions et même de quoi se fabriquer une cuillère en bois. Cet automne, sous un soleil refroidi, Regain recueille ce qu’il a semé : poésie, gourmandise et solidarité.
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05.07.2023 à 14:04
arthur
Tous les ans, pendant quatre mois, les frères von Siebenthal montent dans les alpages pour s’occuper d’un troupeau de chèvres et produire du fromage. Une vie de labeur et de sobriété.
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Tous les ans, pendant quatre mois, les frères von Siebenthal montent dans les alpages pour s’occuper d’un troupeau de chèvres et produire du fromage. Une vie de labeur et de sobriété.
Par Victor Coutard. Photographies Paul Lehr.
À 1667 mètres d’altitude, Jakob et Mathis von Siebenthal font des semaines de 135 heures. Chaque jour, ils commencent à travailler aux aurores et finissent leur journée au crépuscule. La première traite doit être effectuée à 5 heures, la dernière se termine, si tout se passe bien, vers 19 heures. Puis il faut encore compter une heure pour tout nettoyer, retourner les fromages de la veille et accompagner les chèvres sur leur parcelle de nuit. 5h-20h, 15 heures par jour, 135 heures par semaine. Et ça ne s’arrête jamais pendant les quatre mois que dure la saison des alpages. Pas de jours de repos, pas de vacances ni même de congés maladies. Lors de notre visite, Mathis avait attrapé froid mais n’était pas exempté de ses tâches, à savoir les deux traites et la surveillance des animaux sur des alpages d’altitude battues par les vents.
Depuis Zurich, nous avons pris le train pour la ville de Coire où nous devions prendre une voiture pour grimper dans les montagnes du canton des Grisons et plus précisément dans la vallée de Lumnezia jusqu’au village de Puzzatschs. À cause d’un micmac de communication, nous nous sommes rendu compte ne pas avoir effectué de réservation de voiture et les prix prohibitifs proposés par les agences de location nous poussèrent à trouver une solution alternative. Un bretzel, un train, un bus et deux heures de marche sur des sentiers de randonnée de haute montagne plus tard, nous arrivions enfin en vue de Parvalsauns, le chalet où Jakob et Mathis font la saison. Assoiffés par tant d’efforts, nous nous réjouissions d’avance de trouver chez nos deux amis allemands la bonne bière fraîche dont nous rêvions. En lieu et place nous nous vîmes proposer un verre d’eau fraîche ou de lait de chèvre. Mathis ne boit pas d’alcool et, quand il est ici, Jakob non plus. “Si je bois je m’endors” explique ce dernier.
À Puzzatsch, au chalet Parvalsauns, on ne boit pas, on ne fume pas, on saute les déjeuners, on mange très peu de viande, très peu de sucre, on ne capte pas internet, on est trop fatigué pour lire et, pour tout dire, on ne baise pas tous les quatre matins. À 21 heures tout le monde est au lit, à 4h30, quand sonne le réveil, on va à l’essentiel et on évite de trop se parler. Ici, loin du village et au cœur de la vallée, on vit en autarcie au rythme des bêtes et des fromages, on subit la météo, on ne compte pas ses efforts. “La sobriété est l’amour de la santé, ou l’impuissance de manger beaucoup ” écrivait La Rochefoucauld dans ces Maximes. Jakob et Mathis ne sont ni des grincheux, ni des apôtres de la continence. Quand on leur prépare un petit salé, ils en mangent avec appétit, quand on ouvre une bière, Jakob se sert un bon demi, le boit avec joie puis lâche un râle de plaisir. Mais d’ordinaire, quand ils sont ici dans les alpages, Jakob et Mathis n’ont plus le temps, plus l’énergie nécessaire pour les plaisirs sensibles. La montagne et les bêtes apprennent la sobriété à l’esprit, comme au corps.
À Puzzatsch, chaque jour est réglé comme une horloge mais pas forcément comme une horloge suisse tant sont nombreux impondérables et imprévus. Il y a les animaux malades et les fugueurs, le matériel revêche, les orages soudains, les visiteurs en quête de fromage. Le réveil sonne donc vers 4H30, le temps d’enfiler un pull et des chaussures de montagne. Mathis part chercher les chèvres, puis les regroupe près de la salle de traite. Pendant ce temps, Jakob démarre un feu de bois sous le chauffe-eau dont la vapeur servira à faire monter en température le lait du jour. Les deux frères préparent ensuite les pots trayeurs et branchent ce qui doit l’être là où ça doit l’être. Les chèvres entrent dans l’étable par groupe de tente, passent leur tête dans le cornadis et se régalent d’un mélange de céréales pendant la traite. Les premiers jets de lait, impropres à la consommation, sont tirés à la main et récupérés dans une bouteille à bec évasé qui rappelle les trompettes pour asthmatiques. Chaque animal donne environ un litre de lait, il y a 130 chèvres. La traite prend deux bonnes heures au son des “tschi-tschi” des trayeuses et dans les effluves de foin, de chèvres et de crème. Puis enfin, il faudra nettoyer le bâtiment comme les instruments. Nettoyer, briquer, astiquer représente une majeure partie du temps de travail quand on veut bien faire du fromage.
Hormis les deux traites journalières qu’ils réalisent ensemble, Jakob et Mathis se répartissent les rôles et alternent tous les dix jours. Pour le dire simplement, l’un s’occupe des fromages quand l’autre s’occupe des chèvres. La semaine de notre venue, Jakob passait la journée à la fromagerie et Mathis dans les alpages. Les deux frères vivent ainsi pendant quatre mois dans l’intimité d’un chalet de haute montagne totalement isolé du reste du monde sans pour autant vivre une cohabitation fusionnelle. Le matin, à peine réveillés, ils s’activent en salle de traite, puis ils passent la journée à deux endroits différents de la vallée et ne se retrouvent le soir que pour effectuer la seconde traite. Accablés de fatigue, ils n’ont finalement que le dîner pour être vraiment ensemble et, très vite, il faut aller au lit. “On dort tellement bien après une journée de travail qu’on se lève avec la satisfaction de savoir que le soir on ira se coucher” rigole Jakob.
Vers 6h30, les premiers rayons de soleil de la journée s’engouffrent enfin dans la vallée pour lécher le toit de la ferme. À la fromagerie, le lait est transvasé à même une bassine recouverte d’un plateau de bois. Jakob pèse les fromages de la veille puis les fait tremper dans un bain d’eau salée. Il note également la quantité de lait du jour, ajoute la présure et prépare sa journée de travail. Pendant ce temps, Mathis se prépare. Il avale son petit-déjeuner vers 8H, remplit sa gourde d’eau et une pochette en tissu de 250 grammes de graines. Avant de s’installer, les deux frères ont dépensé près de 1 000 euros pour se faire des réserves d’amandes fraîches, de cerneaux de noix et d’autres graines de tournesol. Ils ont calculé que 250 grammes par jour devraient suffire pour tenir la saison. Et que 250 grammes de graines plus une pomme feraient amplement l’affaire pour le déjeuner. Ils ont également acheté des provisions pour le dîner et les affaires courantes et se font livrer un panier de légumes toutes les semaines. “Si ça se passe bien, on n’aura même pas besoin d’aller au supermarché de la saison” lance fièrement Jakob.
Mathis part vers 8h30 dans les alpages qui se dressent comme un tsunami vert juste en face de la maison. De la terrasse, on peut suivre Mathis, sa chienne Djinn et le troupeau grimper vers les hauteurs. “Quand je suis là-haut, j’écoute de la musique, je pense à ce que je vais faire cet hiver. Au début, on ne connaît pas le terrain, il faut être vigilant mais au bout d’un certain temps, je pourrais me mettre à lire un peu” raconte Mathis, son bâton de berger à la main et son sifflet autour du cou. Qu’il pleuve ou qu’il vente, Mathis doit rester là-haut, dans les alpages, afin que les chèvres mangent le maximum d’herbes grasses pour produire un maximum de lait. Plus la saison va avancer, plus les chèvres iront haut en altitude, jusqu’à faire le tour de la montagne, pour chercher la meilleure source de nourriture. Mathis passe environ 8 heures tout seul avec le troupeau et revient vers 16H30 pour effectuer la seconde traite de la journée. À son retour, son frère aura produit une quarantaine de fromages, astiqué la fromagerie et décrotté l’étable, nourri les petits cochons et se sera occupé de l’administratif car où que l’on soit, il y en a toujours.
Jakob économise pour s’acheter une ferme. Il voudrait s’installer dans la Drôme et devenir maraîcher. Il aimerait trouver un terrain pas trop isolé pour s’installer avec sa copine Charlie, fondatrice de la marque de vêtement Ségo-Ségo. Pour l’instant, il vit à Marseille et le reste de l’année opère comme livreur à vélo. “À Marseille, ce sont mes vacances, je ne travaille que trois jours par semaine.” plaisante Jakob. Mathis, lui, aime cette vie nomade et solitaire. À bord de son pick-up Volkswagen, il passe ses hivers en Scandinavie où il travaille à élever des chiens huskys. “Je ne suis pas prêt à m’installer” confie-t-il dans un large sourire.
Leur sœur Suzanne est également bergère l’été venu. Pourtant les Von Siebenthal ne sont pas une famille d’agriculteurs, enfin pas depuis très longtemps. “Il y a cinq ou six générations, notre famille faisait déjà des fromages dans les Alpes françaises » explique Jakob. L’attrait pour le pastoralisme est d’abord un attrait pour ce mode de vie contemplatif et spartiate. “Je trouve mon plaisir dans le dénuement” s’épanche Jakob d’un sourire doux qui tempère son propos monacal.
Les mœurs austères dont Jakob et Mathis font leur quotidien sont proprement le caractère d’un sauvage et d’un farouche. Le sauvage, c’est Mathis, ces yeux bleus, sa douceur autoritaire. D’une certaine manière, il se refuse à faire société et migre d’une saison à l’autre vers des paysages où l’homme est renvoyé à ses faiblesses et à sa solitude. “Je suis plutôt fortiche pour être tout seul et ne rien faire” plaisante-t-il. Le farouche, c’est Jakob. Il trace sa route avec détermination et une liberté d’esprit remarquable. Il y a chez ses deux frères et dans ce chalet quelque chose que l’on pourrait retrouver dans les livres de Nature Writing américain. Ils pourraient être deux cow-boys d’un roman de Larry McMurtry ou de Jim Morrisson, ce pourrait être le Montana. Ils sont deux Goat Boys, et ce sont les Alpes Suisses.
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03.07.2023 à 13:24
arthur
Zoé est sommelière à Chassignolles, en Auvergne. Hors saison, elle sillonne la France à la recherche du lieu idéal pour créer sa propre auberge. Reportage embarqué dans son auto lancée à travers la diagonale du vide.
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Zoé est sommelière à Chassignolles, en Auvergne. Hors saison, elle sillonne la France à la recherche du lieu idéal pour créer sa propre auberge. Reportage embarqué dans son auto lancée à travers la diagonale du vide.
Par Matthieu Le Goff.
La route étroite zigzague dans la montagne sous un pâle soleil d’automne. Devant nous, un SUV enchaîne les virages depuis une quinzaine de minutes. Notre petite voiture patine de plus belle. « Allez Titine ! T’as déjà fait l’Auvergne, c’est pas une petite montée comme ça qui va te faire peur ! » lance Zoé. Titine, c’est une Twingo Kenzo automatique. Pas étonnant qu’elle galère dans les épingles à cheveux mais peu importe, elle est comme ça Zoé, elle parle à sa voiture et n’a pas peur des raidillons. Encore quelques lacets et nous arrivons à un hameau perché. Au-dessus de la vallée, le pic du Canigou nous toise. Voilà trois jours que nous lui tournons autour sur les routes des Pyrénées-Orientales, au gré des visites de maisons dénichées sur Leboncoin.
Du SUV descend Ludo, agent immobilier à Céret. Il s’apprête à nous présenter un imposant mas en vente sur les hauteurs de Prats-de-Mollo – prononcer moyo, nous sommes tout proches de la frontière espagnole, dans le Vallespir, une région qui doit son nom aux Romains, Vallis aspera, « la vallée âpre »… Ludo surjoue un peu le plaisir d’être dans les hauteurs, du grand air. Un chat rôde sur la terrasse ombragée par un grand arbre à kiwi. Nous faisons un petit détour par une dépendance où l’actuel propriétaire s’est retranché. La voix est pâteuse, le visage tiré. Une cuisinière ronronne dans une pièce désordonnée, ambiance survivaliste. Sur la table de l’entrée, une arbalète et des champignons sous vide. Zoé explique : « Je suis sommelière en Auvergne, et je souhaite monter ma propre auberge.» Le proprio ricane mollement. Lui aussi, c’était ça qu’il voulait faire. Gîte, balades à cheval, vente de champignons. Il s’assombrit. Le regard triste trahit un rêve englouti par la rudesse du coin, la crise sanitaire et la solitude. L’ambiance est plutôt lourde. Ludo, gêné, coupe court. Le proprio nous salue : « Si vous achetez, je vous filerai les coins à morilles. Moi, j’ai mis trois ans à les trouver.» On monte sur le terrain. Des chèvres viennent à notre rencontre. La beauté du paysage qui s’offre à nous semble presque vénéneuse. Zoé me lance un regard entendu : elle cherche un coin reculé, mais là, effectivement, c’est un peu âpre.
Le lendemain, direction la côte. On nous a parlé d’un hôtel Art déco face à la mer, à Cerbère, le dernier village avant l’Espagne. En route, Zoé réfléchit tout haut. Sur le papier, les Pyrénées-Orientales, c’était parfait : entre mer et montagne, des vins nature d’exception. Dans les faits, c’est trop loin de son réseau, de ses amis. Cette auberge, c’est un projet professionnel, mais aussi un projet de vie puisque Zoé compte y vivre. Ses critères sont encore un peu flous. Dans l’idéal, un joli coin, du cachet, une dizaine de chambres, une cave, un potager, du calme et de la vue. Pourquoi pas de quoi faire une résidence d’artistes, plus tard. L’inspiration, elle, est claire : l’Auberge de Chassignolles en Haute-Loire, une des étapes estivales les plus courues de l’Hexagone par les amateurs de bonne chère rustique et de vins libres. Zoé Boinet, presque trentenaire, y officie depuis deux saisons en tant que sommelière et manageuse. À la fois élégante et gouailleuse, tireuse d’élite du cépage rare, elle navigue de mai à octobre avec une gaîté enlevée entre les tables en plastique et les œnophiles cosmopolites. Mais nous voilà arrivés à Cerbère, au pied de l’Hôtel Belvédère du Rayon Vert. Le taulier, affable Catalan aux lunettes fumées, nous fait visiter l’incroyable bâtiment années 1930 style « paquebot » qui flotte littéralement au-dessus du village, offrant une vue plongeante sur la mer. L’hôtel tourne toujours, mais le patron commence à fatiguer. Zoé me glisse son idée d’y faire une auberge éphémère l’été prochain, pour se roder. L’espoir renaît. Pendant les fêtes, elle écrit une longue lettre au Catalan pour lui expliquer son projet. Pas de réponse. Au téléphone, l’homme est évasif, il ne se sent pas l’énergie. La déception est grande, mais Zoé n’est pas du genre à se laisser abattre.
Début 2022, nous revoilà donc sur la route. Direction le Bugey, entre Jura et Savoie. Pour l’occasion, Zoé a chaussé ses santiags roses. Côté critères, elle a aussi fourbi ses armes. On élargit la recherche aux auberges en vente dans l’idée de reprendre un lieu chargé d’histoire, comme à Chassignolles, auberge sans âge du Livradois. L’importance aussi d’être proche de vignerons pour lesquels l’auberge serait un lieu chef de file. Le Bugey est idéal : beaucoup de jeunes s’y installent pour faire du vin, faute de trouver leur place dans un Jura déjà saturé, attirés par des prix bas et un terroir riche. Côté méthode, exit les visites aléatoires de maisons. En fins limiers de campagne que nous sommes devenus, nous allons attaquer le territoire par ses habitants, en particulier paysans-vignerons et piliers de comptoir. Dans les Pyrénées-Orientales, l’approche a fait ses preuves : on traverse un village, on s’y plaît, on baisse la vitre. « Bonjour Madame, il fait bon vivre ici ? » En général, la conversation est courte mais toujours fleurie de belles saillies. On se quitte sur un sourire, ou un air dubitatif du genre «Ah, ces Parisiens!» Qu’importe, on renifle le pays, et ça, c’est essentiel.
Sur la route, pause dans le Morvan pour éprouver la tactique. Visite d’une institution connue pour sa tête de veau sauce gribiche, L’Auberge Ensoleillée, à Dun-les-Places, qui est en vente. La patronne nous reçoit dans la salle à manger déserte, le fils nous rejoint rapidement, sourcilleux cuistot gardien de la tradition familiale. D’abord défiante, l’écoute se fait curieuse quand les cochons et la charcuterie maison de Chassignolles sont évoqués. L’ambiance tourne au patronage. Émouvante rencontre entre l’immémorial modèle de l’auberge de pays et un projet d’aujourd’hui. Deux tournées de bière du Morvan plus loin, nous repartons avec une bouteille de santenay 1er cru et l’intégralité des cartes touristiques de la région.
Le bouche-à-oreille, c’est la clé. Ce n’est pas ce couple de vignerons trentenaires, chez qui nous dînons dès notre premier soir dans le Bugey, qui dira le contraire. Zoé a rencontré Chloé et Jordan, du domaine Tailleurs-Cueilleurs, quelques semaines plus tôt lors d’un salon dans le Loir-et-Cher. Tombés amoureux de la région, ils ont labouré méthodiquement le coin dans le secteur de Jujurieux, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Bourg-en-Bresse. Après le dîner, direction le chai pour goûter leur tout premier millésime, très prometteur. Ils nous invitent à passer le week-end avec leurs amis alsaciens qui débarquent pour une Flammküch’ party dans le four communal, ça promet. Pour l’heure, le Bugey nous attend. Durant plusieurs jours, nous arpentons le massif, de clochers en bistrots. Les gorges de l’Albarine, Cerdon, Oncieu et son auberge, que l’on traverse dans la fumée des clopes et le tintement des glaçons dans les verres de Suze. Nous tirons un doyen d’université lyonnais de son étude pour une visite de l’Auberge des Remparts, à Poncin, une ancienne maison seigneuriale, escalier d’époque, une vingtaine de chambres. Il n’est pas pressé de vendre, mais Zoé l’intrigue. « Il faut avoir les épaules solides, c’est une grosse affaire… » Zoé ne se démonte pas, mais nous passons notre chemin : les anciens sur leur paquebot vide, on a déjà donné. Ce qu’il nous faut, c’est de l’inspiration. Ça tombe bien, nous sommes attendus dans le sud de la région par François Grinand, pionnier du vin nature dans le Bugey. Le regard est doux, la voix chaude et traînante. Visite des vignes et du chai à pied, puis retour chez lui avec une bouteille. Sur la table, les œuvres complètes de François Villon et, dans le fond de la pièce, un clavecin. C’est que François est pianiste de formation. Il décrypte pour nous la carte géologique de la région. Nous notons des noms de villages et méditons sur la suite de notre périple. François, lui, s’est installé au clavecin, et il interprète de ses mains de vigneron-pianiste un morceau de musique baroque.
Notre exploration du Bugey se poursuivra comme ça, entre villages consciencieusement arpentés et lumineuses visites vigneronnes. Tous déplorent le manque d’un lieu phare, « où l’on pourrait bien boire ». La cause sortira même Antoine Couly de son maquis, un des plus talentueux néo-vignerons du Bugey d’ordinaire peu porté sur les mondanités. Il nous reçoit à la tombée de la nuit, devant une écurie transformée en chai aux allures de repaire mafieux corse. On discute en goûtant à ses barriques, comme des bombes prêtes à exploser en bouteilles.
Sur cette terre de passage, nous avons localisé de nombreuses auberges abandonnées. Mais ces lieux sont décevants. Ils ont été ouverts à l’époque d’un tout autre rapport au voyage et à la vitesse. Depuis, ces routes ont grossi, les nuisances sonores et la pollution avec elles. Aujourd’hui, ces sentinelles endormies du savoir-accueillir à la française font pâle figure au pays de Brillat-Savarin. Côté comptoir, on en apprend de belles. Comme sur ce resto au moulin de Charabotte, tenu encore récemment par une femme appelée La Blanche, « à l’ancienne, avec les poules entre les tables », nous souffle un bistrotier du côté de Tenay. Le lieu est beau mais encaissé, et un peu glauque pour tout dire. Oui, il faudra du temps. Mais les paysages, la proximité du Jura et l’élégance du terroir semblent avoir convaincu Zoé.
Alors que je mène Titine à vive allure vers une ultime visite de maison, Zoé reçoit un coup de fil qui la chamboule. Une rupture amoureuse s’annonce. Elle raccroche au moment où je me gare devant une jolie longère jurassienne, dans un hameau au nom prémonitoire : Graye – prononcer graille. Pour Zoé, pas question d’annuler la visite. Sur le pas de la porte, un chat à trois pattes nous scrute au pied d’un noisetier tortueux, « l’arbre favori » de Jacqueline, la proprio. Durant l’heure qui suit, l’atmosphère se détend. Les fenêtres encadrent les douces collines du Revermont. Zoé demande s’il y a une cave. Jacqueline ouvre alors une grande trappe dans la salle à manger. L’antre est spacieux et, surtout, taillé à même la roche, dont les stries obliques dégagent la force tellurique.
Nous repartons à travers ce coin de France que les anciens appellent le « bon pays » en raison de son relief doux. Zoé me confie qu’elle a été touchée par le lieu. Notre quête peut provisoirement se terminer sur cet accord inattendu, une tempête de la vie et un lieu qui apaise. Sans doute une belle définition d’une auberge : contre les difficultés de la route, la chaleur d’un refuge.
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29.06.2023 à 11:12
arthur
REGAIN a cinq ans, le monde a bien changé. Y'a plus de saisons, il y a encore de l'ambition. Le journal de toutes les campagnes fait la part belle aux aspérités, aux rêveurs et aux initiés. Un numéro désopilant et engagé.
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Des élans qui portent des moufles à la place des bois, des skieuses sur des épines de pin, des saphirs dans les rivières de France et même des pistaches qui prennent six ans à apparaître. Jean Rolin de retour sur la limite entre la ville et la campagne. Alice Moireau sur un bateau, les séchoirs abandonnés puis retrouvés par Jamie Hawkesworth. Daniel de la Falaise qui fait le marché, la guerre de l’eau est déclarée, le vin corse est tiré. Robin Le Forestier, son pinceau, ses couleurs et son chevalet mais aussi des adresses où s’arrêter pour boire ou manger. REGAIN a cinq ans, le monde a bien changé. Y’a plus de saisons, il y a encore de l’ambition. Le journal de toutes les campagnes fait la part belle aux aspérités, aux rêveurs et aux initiés. Un numéro désopilant et engagé.
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21.03.2023 à 12:36
arthur
La mare des canards et l’océan atlantique. Une vedette de la chanson française, Véronique Sanson, et un couple de jardinier-paysagiste, vent debout, ensemble, pour un projet agricole au cœur du Vexin. Un journal alternatif, l’Empaillé, à l’assaut des bars d’Occitanie. Des cartes postales envoyées ou en passe de l’être...
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La mare des canards et l’océan atlantique. Une vedette de la chanson française, Véronique Sanson, et un couple de jardinier-paysagiste, vent debout, ensemble, pour un projet agricole au cœur du Vexin. Un journal alternatif, l’Empaillé, à l’assaut des bars d’Occitanie. Des cartes postales envoyées ou en passe de l’être. Les rêves des animaux et les mots de la philosophe. Une randonnée en zone péri-rurale et sur la planète Mars, des fleurs de printemps et de quoi aiguiser ses couteaux. Des déguisements découverts au lever du jour dans une vallée suisse loin de l’agitation du monde, le village du Diois de l’écrivaine Louise Chenneviere et des constructions de bois sans clous ni vis pour se mettre au bricolage selon les principes du Froissartage. Une nouvelle rubrique prescriptrice, Dernier Cri., avec des poires tapées et du rosé de saignée. Et toujours, le marché à 15 balles, cette fois avec le chef Maxime Delalande, la Star Locale du bédéiste Théophile Sutter, le flash de campagne et ses informations surprenantes. Ça bouge dans toute la France, c’est l’heure du réveil et des pas de côté. L’heure des espoirs de libération, des progrès économiques, des avancées sociales et des envies créatrices. C’est le printemps !
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