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18.04.2025 à 12:03

Femmes de ménages : des luttes modèles et victorieuses

Juliette Heinzlef et Pierre Sinoir

Dans la période, les luttes victorieuses se font rares. Pourtant, depuis quelques années, les femmes de ménage montrent l’exemple. Avec pour principal atout, la solidarité des caisses de grève qui les font tenir dans la durée, imposant un rapport de force en leur faveur. Retour sur quatre de ces luttes.
Texte intégral (1487 mots)

Dans la période, les luttes victorieuses se font rares. Pourtant, depuis quelques années, les femmes de ménage montrent l’exemple. Avec pour principal atout, la solidarité des caisses de grève qui les font tenir dans la durée, imposant un rapport de force en leur faveur. Retour sur quatre de ces luttes.

Ibis Batignolles : victoire historique

La souffrance donne la force”, confie Sylvie, femme de chambre à l’hôtel d’Ibis Batignolles. Dès le 19 février 2019, elle et ses dix-neuf autres collègues se sont pointées presque chaque jour, de 9 heures à 16 heures, devant les portes du bâtiment, dénonçant “la cadence de travail” imposée par leur employeur, le sous-traitant STN. “Tu venais à l’hôtel, tu devais faire 21 chambres en 6 heures, soit une chambre toutes les 17 minutes. On savait que ce qu’on subissait là, c’était de la maltraitance”, explique Sylvie. Une mobilisation historique, devenue le symbole de la lutte contre l’exploitation du personnel de ménage dans les hôtels, notamment en raison de la durée du mouvement. Avec 22 mois de conflit, Ibis Batignolles est la plus longue grève de l’histoire de l’hôtellerie française. Les salariées obtiendront finalement gain de cause, bénéficiant d’une réduction de la cadence, d’un versement d’une indemnité nourriture de 7,24 euros par jour, et de meilleures conditions de travail. Un succès qui s’explique à la fois par la diversité des actions mises en place : distributions régulières de tracts, mobilisations les week-ends, renversement de confettis devant l’hôtel pendant le confinement. Mais aussi par l’installation d’une caisse de grève statutaire qui a largement participé au maintien de la lutte. “Pour celles qui travaillaient à temps partiel, avec un boulot à côté, elles partaient avec 600 euros par mois. Celles qui dépendaient uniquement de ce travail, à temps plein, elles avaient 1000 euros”, détaille Tiziri Kandi, syndicaliste à la CGT-HPE et chargé de la trésorerie à cette période et qui a mené de nombreuses luttes victorieuses semblables. Enfin, l’emballement médiatique autour de la mobilisation, s’est aussi révélé être un atout précieux dans la lutte : “on se disait, ça y est, finalement, un jour, on va parler de nous. Les gens doivent comprendre que ce ne sont pas des robots qui travaillent.” s’émeut Sylvie, convaincue que l’ampleur de la mobilisation a permis à d’autres femmes de chambre d’exprimer leurs revendications. 

L’Holiday Inn à Clichy : la joie combative 

Avant l’Ibis Batignolles, une autre lutte, moins médiatisée, avait trouvé gain de cause au terme de 111 jours de grève : celle de l’Holiday Inn à Clichy, en 2018. Le détonateur du conflit est alors lié à la mutation forcée de deux salariées. Une conséquence directe du recours à la sous-traitance qui peut envoyer les salariées, parfois sans préavis, dans un hôtel différent, rendant les conditions de travail intenables. Pour Anne, une ancienne gréviste, c’est d’abord la motivation qui explique le succès rencontré : “On se disait que tenter de changer nos conditions de travail méritait le risque de tout perdre et d’être licenciée. On était si déterminées qu’on aurait pu durer un an”. Mais gagner n’est pas seulement le résultat d’une détermination, c’est aussi celui d’une organisation très concrète au jour le jour : « La grève ce n’est pas un bouton sur lequel on appuie. Il faut qu’il y ait une communauté de travail, avec des gens qui se côtoient et qui ont envie de se battre ensemble, sinon c’est voué à l’échec. On retrouve cela dans les gros sites hôteliers », analyse Etienne Deschamps, juriste au syndicat CNT Solidarité ouvrière. Une vision partagée par Anne qui se souvient : « On était très solidaires : Il y avait des femmes qui avaient des enfants en bas âge alors on alternait entre nous pour aller les chercher à l’école et les occuper. Il fallait tenir le piquet de grève coûte que coûte, tous les jours ». Cette solidarité est couplée d’une joie combative qui permet aussi de tenir sur la durée : « C’était de très beaux moments. On mettait de la musique, on dansait, on lançait des confettis. Je n’oublierai pas cette grève ». Un optimisme payant puisque l’accord signé entre les organisations syndicales et la direction de l’hôtel a permis la revalorisation des qualifications, la mise en place d’une prime de panier, la désignation d’un délégué syndical de proximité et l’internalisation des services en 2019. Sept ans plus tard, Anne témoigne : « Mon salaire a plus que doublé. Aujourd’hui je suis à 2 200 € net. Là où il y a de l’exploitation, il faut que les gens se rebellent car cela porte ses fruits ».

Science Po : bataille-éclair

Outre les grèves victorieuses dans les hôtels, la mobilisation des 77 agentes d’entretien (en majorité des femmes) des locaux de Science Po, début mars, a connu un succès fulgurant. Le 6 mars dernier, la grève débute. Une semaine plus tard, le personnel de ménage gagne l’obtention d’un 13e mois de salaire. À l’origine du mouvement, l’institution avait lancé un appel d’offre pour chercher une nouvelle société de ménage, tout en “refusant de dialoguer” sur les conditions de travail liées au changement de prestataire, selon Layla Mabrouk, représentante du syndicat CFDT Francilien de la Propreté, majoritaire sur le site. Puis, c’est 100% du personnel qui s’est mis en action. Pour Latifa, cheffe d’équipe sur l’un des sites de Science Po, la communication du syndicat envers les grévistes est l’une des clés de cette mobilisation massive. “Il y avait des gens qui ne parlaient pas français. Des Tibétains, des Philippiens, et le syndicat a été présent pour bien leur communiquer, et rassurer tout le monde”, explique-t-elle. De plus, les manifestantes ont pu compter sur le soutien des étudiants, notamment grâce aux membres du Collectif Du Lien qui agit depuis trois ans pour une cohésion entre les travailleurs et travailleuses essentiels de Science Po, et les étudiants. “On s’est mis à bloquer dès le début. On a créé une caisse de solidarité supplémentaire qui a permis de rapporter 5 000 euros en cinq jours,” détaille Noé, étudiant en master et membre du collectif. Rapidement, au sein des locaux, les poubelles se sont mises à déborder, la saleté à envahir les couloirs, rendant impossible la pratique des cours. Pour Saphia Doumenc, sociologue des mobilisations et du syndicalisme, cette dimension universitaire est non négligeable dans la réussite de cette mobilisation : “Quand on a le soutien d’étudiants qui sont diplômés, qui maîtrisent les codes oratoires, cela devient également un soutien symbolique”, explique-t-elle.

Le Radisson Blu à Marseille : une victoire multidimensionnelle

Le succès de ces grèves ne se cantonne pas à la région francilienne. En témoigne celle du Radisson Blu à Marseille, où quatorze femmes de chambre ont fait plier, au terme de deux mois de combats, la société Acqua, sous-traitant de l’hôtel de luxe. La grève a montré les bénéfices de la convergence de lutte, avec la présence d’associations féministes comme « Du pain et des Roses » venue soutenir les femmes de chambre. Pour Saphia Doumenc, sociologue des mobilisations et du syndicalisme, les victoires des femmes de chambre « s’inscrivent dans une revendication multidimensionnelle. Elle est d’abord matérielle, mais c’est aussi une remise en cause de leur place dans la société, en tant que femme, et en tant que femme issue de l’immigration ». Au nombre des revendications gagnées :  une revalorisation de leur salaire – certes dérisoire, de onze centimes par heure -, une clause de mobilité limitée à trois déplacements par mois maximum, et la mise en place progressive d’un treizième mois. Actuellement, devant l’hôtel Campanile de Suresnes, les femmes de chambre grèvent depuis le 19 août. Sans connaître l’issue du combat, l’une des grévistes affirme : « Le fait de tenir depuis 8 mois est déjà en soi une victoire ». Comme un écho à la phrase de Brecht : « Ceux qui luttent ne sont pas sûrs de gagner, mais ceux qui ne luttent pas ont déjà perdu ».

17.04.2025 à 12:03

Partis, syndicats, associations : la gauche se perd en concurrence

Roger Martelli

La gauche, du social au politique, est diverse et ses organisations ont des fonctions distinctes. Or, la politique ne saurait se mener sans jeu collectif.
Texte intégral (965 mots)

La gauche, du social au politique, est diverse et ses organisations ont des fonctions distinctes. Or, la politique ne saurait se mener sans jeu collectif.

Depuis le mouvement contre la réforme des retraites et avant la manifestation du 1er mai, en passant par les récentes manifestations en défense de l’État de droit, les tensions entre La France insoumise et le reste de la gauche se répètent. Jean-Luc Mélenchon et les insoumis, pressés d’agir, jouent volontiers les donneurs d’ordres, annonçant quand il faut manifester, sur quoi et avec qui. Du coup, jaloux de leur indépendance, syndicats et associations sont tentés de faire bande à part. Les autres partis de gauche hésitent : se tenir en retrait ou défiler au côté des syndicats et associations. À l’arrivée, citoyens et militants sont dans le désarroi.


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Les tensions deviennent récurrentes, mais elles ne sont pas neuves. Voilà une bonne trentaine d’années que les relations du social et du politique demandent à être redéfinies. Les sphères du politique et du social se recomposent, la démocratie flirte avec « l’illibéralisme » : tout se recompose et l’urgence grandit… tout autant que l’incertitude. 

Ainsi, la retraite n’est plus seulement une question d’âge ; la bataille pour l’égalité, la lutte contre les discriminations et la conquête des droits se confondent ; la gestion de la ville devient tout autant cardinale que le devenir de l’industrie… Le national et l’international ne peuvent se penser séparément, pas plus que le naturel et l’humain. Ce qui hier encore était clairement distinct ne l’est plus. Pourtant, on continue à raisonner en domaines séparés.

On a pourtant pris l’habitude de segmenter les responsabilités : à la société civile et à ses organisations de formuler les demandes et de peser pour se faire entendre ; à l’État et aux partis de proposer leurs réponses. Mais c’est à l’ensemble qu’il revient d’énoncer le projet global de société qui nous permet de vivre ensemble et la logique qui doit l’animer.

C’est un immense problème pour la gauche. La société n’est ni une juxtaposition de domaines, ni une succession d’enjeux que l’on traite séparément les uns des autres. Elle constitue un tout et, surtout quand les problèmes s’accumulent, il convient de dire en même temps les choix concrets que l’on souhaite et la logique générale qui les ordonne. Or cette logique ne peut pas être du seul ressort des organisations politiques, des partis. 

On a pourtant pris l’habitude de segmenter les responsabilités : à la société civile et à ses organisations de formuler les demandes et de peser pour se faire entendre ; à l’État et aux partis de proposer leurs réponses. Mais quand l’État-providence se défait, quand les frontières du privé et du public se recomposent, quand les choix doivent intégrer la finitude de la planète, alors on ne peut plus séparer le problème et la solution. En bref, les partis, les syndicats et les associations ont des fonctions distinctes, mais « la » politique ne peut pas être déléguée aux seuls partis.

L’histoire nous a légué trois grands modèles d’articulation du social et du politique : le modèle travailliste (le parti est le prolongement politique du syndicat), le modèle socialiste-communiste (le parti dirige le syndicat et les associations) et le modèle syndicaliste révolutionnaire (le syndicat est lui-même l’expression politique du monde ouvrier). Ces trois modèles ont vieilli et aucun nouveau modèle n’a émergé. Nous nous contentons donc d’osciller entre la tentation de la subordination du syndicat au parti et celle de leur totale séparation. Ni l’une ni l’autre ne sont à la hauteur des enjeux. Il faut sortir de ce balancier.

Cela suppose de s’entendre sur la part respective du commun et du spécifique. Les syndicats et les associations sont bien au cœur de la définition de la demande et des luttes pour les faire prévaloir ; les organisations politiques sont bien au cœur de la compétition pour dire ce qui doit orienter l’action publique ; mais c’est à l’ensemble qu’il revient d’énoncer le projet global de société qui nous permet de vivre ensemble et la logique qui doit l’animer.

Sur cette base, les organisations peuvent, quand il le faut, se retrouver, dès l’instant où il est acquis qu’aucune force n’a vocation à être chef de file ou avant-garde. Ensemble et différents. Respecter le « et » est la condition d’une alchimie moderne adaptée. On a su l’activer dans les grands moments populaires, en 1936 et à la Libération. Nous avons à la réinventer, pas à la répéter… Si le Nouveau Front populaire est en panne, peut-être est-ce aussi pour n’être pas allé au bout de la novation nécessaire.

17.04.2025 à 12:02

DÉCEPTION NÉOLIBÉRALE DU JOUR

la Rédaction

Louis Vuitton aux États-Unis : l’affaire est loin d’être dans le sac Elle avait été inaugurée en grandes pompes en 2019, en présence de Donald Trump et Bernard Arnault : l’usine de production de Louis Vuitton à Rochambeau au Texas devait faire travailler un millier de salariés. Mais, en 6 ans, le nouveau site de…
Lire + (211 mots)

Louis Vuitton aux États-Unis : l’affaire est loin d’être dans le sac

Elle avait été inaugurée en grandes pompes en 2019, en présence de Donald Trump et Bernard Arnault : l’usine de production de Louis Vuitton à Rochambeau au Texas devait faire travailler un millier de salariés. Mais, en 6 ans, le nouveau site de l’enseigne de luxe n’a pas réussi à faire des miracles et figure parmi les moins performants de la marque au niveau mondial, selon Reuters. En sus des problèmes de management toxique et de pratiques douteuses, c’est la difficulté à recruter des ouvriers qualifiés pour tenir les standards élevés de l’entreprise qui empêche son développement. Cela rappelle que, n’en déplaise à ses actionnaires et sa direction, ce qui fait la force de LVMH – comme de toute entreprise –, c’est d’abord la valeur ajoutée de ses excellents travailleurs et de leur savoir-faire. Et ça ne se trouve pas sous le sabot d’un âne.

17.04.2025 à 11:43

LA LETTRE DU 17 AVRIL

la Rédaction

Partis, syndicats, associations : la gauche se perd en concurrence
Texte intégral (1532 mots)

Partis, syndicats, associations : la gauche se perd en concurrence

par Roger Martelli

La gauche, du social au politique, est diverse et ses organisations ont des fonctions distinctes. Or, la politique ne saurait se mener sans jeu collectif.

Depuis le mouvement contre la réforme des retraites et avant la manifestation du 1er mai, en passant par les récentes manifestations en défense de l’État de droit, les tensions entre La France insoumise et le reste de la gauche se répètent. Jean-Luc Mélenchon et les insoumis, pressés d’agir, jouent volontiers les donneurs d’ordres, annonçant quand il faut manifester, sur quoi et avec qui. Du coup, jaloux de leur indépendance, syndicats et associations sont tentés de faire bande à part. Les autres partis de gauche hésitent : se tenir en retrait ou défiler au côté des syndicats et associations. À l’arrivée, citoyens et militants sont dans le désarroi.

Les tensions deviennent récurrentes, mais elles ne sont pas neuves. Voilà une bonne trentaine d’années que les relations du social et du politique demandent à être redéfinies. Les sphères du politique et du social se recomposent, la démocratie flirte avec « l’illibéralisme » : tout se recompose et l’urgence grandit… tout autant que l’incertitude. 

Ainsi, la retraite n’est plus seulement une question d’âge ; la bataille pour l’égalité, la lutte contre les discriminations et la conquête des droits se confondent ; la gestion de la ville devient tout autant cardinale que le devenir de l’industrie… Le national et l’international ne peuvent se penser séparément, pas plus que le naturel et l’humain. Ce qui hier encore était clairement distinct ne l’est plus. Pourtant, on continue à raisonner en domaines séparés.

C’est un immense problème pour la gauche. La société n’est ni une juxtaposition de domaines, ni une succession d’enjeux que l’on traite séparément les uns des autres. Elle constitue un tout et, surtout quand les problèmes s’accumulent, il convient de dire en même temps les choix concrets que l’on souhaite et la logique générale qui les ordonne. Or cette logique ne peut pas être du seul ressort des organisations politiques, des partis. 

On a pourtant pris l’habitude de segmenter les responsabilités : à la société civile et à ses organisations de formuler les demandes et de peser pour se faire entendre ; à l’État et aux partis de proposer leurs réponses. Mais quand l’État-providence se défait, quand les frontières du privé et du public se recomposent, quand les choix doivent intégrer la finitude de la planète, alors on ne peut plus séparer le problème et la solution. En bref, les partis, les syndicats et les associations ont des fonctions distinctes, mais « la » politique ne peut pas être déléguée aux seuls partis.

L’histoire nous a légué trois grands modèles d’articulation du social et du politique : le modèle travailliste (le parti est le prolongement politique du syndicat), le modèle socialiste-communiste (le parti dirige le syndicat et les associations) et le modèle syndicaliste révolutionnaire (le syndicat est lui-même l’expression politique du monde ouvrier). Ces trois modèles ont vieilli et aucun nouveau modèle n’a émergé. Nous nous contentons donc d’osciller entre la tentation de la subordination du syndicat au parti et celle de leur totale séparation. Ni l’une ni l’autre ne sont à la hauteur des enjeux. Il faut sortir de ce balancier.

Cela suppose de s’entendre sur la part respective du commun et du spécifique. Les syndicats et les associations sont bien au cœur de la définition de la demande et des luttes pour les faire prévaloir ; les organisations politiques sont bien au cœur de la compétition pour dire ce qui doit orienter l’action publique ; mais c’est à l’ensemble qu’il revient d’énoncer le projet global de société qui nous permet de vivre ensemble et la logique qui doit l’animer.

Sur cette base, les organisations peuvent, quand il le faut, se retrouver, dès l’instant où il est acquis qu’aucune force n’a vocation à être chef de file ou avant-garde. Ensemble et différents. Respecter le « et » est la condition d’une alchimie moderne adaptée. On a su l’activer dans les grands moments populaires, en 1936 et à la Libération. Nous avons à la réinventer, pas à la répéter… Si le Nouveau Front populaire est en panne, peut-être est-ce aussi pour n’être pas allé au bout de la novation nécessaire.

Roger Martelli

DÉCEPTION NÉOLIBÉRALE DU JOUR

Louis Vuitton aux États-Unis : l’affaire est loin d’être dans le sac

Elle avait été inaugurée en grandes pompes en 2019, en présence de Donald Trump et Bernard Arnault : l’usine de production de Louis Vuitton à Rochambeau au Texas devait faire travailler un millier de salariés. Mais, en 6 ans, le nouveau site de l’enseigne de luxe n’a pas réussi à faire des miracles et figure parmi les moins performants de la marque au niveau mondial, selon Reuters. En sus des problèmes de management toxique et de pratiques douteuses, c’est la difficulté à recruter des ouvriers qualifiés pour tenir les standards élevés de l’entreprise qui empêche son développement. Cela rappelle que, n’en déplaise à ses actionnaires et sa direction, ce qui fait la force de LVMH – comme de toute entreprise –, c’est d’abord la valeur ajoutée de ses excellents travailleurs et de leur savoir-faire. Et ça ne se trouve pas sous le sabot d’un âne.

P.P.-V.

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« De Staline à Poutine : tirer les ficelles de l’histoire nationale », sur France Culture. L’excellent historien Nicolas Werth, spécialiste de l’URSS et des crimes du régime soviétique, revient sur son engagement pour la mémoire des victimes du stalinisme freiné par la politique de contrefaçon mémorielle orchestrée par Vladimir Poutine. Comment résister à cette falsification de l’histoire par le Kremlin ?

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17.04.2025 à 11:00

Le gouvernement fait n’importe quoi avec le racisme et l’antisémitisme

Loïc Le Clerc

En matière d'antiracisme (lol), la Macronie est coincé quelque part entre X-Files, 1984 et La vérité si je mens.
Texte intégral (992 mots)

En matière d’antiracisme (lol), la Macronie est coincé quelque part entre X-Files, 1984 et La vérité si je mens.

Aurore Bergé n’est pas à un mensonge près. Empêtrée dans une affaire de « faux témoignage », la voilà qui récidive dans la mythomanie. Le 13 avril, elle tweete : « Une boulangerie prise d’assaut à Strasbourg car elle serait israélienne […] L’antisémitisme dans notre pays a tué ces dernières années. Tué parce que les préjugés antisémites les ont désignés comme des cibles. Tué parce que l’antisionisme est devenu le nouveau visage de l’antisémitisme. »

C’en serait presque beau et poignant si tout ne partait pas d’une vulgaire fake news… Mais Aurore Bergé s’en moque tant que ça sert sa bataille politique à l’encontre de la gauche. Rapidement, la vérité a été rétablie : à Strasbourg, samedi 12 avril, un passant insulte les manifestants mobilisés pour la Palestine. Les esprits s’échauffent et ledit passant se réfugie dans une boulangerie. La boulangerie n’est pas juive, pas plus qu’elle n’est « prise d’assaut » – du témoignage même des salariés de la boulangerie et de la préfecture de police ! Et comme le précise France Bleu, « le samedi, c’est shabbat dans le judaïsme et les commerces juifs sont donc traditionnellement fermés, et ils le sont d’autant plus que c’est le début de Pessah, fête où il est interdit pour les observants de manger… du pain ». Mais Aurore Bergé a dû se dire « C’est à Strasbourg, y’a plein de juifs, c’est connu, et les manifestants pro-palestiniens, ils aiment pas les juifs, c’est connu ».

Réaction d’Aurore Bergé ? Elle ne supprime pas son tweet et en rajoute une couche sous couvert de mea culpa :

Traduction : j’ai menti, mais bon, quand même, mon mensonge est corroboré par la réalité, si on la tord suffisamment, et puis LFI !!!

Ce n’est pas la première à attaquer la gauche – et tout particulièrement LFI – avec la petite musique du « C’était tellement probable que ça aurait pu être vrai ». Tout comme ce n’est pas la première fois que la Macronie joue la partition des faits alternatifs à la sauce trumpiste.

Lutter contre l’antisémitisme en relayant des fake news, c’est une idée. On rappelle qu’Aurore Bergé est ministre chargée de la lutte contre les discriminations… Orwellien !

Oui à l’antisémitisme, non au racisme (ou bien est-ce l’inverse ?)

Parallèlement, chez sa collègue du ministère de l’agriculture, on mène un tout autre genre de combat « antiraciste ». Ainsi révèle Libération : « La veille du tournage d’un spot publicitaire de l’Agence bio pour encourager les Français à consommer des produits sans pesticides, le cabinet de la ministre a demandé des changements de dernière minute dans plusieurs scènes. »

La ministre Annie Genevard n’aime pas coucous ? (Contrairement à son collègue Bruno Retailleau, voyez le niveau de la politique française !)

Dans ce spot publicitaire, on voyait, à l’origine, des choses qui ont donc déplu à la ministre, comme :

  • des oranges,
  • des avocats,
  • un couscous,
  • un « garçon métis ».

Il a été demandé de remplacer tout ça par :

  • des courgettes,
  • des pommes,
  • un « cassoulet avec canard »,
  • un « casting caucasien ».

Tout ceci justifié par le fait de « mettre en avant les consommateurs dans toutes leurs diversités […] L’objet d’une des demandes du ministère était en effet que tous les Français soient représentés ». Orwellien bis !

Le pire, c’est que le ministère ne dément pas ces informations et balaye d’un simple « C’est un faux débat ».

Ce mardi 15 avril, lors d’une conférence de presse, François Bayrou a présenté son plan d’austérité pour le budget 2026. En gros sur le mur, derrière lui, et en plus petit sur le pupitre, on pouvait lire « La vérité permet d’agir ». À méditer.

16.04.2025 à 11:58

#Déclarama

la Rédaction

Texte intégral (3730 mots)

16.04.2025 à 11:52

« Avant, 70% des travailleurs géraient la Sécu. Aujourd’hui, c’est Bayrou. Voilà le problème. »

Pablo Pillaud-Vivien

Damien Maudet, député LFI-NFP de Haute-Vienne, auteur de « Un député aux urgences » aux éditions Fakir, est l’invité de #LaMidinale.
Texte intégral (3730 mots)

Damien Maudet, député LFI-NFP de Haute-Vienne, auteur de « Un député aux urgences » aux éditions Fakir, est l’invité de #LaMidinale.

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