10.04.2025 à 11:57
la Rédaction
par Catherine Tricot
Puisque Donald Trump nous en donne l’occasion, prenons le temps de cette pause dans la guerre des droits de douane américains pour regarder comment les gauches – qui ne furent pas laudatrice de la mondialisation libérale – se positionnent. Les réactions face à ce moment de remise en cause, majeur par son ampleur, sa soudaineté et sa violence révèlent les structures de pensées et de projets. Mille nuances se dessinent.
Logiquement, Jean-Luc Mélenchon écrit dans sa dernière note de blog : « Les crises sont aussi des opportunités politiques pour se redéployer et pour pouvoir appliquer des méthodes jusque-là réputées impossibles à mettre en œuvre. Les dominés doivent en profiter. » Jugeant l’augmentation des droits de douane inadaptée, il développe deux pistes principales pour la France. La première vise les entreprises de la tech : « Il s’agit de taxer l’ensemble du chiffre d’affaires que ces compagnies réalisent sur notre territoire puisqu’aujourd’hui elles ne le sont pas. On en tirera la possibilité d’une relève relocalisée chez nous bien plus rapide que pour des aciéries ou des usines de nickel ». La seconde piste est celle d’une « taxation des droits intellectuels contenus dans les marchandises ». Il précise : « Cela inclut tous les secteurs où les droits (brevets, marques, droits d’auteur, etc.) sont essentiels : pharma, tech, cinéma, musique, logiciels, etc. 30% à 50% de la production mondiale est concernée, directement ou indirectement, par des droits de propriété intellectuelle (paiement de redevances, licences, etc.). Et les États-Unis sont de loin le leader mondial en la matière. »
Début avril, Marine Tondelier, fidèle à sa volonté de mettre tout le monde d’accord, écrivait un post sur Instagram qui rejoignait les inquiets de la remise en cause du libre-échange, se rangeait du coté de ceux qui veulent une riposte forte au niveau européen et s’affirmait du côté du souverainisme. Joli ! La secrétaire nationale des Écologistes se veut très critique face à l’actuel chambardement : « Par l’annonce d’une hausse massive des droits de douane, les États-Unis souhaitent redéfinir le libre échange international, mettant en péril notre industrie et alourdissant la facture pour les consommateurs ». Elle en appelait à l’Europe : « Face à cette attaque, l’Europe doit réagir avec fermeté. L’annonce d’une riposte sur les services numériques est un premier pas, mais elle doit être suivie d’autres mesures fortes ». Elle s’affirmait dans le camp des souverainistes : « Notre souveraineté énergétique et industrielle est menacée à force de délocalisations ». Et appelait à « reprendre le contrôle et protéger nos travailleuses, travailleurs et nos industries ! »
François Ruffin veut lui aussi voir dans ce moment un levier pour promouvoir d’autres logiques. Sur France Inter ce 9 avril, il énonce : « Donald Trump rompt de manière unilatérale, brutale et agressive avec un ordre mondial libéral. Il est stupide d’abord pour son pays. » Mais il enchaîne avec un détonnant « Tant mieux ! C’est une chance pour l’Europe et pour la France. Il y a un enjeu à avoir des protections et des régulations pour une sortie, en partie, de la mondialisation. […] Il faut le plan des 100 produits sur lequel on veut retrouver notre autonomie avec pour cela des barrières et des régulations. » François Ruffin propose un plan qui allie quotas d’importation, barrières douanières, politique de la commande publique. « L’Europe doit penser différemment. Il y a faire changer ce qui se passe au niveau européen et la France doit peser en ce sens. » Il juge « ridicule » la riposte envisagée par la commission européenne. Et, pour celui qui s’avance sur le chemin de 2027, il affirme que la France peut agir : « Il ne faut plus de capitaux américains et il faut mobiliser les capitaux nationaux. […] La commande publique a permis de préserver une industrie de défense en s’exonérant des règles de l’OMC. On peut rassembler le pays sur un tel projet. »
Dans son édito sur le site de L’Après – l’association créée par Clémentine Autain, Alexis Corbière, Danielle Simonnet, Raquel Garrido –, le député Hendrik Davi interroge : « De quoi cette guerre commerciale est-elle le nom ? » Il note « l’interruption brutale du fantasme néolibéral d’une concurrence libre et non faussée sur un marché mondiale unifié […] Nous pourrions nous en féliciter. Mais nous ne sommes pas pour opposer les travailleurs des différents pays. » Hendrik Davi propose « de repartir des besoins et de notre nécessaire souveraineté alimentaire, sanitaire, énergétique ou industrielle. Nous avons besoin d’un nouvel ordre économique mondiale basée sur la coopération et non sur la compétition. » Reprenant la proposition portée par Clémentine Autain, le député de Marseille suggère « pour faire face aux enjeux écologiques et sociaux […] nous devons défendre l’esprit public avec une sécurité sociale de l’alimentation ou la refondation de services publics de l’énergie, du transport ou des médicaments ». Il conclut : « Face aux nouveaux empires, il n’a jamais été aussi urgent de défendre un nouvel internationalisme qui défende la justice sociale et écologique. Le NFP doit rapidement mettre cette question à son agenda. »
En meeting à Vénissieux ce 8 avril, Fabien Roussel affirme : « Les peuples d’Europe sont aussi menacés par la guerre économique mondiale lancée par monsieur Trump et sa clique d’ultra-riches. La guerre de Trump est une guerre sérieuse, dangereuse. Trump n’est pas fou. Il compte ses sous, et il en veut beaucoup, beaucoup, et il le dit comme ça ! Mais le capitalisme américain est malade, le dollar est malade et, aujourd’hui, les États-Unis sont en crise, traversés par une crise, dépassés par la Chine. Alors, comme une personne qui se noie, ils s’agitent et ils entraînent avec eux ceux qui veulent leur apporter de l’aide […] Nous ne devons pas accepter ce qui se passe, bien sûr de la part de Trump, mais y compris la mauvaise réponse actuelle de l’Europe à cette politique. Investissons massivement pour relocaliser nos entreprises, l’industrie en France et en Europe ! Investissons dans la production d’énergie décarbonée. Divisons par deux, par trois, par quatre, le prix de l’électricité et nous serons beaucoup plus compétitifs par rapport aux États-Unis ! Il faut que le message soit clair : les traîtres n’auront pas de place ici en France ! S’ils veulent partir, qu’ils partent, mais sans les capitaux et sans l’outil de travail, parce que nous le réquisitionnerons et ça restera chez nous. Enfin, il faut oser remettre en cause l’hégémonie du dollar. Des pays mettent en débat l’idée d’une autre monnaie que le dollar pour faire commerce entre nous. Avançons sur cette idée. Mettons en place une autre monnaie pour une autre mondialisation, respectant les peuples, respectant la planète. »
Premier round du congrès des Écologistes : pendant trois jours, les adhérents ont pu voter, région par région, pour élire leurs représentants au conseil fédéral. Avec seulement 35% de participation – une des plus faibles pour un congrès du parti avec 4256 votants –, la motion de la secrétaire nationale sortante n’atteint pas la barre symbolique de 60%, nécessaire pour avoir une majorité. 54% de 35% : on est loin du plébiscite… et cela valide les oppositions internes qui dénoncent depuis des semaines l’opacité et l’impossibilité d’avoir de véritables débats. La suite le 16 avril pour savoir si Marine Tondelier reste la cheffe du parti.
P.P.-V.
« Quand vient le fascisme en Europe », sur France Culture. Un podcast LSD en quatre épisodes qui s’interroge sur les raisons et les éléments récurrents qui ont fait basculer l’Espagne, l’Italie, la Grèce, le Portugal et la Hongrie dans une dictature fasciste au siècle dernier. Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence…
Pour recevoir cette newsletter quotidiennement (et gratuitement) dans votre boîte mail, suivez le lien : regards.fr/newsletter !
09.04.2025 à 15:40
Pablo Pillaud-Vivien
Jonas Pardo, coauteur du Petit manuel de lutte contre l’antisémitisme aux éditions du commun, est l’invité de #LaMidinale.
09.04.2025 à 11:35
Pablo Pillaud-Vivien
Aux origines des violences dans la culture, il y a l’artiste.
La maille de l’histoire est étroitement tissée : on est encore sonné par le documentaire Netflix sur l’emprise exercée par Bertrand Cantat qui a conduit au meurtre de Marie Trintignant et au suicide de Kristina Rady. Ce mercredi sort un rapport de l’Assemblée nationale sur la violence des mondes de la culture. Fruit d’une commission d’enquête présidée par la députée écologiste Sandrine Rousseau, il recense des dizaines d’auditions et dresse un constat accablant : les espaces de création artistique semblent structurés autour de la prédation des corps.
TOUS LES JOURS, RETROUVEZ L’ESSENTIEL DE L’ACTU POLITIQUE DANS NOTRE NEWSLETTER
On pourrait se dire que les milieux du cinéma et du théâtre n’échappent pas à la violence sexiste issue de la domination patriarcale qui s’exerce dans l’ensemble de la société parce que « la grande famille de la culture » dont on fait parfois mention n’existe pas. Ou plutôt, comme s’est rappelé dans le rapport, parce que précisément, c’est à l’intérieur des familles qu’il y a le plus de violences. Sauf que l’on ne peut s’en contenter : les violences y ont l’air plus virulentes et prégnantes que dans le reste de la société. La modernité a promu un artiste qui fonde sa singularité dans la licence et le débordement… et qui assoit sa recherche autour de l’exploration du désir. Le résultat, c’est donc un monde culturel fait de prédation sexuelle.
La commission s’attache à vouloir réaffirmer les règles et l’égalité des femmes et des hommes. Elle fait donc 86 recommandations, précises et acérées, pour que l’impunité cesse. C’est d’une nécessité absolue bien sûr. Mais ce n’est pas le cœur du sujet : l’artiste qui croit en son génie (Sandrine Rousseau appelle cela « talent » dans son avant-propos), l’artiste à qui l’on fait croire en son génie, va continuer de s’imaginer tout permis. S’il pense que son désir est un paramètre de son processus créatif, rien, ni les lois ni les recommandations, ne sont susceptibles de l’en arrêter. Certes, cela permet de leur couper des subventions ou de mettre en place des gardes-fous. Cette liberté financière des artistes est cruciale : elle a été pensée dès le 18ème siècle avec les droits d’auteurs et n’a cessé d’être repensée dans le cadre du développement du capitalisme.
C’est une atmosphère générale de sexisme industriel qui règne : tout le monde se sent autorisé à prédater qui bon leur semble. Au nom de l’art comme d’autres le font au nom de Dieu.
Dans le rapport parlementaire, on voit la façon dont toute la structure de la création semble vérolée par la violence prédatrice : celle-ci n’est pas réservée aux artistes qui pourraient imaginer que le statut qu’il pense que la société leur octroie justifie leur comportement, mais elle s’étend à toutes les professions afférentes (techniciens, administratifs, etc.). C’est une atmosphère générale de sexisme industriel qui règne : tout le monde se sent autorisé à prédater qui bon leur semble. Au nom de l’art comme d’autres le font au nom de Dieu.
Il n’est pas étonnant que la révolution #MeToo ait commencé dans le milieu du cinéma. Ce n’était pas uniquement dû à la renommée des acteurs et des actrices qui le composent mais aussi parce que c’est là que les crimes commis sont les plus lâches. La prédation sexuelle est un des sucs de l’art (pas le seul, mais non négligeable) : la preuve, c’est que le désir constitue l’un des cœurs de toutes les œuvres. Les artistes sont considérés comme des démiurges qui ont été placés au sommet de la hiérarchie sociale. La transgression fait souvent partie de leur positionnement par rapport au monde mais on ne peut la laisser être absolue, notamment à l’égard des femmes et des enfants, c’est-à-dire tous ceux que la société désigne comme les plus vulnérables. Il ne s’agit donc pas tant de réassocier l’homme et l’artiste que de se poser la question de la définition de l’art, pour mieux s’attaquer à la violence dans les milieux culturels.
09.04.2025 à 11:32
la Rédaction
La maille de l’histoire est étroitement tissée : on est encore sonné par le documentaire Netflix sur l’emprise exercée par Bertrand Cantat qui a conduit au meurtre de Marie Trintignant et au suicide de Kristina Rady. Ce mercredi sort un rapport de l’Assemblée nationale sur la violence des mondes de la culture. Fruit d’une commission d’enquête présidée par la députée écologiste Sandrine Rousseau, il recense des dizaines d’auditions et dresse un constat accablant : les espaces de création artistique semblent structurés autour de la prédation des corps.
On pourrait se dire que les milieux du cinéma et du théâtre n’échappent pas à la violence sexiste issue de la domination patriarcale qui s’exerce dans l’ensemble de la société parce que « la grande famille de la culture » dont on fait parfois mention n’existe pas. Ou plutôt, comme s’est rappelé dans le rapport, parce que précisément, c’est à l’intérieur des familles qu’il y a le plus de violences. Sauf que l’on ne peut s’en contenter : les violences y ont l’air plus virulentes et prégnantes que dans le reste de la société. La modernité a promu un artiste qui fonde sa singularité dans la licence et le débordement… et qui assoit sa recherche autour de l’exploration du désir. Le résultat, c’est donc un monde culturel fait de prédation sexuelle.
La commission s’attache à vouloir réaffirmer les règles et l’égalité des femmes et des hommes. Elle fait donc 86 recommandations, précises et acérées, pour que l’impunité cesse. C’est d’une nécessité absolue bien sûr. Mais ce n’est pas le cœur du sujet : l’artiste qui croit en son génie (Sandrine Rousseau appelle cela « talent » dans son avant-propos), l’artiste à qui l’on fait croire en son génie, va continuer de s’imaginer tout permis. S’il pense que son désir est un paramètre de son processus créatif, rien, ni les lois ni les recommandations, ne sont susceptibles de l’en arrêter. Certes, cela permet de leur couper des subventions ou de mettre en place des gardes-fous. Cette liberté financière des artistes est cruciale : elle a été pensée dès le 18ème siècle avec les droits d’auteurs et n’a cessé d’être repensée dans le cadre du développement du capitalisme.
Dans le rapport parlementaire, on voit la façon dont toute la structure de la création semble vérolée par la violence prédatrice : celle-ci n’est pas réservée aux artistes qui pourraient imaginer que le statut qu’il pense que la société leur octroie justifie leur comportement, mais elle s’étend à toutes les professions afférentes (techniciens, administratifs, etc.). C’est une atmosphère générale de sexisme industriel qui règne : tout le monde se sent autorisé à prédater qui bon leur semble. Au nom de l’art comme d’autres le font au nom de Dieu.
Il n’est pas étonnant que la révolution #MeToo ait commencé dans le milieu du cinéma. Ce n’était pas uniquement dû à la renommée des acteurs et des actrices qui le composent mais aussi parce que c’est là que les crimes commis sont les plus lâches. La prédation sexuelle est un des sucs de l’art (pas le seul, mais non négligeable) : la preuve, c’est que le désir constitue l’un des cœurs de toutes les œuvres. Les artistes sont considérés comme des démiurges qui ont été placés au sommet de la hiérarchie sociale. La transgression fait souvent partie de leur positionnement par rapport au monde mais on ne peut la laisser être absolue, notamment à l’égard des femmes et des enfants, c’est-à-dire tous ceux que la société désigne comme les plus vulnérables. Il ne s’agit donc pas tant de réassocier l’homme et l’artiste que de se poser la question de la définition de l’art, pour mieux s’attaquer à la violence dans les milieux culturels.
Le congrès du Parti socialiste se tiendra en juin prochain et, d’ici là, les prétendants se mettent en position, avec un objectif immanquable : la présidentielle de 2027. Six contributions ont été déposées, divisant, d’une certaine manière, le parti en trois : la direction, l’aile droite et l’aile gauche. La boussole de cette élection porte un nom : La France insoumise. Côté direction, Olivier Faure entend bien rester premier secrétaire en rassemblant la gauche « non mélenchoniste », de Glucksmann à Ruffin. Mais il est concurrencé dans ses propres rangs : par la motion Philippe Brun/Jérôme Guedj, mais surtout par le chef des députés PS, Boris Vallaud, qui joue la dissidence dans la continuité, prétendant unir les socialistes avant d’élargir à gauche – de Ruffin à Glucksmann ? Côté droite du PS, on trouve les « contributions » du maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol et celle d’Hélène Geoffroy, qui préfèrent sans mégoter Glucksmann à Ruffin. Enfin, l’aile gauche est représentée par Paul Christophe. Si Carole Delga ne se prend pas pour « Taubira 2022 », il y aura donc six « contributions » en débat jusqu’au conseil national du 26 avril. La sainte synthèse socialiste fera alors des miracles pour unir autant que possible les différentes motions. Enfin, le 27 mai, les adhérents du PS choisiront leurs deux « finalistes » pour l’élection du premier secrétaire qui aura lieu le 5 juin. Olivier Faure sera-t-il le premier premier secrétaire à manquer sa réélection ?
L.L.C.
« I don’t wanna be French »… Sur les réseaux sociaux, la tendance mondiale est à la moquerie française, détournant une chanson de Lady Gaga où l’on pourrait entendre « Je ne veux pas être Français ». Mauvaise hygiène, arrogance, baguette tradition et coup de boule de Zidane, les clichés à notre encontre (pas si faux que ça !) ont la vie dure. Mais la réponse des Français a été assez intéressante : architecture, gastronomie, culture, réussites sportives et… carte vitale. Intéressant que les Français s’affichent avec leur petite carte verte pour exposer leur fierté patriote. Plus qu’un symbole, la carte vitale est une manifestation concrète des victoires sociales de notre pays, que bien d’autres ont peur de nous envier. Car, oui, « in french we say : nous au moins on a la carte vitale » !
Pour recevoir cette newsletter quotidiennement (et gratuitement) dans votre boîte mail, suivez le lien : regards.fr/newsletter !
08.04.2025 à 15:28
Loïc Le Clerc
L’Ukraine, les droits de douane de Trump, Gaza ? Et si le véritable péril, c’était une broche avec de la viande autour ?
« La bataille du gouffre de Helm est terminée, la bataille de la terre du Milieu est sur le point de commencer. »
Le Seigneur des anneaux
Alors que la guerre menace de partout et sous diverses formes (militaire depuis Moscou, commerciale depuis Washington), un maire se lève et prend les armes, les vraies. Le 7 avril, sur l’antenne de RMC, Lionel Ollivier, premier citoyen de Clermont (Oise), socialiste de la première heure, a lancé un appel qui n’est pas sans rappeler un certain général…
« J’ai cinq barber shops pour 10 000 habitants. J’ai à peu près cinq kebabs également. Et, effectivement, j’ai pas la main puisque ce sont les propriétaires des murs qui choisissent les commerces en question. Et, à un moment donné, bon, bah, il faut avoir des commerces divers et variés. Il n’y a pas simplement à avoir que des kebabs ou des barber shops. À un moment donné, je ne suis pas sûr qu’il y ait une viabilité au niveau économique. Ça m’arrive de me promener dans la ville et je ne peux pas dire qu’il y ait énormément de clients. »
On sent déjà l’air du Chant des partisans partir du fond des campagnes, tel un murmure porté par le vent de la résistance… Le journaliste de RMC, véritable Camille Desmoulins des temps modernes, interroge la pertinence d’une telle information : « C’est le même constat un peu partout en France et certains de ces commerces, c’est uniquement pour blanchir de l’argent. »
Que fait la police ? Le fisc ? Élise Lucet ?
Lionel Ollivier, lui, ne « s’avance pas sur ce terrain-là », préférant « rester positif et lutter contre la fatalité. Qu’il y ait du trafic de drogues sur la commune, bon, je ne suis pas non plus un Bisounours, ça doit très certainement exister, il n’y a pas de souci. Mais moi, ce qui m’intéresse, c’est de maintenir à tout prix des commençants locaux, commerces de qualité. »
« Il n’y a pas de souci » avec le trafic de drogues… Passons. Et admirons plutôt cette opposition majestueuse entre « kebabs et barber shops » et « commerçants locaux, de qualité »… Que s’appelerio du racisme ?
« Étonnamment », le maire de Clermont ne parle pas du McDonald’s ni des nombreuses pizzerias (plus que cinq…) qui parsèment sa bourgade – quid des restaurants asiatiques ? Le grand remplacement n’est pas américain ou italien, il est arabo-musulman. Et il se déroule dans le silence assourdissant des médias et des pouvoirs publics !
Sauf RMC qui en remet une couche en donnant la parole à une experte : Éléonore Lemaire, chanteuse lyrique et prof d’aïkido. Elle réagit et, éloignez les enfants, c’est très très puissant : « Comment c’est possible en amont qu’ils s’installent autant ? » [La suite de sa réaction a été coupée par la parole bien plus intéressante de deux mâles blancs, ndlr]
Heureusement, le Charles Martel de l’Oise veille au grain. On l’attend en 2026 pour libérer Paris et ses 467 kebabs !