09.04.2025 à 17:50
Coline Laroche
Donald Trump a annoncé le 2 avril dernier la mise en œuvre de tarifs douaniers à l’encontre de 185 pays et territoires, soit la quasi-totalité de la planète. Ces annonces – présentées par l’administration Trump comme une réponse légitime aux pratiques commerciales jugées déloyales, car en défaveur des États-Unis – et leurs mises en œuvre entre le 5 et le 9 avril, ont constitué un véritable choc économique et financier, et viennent remettre en cause les principes économiques libéraux qui régissaient jusqu’alors le commerce international. Les méthodes de la Maison-Blanche interrogent. D’abord concernant la détermination des droits de douane appliqués, dont la méthode de calcul repose sur une lecture du commerce international simpliste dominée par la notion de déséquilibre bilatéral. Celle-ci consiste à diviser le déficit commercial bilatéral par le montant des importations américaines en provenance du pays concerné, puis de diviser ce résultat par deux pour obtenir le taux de droit de douane à appliquer. Cette méthode de calcul fait fi des conséquences de telles décisions sur les marchés financiers et sur les consommateurs états-uniens qui s’inquiètent légitimement d’une augmentation massive de l’inflation. L’application de cette méthode conduit à certaines aberrations : le Lesotho, par exemple, se verrait imposer un tarif de 50 %. On peut également s’étonner de certains choix de découpage géographique : si la France métropolitaine est intégrée à l’ensemble « Union européenne », ses territoires d’outre-mer apparaissent, eux, en dehors de l’UE, avec des droits de douane estimés à 10 % et 50 %. S’agit-il d’une incohérence d’ordre mathématique, une méconnaissance géographique ou bien un signal politique lancé à la France ? Enfin l’administration Trump affirme que la hausse généralisée des droits de douane pourrait générer jusqu’à 600 milliards de dollars par an en recettes supplémentaires, qui serviraient à financer une réduction du taux de […]
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Donald Trump a annoncé le 2 avril dernier la mise en œuvre de tarifs douaniers à l’encontre de 185 pays et territoires, soit la quasi-totalité de la planète. Ces annonces – présentées par l’administration Trump comme une réponse légitime aux pratiques commerciales jugées déloyales, car en défaveur des États-Unis – et leurs mises en œuvre entre le 5 et le 9 avril, ont constitué un véritable choc économique et financier, et viennent remettre en cause les principes économiques libéraux qui régissaient jusqu’alors le commerce international.
Les méthodes de la Maison-Blanche interrogent. D’abord concernant la détermination des droits de douane appliqués, dont la méthode de calcul repose sur une lecture du commerce international simpliste dominée par la notion de déséquilibre bilatéral. Celle-ci consiste à diviser le déficit commercial bilatéral par le montant des importations américaines en provenance du pays concerné, puis de diviser ce résultat par deux pour obtenir le taux de droit de douane à appliquer. Cette méthode de calcul fait fi des conséquences de telles décisions sur les marchés financiers et sur les consommateurs états-uniens qui s’inquiètent légitimement d’une augmentation massive de l’inflation.
L’application de cette méthode conduit à certaines aberrations : le Lesotho, par exemple, se verrait imposer un tarif de 50 %. On peut également s’étonner de certains choix de découpage géographique : si la France métropolitaine est intégrée à l’ensemble « Union européenne », ses territoires d’outre-mer apparaissent, eux, en dehors de l’UE, avec des droits de douane estimés à 10 % et 50 %. S’agit-il d’une incohérence d’ordre mathématique, une méconnaissance géographique ou bien un signal politique lancé à la France ?
Enfin l’administration Trump affirme que la hausse généralisée des droits de douane pourrait générer jusqu’à 600 milliards de dollars par an en recettes supplémentaires, qui serviraient à financer une réduction du taux de l’impôt sur le revenu des sociétés, passant de 21 % à 15 %, conformément aux promesses de campagne. Des perspectives remises en causes par plusieurs instituts de recherche.
Cette stratégie de « réciprocité tarifaire » s’inscrit dans une logique de souveraineté économique, mais non sans risque pour l’équilibre du système international de commerce et pour la stabilité diplomatique globale. Bien que plusieurs États aient affirmé leur volonté de renégocier ces droits de douane ou bien annoncé des contre-mesures, l’effectivité de la nouvelle politique tarifaire reste, en outre, incertaine. Toutefois, il est probable que ces mesures soient utilisées comme instruments de négociation dans d’autres dossiers géopolitiques sensibles assumant l’utilisation des droits de douane comme levier de pression stratégique. Cette politique pourrait entraîner une redéfinition des alliances et ouvre la voie à des représailles de la part des puissances ciblées, notamment la Chine et l’Union européenne qui ont d’ores et déjà répondu.
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