
11.12.2025 à 10:00
David Dufresne
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Il y a près d’un an, 110 médias et organisations interpellaient le gouvernement pour réclamer une réforme de la loi de 2010 relative à la protection du secret des sources des journalistes. Les contours flous de ce texte et l’absence de véritables garde-fous ont facilité des atteintes à la liberté de la presse depuis 15 ans. Pour rappel, au moins 27 journalistes ont été convoqué·es ou placé·es en garde à vue par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), selon un décompte réalisé par le journal Télérama.
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Depuis notre courrier, les intimidations contre la presse n’ont pas cessé : elles ont franchi un cran supplémentaire. Alors que l’État français a été condamné en 2023 pour l’arrestation illégale d’un journaliste couvrant une action écologiste, la police a à nouveau reçu l’ordre d’interpeller et placer en garde à vue, le 1er juillet, le journaliste Enzo Rabouy quinze jours après qu’il a couvert une action militante en marge du Salon du Bourget.
Le parquet général poursuit également son acharnement contre Ariane Lavrilleux, la journaliste de Disclose et membre du groupe de travail sur le secret des sources à l’origine de cet appel. L’AFP nous apprend que le parquet général de la cour d’appel de Paris a fait appel de la décision de non-lieu rendue par la juge d’instruction. Alors que la justice a reconnu l’intérêt public des révélations de Disclose sur l’opération militaire secrète de la France au profit de la dictature égyptienne, la journaliste pourrait être renvoyée devant un tribunal, plus de deux ans après avoir subi une garde à vue, une perquisition et des mesures disproportionnées de surveillance.
Une autre procédure judiciaire vise le journaliste Philippe Miller, à la suite d’une plainte pour vol de données déposée par un cabinet d’avocat dont le journaliste avait relaté les pratiques douteuses. Pour contester la saisie de son ordinateur et matériel professionnel, Philippe Miller a tenté d’opposer le secret des sources. Mais la juge des libertés et de la détention a validé l’atteinte au secret des sources, en considérant que la simple existence d’une enquête pénale relevait bien d’un “impératif prépondérant d’intérêt public”. Si n’importe quelle enquête pénale permet de lever le secret des sources, ce dernier n’existe plus.
Enfin, les vidéos policières révélées par Libération et Mediapart démontrent que les forces de l’ordre déployées à Sainte-Soline ont multiplié les tirs illégaux et ont visé, en toute connaissance de cause, des journalistes qualifiés de “pue-la-pisse”. Lors des manifestations du 10 septembre, Reporters sans frontières a recensé sept cas de journalistes entravés physiquement, dont certains blessés par des éclats de grenade. Le 17 novembre, plusieurs journalistes de Reporterre, Blast et Libération ont été violentés par les forces de police et gazés à bout portant alors qu’ils couvraient une action de désobéissance civile menée par plusieurs ONG sur le site normand du géant de l’agrochimie BASF.
Ces attaques inacceptables dans un État de droit sont le résultat d’une année d’immobilisme du gouvernement. Qu’est devenue la promesse de Rachida Dati, lors des États généraux de l’information, d’un projet de loi qui garantit le droit à l’information ? Ce projet est pour l’heure gardé secret.
Le groupe de travail avait été reçu en février par le cabinet du premier ministre, puis au début de l’été par le ministère de la justice afin de discuter de nos propositions et de remettre une note d’analyse détaillée sur leur application concrète. Pour rappel, nous voulons :
– Mieux encadrer les conditions de la levée du secret des sources, qui est aujourd’hui possible dans le cas, mal défini, d’un « impératif prépondérant d’intérêt public »
– Exiger une autorisation par un·e juge indépendant·e avant toute levée du secret des sources – Étendre le secret des sources aux collaborateur·ices de médias, réalisateur·ices et auteur·ices de livres ou documentaires
– Permettre à tou·tes les journalistes de se défendre face à une violation du secret de leurs sources, en créant une voie de recours
– Renforcer les voies de recours et sanctions en cas de violation du secret des sources
La protection des sources n’est pas une coquetterie corporatiste. Elle est “la pierre angulaire de la liberté de la presse”, la condition indispensable d’un droit effectif à l’information de toute la population. Il est donc urgent que le projet de loi donne lieu à un débat public, ouvert et parlementaire le plus rapidement possible.
Par cet appel auquel se joignent 128 médias, sociétés de journalistes, syndicats et organisations, nous réclamons également aux ministres de la justice et de l’intérieur qu’ils formulent, dès à présent, des instructions écrites aux fonctionnaires afin de faire respecter la liberté de la presse telle qu’encadrée par la loi de 1881, ainsi que par la jurisprudence des tribunaux français et celle de la Cour européenne des droits de l’Homme.
Le groupe de travail sur la protection des sources à l’origine de cet appel
Sherpa, Fonds pour une presse libre, Reporters Sans Frontières, Association de la presse judiciaire, Disclose, SNJ et CFDT-Journalistes.
SDJ de l’AFP
SDJ du Parisien-Aujourd’hui en France
SDJ Epsiloon
SDJ de Radio France
SDJ de Radio France Internationale
SDJ FranceTV Sport
SDJ France 3 rédaction nationale
SDJ Le Figaro
SDJ de LCI
SDJ de Capital
SDJ Les Echos
SDJ de Mediapart
SDJ Groupe Profession Santé
SDJ d’Arte
SDJ de L’Informé
SDJ de RMC
SDJ du magazine GEO
SDJ Que choisir
SDJ La Tribune
SDJ d’Arrêt sur images
SDJ Konbini
SDJ de Challenges
Société des rédacteurs du Monde
Société des journalistes et du personnel de Libération
Société des personnels de l’Humanité
Collectif We Report
Collectif Hors Cadre
Collectif La Claque
Collectif Focus
Collectif Presse-papiers
Collectif Youpress
Profession Pigiste
Mediacoop
Reporterre
L’Arrière-Cour
Le Poing
Rural
Reflets.info
Blast
Vert
Covenant Médias
La Messagère Libérée
Rue89 Bordeaux
Spotlighted
Chabe
La Disparition
altermidi
Citizen Jazz
Sciences Critiques
La Topette
Voxeurop
Le Courrier des Balkans
Orient XXI
Grand-Format
AOC
Terrestres
La Relève et La Peste
Fakir
Observatoire des multinationales
La Clé des Ondes
Mouais, le journal dubitatif
Les Jours
Facto !
Mediapart
Le Poulpe
Rembobine
Mediacités
Inf’OGM
MédianesExtra muros
Les Cent Plumes
Rue89 Bordeaux
Rue89Lyon
Rue89 Strasbourg
France Maghreb 2 Radio
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StudioFact Media Group
SNJ (Syndicat national des journalistes)
CFDT-journalistes
Filpac cgt
Fédération européenne des journalistes (FEJ)
Spiil (Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne)
Fonds pour une presse libre
Sherpa
Reporters sans frontièresAssociation de la presse judiciaire
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Informer n’est pas un délit
Article 34
Journalisme & Citoyenneté
Les Assises du Journalisme
Association des journalistes de défense (AJD)
Association des journalistes antiracistes et racisé.e.s (AJAR)
La Scam
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Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM)
Attac France
Transparency International France
LDH (Ligue des droits de l’Homme)
Syndicat des avocats de France (SAF)
Fonds de dotation Intérêt à agir
Maison des lanceurs d’alerte
Alertes.me
Femmes journalistes de sport
Journalistes écrivains pour la nature et l’écologie (JNE)
Profession Pigiste
Nothing2Hide
Observatoire des Libertés Associatives
Club de la presse de Marseille-Provence
Club de la presse Strasbourg-Europe
Club de la presse de Metz
Club de la presse de Bretagne
10.12.2025 à 19:49
Marc Endeweld
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Plongée au cœur de la fabrique du pouvoir avec Bérengère Bonte, journaliste politique et autrice d’un ouvrage explosif sur Gabriel Attal. Dans cet entretien dense, elle décrit l’ascension fulgurante du plus jeune Premier ministre de la Ve République, les codes d’un monde politique devenu théâtre permanent et les zones de tension au sein même de la macronie. Entre révélations inédites, archives retrouvées et analyse des entourages, Bonte éclaire les ressorts d’une génération qui rêve de l’Élysée avant 40 ans. Un récit précis, documenté et parfois sidérant.
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Plaisir de recevoir Bérengère Bonte, ancienne directrice adjointe de la rédaction d’Europe 1 (avant le contrôle de la station par Bolloré), qui s’essaye désormais aux podcasts, et autrice de plusieurs ouvrages sur des responsables politiques. Et cette journaliste chevronnée sait qu’il faut (parfois) beaucoup de patience pour écrire une « bio politique ». Celle qui s’était déjà essayée à l’exercice (notamment Édouard Philippe et Élisabeth Borne, on en reparlait dans l’émission) en avait eu de la patience pour écrire L’Ange exterminateur (L’Archipel, octobre 2025) consacré à Gabriel Attal, fugace Premier ministre d’Emmanuel Macron entre janvier et juin 2024.
Pendant dix-huit mois d’enquête, l’enquêtrice politique a essayé d’ouvrir toutes les portes pour percer les mystères de Gabriel Nissim Attal de Couriss (son nom complet) et a fini par entrer dans cet « autre monde » où « on devient Premier ministre à 34 ans, et présidentiable à 36 ans ». Histoire familiale, vie privée, ambitions cachées, décryptage de son entourage, relations avec Emmanuel Macron… Tout y passe pour tenter d’en savoir plus sur ce « beau gosse poli » qui plait « aux mamies », mais qui cache surtout un « ambitieux à l’idéologie changeante » et « qui s’entourait de brutaux aux méthodes décriées ». À la lecture du livre de Bonte, on en apprend davantage sur ceux que Macron dénomme en privé les « sales types » – certains se retrouvaient ainsi à traîner avec la bande d’Alexandre Benalla – ou sur le « couple politique » qu’il a formé avec Stéphane Séjourné, un des piliers du macronisme.
Finalement, Bérengère Bonte a attendu un an avant de décrocher un premier entretien avec Gabriel Attal ; d’autres suivaient (huit heures en tout), mais cet exercice se révélait « d’une transparence fluctuante ». L’occasion pour moi d’interroger Bonte sur l’évolution du journalisme politique et de la politique… notamment sous la macronie et à l’heure des oligarques propriétaires de médias.
Marc Endeweld.
Pour me suivre, ma newsletter : marcendeweld.substack.com
Bérengère Bonte explique que Gabriel Attal s’inscrit dans sa série de portraits de Premiers ministres, après Édouard Philippe et Élisabeth Borne. Elle rappelle : «Gabriel Attal, c’est mon troisième premier ministre»
Elle décrit le contraste entre Philippe, très populaire mais mystérieux, et Attal, beaucoup plus exposé : «On ne savait pas bien qu’Il était, mais Il était ultra populaires»
Elle souligne la singularité d’Élisabeth Borne, marquée par un parcours familial douloureux et des postes prestigieux : «Elle a été patronne de la RATP, elle a été préfète, elle avait fait polytechnique»
En observant Attal, Bonte insiste sur la légitimité de l’ambition mais interroge le phénomène politique qu’il incarne : «On a le droit d’avoir de l’ambition»
Elle dévoile le Year Book de l’école alsacienne, document précieux pour comprendre l’imaginaire d’Attal adolescent, en particulier son montage photo : «Il détoure et met son visage à la place, et y met Gabriel Attal, président de la République»
Face à cette image d’un lycéen se projetant déjà chef de l’État, elle confie sa sidération : «Moi quand je tombe là-dessus…»
Elle raconte que beaucoup de camarades ont refusé de témoigner sur Attal, par crainte : «Je n’ai pas forcément envie de parler» dit-elle en citant leurs réactions
Elle décrit la violence politique interne à la Macronie, où rivalités et coups bas sont fréquents, notamment entre Attal et Macron, évoquant une «violence politique, parfois publique, souvent privée».
Bonte détaille le rôle central du cercle rapproché d’Attal, ses fidèles, surnommés les Power Rangers : «C’est Gabriel Attal qui les bâtissait» .
Elle précise qu’Élisabeth Borne et d’autres membres de la Macronie qualifient ce groupe de «sales types», selon sa formulation, soulignant leur influence dès ses débuts ministériels : «C’est comme ça que j’ai intitulé le chapitre» ajoute-t-elle en évoquant ces quatre collaborateurs clés .
08.12.2025 à 09:13
David Dufresne
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Un livre de recettes écrit en prison a déclenché l’impensable : son auteur, Moben, a été renvoyé à l’isolement pour avoir décrit ce que vivent les détenus. Pierre Guérinet raconte la mécanique punitive qui s’abat sur ceux qui parlent depuis l’intérieur des murs. Quelques minutes plus tard, Nicolas Norrito, éditeur chez Libertalia, décrit à son tour la pression politique et policière autour du jeu Fasciorama. Deux témoignages qui, chacun à leur manière, exposent la dérive sécuritaire, la censure et le climat de plus en plus lourd qui menace la parole critique.
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A 7h30, on a causé du transfert de Moben, auteur des Editions du bout de la ville, à la prison de haute sécurité de Alençon-Condé-sur-Sarthe au sein du nouveau QLCO (Quartier de lutte contre la criminalité organisée). Il subit ce transfert punitif pour avoir écrit, avec l’aide de Gaëlle Hoarau, Mange ta peine, les recettes du prisonnier à l’isolement, sorti en septembre 2025. Il semblerait que Moben a été brutalement aspiré dans la campagne médiatique menée par le Garde des sceaux pour promouvoir ces quartiers de haute sécurité (QHS) et sa « guerre au narcotrafic ».
A 8h30, France Déter a reçu Nicolas de la maison Libertalia, pour le jeu des 7 familles Fachorama, qui a fâché syndicats de police, presse Bolloré et ministre de l’Intérieur.
Chaque lundi matin, Au Poste tente de mettre un peu de trouble dans l’ordre médiatique dominant. «France Déter» accueille des invité·e·s, tient des revues de presse particulières, donne le temps des nuages et des luttes, explore le passé, étrille le présent.
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