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21.10.2024 à 17:17

Résister en féministes, avec La Déferlante

Pauline Todesco

Emmanuelle Josse, cofondatrice de La Déferlante, nous plonge dans le numéro spécial “Résister en féministes”. Elle évoque les luttes d'Assa Traoré, Sophie Binet, de la poétesse Laura Vazquez, de l’historienne Nonna Mayer, des écrivaines Kaoutar Harchi et Fatima Ouassak et de bien d'autres voix féministes qui dessinent les résistances de notre époque.

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Texte intégral (4188 mots)

Dans ce dernier numéro paru à l’automne 2024, La Déferlante gravite autour d’un verbe à l’origine de toutes les luttes : Résister. En parcourant ses pages, nous avons causé intersectionnalité et universalisme républicain, féminisation des partis d’extrême droite, de ses représentantes comme de son électorat, et la nécessité d’une politisation des ventres des femmes, lieu de manifestation du projet suprémaciste de l’extrême droite.

Ce numéro Résister en féministes appelle à un féminisme antifasciste, face à la montée des extrêmes-droites qui prônent une régression des droits reproductifs et une oppression toujours plus importantes des femmes, notamment racisées et musulmanes, et des personnes à la croisées des identités de genre.

Intersectionnalité, universalisme républicain et communautarisme

«Pour qui on se bat ? Est-ce qu’on se bat pour des femmes blanches, des classes moyennes et supérieures cisgenres ? Ou est-ce qu’on élargit la lutte à des femmes qui sont travailleuses précaires, des femmes racisées, des femmes trans ? Comment on met en jeu ces diverses oppressions ?» Voici pourquoi La Déferlante a choisi pour slogan «la revue des révolutions féministes», au pluriel. En effet, au coeur de La Déferlante se trouve la nécessité d’une approche intersectionnelle, c’est-à-dire la conscience d’oppressions croisées, notamment celles de race, de classe, d’identités sexuelles et de genre.

Le féminisme n’appartient pas qu’aux femmes blanches. Assa Traoré, dans La Déferlante

Face à la nécessaire identification des oppressions et donc de la spécificité des individus que nécessite l’intersectionnalité, se dresse le barrage du principe d’universalisme républicain. La co-fondatrice de La Déferlante rappelle que « l’universalisme républicain est une manière de penser que le grand corps politique dans lequel va se projeter […] la nation française, est composé d’individus abstraits qui ont des droits et des devoirs, en faisant abstraction des conditions matérielles réelles dans lesquelles ils évoluent. »

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Dans cette perspective, supprimer les mots «racisme», «genre» etc. devrait magiquement faire disparaître les discriminations qui leur sont liées. Cette façon de concevoir les individus comme tous égaux, non dans leur nature mais dans leur réalité, pose cette idée que Josse résume ainsi «la race n’existe pas, donc il n’y a pas de racisme». Face à cet universalisme se dresse un grand épouvantail : le communautarisme. 

Le communautarisme, c’est toujours celui des minorités ou assez classiquement des gens qui galèrent, et se retrouvent ensemble parce qu’ils ont besoin de se faire du bien et de se construire des espaces de lutte.

Emmanuelle Josse

«Lorsqu’autour de Macron, il n’y a que des hommes de 40 ou 50 ans qui dirigent le pays n’importe comment, là, ça n’est pas désigné comme un communautarisme» ironise Josse.

La féminisation de l’extrême droite 

Dans ce numéro 15 de La Déferlante, l’on retrouve un entretien de la journaliste Sarah Bénichou avec les sociologues de renom Nonna Mayer – bien connue de nos services – et Francesca Scrinzi, analysant notamment la montée en puissance des femmes dans les partis d’extrême droite.

«Placer une figure de femme à la tête de ces partis va mettre à distance leur dimension violente, alors qu’ils cherchent à s’institutionnaliser » explique Josse. Citant Marine Le Pen et Giorgia Meloni comme exemples de femmes leaders qui s’attachent à mobiliser une image maternelle, qu’elles conjuguent avec une espèce de “self malde woman”, Josse décortique avec nous cette stratégie de féminisation, qui concerne aussi l’électorat d’extrême droite.

 Dans les pays où on est les plus avancés sur les questions de genre […] les femmes se tournent moins vers l’extrême droite .

Emmanuelle Josse

Il y a encore quelques années, il y avait une vraie différence entre le comportement des hommes et des femmes lorsqu’il s’agissait de voter pour le parti frontiste. Depuis, l’acclimatation très progressive de la population, l’institutionnalisation du parti, sa normalisation – terme que propose Nonna Mayer à la place de la «dédiabolisation», et notamment l’arrivée et la montée en puissance de Marine Le Pen a lissé cet écart. En France, le fossé de genre n’est plus significatif dans le vote pour le Rassemblement National.

Le ventre des femmes : un enjeu suprémaciste

« Il y a des femmes à qui on interdit d’avorter : les femmes blanches en bonne santé. Et puis dans le même temps il y a des femmes qu’on pousse à avorter, qu’on stérilise » explique Josse. La question de la nécessaire politisation des corps des femmes est au coeur du numéro 15 de la Déferlante, qu’il s’agisse de la bande-dessinée de Audrey Lebel et Aurore Petit sur les lobbys ultraconservateurs, menant une offensive réactionnaire dans toute l’Europe, et même jusqu’au Brésil, de la situation des Plannings familiaux français sous le péril des groupuscules antigenre, de l’écofascisme qui cible aussi les minorités de genre, ou encore du texte signé par l’autrice Fatima Ouassak, fondatrice du syndicat de parents Front de Mères, également bien connue du comico. Au coeur de cette politisation, le ventre des femmes, cible centrale du projet suprémaciste. 

Derrière le projet suprémaciste, il y a l’idée d’une communauté blanche, où on ne veut pas d’autres enfants que des enfants blancs. Par ailleurs, des enfants blancs en bonne santé, puisque le projet suprémaciste est aussi un projet eugéniste.

Emmanuelle Josse

Si le contrôle du corps des femmes est aussi vieux que le patriarcat, il est aujourd’hui en voie d’institutionnalisation lorsque l’extrême droite est au pouvoir. À l’instar de Fatima Ouassak, quel lien peut-on faire entre la mort des enfants racisés de banlieues, comme Nahel Merzouk, et les luttes féministes ?

Pour y répondre, Josse mobilise la théorie de la justice reproductive, qui apparaît dans les années 90, portée par des féministes afroétasuniennes. Ces militantes considéraient que le fameux discours reproductif du «je veux pouvoir avorter comme je veux» était à penser différemment pour les femmes racisées, pauvres, ou handicapées, avortées pour certaines sans leur consentement, de manière tout à fait tout à fait violente. Josse cite ainsi l’exemple des femmes inuites au Groenland dans les années 70, stérilisées de force. 

Le fémo-nationalisme : le féminisme comme arme xénophobe

L’entretien nous propose aussi de plonger dans la rhétorique fémonationaliste, un concept évoqué par la chercheuse Kaoutar Harchi, et conçu par son homologue américaine Sarah R. Farris. Le fémonationalisme s’appuie sur la pensée issue des think thank d’extrême droite de la culturalisation de la violence, cette idée selon laquelle des violences existeraient dans certaines cultures mais seraient absentes d’autres, que Josse résume ainsi «nous sommes des sociétés modernes et avancées, tandis qu’il y a des cultures dans lesquelles les femmes sont traitées comme inférieures ».

Partant de ce principe, le fémonationalise instrumentalise la lutte contre les violences faites aux femmes, pour en faire une arme contre les hommes racisés, ou pour stigmatiser les femmes elles-mêmes, notamment les femmes musulmanes, à travers le port du voile.

«On va d’un coup s’intéresser à l’envie que les femmes ont de rester en vie uniquement à partir du moment où elles sont blanches et attaquées par des hommes racisés» explique Josse, citant l’exemple récent d’expression de ce fémonationalisme dans «la récupération monstrueuse» du féminicide de Philippine. «On a vu d’un coup des gens, typiquement qui n’ont pas pris la parole du tout sur le procès Mazan, se livrer à des récupérations absolument dégueulasses» rapporte Josse, avant d’ajouter sidérée «l’argumentaire consistant à dire “il aurait fallu renvoyer la personne accusée de ce féminicide, il aurait fallu qu’elle soit renvoyée au Maroc”, consiste quand même à dire que la vie des Marocaines ne coûte rien».

«Les féminismes sont dans une constante redéfinition. Le jour où ce n’est plus le cas, soit on a tout gagné, soit c’est que l’idée est morte » déclare Josse joyeusement. En apprenant à penser l’intersectionnalité, en s’emparant de nouvelles pensées comme la justice reproductive, en rejetant l’illusion de l’universalisme républicain, en continuant à politiser le ventre de toutes les femmes, la Déferlante mène une réflexion et un travail utile à tous.tes. Pourvu que la revue nous accompagne très longtemps pour penser les féminismes de demain.

Trois questions clés

Pourquoi Emmanuelle Josse parle-t-elle du viol comme d’un acte «ordinaire» ?

Josse insiste sur le fait que le viol est « un acte ordinaire commis par des hommes ordinaires » pour souligner la fréquence de ce crime et la banalité de ses auteurs. Elle critique la tendance à percevoir ces actes comme des exceptions, alors qu’ils sont le reflet de violences systématiques, banalisées dans le quotidien.

Qu’est-ce que le fémo-nationalisme ?

Le fémo-nationalisme, comme l’explique Josse, consiste à utiliser le féminisme pour justifier des discours xénophobes. Il « racialise le sexisme » en opposant les sociétés « modernes et avancées » aux cultures perçues comme opprimant les femmes. Cette stratégie détourne la lutte pour les droits des femmes afin de légitimer la stigmatisation des populations racisées.

Pourquoi l’intersectionnalité est-elle un enjeu central dans les révolutions féministes ?

Josse insiste sur l’importance de l’intersectionnalité dans les luttes féministes, pour identifier la multiplicité des oppressions, notamment de race, de classe, de religion, qui peuvent se superposer pour de nombreuses femmes et personnes issues des minorités de genre. Les spécificités de leur situation n’étant pas les mêmes, les féminismes doivent s’emparer de ces réalités pour les faire converger, et ne laisser personne de côté.

Pourquoi la justice reproductive est-elle cruciale dans les luttes féministes selon Josse?

Josse insiste sur l’importance de la justice reproductive dans les luttes féministes contemporaines, qu’elle résume ainsi «c’est une manière de penser les droits reproductifs des femmes, non pas simplement à l’échelle des femmes mais aussi des enfants (…) de pouvoir faire naître des enfants dans un monde où ils ne vont pas être assassinés à douze ans, où ils vont pas être harcelés par des flics.»

Comment les corps des femmes sont-ils politisés dans les projets suprémacistes ?

Josse explique que les projets suprémacistes étant des sociétés d’individus et d’enfants blancs, leur politique investit les ventres des femmes en fonction des couleurs de peau. « Il y a des femmes à qui on interdit d’avorter : les femmes blanches en bonne santé. Et puis dans le même temps il y a des femmes qu’on pousse à avorter, qu’on stérilise » explique la cofondatrice de La Déferlante.

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17.10.2024 à 12:06

Comment le fascisme inonde notre langue

David Dufresne

Auteur de la retentissante retraduction de «Mein Kampf», le traducteur germaniste Olivier Mannoni arrive au Poste avec un nouveau bouquin : «Coulée brune – Comment le fascisme inonde notre langue » (Éditions Héloïse d’Ormesson). Il décrypte pour nous les dérives du langage, où conspirationnisme et extrême droite s’entremêlent.

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Texte intégral (2867 mots)

Le live commence dans la précipitation, alors qu’un millier de « raideurs » débarque sur la chaîne. Olivier Mannoni guette le tchat devant lui. S’il arrive en fin connaisseur d’Hitler, c’est l’amoureux des mots et de la langue qui parle. Il évoque la destruction du langage, qui amène à la destruction du dialogue et précipite l’arrivée du fascisme.

Hier, Christine Kelly, sur CNews, a fait une émission qu’elle a conclue par le Chant des partisans. C’est exactement ce que j’essaie d’analyser: la manière dont une chaîne proche de l’extrême droite arrive à récupérer un chant de lutte contre celle-ci, sans aucune espèce de honte, avec au contraire une espèce de fierté, en disant finalement: “c’est nous qui résistons”.
Olivier Mannoni

Cette destruction du langage n’est pas nouvelle. Le germaniste la compare avec ce qu’il connaît de mieux : Hitler a écrit Mein Kampf alors qu’il était en prison et qu’il voulait se racheter une stature politique. C’était raté. « C’était très mal écrit, au point que quand le livre est sorti, les gens se sont fichus de lui. Ils ont dit, comme avec Trump : un imbécile pareil n’arrivera jamais au pouvoir ».

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«On ne peut plus rien dire»

Pour Olivier Mannoni, on ne peut appréhender ce qu’il s’est passé en Allemagne et ce qu’il se déroule chez nous aujourd’hui sans comprendre ce qui vient avant le parti nazi : la Révolution conservatrice. Un mouvement d’intellectuels connus, dont l’objectif est de faire sauter les tabous du langage et de la morale les uns après les autres.

Ce qui était impensable devient possible : on a le droit de dire que les Juifs gouvernent […] On a le droit de dire qu’il faut combattre ses ennemis par tous les moyens. Ce mouvement va profondément changer la réalité politique et intellectuelle de l’Allemagne.
Olivier Mannoni

Il constate dans les années 1980 un groupe qui abat le même travail en France : le GRECE. Ces personnes vont participer à installer le fameux “on ne peut plus rien dire”. En travaillant à réhabiliter dans l’espace public des termes proscrits depuis 1945, ils vont, pour Olivier Mannoni, réintroduire l’idéologie d’extrême droite « non à coups de marteau, mais à coups de banalisation ».

Ce mouvement a des relais politiques, notamment Jean-Marie Le Pen. Il va, provocation après provocation, utiliser le «four crématoire», le «détail», pour que finalement les gens se disent : “Après tout, est-ce que c’était si important que ça les chambres à gaz ?” C’est un travail de sape des idées, mais surtout, du langage.
Olivier Mannoni

«Ni droite, ni gauche»

L’analyse de Mannoni le porte aux distorsions que subissent les mots aujourd’hui. Pour lui, « la situation actuelle, c’est une situation où, précisément, les mots n’ont plus aucun sens ». Il évoque les élections et les justifications du nouveau gouvernement pour justifier sa légitimité : « La dégradation du langage politique a largement contribué à l’impasse dans laquelle on se trouve aujourd’hui en France et ailleurs ». Pour lui, la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy marque un tournant.

Je voudrais leur dire qu’on a reçu le coup de pied au derrière mais que c’est pas parce que vous voulez renverser la table que vous descendez de la voiture dont vous vous abstenez de choisir le chauffeur.
Nicolas Sarkozy lors d’un meeting à Limoges, 2015
Retrouvée par le tchat


La technique Sarkozy, c’est ce qu’Olivier Mannoni appelle la “triangulation” : réutiliser les mots et les idées de l’extrême droite comme de la gauche en les sortant de leur contexte pour les dénaturer et finalement se les réapproprier. En poursuivant cette trajectoire, « on arrive à ce fameux “ni gauche, ni droite” d’Emmanuel Macron », conclut-il.

C’est une manière de détruire le langage politique. Si vous dites que tout est égal, on peut piquer à droite, à gauche et faire un mélange, il n’y a plus de choix. Il y a cette espèce de bouillie de langage politique que l’on a en ce moment.
Olivier Mannoni

Le champ politique n’est pas le seul concerné. Olivier Mannoni, qui rappelle ne pas vouloir s’attaquer à la presse en général, ne s’en prive pas pour une «certaine presse», dominante. Dans son livre, il a recueilli à ce propos quelques perles. Sollicité, il l’attrape pour nous en lire un passage :

Le plus important, explique la journaliste Léa Salamé dans l’émission Small Talk du média Konbini en 2023, « […] Peu importe la question, peu importe la réponse, il faut qu’il y ait un moment. Mon obsession, ce n’est pas d’aller chercher la vérité, c’est qu’il y ait un moment et que l’auditeur soit surpris ».
Olivier Mannoni, dans son ouvrage Coulée brune

L’auteur critique la recherche de la seule indignation, de l’émotion dénuée du reste : « C’est extrêmement dangereux, si la presse se transforme en ça, on est tous fichus. » Au final, un tel abandon des mots ne pourra qu’aller dans le sens de l’extrême droite et des conspirationnistes avec lesquels elle est liée. La confusion ôte aux personnes leur capacité d’interrogation et donc d’obtenir de vraies réponses. À partir de là, pour l’extrême droite et son récit du réel, le champ est libre.

Trois questions clés

Quel est le précédent livre d’Olivier Mannoni ?

Olivier Mannoni a traduit plusieurs livres sur l’extrême droite, en particulier le nazisme. Il s’attache dans son ouvrage Traduire Hitler (Editions Héloïse D’Ormesson), à raconter ses confrontations textuelles et intellectuelles pendant sa retraduction de Mein Kampf entouré d’historiens.

Qu’est-ce que le GRECE ?

C’est l’acronyme du Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne. Le GRECE est un groupe de pensée fondé par des militants d’extrême droite dont le but premier est la propagation des idées d’extrême droite sur le plan culturel, dépassant le champ purement politique.

Qu’est-ce que l’affaire du «détail de l’histoire» ?

C’est une polémique engendrée en 1987 par Jean-Marie Le Pen, suite à une de ses déclarations pour laquelle il sera condamné. Selon lui, les chambres à gaz « sont un point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ».

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16.10.2024 à 20:16

Tunisie: l’autoritarisme grimpe, le feu couve

Ritchy Thibault

Dans ce nouvel épisode, La Barricade était consacrée à la préoccupante situation politique en Tunisie suite à la reconduction du président Kaïs Saïed, qui s’attache au pouvoir depuis 2019 allant jusqu’à faire coup d’Etat institutionnel en 2021.

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Texte intégral (3514 mots)

Ce 6 octobre se tenaient les élections présidentielles tunisiennes, où Kaïs Saïed a été réélu avec plus de 90% des voix dès le premier tour. Alors que le pays s’est changé en dictature depuis le coup d’Etat du 25 juillet 2021, le maintien de Saïed au pouvoir met plus que jamais en péril la société tunisienne.

Avec Mustapha Gharbi, militant au Parti des Travailleurs de Tunisie, et Amine Snoussi, journaliste et essayiste tunisien, nous avons tenté de cartographier l’état d’un pays post-révolutionnaire sous dictature, couverte et encensée par une France et une Europe ravies de laisser la Tunisie «faire le sale boulot de garde frontière.» D’emblée, Amine Snoussi, en France depuis peu, précise d’emblée : «vivre en France, ce n’est pas un choix, c’est un exil forcé car l’espace politique en Tunisie s’est considérablement réduit.» Lui comme Mustapha est attaché parlementaire (LFI).

«La révolution se déclenche avec un vendeur ambulant qui se fait totalement mépriser par la presse, par la police. Dans cette recherche de dignité, il s’immole avec le feu. Et il y a tout un peuple qui se soulève en allant chercher sa dignité. » C’est avec ces mots que Gharbi retrace avec nous la naissance de la révolution tunisienne, première de ce qu’on a appelé par la suite “le printemps arabe”. D’ailleurs, le militant insiste sur cette sémantique, qui édulcore l’aspect révolutionnaire d’un événement qui a eu ses morts, ses martyrs.

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Une révolution «condamnée à réussir»

Lorsque Snoussi évoque la révolution de janvier 2011, il évoque «une révolution condamnée à réussir.» Il se rappelle, enfant, les chuchotements dans la famille, dans les cercles proches, de quelque chose «en train de se passer.» À cette époque, 24% des Tunisiens sont au chômage, dont 56% des jeunes. Snoussi précise : «la spécificité de cette révolution, c’est qu’on ne s’est pas satisfait de ça». Les semaines et les mois qui suivirent furent marqués par une intense mobilisation «pour refuser que le parti de Ben Ali place un autre pion et remette son régime autoritaire dictatorial en place, jusqu’à ce qu’on obtienne la garantie d’une assemblée constituante.»

L’issue semblait alors victorieuse, pointe Ritchy Thibault. Pourtant, la révolution a échoué : si Ben Ali est parti, le système érigé autour de lui, et convoité par les partis libéraux et islamistes, n’a pas été défait. Le premier horizon étant de ne pas sombrer dans la dictature et la guerre civile, c’est cette peur qui a régi tous les choix, faisant perdre au peuple ses aspirations sociales et révolutionnaires.

La défaite s’explique également par l’alliance entre «l’héritage dictatorial et le parti islamiste» explique Snoussi, écartant sur leur passage toutes les voix de gauche et les nouveaux visages libéraux. Alors que l’inflation grimpe à 50%, que la situation sociale est catastrophique, qui est élu ? «Un outsider», au discours différent des autres, sans parti politique, présenté comme un expert des débats constituants… «Le peuple pensait qu’il y avait très peu de chance qu’il soit un nouveau Ben Ali ou qu’il soit un nouveau dictateur. Et au bout de trois ou quatre mois, il leur a donné tort» soupire Snoussi.

Saïed : un président pire que le dictateur Ben Ali ?

S’il faut comparer Saïed et Ben Ali, pour Gharbi, «Saïed est même pire que Ben Ali». La différence flagrante entre les deux s’illustre selon lui dans les arrestations ordonnées par Saïed d’avocats dans la Maison des avocats à Tunis. Or, depuis la fin de la colonisation, même sous Ben Ali, «il n’y a jamais eu de policiers dans la Maison des avocats ou dans la Maison des magistrats. Aujourd’hui, ça se passe ainsi en Tunisie.»

Snoussi rappelle les promesses irréalisables de Saïed, entre lutte contre la corruption et redistribution des richesses, qui n’ont «finalement servi qu’à le débarrasser de tous les contre-pouvoirs pour capter le pouvoir. »

Saïed a chassé les islamistes tout en les remplaçant sur le plan idéologique. Il va même plus loin : dans sa Constitution par exemple, il se reconnaît le droit d’interpréter le Coran, chose que les islamistes n’ont jamais faite.

Mustapha Gharbi

Thibault demande à ses invités de détailler ce qu’il s’est passé le 25 juillet 2021, jour du coup d’État. D’emblée, Gharbi précise : la décision de Saïed était a priori en règle, puisque permise par l’article 80 de la Constitution tunisienne de 2014 – équivalent de l’article 16 français. «Sauf qu’on appelle ça un coup d’Etat, parce que la Tunisie ne s’est jamais dotée d’une Cour constitutionnelle qui pouvait valider ce choix» ajoute-t-il. 

La nouvelle Constitution tunisienne, rédigée par Saïed et taillée pour lui, lui permet de gouverner seul à coups de décrets. Snoussi raconte comment aujourd’hui «n’importe quel ministre tunisien peut décider de porter plainte contre n’importe qui pour l’envoyer en détention pendant des mois et potentiellement risquer ensuite une condamnation de cinq ans de prison». Pour lui, la seule chose qui puisse mener le régime à sa perte «c’est la politisation des masses».

L’Europe et la France complices

Le tchat demande : «existe t-il à votre connaissance une collaboration entre les autorités françaises et le régime actuel tunisien au regard du maintien de l’ordre et de la défiance généralisée?» «La France a toujours soutenu tous les régimes» affirme Gharbi sans détour.

La France et l’Union européenne ont attendu pendant des années qu’un sous-fifre signe leur pacte immigration, pour repousser les gens dans la mer ou dans le désert. Saïed a choisi de les repousser dans le désert, et il a signé avec Meloni et la France un accord migratoire. Et aujourd’hui, la France soutient ce régime parce qu’il a accepté de faire le garde-frontière pour l’Union européenne.

Mustapha Gharbi

Snoussi résume le contenu de ce deal européen : «en échange de quelques millions d’euros, vous gérez les frontières à notre place.» Depuis, le pays connaît une vague de répression sans précédent envers les exilés. Celle-ci a entraîné le déplacement forcé des Noirs de Tunisie dans des zones désertiques à la frontière libyenne et algérienne, et la mort de vingt-sept d’entre eux. Le discours de Saïed est simple : les exilés sont responsables de la détresse économique des Tunisiens.

«Quand on lutte contre l’extrême droite en Europe, on devrait aussi soutenir la résistance en Tunisie» plaide Snoussi, rappelant les liens étroits entre l’extrême droite européenne et le régime tunisien, qui avait adopté en mars 2022 la théorie du “grand remplacement” dans un discours. 

L’extrême droite européenne travaille avec le régime autoritaire tunisien. Mais le reste des opposants à l’extrême droite en Europe ne s’intéresse que peu à la situation en Tunisie, qui est pourtant centrale dans le sujet de l’externalisation des frontières, parce que c’est un modèle qui va être reproduit partout en Afrique du Nord et en Méditerranée.

Amine Snoussi

Une négrophobie d’État

Si la gouvernance de Saïed exacerbe une négrophobie, celle-ci n’était pas inexistante en Tunisie, rappelle Gharbi. Selon lui, alors que le Maghreb faisait partie intégrante du commerce triangulaire, puisque «l’Europe n’a toujours pas fait sa repentance par rapport à son histoire coloniale esclavagiste, le Maghreb ne l’a pas fait non plus.»

Si en Europe, les Maghrébins se retrouvent dans les mêmes communautés que les Africains Noirs, «dans nos pays, on ne se considère pas du tout comme une même communauté», explique-t-il, avant d’affirmer «la Tunisie ne s’est jamais considérée comme un pays africain.» S’il y a une tradition du racisme en Tunisie, dans sa société, dans sa sémantique, développe Snoussi, celui-ci n’a jamais été institutionnel depuis l’indépendance. Aujourd’hui, il est devenu étatique.

La Tunisie n’est pas un pays sûr pour les exilés. C’est un pays qui arrive au niveau de la Libye (…) Il y a eu 27 morts dans les zones désertiques où ont été déplacées de force les personnes noires et les exilés il y a moins d’un an.

Amine Snoussi

Faire tomber les régimes plutôt que les monarques

«La seule issue, c’est la rue. C’est une révolution dans les mêmes conditions» déclare Snoussi, avant que Gharbi ne le taquine «Tu aurais pu dire une barricade, non?» Si la situation est critique, leurs espoirs sont vivants. Snoussi rappelle qu’il n’y a jamais eu autant de mobilisation que pendant la campagne présidentielle, depuis le coup d’État.

La Tunisie dont je rêve, c’est une Tunisie démocratique, régie par les règles de la Constitution de 2014, qui a été saluée par tous les constitutionnalistes du monde.

Mustapha Gharbi

Pour Snoussi, tout l’enjeu tient dans l’apprentissage des erreurs : dégager Saïed ne suffit pas. «Le prochain qui va arriver au pouvoir aura cette Constitution à sa disposition. On aura un ministère de l’Intérieur qui s’est habitué à ce régime-là. On aura tout un appareil d’État qui s’est habitué à la répression.» Ainsi, alors que l’émission s’achève, Ritchy Thibault lui répond «il ne faut pas faire tomber la tête d’un homme, mais faire tomber la tête d’un régime. »

Trois questions clés

Pourquoi Kaïs Saïed est-il perçu comme plus autoritaire que Ben Ali ? 

Sous Kaïs Saïed, la répression politique s’est intensifiée, avec des arrestations d’opposants, une réécriture des lois à son avantage, et l’absence d’une véritable opposition démocratique.

Quelles sont les implications de l’accord entre l’Union Européenne et la Tunisie sur l’immigration ? 

L’UE a signé des accords avec la Tunisie pour externaliser la gestion des flux migratoires, en échange de millions. Ces accords encouragent la politique répressive et violente tunisienne.

Quelle est la situation des Tunisiens noirs et des exilés en Tunisie ?

La situation est alarmante. La négrophobie d’État a pris de l’ampleur sous Kaïs Saïed, avec des arrestations massives d’exilés subsahariens et de Tunisiens noirs, souvent déplacés vers des zones désertiques.

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