
25.11.2025 à 10:29
David Dufresne
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Le nouveau film de Dominik Moll cartonne. Dossier 137 attire le public, reçoit un bel accueil presse, et l'imprimatur d'anciennes patronnes de l'IGPN. Sa convocation Au Poste fut un plaisir. On a causé cinéma, et réalité, messages et morale, actions et opinions. Sortez les pop corns!
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L’histoire: le dossier 137 est en apparence une affaire de plus pour Stéphanie (Léa Drucker), enquêtrice à l’IGPN. Une manifestation des Gilets Jaunes, à Paris, en décembre 2018, un jeune homme blessé par un tir de LBD, des circonstances à éclaircir pour établir une responsabilité. Et la police des polices devient (enfin) un sujet de fiction.
Pour écrire son film, Moll a suivi un stage d’observation à l’IGPN, lu des paquets de dossiers, rencontré des chercheurs. Dans cet entretien intense, le réalisateur revient sur la genèse de Dossier 137, son film-enquête. Entre immersion auprès des inspecteurs, analyse des images filmées par les citoyens et exploration des zones grises du maintien de l’ordre, il dévoile comment se fabriquent les récits policiers — et leurs silences. Il raconte les résistances, les blocages institutionnels, les relaxes judiciaires et les discours politiques qui nourrissent l’impasse actuelle.
Dominik Moll explique que Dossier 137 raconte l’enquête d’une commandante de l’IGPN chargée de comprendre «dans quelles circonstances un jeune manifestant a été grièvement blessé par un tir de LBD», et comment elle «va se heurter aux limites et aux contraintes de son métier» (Dominik Moll).
Il précise que l’affaire du film est une construction hybride issue «d’un assemblage d’éléments de plusieurs enquêtes», notamment celle concernant la famille Pontonnier, dont il détaille le parcours traumatique.
Il raconte avoir assisté au procès Pontonnier et dit que la relaxe du CRS ne l’a «pas étonné plus que ça», tout en la trouvant «terrible pour la famille» et révélatrice d’un système où l’on refuse aux blessés «le statut de victime».
Dominik Moll insiste sur la responsabilité politique : «Quand on est incapable d’admettre qu’il y a des policiers qui commettent des violences illégitimes […] ça devient vraiment problématique»
Il cite les propos tenus par Macron, Darmanin et Nunez pour montrer la stratégie gouvernementale de refus : «Quand Macron il dit il est inacceptable de parler de violences policières», ou encore «quand Darmanin dit « quand j’entends le mot violence policière je m’étouffe »».
Il évoque l’affaire Angelina à Marseille, révélant l’omerta policière : un policier avait dénoncé les auteurs, mais «son supérieur lui a dit tu te tais» puis «le syndicat Alliance lui a dit tu te tais».
Il décrit en détail ses cinq jours d’immersion à l’IGPN, les réunions, les auditions, et les enquêteurs «curieux ou moins curieux» selon leur perception de sa présence.
Il explique que les enquêteurs «connaissent aussi la difficulté du maintien de l’ordre» et que cela crée un biais : ils se mettent «plus facilement à la place des policiers», notamment dans les zones grises.
Il revient sur la manière dont il a filmé les manifestations : utilisation de véritables smartphones, reproduction des angles des images citoyennes, construction de fausses vidéos avec «un sentiment de véracité».
Le réalisateur affirme que sa démarche n’est pas le “un partout, balle au centre”, mais la recherche de compréhension : «Dire “c’est les méchants policiers”, c’est un peu court. […] Il faut comprendre comment on peut en arriver là.»
24.11.2025 à 09:21
David Dufresne
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Dans cette matinale électrique, deux fronts s’entrechoquent : celui des violences policières et celui du non-accueil des personnes exilées. Paul et Lionel, de l’ONG Flagrant Déni, révèlent une mécanique d’impunité institutionnelle où «les policiers enquêtent sur leurs propres collègues» et où l’IGPN ne traite que «10% des affaires» . Ensuite, Charlotte Kwantes, porte-parole d’Utopia 56, décrit une France qui laisse survivre des centaines de personnes «dans des campements détruits chaque semaine» et où la justice sert de dernier recours pour obtenir… des toilettes . Deux combats, une même certitude : l’État produit lui-même les angles morts qu’il refuse de regarder.
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Ce mois ci, le courageux collectif d’aide aux migrants Utopia 56 célèbre ses dix années de lutte. A 8h20, ce sera l’occasion d’inviter sa porte-parole Charlotte Kwantes pour évoquer leurs combats, leurs méthodes et leurs victoires. Et à 7h30, France Déter reçoit une autre ONG, Flagrant Déni, bien connue de nos services, qui vient de publier un rapport accablant sur impunité policière grandissante en France.
Chaque lundi matin, Au Poste tente de mettre un peu de trouble dans l’ordre médiatique dominant. «France Déter» accueille des invité·e·s, tient des revues de presse particulières, donne le temps des nuages et des luttes, explore le passé, étrille le présent. C’est en direct, c’est fait maison. Préparez le café!
Les données obtenues du ministère de la Justice après trois ans de démarches révèlent une hausse significative des violences par personnes dépositaires de l’autorité publique. Lionel Perrin indique que le nombre d’affaires ouvertes «a augmenté de 59% entre 2016 et 2024». Il précise que «c’est des chiffres tout à fait officiels».
Paul Issier rappelle que la police et la gendarmerie sont «les seuls corps en France au sein desquels les agents mènent des enquêtes pénales […] sur leurs propres collègues». Il explique que cela crée «une forme d’indépendance horizontale», puisque les enquêteurs et les mis en cause peuvent être des collègues directs.
Selon Lionel Perrin, les cellules départementales sont hiérarchiquement dépendantes de directeurs qui dirigent parfois les opérations qu’ils doivent ensuite évaluer. Il résume la situation en affirmant que «c’est un délire total». Un policier interrogé dans le rapport confie qu’il arrive «d’auditionner des collègues avec qui on a bu un café ou fumé une clope».
Paul estime que les chiffres mis en avant par l’IGPN masquent une réalité plus large : «l’IGPN […] ne traite que 10% des affaires de violence policière». Les 90% restants sont traités par des services locaux moins indépendants, et rarement comptabilisés dans les bilans publics.
Lionel Perrin souligne que les services de contrôle internes ne publient aucune donnée consolidée et que «on manque cruellement d’informations». Pour cette raison, Flagrant Déni appelle à une enquête parlementaire afin de définir un cadre légal aux enquêtes impliquant des forces de l’ordre.
Les personnes bloquées à la frontière vivent «dans des campements informels» installés «dans des forêts, sous des ponts, sur des terrains vagues». Charlotte Kwantes décrit des destructions hebdomadaires : des interventions à l’aide de «pelleteuses et bulldozers» sur des campements où vivent parfois des familles.
L’assignation vise à obtenir des standards minimaux : «des toilettes, des douches, de l’eau». Charlotte souligne l’absurdité de la situation en déclarant qu’il faut «demander littéralement des toilettes» alors que le phénomène dure depuis plus de dix ans.
Trois procédures sont ouvertes autour de leur rôle d’intermédiaire entre les embarcations en détresse et les secours. Charlotte résume les accusations avancées par certains acteurs institutionnels : l’idée que l’association aurait déclenché de faux SOS afin de détourner des moyens de secours. Elle qualifie cette thèse de «tordu» et «grave».
Utopia 56 est régulièrement attaquée dans la presse d’extrême droite, qu’elle accuse «d’inventer de toutes pièces» des accusations concernant leur action. L’association a déposé plusieurs plaintes en diffamation, notamment contre Valeurs Actuelles et Frontières.
Charlotte explique que des milliers de jeunes en recours — environ 3 500 — ne bénéficient d’aucune prise en charge pendant la procédure de reconnaissance de minorité. Cette attente peut durer «des mois entiers, voire plus d’une année, à la rue». Elle rappelle que ces jeunes se retrouvent «dans un niveau juridiques et social» où ils ne sont reconnus ni comme mineurs ni comme adultes.
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/21.11.2025 à 19:40
David Dufresne
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Dans un monde où la violence sociale n’a jamais été aussi palpable, Nicolas Framont entend remettre sur la table les questions que tout le monde évite soigneusement : jusqu’où peut-on aller pour riposter à la brutalité du capitalisme ? À travers l’affaire Luigi Mangione, assassin présumé d’un PDG d’assurance santé, l’auteur observe l’explosion d’une sympathie populaire inédite, révélatrice d’un système à bout de souffle. Entre morale, efficacité politique et colère contenue, Framont interroge le rapport de force réel, celui que syndicats, ONG et institutions refusent, selon lui, d’assumer. Une conversation où violence et justice se heurtent de plein fouet — et où les tabous se fissurent.
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Est-il condamnable de tuer une personne responsable de la mort et de la souffrance de milliers d’autres ? Luigi Mangione, érigé en icône par une partie du monde, est accusé d’avoir assassiné Brian Thompson, PDG de la première assurance santé privée des États-Unis. Son geste est évidemment illégal, alors que celui de sa victime, responsable d’une politique agressive de refus de remboursements de soins souvent vitaux, est tout à fait acceptable voire estimable dans le système capitaliste.
Face à la violence du capitalisme, Framont demande: ne devrions-nous pas hausser le ton et changer de tactique ?
Où doit s’arrêter la Morale et commencer le pragmatisme ? Ou l’un doit-il neutraliser l’autre? Et est-il bien sérieux de causer publiquement de lutte armée?
C’est la seconde convocation Au Poste de Nicolas Framont. Et on est bien content.
Son objectif : ramener la question de la confrontation politique au cœur de l’époque.
Framont résume : « cette figure-là… ravive ce questionnement éternel… sur quel rapport de force mener avec nos adversaires »
Il affirme que ce débat a été abandonné par la gauche institutionnelle.