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Moitié ONG moitié-think-tank. Pour une montagne durable

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23.09.2023 à 19:01
Valérie
Texte intégral (2716 mots)




L’avenir des territoires de montagne dépend-il des villages de montagne, de ses habitants uniquement, des stations de ski, d'un élu, d'un groupe d'élus, d'une gouvernance économique liée au ski etc. ?


La question de l'avenir des territoires de montagne et du modèle du tourisme face au réchauffement climatique regarde t’elle uniquement les territoires dits de montagne ?


Ou sont les frontières plaine/montagne ?




Agissons GLOBAL


Exemple les Alpes


Les Alpes constituent l’une des chaînes de montagnes parmi les plus importantes et les plus élevées au monde qui culminent au sommet du Mont Blanc, à 4 810 m d’altitude. Le massif alpin s’étend sur 1 200 km entre Nice et Vienne et abrite plus de 30 000 espèces animales et 13 000 espèces végétales. Lorsque l'on souhaite présenter un plan de transformation de modèle en montagne ou sur une territoire, nous ne pouvons pas nous concentrer sur une petite partie de ce territoire, un village, une vallée. Les approches doivent être pensées de manières systémiques (« relatif à un système pris dans son ensemble »). Des spécificités territoriales sont évidemment à prendre en considération mais il est bien certain que penser changement de modèle dans un village ou une station de montagne, implique des répercussions bien au delà.


chaine des Alpes

Les SCoT (Schéma de cohérence territoriale) aident à penser "global". Ce sont des outils de conception et de mise en œuvre d'une planification stratégique intercommunale, à l'échelle d'un large bassin de vie ou d'une aire urbaine, dans le cadre d'un projet d'aménagement stratégique. Les SCoT ouvrent donc des discussions au delà d'un PLU (Plan Local d'Urbanisme). Le Plan Local d'Urbanisme (PLU), document d'urbanisme à l'échelle du groupement de communes ou de la commune, s'intéresse à un projet d'aménagement et d'urbanisme beaucoup plus restreint qu'un SCoT.



Les bassins versants sont aussi à prendre en considération lorsqu'on réfléchit "montagne" et modèle. Un bassin versant est une zone géographique de collecte des eaux de surface par un cours d'eau et ses affluents. Par exemple le bassin du Rhône est l'un des quatre grands bassins versant situés en France métropolitaine. Il est situé intégralement en France et en Suisse. Il est alimenté par des cours d'eau des Alpes, du Jura, du Massif central et des Vosges. Le Rhône se jette dans la mer Méditerranée par un delta. Il mesure 97 800 km2, dont 90 000 km2 en France et 7 800 km2 en Suisse.


bassin versant du Rhône


L'AVENIR DES TERRITOIRES DE MONTAGNE dépend donc globalement d'un écosystème très large. Le développement des infrastructures touristiques et de transport, au même titre que les pratiques d’urbanisme et agricoles non soutenables, participent à une tendance globale d’exploitation excessive des espaces alpins. Ces pratiques pèsent plus largement que sur les territoires de montagne SEULS. Lorsque des espèces d'une est en diminution, lorsque la biodiversité est impactée, dans un contexte de changement climatique particulièrement intense en montagne, nous sommes tous concernés.


Lorsque la croissance de l'urbanisme en montagne menace les dernières zones naturelles existantes dans les Alpes, nous sommes tous concernés. Lorsque l’urbanisation de certains versants où territoires se généralise, entraînant le mitage des espaces jusqu’alors refuges pour la biodiversité ou dévolus à des activités plus en équilibre avec les écosystèmes (agriculture extensive, foresterie, activités récréatives...), nous devons tous nous y intéresser.


Lorsque la mobilité et les réseaux de transport (routiers et ferroviaires) sont si denses dans les Alpes qu'ils représentent 200 millions de tonnes de fret et 150 millions de personnes traversent les Alpes chaque année, dont seulement 17% par le train, cette problématique nous regarde tous.


Lorsque que le tourisme est le levier central du développement économique de la région alpine et l’un des principaux moteurs de l’urbanisation, que chaque année, les Alpes reçoivent plus de 120 millions de touristes, que l'on dénombre plus de 300 stations de montagne, disposant de plus de 5 millions de lits, dont certaines s’étendent sur des superficies immenses, nous sommes tous impactés. Lorsque les centres touristiques sont implantés le plus souvent dans les espaces les plus fragiles et les plus reculés, autrefois à l’abri de l’étalement urbain, grâce a des outils tel que les UTN (Unités Touristiques Nouvelles), sorte de dérogation aux PLU et aux SCoT permettant de construire en site vierge, nous ne devons de tous réagir. Lorsque l’artificialisation d’environ 3400 km² de paysages sauvages de l’arc alpin, convertis en pistes de ski et équipés de plus de 10 000 remontées mécaniques, tandis que de nombreuses installations sont encore en projet, cela regarde-t-il uniquement les stations de montagne ?




Retenue de la Loze à 2 275 m d’altitude à Courchevel

Capacité d’eau de 170 000 m3

Surface d’eau de 2,4 hectares

4 pompes à la Loze et 2 pompes au Biollay

L'agriculture intensive, la gestion de l'eau dans un contexte ou les projets sont bien d'augmenter les taux de couverture en neige artificielle sont aussi des sujets qui devraient intéressés le pays entier, bien au delà d'un village oû d'une station. La notion de territoires de montagne est donc bien plus vaste qu'une concertation de village. OUI bien sûr, en premier lieu, les habitants concernés sont directement impactés par les gouvernances politiques votées par ces mêmes habitants et donc par les stratégies de développement mises en place, MAIS OUI bien sûr, ces notions de territoires restreintes sont insuffisantes. L’avenir des territoires de montagne face au réchauffement climatique se situe donc bien au delà des "frontières" de la montagne.





Pensons LOCAL


Au regard des enjeux, il est impératif de se décorréler du tourisme globalement et plus spécifiquement du tourisme « tout ski ». Le plan "avenir montagnes" qui annonce un plan « quatre saisons » - compenser les pertes nées de la baisse du ski l'hiver par une exploitation renforcée des trois autres saisons - n'est probablement pas viable/souhaitable.


Ces questions doivent être vues avec tous les acteurs - associations, entreprises, politiques, habitants, touristes, agriculteurs, villages, et vallées…


Exemple avec le village de La #Clusaz qui propose une réunion publique le 27 septembre 2023 prochain afin d’échanger sur les enjeux dans ce village, il sera bien évidemment question du sujet du scandale de la retenue d'altitude de #beauregard et du moratoire annoncé mais aussi plus, puisqu’il est indiqué « Une réunion d’information, sur la vie locale, les projets et l’avenir de La Clusaz ».



Ce sujet regarde bien plus loin que la vallée des Aravis ou du village de la #clusaz au regard des enjeux globaux, comme vu précédemment (climat, aménagement du territoire, mobilité, urbanisme, tourisme, énergie, sécurité, économie, ressources, notamment l’eau )


Pour rappel, la Clusaz fait partie du groupement Annecy Mountains qui promeut Annecy, le lac, ainsi que les villages et montagnes alentours. Les stations des Aravis en font partie largement. Une sorte d’office de tourisme pour un large territoire.


Économiquement, la question de l’avenir regarde bien au delà de la vallée des Aravis et de la Clusaz puisque vivre aujourd’hui dans cette vallée où les villages des Aravis, implique probablement de travailler en vallée et/ou Genève.


D’un point de vue ressources, ce sujet concerne les territoires au delà de la #clusaz. Le bassin versant du Fier concerne 71 communes. Ce vaste territoire s’étend des montagnes de la Chaîne des Aravis à l’Est, présentant une douzaine de sommets à plus de 2000 m d’altitude, et la vallée du Haut Rhône à l’Ouest, vers Seyssel (altitude voisine de 250 m), au cœur de l’Avant-Pays haut savoyard. Si l'on capte des sources en amont, le bassin versant dans son entièreté est impacté et les cycles de l'eau sont modifiés.

-> tous les détails concernant le bassin sont ici -> https://lnkd.in/epxc-D97


D’un point de vue mobilité, regarder global est plus qu’évident.





Il est essentiel de s'imprégner et de comprendre les particularités territoriales, l'histoire et les cultures ancestrales.


Le ski sur ces territoires n'étant qu'une minuscule partie de l'histoire, comprendre le passé aide à appréhender l'avenir.

Penser local pour agir global pour comprendre la réalité d’un territoire, tout en comprenant les enjeux globaux. Les principes globaux, s'ils sont évidents, sont souvent inadaptés aux situations particulières. Et les situations particulières sont quelquefois inadaptées à la problématique globale.

Changer ou améliorer un modèle nécessite de mobiliser tous les niveaux à l’échelle du territoire, du département, de la région, de l’Etat et de l’association d’Etats : Il s'agit d'un impératif afin de ne pas créer de l'incompréhension. Magali Reghezza-Zitt explique "Alors que l'échelle multiscalaire étudie les emboîtements successifs d'échelles, l'approche transcalaire étudie plutôt l'influence des échelles les unes sur les autres". C'est bien de cela qu'il s'agit ici. https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/transcalaire


La notion de territoire, d'adaptabilité du territoire face aux enjeux du climat et tout ce que cela implique, regarde bien toutes les strates de la société et du pays, localement est globalement.


La concertation locale doit permettre de révéler l’intelligence collective en facilitant la participation de tous, la contribution et la prise en considération des usagers et des acteurs dans leurs démarches et projets.

Pensons local et agissons global !




14.09.2023 à 15:41
Valérie
Texte intégral (1063 mots)




Quel bonheur ce fut de te connaître. J’ai été heureuse. Nous nous sommes bien amusés. Mais je ne t’aime plus. Tu as menti. Je ne savais pas… Professionnellement, socialement, éduquée pour foncer, sans me retourner, j’ai finalement renoncé, rattrapée par la prise de conscience, le monde qui nous entoure, le climat…


Cher ski,

Je ne t’aime plus non plus. En tout cas plus comme avant. Depuis mes 3 ans, j’ai dévalé les pentes, en ski, de plus en plus vite, avec bonheur, sans me retourner, comme dans ma vie d’avant : chasse neige, stem, virages coupés… ce fut le pied. Je randonnais aussi à pied. La combinaison des deux me satisfaisait.

Mis à mal par le changement climatique, tu fais maintenant partie des priorités d’une minorité qui souhaite te maintenir en vie, malgré la dérive en cours. Les stations de ski n'existeront plus dans un futur plus ou moins proche. Malgré un consensus scientifique et de nombreux articles, les investissements pour conforter ton modèle continuent de plus belle. #business_as_usual

Nouveaux projets, constructions démentielles, détournement de l’eau des sources, investissements en dizaines voire centaines de millions d'euros (souvent de l'argent publics), altération des écosystèmes locaux, prolongement de la dépendance de nombreuses vallées à la mono activité du tourisme elle même dépendante d'une mono acitivité du ski, déboisements massifs, mise à mal de la biodiversité, fragilisée aujourd’hui... Cette économie qui fut salvatrice est aujourd’hui destructrice.

Tu consommes beaucoup, beaucoup, beaucoup d’eau et d'énergie. Il faut fabriquer ta matière première, la neige.

retenue d'altitude de la Loze, Courchevel

pour développer le réseau d’enneigeurs

sur la piste l’Eclipse des championnats du monde

La crise énergétique t’affecte, toi la super niche économique, pesant non seulement sur le portefeuille des promoteurs de projets, mais aussi sur celui des skieurs.

La crise environnementale, la crise sociale t’affectent, mais « ILS » te maintiennent en vie afin de profiter encore et toujours des gains importants et rapides que tu apportes. Le souci est qu’en cas d'échec, « ILS » risquent de faire sombrer l'ensemble des communautés et des habitants qui dépendent d’eux, de toi.


photo Valérie Paumier, la Clusaz le 4 janvier 2023

Ces nouvelles données climatiques devraient faire prendre conscience de s’arrêter. Observer, dialoguer, s’informer, appeler les scientifiques, inventer tous ensemble un monde où la ressource en eau et la consommation énergétique seraient rationalisées, partagées, économisées, se respecter, ne pas juger, regarder en avant, la biodiversité protégée, devraient être nos priorités.



Plus de 50 ans séparent le bébé que j’étais à la femme que je suis. 35 ans séparent l’ado que j’étais à la femme que je suis. 10 ans seulement séparent la femme que j’étais, confrontée à la prise de conscience du risque climatique et de sa dimension systémique, à la femme que je suis.

Depuis je ne cesse de penser. Ma vie, je l’ai changée. Heureuse je suis.

Forêts, animaux, silences, neige éphémère et pure, émerveillements, sources d’eau, ruisseaux, végétaux… je m’évertue à apprécier, contempler, informer, comprendre…


Chère montagne,

Je vais tenter d'argumenter au mieux pour :

  • créer un conservatoire national de la montagne et ainsi sanctuariser les glaciers, nos réserves d'eau potable,

  • oeuvrer pour une pratique raisonnée de la montagne permettant une gestion durable des ressources,

  • continuer à travailler afin d'adopter un vrai traité "transalpin" global européen sur la montagne et la préservation des écosystèmes,

  • proposer la multiplication des zones protégées,

  • continuer à sensibiliser,

  • proposer une réflexion stratégique de l'agriculture de montagne,

  • continuer à demander la mise en place de tables rondes avec les habitants afin d'apprendre de nouveaux récits,

  • poussier pour la mise en place d'un moratoire sur l'immobilier

  • penser Résilience Territoriale et donc alimentaire,

  • ...

Monter, grimper, prendre de la hauteur ou plutôt,

recevoir la hauteur, nous allons y arriver.

A mes grands-parents, à mes parents, à mes enfants. Pensées pour Sauvons le Plateau de Beauregard de la Destruction - la Clusaz et La Cluzad



13.09.2023 à 13:13
Valérie
Texte intégral (740 mots)



Les fabricants de produits de sport d’hiver ont eu de belles années. Lors des « grandes » années, un #Salomon faisait progresser les sports de montagne. Dans les années 80, Salomon est le leader mondial des équipements de sports d’#hiver ; l'entreprise est sur un nuage, à cette époque, elle est un "must" en Recherche et Développement. Dans le monde entier, elle est clairement identifiée comme la marque leader du marché de l’équipement de sport d’hiver (ski alpin, ski de fond, snowboard). Si Salomon, créée par Georges Salomon en 1947, a développé au fil du temps son identité « sports de montagne », elle a su également s’adapter aux attentes du marché et aux besoins des consommateurs. La société embraye un plan de diversification très stratégique au moment ou les marchés se tendent. Georges, visionnaire, avait annoncé le devoir de se créer un chemin vers les autres saisons. Lorsqu’on parle de Salomon, on ne peut pas ignorer l’ADN de cette entreprise : innovation, performance, qualité.Les époques changent… les tendances évoluent, la recherche et développement se doit d’être plus qu’innovante.


Le réchauffement climatique frappe.


Les acteurs de la montagne doivent revoir leur modèle économique. Les skieurs des « écuries » doivent changer, les Fédérations devraient impulser… sauf que le "business as usual" prédomine. L’an dernier, sans neige ou presque, les skieurs français s’affichaient sur les réseaux sociaux lors des courses, sur les langues de glace.

Photo Pendant la première manche du slalom géant masculin de Coupe du monde d’Adelboden, en Suisse, le 7 janvier 2023. JEAN-CHRISTOPHE BOTT / EPA / MAXPPP

L'expertise des marques françaises est reconnue mondialement, notamment grâce aux athlètes qu'elles équipent.


Mais quelle doit être la communication des athlètes quand leur sport est menacé, lorsqu’ils skient sur une neige fabriquée, que les entrainements deviennent difficiles sur les glaciers à l’agonie ?


Que peut bien « raconter » une fédération aux skieurs lorsqu’il s’agit de communiquer sur une affaire de type la #clusaz ?


Que peut bien dire une Ecole de ski à ses moniteurs ou stagiaires lorsqu’ils savent que des clients poseront la question du manque de neige ?


C’est philosophiquement que les fabricants, les Fédérations, les Comités, les écoles de ski… doivent impulser le changement.


S’il est indéniable que les produits s’améliorent, que la recherche de matériaux « propres » est un enjeu, c’est moralement que ces entreprises doivent penser. Si les fabricants de skis (Rossignol, Dynastar, Salomon, Atomic…), de bâtons, de fixations ou de vêtements nés au plus près des pistes se sont progressivement déconnectés du territoire alpin jusqu’à devenir des filiales de grands groupes internationaux, la géopolitique du ski en évolution perpétuelle a changé. L’importance de l’image de marque et des « héritages »… est aujourdhui de « fabriquer de l’innovation » morale et sociale. Il est urgent que ces entreprises s’intéressent au terrain et qu’un #mind_the_planet s’installe en vrai, sur toute la chaine de valeur et d’acteurs.



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