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SOS Forêt France défend une autre vision de la gestion forestière et de la filière Bois qui optimise les apports sociaux, écologiques et économiques des forêts à court et long terme.

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13.09.2024 à 10:58
Marie-Anne Guillemain
Texte intégral (2070 mots)

SOS Forêt apporte tout son soutien à l’association Canopée, dont l’agrément est contesté devant le tribunal administratif de Paris par douze organisations de la filière forêt-bois. Il s’agit ni plus ni moins d’une nouvelle procédure destinée à bâillonner une association écologiste. Nous reproduisons ci-dessous le communiqué de Canopée.

« Douze organisations de la filière forêt-bois1 et l’interprofession France Bois Forêt ont saisi le tribunal administratif de Paris pour contester l’agrément de protection de l’environnement de Canopée. Depuis sa création en mars 2018, Canopée est devenu un acteur majeur du débat public sur les forêts, avec une expertise technique reconnue et une force de proposition auprès des décideurs publics et privés. Nous rassemblons aujourd’hui près de 300 000 sympathisants, dont 3 868 adhérents cotisants au 31 décembre 2023.

Ce sont ces éléments qui ont justifié la délivrance de notre agrément de protection de l’environnement par le ministère de la Transition écologique le 6 décembre 2023, après instruction par les services compétents.

Par son travail, Canopée dérange les intérêts de la filière et irrite le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, notamment avec notre enquête sur le programme de plantation d’un milliard d’arbres2, qui montre que ce plan s’est traduit par un gaspillage d’argent public3 et des coupes rases injustifiées.

Depuis plusieurs mois, la filière tente de nous discréditer en essayant de nous faire porter la responsabilité de la dégradation d’engins forestiers ou de menaces de mort4 et multiplie les plaintes à chacune de nos publications ou vidéos. Les deux seules plaintes qui ont, jusqu’à présent, été jugées ont été déboutées5.

À l’inverse, dans l’affaire du Bois du Chat6 qui a cristallisé les tensions avec la filière en 2023, le propriétaire de la parcelle et l’entreprise responsable des travaux ont été condamnés à 8500 € d’amende pour une traversée illégale de cours d’eau.

Cette nouvelle attaque contre notre agrément constitue un cran supplémentaire dans la stratégie de bâillonnement de notre association. Au-delà, il s’agit d’un refus d’accepter que la politique forestière doit faire l’objet d’un débat public.

L’agrément de protection de l’environnement permet à Canopée d’agir plus facilement en justice et de se constituer partie civile, ce que redoute la filière, comme l’explique Sylvain Angerand, fondateur de Canopée : “Pendant des années, la filière s’est contentée de vagues engagements à mieux prendre en compte la biodiversité ou le climat. Sa proximité avec le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire lui a permis de systématiquement affaiblir toute tentative de mieux encadrer la gestion forestière. Ce qui change désormais, c’est qu’en plus de révéler les conséquences de promesses creuses en forêt, nous sommes déterminés à agir en justice.”

Par exemple, grâce à cet agrément, Canopée a saisi le Conseil d’État pour exiger que les Schémas Régionaux de Gestion Sylvicole, le principal outil d’encadrement de la gestion en forêt privée, intègrent des critères robustes sur la biodiversité ou l’atténuation du changement climatique.

Une promesse qui avait été faite en 2021 par les acteurs de la filière dans le cadre de la feuille de route sur l’adaptation des forêts au changement climatique7 et qui n’a pas été respectée. »


Notes :

  1. France Bois Forêt, l’Union de la Coopération Forestière Française (UCFF), la Fédération Nationale du Bois, la Fédération Nationale des Syndicats de Forestiers Privés, la Fédération Nationale des Entrepreneurs du Territoire, la Fédération Nationale des Communes Forestières, le Syndicat de l’Emballage et de la logistique associée, Le Commerce du Bois, le Syndicat National des Pépiniéristes Forestiers, l’Union Française des Industries des Cartons, Papiers et Celluloses, l’Union des Industriels et Constructeurs Bois et Biosourcés, le Comité Interprofessionnel du Bois Energie, Alliance Forêts Bois. ↩
  2. Voir notre rapport : “Planté ! Le bilan caché du plan de relance” (mars 2022). ↩
  3. Ce que pointe également le rapport de la Cour des Comptes : “La gestion durable de la forêt métropolitaine, quelle adaptation au changement climatique ?” (mars 2023). En page 20 : “Certaines interventions du fonds d’aide au renouvèlement de France Relance ne répondent pas directement à des objectifs d’adaptation des forêts. En effet, d’une part, elles privilégient les peuplements à faible valeur économique non dépéris et, d’autre part, elles reposent sur des critères de diversification trop peu contraignants.” ↩
  4. Voir notre enquête sur les lobbies de la filière bois en vidéo ↩
  5. Il s’agit de deux procès intentés par des responsables locaux de la filière (M. Dumontet et M. Ribes), et soutenus par l’ensemble de la filière, pour demander la censure de vidéos critiquant des coupes rases. Dans les deux cas, les plaignants ont été déboutés. M. Ribes a néanmoins décidé de faire appel du jugement. Les arguments de Canopée dans cette affaire sont résumés dans cet article : Procès-baîllon : Dénoncer une coupe rase est-il un délit ? ↩
  6. Le « Bois du Chat » est une parcelle forestière, en Corrèze, située en zone Natura 2000 et qui devait être rasée pour être remplacée par une monoculture résineuse. La coupe a été empêché par les habitantes et les habitants, malgré les efforts de plusieurs responsables de la filière forêt-bois. Cet article retrace les différentes étapes de cette affaire : Chronique du sauvetage du Bois du Chat ↩
  7. La feuille de route pour l’adaptation des forêts au changement climatique, publiée par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation en décembre 2020, prévoyait : “Intégrer les critères de diversification, de préservation du capital sol ou d’autres critères de préservation de services écosystémiques (dont eau et biodiversité) dans les documents encadrant la gestion forestière dans les forêts publiques et privées, et dans les certifications de gestion durable mises en place par PEFC et FSC. Echéance : 2021”. (Action 3.1 (page 20) ↩

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12.08.2024 à 09:57
Marie-Anne Guillemain
Texte intégral (1163 mots)

Le taux de croissance du CO2 dans l’atmosphère a augmenté de 86 % en 2023 par rapport à 2022 et cette hausse vertigineuse est causée par l’effondrement des puits de carbone terrestres, dont les forêts, selon une étude universitaire internationale présentée lundi 29 juillet.

À la fin de l’année dernière, la publication des mesures d’émissions de CO2 d’origine fossile (combustion de charbon, de pétrole ou de gaz) pour 2023 pouvait déjà alarmer. En augmentation de 1,1 % par rapport à 2022, elles démontraient que les efforts de réduction étaient encore très loin de ce qu’il faudrait faire. La conséquence logique : une augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère et l’année 2023 classée comme la plus chaude jamais enregistrée par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), avec 1,48 °C de plus que les années 1850-1900, très près des 1,5°C de la limite fixée par les accords de Paris.

Le rapport présenté le 29 juillet est effrayant. Issu du travail d’universitaires de cinq pays (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne), dont Philippe Ciais, du laboratoire des sciences du climat et de l’environnement de Paris-Saclay, il démontre que le taux de croissance du CO2 dans l’atmosphère a bondi de 86 % entre 2022 et 2023, atteignant un niveau record depuis le début des observations en 1958.

Cette augmentation ne pouvant provenir à elle seule de l’augmentation des émissions industrielles, même record, elle implique selon les chercheurs « un affaiblissement sans précédent des puits terrestres et océaniques ». Parmi les premières causes, l’étude identifie « la perte anormale de carbone en Amazonie pendant la sécheresse de la seconde moitié de 2023 » et des « émissions extrêmes dues aux incendies au Canada », avec 184 961 km2 de superficie brûlée, soit plus de 2,5 fois le pic enregistré précédemment et six fois la moyenne décennale

« Si cet effondrement se reproduisait dans les prochaines années, prédit Philippe Clais interrogé par Le Monde, nous risquons d’observer une augmentation rapide du CO2 et du changement climatique au-delà de ce que prévoient les modèles ».

Depuis 2015, souligne l’étude, « l’absorption de CO2 par les terres au nord de 20°N a diminué de moitié ». Chaque pays, à sa mesure, doit absolument tout faire pour préserver les puits de carbone terrestres qu’il abrite. En France hexagonale, les surfaces arborées des forêts et les plantations couvrent le tiers du territoire. Les plantations, à la biodiversité réduite, très majoritairement constituées de résineux, sont bien plus fragiles face aux risque d’incendie que les forêts diversifiées au couvert continu, riches en biodiversité, dont la végétation étagée permet de conserver l’humidité et de réduire la température jusqu’à – 15°C. La logique écologique commande de réorienter radicalement les moyens de l’État et des collectivités vers ce dernier mode de gestion et de cesser l’aberrante gestion à court terme qui ne satisfait que les intérêts économiques.

Les conclusions de cette étude à l’échelle mondiale confirment hélas les observations au niveau métropolitain qui ont défrayé la chronique l’an dernier.

Année après année depuis 2018, le calcul s’est affiné et conduit aux courbes suivantes :

Ces courbes montrent clairement l’impact des pertes de couvert par les tempêtes, les incendies ou le dépérissement.

Néanmoins, à rebours des commentaires qui laissent penser que nous ne pouvons que subir ces phénomènes, SOS Forêt France tient à souligner que ces dernières années les pertes de couvert sont accentuées, surtout dans les grandes forêts privées artificialisées mais hélas de plus en plus dans les autres contextes (feuillus, forêts publiques), par les politiques publiques qui incitent à récolter par anticipation et planter de nouvelles essences (Plan de relance, France 2030, Fond pérenne).

Or toutes les données scientifiques montrent à l’évidence qu’il faut contrebalancer cette fuite en avant en développant une sylviculture à couvert continu, grâce à une présence accrue de forestiers écosystémiers sur le terrain et à la vigilance des citoyens. Plus que jamais SOS Forêt France invite toutes et tous à rejoindre cette lutte vitale. Une autre forêt est possible, riche de biodiversité et de bienfaits innombrables pour notre société.

L’article Les puits de carbone terrestres mondiaux se sont effondrés en 2023 : renversons la vapeur ! est apparu en premier sur SOS forêt France .

09.07.2024 à 13:03
admin7534
Lire plus (453 mots)

Alerte sur les forêts page 1

Le collectif Postindustrial Animism, membre de SOS Forêt France, a publié un fanzine de huit pages pour expliquer comment les choix industriels de la transition énergétique met en danger les forêts. Il le met gracieusement à disposition en téléchargement. Diffusez-le autour de vous !

L’article “Alerte sur les forêts” : un fanzine à télécharger est apparu en premier sur SOS forêt France .

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