flux Ecologie

la Maison commune de la décroissance

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29.09.2024 à 22:28
Rédaction
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Une conférence gesticulée de Matthieu du Collectif Travailler Moins.

Une remarque, une question ou une proposition ? écrire à : mfleur@pm.me

Sources et ressources pour aller plus loin :

→ Livres

  • Le Papalagui (1920) de Erich Scheurmann
  • Contre le travail (1923) de Giuseppe Rensi
  • Le manifeste des chômeurs heureux (2006)
  • Le droit à la Paresse (1880) de Paul Lafargue
  • Bâtir la civilisation du temps libéré (1974) de André Gorz
  • Dépôt de bilan de compétences (2020) de David Snug
  • Pour un revenu sans conditions (2012) de Baptiste Mylondo
  • Travailler plus pour gagner quoi ? (2008) de Robert Castel (Tribune)
  • Te plains pas c’est pas l’usine (2020) de Lily Zalzett et Stella Fihn
  • L’art d’être libre dans un monde absurde (2006) de Tom Hodgkinson
  • Va t’faire vivre (2021) de Mahault, Justine et Matthieu
  • Paresse pour tous (2021) de Hadrien Klent

→ Films et vidéos

  • Moi, Daniel Blake de Ken Loach (film)
  • Volem rien foutre al païs de Pierre C, Christophe C et Stéphane G. (doc)
  • Attention danger travail de Pierre C, Christophe C et Stéphane G. (doc)
  • Gagner sa vie de Margaux Missika & Yuval Orr, Arte (web série)
  • Le travail non rémunéré que le PIB ignore de Marilyn Waring (Ted)
  • Podcast Travailler Moins le podcast / Taf Punk

Le caméraman s’excuse pour la mise au point qui devient plus ou moins flou en cours de vidéo. Mes excuses à Matthieu et à nos chers spectateurs..

22.09.2024 à 10:06
Thierry caminel
Texte intégral (1425 mots)

Merci à Thierry Caminel pour la recension de ce livre de Jean Latreille qui remet avec pertinence sur la table de discussion la notion de PIB. Pas question évidemment d’y trouver un plaidoyer en faveur du PIB comme « boussole ». Pour autant, faut-il se précipiter à se passer d’une « mesure de la démesure » ? Pour l’écrire encore plus directement : il est formidable qu’il existe d’autres indicateurs de richesse qui peuvent servir, eux, de boussole mais pour réorienter l’économie peut-on se passer d’un « baromètre » qui mesure la fièvre ? L’intérêt politique de ces questions est multiple : a) une « indication » n’est pas forcément un « indicateur », il y a dans une « mesure » une certaine objectivité dont il faut tenir compte 1 ; b) d’autant que les travaux (de Timothée Parrique en particulier) démontent très clairement le mythe d’un découplage entre PIB et GES ; mais si le PIB n’indique rien, alors sur quoi porte la critique du découplage ; c) et puis osons une expérience de pensée : imaginons une économie parfaitement vertueuse d’un point de vue écologique mais dont le PIB serait encore couplé à un dépassement du plafond écologique, pourquoi faudrait-il encore décroître ?

Le débat autour du Produit Intérieur Brut (PIB) comme indicateur de la richesse et du progrès d’une nation suscite depuis longtemps des controverses, en particulier au sein des mouvements décroissants qui cherchent à remettre en question les fondements de notre modèle économique actuel. Dans ce contexte, l’ouvrage de Jean Latreille, « Le PIB, ou La mesure de notre démesure », apporte une perspective nuancée sur cette question épineuse.

Latreille développe une analyse qui se démarque à la fois des défenseurs inconditionnels de cet indicateur et de ses détracteurs les plus virulents. Dans un contexte où le PIB est de plus en plus remis en question, notamment par des d’économistes décroissants reconnus tels que Timothée Parrique, Éloi Laurent ou Dominique Méda qui, face aux défis écologiques et sociaux contemporains, plaident pour l’abandon du PIB au profit de nouveaux indicateurs de bien-être et de durabilité.

L’auteur reconnaît les limites évidentes du PIB. Cependant, il met en garde contre une condamnation hâtive de cet indicateur, arguant qu’il pourrait, paradoxalement, s’avérer un outil précieux dans la transition vers une économie plus soutenable.

Latreille, agrégé en économie, s’appuie en particulier sur une relecture des travaux fondateurs de l’économie politique. Il cite et recontextualise notamment les publications de Thomas Malthus et Adam Smith, mettant en perspective leurs réflexions sur la croissance et les limites des ressources avec les défis contemporains. Cette approche lui permet de rappeler que le PIB a été conçu initialement comme un outil de comptabilité nationale, mesurant l’ensemble des revenus distribués sur un territoire donné pendant une période spécifique. Ce n’est que par une interprétation économique ultérieure qu’il est devenu un indicateur de la richesse produite.

Pour Latreille, la sortie de ce qu’il nomme « l’enfer productiviste » nécessite de rompre avec quatre cercles vicieux interconnectés : la marchandisation, la concurrence, la productivité et les innovations. Il argue que ces dynamiques, au cœur du système économique actuel, sont les principaux moteurs de la croissance insoutenable du PIB et des dégradations environnementales qui en découlent.

La marchandisation, selon l’auteur, pousse à la monétisation croissante des relations sociales et des ressources naturelles. La concurrence incite les acteurs économiques à une course effrénée à la baisse des coûts, souvent au détriment de considérations sociales et environnementales. La recherche constante de gains de productivité conduit à une exploitation toujours plus intense des ressources humaines et naturelles. Enfin, l’innovation, telle qu’elle est actuellement conçue, repose souvent sur l’obsolescence programmée et la création de nouveaux besoins, alimentant ainsi un cycle de consommation non durable.

Latreille propose de rompre avec ces dynamiques en utilisant paradoxalement le PIB comme un outil de guidage vers une économie plus soutenable. Il souligne notamment que la forte corrélation entre l’évolution du PIB et celle des émissions de CO2 fait de cet indicateur un outil efficace pour mesurer notre impact environnemental. Il argue donc qu’une utilisation intelligente du PIB, visant sa réduction contrôlée, serait plus efficace pour guider les politiques économiques vers la durabilité que la création de nouveaux indicateurs potentiellement trompeurs.

Plutôt que de chercher à remplacer cet indicateur, il suggère d’en faire un baromètre de notre progression vers la décroissance nécessaire dans les pays développés. Cette approche implique d’accepter et même de viser une baisse contrôlée du PIB, en réduisant les revenus dans les secteurs jugés dispensables tout en maintenant ceux des activités essentielles.

Cette perspective va à l’encontre des propositions des économistes qui plaident pour l’adoption de nouveaux indicateurs composites intégrant des dimensions sociales et environnementales. Latreille considère que cette quête de nouveaux indicateurs pourrait être une manière détournée d’éviter de confronter la nécessité d’une véritable décroissance économique. Il va même jusqu’à reprendre le concept de « collapswashing », un néologisme emprunté à Vincent Mignerot, qui désigne une forme d’occultation inconsciente des effets indésirables d’un effondrement possible. Latreille suggère que la recherche effrénée de nouveaux indicateurs économiques pourrait relever de ce phénomène, détournant l’attention des véritables enjeux de la transition écologique.

En conclusion, « Le PIB, ou La mesure de notre démesure » de Jean Latreille offre une perspective originale et provocatrice sur le débat autour des indicateurs économiques. En proposant de réhabiliter le PIB non comme un objectif à maximiser mais comme un outil de pilotage vers la décroissance, l’auteur ouvre de nouvelles pistes de réflexion sur la mesure du progrès économique et social dans un contexte de limites planétaires. Cette approche, qui pourrait sembler contre-intuitive à première vue, invite à repenser en profondeur notre relation à la croissance économique et aux moyens de la mesurer dans un monde aux ressources finies. Latreille conclut en suggérant que plutôt que de chercher à tout prix de nouveaux indicateurs de croissance qui masqueraient les véritables enjeux, il serait plus judicieux d’accepter et d’organiser la baisse des revenus marchands dans une optique de préservation environnementale.

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Notes et références
  1. C’est cette « objectivité » qui permet de ne pas opposer « décroissance » et « récession » mais plutôt « décroissance » et « dépression ». Dans tous les cas, une récession est une réduction de la production et de la consommation : quand elle est subie, c’est une « dépression » ; quand elle est choisie, c’est la « décroissance ».
19.09.2024 à 21:48
Rédaction
Lire plus (391 mots)

Intervention de Baptiste Mylondo, lors des (f)estives 2024.

Quel modèle social quand on sort de la croissance, c’est-à-dire quand on sort d’un modèle dans lequel la croissance de la production promet de satisfaire a) le plein-emploi (plus de production, donc plus d’emploi) et b) de réduire la pauvreté (en augmentant la taille du gâteau) ?

Baptiste a distingué 2 écoles d’objection de croissance :

  1. Un modèle social sans croissance mais avec plein-emploi (Jean Gadrey, Dominique Méda) basé sur a) la sortie de la course à la productitivité, b) le pari de la transition écologique (plus d’emplois perdus que d’emplois gagnés, surtout grâce à l’agriculture) et de la transition sociale (activités de soin, de care), c) le partage de l’emploi.
  2. Un modèle dans lequel l’enjeu n’est pas l’emploi mais la sortie de la société laborieuse (B. Mylondo). Pourquoi ? Parce que, à cause de la « révolution laborieuse » (Jan de Vries), on est passé du travail comme moyen à l’emploi comme finalité (promotion de la valeur-travail).
    • Quelles résistances à la révolution laborieuse ? Le droit à la paresse (P. Lafargue), l’apologie des oisifs (R.L. Stevenson), l’éloge de l’oisiveté, (B. Russel), le refus catégorique du travail (B. Black).
    • Pourquoi refuser le travail (David Frayne) ? Usure mentale, pas d’épanouissement, perte de sens, conflit éthique).
    • Qu’est-ce qu’on y gagne ? Le plaisir de a) s’affranchir de la consommation (trop coûteuse), faire par soi-même, c) d’avoir du temps.
    • Qu’est-ce qu’on y perd ? Du revenu, coûts sociaux et symboliques, estime de soi).

C’est ainsi que dans une société post-croissance, le temps libéré (# temps libre) nous libère de la peur du vide et de la peur du vice, nourrit notre quête d’autonomie et nous émancipe de la tyrannie du temps (vitesse et accélération, H. Rosa).

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