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la Maison commune de la décroissance

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19.12.2024 à 18:32
Michel Lepesant
Lire plus (481 mots)

A l’étape de Paris, nous avons entendu un intervenant nous dire que ce qu’il entendait lui faisait sentir qu’il était « à la maison ». A Nantes, pour un autre intervenant : le sentiment d’être « chez soi ». On ne pouvait souhaiter meilleur encouragement adressé à la Maison commune de la décroissance (MCD) quand nous nous sommes lancés dans cette « caravane contre-croissance ».

C’est dans cet état d’esprit que lors des deux dernières étapes de cette première édition, nous avons débuté l’après-midi par une « introduction à la décroissance » : dans le but, qui est celui de la MCD, de proposer le cadre idéologique le plus robuste possible dans lequel la richesse et la profondeur de la « décroissance » pourraient venir habiter.

En voici deux manières d’en prendre connaissance.

1. Déroulé : comment passer de la décroissance comme mot-trouvaille à son éloge ?

D’où une présentation-introduction de la décroissance, dont voici le déroulé argumentatif :

  1. « Décroissance » : un terme qui a mis du temps pour devenir une conception politique.
  2. Au sens strict, la décroissance devrait juste être un trajet, une parenthèse.
  3. Au sens élargi, la décroissance est l’opposition politique à la croissance.
  4. Et comme la croissance est une boussole économique, un monde et un régime politique.
  5. Alors la décroissance n’est pas qu’une décrue, n’est pas qu’une décolonisation, mais c’est aussi une repolitisation.
  6. D’autant plus que ce régime politique de la croissance est un régime politique de dépolitisation qui provoque des malentendus au sein même de la mouvance décroissante.
  7. C’est pourquoi, pour s’opposer à l’illimitisme,  à l’individualisme et à l’inégalitarisme  de ce régime politique…
  8. la décroissance doit faire l’éloge des limites, de la vie sociale et de la dépense.

2. La vidéo de l’intervention à Nantes

Merci à François Nicolas pour sa saisie vidéo et, comme d’habitude, son excellente prise de son.

15.12.2024 à 19:55
Rédaction
Texte intégral (882 mots)

Avouons le, nous serions bien tenté.es de répondre à cette question (en objet du mail) en affirmant qu’en « post-croissance » (après le trajet de décroissance), le principe de précaution, concept phare de l’écologie politique, aurait été si bien appliqué par les écologistes au pouvoir, que nous n’aurions pas eu à faire face à un incendie d’une telle ampleur. Pirouette facile, qui permet tout de même de rappeler que ce principe, loin d’être applicable seulement en cas d’incertitude scientifique sur les effets d’une innovation, peut être un guide politique pour l’action en incluant constamment dans l’évaluation des risques la possibilité du « scénario du pire ». Préconisation ô combien méprisée par le libéralisme, au nom d’une foi aveugle dans le progrès ou par volonté de réduire les coûts – « quoi qu’il en coûte ». 

Mais après le désastre, quelles auraient pu être nos options ? La question nous intéresse d’autant plus que Notre-Dame de Paris est un héritage que nous n’avons pas su préserver, à l’instar de la nature et de la société, aujourd’hui menacées d’effondrements par notre quête perpétuelle de croissance. Quels guides, quelles matrices auraient pu influencer les choix politiques des décroissant.es en la matière ? Eh bien, puisque la décroissance est l’opposition politique à la croissance : l’opposé des choix faits par les croissancistes au pouvoir, guidés par les trois petites notes caractérisant la modernité : le plus, le vite et le nouveau (lire à ce propos Harmut Rosa). Car il faut voir dans le choix de reconstruire « à l’identique et en 5 ans », une colonisation de la restauration patrimoniale par des impératifs du monde de la croissance, en particulier celui de réintégrer au plus vite la cathédrale au marché du tourisme (il est à noter que la dimension spirituelle du lieu est quand même la grande absente des débats). 

Quelles sont les implications de « l’emprise du vite » dans un domaine qui jusqu’alors ne connaissait pas la « culture du délai » (des mots même de l’architecte en chef du chantier) ? Elles sont nombreuses, mais peuvent se résumer en deux axes : le choix de solutions techniques liées à l’industrie de pointe plutôt qu’aux pratiques artisanales et ancestrales de la taille de pierre, ainsi que la diminution drastique des délibérations entre confrères avant de faire ces choix, s’appuyant habituellement sur de nombreuses études contradictoires demandant un temps long. 

Quelles sont les implications d’avoir voulu recréer Notre-Dame à l’identique ? Il ne faut pas se tromper en y voyant un goût (contraint, on se souvient des envies présidentielles de modernisation de la flèche) pour l’ancien, mais bien la possibilité de façonner une « start-up cathédrale » : alors que chaque siècle aura laissé son empreinte sur l’édifice, le nôtre les aura effacées afin de gommer les différences entre ce qui est d’origine et ce qui a été reconstruit : décapage, sablage, non préservation des enduits anciens, des bioprotections, des patines originelle, des marques et des vieillissements : un jeunisme architectural pour mieux faire illusion, à l’instar du projet politique libéral-macroniste qui promet inlassablement et à chaque crise politique de repartir à zéro et de faire table rase du passé, en jurant que, « cette fois, c’est la bonne ! »

Une piste qui aurait pu changer ce paradigme d’intervention publique en nous apprenant à hériter du désastre est l’approche par les « communs négatifs » (Monin, Landivar, Bonnet). Ce terme désigne le fait que certains produits indésirables des sociétés et modes de vie modernes demandent une prise en charge collective : déchets nucléaires, infrastructures liées au numérique, friches industrielles, bâtiments insalubres, pesticides, etc…  On ne peut pas se contenter de considérer ces phénomènes comme négatifs, mais il faut trouver des nouvelles manières de les prendre en charge par des mobilisations et des institutions dédiées,  qui nous inviteraient à penser et à prendre nos responsabilités face à l’irréversible. Il s’agit de politiser des modes de relations différents à ces réalités lorsque celles-ci s’imposent à nous, sans chercher à s’en débarrasser ou à les dissimuler, comme ce fut le cas pour Notre-Dame de Paris. Vaste chantier, donc (et l’expression est bien choisie) aussi bien politique qu’architectural, qui demande de « faire face » à la destruction, sans pour autant foncer tête baissée vers la reconstruction, pour y préférer peut-être la restauration, ou même la patrimonialisation des dégâts

09.12.2024 à 12:28
Bruno Barbay
Lire plus (208 mots)

Le mot de la MCD : En 2021, nous écrivions à 8 mains un Abécédaire de la décroissance : 28 entrées de A à Z, de Alimentation à Zoo, en passant par Autonomie, Féminisme, Kapitalismus, Limites, Partage, Socialisme, Technologie, Youtube… chacune des entrées étant traitée sous un angle décroissant. En 2024, ce travail a été repris par des décroissants Albigeois, Bruno et Marie, qui en ont fait un moment de l’émission Commun lundi sur Radio Albigés (merci à eux, ainsi qu’à Wil de la radio, qui a permis d’ouvrir cet espace de décroissance sur des ondes locales). Voilà un bel exemple d’élaboration d’un langage commun, auquel la MCD, élaboratoire d’idées décroissantes, travaille depuis des années. Aujourd’hui, nous transformons ce travail en podcast, à raison d’un épisode « irrégularomadaire ».

#5 ÉMANCIPATION : « Qu’est-ce que le « progrès industriel » sinon une entreprise pour extraire l’homme de l’histoire et de la Terre ?

Écouter le podcast :

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