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Moutain Wilderness - ASSOCIATION NATIONALE DE PROTECTION DE LA MONTAGNE

Par wilderness, on entend cet environnement d’altitude, où tous ceux qui le désirent peuvent encore faire l’expérience d’une rencontre directe avec les grands espaces, et y éprouver en toute liberté la solitude, les silences, les rythmes, les dimensions, les lois naturelles et les dangers

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20.09.2023 à 17:06

Hommage à Josep Sicart

Juliette JOANNES
Texte intégral (800 mots)

PNG - 386.3 koJosep Sicart i Tauler, membre fondateur de MW Catalogne et garant international, nous a quittés. Toute sa vie fut consacrée à la pratique et à la protection de la montagne.

Lorsqu'il était à la tête de MW Catalogne, nettoyage et remise en état paysager des montagnes catalanes étaient son credo. De 1991 à 2002, ce sont pas moins de dix campagnes qui seront menées sous sa direction ; il participe également, en 1994, à l'organisation du Colloque international sur les hautes montagnes de Méditerranée. Il prendra ensuite, en 2002 et pour deux ans, la présidence de MW International.

L'expérience acquise le conduira à réaliser le diagnostic environnemental d'une vaste zone de montagnes catalanes.

Alpiniste éprouvé, le palmarès de ses ascensions est assez impressionnant : il a pratiquement gravi tous les sommets pyrénéens —dont 49 fois le Pic d'Estats, sommet culminant des Pyrénées catalanes—, il a effectué de nombreux raids à ski dans toute l'Europe… Dans les Alpes, il a gravi bon nombre des sommets classiques, du mont Blanc au Cervin … Il a parcouru les montagnes de Grèce, est parti en expédition en Iran, a gravi le Mc Kinley, le Huascaran, fait des trekkings en Himalaya…
Toute cette expérience s'est concrétisée en 1999 dans l'organisation d'une expédition de nettoyage de la voie normale de l'Annapurna (Himalaya), en droite ligne de la philosophie définie par l'expédition Free K2.

Prosélyte de la protection de la montagne, il a été publié par de nombreuses revues spécialisées, et il fait de fréquentes conférences sur l'excursionnisme, l'escalade, l'alpinisme et le ski. Il représentait très régulièrement MW Catalogne dans des actions menées conjointement avec d'autres sections de MW. Ainsi a t'il participé aux actions pour la protection du Mont Blanc, à la tête de cordées représentant MW Catalogne, ou encore à la lutte contre motoneiges et autres engins motorisés. Il a également joué un rôle important dans l'accompagnement de l'orientation du syndicat mixte Canigó Grand Site. Au moment de sa création en 2002, année retenue par l'ONU pour célébrer la montagne à travers le monde, Aldo Rizzi, directeur du Syndicat avait ainsi sollicité et obtenu l'adhésion du syndicat à Mountain Wilderness France. Depuis plusieurs chantiers ont été réalisés par les sections MW Catalunya et France dans le Grand Site notamment.

Pars en paix, Josep, tes amis de MW continuerons le combat commun pour "salvarem les muntanyes" !

08.09.2023 à 17:18

Installations obsolètes : Pluviomètres, téléski et ancienne décharge dans le Jura

Juliette JOANNES
Texte intégral (1885 mots)

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Crédits photos
(c) Breffni BOLZE

Le 23 août, puis le WE des 2&3 septembre, le Parc naturel régional du Haut-Jura et les bénévoles Installations obsolètes de Mountain Wilderness ont réalisé de grands chantiers de nettoyage dans le Jura : pluviomètres, téléski et ancienne décharge ont été démantelés et ôtés de la montagne pour re-donner place à la nature.

DEUX PLUVIOMÈTRES A L'ABANDON

Mi-août, la délégation locale du Haut-Jura de MW, accompagnée de l'ONF, s'est attelée au démantèlement d'un ancien pluviomètre à l'abandon depuis plus de 30 ans. Situé dans la forêt du Risoux, sur la commune des Rousses, cet aménagement devenu obsolète était un danger et un obstacle à la biodiversité et notamment pour le grand tétras, présent sur cette zone.

Deux semaines plus tard, c'est un autre pluviomètre, situé dans la forêt du Massacre sur la commune de Lajoux-les Molunes qui est démantelé, à la demande du gestionnaire forestier. Le site étant dans le Parc naturel régional du Haut-Jura, en zone Natura 2000 et bénéficiant d'un arrêté préfectoral de protection du biotope, tous les acteurs concernés, dont la société de chasse et le groupe Tétras Jura, ont été consultés afin d'organiser ce chantier dans les meilleures conditions. Une dizaine de bénévoles se sont donc attelés à ce chantier, évacuant les portions de ferraille à dos d'homme jusqu'à la route afin de préserver le site.

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Crédits photos
(c) Christophe CLEMENT ; Vincent MARTIN

UN TÉLÉSKI INUTILISÉ DEPUIS LES ANNÉES 70

Pendant ce temps, une autre dizaine de bénévoles étaient sur la commune des Bouchoux, également dans le Parc et en zone Natura 2000, afin de démanteler les restes du téléski de la Combe de Leary. Les 3 pylônes restants sont abattus et transportés vers la route, où ils seront récupérés par un ferrailleur. Nous avons eu le plaisir d'avoir la présence sur ce chantier d'une représentante de MW Suisse intéressée par la problématique qui est actuellement développée davantage dans les sections MW France et Catalogne.

DÉCHARGES AUX ABORDS D'UNE RIVIÈRE

Ces chantiers dans le Parc naturel régional du Haut-Jura soutenus financièrement par le commissariat du massif du Jura ont été combinés avec une action de plus grande ampleur en terme de bénévoles. A la demande du Parc, MW est venue prêter main forte par son expertise et 50 bénévoles afin de traiter une ancienne décharge aux abords de la rivière Longviry, sur la commune de Chassal-Molinges. Ce type d'Installations ne fait pas en temps normal l'objet de chantiers Installations obsolètes, mais est plutôt couverte par la campagne Sentinelles de la nature de France Nature Environnement.

Après un café d'accueil et le briefing des équipes accompagné des consignes de sécurité, les bénévoles, équipés de casques, gants et chasubles descendent par une sente raide au bord de la rivière. Le travail est dur, principalement dans une pente très abrupte, au milieu d'une forêt au sol instable, jonchée de déchets et de plastiques en décomposition qui se sont accumulés au fil des années. Les bénévoles, accablés par ce spectacle, se mettent aussitôt au travail. L'objectif est de rassembler les plus gros déchets afin de les remonter jusqu'à la route avec des treuils forestiers ou grâce à une chaîne humaine. Sur les deux jours de chantier, 150m3 de déchets sont ainsi remontés : pneus, lave-linges, carcasses de voitures, fûts, vélos, réfrigérateurs, jouets, télévisions...

L'objectif de cette opération n'était pas tant de dépolluer complètement le site, mais de lancer une dynamique et une prise de conscience des acteurs locaux (habitants, commune, département, région, Agence de l'Eau, associations locales…) sur la nécessité de préserver les ressources en eau. En effet, sur le bassin-versant de la Bienne, 260 décharges ont été recensées. En raison de la difficulté d'accès et du coût de la dépollution, la problématique avait, jusque-là été délaissée, mais ce type d'action a pour objectif de faire évoluer les choses !

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Crédits photos
(c) Breffni BOLZE ; PNR du Haut-Jura

RÉCAPITULATIF DU WEEK-END

-Pluviomètre Risoux, pluviomètre dans la foret du Massacre et téléski des Bouchoux : 2 tonnes
-Les abords de la rivière Longviry : 8,3 tonnes de ferraille et 7 tonnes de déchets divers

Soit en 2 journées plus de 17 tonnes !

-Découvrez une sélection de photos du chantier
-Découvrez une vidéo réalisée par Vincent MARTIN (photomavi.com)

ALLER PLUS LOIN

> Retombées presse : Le Progrès ; Ma Commune - Chassal-Molinges ; L'Hebdo du Haut Jura ; Le parc naturel régional du Haut-Jura
> Installations obsolètes : quels aménagements sont concernés ?
> Répertorier les Installations obsolètes


VOUS AUSSI, PRENEZ PART A L'AVENTURE ! La campagne Installations obsolètes est gérée grâce à un groupe bénévole qui prépare les actions à mener et se répartit les tâches de toutes natures. Rejoignez-nous ! Envoyer un mail à io@mountainwilderness.fr

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07.09.2023 à 17:03

Les nouvelles fréquentations en montagne

DELAITTRE Cécile
Texte intégral (1225 mots)

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Crédits photos
(c) Florian Racaché

Par Fiona Mille, Présidente et Frédi Meignan, Vice-Président de Mountain Wilderness

Les êtres humains, toujours plus nombreux et concentrés dans les zones urbaines, ressentent le besoin de s'évader en montagne. On observe une fréquentation grandissante des montagnes, toutes générations confondues, jeunes et moins jeunes, à tous moments de la journée et parfois même... la nuit.
Si les chaleurs récurrentes et fatigantes pour le corps et le mental sont l'une des explications à ce phénomène, nous sommes convaincus que ce ne sont pas les seules motivations à cela.

VERS UNE QUÊTE D'UN AUTRE RAPPORT AU MONDE

Ces nouvelles fréquentations ne seraient-elles pas le reflet du désir d'être différemment au cœur des éléments naturels ? Ces grands espaces nous dépassent tellement… Les êtres humains semblent de plus en plus nombreux à chercher à entrer en lien avec ce milieu sauvage qui, longtemps, a été perçu comme une simple curiosité, beau mais subalterne, ou juste... une ressource à exploiter.
Ces nouvelles fréquentations ne seraient-elle pas également un marqueur du désir profond à prendre du recul, de la hauteur, sur une société qui nous enferment dans un statut de simple consommateur... à vie ! Un recul qui nous offre l'espace-temps pour mieux imaginer, rêver et réaliser comment nos existences pourraient être à la fois plus sobres, plus fortes et plus belles ; Mais aussi, plus désirables et respectueuses de la vie terrestre... ?
Ces constats ne sont pas nouveaux. Que chacun se souvienne de ses propres motivations pour aller en montagne, il y a... 1 an, 10 ans ou 40 ans ? Mais ce qui change réellement aujourd'hui est sans doute lié à l'ampleur des crises écologiques, sociétales et à la nette accélération des prises de conscience.

QUELS REGARDS PORTER SUR CES NOUVELLES FRÉQUENTATIONS ?

Effectivement, nous observons de nouveaux venus en montagne. Ils n'ont pas toujours "les codes" (selon la maladroite expression consacrée) ni la connaissance du milieu. Au-delà de cet état de fait, interrogeons-nous sur la manière dont nous évoquons et jugeons ces nouvelles fréquentations.

La pratique du bivouac explose et pose des problèmes en montagne ?
C'est vrai. Mais qui, parmi les "montagnards", n'a pas été marqué à vie par son premier bivouac, surveillé par les bouquetins ? Et qui depuis... y retourne, inlassablement. Cet amour du milieu, offert par la première expérience du milieu, n'est-il pas la source secrète et intarissable qui est venue nourrir notre profond désir de connaître et protéger les espaces montagnards ?

De quels codes montagnards parle t-on ?
Dans un temps pas si lointain "nous" (les montagnards) jetions nos déchets dans les crevasses des glaciers, dans le courant des torrents et abandonnions nos bouteilles au sommets des plus hautes montagnes du monde. Mais surtout, depuis combien de temps réduisons-nous la montagne à un simple "terrain de jeux" ? Depuis combien de temps vendons-nous "du rêve" ancré sur des montagnes aseptisées, artificialisées, justes bonnes à être.... aménagées et consommées ?
Sachons reconsidérer cela avant de stigmatiser les nouvelles fréquentations en devenir.

UN TREMPLIN POUR FAIRE ÉVOLUER NOS PRATIQUES

Nous sommes très nombreux à vouloir changer d'approche, repenser notre place sur terre et nos comportements en montagne. Et si cet attrait grandissant pour ces territoires extra-ordinaires portait le présage d'une autre direction pour nos manières de vivre ? Un rapprochement du vivant non-humain, riches de sens et d'enseignement... Une façon d'expérimenter là-haut ce qui est rendu si difficile voir impossible en bas.

Si cette fréquentation croissante n'est pas sans problématique, elle est également une belle opportunité de nous questionner collectivement. Comment réduire notre impact et laisser le moins de trace possible ? Comment apprécier différemment ce qui nous entoure en y étant attentionné ? ...
Ces nouvelles fréquentation nous encouragent également à repenser nos manières d'accueillir en montagne, de faire découvrir, de raconter, de transmettre... ces territoires uniques. Un tremplin pour mettre en œuvre un partage de la montagne dans toute sa richesse, telle qu'on l'aime tous tant. Comment ces attentes des nouveaux publics montagnards pourraient aider à mieux nous questionner ensemble et changer d'échelle collectivement ?

De ces regards croisés, de ces sensibilités nouvelles, pourraient naître de nouvelles perspectives pour nos montagnes. Sachons les saisir !

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