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Terrassé par une crise cardiaque, Rémi Parmentier nous a quittés sans préavis le 26 juin dernier. Depuis plus de cinquante ans, il se battait avec énergie et opiniatreté pour la défense de l’océan et de la planète et avait dernièrement été l’un des chefs d’orchestre discrets de l’UNOC 3, le Sommet de Nice sur les océans.
par Laurent Samuel
Agé d’à peine 16 ans, cheveux longs mais pas idées courtes, Rémi débarque (ou embarque) à vélo en avril-mai 1974 sur le bateau-mouche amarré pont de l’Alma pour la campagne de René Dumont, premier candidat écologiste à l’élection présidentielle. C’est là que l’auteur de ces lignes le croise pour la première fois. A l’automne, cet étudiant en histoire et en anglais frappe à la porte des Amis de la Terre (AT) – principaux organisateurs de la campagne Dumont avec l’AJEPNE (aujourd’hui JNE) – installés chez Brice Lalonde, rue de l’Université, et intègre la petite équipe de l’association. En 1976, Nicolas Desplats, l’un des animateurs des AT, annonce qu’il n’a plus le temps de garder la charge du Projet Jonas, qu’il avait lancé au sein de l’association avec un autre pionnier, Georges Dewez, pour lutter contre la chasse baleinière. Rémi reprend le flambeau. Nicolas lui suggère de contacter un mouvement, Greenpeace, qui s’est créé au Canada dans la foulée d’une campagne menée en 1970 contre les essais nucléaires américains dans la Pacifique. Rémi se lie d’amitié avec David McTaggart, « réfugié » dans une chambre de bonne au-dessus de l’appartement de Brice Lalonde après que son voilier, le Vega, ait été arraisonné en 1973 par la Marine française lors d’une campagne contre les essais nucléaires français en Polynésie, lui occasionnant la perte partielle de l’usage d’un oeil.
Quoique passionné de politique (bien qu’installé à Madrid depuis les années 1980, il m’étonnait toujours par sa fine connaissance de la vie politique française, sans parler de l’espagnole…), Rémi Parmentier prend conscience des limites de l’engagement électoral privilégié à l’époque par les Amis de la Terre (municipales de 1977, législatives de 1978, présidentielle de 1981 avec Brice Lalonde). Fin 1976, les AT parisiens quittent la rue de l’Université pour rejoindre un « squat » avenue de Choisy, où sont installés le magazine la Gueule Ouverte (dans lequel l’auteur de ces lignes travaillait alors comme secrétaire de rédaction) et une école « parallèle », l’ACCEN (Association pour la création d’un centre d’éducation nouvelle). Le 4 janvier 1977, le Monde consacre un portrait à Rémi Parmentier sous la plume du journaliste Jean-Jacques Barloy, membre des JNE. Au printemps suivant, Rémi et Georges Dewez déposent les statuts de l’association Greenpeace la Paix Verte (la préfecture a refusé un nom 100 % anglais).
Grâce à une aide du WWF, le mouvement naissant rachète et rénove un vieux rafiot, rebaptisé le Rainbow Warrior, qui va mener le combat contre les chasseurs de baleines et contre les déchets nucléaires. Rémi reçoit le renfort décisif d’une élève de l’école parallèle de l’avenue de Choisy : Katia Kanas (aujourd’hui membre des JNE). Dès 1979, il participe aux réunions de la Commission baleinière internationale (CBI) dans le but d’obtenir l’interdiction de la chasse, affirmant ainsi que les actions de terrain – toujours non violentes contrairement à celles mises en oeuvre par Paul Watson, qui a quitté Greenpeace Canada en 1977 – doivent venir en complément de la pression « diplomatique ». En 1980, Greenpeace succède aux Amis de la Terre de Paris dans un local situé rue de la Bûcherie, non loin de Notre-Dame, qui a accueilli auparavant une école « alternative », l’Espace Tribuche.
Après un début des années 1980 marqués par une forte activité, avec l’adoption en 1982 par la CBI d’un moratoire sur la chasse commerciale à la baleine, Rémi et Greenpeace France se fracassent en 1985 lors de l’attentat perpétré par les services secrets français contre le Rainbow Warrior en Nouvelle-Zélande, qui entraîne la mort du photographe Fernando Pereira. Sans doute infiltrée, l’équipe, déjà auparavant en butte à de graves tensions internes, achève de se déchirer. Rémi, en proie à une grave crise personnelle, est déjà parti pour Madrid où il va refaire sa vie tout en oeuvrant au développement de Greenpeace International avec son complice David MacTaggart (mort en 2001), qui en sera un temps le président. Au cours des années 80-90, Greenpeace diversifie ses thèmes de campagne, avec les thèmes émergents du changement climatique et des OGM.
En 2003, Rémi quitte Greenpeace pour fonder avec d’autres anciens du mouvement comme Kelly Rigg le Varda Group. Un exemple rare d’une agence de communication dédiée à la promotion des causes environnementales, d’un « lobby » au service non pas des pollueurs, mais des associations, des organisations intergouvernementales et des gouvernements pour infléchir leurs actions dans un sens plus écologique. Rémi Parmentier devient un pilier des négociations internationales sur les océans, sillonnant la planète (bonjour le bilan CO2 !) d’un bout de l’année à l’autre pour ne rater aucune réunion importante. Sa parfaite connaissance des dossiers et sa fine perception des rapports de force interétatiques lui permettent d’imposer de nombreuses avancées, comme en 2015 la prise en compte de l’océan dans le préambule de l’Accord de Paris sur le climat. Et qu’importe si ses textes diffusés sur tous les réseaux sociaux possibles et imaginables sont parfois difficiles à suivre pour les profanes non rompus aux arcanes des négociations internationales sur l’environnement.
Cette année, la France et le Costa-Rica, co-organisateurs de l’UNOC 3 de Nice, avaient demandé à Rémi Parmentier d’organiser la partie non-étatique du Sommet. Une mission pour laquelle il s’était dépensé sans compter pendant de nombreux mois, en liaison avec Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur pour les pôles et les océans, imaginant le slogan et l’initiative Let’s Be Nice to the Ocean (soyons sympa avec l’océan). Si le traité sur la haute mer entre en vigueur début 2026, ce sera (entre autres) grâce à ses efforts.
Se tenant dès ses jeunes années à l’écart des polémiques franco-françaises, Rémi Parmentier aura été l’un des premiers à prendre dès les années 1970 la mesure de la dimension internationale des problèmes environnementaux et à comprendre que l’action sur le terrain (ou plutôt sur les eaux !) devait se conjuguer avec la pression au sein des conférences interétatiques.
Il nous laisse le souvenir d’un ami fidèle, bienveillant, tintinophile, toujours au courant de tout et au sens de l’humour acéré.
Toutes mes condoléances à son épouse Yona et à ses deux enfants.
Le Varda Group a créé une page d’hommage à Rémi Parmentier à laquelle chacun(e) peut contribuer. On y trouve aussi une belle galerie de photos.
A lire : Greenpeace France, une histoire d’engagements, David Leloy, éditions Les Liens qui libèrent, 2019.
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Rémi Parmentier n’aura survécu que quelques jours à l’UNOC 3, événement dont il a été l’un des architectes. À la tête du Varda Group, cabinet madrilène de conseil en politique environnementale, cet ex-Parisien de 68 ans avait soutenu l’équipe Macron dans la conception de la partie non étatique du sommet onusien de Nice.
par Valéry Laramée de Tannenberg (*)
Créateur de l’initiative Let’s Be Nice to the Ocean (soyons sympa avec l’océan), l’activiste entendait faire adopter « des idées, principes et cadres innovants et concrets, susceptibles d’assurer la sauvegarde de l’océan pendant l’Anthropocène ». Et notamment : les principes de protection des mers, du zéro rejet, la création dans les pays maritimes de ministère de l’Océan. Sans oublier une réforme de la gouvernance mondiale des « biodiversités migratoires et transfrontalières ».
La mer était la grande passion de cet infatigable activiste. Voisin du boulanger Poilâne – dont il aimait parcourir le laboratoire – l’étudiant en histoire et en anglais se passionne pour l’environnement. En 1974, René Dumont est le premier à porter, en France, les couleurs de l’écologie aux élections présidentielles. L’homme au pull-over rouge suscite maintes vocations. Rémi devient le coordinateur du Projet Jonas. Installé dans les locaux des Amis de la terre, il fomente sa première campagne de sensibilisation à l’avenir des baleines, alors férocement chassées.
Avec des collègues nord-américains, européens, néo-zélandais, il participe à l’installation de Greenpeace en Europe. Il est à l’origine de la création des bureaux néerlandais, français et espagnol et sud-américains de l’organisation de la Paix verte. Dans cette seconde moitié des années 1970, la protection des grands cétacés et la lutte contre les pollutions nucléaire et industrielle sont les principaux combats menés par les écologistes des mers.
Rémi Parmentier est de tous les équipages du Rainbow Warrior. Cet ancien chalutier a été reconverti en vaisseau amiral de l’organisation [1]. Dans l’Atlantique, il s’oppose aux flottes baleinières, mais aussi aux navires qui rejettent les déchets radioactifs européens ou brûlent au large des déchets toxiques. Largement médiatisées, ces confrontations produisent leurs effets dans l’opinion.
A terre, les membres de la toute petite équipe de lobbyistes constituée par Rémi Parmentier arpentent les couloirs de l’Organisation maritime internationale, de la Convention de Londres, de la Commission baleinière internationale (CBI). Ce n’est pas en vain. En 1983, les pays européens établissent un moratoire sur l’immersion des fûts radioactifs. Trois ans plus tard, la CBI ordonne l’arrêt de la chasse commerciale des baleines.
Ces succès le convainquent de doter l’organisation d’une direction politique et stratégique. Il en tiendra les rênes de nombreuses années durant. Installé à Madrid depuis le début des années 1980, il coordonne les négociations sur le renforcement de la préservation du continent antarctique. Ces années de travail dans l’ombre seront couronnées par la signature, dans la capitale d’Espagne, en octobre 1991, du Protocole au Traité sur l’Antarctique relatif à la protection de l’environnement.
Après deux décennies au service de Greenpeace international, Rémi Parmentier opte pour une nouvelle stratégie : investir le droit international de l’environnement marin. Avec Kelly Rigg et Steve Sawyer, deux anciens de Greenpeace, il crée le Varda Group. Basé à Madrid, ce cabinet de consultants conseille ONG, organisations intergouvernementales et gouvernements sur les meilleurs moyens de protéger l’homme et son environnement. Marin, si possible.
Le Varda est ainsi à l’origine de l’introduction de l’océan au préambule de l’Accord de Paris ou de la création d’une journée sur l’environnement marin dans le cadre de la COP climat de Madrid, évidemment.
Toujours tiré à quatre épingles, même avec ses chemises poulpesques, Rémi était un homme d’une rare élégance intellectuelle. Doté d’une abyssale culture politique et géostratégique, il a su faire d’une palanquée de hippies fumeurs de pétards une armée de protecteurs de l’environnement. Son omniprésence à des centaines de réunions internationales a fait avancer la préservation de Mare Nostrum. Son héritage est inestimable.
Son combat se poursuivra longtemps. Mais le Risotto Center a perdu son meilleur client.
[1] Le Rainbow Warrior a été coulé par les services secrets français le 10 juillet 1985 dans le port d’Auckland. Cet attentat a coûté la vie au photographe Fernando Pereira.
(*) Président de l’AJE (Association des journalistes de l’environnement)
Les JNE s’associent à cet hommage et adressent leurs condoléances à son épouse, ses enfants et à tous ses proches.
Le Varda Group a créé une page (cliquez ici) sur laquelle chacun(e) peut témoigner et s’exprimer au sujet de Rémi Parmentier.
Photo : Rémi Parmentier © DR
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Composé de deux membres des JNE et de trois représentantes des écoles membres de la Conférence des écoles de journalisme, le jury du Prix étudiant du journalisme environnemental, mis en place grâce au soutien de la Fondation Madeleine hébergée par la Fondation Dauphine, a décidé de récompenser Grégoire Landoyer, étudiant au CFJ, auteur de la vidéo Le problème de l’avion n’est pas celui que vous croyez. Il y a pire pour la qualité de son enquête journalistique qui mêle les dimensions écologique, économique et sociale et pour la forme de sa vidéo qui s’adresse à un public large. Un prix d’une valeur de 1000 euros lui sera décerné.
Vous pouvez visionner la vidéo ci-dessous.
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