Nous savons aujourd’hui que 3M savait depuis les années 70 au moins que les molécules perfluorées qu’elle fabrique sont « éternelles » et toxiques. Les responsables de l’entreprise savent et pendant des années, ils ont prétendu le contraire, à peine édulcoré leur publicité. Ils ont multiplié les usages et les volumes produitsi. Nous sommes ici face à un comportement toxique similaire à ce qui a déjà été largement démontré pour le tabac et l’amiante : l’industrie est au courant des effets néfastes de son produit mais pour ne pas tuer la poule aux œufs d’or, cette information est dissimulée, atténuée, combattue dans la presse par la manipulation de la science, de l’information.
Là où la situation est différente, c’est que le tabac est surtout toxique pour ceux qui le consomment et que ses effets s’arrêtent en grande partie lorsque l’on arrête de fumer ou si l’on arrêtait globalement d’en produire. Pour l’amiante, le produit est difficile à enlever de là où on l’a placé, le nettoyage est dangereux mais les volumes sont de l’ordre du gérable et surtout l’amiante est inerte et essentiellement concentrée de par les applications qui en ont été faites.
Dans le cas de 3M et des produits perfluorés qu’elle disperse à large échelle depuis 75 ans, la situation est différente, les produits sont utilisés dans des usages dispersifs et gardent leurs propriétés toxiques pour une durée indéterminée mais très longue, au point qu’on les nomme éternelles. Les produits se retrouvent dans nos objets du quotidien mais aussi dans nos alimentsii. Et comme ils sont lipophiles, ils s’accumulent dans les graisses des omnivores et des carnivores que nous sommes.
Les estimations les plus récentes estiment qu’il ne sera pas possible de dépolluer les terres contaminées en Flandreiii, et probablement partout dans le monde. Le cout économique et le volume de terre et d’eau à traiter sont tout simplement trop importantsiv. On peut bien sûr traiter les endroits les plus pollués, ou y interdire la vie, à l’image de ce qui fût fait autour de Tchernobyl, mais on ne peut pas imaginer se débarrasser des molécules.
Or, chacune de ces molécules peut potentiellement mettre en péril la santé d’un être vivant, et plusieurs fois au cours de sa vie éternelle. Les quantités nécessaires pour avoir un effet sur la santé sont infinitésimales. Poursuivre leur production nous emmène chaque jour un peu plus vers une terre stérile. Dans ce contexte, nous allons devoir apprendre à vivre avec les molécules déjà dispersées, adopter des pratiques qui réduisent notre exposition individuelle et leur impact sur notre santé.
Au niveau individuel, nous devons tenter de réduire notre exposition en réduisant les sources d’exposition directes les plus fortesv et en particulier pour les femmes et hommes qui souhaitent peut-être avoir des enfants un jour, en ce y compris les enfants. A défaut de pouvoir nettoyer, l’action collective la plus urgente est de bannir leur usage au niveau législatif, en particulier dans les applications domestiques, à commencer par les pesticides, les usages culinaires et cosmétiques et les textiles. L’homme a vécu des milliers d’année sans PFAS, nous pouvons rapidement passer à une économie sans PFAS sans craindre l’extinction de l’espèce humaine. Mais pour cela, il faut un peu de courage politique pour mettre l’humain avant le profitvi.
i https://www.theguardian.com/environment/2025/jan/15/3m-firefighting-foams-pfas-forever-chemicals-documents
ii https://www.lesoir.be/662896/article/2025-03-20/pfas-dans-les-produits-du-quotidien-une-contamination-inquietante-revelee-par
iii https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2025/01/15/excaver-les-sols-changer-l-eau-des-lacs-ne-pas-jouer-dehors-la-pollution-aux-pfas-plonge-la-flandre-dans-un-desastre-dystopique_6498670_4355770.html
iv https://www.euractiv.com/section/chemicals/news/belgium-has-highest-levels-of-pfas-chemical-pollution-in-europe-study-reveals/
v https://docteurcoquelicot.com/wp-content/uploads/2023/11/Fiche-PFAS-6.png
vi https://www.euractiv.com/section/agriculture-food/news/beyond-pesticides-the-silent-spread-of-pfas-in-agriculture/
Météo-France a rassemblé dans un rapport une synthèse scientifique […] décrivant le futur climatique de l’Hexagone et de la Corse.
Ci-dessous, la reprise d’un post Linkedin de Jean-Marc Jancovici présentant ce travail.
Le climat se réchauffe. Il va continuer à le faire. Alors le gouvernement français a demandé aux acteurs du pays de réfléchir à la manière de « s’adapter » à une hausse de la température moyenne en France de 4°C par rapport à l’ère préindustrielle, ce qui correspond à une hausse planétaire de +3 °C environ.
La température monte en effet plus vite sur les continents que sur les océans, et par ailleurs l’Europe se réchauffe actuellement deux fois plus vite que la moyenne planétaire.
Que peuvent signifier ces 4°C de hausse nationale si l’on essaye de devenir un peu concret ? Combien de canicules et avec quelles valeurs atteintes, de jours de sécheresse, de précipitations intenses, de risques d’incendie, etc ?
C’est à ces questions que Météo France tente de répondre dans un rapport tout juste paru (*).
Question : que signifie de « s’adapter » à ce contexte ? Peut-on « adapter » des forêts et des cultures (et manger reste la base de tout le reste du PIB, y compris la défense !) à des canicules estivales permanentes et un climat plus aride ?
Peut-on « adapter » notre civilisation actuelle à beaucoup moins d’eau ? A des bâtiments endommagés ?
Il est évident que cela va passer par des pertes non compensées et de très nombreuses surprises très désagréables. Mais il est tout aussi évident que plus on y pense à l’avance, et mieux on se sortira des difficultés.
deepltraduction Josette – article original d’Olivier Milman paru dans The Guardian
L’administration de Donald Trump va reconsidérer le constat officiel selon lequel les gaz à effet de serre sont nocifs pour la santé publique, une décision qui menace de détruire les fondements des lois américaines sur le climat, au milieu d’un barrage étonnant d’actions visant à affaiblir ou à abroger une foule de limites en matière de pollution sur les centrales électriques, les voitures et les voies navigables.
L’Agence de protection de l’environnement (EPA) de M. Trump a publié mercredi une extraordinaire série d’annulations de règles en matière de pollution, avec en tête l’annonce d’une possible suppression d’une décision historique prise en 2009 par le gouvernement américain, selon laquelle les gaz qui réchauffent la planète, tels que le dioxyde de carbone, constituent une menace pour la santé humaine.
Le constat de dangerosité, qui fait suite à un arrêt de la Cour suprême autorisant l’EPA à réglementer les gaz à effet de serre, constitue le fondement de toutes les règles visant à réduire la pollution qui, selon les scientifiques, aggrave sans équivoque la crise climatique.
Malgré les preuves de plus en plus nombreuses des dégats causés par l’augmentation des émissions, y compris des billions de dollars de coûts économiques, M. Trump a qualifié la crise climatique de « canular » et a rejeté ceux qui s’inquiètent de l’aggravation de ses effets en les qualifiant de « fous du climat ».
Lee Zeldin, l’administrateur de l’EPA, a déclaré que l’agence réexaminerait le constat de mise en danger en raison des préoccupations qu’il a suscitées, à savoir « un programme qui étrangle nos industries, notre mobilité et nos choix de consommation tout en profitant à des adversaires à l’étranger ».
M. Zeldin a écrit que ce mercredi était « le jour de déréglementation le plus important de l’histoire américaine » et que « nous enfonçons un couteau dans le cœur de la religion du changement climatique et inaugurons l’âge d’or de l’Amérique ».
M. Zeldin s’est vanté des changements apportés et a déclaré que la mission de son agence était de « réduire le coût d’achat d’une voiture, de chauffage d’une maison et de gestion d’une entreprise ».
Les écologistes ont réagi avec horreur à cette annonce et ont promis de défendre les conclusions accablantes de la science et la capacité des États-Unis à faire face à la crise climatique devant les tribunaux, qui ont régulièrement invalidé les marches arrière de M. Trump au cours de son premier mandat. « L’ignorance de l’administration Trump n’est surpassée que par sa malveillance envers la planète », a déclaré Jason Rylander, directeur juridique du Climate Law Institute du Center for Biological Diversity (Centre pour la diversité biologique).
« Qu’il s’agisse d’enfer ou de hautes eaux, d’incendies violents ou de vagues de chaleur mortelles, Trump et ses acolytes sont déterminés à faire passer les profits des pollueurs avant la vie des gens. Cette décision ne tiendra pas devant les tribunaux. Nous allons la combattre à chaque étape du processus ».
Au total, l’EPA a publié 31 annonces en l’espace de quelques heures qui visent presque toutes les grandes règles environnementales conçues pour protéger l’air et l’eau propres des Américains, ainsi qu’un climat vivable.
Parmi ces annonces, on peut citer l’annulation d’un plan de l’ère Biden visant à réduire la pollution émise par les centrales électriques au charbon, qui était lui-même une version réduite d’une initiative de l’administration Obama qui a été invalidée par la Cour suprême.
L’EPA va également réexaminer les normes de pollution pour les voitures et les camions, qui, selon M. Zeldin, ont imposé un « régime réglementaire écrasant » aux constructeurs automobiles qui se tournent désormais vers les véhicules électriques. L’agence envisage d’affaiblir les règles limitant la pollution atmosphérique due à la suie, qui est liée à toute une série de problèmes de santé ; elle pourrait supprimer les exigences imposant aux centrales électriques de ne pas souiller les cours d’eau ou de ne pas déverser leurs déchets toxiques ; et elle envisage de restreindre davantage la manière dont elle applique la loi sur les eaux propres (Clean Water Act) en général.
Si elles sont confirmées par les tribunaux, ces actions d’envergure contre les règles en matière de pollution pourraient remodeler l’environnement des Américains d’une manière inédite depuis l’adoption d’une législation majeure dans les années 1970 pour mettre fin à une ère de ciel chargé de smog et de rivières brûlantes qui était devenue la norme après l’industrialisation des États-Unis.
Les polluants provenant des centrales électriques, des autoroutes et de l’industrie sont à l’origine de toute une série de problèmes cardiaques, pulmonaires et autres, les gaz à effet de serre faisant partie de cette pollution qui fait grimper la température mondiale et alimente des vagues de chaleur, des inondations, des tempêtes et d’autres effets catastrophiques.
« L’EPA de Zeldin ramène l’Amérique à l’époque précédant la loi sur la qualité de l’air, lorsque les gens mouraient de la pollution », a déclaré Dominique Browning, directrice de l’association Moms Clean Air Force. « C’est inacceptable. Et honteux. Nous nous opposerons de tout notre cœur pour protéger nos enfants de cette action cruelle et monstrueuse. »
Ces mesures interviennent peu après la décision de l’EPA de fermer tous ses bureaux chargés de lutter contre le fardeau disproportionné de la pollution auquel sont confrontés les pauvres et les minorités aux États-Unis, dans le cadre d’un licenciement massif du personnel de l’agence. M. Zeldin a également ordonné l’arrêt de l’octroi de 20 milliards de dollars de subventions destinées à lutter contre la crise climatique, en invoquant le risque de fraude. Les démocrates se sont interrogés sur la légalité de ces mesures.
D’anciens membres du personnel de l’EPA ont réagi avec stupeur au bouleversement de l’agence.
« Aujourd’hui marque le jour le plus désastreux de l’histoire de l’EPA », a déclaré Gina McCarthy, qui était administratrice de l’EPA sous Obama. « L’annulation de ces règles n’est pas seulement une honte, c’est une menace pour nous tous. L’agence a totalement renoncé à sa mission de protection de la santé et du bien-être des Américains. »
L’administration Trump a promis d’autres reculs en matière d’environnement dans les semaines à venir. Le Conseil pour la domination de l’énergie (Energy Dominance Council) que le président a mis en place le mois dernier cherche à éliminer une vaste gamme de réglementations dans le but de stimuler l’industrie des combustibles fossiles, a déclaré le secrétaire à l’intérieur, Doug Burgum, lors de la conférence sur le pétrole et le gaz CeraWeek qui s’est tenue à Houston mercredi. « Nous trouverons des moyens de réduire la bureaucratie », a-t-il déclaré. « Nous pouvons facilement nous débarrasser de 20 à 30 % de nos réglementations. »
Oliver Milman sur obsant : liste
Une conscience élevée rend difficile l’espoir, la motivation, l’engagement dans des projets, la prise d’initiative.
On perçoit, grâce à la conscience, la perfection ou du moins le bien, on sait qu’il est possible selon les lois du Réel.
Mais la raison lucide indique clairement que le cours pratique des événements est toujours très en deçà de ce bien possible (euphémisme). Pire, les événements ne semblent pas aléatoires et moyens mais plutôt tournés vers le pire. L’Histoire, c’est surtout l’histoire du mal et de la barbarie.
Donc la raison lucide perçoit encore plus cruellement l’écart entre l’idéal et la fange des événements.
L’actualité du monde, particulièrement morose et désespérante aujourd’hui, sidère les gens de bien, semble leur indiquer que, quelques soient leurs microscopiques efforts individuels et collectifs, des forces bien plus puissantes -la guerre, la bombe nucléaire, le réchauffement climatique, l’extrême-droite, les GAFAM, …- se chargeront de les anéantir et de laisser l’Humanité en ruine. A quoi bon planter un arbre fruitier si une bombe atomique le réduit en cendre ou si le réchauffement climatique le fait mourir de soif ?
Comment garder alors la motivation d’agir dans le monde ?
Gandhi sacrifie sa vie à l’indépendance de l’Inde et à la sagesse de ses habitants, pour finir assassiné dans une guerre civile entre musulmans et hindouistes qui provoque la partition Inde-Pakistan, aujourd’hui sanctionnée par deux arsenaux nucléaires qui se menacent de destruction mutuelle assurée.
Aujourd’hui, un Premier indien, Modi, d’extrême droite populiste, préside aux destinées du pays de la méditation, alors que Gandhi était de gauche.
Le bilan historique de l’engagement des individus et des collectifs est amer.
J’en conclus que la sagesse supérieure implique un grain de folie pour rendre possible l’engagement dans le monde.
En dépit de la raison pessimiste (avec raison !), une volonté optimiste doit animer l’âme du sage.
Mais plus largement, ce grain de sagesse-folie existentiel doit animer les âmes des femmes et hommes politiques, des militants, des activistes, des fonctionnaires, des entrepreneurs, de tous ceux qui prennent des initiatives et se lancent dans des projets, malgré les démentis historiques du Réel.
La condition humaine impose aux êtres humains de ne pas succomber à leur raison pessimiste, pour prendre le risque de faire le bien, malgré tout.
Bon Pote
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