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LA VOIE DE L'ÉPÉE

Michel GOYA

Michel Goya est un militaire et un historien français spécialisé dans l'analyse des conflits.

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06.05.2024 à 18:31

Fallout - Guerre atomique en Ukraine ?

Michel Goya

Texte intégral (2521 mots)

Paru dans Défense et sécurité internationale No. 168, Novembre-Décembre 2023

L’arme nucléaire peut-elle être utilisée par la Russie afin d’essayer de gagner la guerre en Ukraine ou au moins d’éviter de la perdre ? Si on s’en tient à la doctrine d’emploi assurément pas, l’usage de l’arme nucléaire y étant – comme cela est souvent répété officiellement - réservé à la préservation de l’existence même de la nation ou de l’État face à une attaque majeure qui ne pourrait être contrée autrement. L’histoire tend cependant à montrer que lorsqu’il s’agit de prendre la décision de franchir ou non le seuil nucléaire, la doctrine importe peu devant les circonstances. Le doute subsiste donc.

Jurisprudence de la prudence

Le seul franchissement du seuil nucléaire, 21 jours seulement après le début de son existence, survient le 6 août 1945 au Japon et se termine trois jours plus tard après un deuxième bombardement atomique américain. Ce franchissement est alors considéré comme décisif par les Américains puisque le Japon capitule dès 2 septembre suivant. Dans les faits les choses semblent plus discutables, les frappes atomiques se trouvant mêlées à l’entrée en guerre de l’Union soviétique contre le Japon le 9 août.

Les États-Unis sont engagés à nouveau dans un conflit à peine cinq ans plus tard, en Corée cette fois. Le même président Truman qui avait décidé des frappes sur Hiroshima et Nagasaki refuse cette fois d’utiliser l’arme nucléaire alors même que les forces américaines se trouvent en difficulté et que ni les Nord-Coréens ni les Chinois ne disposent de capacité de représailles. En fait, le contexte psychologique a considérablement évolué depuis 1945 et ce qui était admissible dans une guerre totale, ne l’est plus dans le cadre d’une guerre limitée, du moins pour le pays doté. Le seuil nucléaire s’est solidifié et est devenu plus difficile à franchir.

Les successeurs d’Harry Truman suivent tous sa trace, qui ce soit face à la Chine dans les années 1950 ou lors de l’engagement au Vietnam et alors même que les Américains disposent cette fois de nombreuses armes nucléaires dites « tactiques » et destinées à être utilisées sur le champ de bataille. Il est vrai que les États-Unis ne manquent pas non plus d’une puissance de feu conventionnelle qu’ils peuvent utiliser massivement avant de songer à franchir le seuil nucléaire. Lors de l’opération Linebacker II lancée en décembre 1972, 200 bombardiers B-52 déversent en onze jours l’équivalent de plusieurs armes atomiques de faible kilotonnage sur le Nord-Vietnam. Les effets de cette opération sur les accords de paix signés à Paris le 27 janvier 1973 sont encore plus discutés que ceux des frappes atomiques réelles sur le Japon. Par la suite, et alors que les combats s’effectuent toujours loin du territoire américain, il n’y a pas non plus d’emploi d’arme nucléaire contre l’Irak en 1991 et en 2003, cette dernière déclenchée justement au nom de la contre-prolifération.

Les comportements nucléaires de l’Union soviétique et de la Chine, avec pourtant des régimes politiques très différents des États-Unis, sont durant la guerre froide finalement assez proches. Si l’Union soviétique n’a pas hésité à menacer nucléairement la France et le Royaume-Uni en 1956 au moment de la crise de Suez, sans grande crédibilité il est vrai, le seul État à qui elle fait vraiment la guerre après 1945 est la Chine avec une série de combats frontaliers très violents en 1969.  Or, la Chine est certes déjà un État doté à ce moment-là mais elle ne dispose pas encore de capacité de deuxième frappe, c’est-à-dire qu’elle n’est pas capable de riposter nucléairement après une attaque massive. Le pouvoir soviétique envisage alors sérieusement une campagne de frappes nucléaires désarmantes et le fait savoir, sans que l’on sache trop qu’elle était la volonté réelle d’attaquer et la part de déclaratoire dans cette opération. Toujours est-il que les autorités chinoises, sincèrement effrayées, acceptent rapidement de négocier la fin du conflit. La Chine elle-même, envahit le nord du Vietnam en février 1979, s’y fait battre de manière cinglante, mais n’ose pas non plus utiliser son arsenal nucléaire pour tenter de changer le cours des évènements.

On s’est peut-être plus approché de l’emploi de l’arme nucléaire lors d’affrontements plus symétriques et existentiels. Toute nouvelle puissance nucléaire, Israël envisage sérieusement un emploi démonstratif de l’arme atomique dans le Sinaï en juin 1967 en cas de mauvaise tournure de la guerre contre les pays arabes voisins, puis met ses forces nucléaires en alerte en octobre 1973 alors que l’armée syrienne progresse dans le plateau du Golan. Dans les deux les cas, la nette supériorité conventionnelle israélienne rend finalement inutile d’aller plus loin. À l’été 1988, le gouvernement sud-africain est très inquiet devant la possibilité d’une invasion cubaine en Namibie depuis l’Angola et fait discrètement savoir à Fidel Castro qu’il dispose de six têtes nucléaires largables par bombardiers. L’invasion n’a finalement pas lieu et Fidel Castro avoua plus tard n’avoir jamais eu lieu l’intention de la lancer, en partie par peur de l’arme atomique sud-africaine.

En résumé, dans une situation dissymétrique les États dotés n’ont jamais considéré que les bénéfices espérés de l’emploi du nucléaire pouvaient dépasser le reproche international et peut-être interne fort qui en résulterait à coup sûr, et ce même au prix d’une défaite limitée. Les seules circonstances ayant permis d’approcher ce seuil ou de le franchir, ont été une absolue nécessité de protéger le territoire national, ou considéré comme tel, alors que les forces conventionnelles ne permettaient plus de le faire ou, comme au Japon, dans le cadre d’une guerre totale avec un niveau de violence déjà considérable et sans risques de représailles.

Kilotonnes sur le Dniepr

Si on s’en tient à cette jurisprudence, aucun des critères retenus comme pouvant justifier l’emploi de l’arme nucléaire par les Russes en Ukraine n’est vraiment présent dans le conflit. Le niveau des pertes humaines russes est inédit depuis 1945 mais semble jugé encore acceptable par le régime. L’armée russe résiste par ailleurs sur les zones conquises. De plus, l’usage régulier de la menace nucléaire dans le discours russe a eu pour effet d’obliger les acteurs internationaux à exprimer par avance leur position en cas de franchissement du seuil. Elle est unanimement hostile, y compris donc de la part de l'allié chinois, et les États-Unis ont par ailleurs indiqué qu’ils ne se contenteraient pas de condamner.

Pour autant, il faut se souvenir que l’invasion de l’Ukraine en février 2022 était jugée à l’époque irrationnelle et trop contre-productive pour la Russie au regard des réactions qu’elle provoquerait, et pourtant celle-ci a bien eu lieu. En cas de situation critique en Ukraine, Vladimir Poutine peut se trouver devant le choix entre un élargissement des moyens conventionnels par une mobilisation générale ou une escalade dans la nature des moyens engagés, et considérer que le risque de troubles internes est finalement plus dangereux que celui de vaines protestations internationales, alors que la Russie est déjà isolée et sous sanctions. Quant aux États-Unis, le précédent de Barack Obama refusant d’agir en 2013 alors que la ligne rouge de l’emploi de l’arme chimique en Syrie, qu’il avait lui-même établi, venait d’être franchie est dans toutes les mémoires.

Dans une nouvelle et grande erreur de perception, le Kremlin peut donc effectivement décider d’escalader. Comme par ailleurs il ne peut plus, par impuissance des aéronefs et dilapidation du stock de missiles, passer par une campagne massive de frappes conventionnelles à la manière de Linebacker II, cette escalade ne peut que passer par le nucléaire, très probablement d’abord à faible puissance.  

À ce stade de la guerre, on ne peut imaginer que deux scénarios pouvant justifier cette escalade. Dans le premier, les forces russes seraient subjuguées par les forces ukrainiennes et incapables d’empêcher un désastre sur le terrain et en particulier la reconquête de la Crimée. Dans le second, constatant le blocage du front et n’ayant pas renoncé à ses objectifs, la Russie tenterait de reprendre l’offensive par un surcroît de puissance de feu.

Ce franchissement de seuil peut se faire sous forme d’attaque blanche dans l’atmosphère ou la mer Noire en préalable à d’éventuelles « frappes rouges » effectives. Cette idée n’est jamais exprimée dans les textes russes, mais elle viendrait logiquement dans les options présentées au décideur ultime. Tout en permettant d’effrayer la partie ukrainienne, une attaque blanche présenterait l’avantage d’être facile à réaliser et de minimiser l’impact matériel et donc aussi politique. Cette option présenterait cependant l’inconvénient de provoquer quand même une indignation internationale et d’éliminer toute surprise pour la suite. Cela laisserait notamment le temps aux Ukrainiens de se préparer psychologiquement et matériellement à des frappes effectives et d’en limiter les effets. Cette attaque de semonce pourrait également être réelle, sur une base militaire par exemple ou une concentration de forces. Les avantages et les inconvénients seraient les mêmes qu’une attaque blanche, mais exacerbés.

Cela suffirait-il ? On n’en sait rien, le champ des réactions ukrainiennes pouvant aller de la soumission à l’accélération des opérations en passant par une pause le temps de s’adapter à la nouvelle situation avant de reprendre l’offensive peut-être sous forme différente. On peut même imaginer que l’Ukraine cherche à se doter elle-même d’une petite force de frappe nucléaire avec l’aide de pays alliés afin de neutraliser la menace par dissuasion mutuelle. Le champ des réactions internationales et en premier lieu américaines est également très ouvert, depuis la recherche d’apaisement à l’intervention directe et massive, en passant par des options de gel de la situation au mieux par une admission immédiate de l’Ukraine dans l’Alliance atlantique et l’envoi de troupes occidentales sur place ou au pire par une interminable mission onusienne d’interposition-négociation.

Dans le scénario russe offensif, la surprise et les effets matériels seraient privilégiés. On peut donc imaginer dans ce cas, une série de frappes atomiques en basse altitude afin de limiter les effets radioactifs sur le deuxième échelon ukrainien et quelques sites stratégiques à l’intérieur du pays. Ces frappes, qui seraient renouvelées en fonction des besoins, viendraient en appui d’une offensive des forces aéroterrestres russes qui pourraient ainsi peut-être enfin refouler ou percer un front ukrainien isolé de ses arrières. D’un point de vue opérationnel, malgré l’énorme puissance de feu projetée il n’est pas évident que cette attaque nucléaire soit efficace. On peut d’abord imaginer que les préparatifs d’une attaque atomique massive ne passent pas inaperçus et qu’une alerte serait donnée avec toutes les conséquences tactiques et stratégiques que cela impliquerait. Mais même si l’attaque initiale bénéficiait de la surprise, la défense aérienne ukrainienne détruirait un certain nombre de vecteurs en vol. Les frappes réussies elles-mêmes seraient peut être insuffisantes à désorganiser complètement le dispositif ukrainien, comme semblent l’indiquer les exemples historiques de préparations de feux supermassives. Même bousculée, l’armée ukrainienne pourrait basculer dans une grande guérilla mobile et imbriquée invulnérable aux frappes atomiques et on ne voit pas comment la Russie pourrait se sortir d’une telle situation.

L’attitude internationale est encore inconnue, mais elle serait certainement très dure vis-à-vis de la Russie avec très probablement une intervention militaire occidentale à la forme floue, entre frappes conventionnelles punitives qui enrayeraient encore plus l’offensive russe ou participation moins escalatoire par exemple par l’envoi de techniciens ou de troupes de protection. Une offensive atomique russe aboutirait ainsi très probablement à une impasse opérationnelle, mais ce serait une impasse extraordinairement risquée dans un contexte stratégique hautement chaotique.

En résumé, le franchissement du seuil nucléaire par la Russie ne peut pas être exclu par erreur de perception et cela constituerait un saut dans l’inconnu.

Pierre Razoux, Israël et la dissuasion nucléaire, Revue Défense Nationale 2015/7 (N° 782).

Laurent Touchard, Quand l’Afrique (du Sud) avait la bombe, Jeune Afrique, 19 juillet 2013.

01.05.2024 à 13:27

Le Shazam du champ de bataille ukrainien

Michel Goya

Texte intégral (2055 mots)

« C’est un phénomène curieux de cette guerre que l’on entend  beaucoup plus que l’on ne voit. Contrairement à ce qui a lieu dans la vie pacifique, les sensations auditives y sont bien plus nombreuses et intenses que les visuelles » Charles Nordmann, Revue des Deux Mondes, 1916.

Dans les batailles préindustrielles, les hommes étaient concentrés sur un cadre restreint mais ouvert où chacun se concentrait surtout sur les menaces qu’il pouvait voir. Avec la portée et la létalité grandissante des armes, les soldats se battent désormais à distance tout en se mettant autant que possible à l’abri des coups. Cela aboutit à un champ de bataille d’apparence vide alors que tout le monde est là mais caché, et ce encore plus dans le front ukrainien en 2024 que dans celui de 1916 en France puisque sur une longueur de front retranché presque identique, la densité humaine est désormais presque dix fois inférieure. On recherche et traque donc cet ennemi à distance, via les lunette et caméras, ou de près à vue en allant vers lui à l’attaque ou en mission de reconnaissance. On parvient parfois alors à se voir de près, et même de temps en temps à tirer sur des hommes et non sur des zones. Bref, le combattant moderne lutte contre des choses bien plus que contre des hommes, et ces choses elles-mêmes sont peu visibles. On lutte d’abord en écoutant.

Le tir de n’importe quelle arme provoque quatre sortes de bruit.

La détonation de départ, dans l’arme. Assez sèche pour une arme portative (PAN bien sûr), sourde pour un mortier (POM) et grave (BOUM) pour un canon.

Le choc du projectile contre les couches de l’air provoque un premier son : l’onde de Mach. Tant que le projectile est supersonique, ce qui est le cas au départ de la très grande majorité des balles et obus, sauf de mortiers, celui-ci provoque autour de lui un sillage d’ondes comme le sillage provoqué par la proue d’un navire rapide sur une mer calme. Comme son nom l’indique ce « BANG supersonique », fait aussi beaucoup de bruit, presque autant que la détonation de départ à laquelle il ressemble.

Ce même choc provoque aussi, et tout le long cette fois quelle que soit la vitesse, un sifflement autour et surtout à l’arrière du projectile comme si on crevait l’air. Cela va du piaulement (PIOU) pour les balles au sifflement (SIIII) pour les obus ou les drones et un chuintement (CHEE) pour les mortiers. Il y a en réalité autant de sifflements différents que de projectiles. Ce sifflement est beaucoup plus faible que les autres bruits et porte donc moins loin.

Il y a enfin le choc à l’arrivée, choc brut pour les objets durs et explosion pour la plupart des obus. On va baptiser ce bruit CRAC.

Chacun de ces trois ou quatre bruits, selon les moments, provoque donc une onde différente qui se propage en cercles à la vitesse relativement lente du son, plus ou moins 330 m/s selon la température de l’air, sa densité ou le vent. Comme cela va infiniment moins vite que la vitesse de la lumière, quasi-instantanée à notre échelle, le décalage entre la lueur du coup de départ ou d’arrivée - que l’on voit tout de suite- et de son bruit - que l’on entend toujours plus ou moins ensuite, donne déjà un indice de sa distance, selon le phénomène bien connu de l’éclair et du tonnerre. Il suffit de compter les secondes de décalage entre les deux et de multiplier par environ 300 pour avoir une distance approximative.

Ce qu'il est important de comprendre est que tous ces bruits différents peuvent entrainer de grandes et dangereuses confusions.

Premier cas de figure, on se trouve à proximité du début du tir du côté ami, voire même on tire soi-même. Pour les balles, on entend le bruit de la détonation du départ et le bang supersonique qui se confondent dans un grand PAN, puis on entend ensuite éventuellement le sifflement. Pour un obus, c’est la même chose mais en plus fort avec le coup de départ du canon, un sifflement rapide, puis plus rien jusqu’au bruit sourd et très éventuel de l’explosion d’arrivée à une grande distance de là. Tout ça est connu et pose de toute façon peu de problème puisque c’est nous qui tirons.

Les choses deviennent évidemment plus compliquées dans et sous la trajectoire des projectiles. Quand on est dans la trajectoire des balles, la première chose que l’on va entendre est le claquement du BANG du projectile dans l’air. S’il passe assez près, on entendra ensuite le sifflement autour de lui. La détonation de départ en revanche va ensuite arriver forcément sur vous paresseusement à 330 m/s et quelques. On n’entendra généralement pas en revanche le bruit de l’impact à l’arrivée. C’est bien le PAN qui vous donnera l’origine approximative du tir voire même sa distance, selon le principe logique que plus le décalage entre le BANG-SIII et le PAN est sensible et plus celui qui vous tire dessus est loin. Tout ça est très important car si vous ne connaissez pas le phénomène, vous allez croire que le BANG est le bruit de départ du coup et que le tireur est juste à côté, ce qui peut conduire à faire n’importe quoi. La nécessité d’agir très vite ne doit pas empêcher d’écouter et d’analyser.  Deuxième cas de figure : les obus indirects (pour les obus à tir direct – tout droit - c’est sensiblement comme les balles). On entend là encore le BANG et le sifflement mais moins bruyamment qu’une balle car c’est haut dans le ciel, et peut-être pas du tout si l’obus est vraiment très haut dans le ciel mais là j’ai un doute, puis un silence et enfin, selon que l’on se trouve plus proche de la cible ou du point de départ, le bruit sourd de l’explosion et de la détonation de départ ou l’inverse, assez difficiles à distinguer en fait.

Il y a enfin lorsque se trouve dans la zone d’arrivée des coups. Ne considérons que les gros. Si l’obus est encore supersonique à ce stade, comme pour les obus de char par exemple, le CRAC d’arrivée se confond avec le BANG. Si ne se trouve pas complètement assourdi, on entendra peut-être le BOUM de départ qui arrivera quelques secondes plus tard. Seule la lueur éventuelle de départ, la poussière et la fumée peuvent avertir du coup.   

En revanche, si la vitesse du projectile est passée en dessous de la vitesse du son, ou s’il est naturellement sous cette vitesse comme des drones, on est averti. On peut entendre le dernier BANG produit et qui va désormais plus vite que le projectile. Il peut même arriver sur une longue distance que le bruit de la détonation de départ, devenu très faible, rattrape le projectile. Tout cela n’a en fait guère d’importance. Le seul bruit qui importe et qu’il faut attendre car il arrivera vers vous juste avant le projectile est le sifflement qui lui colle dessus. Il faut surtout essayer d’entendre si ce sifflement s’amplifie et est de plus en plus aigu, auquel cas le projectile vient vers vous et il faut se poster ou à défaut se coucher par terre ; si le bruit devient plus grave, la menace s’éloigne.  

Vient ensuite l’éclatement et l’explosion, dans l’air s’il s’agit d’un fusant avec un gros volume ou au sol s’il s’agit d’un percutant. Dans ce dernier cas la projection des éclats, des cailloux et de la terre s’ajoute au bruit de l’explosion pour donner l’impression d’un mur qui s’écroule. Le spectacle du geyser de terre et des panaches de fumée s’ajoute au fracas pour impressionner. Outre les éclats, l’explosion de l’obus est dangereuse par son souffle, une onde aérienne condensée à l’avant par la compression de l’air et dilatée à l’arrière par sa raréfaction. Si l’explosion est proche et l’explosion puissante, on sent alors ses poumons éclater et sa tête se vider. Des lueurs colorées passent devant les yeux. Ce souffle, associé au fracas et aux vibrations, donne lieu à des troubles respiratoires et circulatoires qui, avec la surprise, accroissent encore les effets de la peur. La projection en arrière par le souffle en diminuera les effets contrairement aux malheureux qui le subissent coincés. Ces obus percutants, sont plus ou moins neutralisés par l’enfouissement dans le sol avant d’éclater, en particulier par la boue ou la neige. Il existe par ailleurs de nombreux angles morts dans la gerbe d’éclats, d’où la nécessité de se coucher faute d’autre protection. Paradoxalement, si on se trouve au sol près de l’impact et moins on sera touché par les éclats. Les gens abrités ne craignent pas le souffle et les éclats de l’explosion mais ils subissent l’ébranlement du sol jusqu’à l’éventuelle rupture, avec des effets psychologiques d’autant plus éprouvants que l’on se sent impuissants.

Illustration issue du Manuel du sous-officier d'infanterie, t. II, 1949. 

17.04.2024 à 18:14

Les Gardiens de la circonvolution

Michel Goya

Texte intégral (3562 mots)

Nous voici dans la troisième grande confrontation entre Israël et la République islamique d’Iran. Il y a eu d'abord l’épisode libanais où l’Iran a utilisé des organisations armées chiites locales – le Hezbollah en premier lieu – pour affronter les occupants israéliens de 1982 à 2000 et même un temps les puissances occidentales qui avaient osé défier Téhéran. Ce front a connu une résurgence dans la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, pour se calmer ensuite. Les affrontements se sont déplacés secrètement sur le sol iranien afin d’y freiner le programme nucléaire par des sabotages informatiques ou des assassinats d’ingénieurs puis plus ouvertement en Syrie par des raids aériens après l’intervention iranienne de 2013 en soutien du régime d’Assad. L’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas soutenu par l’Iran et ses alliés a ouvert une nouvelle phase dans cet affrontement sous le seuil de la guerre ouverte et générale. Il a d’abord pris la forme classique d’échanges de coups de la part et d’autres de la frontière israélienne avec le Liban et la Syrie, y compris jusqu’à Beyrouth et Damas, et puis des choses nouvelles sont arrivées.

Plus on en montre et moins on tue

L’art opérationnel sur la limite de la guerre consiste à obtenir des effets militaires sans provoquer une guerre ouverte. Pour cela on combine de manière inverse la violence et la démonstration. On assassine et parfois même on combat secrètement, on accroche brièvement et ponctuellement – comme en février 2018 à Koucham en Syrie entre Russes et Américains ou comme lorsque les Israéliens frappent le consulat iranien à Damas le 1er avril - mais on fait des tonnes de démonstration lorsqu’on ne veut pas vraiment tuer.  Dans ce dernier cas, on peut parader au loin, se déployer face à l’adversaire (plus risqué) et même l’attaquer mais sans intention de lui faire mal. On parlera alors de « pseudo-opération ». Le raid français du 17 novembre 1983 sur la caserne Cheikh Abdallah dans la plaine de la Bekaa en est un bon exemple. Il s’agissait de répondre à l’attaque terrible du 23 octobre précédent mais sans provoquer d’engrenage, autrement dit « faire semblant ». Ce jour-là Huit Super-Etendard de la Marine ont décollé du porte-avions Clemenceau pour larguer 34 bombes sur une zone où tout le monde avait été alerté auparavant, à l’exception d’un malheureux berger et ses moutons. L'opération lancée le 8 janvier 2020 en réponse à l’assassinat à Bagdad par les Américains du général Qassem Soleimani cinq jours plus tôt a procédé de la même logique.  Les Iraniens avaient alors lancé quinze missiles balistiques sur deux bases américaines en Irak, mais seulement après avoir averti les États-Unis via l’Irak. Dans les faits ces attaques n’ont provoqué aucun mort et seulement peu de dégâts, mais l’Iran a pu annoncer un bilan faux mais triomphant tandis que de son côté Donald Trump a pu minimiser l’affaire. La confrontation en est restée sur ce point d’équilibre.

On savait – et les Israéliens les premiers - que de la même façon que l’Iran répliquerait forcément à l’attaque du 1er avril à Damas, où son consulat, et donc son territoire, avait été frappé par un raid aérien provoquant la mort de personnalités importantes de la force al-Qods. Ces personnalités, en particulier les généraux Zahedi et Rahimi qui coordonnaient l’action des organisations arabes alliées de l’Iran dans la région, constituaient sans doute des cibles trop tentantes pour les Israéliens qui ont donc tenté une « pointe » de violence au-delà du seuil de la guerre sans la revendiquer. Aucun État ne peut laisser attaquer son ambassade sans réagir. La réponse iranienne était inévitable, seule sa forme posait question.

Cette réplique ponctuelle pouvait jouer sur tout le spectre de l’action violente sous le seuil de la guerre ouverte, depuis l’attentat terroriste non revendiqué, comme celui de 1992 contre l’ambassade d’Israël en Argentine (29 morts et 242 blessés) jusqu’au lancement affiché de salves de roquettes, drones ou missiles. Ces attaques aériennes de quelques dizaines à quelques centaines de projectiles peuvent viser des objectifs périphériques, comme celles des 15 et 16 janvier à Idlib en Syrie, au Baloutchistan pakistanais et à Erbil contre une base supposée du Mossad après l’attentat du 3 janvier par l’État islamique, ou directement le territoire israélien. L’Iran pouvait utiliser ses alliés pour cela ou le faire directement et ouvertement. Les Iraniens ont choisi cette option maximale, rompant ainsi les habitudes de dizaines d’années de confrontation. Quand on rompt des habitudes, on surprend et les surprises doivent toujours être étudiées avec soin car elles indiquent peut-être des phénomènes nouveaux.

La salve a été massive avec plus de 300 engins sans pilotes à bord, peut-être un record historique, emportant environ 70 tonnes d’explosif au total. La majorité de ces projectiles – 185 – était composée de drones Shahed volants bas et lent. Ils sont mis plusieurs heures à atteindre Israël, ce qui a contribué à la mise en alerte de tous les systèmes de défense aérienne (SDA) de la région, sans espoir de faire beaucoup de dégâts mais espérant au moins de saturer en partie la défense. Dans cette orchestration, les drones ont été rejoints sur l’objectif par 36 missiles de croisière plus rapides et lancés plus tard, et enfin par sans doute la vraie force de frappe de 110 missiles balistiques venant directement d’Iran mais aussi marginalement depuis l’Irak, le Yémen et le Liban, accompagnés par plusieurs dizaines de roquettes à courte portée sur la frontière israélienne. Les objectifs visés étaient, semble-t-il, uniquement militaires, en particulier les bases aériennes d’où avaient décollé les avions qui ont bombardé le consulat d’Iran à Damas.

D’un point de vue tactique, l’attaque a servi de test, à la fois de la capacité d’attaque iranienne – organisation, fiabilité et précision des équipements utilisés, estimation des résultats – et du SDA israélien et éventuellement des alliés. De ce point de vue, les résultats de ce bref affrontement entre un des plus puissants arsenaux de frappe sol-sol et un des SDA les plus denses et performants au monde sont ambivalents. Les autorités israéliennes affirment, avec l’aide d’alliés de circonstances, avoir abattu « 99 % » de ces projectiles et qu’il n’y eu que des dégâts insignifiants. Il semble cependant que plusieurs missiles balistiques, entre 7 et 15 selon les versions, aient quand même réussi à percer le SDA et infliger quelques dégâts sur les bases aériennes de Nevatim et de Ramon dans le Néguev ainsi qu’un site sur de surveillance sur les hauteurs du Golan, tandis qu’une enfant a été blessée dans la bataille.

L’Iran dispose peut-être encore de la capacité de lancer vingt salves de même volume, ou moins nombreuses mais plus puissantes afin de mieux saturer le SDA israélien. Sur la durée, on ne sait pas bien si les Israéliens disposent d’une réserve de coûteux missiles d’interception suffisante pour faire face à toutes ces salves. Si rien ne change par ailleurs, l’Iran pourrait donc frapper le sol israélien d’un ordre de grandeur de 200 missiles. C’est à la fois peu en soi, à peine 100 à 150 tonnes d’explosif soit très largement moins que ce que l’armée de l’Air israélienne a lancé sur Gaza, mais alors que les 36 missiles Scud lancés par l’Irak sur Israël en 1991 avaient traumatisé la société, on peut imaginer ce que provoquerait ces 200 missiles modernes sur Tel-Aviv ou Haïfa. Il est probable cependant qu’Israël et sans doute ses alliés ne laisseraient pas à l’Iran la possibilité de lancer impunément toutes ces salves.

À plus long terme, l’Iran dispose donc d’une capacité statistique de percer le SDA en jouant de la masse, mais pas de la capacité à coup sûr nécessaire pour une éventuelle capacité nucléaire de seconde frappe. Il lui faut pour cela disposer d’abord de points de départ suffisamment diversifiés et durcis pour résister à une attaque, y compris nucléaire, puis de vecteurs presque invulnérables - ce qui passe probablement par l’acquisition de technologie hypervéloce – et bien sûr un nombre minimal de têtes nucléaires. Trois seraient actuellement en préparation. Avec peut-être une aide de la Russie, proche de celle qu’elle offre à la Corée du Nord, l’Iran peut espérer une capacité nucléaire fragile dans les deux ans qui viennent et une capacité de seconde frappe à l’horizon 2030.

L’art opérationnel sur la limite

En avertissant tout le monde avant du déclenchement de cette opération, que l’on savait n’obtenir que de faibles effets matériels, puis en expliquant ensuite que pour eux l’affaire était « soldée », les Iraniens ont choisi de rester dans le cadre d’une pseudo-opération, peut-être la plus importante de l’histoire, destinée à sauver la face tout en offrant aux Israéliens le bénéfice d’une victoire défensive et le moins possible de raisons de répliquer à leur tour. Elle a permis aux Israéliens de sortir au momentanément de leur isolement diplomatique, en obligeant les Occidentaux mais aussi certains États arabes comme la Jordanie et l’Arabie saoudite à se placer militairement à leur côté - une première depuis 1956 - et donc aussi en porte-à-faux vis-à-vis d’une grande partie de leur opinion publique.

Le plus intéressant est peut-être que l’Iran n’a pas été dissuadé de se lancer dans une opération qui représente une rupture symbolique forte. L’invincibilité militaire israélienne a été la pierre angulaire de la politique de la région pendant des générations. Cette invincibilité a été mise à mal une première fois le 7 octobre 2023 par la percée de la barrière défensive, mais aussi partiellement à partir de janvier 2024 par l’essoufflement de l’opération offensive Épées de fer à Gaza. On constate maintenant que l’Iran n’a pas hésité à son tour à attaquer le territoire israélien depuis le sien, ce qu’il s’était refusé de faire. Israël peut donc prendre des coups et sa fureur ne fait plus aussi peur. On est vraiment dissuadé de faire quelque chose que si on est persuadé que la riposte ennemie sera plus désavantageuse pour soi que sa propre attaque ne l’est pour lui. L’Iran n’a donc pas craint, du moins pas craint suffisamment, la riposte israélienne pour l’empêcher d’agir.

Peut-être pense-t-il que le résultat gagnant-gagnant de son opération empêche Israël rationnellement de riposter et de gâcher ses gains. Notons au passage, ce paradoxe qui veut que toujours dans cet art de la guerre sous le seuil ou à la limite que l’existence d’un bouclier a tendance à inciter l’adversaire à attaquer car il sait que cette attaque ne suscitera pas l’indignation accompagnant le spectacle des destructions et des dizaines voire des centaines de corps d’innocents meurtris. Les pseudo-opérations sont des opérations propres. Peut-être l’Iran estime-t-il à son tour ne pas craindre matériellement une attaque sur son propre sol car les capacités de frappe à distance des Israéliens ne sont pas jugées très importantes et en tout cas que les cibles potentielles sont bien protégées par leur propre SDA, peut-être renforcé par la Russie, et surtout leur durcissement et enfouissement. Peut-être enfin qu’en conservant une grande partie de sa force de frappe balistique, l’Iran peut estimer pouvoir encore faire très mal en « riposte à la riposte » israélienne » par une riposte encore plus massive et sans avertissement cette fois. L’attaque « propre » du 13 avril pourrait ainsi apparaître comme un ultime avertissement prouvant sa détermination à aller vers quelque chose de beaucoup plus grave.

En résumé, le pouvoir iranien, qui doit faire face à une contestation intérieure forte, a estimé que les gains espérés d’un franchissement ponctuel seuil de la guerre - sauver la face, jouer de la menace extérieure pour retrouver une légitimité interne, se placer en vrai ennemi d’Israël et défenseur de la cause palestinienne - surpassaient les risques, y compris sur le précieux programme nucléaire.

Dilemmes de la fureur

Le problème pour l’Iran est que le pouvoir israélien, quoique divisé, est sensiblement dans les mêmes dispositions. Si l’Iran voit son attaque comme une riposte légitime et suffisante, Israël la perçoit comme une agression directe et inédite de son territoire qui impliquerait normalement une réponse. En temps normal, cette réponse israélienne aurait été immédiate et de même nature en jouant également de la force de frappe aérienne.

Depuis l’opération Opera en 1981 contre l’usine Osirak jusqu’au raid au Soudan en 2009 contre un convoi d’armement iranien en passant par le raid de 1985 sur le QG de l’OLP à Tunis (2 300 km) ou sur le réacteur graphite-gaz dans la province syrienne de Deir ez-Zor en 2007, l’armée de l’Air israélienne a montré depuis longtemps sa capacité à mener des raids à grande distance. Avec sa combinaison F-35A furtifs pour ouvrir le passage et escorter et de F15I avec 10 tonnes d’emport de charge dont des missiles Delilah à 250 km de portée, les Israéliens peuvent lancer des attaques à plusieurs dizaines de tonnes d’explosif (17 tonnes lors de l’opération Orchard en Syrie) avec cependant deux limitations fortes : une capacité de ravitaillement en vol réduite à 4 avions KC-46 Pegasus et le manque (apparent) de projectiles à très forte pénétration, ce qui réduit forcément l’impact sur des installations durcies iraniennes. Israël peut aussi utiliser conventionnellement sa force de missiles Jéricho II ou III, normalement destinée à sa force de frappe nucléaire. Techniquement Israël peut donc lancer à son tour des attaques contre l’Iran, et, quoique limitées par la distance, plus puissantes au bilan que celles de l’Iran.

Toute l’histoire israélienne annonce un ou plusieurs raids aériens contre l’Iran, la retenue de 1991 face à l’Irak de Saddam Hussein constituant l’exception. Le frein principal est sans doute constitué par l’existence d’une autre guerre en cours depuis six mois contre le Hamas et qui est loin d’être terminée. La sagesse consisterait à ne pas multiplier les ennemis, comme en 2006 lorsque les opérations militaires commencées contre le Hamas à Gaza avaient dérivé en guerre contre le Hezbollah et le Liban (pour que son gouvernement agisse contre le Hezbollah) avec même la tentation à l’époque de s’attaquer aussi en même temps à la Syrie. Le résultat de cette hubris n’avait pas, pour le moins, été probant. Mais d’un autre côté, en se lançant dans le raid contre le consulat iranien à Damas, le gouvernement israélien actuel savait pertinemment qu’il se trouverait devant ce dilemme. Il peut considérer qu’une guerre parallèle contre l’Iran à coup de raids réciproques serait gérable, et d’autant plus que l’efficacité du bouclier défensif la rendrait relativement sûre. On retrouverait ainsi le schéma de guerre à distance qui a prévalu à plus petite échelle mais fréquemment entre le Hamas ou le Jihad islamique à Gaza et Israël de 2006 à 2021. Cela permettrait même à Netanyahu d'avoir in extremis une place d'honneur dans l’histoire en détruisant ou au moins en entravant un programme nucléaire iranien qui fait peur à beaucoup de monde. La sacro-sainte capacité de dissuasion israélienne s’en trouverait également renforcée.

Pour autant, les mêmes qui seraient effectivement satisfaits de l’arrêt du programme nucléaire iranien s’inquiètent aussi beaucoup des moyens qui seraient utilisés par les Israéliens pour l’obtenir. Les effets d’une guerre irano-israélienne ne seraient pas limités aux deux protagonistes mais affecteraient toute la région mais aussi le monde ne serait-ce que par la grave perturbation du trafic commercial, en particulier pétrolier, comme dans les années 1980. Ils poussent tous à la retenue israélienne, ou au moins à une forme d’attaque plus discrète. Reste à savoir dans quelle mesure, ils seront écoutés.

Un autre problème majeur est l’existence de cet ennemi proche pour Israël constitué par le Hezbollah et dont la capacité de frappe est également considérable. De fait, depuis le début de la nouvelle guerre contre le Hamas la tentation est forte du côté israélien de profiter de l’occasion pour mettre également fin à la menace du Hezbollah en détruisant sa force de frappe et en le repoussant au nord du fleuve Litani. D’un autre côté, le Hezbollah lui-même fait le minimum pour montrer sa solidarité avec le combat du Hamas et répondre aux attaques israéliennes mais, malgré les centaines de morts qu’il a subis, sans franchir le seuil de la guerre ouverte. Le Hezbollah n’a participé que de manière marginale à l’attaque du 13 avril. Une guerre d’Israël contre l’Iran pourrait l’obliger à surmonter ces réticences et utiliser sa propre force de frappe contre le territoire israélien avec peut-être même la possibilité de lancer des raids terrestres.

D’un autre côté, les Israéliens peuvent aussi déclencher une grande campagne aérienne contre le Hezbollah comme en 2006, mais cela provoquerait en retour une pluie de missiles, drones et surtout roquettes sur Israël. Israël peut faire l’impasse, considérant qu’il a, comme face à l’Iran, les moyens permettant de s’en protéger, mais le problème de cette campagne réciproque de frappes est surtout qu’elle ne produirait pas de résultat stratégique. Le Hezbollah aussi peut résister matériellement à une campagne de frappes et même politiquement au Liban où on considérerait que cette nouvelle guerre serait de la responsabilité d’Israël. Ce ne sont pas en tout cas les missiles et bombes guidées israéliens qui repousseront le Hezbollah jusqu’au Litani, pour cela il faudrait lancer une opération terrestre qui serait problématique alors que celle contre le Hamas, un adversaire plus faible, n’est pas terminée et que cela fait six mois que les réservistes ont été mobilisés, sans doute un record dans l’histoire israélienne.

Bref, on se trouve au bord d’une nouvelle guerre ouverte. En regardant le passé tout y pousse, en regardant l’avenir possible tout la freine.

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