20.07.2025 à 14:02
Runes, cuir et armes à feu
Tagrawla Ineqqiqi
Texte intégral (961 mots)
Tous les êtres sont singuliers, mais certains le sont tout de même plus que d’autres.
Prenez Gérard, dit Gégé, par exemple. Gérard est un jeune octogénaire dynamique, et c’est peu dire. Bûcheronnage et élagage, débroussaillage, petits et gros bricolages : on le verra souvent effectuer bien des choses qui relèvent des travaux de force. Il faut dire, ça n’est sans doute pas anodin, que Gégé a pratiqué assidûment la musculation une grande partie de sa vie, et n’a jamais bu d’alcool. Sous son blouson en cuir trop grand, on ne peine nullement à deviner de larges épaules, et ses débardeurs noirs donnent à voir des bras dont on devine aisément ce qu’ils furent.
Gégé a du style. En tout cas, il a son style. Tout de noir vêtu, il arbore des boucles de ceinture en métal finement gravées par ses soins. Autour du cou, il a toujours un pendentif argenté tenu par un lacet évidemment noir, mais, c’est sa coquetterie, le pendentif n’est pas toujours le même. Marteau de Thor ou tête de loup hurlant stylisé, ça dépend sans doute de l’humeur du jour. Les détenteurs autoproclamés de la classe et du bon goût, le leur, auraient tôt fait de lancer un regard condescendant au bonhomme, mais nul se comportant de la sorte ne pourrait étaler la même quantité de talents que lui.
Gégé sculpte et incroyablement bien tout ce qu’il trouve : bois de toutes duretés, métal, cornes… mais ça n’est qu’une petite occupation parmi d’autres. Il forge des reproductions d’armes blanches de toutes tailles, origines culturelles et époques avant évidemment d’en confectionner et d’en sculpter les manches. Du peu de ses créations qu’il m’ait été données de voir, son chef d’œuvre est un drakkar, son équipage et ses runes sculptés dans plusieurs types de bois, entièrement poli. Ça pourrait sonner kitsch, mais la réalité est de toute beauté.
Un autre de ses talents qui repousserait sans doute plus encore les détenteurs du bon goût de tout à l’heure, c’est sa connaissance technique encyclopédique des armes à feu. Car Gégé pratique assidûment le tir sportif. C’est à dire qu’il va plusieurs fois par semaine dans son club avec sa voiturette et une de ses armes, il entre dans le local, pose son arme dans un coin et passe quelques heures à déconner avec les copains et à se tenir à la disposition de quiconque aurait besoin d’un conseil. Un problème technique avec une arme ? Besoin d’en évaluer l’état ? Une explication sur le fonctionnement du mécanisme, l’entretien, l’année de fabrication du bidule, ses forces, ses faiblesses, la meilleure marque de munitions à utiliser, le type de bois dont est fait la crosse ? Il sait. Vous n’avez jamais tiré, vous ne savez pas quelle position prendre, comment viser ? Il vous l’expliquera avec plaisir et respect si vous le lui demandez. Mais si vous ne demandez rien, il n’est pas du genre à étaler ostensiblement sa science. Gégé vous dira plutôt qu’avec sa mauvaise vue, il ne tire plus comme avant, et vous le croirez jusqu’au jour où, pour une fois, il sortira sa carabine et mettra toutes ses ogives dans le même trou.
A ses heures perdues, car après tout ça il lui en reste, Gégé recharge et décharge des munitions. Il lui est arrivé à l’occasion de désamorcer un obus qu’on lui avait apporté. Cascade réalisée par un non-professionnel à qui il manque quelques bouts de doigts, qui est couvert de cicatrices et dont je ne jurerai pas qu’il passerait facilement un portique d’aéroport toutes poches vides.
Cette activité intense ne l’a pas empêché d’élever seul ses nombreux enfants, ni d’avoir le temps d’apprendre à éduquer les chevaux. D’ailleurs, si vous voulez le voir avoir une poussière dans l’œil, entraînez-le sur le souvenir des amis chevaux qu’il a eus dans sa jeunesse.
Mais ce qui marque le plus chez Gégé, ça n’est rien de tout ça, c’est sa grande naïveté généreuse et mélancolique et de ça, il fait de la musique. Il s’est relevé de tout sans se perdre lui-même. On rencontre peu de gens qui forcent à ce point le respect et c’est fort dommage : ça rend infiniment plus humble.
18.07.2025 à 12:05
Il faut qu’on parle
Tagrawla Ineqqiqi
Texte intégral (1013 mots)

Depuis quelques temps, je n’arrive plus à suivre l’actualité mondiale quotidienne comme je l’ai fait avec souvent beaucoup d’intensité ces vingt-cinq dernières années. Je n’y arrive plus intellectuellement ni même physiquement.
Les « grands » médias n’ont jamais été aussi bourgeois, ils n’ont plus d’utilité que de jeter en pâture la petite phrase qui fâche de tel ou tel à des excités du clavier qui s’y laisseront irrémédiablement prendre tandis que dans leur dos passent des ignominies à peine dicibles. Ils taisent les génocides quand ils ne les approuvent pas à demi-mots et font un service après-vente docile de la destruction systématique de tout ce qui permet aux plus humbles de vivre et de plus en plus, ou plutôt de moins en moins, de survivre.
Si j’ouvre un réseau social, c’est pour voir se superposer sur un plan égal les images des enfants morts ou mourants de Palestine, un appel au don pour permettre à un mauvais dessinateur de survivre, les déportations forcées des États-Unis, une multitude de pétitions qui, si je suis de bonne humeur, me font éprouver de la pitié pour leurs créateurs et signataires qui n’ont pas encore compris l’état du monde, l’industrie de l’armement en marche forcée, une polémique au sujet d’un youtubeur qui un jour n’a pas été gentil et c’est mal, des émeutes racistes mondialisées, une polémique quelconque sur les questions de genre, l’effondrement complet du système Terre par tous les bouts. Un maelstrom révélateur d’un monde où tout se vaut, où même l’horreur absolue est devenue une sorte de divertissement. Et voyez-vous, j’ai l’estomac fragile : quand ça tourne comme ça, je vomi. Je n’y arrive plus intellectuellement ni même physiquement, disais-je.
Parce que non, tout ne se vaut pas. J’ai pris de longue date cette habitude d’ajouter mentalement « dans un monde à +4°C » à toute information que je lis pour jauger de sa pertinence. J’ai plus récemment pris celle d’ajouter, compte tenu de l’évolution politique mondiale , « dans un monde fasciste » à tout sujet d’indignation qu’on me tend, mais aussi à toute proposition de lutte façon XXe siècle. Méthode simple pour ne pas courir en tous sens comme un poulet sans tête et accessoirement aussi pour éviter de tendre le bâton avec lequel on fait monter les opposants dans un train.
Je comprends presque ce qui poussent les gens à faire semblant de croire qu’on pourra encore s’en sortir par le haut, qui signent des pétitions en fantasmant une grève générale. C’est leur droit le plus complet, et vu la gueule de la réalité, je me demande parfois si je ne préférerais pas avoir cette capacité de détourner le regard, d’occulter la réalité tangible. Malheureusement, je n’ai jamais cru à cette sorte d’espoir hors sol, quasi religieuse. Je regarde la réalité dans les yeux : on ira à +4°C, on est déjà en route, et on ne fera pas l’économie d’un fascisme mondial débridé parce qu’il a déjà bien posé son gros cul sur nos vies.
Pour autant, je ne suis pas non plus une grande fanatique du désespoir et de la résignation qui portent en eux les germes de la lâcheté.
Alors ? Qu’est-ce qu’on fait ?
On commence, c’est la base, par revoir ses priorités pour s’assurer de manger sur le long terme. Le prix d’un quelconque gadget sera sans doute mieux utilisé à stocker des nouilles, des fois qu’on perde son taf ou qu’une administration quelconque aura décidé qu’on est un mauvais citoyen qui mérite bien sa famine. En outre, on se bagarre moins bien le ventre vide. Pour le reste, quoi qu’on prévoit de faire, ça ne se fera pas en ligne. Outre le fait que c’est un puissant outil de flicage, et même si le numérique a ses avantages en terme de liens humains, il est bien plus souvent un outil de divisions profondes qui n’existent pas quand nous sommes face à face. On ne construit rien au milieu du chaos.
On ne peut juste pas faire comme les destructeurs de nos vies : ne rien anticiper. Ne serait-ce que moralement, c’est inenvisageable. On ne peut pas non plus nous bercer des illusions qui nous font perdre du temps et de l’énergie dans des combats certes important mais pas littéralement vitaux, et pas seulement pour nous-mêmes. Le mur : on est déjà en train de se le prendre. Chacun fera bien comme il pourra. Mais il est plus que temps de collectivement se décoller le nez des futilités et de voir avec les gens de bonne volonté alentours comment on va bien pouvoir encaisser.
18.05.2025 à 10:25
Londres, de Céline (TW : tous)
Tagrawla Ineqqiqi
Texte intégral (549 mots)
Londres fait partie des manuscrits de Céline récemment retrouvés et publiés en l’état. C’est un « premier jet » et c’est assez agaçant parce qu’il n’y a pas grand-chose à y corriger, à part ci et là quelques personnages qui changent de nom sans raison et quelques mots illisibles.
Prévenons tout de suite : vous voyez les messages d’avertissement qu’il y a maintenant au début des films et des séries à l’attention des gens qui ne supportent plus rien ? Eh bien à part « lumières clignotantes » ils pourraient tous figurer sur la couverture de ce roman : violences de toutes les sortes y compris, surtout, sexuelle, tabagie, alcool et drogue, langage grossier évidemment, meurtre, racisme, sexisme et même misogynie, … A peu près tous les travers humains y figurent, et pour cause, tout le roman se déroule au milieu des proxénètes parmi lesquels vit le personnage principal, déserteur après avoir déjà affronté la guerre à Craonne.
Mais alors pourquoi lire un truc pareil ?
Pour deux raisons.
La première, c’est que ce déferlement d’orgies et de violences sont des comportements humains, et au fond, tout est justement très humain dans ce récit. Sale parce qu’humain. Et en dépit de leurs comportements plus ou moins abjects, on sent la tendresse de l’auteur pour ses personnages, une certaine tendresse des personnages entre-eux et même un profond sens de la loyauté chez certains.
Mais surtout, ce déferlement n’a rien d’une provocation gratuite, c’est même tout le cœur du propos de Céline : il peut décrire les pires horreurs, rien ne sera jamais pire que celles de la guerre.
Même si ça n’est pas la meilleure œuvre de Céline, certains passages relèvent de la fulgurance littéraire. Et comme ses autres œuvres, on la termine en sachant que ça va nous hanter un bon moment. L’auteur restera pour toujours controversé, pas à tort d’ailleurs, ça ne change pas grand-chose à la profondeur de son œuvre. Au pire, il suffit de ne dire à personne qu’on le lit, mais ça serait vraiment dommage de se priver de cette lecture.
12.02.2025 à 09:58
Nous, Evgueni Zamiatine (1922)
Tagrawla Ineqqiqi
Texte intégral (581 mots)
Nous, c’est le journal intime de D-503, mathématicien et constructeur de l’Intégrale, navette spatiale construite afin d’aller imposer le bonheur dans toutes les civilisations de l’univers. C’est que D-503 vit dans une société où toute individualité est proscrite, chacun est une cellule d’un grand organisme dirigé par le Bienfaiteur, dirigeant obligatoirement élu chaque année à mains levées et à l’unanimité lors d’une cérémonie impliquant la mise à mort des déviants débusqués par les Gardiens, ou dénoncés par n’importe quel Numéro au bureau des Gardiens.
Seulement voilà : D-503 est confronté à un dilemme insoutenable. Même s’il n’a pas les mots pour le dire, il est amoureux, ce qui est rigoureusement contraire à toutes règles : l’État Unitaire seul décide des copulations, jamais exclusives.
Ça vous rappelle un peu 1984 ? C’est normal : Orwell avait lu Nous. D’ailleurs on pense aussi en le lisant au Meilleur des Mondes et c’est tout aussi normal : Huxley aussi l’avait lu. Il faut dire que Nous révolutionne la littérature avec cette toute première dystopie qui aura un destin compliqué, comme une large part de la littérature russe produite quand les Soviétiques avaient déjà mis la main sur la création artistique. Belle mise en abyme dans le cas de Nous.
Mais alors pourquoi Nous est-il moins connu que ses descendants directs ? Peut-être d’abord parce qu’il est russe. Écrit par un occidental, ce roman aurait sans doute pris plus d’ampleur. Les premières traductions n’ont pas aidé non plus. On peut même les qualifier de catastrophiques et dès le titre d’ailleurs. D’abord traduit « Nous autres », c’est un contre-sens complet, puisque le Nous du titre russe et du contenu du roman s’oppose justement à l’existence du « je » et à toute possibilité de l’existence d' »autres ». Cette nouvelle traduction est une bonne nouvelle mais arrive sans doute trop tard. En effet, un siècle après sa première publication, les navettes spatiales n’ont plus grand-chose de futuriste, mais surtout, le style encore très empreint de XIXe siècle aura du mal à séduire un public contemporain. Il est vrai qu’on aimerait que Zamiatine se soit plus attardé sur la société dystopique qu’il invente et moins sur les états d’âme de son protagoniste.
Néanmoins Nous reste un roman fondateur d’un genre entier, il existe peu d’œuvres qui peuvent s’en prévaloir et ne serait-ce que pour ça, c’est intéressant à lire
18.01.2025 à 18:11
Le Pèlerin enchanté, Nikolaï Leskov (1879)
Tagrawla Ineqqiqi
Texte intégral (954 mots)
Il est probable que vous ayez déjà entendu parler de Nikolaï Leskov pour son œuvre plus célèbre Lady Macbeth du district de Mtsensk qui inspira l’opéra du même nom à Chostakovitch, opéra qui fâcha Staline tout rouge. Si non, je vous conseille d’y jeter une oreille, mais c’était juste pour situer et parce qu’on a rarement l’occasion de causer de Chostakovitch que j’aime beaucoup. Bref.
Nikolaï Leskov a une particularité par rapport à la plupart des auteurs russes de la même époque : s’il est issu de la toute petite noblesse sans terre ni serf, il a surtout grandi loin de Moscou et Petersbourg, à la campagne, et plutôt proche du commun des mortels que de la grande bourgeoisie, si bien que ses récits ne se passent pas dans les salons à la mode de l’époque et nous permettent de jeter un œil sur la Russie rurale du XIXe siècle. Et non seulement ça ne fait pas envie, mais ça explique des trucs.
Le Pèlerin enchanté prend la forme d’un conte et est construit comme le serait une histoire qu’on raconte à l’oral : pas tout à fait décousue mais pas absolument linéaire. Sur un bateau, un homme d’âge mûr porte la robe de novice d’un couvent (les couvents ne sont pas forcément féminins, en tout cas chez les orthodoxes), ce qui intrigue les autres passagers qui le questionnent. Le pèlerin va donc raconter son histoire pleine de superstitions, d’aventures, de fêtes, de chevaux, d’alcool, d’errance et de meurtres avant qu’il n’entre au couvent, donc, ce qui était sa destinée première selon la superstition qui précède un sort qui lui a été jeté.
Je suis presque sûre que pour un Russe du XIXe siècle, il y a de l’humour là-dedans, mais pour une occidentale du XXIe siècle, que de violence ! Le narrateur commence par expliquer comment il dresse les chevaux et on a beaucoup de peine pour les pauvres bêtes, peine vite éclipsée par le sort réservé aux enfants. L’histoire se déroule avant l’abolition du servage (qui n’a lieu qu’en 1861, en tout cas sur le papier) si bien qu’on découvre la réalité quotidienne faite de châtiments corporels des serfs en général et des jeunes orphelins en particulier. Evidemment, le narrateur fuit sa condition, mais pour se retrouver esclaves chez les Tartares, moyen pour l’auteur de parler de la Russie qui n’est pas d’ethnie russe et qui est musulmane de religion, avec le même genre de fascination raciste que les orientalistes chez nous à peu près à la même époque. Plus tard l’auteur aura un peu plus de considérations pour les tziganes.
Ne vous méprenez pas : Le Pèlerin enchanté est très bien écrit et très instructif à lire. Mais si on l’ignorait avant, on découvrira avec ce récit que la vie en Russie n’est pas la vie chez nous à époque comparable. Et la Russie des campagnes décrites par Leskov n’est pas non plus celle des salons où l’on parle français de Tolstoï. Et c’est justement ce qui est intéressant.
Et puis, il y a cette conclusion, si éclairante – oui je vais spoiler, mais ça n’a rien de grave si vous avez l’intention de le lire, même si je doute sérieusement de pouvoir convaincre quelqu’un de le faire de toute façon. Ce pèlerin, absolument superstitieux autant que pieux, ce qui est courant pour un Russe, rangé d’une vie d’aventure et semblant avoir trouvé la paix n’aspire pourtant qu’à une chose : que surgisse une guerre, car il n’a qu’une envie, celle de « mourir pour le peuple ». Et vous avouerez que dans le contexte actuel, ça semble quand même éclairer un paquet de trucs.
10.01.2025 à 09:47
Viande, dystopie cannibale.
Tagrawla Ineqqiqi
Texte intégral (645 mots)
Viande est une dystopie tchèque qui a commencé sa vie sous forme de samizdat, c’est à dire publiée clandestinement dans le bloc soviétique, au début des années 80, pour réapparaître récemment traduite en français. C’est assez court et ça se lit d’autant plus vite qu’on a du mal à s’arrêter de lire et, pire, d’arrêter d’y penser une fois qu’on la lue.
Voilà le décor : de société, il ne reste pas grand-chose, et de vie, encore moins. Dans une ville en effondrement permanent, tout ce qu’il reste à manger, c’est autrui. Dès lors la vie se résume à manger l’autre ou être mangé par l’autre. Tout est régi par l’alliance des bouchers et des policiers. Quiconque contrevient à une règle est immédiatement abattu et apporté sur les étals des halles de première classe. Au fur et à mesure de son pourrissement, la viande non achetée ira ensuite sur l’étal de seconde puis de troisième classe. Pour obtenir de la viande, il faut des tickets et pour obtenir des tickets il faut avoir un logement. Ceux qui n’ont pas de ticket peuvent s’essayer à l’abattage au noir, au risque d’être abattus eux-mêmes.
Dans ce monde, tout rassemblement est interdit, deux personnes marchant côte à côte étant un rassemblement. Il n’y a pas de dialogue puisqu’il est interdit de se parler. Nous cheminerons donc dans les rues et dans les halles depuis les pensées du personnage principal, qui n’a évidemment pas de nom et une seule obsession : obtenir de la viande.
J’ai commencé par me dire que l’écriture avait quelque chose de répétitif, mais c’est juste que le personnage est complètement obsessionnel. En réalité, le style est d’une efficacité redoutable pour le sujet traité. Comment cette dystopie a pu ne pas se retrouver avec les classiques du genre ? Parce qu’évidemment, c’est un livre profondément politique, pensé et écrit comme tel. Conçu pour dénoncer la politique soviétique, on est épouvanté de constater à quel point ça fonctionne très bien pour parler du présent. L’isolement, la déshumanisation, et pire que tout : l’adhésion au système existant, c’est aussi génial qu’insupportable. Mais pas non plus absolument dénué d’espoir, contre toute apparence.
Je ne peux que recommander très vivement la lecture de Viande, tout en prévenant que ça va vous hanter pendant un bon moment.
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