22.07.2025 à 11:00
Ahmed Al-Sharaa se moque-t-il des Syriens ?
La chute du régime d'Assad le 8 décembre 2024 a été une incontestable libération pour des millions de Syriens, qui sont sortis de manière soudaine et inattendue de cinquante années de barbarie totalitaire ayant transformé la Syrie en un champ de ruines doublé d'un archipel concentrationnaire depuis lesquels plusieurs centaines de milliers de civils ont disparu ou été contraints à l'exil. Par Interstices Fajawat
Texte intégral (831 mots)

La chute du régime d'Assad le 8 décembre 2024 a été une incontestable libération pour des millions de Syriens, qui sont sortis de manière soudaine et inattendue de cinquante années de barbarie totalitaire ayant transformé la Syrie en un champ de ruines doublé d'un archipel concentrationnaire depuis lesquels plusieurs centaines de milliers de civils ont disparu ou été contraints à l'exil. Par Interstices Fajawat
Une libération, pas une révolution
Dès le 9 décembre, Ahmed al-Sharaa s'est autoproclamé leader de la nouvelle Syrie, rejetant catégoriquement toute forme de partage du pouvoir, de décentralisation et de fédéralisme, tout en prenant soin de ne jamais employer le terme démocratie, avant de déclarer dans un entretien à Syria TV le 15 décembre – soit seulement une semaine après la chute d'Assad – qu'il était désormais « crucial d'abandonner la mentalité révolutionnaire ». Il est légitime de se demander alors : Quand est-ce que Al-Sharaa a été révolutionnaire ?
Le 29 décembre, Al-Sharaa a affirmé qu'aucune élection ne pourrait se tenir avant quatre ans, ce qui est entendable au regard de la situation déplorable de la société civile syrienne, mais ne rassure pas du tout venant d'une personne qui rejette le concept même de démocratie, quelle que soit sa forme. Il a annoncé simultanément l'adoption à venir d'une nouvelle constitution lors d'une hypothétique conférence nationale du dialogue qui viendrait clore la période de transition. A ce stade, les plus optimistes attendaient encore de voir venir.
Le 29 janvier, Al-Sharaa a été nommé président de la République Arabe Syrienne par le Commandement Général Syrien (incarné par lui-même) à l'occasion d'une « Conférence de la Victoire ». La constitution Syrienne et toutes les institutions héritées du parti Baath et de la dictature d'Assad ont été consécutivement abolies. Personne ne les regrettera.
Le 12 février, Al-Sharaa a constitué un comité préparatoire de 7 membres[1] pour organiser la Conférence Nationale du Dialogue, qui a été préparée en 10 jours et s'est ouverte le 24 février. Elle a réuni 600 personnes – dont un grand nombre avaient été invitées moins de deux jours plus tôt par sms – et a exclu toute représentation de l'Administration Autonome du Nord-Est Syrien et des Forces Démocratiques Syriennes. Les discussions n'ont duré qu'une journée et n'ont objectivement abouti sur rien, si ce n'est réaffirmer superficiellement les nécessités déjà formulées par tous : la justice transitionnelle, le respect des libertés publiques et politiques, le rôle des organisations de la société civile dans la reconstruction du pays, la réforme constitutionnelle et institutionnelle, le respect de la souveraineté nationale, le monopole d'État sur les armes. A cela s'est ajouté une déclaration symbolique condamnant l'incursion israélienne.
Le 2 mars, Al-Sharaa a constitué un comité de 5 membres[2] chargé de rédiger une proposition de constitution, qui a été élaborée en 10 jours et adoptée le 13 mars pour une période transitoire de 5 ans. Celle-ci impose que le président soit de confession musulmane et fait de la jurisprudence islamique un pilier du droit constitutionnel, tout en s'engageant à « protéger les minorités » comme s'y était par ailleurs engagé Bachar al-Assad. Quatre jours plus tard, plusieurs centaines de civils Alaouites étaient massacrés sur la côte.
Le 29 mars, Al-Sharaa a dissout le Gouvernement provisoire mené par le premier ministre Mohammed al-Bashir pour instituer à sa place un Gouvernement de Transition et nommer 23 ministres[3], dont neuf sont issus de HTS. La société civile insistait sur le respect de la diversité et les droits des femmes, Al-Sharaa a donc nommé la seule femme du gouvernement, également chrétienne, au poste de ministre des affaires sociales. Il aurait voulu se montrer cynique qu'il n'aurait pas mieux fait. Par ailleurs, tous les ministres sont désormais nommés directement par le président, tandis que la position de premier ministre a été supprimée. Précisons qu'un régime présidentiel sans premier ministre n'est pas très différent d'une monarchie.
En moins de trois mois, Ahmed al-Sharaa a donc réussi subtilement et sans opposition à s'imposer comme chef d'État, implémentant un régime présidentiel qu'on peut qualifier d'autocratique.
22.07.2025 à 10:00
Soirée publique Guerre à la Guerre : Lutter contre la propagande de guerre (Arpentage - Repas - Projection)
C'est l'été mais la lutte continue ! En France, Macron et Bayrou annoncent l'accélération de la fuite en avant militariste ; en Palestine, le génocide continue de se perpétuer. Nous vous invitons donc à nous rejoindre pour une soirée publique que Stop Arming Israël France co-organise, à l'EDMP, dans le cadre de la coalition Guerre à la Guerre, le jeudi 24 juillet à partir de 17h30.
Texte intégral (575 mots)

C'est l'été mais la lutte continue ! En France, Macron et Bayrou annoncent l'accélération de la fuite en avant militariste ; en Palestine, le génocide continue de se perpétuer. Nous vous invitons donc à nous rejoindre pour une soirée publique que Stop Arming Israël France co-organise, à l'EDMP, dans le cadre de la coalition Guerre à la Guerre, le jeudi 24 juillet à partir de 17h30.
💥 Soirée publique : Lutter contre la propagande de guerre 💥
Arpentage - Repas - Projection

« Aggravation des menaces », « monde dangereux et incertain », « conflit de haute intensité sur le sol européen dans les trois à quatre années à venir »… Dans son discours aux armées du 13 juillet dernier, Macron donne le ton. Pour justifier les coupes budgétaires au profit de l'augmentation massive des budgets militaires, la course à l'armement, l'embrigadement de la jeunesse, le soutien inconditionnel aux régimes répressifs et génocidaires, une propagande bien rodée se met en place. Pour y résister, à nous d'apprendre à la reconnaître, à la comprendre et à lutter contre.
📌 Jeudi 24 juillet, 18h - 23h
À l'EDMP, 8 impasse Crozatier 75012
💸 Entrée à prix libre en soutien à la coalition Guerre à la guerre, amenez du cash !
17h30 : Ouverture des portes
18h - 19h30 : Arpentage
📖 Principes élémentaires de la propagande de guerre - Anne Morelli
Dans ce livre, Anne Morelli décrit les mécanismes essentiels de la propagande moderne utilisée aussi bien durant la Première Guerre mondiale qu'au cours de conflits plus récents.
19h30 - 20h30 : Repas en soutien à la coalition Guerre à la guerre
20h30 - 22h30 : Projection - débat
🎬 Israelism - Erin Axelman
Élevés dans la défense inconditionnelle de l'État d'Israël, Simone et Eitan, deux jeunes juifs américains, remettent en question tout ce qu'ils pensaient savoir après avoir vu la réalité de la vie en Cisjordanie. Un documentaire qui met en lumière la propagande de guerre israélienne, et celles et ceux qui apprennent à en sortir.
22.07.2025 à 09:00
Journée de soutien aux jeunes Mineurs non accompagnés de la la friche des trois communes.
Rendez vous le Samedi 26 juillet de 13h à 22h sur la friche des trois communes , au 91 boulevard de la Boissière à Noisy le sec.
Lire la suite (374 mots)

Rendez vous le Samedi 26 juillet de 13h à 22h sur la friche des trois communes , au 91 boulevard de la Boissière à Noisy le sec.
Depuis décembre 2024, nous avons transformé une dalle de béton en un lieu d'accueil inconditionnel. Une vingtaine de mineurs non accompagnés fréquentent quotidiennement le lieu pour partager un repas, se reposer un peu, avancer sur leurs démarches administratives, participer ou proposer une activité.
Tout cela nous demande beaucoup de temps, d'énergie et d'argent et c'est pour cela que nous organisons un grand évènement de soutien le samedi 26 juillet.
Au programme :
13h - ouverture des portes
16h-17h - Atelier crique pour grands et petits
19h - cantine à prix libre
22h - fermeture
et toute l'après midi :
Coiffeurs et barbeurs
Permanence cimade
Braderie et T-shirts sérigraphiés
Bourse aux vélos
Jeux pour enfants et piscine
Alors à samedi ! et n'hésitez pas à nous suivre sur instagram : https://www.instagram.com/communefriche/

21.07.2025 à 10:00
Quid du désarmement du hezbollah ?
Tentative d'analyse de l'actualité libanaise, par un libanais libertaire
Texte intégral (2834 mots)

Tentative d'analyse de l'actualité libanaise, par un libanais libertaire
Mon point de vue est situé depuis la France. J'ai quitté le Liban depuis longtemps, fuyant le racisme inter-communautaire, les armes et l'impossibilité d'y vivre décemment. J'y ai néanmoins encore des attaches et j'y retourne ponctuellement. Mais je ne saurais sans doute plus y vivre, même si parfois l'envie me prend d'y retourner, notamment pour participer au luttes sociales. Néanmoins, je vis ici, je lutte ici, donc je reste ici :) Je ne fais partie d'aucune orga en particulier, mais je suis assez actif dans la mobilisation pour la Palestine depuis longtemps et particulièrement depuis le 7 octobre.
Bref, ça c'est pour le contexte et préciser de quel point de vue je me place.
Ce texte part des contradictions que j'éprouve face à la nécessité d'une démilitarisation en général et qu'on revendique notamment vis-à-vis de l'État d'Israël, mis en balance avec l'actualité libanaise de désarmement du Hezbollah.
Qu'on soit clair, je suis anar et donc luttant contre toute forme de pouvoir.
Néanmoins jusqu'à l'entrée en guerre du Hezbollah contre la révolution populaire syrienne, j'ai toujours considéré le Hezbollah comme un acteur de la résistance libano-palestinienne face à la domination coloniale. Aujourd'hui, je n'oublie pas le rôle qu'il a joué en Syrie, et je garde beaucoup d'amertume par rapport à cette intervention qui allait à l'encontre de ce qu'il dit représenter... Je ne l'ai, pour autant, jamais considéré comme une groupe terroriste, mais je ne le rejette pas en bloc, ni ne le soutiens particulièrement.
D'un autre côté, l'armée d'occupation israélienne est en roue libre depuis presque 2 ans que ce soit en Palestine, particulièrement à Gaza, en Iran, au Liban, mais aussi en Syrie. Évidemment en ce moment mes premières pensées vont toujours à la Palestine et aux Palestinien·nes. Mais les actus les plus récentes en Syrie et au Liban sont particulièrement inquiétantes puisque l'armée israélienne s'autorise à bombarder au petit bonheur la chance, et maintient une pression énorme. La situation dans son ensemble est critique, et si les régions de Chebaa et du Golan sont occupées depuis bien longtemps, on ne sait pas où s'arrêteront, vu le contexte, les envies coloniales israéliennes.
À partir de là, j'aimerais tenter une analyse des mécanismes à l'œuvre dans les négociations pour ce désarmement.
Récemment j'ai participé à une discussion sur la question des armes, et à plusieurs reprises l'exemple de l'Ukraine est revenu dans les débats.
Qu'on considère le Hezbollah comme une organisation de la résistance ou comme un parti terroriste, on peut faire le parallèle avec les armes envoyées en Ukraine par les puissances internationales, supposément pour une armée nationale mais qui finissent aux mains de soldats d'extrême droite.
La manière de faire des États-Unis rappelle aussi beaucoup l'armement des révolutionnaires syriens face au régime, puis des kurdes face à daesh. La différence au Liban, c'est qu'il s'agit non pas d'une militarisation en cours mais d'un désarmement. Néanmoins, la dynamique me semble similaire.
Ce qui me frappe particulièrement dans cette manière de faire c'est l'ingérence flagrante dans les conflits en cours. Il s'agit pour eux de se placer en alliés avec un discours suggérant que c'est pour le bien des pays, pour la paix, etc.
Pour clarifier un peu la situation, en ce moment, Tom Barrack, émissaire américain, met la pression sur le gouvernement libanais pour obtenir un désarmement total du Hezbollah dans le cadre du cessez-le-feu entre le Liban et Israël. Il faut quand même savoir que le désarmement du Hezbollah n'était pas un pré-requis du cessez-le-feu de novembre 2024... les négociations établissaient le fait que le Hezbollah devait, tout comme Israel, se retirer du sud-Liban pour laisser place au déploiement de l'armée libanaise et de la finul. Cessez-le-feu, qu'évidemment Israel ne respecte en rien…
Plus précisément, l'histoire du désarmement au Liban remonte à la fin de la guerre civile avec les accords de Taëf, puis des résolutions de l'ONU suite à la guerre de 2006. Pourtant, ce désarmement est supposé être corrélé à un désengagement total de l'armée occupante du territoire libanais, y compris sur les fermes de Chebaa qui doivent être restituées, ce que le gouvernement israelien refuse en bloc depuis tout ce temps.
L'émissaire, donc, suggère que la condition ultime au retrait des troupes israeliennes et l'arrêt des bombardements, serait le désarmement total du Hezbollah, mais il intègre aussi dans sa feuille de route des demandes des réformes économiques... Évidemment les bombardements qui y sont associés donnent un sentiment d'urgence à la classe politique libanaise, et font pencher la balance de l'opinion publique dans le sens du désarmement.
Comment ne pas y voir un énième coup fourré évident ?
Comment ne pas considérer ces revendications américano-israeliennes comme une nouvelle ingérence directe dans la politique libanaise ?
Au Liban, on a toujours eu l'habitude de voir la France nous dire quoi faire et comment, et toujours conditionner son aide à une contrepartie plus ou moins fumeuse.
Là, alors que la principale force armée de la région dispose d'un des meilleurs arsenaux au monde, ils font un pataquès de 2 lances-roquettes et 3 drones. Après la destruction totale des capacités iraniennes et le coup d'état en Syrie, le Hezbollah a perdu ses principaux alliés, ils n'ont plus aucune capacité militaire, ils n'ont rien pu faire pendant les bombardements en Iran (je dis pas que j'aurai préféré ça, hein, c'est juste un constat).
Donc, on peut assez facilement voir que la condition du désarmement du Hezbollah ressemble plus à un prétexte, pour faire pencher la balance en interne au Liban, contre le Hezbollah, en le faisant passer pour responsable de la poursuite des attaques israeliennes. Et ça passe, sans pour autant amener de garantie que la mise en application de ces conditions amène à la mise en application de leurs propres engagements (la fin des bombardements et le retrait des troupes au sud Liban).
Ce n'est pas tant le désarmement en tant que tel qui serait problématique, mais plutôt les modalités dans lequel les « négociations » se déroulent. La violence quotidienne de l'armée israelienne associée aux pressions américaines, ne peuvent pas être considérées comme des négociations. Des négociations supposeraient que les deux parties sont sur un pied d'égalité, ce qui n'est évidemment pas le cas.
Et effectivement, la réaction libanaise va complètement dans ce sens. Le silence du gouvernement libanais en ce qui concerne les attaques israéliennes au Liban, associé à la mise en place d'un processus de désarmement du Hezbollah correspondant aux demandes des États-Unis, en est à mon sens un assez bon exemple. Globalement les discours et les débats parlementaires sur la question cherchent à donner l'illusion d'une maîtrise de la situation, mais c'est pour moi assez clair que le gouvernement est totalement dépassé par les « demandes » (qui ressemblent plutôt à des ordres) américano-israeliennes !
Alors à quoi sert le désarmement du Hezbollah ? La principale raison que j'y vois est d'ordre économique. Tout d'abord parce que la feuille de route de Tom l'américain le mentionne, mais aussi parce qu'obtenir la démilitarisation du Hezbollah, c'est aboutir à la militarisation du Liban. À l'heure actuelle, l'armée libanaise ne vaut pas grand chose, et j'imagine bien Donald Trump se dire qu'il va pouvoir vendre plus facilement des armes au Liban, pour faciliter la répression au Liban à l'heure où la population fait face à de plus en plus de précarité par exemple. J'extrapole sans doute un peu trop, mais c'est pourtant ce qui s'est passé en Irak et en Afghanistan, où les armées nationales dépendent aujourd'hui presque totalement des États-Unis.
De ce fait, il me semble qu'à terme, le processus en cours ressemble donc plus à une tentative de mise sous tutelle du gouvernement libanais par les États-Unis. Mais avant d'en arriver là, et une fois que le Hezbollah aura désarmé, quand de nouvelles demandes ne seront pas acceptées par le Liban, que se passera-t-il ? Je pense par exemple au statut des fermes de Chebaa, ou des camps de réfugié·es Palestien·nes. Et avec la menace que les bombardements reprennent, l'État libanais se retrouvera contraint d'abandonner au profit d'Israel et cela pourra se poursuivre indéfiniment... Bref, la poursuite du projet colonial. Jusqu'à aboutir à la Paix et à "normalisation", selon ce qu'Israel donne l'air de souhaiter, c'est-à-dire, la reconnaissance d'Israel par le Liban, et la mise en place de relations diplomatiques et économiques entre les deux pays. Pour l'instant, il me semble que ça reste encore assez improbable d'en arriver là, tant du côté des politiques libanais que de la population, puisqu'Israel est toujours considéré comme un ennemi et qu'on reste en état de guerre depuis 35 ans, notamment pour la restitution des fermes de Chebaa qui semble toujours importante aux yeux des libanais·es.
Si je parle ici de ce qui se passe au Liban en particulier, je pense aussi à la Syrie qui n'a pas les mêmes problématiques mais fait néanmoins face à la même stratégie israelienne. Je ne suis pas assez au fait de l'évolution de la situation en Syrie ces derniers mois, mais l'exemple de l'ingérence israelienne dans les combats qui ont eu lieu à Soueïda ces derniers jours (ville à majorité Druze où des conflits armés ont eu lieu entre combattants Druzes et Bédouins, dans le sud du Pays), me semble correspondre à cette stratégie. Netanyahu a justifié cette intervention pour soi-disant protéger les Druzes… tout en parlant de « normalisation ». Ce qui aboutira nécessairement à des divisions internes telles, qu'Israel pourra trouver des alliés et des relais en Syrie pour imposer ses orientations. D'ailleurs, des conséquences pourraient aussi retomber sur le Liban puisque la communauté Druze y est aussi très importante.
Bon et maintenant, en tant qu'anar et anti-militariste, où peut-on se placer là-dedans ? Et quel discours pouvons-nous avoir ?
Est-ce souhaitable que le Hezbollah continue à avoir des armes et les utilisent contre Israel quand le Liban subit une agression militaire ? Est-ce une bonne choses qu'il se retrouve isolé militairement ? Comment peut-on lutter contre la domination israelienne sans armes ? Les libanais·es se retrouveront-iels à lancer des pavés sur des chars d'assaut à la prochaine agression israelienne ?
Je n'ai pas vraiment de réponse claire sur ces questions, mais j'ai quand même quelques éléments qui me viennent un peu intuitivement en tête. Et je reste très partagé sur ces questionnements.
D'un côté, je considère le fait que le Hezbollah se soit appuyé sur les régimes iraniens et syriens, comme très problématique d'une part à cause de ce qu'ils ont fait/font encore subir à leurs propres populations, et d'autre part, parce qu'il s'agit aussi d'une forme d'ingérence extérieure et donc de dépendance qui est de fait aujourd'hui mise à mal. Une dépendance finalement assez similaire à ce qui s'est passé pour les kurdes ou les ukrainiens qui dépendent du bon vouloir des puissances "alliées".
Malgré tout, Israel semble toujours avoir peur du Hezbollah. et même s'ils sont déjà en roue libre, je ne vois pas ce qui pourrait les empêcher d'aller plus loin, si le Hezbollah est effectivement désarmé.
En réalité, c'est assez difficile d'évaluer la force de frappe actuelle du Hezbollah. D'un côté, il est très clair qu'il est ressorti très affaibli de la guerre, en terme de pertes humaines bien sûr mais aussi de ses principales ressources militaires. Et de l'autre côté, la volonté renouvelée avec autant de force de le désarmer renforce cette impression de peur du Hezbollah actuel. Alors peut-être qu'Israel a simplement peur que, sur le long terme, le Hezbollah puisse effectivement reconstituer sa puissance militaire, et qu'ils veulent profilter d'un affaiblissement temporaire pour en finir dès à présent. Mais comme je le disais précédemment, sans le Hezbollah, s'ils décident de réoccuper le sud Liban, voire de lancer de nouvelles incursions pour viser les camps de réfugié·es Palestinien·nes, on s'en mordra peut être les doigts.
Je ne me fais pas d'illusion, je pense que les États-Unis et Israel arriveront à leurs fins à minima. Si la "normalisation" soit-disant attendue par le gouvernement israelien est encore loin, je pense que le Hezbollah ne pourra pas garder ses armes et se verra contraint de se désarmer. Leur isolement politique actuel n'est pas tenable sur le long terme.
Et pourtant, face à la puissance des armes israelo-américaines, et bien, qu'on ait des pierres, trois fusils ou 4 missiles ne changera sans doute pas la donne. Dans ce contexte, la puissance de frappe qu'on pourra éventuellement obtenir (avec ou sans Hezbollah) n'est pas déterminante tant le déséquilibre est important.
Alors c'est à partir de là que mon positionnement de libertaire anti-militaristo-internationaliste reprend le dessus, et en même temps, je flippe grave de ce qui risque de se passer ces prochaines semaines/mois. Si un jour, les Libanais·es doivent se battre avec des pierres, et bien soit, c'est ce qui se passera, et ce sera aux côtés des Palestinien·nes. Du moins pour certain·es d'entre elleux, car d'un côté les libanais·es sont très divisé·es du fait des tensions inter-communautaires, et d'un autre, il y a depuis de trop nombreuses années, une animosité croissante entre les réfugié·es Palestinien·nes et les Libanais·es (les premièr·es reprochant aux second·es, à juste titre, le racisme grandissant, notamment de la part de l'extrême droite chrétienne qui se renforce d'années en années, et les second·es considérant les premièr·es comme responsable des 15 ans de guerre civile, et de tout un tas d'autres problèmes). Pour autant, depuis 2 ans, on a pu voir un soutien quasi unanime des Libanais·es avec la Palestine et on peut espérer que les une·es et les autres sauront faire face aux tentatives nouvelles de divisions qui seront nécessairement mises en œuvre. Et ce sera aussi au côté des Syrien·nes, des Iranien·nes qui risquent à terme de se retrouver eux aussi confrontés à l'impérialisme israelien.
Quoi qu'il arrive avec les armes du Hezbollah, on ne peut pas se contenter de regarder passivement la situation. Laisser faire, reviendrait à accepter le projet colonial israelien, et c'est malheureusement ce qui est entrain de se passer au liban.
Alors peut-être qu'il faut qu'on arrête de compter sur ces États… comptons sur nous-même et nos soutiens décoloniaux et anti-militaristes, pour notre auto-determination !
PS : je n'ai pas mis les sources des infos, mais vous pouvez aller fouiller sur :
- le journal l'Orient-le-jour (journal soc-dem intello-laicard libanais, façon le monde / libé)
- libnanews j'ai pas encore bien capté leur positionnement et ils citent pas toujours leurs sources donc c'est un peu chelou,
- middleeasteye.net en anglais très complet, par contre la version française est pas souvent mise à jour
- wikipédia pour les accords de Taëf et les différentes résolutions de l'ONU
20.07.2025 à 13:12
20 juillet 2001 : Carlo Giuliani est tué par la police au contre-sommet du G8 de Gênes
Cet article revient sur le déroulé du contre-sommet du G8 de Gênes.
En pleine période altermondialiste ce contre-sommet marqua un tournant tant dans la répression de ce genre d'événement que dans l'histoire du mouvement.
Texte intégral (6328 mots)

Cet article revient sur le déroulé du contre-sommet du G8 de Gênes.
En pleine période altermondialiste ce contre-sommet marqua un tournant tant dans la répression de ce genre d'événement que dans l'histoire du mouvement.
Le contexte
En novembre 1999, à Seattle (USA) le sommet de l'Organisation mondiale du commerce est annoncé comme « historique ». Il doit sceller la puissance du capitalisme sur l'URSS tombée quelques années plus tôt. Mais le sommet officiel est très largement perturbé par des manifestant·e·s varié·e·s mais offensifs. C'est le début d'une nouvelle séquence de lutte qu'on appellera plus tard altermondialiste. Hétérogènes, ces manifestant·e·s s'opposent à l'ultralibéralisme, au changement climatique, à la spéculation financière et à la dette des pays émergents, et pour certains au capitalisme tout simplement. Un slogan relativement partagé de l'époque est « un autre monde est possible ».
En Europe, quelques contre-sommets significatifs sont organisés comme celui de Prague en septembre 2000 contre le Fonds monétaire international. Un mois avant Gênes, lors d'un sommet de l'Union européenne à Göteborg en Suède, un policier tire sur un manifestant et le blesse gravement. Le contre-sommet de Gênes arrive donc dans un contexte de montée en puissance de la contestation des règles du jeu des puissants. C'est tout à la fois une critique écologique, économique et politique des institutions qui (dé)régulent et gèrent le monde. Pour saisir aussi l'ambiance de l'époque il est alors globalement admis que les tactiques différentes de manifestations pouvaient « cohabiter » (non sans d'interminables polémiques stériles sur la violence et la non-violence) dans les mêmes rassemblements internationaux, à condition d'annoncer la couleur avant : « black », « pink », « rouge », « vert », etc.
Grâce à l'internet naissant, les groupes peuvent se coordonner comme jamais jusqu'ici.
Le contre-sommet de Gênes arrive aussi dans un contexte national particulier. En Italie, la répression contre les militants de la gauche radicale n'est pas encore un lointain souvenir et les années sanglantes du long Mai rampant ne se sont pas totalement estompées. [1]
Quelques mois avant le G8, Berlusconi arrive pour la première fois au pouvoir avec une coalition regroupant aussi de petits partis fascistes. Le sommet de Gênes semble être le parfait terrain pour un affrontement entre la gauche radicale italienne et la droite extrême de Berlusconi.
Dans les semaines qui précèdent le sommet, la tension monte en Italie et à Gênes en particulier. Plus les jours se rapprochent et plus l'occupation policière s'intensifie au point de mécontenter grandement les habitant·e·s. Les accords de Schengen sur la libre circulation des personnes en Europe sont levés. Les gares de Gênes sont fermées. Une zone rouge est dessinée dans les rues de la ville et matérialisée par une grille métallique de plusieurs mètres de hauteur. Cette zone est réservée au sommet officiel et aux résidant·e·s. Une grande zone jaune qui prend la moitié de la ville est interdite de toutes manifestations.
Quelques jours avant le sommet, des colis piégés explosent dans des casernes. Des perquisitions se multiplient et les flics fouillent et menacent les personnes qui semblent être altermondialistes. L'État italien fait savoir par la presse qu'il a commandé 200 sacs mortuaires qui sont stockés dans une morgue de la ville… La veille de l'ouverture du Genoa Social Forum [2] la tension est grande.

Le contre sommet de Gênes
Le 19 juillet se déroule une manifestation unitaire de plusieurs milliers d'altermondialistes en soutien aux migrant·e·s. La consigne de ne pas faire déborder cette manifestation en raison de la présence de nombreux sans-papiers est respectée. De gros sound systems sont dans les rues sur le mode Reclame the street. [3] L'ambiance est festive, sans trop de présence policière. Des conteneurs ont été installés en travers de certaines rues pour compléter la grille de la zone rouge. La manif est un succès.

Le 20 juillet c'est la journée annoncée comme la plus offensive. Les groupes sont libres d'exprimer la diversité des tactiques de luttes. Il y a par conséquent plusieurs manifestations et rassemblements dans la ville ce vendredi. L'idée générale qui domine c'est de s'approcher au plus près de la zone rouge et de la prendre d'assaut si cela est possible.
Quelques pôles :
Les syndicats de bases autonomes, les Cobas, manifestent tout à l'ouest de la ville, loin des affrontements à venir.
Piazza Manin est un lieu de rassemblement autorisé ce 20 juillet à Gênes. Des militants non violents (genre chrétiens de gauches) tiennent un sitting sur la place à plusieurs centaines de mètres de la zone d'exclusion. Ils et elles ont les mains peintes en blanc.
Attac et cie se retrouvent devant la grille de la zone rouge à piazza Dante pour contester de manière pacifique et symbolique. Ils se feront tout de même repousser avec des lances à eau.

Le matin, un black bloc [4] regroupant plusieurs centaines de personnes occupe les rues du centre. Le black bloc semble délaisser la zone rouge et se concentre dans la zone jaune. Corso Torino, banques et symboles du capitalisme sont systématiquement attaqués. Des rues sont dépavées et les affrontements avec la police commencent. Des voitures sont incendiées, dont des voitures de police. Les affrontements sont cependant relativement épars et la police recule de nombreuses fois. En cours de journée, le black bloc se divise en plusieurs groupes dans la ville. Certains reviennent vers le centre de convergence dans le sud de la ville, d'autre s'affrontent à la mi- journée vers la gare de Brignolle. Une partie du bloc attaque une prison dans le nord de la ville avec des molotovs, puis il avance avec la police sur les talons en direction de la piazza Manin dans l'après-midi.

Au même moment, un pink bloc [5] de plusieurs centaines de personnes avec comme slogan « ni héros, ni martyres, ni machos » se faufile dans les rues au nord de la zone rouge et parvient par surprise à s'approcher des grilles piazza Corvetto. Vers 15h, des grappins prévus à cet effet sont lancés contre les grilles et les manifestant·e· tirent sur les cordes. Malheureusement ou très heureusement [6] les maillons de la grille lâchent avant les structures. La grille reste en place et la pression des lacrymogènes et des lances à eau se fait plus forte. Ce cortège reflue lui aussi en direction de piazza Manin dans un ordre relatif.

De l'autre coté de la ville s'élance l'immense cortège des tute bianche [7] et des désobéissants. Ce sont 15 000 à 20 000 personnes, dont plusieurs milliers équipés de boucliers en plexiglas, de mousse sur les avant-bras et de casques de moto qui part du stade Carlini à plus de 3km de la zone interdite de manifestation (la fameuse zone jaune). Le cortège est massif, déterminé, les sonos des camions lancent des « sans armes, sans pierres, sans bâtons ». Le cortège se veut offensif, mais dans une logique de désobéissance civile radicale. Aussi la stratégie retenue était de repousser les policiers le plus loin possible grâce à d'immenses barrières de plexiglas mobiles qui devaient servir de tampons entre les carabinieri et les manifestant·e·s.

Dans l'après-midi c'est déjà pas mal le chaos. Au nord de la zone rouge, la piazza Manin, seuls lieux autorisés pour un rassemblement et occupés par des pacifistes et des reliquats du pink bloc, se fait très violemment charger. Des personnes gisent dans des flaques de sangs. C'est un ballet d'ambulances incessant. Le black bloc qui avait traversé la place quelques minutes avant en provenance de la prison pour mineur de Marassi a continué son chemin et s'est dispersé plus loin sans oublier d'incendier nombre de voitures.

De l'autre côté, les désobéissants se font très violemment charger avec des camionnettes ou des blindés. Ils sont encore loin de la zone interdite, mais la police a décidé d'attaquer très tôt.
Dans un premier temps, le cortège encaisse. Mais sous les coups de pressions répétés (comprendre charges ultraviolentes) la tête commence à se désagréger et la colère à monter de plus en plus dans les cœurs des dizaines de milliers de manifestant·e·s. Il est clair que tenir l'assaut policier sans violence et sans pierres ne sera pas possible aujourd'hui. Alors la situation dégénère complètement.
Pendant des heures, ce sont des charges et des contres-charges. Via Tolemaide, des véhicules et une colonne de carabinieri doivent reculer dans la panique. Un militaire sort son arme de poing. Des véhicules militaires sont abandonnés, pillés puis incendiés. On verra des grenades lacrymos tirées en direction des policiers par des manifestants.


Du côté policier c'est la férocité en tous lieux. Les personnes qui ont le malheur de se retrouver à portée de matraques se font littéralement éclater. Hommes, femme, vieux ou jeunes : aucune pitié ! Des dizaines et des dizaines de personnes baignent dans leur sang, les sirènes d'ambulances sont constantes. Plusieurs personnes sont inconscientes au sol. Une sorte de « climat chilien » s'installe dans les rues. Le centre de convergence est attaqué, des blindés légers sont dans les rues. La situation en de nombreux points de la ville est incontrôlable. Depuis le matin, le bruit des hélicoptères de la police est permanent. Des centaines de personnes sont arrêtées dans la rue, ou à l'hôpital… Ces personnes sont emmenées dans des lieux réquisitionnés par la police, dont la sinistre caserne de Bolzaneto. [8]

Vers 17h, les combats de rues continuent. Déjà, des coups de feu ont été entendus. Une femme s'est fait renverser dans une charge de blindé, elle est dans le coma. La situation est confuse et le cortège principal des désobéissants a implosé dans le quartier du Corso Torino. Des membres du black block et d'autres tendances ont rejoint le cortège des désobéissants.
Lors d'une contre-charge de manifestant·e·s, une jeep des carabinieri se retrouve coincée et prise à parti par des émeutiers. À 17h26, Carlo Giuliani, génois de 23 ans, prend une balle en pleine tête tirée depuis l'arrière de la jeep. Il se fera par la suite rouler dessus par la jeep et laissé au sol piazza Alimonda. Il meurt sur le coup. [9]

Le soir, un calme relatif règne sur Gênes. Toute la ville est arrêtée, les bus sont coupés et c'est une ambiance de terreur dans la rue. Ceux et celles qui le peuvent se retrouvent au centre de convergence du Genoa Social Forum sur le front de mer. Tout le monde est choqué. Le stade Carlini où loge les tute bianche est encerclé. Des centaines de personnes passent la nuit au poste, la plupart seront copieusement tabassées et pour certaines torturées [10] par des carabinieri fascistes.
Tout le monde se demande comment la grande manifestation du lendemain va se passer.

Le 21 juillet, une manifestation unitaire monstre a lieu à Gênes. 200 000 à 300 000 personnes tentent de défiler comme elles le peuvent. En effet, la police va, dès le début, copieusement arroser le cortège de gaz lacrymogène. Un bon millier de personnes lui font face et lancent des projectiles au niveau du front de mer, là où se trouve le point de convergence des alters. Beaucoup scandent « assassini » en direction des policiers.

Puis c'est le délire. Après les provocations policières, c'est le gazage général de toute la manif et une charge extrêmement longue et brutale. La manif est coupée en deux. Une première partie continue sur le parcours officiel. L'autre moitié de la manifestation est chargée sans discontinuer avec parfois des blindés pendant de longues heures. Les manifestant·e·s de tout âge n'ont d'autres choix que de refluer. Les flics tabassent de sang-froid n'importe qui. Il y aura des centaines de blessés graves.

Le soir du 21 juillet, le centre média des altermondialistes situé dans l'école Diaz est pris d'assaut par 300 policiers qui défoncent les portes, matraquent encore sans vergogne la petite centaine de personnes présentes et détruisent méticuleusement le matériel de prise de vue et les ordinateurs.

Plusieurs dizaines d'entre elles partent sur les civières des urgences sous l'œil des caméras.
C'est une expédition punitive qui fait penser aux heures sombres des dictatures d'Amérique latine. [11]
Après le contre-sommet
Après ces jours tragiques, la tendance pour les « saigneurs du G8 » sera d'être moins ostensible. Les prochains sommets internationaux se réfugieront dans des stations de ski, des stations balnéaires (comme à Evian en 2003), de plus petites villes plus facilement contrôlables par les autorités. Les contres-sommets autorisés seront loin des centres de réunions officiels.
Cependant, l'image des « grands de ce monde » bunkerisés et en ruptures avec les populations ne se démentira jamais plus.
Le contre-sommet de Gênes a été un tournant pour le mouvement altermondialiste. Jusqu'à Gênes, la dynamique était avec les contestataires. Chaque sommet était l'occasion de se rencontrer, d'échanger des tactiques et expertises et d'approfondir la lutte. Une certaine candeur quant à la possibilité de changer le monde immédiatement est tombée ces jours de manifestation. Les événements nous ont rappelé que même dans un État dit « démocratique », la police et l'armée n'hésiteront pas à tirer sur la foule pour défendre les intérêts des puissants. La forme du contre-sommet aussi sera largement questionnée par la suite. Est-il pertinent de se retrouver à l'endroit choisi par l'adversaire avec une concentration de troupe à notre désavantage ? Ne suivons-nous pas le calendrier des puissants au lieu de fixer nos propres échéances ?
Malgré ces questions pas complètement résolues, la forme du contre-sommet a perduré comme le montre l'exemple récent du sommet contre le G20 d'Hambourg ou encore celui contre le G7 dans le Pays basque.
Pour en savoir plus :
- Lire : Gênes multitudes en marche contre l'Empire Edition Reflex conçu par samizdat.net, Paris 2002
- Regarder : Gênes juillet 2001, les droits bafoués
- Regarder : Carlo Giuliani, ragazzo ; Un film de Francesca Comencini, 2002
- Regarder : Don't Clean Up The Blood de Primitivi, 2001
[1] À ce sujet, lire par exemple La Horde d'or. La grande vague révolutionnaire et créative, politique et existentielle de Nanni Balestrini et Primo Moroni, l'Éclat (pour l'édition française), Paris, 2017.
[2] Le Genoa Social Forum (GSF) est une plateforme de coordination contre le G8. Elle regroupe beaucoup de tendances de la gauche italienne ainsi que des collectifs internationaux. Elle se dit ouverte à la « diversité des tactiques », mais exclut les actions violentes telles que l'émeute. Par conséquent la mouvance anarchiste et black bloc n'est pas représentée. C'est cette coordination qui sera en contact avec les autorités italiennes pendant toute la préparation et la tenue du contre sommet.
[3] Reclame the street est un groupe activiste anglais qui « inventa » la street party ou manifestive en français.
[4] Le black bloc n'est pas un groupe homogène de personnes, mais une tactique de manifestation offensive. Les participant·e·s s'habillent tou·te·s en noir pour se rendre anonyme.
[5] Le pink bloc à Gênes avait pour but de faire tomber le mur de la zone rouge sans employer les méthodes jugées virilistes des tute bianche. Le pink bloc était festif, radical, mais non violent. Il était composé de différentes tendances, dont des anarchistes, et de pas mal d'internationaux.
[6] Ce qui était envisagé par les manifestant·e·s c'était de pénétrer dans la zone rouge puis de se retirer tranquillement. Nous avons appris quelques mois plus tard que les ordres donnés ce jour-là étaient de tirer à balle réelle sur les personnes qui franchiraient la zone rouge.
[7] Les tute bianche sont appelés comme ça, car ils portent des combinaisons blanches jetables pour symboliser les « invisibles » ; s'anonymiser comme dans un black bloc, mais aussi pour signifier qu'ils n'ont rien à voir avec celui-ci. A Gênes, les tute bianche ont décidé d'enlever leur combinaison.
[8] Bolzaneto est une caserne à l'extérieur de Gênes où ont été amené·e·s de nombreux·ses manifestant·e·s. Particulièrement les personnes venant de l'assaut contre l'école Diaz, mais pas seulement.
Parmi les violences policières de la caserne de Bolzaneto :
- Des manifestants sommés de chanter des chants fascistes sont insultés ;
- Plusieurs ont dû rester des heures durant, les jambes écartées les bras tendus contre le mur ;
- La plupart des manifestant·e·s arrêté·e·s ont été frappé·e·s à coups de matraque et giflé·e·s ;
- Plusieurs manifestant·e·s ont été menacé·e·s de viol, ont été battu·e·s à coup de saucisson ou de matraque dans les parties génitales, d'autres à coup de poing, d'autres ont eu les côtes ou les bras fracturés, ont été brûlé·e·s à la cigarette ;
- Plusieurs filles devaient tourner nues sur elles-mêmes sous les rires des policiers ;
- Une jeune femme s'est vu retirer son piercing vaginal, malgré ses règles, devant cinq personnes.
Marco Poggi, un infirmier, a déclaré : « J'ai vu des détenus giflés, frappés à coups de poing ou de tête contre le mur. Pour certain·e·s, c'était un vrai lynchage. J'ai assisté à des choses que je croyais inimaginables. Pendant des jours, je me suis tu, puis j'ai fait la chose la plus juste… »
Lors du procès de mars 2008, sept ans plus tard, des peines pour un total de soixante-seize ans et quatre mois à l'encontre de 44 inculpés sont requises. Les policiers, carabiniers, agents pénitentiaires et médecins sont accusés d'abus de pouvoir, de violences privées, d'injures ou encore de coups.
En 2013, la Cour de cassation ne confirme que 7 condamnations.
Le 19 juillet 2017, le chef de la police italienne, Franco Gabrielli, déclare dans le journal La Repubblica que des manifestants ont été victimes d'« actes de torture » (source Wikipédia)
[9] L'affaire est classée sans suite par la justice italienne en 2003 en abandonnant toutes les charges contre Mario Placanica, le carabinier de 24 ans qui a tiré. La Cour européenne des droits de l'homme condamne l'Italie en première instance le 25 août 2009, pour des « manquements dans l'enquête sur la mort de Carlo Giuliani » et alloue « 15 000 euros aux parents de la victime et 10 000 à sa sœur ».
La même Cour a finalement acquitté l'État italien par un jugement définitif. En mars 2011, la Cour européenne des droits de l'Homme a en effet blanchi l'Italie de toute responsabilité dans la mort de Carlo Giuliani, « Le recours à un moyen de défense potentiellement meurtrier, tels des coups de feu, était justifié », estime dans son arrêt définitif la Cour de Strasbourg.(source Wikipédia)
[10] La Cour européenne des droits de l'homme a condamné l'État italien en avril 2017 pour torture lors de ce G8, notamment pour ce qui s'est passé à Bolzaneto.
[11] 60 personnes furent gravement blessées durant l'assaut policier. Plus de 90 furent embarquées par la suite. La police a reconnu par la suite que les cocktails molotovs retrouvés avaient été apportés par la police. Des policiers seront condamnés. En octobre 2017, la Cour européenne des droits de l'homme a condamné l'Italie pour cas de torture à l'école Diaz
20.07.2025 à 11:30
Takakia #4 - Chants sous-marins pour couler la mégamachine
Sortie du numéro 4 de la revue Takakia
printemps-été 2025
Texte intégral (754 mots)

Sortie du numéro 4 de la revue Takakia
printemps-été 2025

106 pages – prix libre (coût de fabrication 1,75 euros)
Tirage 1000 exemplaires
Merci aux troubadours itinérants, campements dans les sous-bois, locaux, brigantes forestières, bibliothèques, oiseaux-tempête, tables de presse, écureuils des villes et des campagnes, vagabondes ambulantes, infokiosques, bardes émeutiers et louves solitaires de votre acharnement à diffuser cette revue et de rendre possible cette petite aventure éditoriale. Aux autres : il n'est jamais trop tard pour rentrer dans la danse !
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