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Julien HERVIEUX
Qu'il est bon d'être mauvais

UN ODIEUX CONNARD


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01.12.2025 à 10:31

Un film Insaisissable – 3

Un odieux connard

– Diego, veux-tu un tour de magie ? Le brave serviteur se renfrogne quelque peu. – Quand vous dites ça, après, vous faites disparaître quelqu’un et c’est à moi de […]
Texte intégral (9030 mots)

– Diego, veux-tu un tour de magie ?

Le brave serviteur se renfrogne quelque peu.

– Quand vous dites ça, après, vous faites disparaître quelqu’un et c’est à moi de l’enterrer. Je ne suis pas sûr, patron.
– Allons allons, ne fais pas ta mauvaise tête. Regarde plutôt : tu vois ce scénario ? Regarde-le bien.
– Oui, il est vide.
– Maintenant, j’agite mon stylo magique et… hop !

Diego s’approche prudemment, et se saisit à nouveau de la pile de papiers blancs. Dessus, pas la moindre rature.

– Le scénario est toujours vide, patron.
– Eh oui ! C’est parce que j’ai utilisé mon stylo magique pour signer un chèque de 90 millions de dollars ! Et maintenant, quelqu’un va transformer ce scénario vide en film !

Un grand soupir, un haussement d’épaules, et Diego s’en retourne, blasé, vers le nettoyage de mes rapières. L’ingrat n’est même pas impressionné. Il est déçu.

– Eh bien Diego ? C’est tout ?
– Vous avez fait semblant patron, et ce n’est pas crédible : personne ne signerait un chèque de 90 millions de dollars pour un scénario vide !
– Tu as raison Diego et… oooh ! Mais qu’est-ce que c’est derrière ton oreille ? Vois : un ticket pour Insaisissables 3 !

Le domestique repose l’arme qu’il astiquait pour se saisir du ticket. Et se méfie quelque peu, ce qu’il faut comprendre : la dernière fois, j’ai joué à « J’ai volé ton nez » à un démarcheur de rue. Ce qui aurait pu être sympathique et puéril, si je n’avais pas revendu ledit nez sur le marché noir mexicain dans la foulée. Depuis, Diego se montre méfiant devant la moindre plaisanterie bon enfant. Quel petit paranoïaque. Il tâtonne son oreille, inquiet, puis inspecte le bout de papier.

– Est-ce que vous seriez en train de me dire qu’Insaisissables 3 est la preuve qu’on peut obtenir 90 millions de dollars juste en présentant du rien ?

L’interrogation est pertinente, et pour répondre à Diego, ainsi qu’à vos esprits de vils curieux, braves lecteurs, il n’y a qu’une seule solution :

Spoilons, mes bons !


L’affiche : la carte à jouer peut-elle être considérée comme des débris ou cendres qui tombent ? Vous avez deux heures.

Notre film s’ouvre sur une folle ambiance dans un bar américain, alors que sur la petite scène de la salle, un magicien apparaît.

– Bonsoir ! Je suis Atlas, l’un des quatre « cavaliers », ces magiciens qui opèrent pour la justice en dehors de toute juridiction parce qu’on est des oufs malades ! Vous le savez, nous avions disparu durant 10 ans, mais hohoho, n’est-ce pas le propre des magiciens de disparaître avant de réapparaître ? Hmm ? Dites ? Hein ? Hé ? Oooh, public difficile ce soir. Bref, laissez-moi vous présenter mes 3 autres amis, et ensemble, nous formons les 4 cavaliers !

Et le rejoignent sur scène Jack, Meritt et Henley, ses camarades qui donnent tellement envie de s’y attacher que j’ai dû aller voir le casting pour retrouver leurs noms. Dans ma tête, ils se nommaient « Cheveux », « Pacheveux », et « La Madame Rouquemoute ». La foule, plus attentive que moi probablement, semble devenir folle à chaque fois que l’on prononce leurs noms véritables (un peu comme à mes soirées invocations)… à l’exception d’un homme. Ce Monsieur, que nous appellerons Richard, est à la fois riche et méchant. Et depuis le bar, il se plaint que bordel, lui était juste venu boire un verre ici, pas de bol qu’il y ait ce spectacle de magie dont il n’a rien à faire le même soir. La prochaine fois, il se dit qu’il ira directement dans un bar à strip-tease : au moins là-bas, quand un foulard disparait, personne ne le fait ressortir de la bouche de son voisin, ou alors les videurs s’en mêlent.

Richard, qui est un peu con, ne prête aucune attention à la jeune femme près de lui qui lui lance avec un sourire malicieux :
– Vous n’aimez pas les magiciens ? Vous devriez vous méfier, vous et votre iPhone avec une coque en or. À un spectacle de magie, il y a des complices dans la salle… autant dire que c’est un nid à pickpockets !

On en conclura que le métro parisien est une sorte de spectacle de prestidigitation quotidien. Ce qui explique le prix du pass Navigo, notez.

Toujours est-il que sur scène, le spectacle continue. Des cartes à jouer ont été distribuées dans la salle, et les « cavaliers » demandent qui a l’as de carreau. Une main se lève : c’est un jeune homme, Bosco, que l’on fait aussitôt monter sur scène. Et les magiciens annoncent alors qu’ils vont faire un incroyable numéro :

– Bosco n’est pas magicien… pas encore ! Et si nous rentrions tous dans son corps ?
– Hein ? Mais enfin ! Arrêtez, moi je suis venu à un spectacle de magie, pas à la fistini-

Bosco ne finit pas sa phrase, car hop, Meritt, le mentaliste de la bande, l’hypnotise et l’endort. Puis, à la stupeur du public, les magiciens disparaissent les uns après les autres, se transformant en couleurs qui volent jusqu’au corps du pauvre assistant endormi.

– Ça alors ! Ils lui sont tous rentrés dans le cul ! s’exclame quelqu’un dans la salle.
– Moi aussi ! Moi aussi ! réclament alors plusieurs personnes avec enthousiasme.

Hélas, Bosco se redresse soudain, et se met à parler comme les 4 cavaliers, tour à tour, comme s’il était possédé. Et lance :

– Y a-t-il dans la salle un certain… Richard ?
– Oh ? Oui ! lance Richard. Quel tour pourri allez-vous me faire, les magiciens ringards ? Je vous préviens, s’il s’agit de rentrer dans mon cul, je suis entrepreneur : l’URSSAF occupe déjà les lieux.
– Rah, mais arrêtez ! Personne n’a dit que les magiciens étaient rentrés dans mon corps via mon… ahem. Bref ! Richard, grâce à mes graaaands pouvoirs, je vois que vous êtes… un richard !
– Quel talent.
– Un entrepreneur en cryptomonnaies qui a ruiné des tonnes de gens à New York !
– Bien fait pour leurs gueules, car oui, je suis très méchant, ce qui n’est pas très gentil.
– Eh bien Richard, regardez ce que j’ai dans les mains… votre iPhone avec une coque en or ! Ainsi que ceux de tous vos amis présents ce soir !

Et en effet, Bosco fait surgir les appareils en question, à la stupeur de Richard et de ses petits camarades. Mais comme le veut la tradition des cavaliers, ils ajoutent aussitôt :

– J’en ai profité pour vider vos comptes plein d’argent volé… et je l’ai redistribué à chacun des présents ce soir dans la salle ! Sur votre carte à jouer, distribuée plus tôt, vous trouverez tous le code d’accès à un portefeuille de cryptomonnaie rempli d’un peu de l’argent repris à Richard !
– Oh ! Il dit vrai ! glapit une femme dans l’assemblée en consultant son téléphone. J’ai 50 000 dollars !

Comme vous l’imaginez, Richard est furieux et prévient aussitôt la police. Le public, qui a donc désormais du pognon volé plein les crypto-poches, s’enfuit, pendant que le vil Richard fonce sur scène pour savater les magiciens et leur rappeler que quand t’es une classe avec 1D4 points de vie, tu ne provoques pas les gens dans la salle. Sauf qu’alors que le bar est déjà vide de tout spectateur sauf les policiers qui arrivent, Richard découvre que sur scène… personne ! Il s’agissait en réalité de simples projecteurs qui diffusaient l’image des magiciens sur du film alimentaire vaguement tendu !

Ah, et non, personne n’a rien remarqué. Sacré film alimentaire les enfants.

Richard ruiné, les cavaliers évaporés, nous retrouvons dehors trois personnages : Bosco, le fameux « type choisi au hasard dans le public », qui est en réalité un magicien spécialiste des imitations (Laurent Gerra, un magicien qui s’ignore). À ses côtés, Charlie, le faux barman de la soirée, qui a monté toute la partie technique. Et enfin, vient Ariana, la fille qui était au bar à avertir Richard pour les pickpockets… et qui est l’experte en acrobaties et vol à la tire de la fine équipe. Ensemble, ils rient, hohoho, hahaha, nous sommes si forts !

– Aha ! On l’a bien eu, ce Richard ! Certes, nous ne sommes pas les vrais cavaliers, et nous nous sommes faits passer pour eux, mais on peut dire qu’on a agi comme ils l’auraient fait ! En attendant, nous voici arrivés à notre appartement. Qui a les clés ?
– Moi, mais elles sont au fond de mon sac.
– Roooh… Ariana, tu ne voudrais pas plutôt nous montrer tes talents d’acrobate en t’infiltrant chez nous avant de nous ouvrir de l’intérieur ?
– J’ai pas trop envie.
– Alleeeeez !

Cette scène est supposée nous montrer à quel point Ariana est une bonne acrobate. Pour ma part, j’ai surtout constaté que ses amis étaient d’énormes connards, puisque plutôt que de prendre 3mn pour chercher des clés, ils préfèrent demander à leur amie d’escalader un immeuble sans aucune sécurité (il y a en plus des passages où elle doit sauter d’un panneau publicitaire à un autre) comme ça, juste pour les faire marrer. J’imagine bien le passage où une prise s’avère être mouillée, qu’Ariana glisse et se tue, avec ses copains qui commentent devant son cadavre brisé encore chaud que « Ouah, oh, pfou, t’es pas si forte en fait… rohlolo, à cause de toi, je vais devoir ouvrir mon sac. »

Le trio des connards finit cependant par rentrer en son logis, à savoir un vaste appartement encombré d’accessoires de magie. Bon, il n’y a pas de lits, mais ça, c’est du détail. Sauf qu’alors qu’ils papotent de leur succès, soudain, un personnage sort de l’ombre : Atlas ! L’un des quatre cavaliers, et cette fois-ci, en chair et en os !

– Bonsoir, bande de petits malins. Alors comme ça, on se fait passer pour les cavaliers, hmmm ? Bosco, ça t’amuse de nous faire rentrer dans ton cul sur scène ?
– MAIS ARRÊTEZ DE DIRE QUE VOUS ÊTES RENTRÉS DANS MON C-
– Je ne suis pas là pour ça. Comme vous le savez, les cavaliers obéissent à l’Œil, une mystérieuse organisation qui veut rendre la justice sur Terre sans passer par la justice, parce que les juges, c’est tous des cocos.
– Pardon ?
– Ahem, je disais : j’ai reçu une carte de tarot de l’Œil, avec un message me demandant de me rendre ici. Apparemment, et ne me demandez pas pourquoi, l’Œil a une mission pour nous… et pense que vous pourriez m’être utiles.
– Nous ? Mais nous ne sommes personne ! Pourquoi ne pas demander aux autres cavaliers ?
– Euh… ahem. Le groupe s’est séparé.

Bosco, Charlie et Ariana se demandent comment Atlas est rentré chez eux. En même temps, dans le même soir, on a vu des magiciens rentrer dans des lieux bien plus épatants.

Et Atlas d’expliquer qu’effectivement, des années plus tôt, une mission a mal tourné et qu’un membre de leur organisation s’est retrouvé en prison en Russie, et que depuis, il fait disparaître des savonnettes devant des Tchétchènes moyennement émerveillés. Les autres magiciens se sont donc dispersés, et vivent chacun leur vie. Mais, qu’importe ! Atlas a une mission et il compte bien l’accomplir. Et cette mission consiste à aller emmerder Emma Diamant, la propriétaire d’une société sud-africaine qui vend des diamants, et qui apparemment, s’en sert pour laver de l’argent sale pour des trafiquants d’armes (et avec Emma Diamant, c’est la magie du blanc). Or, elle va bientôt se rendre à Anvers pour une vente, et emmènera avec elle le Cœur, un énorme diamant habituellement abrité dans une base secrète souterraine impénétrable dans le désert arabique. L’occasion parfaite pour frapper !

Bon, je vous passe les scènes où Emma Diamant est très méchante, et n’hésite pas à menacer de tuer ses propres actionnaires en plein conseil d’administration sans que cela ne choque personne. D’ailleurs, elle a aussi d’autres petits secrets, car lorsqu’elle arrive à Anvers, elle reçoit un mystérieux coup de fil, où une voix déformée la menace :

– Allô, Emma ? Ne raccroche pas. Je dois te parler de quelque chose.
– Si c’est ma facture d’électricité ou la pose de panneaux solaires, vous êtes le douzième aujourd’hui, alors…
– Que ? Non, Emma, concentre-toi. Je connais ton secret. Tu es dangereuse.
– Monsieur, je menace mes propres actionnaires publiquement. Niveau secret, c’est limite l’inverse de Top Secret… comment qu’on dit ? « Bottom Secret » ? Non, ça sonne bizarre.
– SILENCE ! Concentrez-vous un peu, merde, je vous menace ! Je disais donc : je connais votre secret. Votre papa, le fondateur de la compagnie qui vous a rendue riche, se tapait la bonne et a eu un enfant avec. Votre mère s’en est suicidée. Pour vous venger, vous avez coupé les freins de la voiture de la bonne une semaine plus tard. La tuant, ainsi que son fils, qu’elle avait eu avec votre paternel. Vous avez tué votre propre frère ! Dont personne n’a jamais retrouvé le corps !
– Kikicé à l’appareil ?
– Ah ! Tu crois que je vais te le dire ?
– Nan parce que personnellement, je crois que j’ai un peu deviné.
– Oui mais pas certains spectateurs ! Alors voilà le deal : donne-moi le Cœur, le fameux gros diamant… et j’effacerai les preuves de ton crime.
– Mouais. À voir. Allez, bisous.

Et Emma de raccrocher, car elle a un double appel : quelqu’un veut lui proposer des portes-fenêtres.

Pendant ce temps, nos héros préparent leur coup en se promenant dans les rues d’Anvers.

– D’Anvers ? Le dernier dinosaure ?
– Silence, Bosco. Comme vous le savez, l’Œil nous a chargé de révéler la vilainie d’Emma Diamant. Nous allons donc profiter de cette vente de diamants à Anvers pour…
– Montrer qu’elle y a invité plein de trafiquants d’armes ? Inspecter ses comptes et montrer qu’elle bidouille de l’argent sale, puisque l’Œil nous l’a dit ?
– Non. On va voler… le Cœur.
– Mais ?! Atlas ? Quel rapport avec la mission ? Ça va l’emmerder, certes, mais ça fera d’elle une victime au lieu d’une coupable, non ?
– Alors oui mais… attendez, je vais faire un tour de carte. Prenez une page de script. N’importe laquelle. C’est fait ?
– Oui.
– Votre page est tartinée de caca.
– Ooooh ! Comment a-t-il deviné ? Atlas, tu es vraiment le plus grand des magiciens

En attendant, si, si. Nos héros montent un plan qui n’a rien à voir avec la mission. Ah ben c’est pas comme s’il fallait être efficace ! Et donc, ledit plan est une succession de trucs débiles.

  • D’abord, Atlas croise Emma « au hasard » alors qu’elle prépare sa vente de diamants. Il se montre incroyablement agressif et arrogant du genre « Vous êtes une menteuse et une voleuse et je vais le prouver », le tout en public, mais Emma se contente de sourire en hochant la tête, pendant que ses gardes du corps se curent le nez. C’est connu : elle est prête à tuer ses propres actionnaires, mais se faire insulter par Jean-Dudule dans la rue, ça passe crème. Quant au garde du corps sud-africain, je l’imaginais, disons, plus proactif comme on dit sur Linkedin. Surtout avec les mains.
  • Ensuite, Bosco et ses deux copains se font passer pour un photographe et son équipe qu’Emma attendait. Ils la prennent en photo avec le diamant, et parviennent à échanger la boîte dans laquelle le diamant est rangé, leur permettant de mettre la main sur la vraie.

Je tiens à insister sur un point important : on nous montre que les héros ont réussi leur coup en détournant l’attention de Bibi, le principal garde du corps d’Emma, qui veillait sur le coffret. Le problème ? C’est que durant toute la scène, on voit une armée d’autres gardes partout dans la pièce, qui surveillent tout. Mais comme ce sont des figurants, la réalisation a visiblement oublié qu’eux aussi avaient des yeux, et donc en fait, nos héros échangent une ENORME boite de manière pas subtile, à très exactement 1m de trois types chargés de veiller dessus. Roooh, ça va, c’est juste un oubli ! Qu’est-ce que c’est comme erreur, dans un film de braquage, d’oublier les gardes ? Un détail !

  • Aidés du script et de la réalisation aux fraises, nos héros peuvent donc se rendre à la vente elle-même et au moment où Bosco décide de faire une diversion pourrie en grimpant sur une table au nom de Greenpeace et en commençant à tout casser autour de lui. Là encore, vous serez ravis d’apprendre qu’aucun garde n’intervient, et qu’Emma se contente de regarder en bavant.

Non vraiment, je crois que moi aussi je peux réussir de fabuleux tours de magie à partir du moment où tout le monde dans la pièce est à la fois sourd, aveugle, et complètement con.

  • Pendant la diversion, il y a encore un passage raté, où les héros se font passer le Cœur de main en main, parfois à 10cm de figurants… qui ne remarquent pas une pierre géante qui brille qui passe en volant devant leurs visages. Non, vraiment, à ce stade, c’est lourd.

Tout se conclut avec Atlas révélant devant tout le monde qu’il a volé le diamant, et, enfin, Emma qui finit par dire à ses gardes « S’il vous plait, pourriez-vous arrêter ces connards ? ».

« Vous avez vu comme je suis balaise ? Aucun figurant n’a remarqué mes petits camarades et moi-même jouant au base-ball à travers toute la salle avec un diamant de cette taille ! Faut le faire ! »

C’est donc là que commence une course-poursuite où 90% des exploits de nos héros reposent sur une moule extraordinaire, ce qui est probablement la vraie source de leur magie. On découvre que les 10% restants sont dus à l’installation de gadgets, comme par exemple une tyrolienne sur le toit, et même UN FAUX HELICOPTERE ET DES FEUX D’ARTIFICE. Hmmm. Comment dire ? Je pense que pour une vente de diamants ultra-sécurisée et remplie de trafiquants d’armes, savoir que nos héros ont eut tout loisir d’installer durant des heures des gadgets débiles sans que personne ne les dérange… comment dire ? C’est pas le Louvre, ici.

En chemin, ils croisent d’ailleurs 3 autres personnes bien connues d’Atlas.

– Cheveux ! Pacheveux ! Madame Rouquemoute !
– Mais ? Atlas, on a des noms, enfin !
– Oui mais personne ne s’en souvient. Alors que ceux-là, si. Mais que faites-vous là ?
– On a reçu un message de l’Œil nous disant d’être ici !
– Vous aussi ? Bon, on en discutera plus tard ! Fuyez avec nous !

Et toute la bande de joyeux voleurs file donc via la tyrolienne sur le toit, et gagne tranquillement un navire sur le fleuve voisin, d’où ils partent à la vitesse d’un truc qui fait pout-pout-pout sans que personne ne les poursuive. Non, il n’y a pas de police en Belgique. Le pays s’auto-régule en envoyant directement les criminels à Charleroi, où ils sont mangés par la population. S’ils sont chanceux, du moins.

À bord, ça discute sec entre les cavaliers réunis.

– L’Œil nous a tous demandé de faire ce coup ? Mais pourquoi ?
– P’têt’ qu’il en a eu marre de nous voir fâchés, Atlas. Il veut qu’on reprenne du service.
– Moui, alors ça clairement puisqu’il nous file du boulot, mais j’ai envie de dire… et maintenant, mes bons amis ?
– Comment ça « et maintenant » ? Atlas, tu es con ou quoi ? On a complètement loupé la mission avec ton plan à la con. On a volé un diamant alors que ça n’était pas du tout ce qui était demandé. Notre boulot était de montrer au monde la corruption d’Emma Diamant. Alors grâce à toi, non seulement on n’est pas plus avancés MAIS maintenant on est en plus recherchés par Interpol.
– Ah oui c’est vrai que… non attends. Vous êtes tous trop cons pour penser à ça, d’après le script. On reprend donc : « Et maintenant ? »

Et c’est Charlie, l’un des petits jeunes, qui s’avance.

– L’Oeil a sûrement voulu vous faire passer un autre message. Regardez, pour vous contacter, il vous a envoyé des cartes de tarot. Et si on les réunit… regardez, le dos forme une image !
– Ah putain, on est tous des méga-magiciens, mais aucun d’entre nous n’avait pensé à regarder au dos de la carte pour voir que ça formait un schéma salement suspect, dis voir.
– Oui, hein ?
– Bon, arrêtons de soulever que le script a le hoquet toutes les minutes, et voyons où ce nouvel indice nous mène…

Et, braves lecteurs, sachez que les dos de cartes réunis forment la photographie d’un château en France : Château Roussillon. Un lieu envahi de hautes herbes où, bien vite, nos héros se rendent. Château pas du tout suspect, puisqu’alors que tout semble tomber en ruines dans le parc, le château a lui une énorme porte toute neuve et dorée avec un gigantesque casse-tête dessus, que nos amis résolvent sans heurt. Puis, ils rentrent dans l’ancienne demeure où ils tombent sur…

– MORGAN FREEMAN ?
– Oui, je suis moi aussi l’un des magiciens de l’Œil et j’ai aussi reçu un message me disant de venir ici. Quoique l’Œil veuille, c’est caché dans ce château, qui contient de nombreuses pièces remplies de vieux trucs de magiciens. Explorez cette demeure et trouvez ce que l’Œil désire.
– L’Œil ne pourrait pas juste nous le dire ? On gagnerait vachement de temps.
– Apapap, on est magiciens, faut bien nous occuper, sinon on va aller faire des tours à des touristes et on finira en cabane avec les joueurs de bonneteau clandestins.

Charlie, qui est un gros nerd de la magie, aide à résoudre plein d’énigmes, mais l’affaire n’avance pas vite, jusqu’à ce que Morgan Freeman ne déclare soudain :

– Ce que nous cherchons est peut-être lié à l’histoire de ce château.
– Laquelle ?
– Eh bien, venez près de moi, et voyez cette énorme boule de cristal qui diffuse un film. Comme vous le savez, les magiciens ont aidé à gagner la Seconde Guerre mondiale. Par exemple, en aidant à tromper les nazis via la construction de chars gonflables en Angleterre, qui servirent de diversion.
– Mais… quel rapport entre Emma Diamant et les nazis ?
– Eh bien regardez !
– Quoi, Charlie ?
– Je viens de passer la main au travers d’un tableau au pif, et paf, derrière, il y avait des documents qui n’avaient rien à faire là prouvant que le père d’Emma Diamant a travaillé avec les nazis ! Et qu’Emma elle-même a repris son réseau ! Des tonnes de preuves historiques !
– Super ! On n’a plus qu’à communiquer tout cela au monde et on a gagné, alors !

Tout le monde hoche la tête, lorsque Morgan Freeman intervient.

– Et non ! Sinon le film s’arrête ici ! Je vous propose donc… de ne plus jamais reparler de ces documents, ni des nazis.
– Mais ? À quoi sert cette scène alors ?
– Nous sommes en 2025. Si un film ne contient pas au moins une référence aux nazis ou à un complot d’extrême-droite, c’est qu’un scénariste a de l’imagination. Et ça, jamais.

Pacheveux est content. S’il y a des nazis, capillairement parlant, il est prêt.

Mais pendant que nos héros dissertent, sachez qu’Emma, elle, n’est pas restée oisive. Car elle a suivi sur internet les déplacements des fuyards, car comme les cavaliers sont des superstars, où qu’ils passent, des gens en parlent. Pardon ? Plus tôt dans la scène à Anvers, personne ne les reconnaissait alors qu’ils étaient à visage découvert ? Hm. Vous ai-je déjà parlé des figurants sourds, aveugles et cons ? Voilàààà. Bref : Emma, apprenant que les gentils avaient fui en France, elle explique qu’elle connait bien le chef de la police française qui va envoyer les « gendarmes ».

Vous me direz que police et gendarmerie, ce n’est pas la même chose. Certes, c’est une subtilité qui peut échapper à un film américain. Mais, gardez cela en tête, et patientez un instant.

Car suite à ce petit appel du pied d’Emma, la police française envoie donc des voitures encercler le château de nos héros, et en descendent… oh, non pas des gendarmes, non. Ni même le GIGN ou le RAID. Non, des hommes de loi descendent des véhicules avec des gilets pare-balles où l’on peut lire en grosses lettres :

POLICE MUNICIPALE

Si, si.

C’est une descente de la police municipale ! Nos héros sont foutus : ils risquent une amende de 35€, voire une remontrance pour ne pas avoir garé correctement leur voiture dans le parc ! Vite, fuyez, pauvres fous ! S’ensuit donc une poursuite à l’intérieur du château où les magiciens échappent aux forces de l’ordre en usant de tous les vieux gadgets qui traînent, mais si plusieurs parviennent à s’en sortir, un certain nombre, dont Pacheveux, sont capturés. Et surtout…

Morgan Freeman se prend une balle en tentant de fuir des policiers qui le braquaient.

Forcément, tout le monde pleure très fort, tout en se disant que c’était prévisible : d’abord on arme la police municipale, et voilà qu’elle abat un homme noir dans la foulée. Mais avant que Mathilde Panot n’arrive sur zone, les forbans ont pris la poudre d’escampette. Et se demandent comment libérer leurs camarades pris par la police. L’occasion d’aller les retrouver en cellule, avec par exemple, Pacheveux qui reçoit la visite d’Emma en personne. Et à qui il explique :

– Tu sais Emma, jusqu’ici, je faisais ça pour l’Œil. Mais maintenant, tu as tué Morgan Freeman. Désormais, c’est personnel.
– Pardon ?
– Oui, tu as tué Morgan Freeman.
– Attends, attends. Je peux te la refaire dans l’ordre, mon bon ami chauve ?
– Fétoipléz’.
– Vous volez un diamant qui m’appartient, chose qui ne vous sert à RIEN. Suite au vol de ce diamant, la police vous poursuit. Comme vous n’êtes pas discrets, elle remonte jusqu’à vous sans problème. Là, vous avez l’idée géniale de dire « Tiens, des types nous braquent avec des armes, si on se mettait à courir ? ». À quel moment je fais autre chose que dire à la police de vous arrêter pour le vol de mon diamant ? J’ai pas envoyé un tueur. Au contraire, je suis passée par le canal légal, canal que je n’ai pu prendre que parce que de gros blaireaux m’ont volé mon diamant.
– … je… alors… attendez… je relis le script… pourquoi c’est personnel déjà ?

Ça ne l’est pas et c’est mal écrit, mon bon. Un peu comme le fait que plus personne ne mentionnera jamais les documents prouvant qu’Emma alimente un réseau d’anciens nazis. Un détail, puisque je le rappelle, c’était le but de la mission. Mais ça arrive à tout le monde d’oublier pourquoi le film a commencé, hein ! Soyons indulgents.

Cependant, croyez bien que nos héros, eux, ne vont pas laisser leurs amis prisonniers de la terrrrible police municipale française. Aussi montent-ils un plan d’évasion assez simple en faisant appel à Lula, une de leurs copines qui trainait dans le coin… parce que. Habilement déguisée en petite vieille (elle a donné le change en faisant croire qu’elle votait Macron), elle s’est infiltrée dans le commissariat, a libéré ses amis, puis tout le monde s’est enfui non sans déclencher un incendie histoire de faire diversion. Nos héros sont donc à nouveau libres et heureux, les cheveux au vent. Sauf un : Pacheveux, mais pas parce qu’il est chauve, simplement parce que lui a loupé son évasion. Et Emma, jouant de son influence, décide de le garder personnellement avec elle, comme une sorte de gros bagage amusant.

Les camarades de magie se réunissent alors pour discuter de la suite.

– Que va-t-on faire ? Emma dispose de Pacheveux !
– Oui mais nous avons son méga-diamant et les documents prouvant qu’elle est crypto-nazie !
– Apapap. On a dit qu’on oubliait les documents.
– Ah oui pardon. Donc : on a son méga-diamant ! On a qu’à s’en servir pour l’échanger contre Pacheveux ! Et si on peut en profiter pour révéler sa méchanceté au monde…

Tout le monde est d’accord pour ce plan, et j’insiste, plus personne ne parle des nazis (si vous voulez des gens qui en parlent tout le temps, allez sur Bluesky). En lieu et place, nos larrons découvrent qu’ils savent où Emma se rend, à savoir, à Abou Dabi. Car l’équipe de Formule 1 de sa société va y présenter sa nouvelle voiture. Nul doute qu’elle viendra assurer le show en personne ! Ni une, ni deux, nos héros sautent dans leur jet privé et…

Oui ? Oui, un jet privé. Non, ne me demandez pas d’où il sort. Il y a dix minutes, ils évoquaient ouvertement leur manque de ressources pour attaquer la police municipale de Roussillon, d’où leur besoin de Lula pour les aider, mais visiblement, entre temps, ils ont trébuché sur un jet privé. Et alors qu’ils sont aussi connus que recherchés, on les a laissés le prendre. Soit, soit. Ca doit être ça, la vraie magie.

Enfin : ils arrivent à Abou Dabi, où en effet, Emma est bien sur place. Et après un petit coup de fil, accepte bel et bien d’échanger Pacheveux contre son diamant préféré. Sauf qu’au moment de l’échange, une fois leur ami récupéré et le diamant donné… une trappe s’ouvre sous leurs pieds ! Une trappe qui fait EXACTEMENT la taille de leur groupe ! Oui, Emma avait deviné combien ils allaient être, où ils allaient se tenir, et en plus, qu’ils allaient rester immobiles et groupés à cet endroit précis assez longtemps pour que ça fonctionne. Elle aussi doit être un peu magicienne. Les malheureux tombent ainsi dans un aquarium en plexiglas, où ils se retrouvent piégés. Avant qu’Emma ne vienne leur rendre visite.

– Mes amis… vous pensiez vraiment pouvoir me manquer de respect et repartir en paix ? Je vais vous tuer ici et maintenant !
– Oh non ! Avec votre pistolet ?
– Non ! En appuyant sur ce bouton, qui va déverser trèèèès lentement du sable dans cet aquarium. Je partirai alors sans même laisser un garde, car qui a déjà vu des magiciens s’échapper d’une prison ?

Et elle le fait. Si, si. Ah non mais on est bien, là.

Je ne vous cache pas qu’environ 0,8s après son départ, les magiciens parviennent à s’échapper en entaillant la paroi avec le diamant de la bague de Madame Rouquemoute, avant de mettre de gros coups de pied dedans. Et hop ! Les voilà dehors !

Atlas, remerciant les scénariste de ne pas avoir fait qu’Emma les bute comme de vulgaires actionnaires en pleine réunion.

Pendant ce temps, Emma, qui est retournée à bord de sa voiture avec chauffeur, reçoit un coup de fil du type qui l’avait menacée à Anvers.

– Emma, avez-vous mon diamant ? Le Coeur ?
– Oui. Où dois-je vous retrouver ?
– Dans votre site super-sécurisé du désert arabique. Celui secret, blindé, gardé en permanence, et où personne ne peut entrer sauf vous. Je vous attendrai dans la chambre forte tout au fond.
– Super, j’arrive.

Diego, brandy, double brandy et re-brandy s’il te plait.

Est-ce que la méchante supposément brillante ne voit rien d’anormal à ce qu’un mec lui donne rendez-vous dans sa PROPRE CHAMBRE FORTE SECRETE ET IMPENETRABLE ? Eh bien non. Sa voiture traverse donc le désert, une tempête, et lorsqu’elle arrive, elle prend l’arme d’un garde et descend via l’unique ascenseur jusqu’à sa chambre forte. Où quand les portes s’ouvrent, elle aperçoit…

– CHARLIE ? MON DEMI-FERE ?

Mais oui. Le jeune magicien qui fait partie de l’équipe de nos héros s’appelle en fait Charlie Diamant. Fils de Papa Diamant et de la bonne. Celui supposément mort dont on n’a jamais retrouvé le corps. Mais quel rebondissement que personne n’avait vu venir ! Depuis quand, dans un film, lorsque quelqu’un meurt sans que l’on ne trouve son corps, il a en fait survécu ? C’est du jamais vu !

– Eh oui, Emma. Je ne suis pas mort dans l’accident qui a tué ma mère. Elle m’a sauvé. Je suis tout autant l’héritier de la boite à papa que toi.
– La boite à papa ? C’est pas une discothèque près de Feuges ?
– Là n’est pas le sujet, gourgandine ! Tu vas me donner ce diamant, et peut-être oublierai-je que tu es vilaine.
– Alors tiens : voilà le diamant.

Et elle le lui donne… mais sitôt que Charlie a le dos tourné, elle sort le pistolet pris au garde à l’entrée de l’ascenseur, et abat son demi-frère ! Qui à sa grande surprise, se relève (elle a beaucoup de mal à tuer des gens, aujourd’hui). Elle découvre alors que son arme est chargée à blanc. Mais ce n’est pas le pire : les murs de la chambre forte se soulèvent, et elle découvre avec stupeur que ce n’était qu’un décor ! Elle est sur scène au milieu d’une grande salle de spectacle en extérieur, et tout le monde vient de la voir tenter de tuer son demi-frère en direct !

– Crotte de bique ! s’exclame-t-elle.
– Te voilà faite ! triomphe Charlie. Comprends-tu ce qu’il vient de se passer ? Quand tu es montée dans ta voiture pour aller à la chambre forte… tu n’as même pas regardé ton chauffeur ! C’était moi ! Ensuite, un camion devant nous a déversé du sable pour faire croire à une tempête. Puis, on t’a emmenée à une réplique de ta chambre forte dans le désert, toujours en t’envoyant du sable dans la gueule pour que tu ne remarques rien en sortant de la voiture. Puis, à l’intérieur, le garde était un complice ! Bosco ! Bon, tu l’avais déjà vu mais on a compté sur le fait que tu sois aussi sourde, aveugle et conne, ça arrangeait le script. Et l’ascenseur, c’était un faux, sur roulettes, que nous avons emmené jusqu’à ce décor, ici ! Et voilà ! Et maintenant, Interp-
– Un instant. J’ai une question.
– Oui, Emma ?
– Comment avez-vous pu reproduire, au détail près, ma chambre forte ultra-secrète que personne n’a jamais vue, puisque justement, ultra-secrète ?
– Ah. Euh. Eh biiiien…
– Et accessoirement, vous m’expliquez où nous sommes ? Une salle de spectacle extérieure ? Vous m’expliquez comment vous avez réussi à y installer tout ça, dans une zone bardée de gens à ma soldes, devant un public avec des téléphones qui prend des photos, sans que personne ne me signale que « Eh, il y a des mecs qui montent un décor géant pour te feinter à 30m de ton hôtel ». Car oui, en plus, c’est littéralement à 30m de mon hôtel. Et comme la salle est en extérieur, je pouvais limite voir les préparatifs depuis ma chambre. Vous m’expliquez comment tout le monde a loupé tout ça ? Laissez-moi deviner : une histoire de sourds, aveugles et c-
– Ahem, je disais, Interpol est ici pour vous arrêter et…
– Attendez, vous êtes débiles ? Vous êtes recherchés par Interpol. Pour vol. Ils vont donc vous arrêter aussi, non ?
– Euh…

Mais Interpol est visiblement super sympa : ils trouvent les voleurs gentils, et décident donc de juste leur donner une tape dans le dos, un clin d’œil, et tout est pardonné ! Mais attendez, ce n’est toujours pas fini ! Car Charlie révèle une autre partie de son plan.

– Oui, ce plan pour me venger de toi Emma était le mien et rien que le mien. Pour parvenir à tout cela, j’ai dû inviter les célèbres cavaliers dans la partie moi-même ! Pour ce faire, je me suis fait passer pour l’Œil. Je les ai cherchés, j’ai déposé une carte de tarot avec un message chez chacun d’eux, et je les ai menés jusqu’à moi et mes amis, en leur faisant croire que c’était l’Œil qui voulait cela ! Et voilà comment nous avons rassemblé nos forces pour te vaincre, Emma !

Et les cavaliers applaudissent avec le public devant tant d’audace.

Alors que bon, logiquement, Pacheveux devrait lui mettre son poing dans la gueule, avant de lui dire en substance :

– Mais ? Espèce de trou du cul ! Tu veux dire que tu nous as manipulés ? Attends, donc je résume : depuis le début, tu savais tout sur Emma ? Et tu avais juste à la piéger, ce qu’on pouvait faire directement ? Mais en lieu et place, tu t’es dit « Tiens, si je me faisais passer pour une organisation secrète afin de donner une instruction floue à des gens sur comment prouver qu’Emma est méchante, en espérant qu’ils vont faire n’importe quoi et voler son plus gros diamant alors que ça n’a aucun rapport, puis je vais aller en France, acheter un château, le remplir de gadgets à la con, y inviter mes nouveaux amis, les perdre là-dedans durant des heures sans raison, tout ça pour trouver des documents nazis avec lesquels on se torchera une minute plus tard. Accessoirement, si quelqu’un meurt à cause de mes bonnes idées, comme au hasard, Morgan Freeman, qui n’avait aucun rôle là-dedans, je n’en ai rien à foutre. Puis, alors que tout ceci n’a servi à rien, puisque le diamant lui-même n’est pas nécessaire, je vais piéger ma sœur avec mes nouveaux alliés, ce par quoi on aurait pu commencer sans difficultés, mensonges, et même un mort dont plus personne ne parle. » C’est ça ?
– Euh… oui. J’avoue que dit comme ça, le passage où j’achète un château sans raison a l’air encore plus con.
– Bien. Que quelqu’un attrape Bosco et le fasse tousser : on va faire rentrer Charlie à sa véritable place.

Mais non, rien de tout cela n’est souligné. Pacheveux se contente d’applaudir en riant parce que « Ahaha, il nous a bien eus ! ». Et tant pis pour Morgan Freeman. Ca ne doit plus être « personnel », je suppose.

La méchante est arrêtée, les gentils sont libres, tout le monde est content… et nous avons le droit à une petite scène juste après où, rentrés chez eux, nos héros discutent de la suite. Et reçoivent un message de leur ami qu’ils avaient perdu en Russie quelques années plus tôt, qui leur dit que hahaha, non, en fait, il va bien, certes il a désormais un ou deux tatouages grossiers à des endroits amusants, mais bon, surtout, c’est super que Charlie et ses amis aient menti car ils peuvent rejoindre la bande et tous ensemble… vont recevoir une nouvelle mission de l’Œil !

Avant que Charlie ne propose d’acheter un château pour y emmerder tout le monde sans raison, l’écran vire au noir et…

… FIN !

Et quelqu’un a financé ça : c’est ça, la vraie magie.

Morgan Freeman, apprenant que non seulement il est mort pour rien, mais que tout le monde s’en fout et qu’on félicite même Charlie pour l’avoir traîné sans raison dans ce traquenard.


Alors que nous sortons du cinéma, je me penche vers Diego pour qu’il allume mon cigare. Je note à ses sourcils froncés qu’il a encore une interrogation.

– Je vous connais patron. Vous n’avez pas tout dit. C’est encore plus idiot que ça, n’est-ce pas ?
– En effet, fier prolétaire.

Je tire lentement sur le cigare, tout en désignant le personnage d’Emma sur l’affiche.

– Tout du long du film, il y a un élément qui revient et que je n’ai même pas mentionné tant il est idiot. Une sorte de ponctuation rappelant que personne ne comprend ce qu’il se passe. En effet, à chaque fois qu’Emma apparaît à l’écran et qu’il y a la presse, elle lance, sans aucune raison puisque ce n’est même pas le sujet : « Ma société est transparente, j’invite tous les journalistes à venir inspecter ses comptes ». Elle le fait lorsque la presse l’interroge à sa vente de diamant, après se l’être fait voler, à Abou Dabi… j’en passe.
– Et donc ?

Je regarde avec mépris mon domestique dont j’attendais plus.

– Je te rappelle pourquoi les gentils veulent arrêter Emma ?
– Parce qu’elle est corrompue et lave de l’argent sale de nazis et de trafiquants d’… oh.

Oui. Tout le film, je dis bien, TOUT le film, Emma invite les journalistes à venir inspecter exactement ce qu’elle est supposée cacher, à savoir la réalité de ses mouvements financiers.

Un méchant qui supplie qu’on vienne chercher les preuves pour le faire tomber…

Finalement, même elle voulait sortir de ce film au plus vite.

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14.11.2025 à 10:05

Le tome 2 du Petit Théâtre des Opérations sur les guerres napoléoniennes est là

Un odieux connard

Votre serviteur étant encore en train de courir, ce qui l’empêche de cracher son fiel via son clavier, il est de bon ton d’expliquer pourquoi en ces lieux, puisque ce […]
Lire la suite (367 mots)

Votre serviteur étant encore en train de courir, ce qui l’empêche de cracher son fiel via son clavier, il est de bon ton d’expliquer pourquoi en ces lieux, puisque ce n’est pas fait : Le Petit Théâtre des Opérations dédié aux guerres napoléoniennes, tome 2, est là ! Et il faut bien qu’armé de mes fidèles tampons, j’aille dédicacer tout cela. D’où la course, tout ça.

Votre libraire l’a, car il a du goût. 

Monsieur le chon étant occupé à gémir sous le fouet pendant qu’il produit le tome 6, c’est donc Prieur & Malgras qui se remettent au boulot pour dessiner, tiens, un trois mats, hop, une charge de plusieurs milliers de chevaux, et zou parce que vous m’êtes sympathiques, toute une armée avec des uniformes bien détaillés. Oui, ils souffrent. Mais que voulez-vous : sans cruauté, le brandy a moins de goût.

Et si vous voulez savoir ce qu’il y a dedans, hop :

Voilà.

Que disais-je ? Ah oui : je cavalcade. Plus vite Diego, et cesse de chanceler ou je change de monture pour un serviteur plus jeune et stable ! Yah !

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30.10.2025 à 09:05

L’IRE ENSEMBLE – MIDNIGHT SUN – ÉPISODE 9 FINAL

Un odieux connard

Qu’entends-je ? Des hautbois ? Des musettes ? Que célèbre donc cet orchestre céleste ? Mais, la délivrance de votre serviteur, bien sûr, qui est enfin arrivé à la fin […]
Texte intégral (3870 mots)

Qu’entends-je ? Des hautbois ? Des musettes ?

Que célèbre donc cet orchestre céleste ? Mais, la délivrance de votre serviteur, bien sûr, qui est enfin arrivé à la fin de cette gigantesque mer… daub… ahem, oeuvre qu’est Midnight Sun. Et si j’ai perdu en chemin amis, honneurs, et points de QI, me voici donc au bout de la quête que vous m’avez infligée, monstres. Alors, pour commencer, rappelons que le volet précédent est ici.

Et reprenons. Car nous en étions à un point crucial de notre récit : Bella étant poursuivie par un vampire, Edward a tenté de faire diversions avec des chaussettes qui puent (véridique, je tiens à le rappeler). Hélas, le traqueur n’étant visiblement pas un fétichiste des pieds, il n’est pas tombé dans le panneau, mais bien sur Bella. Ce qu’Edward ignore encore, au moment où il prend le premier avion pour aller retrouver l’amour de sa non-vie, qui je le rappelle, est une lycéenne pas foutue de marcher en ligne droite sur terrain plat.

Vous êtes prêts ? Alors lisons, mes bons !

Oui, bon d’accord, j’avançais au rythme d’un article tous les 6 mois, mais bon, faut me comprendre. Mais c’est fini ! Finiii !


Retrouvons donc Edward et sa famille qui ont pris le premier vol pour l’Arizona.

Mon impatience ne me quitta pas, même quand l’avion se posa sur le tarmac. J’eus beau me rappeler que Bella était en sécurité à moins de deux kilomètres de moi à présent, et que j’allais la revoir d’ici à peine quelques minutes, j’eus envie d’arracher la porte de sécurité et de me ruer dehors au lieu de devoir endurer l’interminable roulage jusqu’au terminal. Sentant mon agitation intérieure derrière ma rigidité totale, Carlisle me remémora de bouger d’un petit coup de coude.

Quand il pense à Bella, Edward a des problèmes de « rigidité totale ».

On me dira que je pense à mal, mais ce n’est pas moi qui écris une scène où son propre père doit lui demander de calmer sa rigidité au moment où il faut se lever devant tout le monde. On sent donc notre vampire foufou, voire carrément excité à l’idée de revoir sa douce. En attendant, les plus observateurs d’entre vous auront noté un point intéressant :

Bien que les volets des hublots soient baissés, une lumière trop violente illuminait la cabine.

Oui, nos vampires ont pris l’avion. Oui, en plein jour, et au milieu de plein de mortels. Et, oui, le soleil rentre dans la cabine.

Mais non, ils ne brillent pas comme de gigantesques boules à facettes, transformant l’appareil en soirée disco. Pourquoi ? Eh bien parce que… attention…

… ils ont mis des sweats à capuches. Non, c’est véridique. Apparemment, le sweat à capuche protège 100% de la peau, ne glisse jamais, et suffit à n’importe quel vampire pour sortir en plein jour. Les mecs, si cette tenue vous permet de sortir à volonté, c’est pas près de Seattle qu’il fallait s’installer, mais sur n’importe quelle commune desservie par le RER B. Personne n’aurait rien remarqué. Enfin : maintenant qu’ils sont descendus de l’avion, une mauvaise nouvelle attend nos héros, car les vampires chargés de protéger Bella annoncent qu’elle était là, et puis pouf, à un moment, elle était plus là. Il faut donc la retrouver au plus vite, car elle est sûrement en danger ! Mais pour cela, il faut une voiture.

Mais où diable trouver une voiture dans un aéroport ? En louer une ? Prendre un taxi ? Non ! Nos héros n’ont pas que ça à penser (chose qu’ils font peu), aussi décident-ils… d’en voler une. Et réfléchissent très fort. Avec difficulté, mais très fort quand même.

Quel que soit le véhicule que nous empruntons, la police cherchera son propriétaire.

Une bonne remarque : si la voiture est volée, elle sera recherché.

Là, lecteur, vous me direz : « Hmm, en suivant leur logique, en supposant qu’ils en aient une, le mieux serait de voler une voiture d’un modèle répandu, histoire de disparaître dans la circulation au plus vite. ».  Oui, vous le direz. Mais je vous laisse voir ce que fait notre vampire préféré :

Je me ruais au fond du parking, juste là où le soleil tapait. Quelqu’un y avait garé sa Subaru WRX STI trafiquée pour être plus puissante, loin des ascenseurs, afin d’éviter qu’on en raye la peinture. Une peinture hideuse. Des bulles orange vif grosses comme ma tête s’échappaient de ce qui ressemblait à de la lave violette en fusion. En un siècle, je n’avais pas vu de carrosserie aussi ostentatoire.

Voilà.

Oui, c’est dans le livre. Les mecs se disent « Hm, on va être recherché, faisons profil bas », et Edward va voler une PUTAIN DE CHARRETTE TUNING ORANGE-VIOLET FLUO.

Imaginez la personne qui a écrit ce livre, réfléchissant longuement à comment décrire une carrosserie dégueulasse, environ deux secondes après avoir dit que ses héros devaient faire profil bas. Ah non mais on est bien. Cependant, après quelques manœuvres, voilà la voiture de kéké ouverte et vrombissante, avec Edward au volant qui s’empresse de flairer la piste de Bella (ses pieds qui puent, donc). Brièvement, nous avons aussi des commentaires comme :

l’Arizona et de sa luminosité ridicule

C’est bien d’insister qu’il fait grand jour et TRES lumineux. On en parle, donc, qu’on a donc une voiture tuning, ce qui est déjà peu subtil, mais remplie de TYPES QUI BRILLENT EN PERMANENCE ? Ça va être discret, ça, mes petits amis, une voiture immonde et fluo avec à l’intérieur l’équivalent du Versailles des boîtes de nuit. Mais visiblement, oui. Passons sur la route, car durant des pages et des pages – et pas qu’un peu – nous avons de longues descriptions d’Edward qui fonce, conduit comme un gros rabouin, emboutit des gens, mais s’en fout puisque bon, sa zouzette est en danger.

Heureusement, il arrive là où Bella est retenue en otage par le méchant vampire : un studio de danse !

Les vampires sont comme ça. Ils adorent la danse et les comédies musicales. Qui n’a jamais été bouleversé à la lecture de Dracula II – Le cours de zumba est annulé ? Non ? Eh bien vous voyez : c’est la preuve que vous ne l’avez pas lu. Toujours est-il que pour en revenir à la famille morte-vivante d’Edward, tout le monde débarque sur le parking dans le plus grand silence, puisqu’il ne faudrait pas alerter le margoulin. Comme le dit Edward :

S’il nous entend, elle meurt !

C’est noté ?

Attention, je tourne la page.

Le rugissement qui émana des tréfonds de mon corps fut purement instinctif.

Edward, une demi-seconde après avoir décidé d’être discret, rentre donc en hurlant « LEEEEEEEROYYYY JEEEEENKIIIIINS ! ». Normal.

Et, crotte de bique, ce n’est visiblement pas une stratégie suffisante, car le méchant a le temps de malmener Bella, et même de la mordre avec son gros venin de vampire. Si jamais on ne fait rien, Bella va elle aussi subir la malédiction de… de… attendez, rappelez-moi déjà ce qu’est le SEUL problème de nos vampires ? Ah oui voilà : ils doivent porter des sweats. Grosse malédiction les enfants.

Mais Edward, qui est probablement interdit chez H&M depuis qu’on l’a surpris se tripotant au rayon chaussettes, ne peut supporter d’aller y acheter un sweat pour Bella. Il doit donc la sauver du vampirisme. Mais comment ? Son père, médecin, désigne la morsure sur la main de Bella.

— Essaie de sucer le venin, me conseilla- t- il, son calme recouvré. La plaie est propre.

Rappelons qu’Edward n’y a pas pensé, alors que d’après ce que nous avons lu, ça fait un siècle qu’il fait des études. Ce qui confirme ma théorie : un siècle qu’il redouble.

Mais même avec ce plan simple, pour Edward, c’est compliqué.

— Je ne suis pas sûr d’y arriver, terminai- je.

C’est vrai. C’est pas comme si tu étais une créature spécialement équipée pour sucer du sang, Edward.

Quelque chose me dit qu’il a surtout sucé beaucoup trop de piles qui fuyaient étant petit.

— Je ne peux pas t’aider, enchaîna Carlisle, je dois m’occuper de stopper l’hémorragie, surtout si tu lui tires du sang par la main.

Pour info, dans cette scène, Edward est venu avec une bonne partie de sa famille. Donc même en supposant que Carlisle soit occupé à mettre du mercurochrome sur Bella, il reste au moins deux vampires qui se tournent les pouces à coté. Mais même l’autrice a oublié leur existence.

Heureusement, Edward suce si fort qu’il pourrait être journaliste sur Fox News, et parvient à sauver Bella. Qui se réveille et explique comment le vilain vampire l’a retrouvée :

Il m’a eue. Il a regardé nos films de vacances.

Personnellement, là : je plains surtout le pauvre vampire qui s’est donc tapé 8 heures de mauvais cadrages sur un séjour à la Bourboule.

Bien qu’elle soit épuisée par le traumatisme et la morphine, il était évident qu’elle était offusquée par cette intrusion dans son intimité.

Pensa Edward, le vampire pogneur qui se cache dans les chambres de lycéennes la nuit venue.

Bon, en attendant, Bella a quand même quelques bobos, puisque le vampire n’y est pas allé de main morte (enfin techniquement, si, mais arrêtez maintenant). Des côtes pétées, une jambe cassée, elle a des bouts de miroir dans la margoulette, des coups… bref, elle ressemble à un premier ministre 38 minutes après sa nomination. Il faut donc l’emmener en urgence à l’hôpital. Ce qui pose problème :

L’arrivée à l’hôpital promettait d’être risquée. Nous étions à bord d’un SUV volé, relié à une Subaru elle aussi volée et responsable d’un carambolage ayant impliqué vingt- sept véhicules. L’entrée des urgences était surveillée par des dizaines de caméras.

Autre solution :

Appeler une ambulance, et justifier de l’état de Bella en expliquant que le connard qui a défoncé 27 véhicules (des victimes ? on s’en fout !) l’a percutée. Mais même Carlisle, médecin de son état, n’y pense pas. Heureusement, via diverses ruses affreusement compliquées impliquant de la divination, des manoeuvres ninjas et autres, nos héros parviennent à réussir l’impossible : faire rentrer une blessée dans un hôpital. L’histoire ne dit pas si elle patiente 8 heures aux urgences.

Par contre, elle dit ce que nos héros font pendant ce temps. Car il faut bien prévenir la famille de Bella ! À commencer par son sheriff de père ! Mais que lui dire ? « Salut, si ta fille a quitté l’état à toute vitesse avant de finir à l’hosto, c’est à cause d’une sombre histoire de vampire magiques, de pieds qui puent et de studio de zumba ». Impossible ! Heureusement, Edward a une idée toute trouvée : dire que cette grosse gourdasse de Bella était à l’hôtel, a glissé, s’est mangé tout un escalier, puis au bout de celui-ci, a traversé une baie vitrée avant de s’éclater au sol.

Vous me direz « Jamais un sheriff ne va gober ça ! En tout cas, il va vouloir en savoir plus ! ». Ah oui ? Eh bien voici la réponse de Papa Swan au téléphone :

— Vous êtes sûr que tout va bien ?

« Tout va bien », signifie donc « Ma fille vient d’avoir le destin d’un oligarque russe » dans le langage local.

Ou alors, tout ceci est écrit avec le postérieur, mais je n’ose y penser.

La maman de Bella, elle aussi avertie, fonce à l’hôpital sans poser la moindre question elle non plus. Et quand elle débarque dans la chambre et voit Bella dans un état tel que le Centre Pompidou a demandé à en faire l’acquisition, tout ce qu’elle remarque, c’est Edward près du lit. Et là…

C’est donc lui le petit ami ? Bigre, Bella n’a aucune chance.

Je n’ai pas compris cette phrase.

Pas à cause du « Bigre » volé à un épisode de Placid & Muzo (Numéro 1 des ventes en Arizona depuis 30 ans), mais parce que… Bella n’a aucune chance ?  En voyant son petit ami ? Ça vaut dire qu’il est moche selon elle ? Ou qu’en voyant les gros muscles d’Edward, elle se dit « Seigneur, si ce bestiau tente l’accouplement, ce sera comme un husky sur un chihuahua » ? Ne me dites pas que j’exagère : j’essaie de comprendre. Ou alors elle se dit « Ma fille est vraiment trop moche pour ce mec », mais je crois que je préfère encore l’histoire avec le husky. Que voulez-vous : au fond, je suis un grand romantique.

Pour faire la conversation, Edward demande à Maman Swan si elle aimerait en savoir plus sur comment Bella a mangé le sol, un escalier, une vitre, puis re-le sol, tout ça dans un hôtel d’un état où elle n’avait rien à foutre ? La réponse de la génitrice est fabuleuse :

— Bella est tombée en bas d’un escalier, ça n’a rien d’inhabituel. La baie vitrée, c’était un coup de pas de chance.

J’étais stupéfait de la facilité avec laquelle ses parents acceptaient notre histoire.

Même Edward se dit « Ah ouais, elle est un peu con. »

Même Edward.

Bon après, il est vrai que le running gag de Bella qui se casse tout le temps la gueule est là, mais en faire un élément de l’intrigue ? Chapeau.

Et justement, peu après, Bella ouvre les yeux, et voit son vampire près d’elle.

— Je suis très amochée ?
— Une jambe et quatre côtes brisées, énumérai- je, quelques entailles sur le crâne, des bleus un peu partout, et tu as perdu beaucoup de sang. Ils t’ont fait des transfusions. Ça ne m’a guère plu. Pendant un moment, tu as senti bizarre.

Edward est un grand romantique.

« Tu es sauvée. Par contre, tu pues. »

Mais bon, il se rattrape en disant que oui, bon, écoute, je t’ai sauvé le cucu, et je serai toujours avec toi ma louloute.

— Tu es en train de t’engager pour toujours, je te signale, rigola- t- elle malgré la douleur. 

Un toujours de mortel.

Comprendre « Je m’engage pour toujours, mais ton toujours, hein,  genre 70-80 ans, comme ça une fois que tu seras claquée, je me trouverai une petite lycéenne fraîche ».

Quel romantique cet Edward. Je comprends pourquoi il ne voulait pas qu’elle devienne immortelle. Ça aurait cassé ses plans.

Enfin : sa douce finit par sortir de l’hôpital. Et il faut qu’elle retourne au lycée. Où, bizarrement, une élève qui revient d’un voyage mystérieux en fauteuil roulant, ça éveille la curiosité. Mais Edward sait y faire, voyez.

Quand je poussai sa chaise roulante en ce premier jour de lycée, il me suffit de croiser le regard de ceux qui affichaient un intérêt un peu trop marqué : petit étrécissement des paupières, rictus retroussant ma lèvre supérieure, et ils s’égaillaient comme une volée de moineaux.

La célèbre technique du « Teckel nerveux ». Edward fait « RRrrrrRRRr !  RrrrrrrRRRrrr ! » dès qu’on le regarde, et apparemment, dans ce lycée, ça marche. Eh bé.

Mais attendez, tout cela manque de romantisme ! Edward, vite ! Le bal de fin d’année approche ! C’est le moment de pécho, mon vieux (voire très vieux). Et le bougre s’exécute en allant chercher Bella pour l’y emmener, vêtu de son plus beau smoking (de lycéen, comprendre, un slip propre et un noeud pap’ à élastique).

— Tu m’emmènes au bal de fin d’année ? hurla- t- elle.

Elle n’avait vraiment rien soupçonné. Je fus désarçonné. À quoi d’autre aurions- nous pu assister, ainsi habillés, à Forks ? Et voici qu’elle avait les larmes aux yeux, et qu’elle accrochait la portière de la Volvo, comme si elle aurait préféré se jeter dehors plutôt qu’affronter une bringue de lycéens. En douce, je verrouillai la voiture. J’étais à court de mots. Il ne m’avait pas traversé l’esprit qu’il puisse y avoir un malentendu. Bref, je dis la chose sans doute la plus stupide qui soit, au vu des circonstances :

— Ne sois pas pénible, Bella.

Ah, Edward.

Bella ne veut pas, Bella pleure, Bella s’accroche à la portière pour partir… aussi Edward verrouille la voiture et lui dit « Ne sois pas pénible ».

C’est vrai, quoi ! Depuis quand ton opinion compte ? Et pourquoi pas le droit de vote, hein ?

Fais pas chier, Bella. Ferme ta gueule. Ne sois pas pénible, enfin ! Bref. Toute la famille d’Edward est au bal du lycée, puisque tout est bien qui finit bien.

Bella n’avait d’yeux plus que pour la piste de danse, où mes frères et sœurs frimaient à mort. Ils se défoulaient, j’imagine. Nous étions tellement sur la retenue, toujours. S’il nous était impossible de ne pas attirer l’attention– nos visages d’immortels y veillaient–, nous nous efforcions de ne pas ajouter de l’eau au moulin des curieux. Ce soir, pourtant, Rosalie, Emmett, Jasper et Alice y allaient de bon cœur, mêlant des dizaines de danses de toutes les époques possibles pour créer des mouvements intemporels. Il va de soi que leur grâce n’avait rien d’humain. Bella n’était pas la seule à les contempler. Quelques audacieux se trémoussaient également, tout en se tenant à l’écart du cirque vampirique.

« Bon les mecs, faut pas qu’on se fasse griller. Prudence. Retenue. Subtilité.
– D’accord.
– PUTAIN Y A LE BAL DU LYCEE, FAIS PÉTER LES MOUVEMENTS INHUMAINS ! »

C’est vrai que quitte à tout risquer, autant que ce soit pour un truc important, comme danser au bal du lycée.

Les vampires dansent, Edward trimballe Bella comme un jouet dénué de toute volonté… tout est bien qui finit bien, donc. D’ailleurs, Edward conclut l’ouvrage en s’adressant à Bella pour lui dire :

— Je resterai toujours avec toi, poursuivis- je.

Ouais.

Le fameux « toujours de mortel », donc ?

Jusqu’au bout : quel gros bâtard, cet Edward. Et…

… FIN.

Seigneur. Qu’est-ce que j’ai lu ? Plus jamais. Oh non, plus jamais. Enfin, au moins, on est tranquilles : ce sera difficile de faire plus nul. Comment ? Le dernier ouvrage à la mode aux Etats-Unis avec une romance fantasy a pour pitch « Une jeune femme, pour gagner son pain, décide d’aller branler des minotaures dans la ferme où ils produisent leur belle semence ? ». Que ? Attendez je vérifie… non, c’est vraiment ça.

Bon allez ça suffit : il est temps que je croque ma fausse dent saveur cyanure.

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17.10.2025 à 09:14

E-Tron : Ares

Un odieux connard

– Oui… oui, c’est lui ! Il n’y a aucun doute possible ! Le policier tend un mouchoir à la vieille dame bouleversée, puis se penche vers le micro. D’une […]
Texte intégral (8465 mots)

– Oui… oui, c’est lui ! Il n’y a aucun doute possible !

Le policier tend un mouchoir à la vieille dame bouleversée, puis se penche vers le micro. D’une voix froide, il ordonne à tous les suspects de sortir, sauf le numéro 3. De l’autre côté de la glace sans tain, l’annonce est accueillie par des soupirs de soulagement pour les uns, et par un tremblement incontrôlé pour l’autre. Deux agents entrent, épaules larges et sourcils bas, et s’emparent du larron fraîchement identifié pour le pousser sans ménagement vers la salle d’interrogatoire. Le malheureux proteste :

– Écoutez, je ne sais pas quel témoin m’a soi-disant identifié, mais je vous assure que c’est une erreur !
– C’est ça, à d’autres. On a une caméra qui a filmé ta camionnette avec la plaque bien lisible, juste au moment des faits. On voit la portière s’ouvrir et la victime monter.
– Mais enfin ! Vous ne pensez pas que je… que moi… enfin, j’adore les enfants, tout le monde le sait !

L’argument ne semble pas faire mouche, puisque c’est toujours sans ménagement qu’on menotte le malheureux à la table d’interrogatoire. L’un des policiers referme la porte avant de se saisir d’un annuaire qu’il soupèse avec une attention quasi-scientifique.

– Ouais, ouais, ben la prochaine fois, au lieu de te chercher des excuses, trouve plutôt des fringues. Parce qu’un pervers qui se promène en slibard, pardon si ça attire l’attention.
– Mais ? J’ai le droit ! Et puis, votre témoin m’a peut-être confondu avec un autre type en slip !
– Ah ouais ? Sauf qu’elle a bien précisé : « Il avait aussi deux immenses oreilles et une queue. »

Le suspect déglutit. Et le policer reprend.

– Tu es fait, Mickey.

L’énorme souris s’agite sur sa chaise, faisant aussi bien tinter les menottes que les boutons cuivrés de sa culotte.

– Je peux tout expliquer.
– Ben alors mets-toi à table. Et explique-nous : pourquoi tu embarques de petites licences innocentes pour leur faire ça ? T’étais déjà sous contrôle judiciaire après Star Wars, mais là… on a Tron dans l’autre pièce. On lui a demandé de nous montrer sur une poupée où tu l’avais touché. Il est remonté si loin dans son cul que c’est plus une poupée, c’est une putain de marionnette.
– Je suis désolé, c’est plus fort que moi, quand je vois une petite licence aguichante, là, je… je dois lui faire du sale. Je n’y peux rien. Je suis malade. Vous comprenez ?

Le policier hoche la tête.

– C’est vrai, tu as besoin d’un médecin. Et tu sais où on trouve plein de médecins ?
– Euh… non ?
– Dans l’annuaire.

Tels furent les derniers mots entendus par Mickey avant de se faire rabattre les oreilles à coups de bottin. Car, oui, il faut tout de même poser la question : quel est le problème de Disney ? Qu’est-ce que les licences leur ont fait pour qu’ils décident de leur faire autant de mal ? Pulsion ? Vengeance ? Diarrhée ? Un mélange des trois ?

Pour comprendre ce mystère, penchons-nous sur Tron : Arès. Un film avec Jared Leto, dont le nom n’est pas exactement synonyme de bonne idée.

Et donc… spoilons, mes bons !


L’affiche : C’est pas exaaactement des flammes, mais Jared Leto compte comme 3,5 explosions.

Notre film commence par une série de flashs télévisés nous expliquant que depuis des décennies, deux énormes compagnies spécialisées dans les nouvelles technologies se font la guerre : Dillinger Corp et ENCOM. Que nous pouvons résumer ainsi : Dillinger Corp est la société du méchant des précédents Tron, donc forcément, ils sont très vilains et prêts à tout pour l’argent, alors que ENCOM étant la société de feu Flynn, héros du premier film, forcément, c’est aussi une gigantesque multinationale mais… euh… gentille. Quand ils « oublient » de payer leurs impôts par exemple, ce n’est pas de la fraude mais de l’optimisation fiscale gentille.

Voilà. Maintenant, allons justement voir l’une de ces deux sociétés Dillinger… enfin, Méchants Corp, ce sera plus simple, et son grand patron, le jeune et ambitieux Jullian. Qui a convoqué tout son conseil d’administration dans un hangar pour leur montrer sa dernière création.

– Chers amis, vous connaissez les imprimantes 3D ? Eh bien, voici la prochaine étape ! Une imprimante de la taille d’un bâtiment, constituée de gros lasers générateurs de matière, et capable de créer, là, de suite, n’importe quoi pour peu que ce soit dans nos serveurs. J’vous fais une petite démonstration, comme ça, au débotté… disons, un véhicule blindé.

Evidemment, c’est une imprimante, donc au début ça dit « Mauvais driver » puis « Je veux pas imprimer parce que j’ai plus de jaune » alors que 1) si et 2) y en a pas besoin, mais après un ou deux coups de pied au cul, le bousin fonctionne, et de gros lasers rouges et méchants qui font « pioupioupiou » ont tôt fait de créer une espèce d’énorme voiture futuriste recouverte de néons.

– Et voilà mes amis ! Avec ça, il vous suffit de 5 minutes pour lever une armée et… oui ? Je vois une main levée ? Madame ?
– Alors c’est super et tout… mais pourquoi imprimer une merde couverte de néons rouges dégueulasses ? Vous pensez qu’on part à la guerre en voiture tuning ?
– Ah je… ah oui. Nan, je sais pas pourquoi j’ai fait ça. Ni pourquoi j’insiste pour coller des néons rouges immondes sur tout ce que j’imprime.
– En plus, elle est pas armée, votre bouse. Enfin, si : elle pique les yeux. Mais sinon pour une démonstration d’engin militaire…
– Bon, je vois que j’ai un public difficile ce soir. Mais attendez, je n’ai pas fini. Car je n’ai pas imprimé qu’un véhicule ! Voyez plutôt à bord !

Et la portière s’ouvre pour qu’en sorte un type masqué.

– Pourquoi a-t-il lui aussi une combinaison à néons moches qui…
– Raaaah, mais fermez vos gueules ! Je viens d’imprimer un ÊTRE VIVANT, bordel ! Et vous, vous gueulez sur sa tenue ? Ça veut dire qu’on peut imprimer des soldats ! Des putains de soldats ! Remplaçables à volonté ! Là par exemple, ce soldat, c’est Ares, le programme qui gère la sécurité de mes serveurs. Eh bien, une fois imprimé sous forme humaine, il peut aussi gérer la sécurité du site, ou meuler la gueule de quelqu’un qui voudrait encore parler de NÉONS ! BAISSEZ LA MAIN, LÀ-BAS !
– Nan mais c’est pas pour parler des néons, m’sieur Jullian.
– Ah, bon, alors allez-y, je vous écoute ?
– Pourquoi vous lui avez donné la gueule de Jared Leto ? Non parce que quitte à imprimer n’importe qui…
– FERMEZ. VOS. GUEULES.

Cependant, le curieux ne baisse pas la main.

– Allons, attendez, j’ai pas fini. Je disais : si vous pouvez imprimer des êtres vivants de n’importe quelle taille ou forme, vous pourriez m’imprimer Sydney Sweeney ?
– Oui, M’sieur Jullian, il a raison ! Et Hitomi Tanaka, par exemple, c’est possible ? Par un heureux hasard j’ai des… euh… photos dans mon téléphone, si ça peut aider.
– Pour ma part, j’aimerais voir, pour la science, si le robot peut imprimer Rocco Siffredi et…

Hmm ? Pardon ? Ah, non, ces dialogues ne sont pas dans le film en effet. Ce qui prouve que ce n’est pas crédible tant tout le monde sait que la première chose que les gens regardent quand une nouvelle technologie sort, c’est comment l’appliquer au marché du porno. Alors notre petit Jullian et ses histoires militaires, il est bien rigolo. Cependant, sa démonstration a épaté son conseil d’administration quand même (qui n’a posé aucune question, même pas sur les néons), et tout ce petit monde repart, laissant Jullian seul avec sa maman, dont il a hérité du siège à la tête de l’entreprise.

– Bravo mon fils. Tu as marqué des points.
– Je sais, maman.
– Tu as juste oublié de leur dire que la machine était instable… et que les créations ne duraient que 29 minutes. S’ils le découvrent…
– Je suis fichu, je sais. Je dois trouver le moyen de les stabiliser. Et je vais le faire.
– Bravo, mon fils. En attendant, tu sais, 29 minutes, c’est plus qu’il n’en faut pour bien des choses. Alors, je repose ma question : pour Rocco Siffredi, tu…

Mais Jullian n’en écoute pas plus et s’en retourne en courant à son bureau en chantant « Lalala je n’entends rien« . Mais, oui, il est bel et bien conscient de la faiblesse de sa machine : 29 minutes, c’est à peine la durée de vie d’un gouvernement français. Tout le monde va rigoler si ça se sait. Mais comme il l’évoquait, il a un plan pour corriger ça…

Et bondissons justement chez ses concurrents de ENCOM, ou Gentils SARL, pour là aussi être plus clair, dont la PDG n’est autre que la jeune et pétillante Kim, une femme qui a développé exaaactement la même technologie que son concurrent, mais avec des lasers bleutés (ils sont gentils, donc comme dans Star Wars, la couleur des lasers change), et elle compte bien s’en servir, non pas pour la guerre, mais pour produire des médicaments, de la nourriture, des arbres…

On est passés à deux doigts de « L’un veut produire des armes chimiques, l’autre des chatons » tant on est dans la caricature. Car non, à aucun moment, Méchants Corp ne s’est dit « Ah tiens au fait, si on pouvait produire n’importe quel truc, à l’infini, sans souci de ressources, on ne pourrait pas se faire des couilles en or avec ? On pourrait réfléchir à toutes les applications, non ?« . Non. Eux ils se sont dit « Gueeeeeerre ! ». Probablement avant de grimper sur les tables en se tapant le torse, pour mieux crier et se jeter leur caca au visage.

Mais donc, où se trouve Kim, notre héroïne ? Eh bien dans une tente perdue dans la pampa gelée, où elle travaille sur des ordinateurs pourris à la recherche du code capable de rendre permanent les objets créés, au lieu de les voir s’effondrer après 29mn. Près d’elle, son fidèle assistant, Bob, a moult questions.

Les héros. Je vous laisse deviner qui aura raison sur absolument 100% des sujets et fera mieux que tout le monde dans tous les domaines, et qui est rigolo et dit des bêtises.

– Kim ? Pourquoi on travaille au milieu de nulle part sur du matos pourri alors que tu es la PDG d’une corporation qui brasse des milliards ?
– Eh bien parce que vois-tu, cette tente, c’était celle de ma sœur décédée, et ce matériel, c’était le sien aussi. Et elle savait que le code se trouvait dans l’une de ces machines, caché par le légendaire Flynn lui-même ! Des reliques des années 80 ! Ma sœur les avait apportées ici pour les étudier en paix.
– Et donc, plutôt que de relier ça à des PCs modernes pour trouver le code en deux minutes, ta sœur a décidé de rechercher ligne de code par ligne de code sur de vieux crincrins qui bouffent des disquettes molles disparues depuis bien longtemps ? Et tu as décidé de suivre son exemple ?
– Exactement !
– Ah. Et juste au hasard, ce ne serait pas un prétexte pourri pour te représenter toi, l’héroïne, en femme du peuple qui travaille sous la tente sur du matériel daté, alors qu’en fait, t’as trois yachts et deux jets ?
– Rrrrooooooh je… alors ça… euh… pas du tout !

Caricature oblige, dans la tente (d’ailleurs, pourquoi une tente dans la pampa ? Il n’y avait pas plus pratique pour bosser en paix ?) se trouve aussi un gigantesque tableau avec des articles de journaux découpés et les légendaires fils rouges qui relient les punaises sur le thème « Où est Flynn ? Car il a disparu il y des années sans laisser de trace !« . Car là aussi, en 2025, les spécialistes des nouvelles technologies n’ont toujours pas trouvé mieux que les ciseaux, les punaises et de la ficelle rouge (avec du bleu, ça ne marche pas) sur un tableau pour garder au même endroit des informations.

Un jour, nous sortions de ce cliché. Oui, un jour. Mais visiblement, pas de suite.

Toujours est-il, que tiens, paf, Kim tombe pile poil sur la ligne de code qu’elle cherchait. En effet, alors que jusqu’ici, la machine utilisait la ligne :

if (temps_ecoule > 29mn) then { dans_mon_cul = true; }

Elle découvre qu’en remplaçant par « false », paf, ça roule. Bon eh bien voilà ! Kim a désormais le pouvoir de créer n’importe quoi de manière permanente, et le fait avec un petit laser portatif mignon (et pas un grand hangar austère, car encore une fois, elle est gentille). C’est ainsi qu’elle parvient à faire apparaître un arbre fruitier là, au milieu de nulle part ce qui est impressionnant, mais toujours moins qu’un Rocco. C’est donc la grosse teuf, et elle bondit dans son jet – oui, elle en avait bien un – pour rejoindre la civilisation.

Et ça tombe bien, car le même jour, Gentils Corp est là pour annoncer la sortie de son nouveau jeu vidéo attendu par des centaines de millions de fans : Space Paranoids ! La suite du jeu développé par Flynn. Alors, oui, comme son nom l’indique plus ou moins, c’est bien un simple Space Invaders merdique, mais allez savoir pourquoi, à l’heure de Baldur’s Gate 3 et de Battlefield 6, dans ce film, le monde entier a les jambes qui tremblent à l’idée d’appuyer sur deux boutons pour tirer sur des pixels dégueulasses tout droit sortis des années 80. Ah. Je suppose que les producteurs imaginent les joueurs comme ils imaginent les spectateurs de cinéma, ce qui explique la qualité du film.

Mais cette sortie mondiale, c’est sans compter sur le méchant Jullian, qui depuis son bureau, tapote sur son clavier lorsque sa maman arrive.

– Jullian, que fais-tu espèce de petit garnement ?
– Je tente de pirater les serveurs de Gentils Corp !
– Mais… pourquoi faire ?
– Alors déjà, parce que je suis méchant. Et ensuite parce que je soupçonne leur PDG Kim d’avoir trouvé le secret du « code permament » dont j’ai besoin pour que mes créations durent plus de 29 minutes ! Alors allons fouiller ça… et planter leurs serveurs le jour de la sortie de leur jeu vidéo ! Ahahaha !
– Pourquoi ?
– Eeh bien je… ai-je dit que j’étais méchant ?

Tu sais mon p’tit Jullian, des serveurs qui plantent le jour de la sortie d’un jeu, ça ne s’appelle pas du « piratage », mais une sortie classique en 2025. Toujours est-il qu’il parvient à faire son affaire (le piratage étant représenté par une bataille entre Ares, le programme de Méchants Corp, et ses petits camarades à néons rouges qui attaquent la jolie cité numérique bleutée de Gentils Corp, et on ne va pas se mentir, c’est sans intérêt). Et obtient l’information qu’il cherchait : Kim a bien trouvé le code de permanence, l’a sur elle, et vient juste d’arriver en ville. Des caméras l’aperçoivent même filant sur sa mobylette dans la nuit, en faisant pout pout pout.

Pour Jullian, la solution est toute trouvée.

– Préparez l’imprimante géante ! Nous allons voler ses secrets à Kim ! Et bientôt, le secret de la permanence sera mieeeen, mouhahahaha !
– Alors oui d’accord chef, mais qu’est-ce qu’on imprime ? Je vous rappelle que vous pouvez créer absolument n’importe quoi. Durant 29 minutes, mais n’importe quoi quand même.
– Vous allez m’imprimer deux soldats : Ares, évidemment, et un autre programme, Athéna, qui est plus ou moins la même chose, mais au féminin. Leur mission sera de poursuivre Kim et de voler ses secrets à tout prix.
– Bien chef.
– Et pour ce faire vous leur imprimerez deux énormes mobylettes. Bien évidemment couvertes de néons rouges dégueulasses pour que A) Kim nous repère à cent mètres B) Toute la ville puisse reconnaître le style unique de notre entreprise au moment où on agresse le PDG d’une multinationale.
– Mais ? C’est complètement con ! Et puis comment deux personnes à moto sont supposés en capturer une troisième ?
– Ah non mais je vais leur donner des armes, je ne suis pas complètement idiot non plus ! De quoi la menacer !
– Okay… donc j’imprime des pistol-
– Des frisbees. Donnez-leur des frisbees.
– Bon allez, j’arrête là : je démissionne.
– Roudoudou, revenez ici sur le champ !

Vous devez attaquer quelqu’un discrètement ? Voici le choix idéal selon les auteurs du film.

Et voilà comment Méchants Corp imprime donc deux motos immondes, deux pilotes, des frisbees, et les envoie tenter de capturer Kim. Ce qui donne lieu à une course-poursuite naze, où de temps à autres, les méchants laissent des trainées solides derrière eux (la signature de Tron) qui leur permettent de créer des murs. Alors vous me direz « Ah, ça va être pratique pour capturer quelqu’un : il suffit de créer des murs autour d’elle », mais sachez que non : à aucun moment, ils ne vont s’en servir ainsi. Et parce que c’est complètement débile, sachez qu’au bout d’un certain temps, Kim parvient à faire tomber Athéna de sa mobylette magique et à lui voler. On voit donc Kim paniquer un peu puisque bon, c’est quand même une mopette de l’espace imaginaire avec des boutons partout et rien qui ne ressemble à une moto normale maiiiiis… après avoir paniqué et eu du mal à rouler avec pendant 0,3s, elle devient instantanément plus forte aux commandes qu’Ares, qui est pourtant né pour piloter le bousin. Sacrée Mary-Sue !

Cependant, Kim ne s’en tire pas à si bon compte. Ares et elle finissent par se crasher ensemble, et à la surprise de notre héroïne, celui-ci ne tente pas de lui extirper son code en même temps que quelques molaires.

– Kim, ne panique pas. Je ne te veux pas de mal.
– Tu bluffes, Martoni ! D’ailleurs, le code de permanence est sur cette clé USB… que je brise et jette ! Kesstuvafaire ?
– Non mais vraiment, je ne te veux aucun mal. Quand mon créateur, Jullian, m’a demandé de pirater les serveurs de Gentils Corp, j’ai vu plein de vidéos de toi kromignonnes avec ta sœur. Ton histoire m’a touché, j’ai des sentiments, et maintenant, je veux être un vrai petit garçon. Pas un type qu’on envoie au casse-pipe toutes les 29 minutes à la demande.
– Alors, je serais bien tentée de te croire, mais comme j’ai failli mourir 15 fois durant la course-poursuite qu’on vient de boucler, j’y crois moyen à ton refus de me faire du mal.
– Non mais on va dire que les spectateurs ont oublié.

De toute manière, ils n’ont pas le temps de finir leur conversation, car Jullian, voyant que l’affaire traînait trop, a envoyé sur place un hélicoptère avec à son bord un de ses employés équipés du cybercanon. Alors, qu’est-ce que le « cybercanon », me demanderez-vous ? Eh bien, c’est une sorte de gros fusil, où quand tu tires, paf, ça transforme la personne touchée en données et ça la capture droit dans tes serveurs. Et l’employé tire sur Kim, qui se retrouve ainsi coincée entre 2Go d’images de Sonic enceinte. Ou enceint. Ne me demandez pas, je ne veux pas savoir.

Dans son quartier général, Jullian triomphe.

– Ah ! Et voilà, elle est à moi ! Elle a peut-être détruit la clé avec le code, mais si elle l’a vu une fois, il est dans sa mémoire ! Je n’ai plus qu’à la fouiller !
– Juste une question…
– Oui maman ?
– Tu viens de ravager la moitié de la ville avec tes mobylettes magiques qui laissent des trainées solides partout. Le tout en ayant imprimé des véhicules tellement distinctifs qu’il est limite écrit « MÉCHANTS CORP » partout sur eux. Et ensuite, tu as désintégré Kim, la PDG de ta multinationale concurrente… depuis un hélicoptère aux couleurs de notre société et qui est rentré directement ici. Le tout, sous les yeux de la police qui arrivait justement sur place à ce moment-là. Est-ce que tu ne penses pas que tu viens uuuuuuuuuuuuun peu de faire de la merde ?
– Non.
– Sinon, concernant mon Rocco imprimé en 3D, est-ce que maintenant on…

Passons.

Car non, la police ne fait aucun lien entre les motos de Méchants Corp, l’hélicoptère de Méchants Corp, le retour de celui-ci à Méchants Corp après avoir désintégré Kim, etc. Tout au plus, on voit juste sur une télé en fond un journaliste dire « Panique en ville : certains soupçonnent une implication de Méchants Corp« . Ah oui, la présomption d’innocence, chez vous, c’est du sérieux. Enfin, allons plutôt voir Kim, qui se réveille dans les serveurs de Méchants Corp, sous la forme d’un avatar à néons moches (mais pas rouges, elle est gentille), au milieu d’une ville numérique sombre et qui fait trop peur (vous ai-je dit qu’ils étaient méchants ?). Près d’elle se trouve Ares, qui après ses 29 minutes dans notre monde, est lui aussi revenu sur le serveur.

– Kim. Ne panique pas. Tu es vivante.
– Disons « consciente », parce qu’à l’heure actuelle, je suis plus Kim.exe que Kim PDG. Et qu’est-ce que c’est que ces posters de Sonic au mur ? Mais ?! Son ventre il…
– N’y prête pas attention. Je dois te prévenir, Kim : Jullian m’a donné l’ordre d’extraire les données du code de permanence de ta tête. Or, ça risque de te détruire entièrement.
– C’est embêtant. Mais sinon, si le mec peut désintégrer un être humain entier avec tout son esprit et ses données pour les capturer, il ne pouvait pas juste faire ça avec mon PC pour me voler mes secrets ?
– … alors disons que Jullian est… comment dire ? Hmmm… disons qu’il a à peu près le niveau d’un candidat de Love is Blind.
– Ah oui on part de loin quand même. Mais pourquoi me dis-tu tout cela ?
– Car j’ai décidé de lui désobéir, car vraiment, tes vidéos m’ont touché. Je suis un être conscient moi aussi et je veux vivre, pas être réduit en esclavage.
– Tu veux dire que Jullian t’as créé, nommé chef de sa sécurité virtuelle et réelle, puis imprimé dans le monde réel sans vérifier que, au hasard, tu ne prenais pas ce type de petites libertés ? Genre deux vidéos Youtube de moi caressant des chatons, et paf, t’as envie de tuer ton chef pour partir courir les champs avec moi ? Jullian n’a pas pensé à au moins te…
– Je te reparle de Love is Blind ?

Mais attendez, niveau stupidité, on est encore loin du compte ! Car évidemment, Ares refusant de tuer Kim pour lui voler ses secrets, Athéna, qui est elle un programme bien obéissant, réunit les autres programmes de sécurité du coin pour péter la gueule de son traître de chef. Ares prend donc Kim par la main et s’enfuit avec elle dans la ville numérique, en direction d’un gigantesque portail. Et c’est là que c’est incroyablement débile car Kim demande :

– C’est quoi ce portail ?
– Oh, ça ? C’est le portail entre notre monde et le monde réel. Si on le passe, on sera automatiquement imprimé dans le hangar de Méchants Corp.
– Attendez ? Jullian n’a pas sécurisé ça ? N’importe quelle IA peut sortir des serveurs et se faire imprimer sans autorisation n’importe quand ?
– Ah euh… ben oui.

Voilà voilà voilà. C’est un peu comme brancher une mitrailleuse sur une IA, mitrailleuse qui se trouve dans votre bureau, et dire à l’IA « Au fait, tu l’utilises quand tu veux et comme tu veux, hein, pas besoin de mon autorisation par exemple ! Fais-toi plais’, no limit bébé ! ».

« Putain Jullian, même un robot aspirateur on contrôle un minimum ce qu’il fait ! Alors ChatGPT qui a accès à des tanks ? T’es con ou quoi ? »

Evidemment, cette fuite donne lieu à une nouvelle course-poursuite dans la ville numérique où Athéna et ses sbires aux trousses de nos héros envoient moult drones laisser des traînées solides devant eux pour les gêner, tenter de les tuer et… un instant. Laissez-moi vous présenter la chose autrement : imaginez que vous deviez empêcher des gens de passer une porte. Et que votre seul super pouvoir soit de pouvoir créer des murs. Quelle est la PREMIERE chose que vous feriez ?

Voilà : murer la porte.

Eh bien pas Athéna : elle laisse le portail grand ouvert, et se contente de jeter des murs sur la gueule des gentils, façon projectiles ou petits obstacles. Ah, on n’est pas aidés, hein. Résultat : Kim et Ares atteignent le portail grand ouvert, le passent, et chez Méchants Corp, tout le monde est surpris quand soudain, leur imprimante géante s’active seule et commence à produire deux formes humanoïdes. Sous les yeux ébahis de Jullian, sa maman et tout le personnel, qui gueulent « Que se passe-t-il ? Arrêtez-ça ! » mais sachez qu’il n’y a pas de bouton pour arrêter la machine (c’est ballot) et que personne ne pense à couper le jus. Non, ils regardent en agitant les bras très fort, jusqu’à ce que Kim et Ares soient complètement imprimés.

C’est à ce stade que vous me direz : « Ah ! Donc maintenant que Kim a été imprimée, elle est instable ! Donc elle aussi a 29 minutes devant elle ! Retrouver le code de permanence est désormais aussi vital pour elle que pour Ares ! »

Eh bien… non.

Vous comprenez, ça aurait à la fois intensifié les enjeux et été un minimum cohérent. Deux choses que chez Disney, on déteste. On aperçoit donc deux horloges numériques au mur affichant le temps restant aux créations, l’une marquée « Ares » qui est bien sur 29 minutes, et l’autre, marquée « Kim » qui indique qu’elle a un temps infini. Et Jullian n’a même pas l’air surpris.

Ah. Donc si on imprime un être qui était déjà vivant à l’origine, pouf, c’est stable quand on l’imprime ? Plus de souci ? Et apparemment, vous le saviez puisque ça ne vous surprend pas ? Soit, mais dans ce cas mon p’tit Jullian, tu n’aurais pas pu te dire plus tôt « Ah au fait les mecs on a découvert la clé de l’immortalité : on vous numérise, et vous pouvez vous imprimer un corps quand vous voulez, qui dure autant de temps que vous voulez puisque de base ce corps a existé donc n’a pas la règle des 29 minutes, et s’il y a un souci, ben hop, vous revenez à votre serveur, exactement comme nos créations quand elles s’effondrent au bout du temps qui pour elles, est limité. »

Le mec a donc, depuis le début, toute la technologie pour l’immortalité, complète et sans problème.

Mais à la place, il veut imprimer des SOLEX TUNING. GNNNNNUUUUUU.

De toute façon, le film continue à vous tartiner le visage à l’aide de l’étron qui a servi à écrire le scénario, puisqu’à peine imprimé, Ares et Kim s’en vont sans que personne ne les retienne. Car oui, Méchants Corp est une société spécialisée dans l’armement et les hautes technologies, et dans leur hangar le plus important, celui de l’imprimante, il n’y a même pas UN agent de sécurité, ni le moindre garde où que ce soit. Les deux compères peuvent ainsi s’en aller sans souci, prendre une camionnette pourrie (il y en a toujours une à disposition), et filer vers le QG de Gentils Corp, où Kim pense pouvoir aider Arès.

J’ai demandé à Diego d’aller passer les stagiaires à l’eau froide pour passer mes nerfs. Je l’aurais bien fait moi-même, mais contrairement à Méchants Corps, moi, j’ai du personnel pour mes basses besognes. Que disais-je ? Ah oui : la fuite en camionnette pourrie.

Evidemment, les plus audacieux d’entre voux penseront « Aha ! Qui dit véhicule dit course-poursuite ! Jullian va lancer quelqu’un à leurs trousses ! »

Et ils auront à la fois raison et tort. Raison, car Jullian imprime bien Athéna pour partir poursuivre les gentils sur le champ, lui imprimant même un jetpack (couvert de néons moches, évidemment), mais tort… car alors qu’on la voit voler à 300km/h, elle n’arrive pas à rattraper une camionnette daubée.. Voilà voilà voilà. Oui, le film se fout de votre gueule. Oh, vous ai-je parlé de la nuit qui tombe entre deux plans alors qu’il faisait grand jour ? Et que ça complique un peu cette histoire de « Il n’a pas pu se passer plus de 29 minutes sinon Ares et Athéna se seraient désintégrés » ? Voilà. Ah non mais vraiment, absolument tout est à chier. Et rien ne nous sera épargné.

Nos héros parviennent donc à gagner les bureaux de Gentils Corp, où il se trouve qu’on a conservé plus ou moins intact le bureau du légendaire Flynn. Et Kim y emmène Ares en lui expliquant la situation :

– Le code de permanence… il était sur la clé USB détruite. Et il est peut-être dans ma tête, mais là, de suite, c’est compliqué de le retaper. Mais sache que ce code venait de ma sœur, qui elle-même l’avait trouvé dans les ordinateurs de Flynn. Il doit donc aussi être ici. Là-dedans. Dans une de ces vieilles machines. Je vais donc utiliser un cybercanon de ma société pour t’envoyer dans le PC de Flynn chercher ce fichier facilement.
– Alors oui mais j’ai une question.
– Oui ?
– Si depuis le début, tu avais le PC de Flynn dans tes locaux, que tu savais que le code était dedans, et que tu avais même un cybercanon pour aller en personne fouiller tout ça en deux-deux… pourquoi tu passais le début du film sous une tente à Perpette-les-glaouis à fouiller à la main des merdes sous Windows 2 ?
– … CYYYYYYYYYYBEEEEEEEEEEERCANOOOOOOOOOON !

Et Ares est désintégré et envoyé dans l’ordinateur avant d’avoir sa réponse.

Athéna arrive plus ou moins à ce moment-là, mais comme elle passe son temps à tournoyer, menacer, raconter sa vie avec tous les détails, elle se désintègre piiiile quand elle allait utiliser son propre cybercanon pour capturer Kim. Histoire de souligner à quel point ça n’a aucun sens, le film nous montre parfois le point de vue d’Athéna, où l’on voit qu’elle a un compteur en permanence devant les yeux qui lui dit combien de temps il lui reste avant de se désintégrer. Et donc, alors qu’il ne lui reste que 3 secondes, elle préfère quand même causer et prendre des poses plutôt que d’appuyer sur la détente et d’en finir avec Kim.

Je pense que lui faire dire à voix haute « Je fais tout pour que tu gagnes parce que sinon, on n’a pas de raison de perdre » eut été plus honnête que ça.

Au fait : le film a « le syndrôme du masque ». À savoir qu’au début, toutes les IA portent un casque comme celui-ci. Mais sitôt qu’on voit leur visage une fois, pouf, elles ne le portent plus jamais.

Toujours est-il qu’une fois désintégrée et retournée dans les serveurs de Méchants Corp, Athéna en a plein le roudoudou. Elle décide de repasser le portail qui mène à l’imprimante géante elle-même, s’imprime sous les yeux médusés de Jullian et sa maman, et lorsque ladite maman se met sur son chemin, elle la tue. Jullian lui dit bien que c’est vilain, mais Athéna lui rétorque :

– Tu m’as donné l’ordre de capturer Kim par tous les moyens, qu’importe les obstacles. Elle était un obstacle.

Et Jullian de jurer que « Ah, zut crotte de bique, tout est ma faute ! » sans penser un seul instant que ah mais merde attends, comme c’est lui qui donne les ordres… il peut aussi lui dire d’arrêter. Mais non, ça non plus, il n’y pense pas. Oui, on en est là, et c’est très, très dur à regarder, pire encore à écouter.

Mais revenons à Athéna, qui décide de reprendre sa mission. Et pour ce faire, s’imprime une petite armée de programmes pour retourner en ville péter la gueule de Kim. Et pour cela, elle va avoir besoin d’un véhicule… alors, hélicoptère pour arriver en vitesse ? Autre jetpack ? Un avion dont elle sautera ?

Non : elle imprime… une version géante d’un véhicule de Space Paranoïds, qui je le rappelle, est une sorte de Space Invaders, sauf qu’au lieu de petits aliens qui tombent du haut de l’écran, ce sont des pinces. Donc voilà : elle s’imprime une pince volante de 30 mètres de haut, et qui vole à la vitesse d’un sénateur asthmatique (c’est pas spécialement aérodynamique). Pour autant, et alors qu’elle n’arrivait pas à rattraper une camionnette avec un jetpack, là, elle revient en ville en deux minutes sans souci, et sa pince géante qui flotte dans les rues terrorise la population qui fuit en hurlant « Dieu que c’est moche ! ».

Alors certes, les autorités finissent par réagir, et un avion de chasse américain finit par endommager le bousin. Qui s’écrase en causant encore plus de dégâts, mais sans tuer Athéna, qui reprend sa traque. Mais alors, qu’est-ce qui va l’arrêter ? Alors que Kim elle-même fuit dans les rues de la ville sans guère d’espoir de lui échapper, alors que l’armée d’Athéna sème le chaos en ville ?

Eh bien revenons à Ares qui est donc dans l’ordinateur de Flynn. Pour une séquence intitulée « On fait du fan service pour les fans de Tron histoire de justifier le titre. »

En effet, dans un univers graphique reprenant les éléments des années 80 du premier Tron, Ares tombe sur Flynn.

– Ben ? Vous n’êtes pas mort vous ?
– Non, je me suis numérisé ici. Dans ce PC avec 2Mo de Ram. Mon esprit est tellement puissant qu’il occupe au moins, pfou, 7Mo d’espace. Et toi, tu es… ?
– Ares, création de Méchants Corp. Je viens ici pour trouver le code de permanence.
– Hmmm… et pourquoi je donnerais le code super secret de permanence à un programme créé par mon pire ennemi ?
– J’aime Depeche Mode.
– AH BEN D’ACCORD ALORS.

Je ne plaisante pas : c’est exactement ce qu’il se passe. À aucun moment Flynn ne se dit « Ce programme essaie de m’amadouer », non : il aime Depeche Mode ? C’est donc qu’il a des sentiments, donc il faut lui donner de quoi devenir un vrai petit garçon !

Et pouf pouf, Flynn lui donne le code, un moyen de revenir dans le monde réel de manière permanente désormais, et hop ! Le voilà de retour en ville, avec une tenue toujours immonde, mais désormais avec des néons blancs puisqu’il est libre et gentil. S’ensuit une bagarre où Ares savate Athéna, et où les gentils font crasher les serveurs de Méchant Corp afin qu’Athéna ne puisse pas revenir, et que toute son armée qui ravageait la ville s’effondre instantanément (comme dans 99% des films depuis une décennie).

C’est donc la victoire, Méchants Corp est vaincu, Gentils SARL utilise le code pour produire des arbres, des médicaments, mais toujours pas de porno, Ares profite d’être vivant pour aller visiter le vaste monde, quant à Jullian, lui, voyant la police arriver, il se numérise avec un cybercanon afin de se cacher dans ses propres serveurs en partie détruits, et d’où il préparera sa vengeaaaaance !

Probablement avec des néons rouges immonde. Et…

… FIN !

D’une certaine manière, ce film a de bons côtés : en comparaison, le tuning de Twingo n’est pas si moche. Et pas si con.

Je vous mets quand même une image du monde virtuel moche de chez Méchants Corp, avec au fond, la lumière indiquant où est l’immense portail ouvert en permanence vers le monde réel, ainsi que les fameuses trainées solides dont personne ne pense jamais à se servir pour… faire un mur ?


Bien. Maintenant, je vous rappelle le pitch du film :

Dans le futur, une société a découvert le secret de l’immortalité, mais décide de ne pas s’en servir. Une autre a dans un de ses ordinateurs le secrets pour créer n’importe quoi à l’infini et de manière permanente, et la technologie pour retrouver ce fichier en 0,3 secondes. Mais en lieu et place, la première société décide de produire des véhicules tunings qui ne durent que 29 minutes, et la seconde de chercher le secret en tapant toutes les lignes de commande possible sur un vieil Amstrad sous une tente pendant des plombes. Une lutte commence pour savoir qui sera le plus neuneu, avec entre les deux, des IA qui peuvent s’imprimer des corps et armes à volonté pour faire n’importe quoi parce que quelqu’un a oublié de leur dire « Non ». 

Budget : 180 millions de dollars.

C’est déjà inexplicable, mais quand je lis Le Figaro écrire :

Le film dépasse les attentes en fusionnant le meilleur des deux premiers films, avec des effets spéciaux bluffants et une intrigue fascinante.

Arrêtez le monde, je veux descendre.

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