14.05.2025 à 10:56
Eugène Bullard, l’hirondelle noire
Un odieux connard
Lire la suite (256 mots)
Nous revoici pour un nouvel épisode du Petit Théâtre des Opérations.
Où il est question d’Eugène Bullard, un nom que vous avez sûrement déjà croisé dans une excellente bédé, mais qui n’avait pas eu le droit à sa vidéo. Pour rappel, Eugène Bullard est un garçon qui aime la difficulté, puisqu’il a décidé de naître noir aux Etats-Unis en 1895. Comme c’était un peu rude, et sur les conseils de son père, il est parti voir comment ça se passait en France. Et là… oooh ! Certes, le racisme existait aussi (c’était pas le paradis non plus, hein !) mais pas de loi sur la couleur de peau pour savoir qui peut utiliser les toilettes de qui. Et voilà comment Eugène décide de s’installer, de défendre sa nouvelle petite maison… et va devenir un héros d’un côté de l’Atlantique. Mais toujours méprisé de l’autre.
Avant de vous glisser la vidéo, sachez que votre serviteur va tenter d’en faire une version anglaise, histoire de pourrir vos amis à la gastronomie contestable. Et afin de conquérir de nouveaux territoires et sauver la jeunesse perdue sur Instagram et TikTok et leurs formats pourris… votre serviteur regarde aussi pour faire du podcast. On aura l’occasion d’en reparler.
En attendant, parlons d’Eugène.
Bon visionnage.
10.05.2025 à 15:10
Des bédés sortent, vous dites ?
Un odieux connard
Texte intégral (773 mots)
Pendant que votre serviteur travaille sur la prochaine vidéo et autres trucs & machins, il se rend soudain compte avec effroi qu’il n’a même pas parlé des dernières sorties. Tel un commercial en chaussures pointues, laissez-moi donc faire un bref point sur la marchandise fraîchement arrivée dans les étals.
On commence avec Le Petit Théâtre des opérations – Anthologie 39-45
Etant un fort mauvais vendeur (mes chaussures sont tristement non-pointues), je préfère vous avertir de suite : ce n’est pas un nouveau tome de la série. Il s’agit d’une édition spéciale avec le Musée de la Légion d’Honneur, où il y a une histoire inédite, mais le reste était dans les volets précédents. D’où le nom « d’anthologie ». Voilà. Je vous avais dit que j’étais un mauvais vendeur. Mais pour une victime qui n’a encore rien lu et aime les aventures se déroulant à cette époque, vous avez désormais le cadeau parfait. Sachez que monsieur le chien travaille bel et bien sur le vrai tome 6, je m’en assure en envoyant chaque matin Diego taper dans les barreaux de sa cage pour le réveiller. Prieur & Malgras, eux, sont sur le PTdO Napoléon tome 2, mais je ne leur envoie personne car déjà, ils sont deux, et ensuite, contrairement à monsieur le chien, ce sont des êtres humains respectables.
Puis, l’an dernier, il y avait eu un ouvrage collectif sur les folles anecdotes de l’histoire dédié au sport, et cette année, il est sur un tout autre thème : Mystères ou Arnaques ?
Le principe reste le même : des anecdotes absurdes, ici sur les grands mystères de l’histoire. Pourquoi diable est-ce que l’on pense qu’il y a un monstre dans le Loch Ness ? Et d’où vient la photo la plus célèbre de la bête ? La réponse implique un pied d’hippopotame, un chasseur pas content, et une vengeance pas bien fine. La malédiction de Toutankhamon a-t-elle vraiment emporté un paquet de monde ? Disons que quand on regarde de plus près, on constate surtout qu’elle prouve que le mauvais journalisme est intemporel. Et il en va de même avec d’autres mystères mystérieux : que sont ces lumières fantomatiques qui ont fait la renommée d’une petite ville américaine durant des années ? Est-ce que le Big Foot va enfin se montrer ? Et bordel, qui a encore dessiné des bites dans mon champ avec sa soucoupe volante ?
Tout ça, on en parle dans cette belle bédé, avec des gens de talent de France et d’ailleurs, dont les noms sont sur la couverture (oui, je suis paresseux).
Vous savez tout.
Oui, oui… je retourne bosser. Rah, vous êtes durs !
26.04.2025 à 10:04
The Bêteman
Un odieux connard
Texte intégral (11550 mots)
Batman est un super enquêteur.
Voilà généralement ce que vous pouvez retrouver dans la plupart des discussions sur « Quel est le super pouvoir de Batman à part d’être honteusement riche ? ». Et c’est en effet plus ou moins officiel, tant des comics entiers sont dédiés aux investigations du célèbre détective crypto-transformiste. Par conséquent, si je vous demandais de m’écrire une aventure de Batman là, au débotté, sur le thème « Il y a un crime », j’ose imaginer que le premier truc que vous me répondriez serait « Batman va enquêter ».
Eh bien à Hollywood, quelqu’un a dit « Non, en fait, il va faire du rien. Puis-je en faire un film de trois heures avec un budget de 185 millions de dollars ? » et quelqu’un a répondu « Mais, fais-toi plaiz’ ! »
Personnellement, s’il y a une enquête à mener, c’est plutôt par là que j’irais voir.
« Enfin, » me direz-vous de votre voix au timbre raffiné « le film a eu d’excellentes critiques, comment osez-vous dire que ce serait en fait une daube où Batman ferait du rien ? »
Et j’entends, j’entends, lecteurs de peu de foi. Et je n’ai qu’une seule réponse à cela :
Spoilons, mes bons !
Notre film commence au travers des yeux d’un monsieur avec des jumelles qui respire très fort en observant une belle maison. Celui-ci est en train d’espionner toute une petite famille, probablement en marmonnant « Hmmmouiiii, fifille… », mais finalement, à défaut de fifille, il décide d’arrêter son attention sur le père de famille, qui n’est autre que le maire de Gotham City. Et profitant d’un moment où il se trouve seul, notre pervers se faufile dans la maison, puis au cri de « Ça, c’est pour les ralentisseurs et les ronds-points !« , savate lourdement le pauvre élu, qui en décède.
Pendant ce temps, à l’extérieur, le reste de Gotham est plongé dans le crime. On aperçoit tour à tour un braqueur, des tagueurs et une bande de jeunes fifous qui veulent agresser à douze un type isolé. Une voix off, celle de Bêteman, car comme vous le verrez, il est plus andouille que chauve-souris, résonne en voix off.
« Cela fait deux ans que je hante les nuits de Gotham. Deux ans que je viens venger les innocents. Les criminels ont appris à me craindre. Passque… euh… passque j’les tape ! »
En effet, sitôt que le bête-signal apparaît dans le ciel, on aperçoit le braqueur paniquer, lâcher son arme et fuir, les tagueurs arrêter d’écrire « ACAB » pour retourner dans la piscine à boules de la garderie partager leurs brillantes idées politiques, et pour les agresseurs… eux ont moins de chance, car ils tombent directement sur Bêteman, qui sortant des ombres, leur malaxe la gueule à coups de mandales, tatanes et autres tasers. On comprend d’ailleurs pourquoi ce film s’est retrouvé sur Netflix : la bande de vilains agresseurs n’est constitué que de petits blancs, sauf un type de couleur qui évidemment, est le seul qui refuse d’agresser. Il est probablement venu avec eux par amour de la randonnée urbaine, et a au fond de lui, cette fameuse bonté naturelle des gens de couleur que les Bons Gros Racistes aiment à glisser dans les films. Ah, ces gens de couleur ! Faudrait pas qu’ils soient comme les blancs. Eux sont différents : toujours gentils et souriants. Ma grand-mère disait pareil en nous montrant ses boites de chocolat en poudre. Ah, le progrès !
Mais passons.
Car alors que Bêteman en a fini avec les vilains, il lève les yeux pour apercevoir dans le ciel le bête-signal. On a besoin de lui… à la résidence du maire de Gotham, que l’on vient de retrouver mort. Sur place, l’inspecteur Gordon l’attend. Ce qui ne fait guère plaisir à ses camarades en uniforme ou à son supérieur, le commissaire Grokon, qui trouvent tous que bon, confier tes enquêtes à un type qui se déguise en rongeur volant, c’est quand même pas ce qu’il y a de plus professionnel. Mais Gordon insiste : il faut laisser Bêteman accéder à la scène de crime. Alors oubliez sa tenue de drag queen gothique et écartez-vous, bordel. Et ce qui est dit est fait.
– Bêteman, vous voilà ! On a bien besoin de vous sur cette enquête.
– Quand le corps a-t-il été découvert ?
– Il y a une heure. Soit le temps exact nécessaire pour que je me dise « Ouah, pfou, c’est trop dur cette enquête, j’appelle Bêteman. »
Oui, Gordon est un gros branlos. Avant même d’essayer de résoudre le moindre crime, il confie le dossier à un type douteux. Quel talent ! Mais, voyons plutôt la scène de crime. Car le maire a été retrouvé tout mort, avec un pouce en moins, ligoté à une chaise, et avec un scotch où il était écrit « Arrête de mentir, menteur ! » sur la bouche. Mais ce qui a poussé Gordon à appeler Bêteman, c’est qu’on a retrouvé une enveloppe à proximité, marquée « Pour Bêteman. »
– Ah ! Voilà qui justifie que vous m’ayez appelé dans l’intrigue !
– Euh… pas exactement, Bêteman. Je suis policier. Si un meurtrier laisse une enveloppe, je suis supposé l’étudier au labo et m’en servir d’élément pour l’enquête. Pas faire le facteur. Si un terroriste laisse une lettre pour le président, vous imaginez bien que mon boulot ne consiste pas à lui remettre sans poser de questions.
– C’est vrai que vous êtes un branleur en fait !
– Il suffit, Bêteman !
Car il est temps d’ouvrir l’enveloppe, qui contient une carte de vœu, avec à l’intérieur une énigme :
– « Que fait un menteur qui se noie ? ». Hmmm…
– Pas facile, Bêteman !
– Il ment à l’eau… mais oui, une menthe à l’eau ! Sûrement une référence à Eddy Mitchell ! Vite, envoyez toutes les unités l’arrêter !
Sauf que non. Eddy Mitchell, brièvement passé à tabac, est relâché. En réalité, c’est la clé pour décoder un message au dos de la carte. Message que Gordon refuse de remettre à Bêteman parce que vas-y, c’est ma preuve, t’y touche pas. Oui, en fonction des besoins de l’intrigue, des fois Gordon propose à Bêteman de venir danser au milieu d’une scène de crime pour lui remettre son courrier, mais des fois, il lui dit que « Par contre, je te laisse pas le courrier, c’est pas pro. » Hmmm. D’accord. Quelle équipe ! Boudeur, Bêteman s’en va, et retourne dans sa bête cave sur son bête solex.
Alors, je dis « bête solex » car ne vous attendez pas à une batmoto bourrée de gadgets : dans ce film, Batman est un homme d’Action. Et quand je dis « Action » avec une majuscule, c’est parce que je pense au magasin. Tous ses accessoires sont, disons, discounts, mais cela a quelques avantages. Par exemple, en usant d’un bête solex, Batman peut ranger sa tenue dans son sac à dos et rentrer chez lui en deux roues dans les rues de Gotham sans trop éveiller l’attention. Personne ne se doute donc que cette silhouette qui retourne vers la Wayne Tower qui domine la ville n’est autre que Bruce Wayne, alias Bêteman. Après avoir garé son bête solex dans la bête cave sous la maison, il retire son meilleur gadget : une lentille de contact sur son œil qui enregistre tout ce qu’il voit et entend ! Et il peut ainsi réétudier, sur écran, le mystérieux message codé laissé par l’assassin, que Gordon a refusé de lui remettre. C’est alors que débarque dans la bête cave Alfred, le majordome de Bruce Wayne.
– Monsieur, je vois que la nuit a été longue. Vous devriez vous reposer.
– Et laisser le crime s’étendre comme une moisissure ? Jamais !
– Hmmm… monsieur, vous êtes milliardaire. Si vous commenciez par payer vos impôts, on pourrait avoir des dizaines d’unités de police en plus. Pas juste un gugusse en latex qui peut être à un seul endroit à la fois.
– Vous oubliez une chose, Alfred.
– Oui ?
– Je suis Bêteman.
Alfred, qui aime son petit protégé, aimerait lui dire que mais noooon, t’es pas si bête que ça. Mais Bruce insiste.
– Si, je suis Bêteman ! Tiens, regarde : tu vois ma super lentille de contact qui filme tout avec un curieux filtre rouge sans aucune explication possible ?
– Oui ?
– J’ai un putain de casque sur la tête avec des oreilles. J’aurais pu mettre une caméra dans l’une, et un micro dans l’autre, j’aurais eu une meilleure qualité de son et d’image, au lieu de payer une fortune une merde qui donne l’impression d’avoir la colorimétrie d’un terminator. En plus, je ne veux même pas savoir combien ça m’a coûté d’insérer un micro dans une lentille de contact. Ou des batteries, d’ailleurs.
– Alors c’est vrai que c’est pas très malin maiiiis… d’après le pitch, vous êtes quand même un enquêteur surdoué !
– Ah oui ? Tu m’as vu avec Gordon ? J’ai à peine étudié la scène de crime. Je n’ai même pas cherché d’indices qu’aurait pu laisser le meurtrier : un cheveu, une trace sur une vitre, remonter par où il est rentré… tiens, et avec Gordon, on n’a même pas demandé à regarder les caméras de sécurité du coin, alors qu’on parle de la résidence du maire de Gotham City ! En résumé : Gordon est un branleur, moi aussi, et on n’a même pas commencé le début d’une once d’enquête, on s’est juste contentés de récupérer le courrier du meurtrier, soit exactement ce qu’il voulait qu’on fasse.
– D’accord : vous êtes VRAIMENT Bêteman.
Voilà voilà.
Alors qu’Alfred explique que ce serait bien que Bruce Wayne fasse au moins un peu semblant de s’intéresser aux activités de sa propre entreprise, son bon maître lui répond qu’écoute mon p’tit, t’es gentil mais tu vas me faire un café, moi, j’ai un message à décoder. Et il s’y met, pour découvrir que le message est inutilement complexe : il faut décoder uniquement certaines lettres, tenir le document devant soit, n’observer que les lettres décodées, et elles forment alors des points qui eux-mêmes, forment un mot : « DRIVE ».
– Le film idiot avec le type au cure-dent ! s’exclame Bruce. Vite, je dois retourner à la maison du maire ! C’est sûrement lié à ses voitures ! Ou ses DVDs !
Et accompagné de Gordon, dès le lendemain soir, il se rend sur place et met la main sur un indice caché par l’assassin (Ah ! Si seulement quelqu’un avait fouillé la scène de crime ! Un inspect… un enquêt… oh, non, rien, ça ne doit pas être dans le film), à savoir cachée dans une voiture de collection du maire, une clé USB attachée au pouce manquant du monsieur. Gordon sort donc son ordinateur portable pour y mettre la clé. Et ils découvrent sur celle-ci… des photos du maire dans des situations compromettantes (comme en train de mimer des emotes Fortnites), et surtout un cliché où il est en train de sortir d’une boîte de nuit douteuse avec une femme qui n’est pas la sienne, le tout entouré de divers mafieux de Gotham. Quel gros coquinou ! Pendant que Bêteman demande à Gordon s’il ne pourrait pas zoomer sur la dame pour, euh, l’enquête bien sûr, voici que l’écran se bourre de messages d’alerte.
– Flûte ! s’exclame Gordon. La clé était piégée ! Rho, si seulement on n’était pas aussi bêtes et qu’on se disait qu’une clé USB laissée par un tueur, on aurait peut-être dû l’étudier de manière sécurisée d’abord !
– Il vous a refilé un virus ?
– Il a pris le contrôle de ma boîte mail et a envoyé ces photos à toute la presse !
– Gordon, vous voulez dire que le plan du tueur était donc de tuer le maire, laisser une énigme, elle-même contenant plusieurs niveaux d’énigme, espérer qu’on n’enquête pas et qu’on se contente de résoudre ses charades à la con, qu’on les résolve, qu’on revienne et qu’on viole bêtement toutes les procédures pour étudier sa clé sans aucune sécurité, et ainsi, faire que la presse reçoive ces photos ?
– Exactement, Bêteman.
– Mais alors pourquoi il n’a pas juste envoyé anonymement ces photos à la presse ?
– Eeeeeeeeeeeeh bieeeeeeeeeeeeeeeeeeeen…
Parce qu’on dirait que Bêteman et Gordon on trouvé un ennemi à leur hauteur !
– Et comment devrions-nous appeler ce nouvel ennemi ?
– Hmmm… un trou du cul qui adore les énigmes… j’ai trouvé : « Le Sphinxter ».
Bêteman se gratte alors le menton : et maintenant, que faire ? Après tout, le tueur du maire est toujours dans la nature. Alors, que faire ? Etudier cette mystérieuse clé plus avant ? Retourner inspecter la scène de crime ? Déterminer à partir de l’angle des photos du maire sortant de boîte où se trouvait le mystérieux photographe et voir s’il a laissé des indices ?
Non, ce serait intelligent, puisque cela signifierait « enquêter sur le meurtre du maire ».

Ici, Batman et Gordon regardant l’écran de l’ordinateur de Gordon où vient d’apparaître l’historique internet de ce dernier. C’est la dernière fois que Gordon utilise son PC perso pour le boulot.
À la place, Bêteman décide d’enquêter sur le maire (toujours blâmer la victime et laisser le tueur tranquille !). Et tente de retrouver la mystérieuse Madame avec qui il était sur la photo. Pour ce faire, il se rend au club devant lequel ont été prises les photos : le Macumba. Sauf que sur place, c’est tenue correcte exigée, et qu’on ne laisse pas rentrer les gens vêtus en chauve-souris, ce qui est de la discrimination. Bêteman n’ayant pas le temps de les attaquer en justice, il préfère leur attaquer la gueule directement, et savate donc tous les videurs sur son chemin, déclenche une fusillade dans la boîte de nuit, le genre de truc qui peut causer des morts me dit-on, mais Bêteman n’en a rien à foutre. Il est contre tuer et les armes à feu, mais causer des fusillades dans des lieux remplis de civils, c’est parfaitement okay. Bêteman : tu ne portes pas ton nom pour rien.
Finalement, notre neuneu masqué parvient à mettre la main sur le maître des lieux, un mafieu surnommé « Le Pingouin », probablement parce que c’est pas un manchot.
– Pingouin ! Dis-moi qui est la dame sur la photo avec le maire !
– Chaipatro.
– Damnation ! Il ne sait rien, alors qu’il est pourtant juste à côté sur la photo ! Tant pis, je laisse tomber;
Non, vraiment, quel enquêteur. Et sinon, essayer de chopper les caméras du club ? Interroger un videur un peu moins résistant aux menaces ? Tu ne veux vraiment pas… non ? Bon, bon, très bien Bêteman. De toute manière, notre héros a une piste. Il a repéré une serveuse qui a l’air d’en savoir pas mal sur ces photos, tant elle s’est montrée nerveuse en les apercevant. Bêteman décide donc de la suivre jusqu’à chez elle, où il découvre que la femme de la photo qu’il cherche… est là, dans le même appartement que la serveuse ! C’est sa colocataire, Annika. Bêteman les observe depuis un toit voisin, avec des jumelles, et ne se prive pas pour bien mater la serveuse, Sélina, lorsqu’elle se change.
Ah, eh, c’est pour… euh… l’enquête, hein !
Oui, Bêteman. Bien sûr. Petit pervers microcéphale, va ! Enfin. Il aperçoit justement la belle se changer en combi cuir et sortir par la fenêtre avant de sauter sur une moto avec une agilité féline. Vite ! Le bête solex ! Bêteman la suit moyennement discrètement, pour constater que la mystérieuse serveuse se rend… à la résidence du maire ! Et avec des talents de cambrioleuse incroyables, se faufile sur la scène de crime. Et va droit vers un tableau (Périzonium en chapiteau, un chef d’œuvre de l’art français), qu’elle écarte pour révéler un coffre fort caché. Elle l’ouvre sans le code grâce à de petits outils, et y récupère un passeport.
C’est à ce moment-là que Bêteman surgit derrière elle.
– Vous me dites si je vous fais chier.
– OH ! Bêteman ! Que faites-vous là ?
– C’est à moi de vous poser la question. Êtes-vous l’assassin du maire qui revient sur la scène du crime ?
– Ah ! Pas du tout ! V’là l’enquêteur ! Je suis une amie de sa maîtresse, Annika. Dont il avait fait sa prisonnière en lui confisquant son passeport. Je suis venu le récupérer.
– Alors d’accord, mais d’où vous connaissiez exactement l’emplacement du coffre-fort secret du maire que même la police n’a pas trouvé en fouillant les lieux ? Enfin siiii elle les a fouillés, notez. J’imagine mal le maire inviter sa maîtresse dans sa demeure familiale au vu et au su de tous pour lui dire « Tiens, je cache ton passeport ici. ». Donc elle ne doit pas connaître ce coffre non plus, et n’a donc pas pu vous en parler.
– Eeeh bien… vous oubliez quelque chose, Bêteman.
– Oui ?
– Vous êtes trop bête pour poser cette pertinente question.
– Ah merde, oui.
Les deux réalisent alors qu’ils sont dans le même camp. Celui des gens qui aiment le cuir et résoudre des crimes. Aussi retournent-ils ensemble chez Sélina, avec pour objectif de rendre son passeport à Annika, et de lui poser quelques questions sur tout ce merdier. Sauf qu’en arrivant, tout l’appartement est un gigantesque bazar, la porte a été forcée, et Annika a disparu, visiblement non sans grosse baston, elle a dû douiller. Là, vous vous dites « Mon dieu, Sélina doit être bouleversée ! Annika était son amie, vient d’être enlevée, et elles étaient si proches que Sélina était prête à tout risquer pour lui rendre son passeport et sa liberté ! ». N’est-ce pas ? Alors, comment Sélina va-t-elle réagir ? Hurlements ? Pleurs ? Panique ? Adrénaline qui tape et bougresse qui file à la poursuite des ravisseurs ?
Non.
En lieu et place elle décide de se faire un petit chocolat.

« Vous savez, c’est juste une personne pour laquelle je risquais ma vie, on va pas en chier une pendule, Bêteman. »
Ah mais on t’en prie Sélina. Savoure ta p’tite boisson au milieu des ruines de ton appartement où ta meilleure amie vient de se faire enlever comme si de rien n’était, on t’en prie. Et voilà comment on se retrouve avec une scène où Bêteman, qui ne relève pas non plus le problème, papote autour d’une boisson avec Sélina. Et parle de trucs palpitants comme :
– Dites-donc, vous avez plein de chats.
– Ouais, j’adore les chats.
Vous ne voudriez pas non plus nous parler de la météo ? Non parce que, qu’est-ce qu’il pleut à Gotham ! Tout ça, c’est les spoutniks qui nous dérèglent le climat. Finalement, ils décident qu’ils pourraient faire équipe pour retrouver Annika. Car ils finissent par se rappeler que ah tiens oui, merde, on n’était pas spécialement venus ici pour boire du Banania. Mais comment s’y prendre ? Les mafieux du club doivent savoir quelque chose.
– Je suis serveuse au Macumba. Contrairement à toi, Bêteman, je peux m’y infiltrer pour poser des questions. Et même dans le club sous le club.
– Quel club sous le club ?
– Le club secret réservé à la pègre et aux VIP. Situé sous le Macumba, nous l’appelons le Macumbé.
– Génial. Je vais t’y envoyer avec une de mes lentilles qui permet de filmer les gens.
À noter qu’en deux ans à Gotham, le super-méga-enquêteur-génial qu’est Bêteman n’a jamais entendu parler du club où tous les gens qu’il traque se réunissent la nuit venue. Vraiment, quel talent ! Bêteman approuve : la nuit prochaine, ils feront ça. Mais en attendant, il est appelé par l’inspecteur Gordon, qui a un truc à lui montrer. Et pas un truc très joyeux, puisque c’est une vidéo de l’exécution du commissaire Grokon, qui a lui aussi été tué par le Sphinxter, que l’on aperçoit masqué dans ladite vidéo.
– Regardez ! Il porte des lunettes bien particulières ! Et on aperçoit un décor derrière lui… Bêteman, vous pourriez analyser cela !
– Allons Gordon. Je suis Bêteman. Je n’ai donc qu’une seule question : avez-vous retrouvé un courrier sur les lieux du crime ?
– Ah ben oui, en effet : tenez, je vous le donne.
Surtout, prenez garde à ne surtout pas enquêter, les gars !
Et en lieu et place, nos deux gros débiles font donc exactement ce que le Sphinxter demande, à savoir jouer avec ses énigmes débiles. Dans celle-ci, en décodant un truc digne d’un paquet de céréales, il faut lire le message « Trouve-le rat-ailé et amène-le dans la lumière ». Bêteman ne comprend pas.
– Une rongeur volant ? Moi, l’homme chauve-souris, je ne vois pas de quoi il parle.
– Alors là, moi non plus, Bêteman !
Si. Vraiment.
Et comme nous le verrons, en fait, le Sphinxter avait justement prévu qu’ils ne fassent pas le lien, car ce n’était pas du tout une référence à Batman. Quel talent.
En attendant, Bêteman a d’autres projets la nuit suivante. Comme par exemple, retrouver Sélina pour aller comme prévu infiltrer le Macumba, puis le Macumbé. Sélina est donc équipée de l’une des fameuses lentilles de contact magiques, et avec Bêteman qui lui cause dans l’oreillette, elle va donc jusqu’au Macumbé, espace VIP dissimulé sous le Macumba où toute la pègre se retrouve. Bêteman, qui voit via la lentille de contact, en profite pour scanner automatiquement tous les visages croisés. Et tombe donc sur énormément de gros bras de la mafia, dont les tronches sont enregistrées dans les bases de données de la police. Mais soudain, Bêteman aperçoit un visage qu’il ne parvient pas à scanner.
– La personne, là ! Assise, que l’on voit bien ! Sélina, tu dois la regarder à nouveau et fixement, mon logiciel a du mal avec ce monsieur !
– Mais si je le regarde fixement, il va me draguer, le lourd.
– C’est pas mon problème.
– Rho, merci gros sexiste.
Sélina y retourne, se fait draguer par le monsieur, et le regarde suffisamment longtemps pour qu’enfin, le logiciel l’identifie : c’est le procureur de Gotham City !
Oui, le logiciel de Batman peut t’identifier Gégé-les-pruneaux, mafieu de troisième zone évoqué dans deux dossiers obscurs de la police, par contre reconnaître le procureur qui fait régulièrement campagne pour être réélu, là, euh, bon, attends, montre mieux qui est cet illustre inconnu ? Oui, même le logiciel de Bêteman est bêtement codé. Après, il est peut-être en Bête-A, mais oooh, je ne suis pas le genre d’homme qui fait des blagues de développeur, cessez. Et concentrons-nous sur l’action. Car le procureur évoque un « rat » au détour d’une conversation. Comme dans l’énigme ! Bêteman ordonne à Sélina d’en demander plus, mais elle n’a guère de résultats. Heureusement, une secrétaire du procureur qui était à sa table, elle, lâche le morceau : le « rat » est une référence à un indicateur infiltré dans la mafia qui a permis au procureur de faire tomber Don Mafioso, le parrain de la ville, il y a quelques temps déjà. Sélina, cette information en poche, se rend aux toilettes pour pouvoir parler à voix haute à Bêteman sans se faire griller.
– Bêteman, vous avez entendu ? Le rat, c’est une taupe.
– Hmmm, j’aurais dit que c’était un rat, mais une taupe ? Attendez, je regarde dans livre « Je découvre les cris des animaux. »
– Bêteman !
– Rah, pfou. En plus ce n’est pas la vraie info.
– Quoi ? Vous vouliez l’identité du rat ? Ils refusent de me la donner, vous pensez bien !
– Non, Sélina. La vraie info, c’est que la moindre secrétaire d’un bureau de Gotham connait l’existence du Macumbé, mais même pas moi !
Effectivement, voilà qui souligne une fois de plus le niveau de Bêteman. Et comme en plus il fait un caca nerveux pour dire à Sélina de se remettre au turbin, elle lui répond que wopopop, tu vas te calmer, chuis pas ta pouliche, t’es pas mon mac, et hop, elle retire la lentille de contact et la balance, finissant ici la mission d’infiltration. Bêteman n’est pas content, mais c’est ainsi.

« Comment ça Alfred toi aussi tu savais pour le Macumbé ? Tu connais d’autres coins comme ça ? Attends, je prends des notes… la… fist… in… iè… »
Le lendemain, notre héros décide de se rendre à l’enterrement du maire, première victime dans cette affaire, car il suppose que son meurtrier sera présent aux funérailles qui s’avèrent être publiques. L’occasion de le repérer ? Venu en Bruce Wayne, il n’a aucun mal à avoir une bonne place dans l’assemblée. Mais alors que la cérémonie va commencer… vroum-vroum-vroum ! Un bruit de voiture surprend les présents, et bientôt, un véhicule entre en trombe dans l’église sans même retirer son chapeau. En descend alors le procureur de Gotham, qui a un collier explosif autour du cou, et un téléphone scotché à la main.
– Mais enfin, c’est pas une tenue pour un enterrement ! C’est même pas la bonne couleur !
– Taisez-vous, Bruce Wayne ! Hier soir, alors que je sortais du Macumb… ahem, du bureau, j’ai été enlevé par le Sphinxter, qui m’a posé tout cela ! Si je ne fais pas ce qu’il dit, il va me faire exploser ! Et dans ma main, ce téléphone qui sonne… c’est pour Bêteman !
– Bêteman vous dites ? Euh… je… ooooh, je dois aller faire caca.
Bruce Wayne disparait aux toilettes, l’église est évacuée, et quelques instants plus tard sort des WCs… BÊTEMAN !
– C’est moi ! Alors mon p’tit procureur, on a un appel pour moi ? Passez-moi ce téléphone !
Et c’est mieux qu’un appel. C’est un appel vidéo, diffusé en ligne et en direct ! Avec le Sphinxter qui propose un marché : si le procureur répond à trois énigmes, il vivra. Sinon…
– Vite ! ordonne Bêteman. Surtout, que personne ne tente de localiser l’origine de la vidéo ou du compte du Sphinxter ! Surtout, que personne ne fasse rien d’utile ! En lieu et place, faisons tout ce qu’il demande !
Car oui, une fois de plus, Bêteman… ne tente rien. Vraiment, quel incroyable héros. Vous ne voudriez pas juste faire un film sur le Sphinxter et son complice ? Plutôt que de mettre un héros qui ne tente même pas de le retrouver ? Non ? Bon. Alors passons aux trois énigmes du Sphinxter, qui glousse en live, tel un streamer de 12 ans.
– Voici l’énigme numéro 1 ! « Je n’ai pas de face et je… »
– Manuel Valls.
– Je… Je n’avais pas fini, mais d’accord, vous avez gagné.
– C’était facile. Envoie ta prochaine question, Spinxter !
– Deuxième énigme ! « Je suis un plat envahissant qu… »
– La poutine !
– Ah nan mais vous êtes en train de niquer mon jeu là en fait. Pour la peine, dernière énigme : « 6×7 ? »
– … oh mon dieu ! C’est trop dur !
Et le procureur ne sachant répondre, un compte à rebours s’enclenche sur son collier. Quelques secondes seulement. Bêteman s’empresse alors de venir le saisir par le col.
– Procureur ! Tu dois me donner le nom du rat !
– Hein ? Mais pourquoi ?
– Pour résoudre l’énigme que m’a donné le Sphinxter !
– Vous ne voudriez pas plutôt essayer de désamorcer cette bombe ? Ou de l’arrêter ?
– NON ! Sinon comment on fait un film de trois heures ?
– Vous ne voudriez pas vous reculer alors ?
– Non, car je suis… BÊTEM-
Le procureur explose, et la bombe souffle ce crétin de Bêteman loin de lui. Le malheureux héros-neuneu en tombe raide inconscient.
À son réveil, il est au commissariat, entouré de policiers qui se demandent qui se cache sous le masque de Bêteman. Et s’apprêtent à le lui retirer. Car, oui : les policiers ont eu le temps de le ramasser sur le sol de l’église, de le charger dans une ambulance, de l’emmener au commissariat, de le traîner jusqu’à une salle à part, de le déposer sur une table, et là, uniquement là, quelqu’un s’est dit « Hé ! Et si on retirait son masque ? ». Même le personnel de l’ambulance n’y a pas pensé tant un type qui vient de se manger une explosion dans la margoulette n’a pas besoin qu’on regarde s’il va bien là-dessous.
Ah non mais vraiment : c’est très bien écrit.
Heureusement, Bêteman se réveille à temps, tape sur les policiers qui veulent lui retirer son joli déguisement, et finalement, ce n’est que grâce à l’aide de Gordon que Bêteman parvient à filer, feignant d’avoir assommé le brave inspecteur pour lui voler ses clés de cellule et prendre la fuite. Fuite durant laquelle il tente de déployer sa bête-cape, qui est un bête jump suit de civil, et en l’utilisant se vautre comme une merde et repart en boitant. Oui, le film prend un malin plaisir à nous montrer Bêteman… qui est bête.
Je me demande si en fait, le type derrière ce film n’a pas juste voulu se marrer, et des gens ont pris ça pour un chef-d’oeuvre. Bêteman est à chier en enquête, Bêteman se vautre durant les scènes d’action…
La suite est encore meilleure, puisque non seulement la réalisation oublie qu’elle vient elle-même d’éclater Bêteman contre le bitume – désormais il va bien mieux, merci – mais notre héros retrouve dans un loin discret ce brave Gordon pour préparer la suite.
– Bêteman ! Que fait-on maintenant ? On tente de retrouver le Sphinxter ?
– Nan, toujours pas.
– Ça devient longuet. Donc on continue à faire ce qu’il dit ? Chercher le rat ailé ?
– Oui. Et tu sais ce qui a des ailes ? Un pingouin !
Et voilà comment à partir de cela, Bêteman décide de surveiller le Pingouin, le suit alors qu’il va visiter un entrepôt de drogue, et on découvre qu’un de ses complices a dans son coffre le cadavre d’Annika (il le promenait visiblement depuis des jours, il est comme ça, il aime toujours avoir une preuve de meurtre sur lui). Super, et sinon ? Eh bien rien. À part que ça tourne à la fusillade – encore, et que le Pingouin fuyant en voiture, Bêteman va chercher la bête-mobile. À savoir une bête voiture… à laquelle il a accroché un réacteur aux fesses.
En conséquence, on se tape une longue, loooongue séquence de poursuite où Bêteman finit par coincer le Pingouin, non sans avoir causé un carambolage avec explosions de camions sur une autoroute bondée qui a dû faire des tonnes de mort. Mais pour Bêteman, si ce n’est pas lui qui tue par armes à feu, ça ne compte pas. D’ailleurs, il n’appelle même pas les secours. Les gens peuvent brûler dans leurs épaves enflammées. Sacré Bêteman !
Cependant, il a quand même attrapé le Pingouin, et l’emmène dans un coin isolé pour lui claquer les joues à l’aide de ses grosses phalanges.
– Parle, Pingouin ! C’est toi, le rat ailé !
– Mais de quoi vous parlez ?
– Attends, c’est pas toi ? Toute cette course-poursuite, tous ces morts… c’était pour rien ?
– On dirait, Bêteman.
Pas tout à fait, Bêteman ! Après tout, tu viens de surprendre le Pingouin dans une usine de drogue, entouré de gens ayant causé une fusillade, avant qu’il n’aille tuer plein de gens via des carambolages sur l’autoroute. Tu as des millions de raison de l’arrêter, c’est donc…
– Bon ben alors pardon. Tu peux partir, Pingouin.
– Quoi ? Mais je… ahem, je voulais dire : Bêteman, tu es digne de ton nom.
Et donc, oui, je suis sérieux : Bêteman laisse le Pingouin tranquille sans poser de questions. Bêteman qui n’enquête pas, se vautre, et n’arrête même plus les criminels : on est très bien, là. Pendant ce temps, Bêteman repense à l’énigme se dit « Hmmm… amener le rat volant dans la lumière… et si ça voulait dire entrer « leratvolant » dans la barre de mon navigateur internet ? ».
Et… oui.
Ça marche. Oui, oui.
Je ne plaisante pas. Bêteman se retrouve donc sur une session privée Caramail avec le Sphinxter. Où il tchatte.
– Kikoo! C Bêteman. T ki?
– Le Sphinxter lol XPDTR. Ta trouvé le rat?
– C pas le pingou1 ?
– Lol nan. :D:D:D
– :'(
– Je V TD. Avec 1 nouvel victim.
– C ki?
– Enigm! « Il a pas de parents, mais il a du pognon »
– HAN C MWA
– ?
– Ou c « effacer message » ? Je voulé dire « C Bruce Wayne !
Et Bêteman de comprendre que la prochaine victime… c’est lui ! Le Sphinxter va donc attaquer la Wayne Tower ! Vite, Bêteman fonce, mais arrive trop tard. Alfred, qui ouvrait le courrier de son patron, s’est mangé une bombe dans la gueule, et est transporté à l’hôpital dans le coma. Bêteman hésite. Doit-il venger Alfred ? Retrouver le Sphinxter au plus vite ? Faire quelque chose d’utile ? Surtout pas, malheureux ! En lieu et place, il trouve sur la scène de l’explosion une enveloppe ignifugée, contenant une nouvelle énigme.
– Super ! Je vais pouvoir continuer à jouer avec le Monsieur qui vient de tenter de me tuer et a explosé mon seul quasi-parent ! Voyons voir…
Et à sa grande déception, c’est juste une carte de vœu « Rendez-vous en enfer. »
– Rho non ! Bon ben si j’ai rien pour jouer, je vais devoir m’occuper autrement.
Pas en enquêtant, hein, ce serait un peu intelligent. Bêteman préfère donc proposer un rendez-vous à Sélina, et les deux se roulent un patin, car comme chacun sait, rien ne vaut un attentat contre vos proches pour stimuler votre envie de romance immédiate. Sacré Bêteman ! Qu’est-ce que c’est bien écrit ! Sans qu’on comprenne bien pourquoi, Sélina enchaîne sur un monologue sur l’injustice et les vilains « riches blancs » (car c’est connu, les gens riches de couleur sont tous des chantres de vertu ; tu ne voudrais pas rajouter qu’ils ont le sens du rythme et dansent bien tant qu’à y être, Sélina ?).
Cela fait, Bêteman… eh bien, fait du rien. Et attend paisiblement que le Sphinxter lui dise que faire.
Quel volontarisme.
Et ça tombe bien, car le Sphinxter fait suivre aux médias une vidéo dans laquelle il explique qu’il est en colère contre Gotham car il y a des années, Papa Wayne s’est présenté à la mairie. Tout le monde pensait qu’il était gentil alors que pas du tout ! Un journaliste avait découvert que sa femme, Maman Wayne, avait eu des passages en unité psychiatrique, et s’apprêtait à le révéler. Aussi, Papa Wayne a fait appel à Falcone, un autre mafieux local qui est aussi le boss du Pingouin, et le journaliste a été retrouvé mort. Hmmm… voilà qui intrigue Bruce et ses gros soucis qui feraient plaisir à Freud. Son papounet n’était pas gentil ? Comment ? Il se déguise comme un con depuis des années pour venger des parents pas si top ? Ben merde alors !
Vite ! Puisque c’est ce que le Sphinxter a révélé, alors il doit le croire… et aller rendre visite au fameux Falcone.
Falcone qui a son quartier générale dans le Macumbé, et lorsqu’il apprend que Bruce Wayne est à la porte pour lui parler, le reçoit bien volontiers.
– Bruce Wayne ! J’ai travaillé avec votre père il y a longtemps. J’imagine que vous êtes là suite à la vidéo de l’autre trou de balle de Sphinxter ? Eh bien oui, tout est vrai. À l’époque, votre papa faisait sa campagne pour devenir maire. Et un scandale sur sa femme aurait pu tout foutre en l’air. Alors il est venu me voir, dans un moment de faiblesse, pour me demander d’intimider un peu ce reporter. Et oui, je l’ai fait tuer. Ton père m’en devait une, Don Mafioso, l’ancien parrain de la ville, a pensé qu’une faveur de ton richissime papounet me permettrait de le doubler et donc… eh bien, le lendemain, tes parents ont été tués. Drôle de coïncidence tu ne penses pas ?
– Don Mafioso aurait tué mes parents ?
– P’têt ben.
Cette réponse de normand (ces gens sont partout) suffit à convaincre Bêteman qu’on lui a menti toute sa vie. Bouleversé, il se rend à l’hôpital, dans la chambre d’Alfred. Qui, coup de bol, sort du coma à ce moment-là, et voit ce brave Bruce à ses côtés.
– Bruce… mon petit maître m’a veillé, quel…
– TU M’AS MENTI, GROS BÂTARD !
– Euh… Maître Bruce ? Je sors du coma, là, c’est le premier truc que vous avez à me dire ?
– Vous m’avez toujours dit que mon père était un homme bien, alors qu’en fait, c’était un turbo-rabouin !
– Sans vouloir vous offenser, Maître Bruce, lui ne déclenchait pas des fusillades en boîte de nuit ou des carambolages sur autoroute pour satisfaire sa passion du déguisement.
– Ouais, ben il a quand même demandé à Falcone de tuer un journaliste, et Don Mafioso l’a assassiné pour ça !
– Que ? Qui vous a dit ça ?
– Falcone.
– Maître Bruce ! Vous allez demander la vérité à un gros mafieux et vous le croyez sur parole ?
– Vous savez, je suis toutes les instructions du Sphinxter depuis le début du film sans poser de question. Alors croire un mafieux…
– Hm. C’est vrai. Bon, sachez que oui, votre père a pris peur il y a des années. Pas pour sa campagne électorale, non. Pour le bien-être de votre mère. Il a eu la faiblesse de demander à ce malfrat d’intimider de journaliste, mais il l’a tué. Aussi, votre père a dit que dès le lendemain, il irait tout confesser à la police. Et par un heureux hasard… il fut tué ce soir-là.
– Vous voulez dire… que Falcone… aurait tué mes parents ?
– P’têt ben.
Gotham City, ville jumelée avec Le Havre.

« Si c’est pour entendre des conneries pareilles, je préfère retourner dans le coma, Maître Bruce. »
Sans guère de réponse claire, Bêteman décide de repartir à l’aventure. Et ça tombe bien, car lui et Gordon sont contactés par Sélina, qui leur dit avoir fait une découverte majeure : elle a trouvé qui avait tué Annika, à savoir un flic corrompu. Qu’elle s’apprête à exécuter, mais Bêteman l’en empêche.
– Non Sélina ! Tu connais ma devise « Si tu tues un meurtrier, le nombre de meurtriers en liberté ne change pas. »
– D’accord, mais si j’en tues douze ?
Pendant que Bêteman compte sur ses doigts en marmonnant, Sélina leur annonce autre chose : ce flic avait sur lui un enregistrement du soir où Annika est morte. Et où on entend Falcone, présent sur place, discuter avec elle. Et lui dire en substance « Je dois te tuer car tu sais que je suis le rat qui balance des infos à la police pour me débarrasser des mes concurrents mafieux, comme Don Mafioso, et ça, personne d’autre ne doit le savoir. »
– Le rat ! Celui que le Sphinxter voulait nous voir « amener dans la lumière », c’est donc lui ! Le rat « avec des ailes »… c’est parce qu’il s’appelle Falcone, « le faucon » !
– Vous voulez dire que la phrase écrite par le Sphinxter faisait à la fois référence à Batman, mais sans le faire exprès, à une URL de site de tchat à la con, et à Falcone, tout ça en un ?
– C’est vrai que c’est n’importe quoi, Gordon.
Nous sommes bien d’accord, c’est brouillon. Que se serait-il passé si Bêteman avait arrêté directement Falcone sans passer par le tchat en ligne ? Le Sphinxter aurait râlé « Aaaah, j’ai acheté cette URL pour rien ! » ?
On l’ignore, mais en tout cas, Sélina, Gordon et Bêteman décident d’aller péter la gueule de Falcone, en ordre plus ou moins dispersé. Sélina veut le tuer (accessoirement, on apprend que c’est son père, mais ça a en fait peu d’importance, que de problèmes avec le père dans ce film ! Allez voir un psy, merde, au lieu de tous vous déguiser !), les deux autres, l’arrêter. Et c’est l’équipe Bêteman qui y parvient finalement, et traîne le pauvre Falcone hors du Macumbé, puis du Macumba, où des flics intègres attendent de l’embarquer. C’est alors que… PAN ! Un tir de sniper abat le pauvre Falcone. Alors qu’il se tenait pile sous une lampe à la sortie de la boîte.
– Mon dieu… je viens d’amener le rat « dans la lumière »… marmonne Bêteman. Exactement ce que le Sphinxter voulait !
Alors certes, mais à ce stade, on est au-delà du débile.
- Comment le Sphinxter savait que Bêteman sortirait par cette porte précisément, et pas par une plus discrète ?
- Comment savait-il que Bêteman s’arrêterait pile sous cette lampe ?
- Comment le Sphinxter aurait-il fait si Bêteman avait arrêté le maffieux à une heure où lui-même dormait, faisait caca, où était juste ailleurs ?
C’est facile : ça n’a aucun sens, à part que comme d’habitude, le script dit « Ta gueule, c’est magique, et ça fait intelligent en plus » alors que c’est précisément tout le contraire.
Bêteman s’empresse de foncer à la fenêtre d’où le coup de feu est parti, et découvre un appartement de psychopathe (mais si, ceux avec les fameux articles de journaux collés aux murs ! Quelle créativité !), un fusil de sniper encore pointé à la fenêtre, le décor qui servait aux vidéos du Sphinxter… et mieux encore, le malandrin n’est pas allé bien loin : il est juste descendu prendre un café au coin de la rue, sans même se cacher, pour que la police vienne l’y arrêter. Ce qui est donc promptement fait. Principalement parce qu’il avait commandé un café « pumpkin spice », ce qui est un crime contre le bon goût, comme chacun sait. Ooooh, je sais. Je vous vois, hein.
Bref.
Dans l’appartement du Sphinxter fraîchement arrêté, Bêteman et Gordon trouvent principalement l’arme du meurtre du maire, à savoir un outil de tapissier, et un ordinateur avec une vidéo protégée par mot de passe.
– On n’a pas le mot de passe, Bêteman ! Que faisons-nous ?
– Bah, laissons tomber.
Oui.
Vraiment : ils n’essaient RIEN. Tout au plus on entend un flic lire les statistiques de la vidéo et dire « Ouah, ce salaud a pas moins de 500 abonnés ! ». Mon dieu, 500, c’est énorme ! Et il ajoute « Et sa dernière vidéo bloquée par mot de passe est très dérangeante… ». Ah oui ? Et comment tu le sais puisqu’elle est bloquée par le code en question ?
C’est fabuleux.

La chaîne du Sphinxter et ses 500 abonnés menacent le monde libre ! Si on le laisse faire, il pourrait atteindre les, pfou, 800 vues !
C’est donc une superstar avec 500 followers (mon dieu, ma boulangère est donc une célébrité internationale) qui est jetée en prison. Et demande bien évidemment à voir Bêteman. Notre héros s’y rend donc, pour une scène où il se retrouve face au Sphinxter, qui est juste un type malingre à grosses lunettes.
– Bêteman ! Nous avons réussi toi et moi ! Quelle équipe ! Tu as suivi mes énigmes ! Grâce à mon cerveau et à tes muscles, Falcone n’est plus, la vérité est sortie sur la corruption du maire… la purge de Gotham a commencé !
– Alors oui mais j’ai juste une énigme pour toi.
– J’adore les énigmes ! Aha, tu vas voir Bêteman, je les résous toutes !
– Okay : si depuis le début, tu avais les photos du maire et que tu habitais en face du Macumbé, pourquoi t’as pas juste envoyé les photos à la presse et tiré sur Falcone lors de l’une de ses allées ou venues ?
– … nan, j’admets, elle est dure cette énigme. Je dirais même qu’elle n’a pas de réponse.
Eh oui ! C’était tellement plus simple de se glisser sans se faire repérer dans le demeure du maire, le tuer, laisser un message codé contenant lui-même un autre message codé, compter sur le fait que Bêteman ne mènerait aucune enquête (pas plus que la police) et préférerait s’amuser avec les énigmes, les résoudrait, trouverait la clé USB contenant les photos, les donnerait à Gordon qui les mettrait dans un ordinateur non-protégé et connecté à internet sans rien vérifier, puis que Bêteman continuerait à ne surtout pas enquêter, partirait à la place en quête du « rat volant » en comprenant bien que ça ne fait pas référence à une chauve-souris, comprendrait aussi qu’il faut taper ça dans une barre de navigation, chatterait avec le Sphinxter, résoudrait l’identité du rat, parviendrait à sortir Falcone de chez lui à coups de tatanes, l’emmènerait par la bonne porte, sous la bonne lampe, pile quand le Sphinxter serait derrière son fusil et…
Voilà. C’est l’intrigue du film. Qui repose donc intégralement sur le fait que le Sphinxter connait intégralement le scénario, y compris toutes ses énormes incohérences de flics qui ne cherchent rien ou d’indices qui sortiront pile au bon moment alors que c’est un pur hasard.
Génial. Je suis content qu’on nous fasse des films de trois heures pour cela.
En attendant, pendant un moment, Bêteman pense que le Sphinxter connait son identité, mais en fait, non. S’il n’arrête pas d’évoquer Bruce Wayne durant leur conversation, c’est parce qu’il est triste de l’avoir raté avec son colis piégé. Oui, le Sphinxter est un génie qui pense à tout, mais pas qu’un multimilliardaire puisse avoir un secrétaire pour gérer son courrier. Ben oui ! Qui aurait pu le prédire ?
– Bon, en résumé, Sphinxter, on a passé deux heures et demie de film pour une diffusion de photos et un meurtre de mafieux que tu pouvais faire en deux minutes depuis chez toi ?
– Voilà.
– Eh ben super, merci.
– Mais maintenant… il y a la suite !
– Quelle suite ?
– AHAHA ! Tu n’as pas deviné ? AHAHA !
Euh… d’accord ? Bon. Soit. Bêteman est embêté, car maintenant que le Sphinxter est en cage, il ne peut plus lui envoyer de jolies cartes pour le guider. Aussi Bêteman se rend dans l’appartement du Sphinxter en quête d’indices, où il réalise quelque chose.
– Attendez… le Sphinxter a tué le maire avec un outil de tapissier… et il y a un tapis dans son appartement super mal posé… et si je regardais ce qu’il y a dessous ?
Bêteman arrache la moquette, et oh ! Au-dessous, un dessin de Gotham avec écrit « PROUT » (est-ce vraiment dans le film ou juste dans ce spoiler ? Vu le niveau de l’œuvre, admettez que vous doutez, que c’est crédible). Bêteman s’exclame donc :
– Le Sphinxter a écrit ce mot… car c’est forcément le mot de passe de la vidéo bloquée sur son ordinateur !
Car non, personne n’avait fouillé l’appartement dans le détail. Et oui, l’ordinateur est toujours là, c’est pas comme si c’était un peu important. Oh, et bien sûr : oui, le Sphinxter, personnage génial, écrit bien en effet ses mots de passe en grand sur son plancher, car « PROUT » déverrouille effectivement la vidéo vue par 500 personnes. Vidéo où le Sphinxter explique qu’il a placé des vans bourrés de bombes près de la digue qui sépare Gotham de la mer. Mais au moment où Bêteman le découvre… boum ! Les vans sautent, et la mer entre dans Gotham.
Le tout, le soir de l’élection de la nouvelle mairesse, Mme Femme-Noire-Courageuse. Qui, vous serez surpris de l’apprendre, contrairement à absolument TOUS les autres membres de la vie publique de Gotham (je vous rappelle que mêmes les secrétaires de procureur trainent dans les bars à mafieux), est une personne 100% sympa, honnête, courageuse et animée de valeurs progressistes. En un mot : « Elle est naturellement gentille ». Dois-je commenter ?
Alors, pourquoi le Sphinxter, qui voulait éradiquer la corruption de Gotham, veut-il la tuer ? En quoi pense-t-il que noyer des innocents va faire avancer sa quête dérangée de vérité ? Depuis quand une catastrophe qui va créer de la pauvreté, et donc probablement du crime, va-t-elle aider à quoi que ce soit ?
Le Sphinxter n’y a pas réfléchi. C’est juste pour dire « Bon, il nous reste une heure de film, on va dire qu’il a posé plein de bombes, comme ça, hop. »
Ah, et accessoirement, il a encouragé ses 500 followers à prendre les armes pour aller tuer la maire et… une dizaine d’entre eux ont accepté sans ciller. Ah oui, il a un sacré gros ratio de radicalisation le monsieur ! Bon, notez que le plan est débile, car en faisant sauter les digues, vous imaginez bien que toute la police de Gotham est de sortie, et particulièrement, tente d’évacuer Mme Femme-Noire-Courageuse. Donc essayer de la tuer :
- Alors qu’elle est entourée de flics
- En pleine évacuation
- Dans des zones où on ne peut prendre les chemins habituels à cause de l’eau qui monte
C’est 1 000 fois plus compliqué que juste tirer dessus à l’ancienne, mais ce n’est pas grave. Par un incroyable tour de magie, pouf-pouf, tous les fans du Sphinxter se sont déplacés sans problème dans Gotham où l’eau monte, sont passés avec d’énormes fusils dans la salle où se trouve la maire sans qu’aucun des 50 flics présents ne remarque, plus encore quand ils sont grimpés sur les poutrelles dominant la salle pour avoir une meilleure vue. Des ninjas, probablement. 500 followers dont 10 ninjas : c’est effectivement peu commun.

Ah oui : tous les suivants du Sphinx s’habillent comme lui. On voit même un tchat où ils disent où acheter ce genre de choses tant c’est pas facile à trouver. Quel dommage que Bêteman n’ait jamais pensé à enquêter sur « Tiens, mais comme le Sphinx se montre en vidéo avec une tenue particulière peu commune, qui a acheté ça dernièrement ? »
Malheureusement pour eux, il y a un autre fan de Naruto en ville, et Bêteman débarque donc pour leur casser la gueule, ce qu’il fait avec cascades, patates, coups de feu où l’armure de notre héros prend tout et personne ne pense jamais à viser sa tête pourtant exposée… on est bien, on est bien. À un moment, un policier parle à la maire en lui disant que quand même, l’eau monte, il est temps de se barrer, mais comme c’est Mme Femme-Noire-Courageuse, elle répond fièrement que jamais elle ne quittera ses concitoyens, qu’elle a juré de protéger !
Quelle femme forte et courageuse !
Passons : pif, paf, bang, Bêteman parvient à latter les méchants, mais finalement, une poutrelle pleine de trucs électriques bascule, et menace d’électrocuter tous les gens dans l’eau au-dessous. Tout le monde est donc choqué, Sélina comprise (car oui, elle s’est pointée), lorsque finalement Bêteman dans un moment d’émotion intense, se sacrifie en grimpant la poutrelle pour sectionner son alimentation électrique, quitte à s’électrocuter avec, mais en sauvant les gens au-dessous de lui.
– NOOOON ! hurle Sélina.
Bêteman ferme les yeux, et zap ! Le voilà électrocuté, et il disparait dans l’eau, mais désormais, les gens sont saufs. Il n’entend pas la suite du crie de Sélina :
– NOOON ! Gros blaireau ! Pourquoi t’es pas juste allé couper l’alimentation qui était à côté ?
Oups.
Mais, double-oups, après « Bêteman se vautre en jump-suit mais on a oublié », voici que la réalisation nous offre « Bêteman vient de faire une scène de sacrifice ultime, mais en fait, ça va ». En effet, sans aucune explication, Bêteman ressort de l’eau où il était tombé, en pleine forme, et aide les civils à gagner les hauteurs. Une électrocution ? Quelle électrocution ? Il va très bien, merci, pourquoi ? Oui, oui. Ah non mais vraiment, tout est fabuleusement bien écrit.
On passe donc à la scène suivante, où si Bêteman n’a pas pu sauver Gotham, qui est désormais sous l’eau, il a au moins pu sauver des civils, et en voix-off, nous dit qu’en fait, venger c’est bien, mais sauver, c’est mieux. C’est un héros, et au vu de comment la ville va être sujette au crime et au pillage après l’inondation, on va encore plus avoir besoin de lui. Donc oui, même le film reconnait que le plan du Sphinxter… n’a donc fait qu’aller exactement à l’opposé des objectifs du Sphinxter, qui voulait purger Gotham du crime qui la corrompt. Génial.
Mais, mauvaise écriture peut aussi rimer avec malaise, lorsque, alors que nous approchons de la fin, nous avons une séquence où l’on voit le Sphinxter enfermé dans l’asile d’Arkham, qui pleure que Bêteman a ruiné ses plans (en sauvant la mairesse, hein : la ville, elle, est bien noyée, mais visiblement, il voulait juste buter la mairesse, ce qui confirme que le reste n’avait aucun sens ; je ne cherche plus à comprendre). Et dans une cellule voisine un prisonnier l’interpelle.
– Alors Sphinxter ? On est malheureux ? Tu sais, parfois, on est au sommet et puis le lendemain, on est un… CLOWN.
– Hmm ? Vous êtes le gars de la cellule d’à côté ?
– Oui… j’adore les blagues… en anglais on dirait que je suis un vrai JOKER !
– Okay, donc vous êtes le Joker, je crois qu’on a compris.
– Oui, mais j’aime rire, comme ça : AHAHAHAHA !
– Oui, c’est bon, on a compris. Clown, Joker, rire… stop ?
– Non, non ! Ce teasing est encore trop subtil ! Regarde, on aperçoit mes cheveux verts… un bout de visage blanc…
– On a compriiiiiiiiiiiiiiis ! Stooooooooooop !
– ET MON SOURIRE ? VOUS AVEZ VU MON SOURIRE ? AHAHAHAHA !
Ce teasing avait la subtilité d’un candidat de télé-réalité devant la promesse de 7 secondes d’émission rien qu’à lui.
Finalement, nous retrouvons Bêteman et Sélina, sur un balcon qui domine Gotham, leurs motos près d’eux. Ils contemplent la ville.
– Bêteman… tu as été un preux chevalier, mais je pense qu’il est temps que je parte. On se reverra peut-être ?
– Peut-être plus vite que tu ne le penses.
– Ah oui coquinou ? Tu as envie de me dire quelque chose ?
– Oui Sélina je…
– Ouiii ?
– Je crois que tu as emmené ta moto sur un balcon. Tu vas pas pouvoir aller bien loin.
Je ne plaisante pas. Je me suis même dit « Je dois louper un truc, on va nous montrer que ce n’est pas un balcon, juste une sorte de plateforme mal branlée avec une route derrière qu’on va voir quand elle va démarrer », mais non, non. On voit juste sa moto partir hors-champ, et ensuite, pif pouf, elle roule sur une route sans explication. Bêteman, qui a lui aussi sorti son bête solex de là sans explication, roule avec elle, puis à une intersection, leurs routes se séparent. C’est beau comme du Fast & Furious. On voit alors Bêteman qui retourne vers Gotham qui a bien besoin de lui et…
… FIN !
La vraie énigme, c’est : qui a écrit ce truc ?
Sinon, pour un budget de 120€, promotion comprise, je vous présente la version « The Batman – Le Sphinx a un QI de plus de 55« .
« Bonjour Madame, je m’appelle Monsieur Sphinx, j’habite en face du Macumba/Macumbé et j’ai toutes les photos de tous les gens qui trainent avec la pègre depuis des années à Gotham. Je vais les poser là. J’ai aussi envoyé une copie aux journaux nationaux.
– Vous êtes sûr que vous ne voulez pas plutôt poser des bombes, tirer sur des gens, commettre des meurtres avec énigmes à tiroirs, fabriquer des bombes et les placer dans des vans pour faire exploser une digue, d’abord ?
– Non, non. Voici les photos. Bonne soirée. »
C’était « The Batman – Le Sphinx a un QI de plus de 55« .
Mais, c’est vrai qu’il n’y a pas la scène où Catwoman voit sa coloc/meilleure amie se faire enlever et tuer et décide que c’est le bon moment de se faire un p’tit chocolat, pépouze, au milieu du sang et des meubles renversés.
Et ça, ça manquerait.
14.04.2025 à 14:16
L’IRE ENSEMBLE – MIDNIGHT SUN – ÉPISODE 8
Un odieux connard
Texte intégral (2823 mots)
Nous approchons enfin de la fin de cette oeuv… ouvr… bouse. Dont le précédent épisode se trouvait ici.
Afin de ne pas perdre notre lectorat, rappelons donc l’intrigue :
Edward et sa famille pas bien fine sont en pleine partie de base-ball dans les bois quand soudain, un trio de vampires en maraude approche. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Comptent-ils demander s’ils ont cinq minutes pour parler de leur contrat d’électricité ?
Lisons, mes bons !
Et reprenons, lorsque le narrateur s’arrête sur l’un des membres du fameux trio :
Le mâle le plus petit et le plus laid prit d’abord la tête du cortège avant de se glisser derrière en une manœuvre bien rodée.
Notez qu’alors que le livre nous a expliqué que tous les vampires étaient beaux, bon, en fait, quand ils sont méchants, ils sont petits et laids. Personnellement, avec cette description, j’imagine une espèce de gros rongeur avec des vêtements qui se frontte les mains en faisant « Honhonhon, fifille ».
Ce qui est aussi la description d’un certain nombre de nos hommes politiques, mais là n’est pas le sujet.
Toujours est-il qu’Edward lisant les pensées de tout ce petit monde, voici qu’il perçoit celles des vampires qui viennent de débarquer.
A- t- elle un compagnon ? Hum… On dirait qu’ils sont tous en couple. Il nous balaya des yeux avant de revenir sur Rose.
Alors visiblement, la PREMIERE question que se posent les vampires dans ce monde, lorsqu’ils arrivent quelque part, et tombent par exemple sur tout un groupe d’inconnus, ce n’est pas « Sont-ils dangereux ? » ou « Tiens, qui sont-ils ? », non : c’est de savoir « Eeeh, ya des célibataires dans la salle ? »
Vivre la nuit, briller comme une boule à facettes sous la lumière, avoir une obsession pour savoir qui est chopable ou non : ces gens n’ont semble-t-il pas été mordus par Dracula, mais plutôt par le Macumba.
Il n’empêche, il y a danger pour le cucu ou le coucou de Bella, voire un savant mélange des deux, et Edward décide qu’il est temps de retourner en vitesse à la voiture pour ramener Bella chez elle.
Hélas, il semblerait que Jojo, le vampire petit et vilain de bien des manières, a décidé qu’il croquerait Bella. Car il est un peu con : alors qu’il a des millions de cibles potentielles à proximité, il a décidé de manger la SEULE humaine protégée par une tripotée de vampires. Il est donc petit, laid et complètement con : je ne retire pas ma comparaison première en début d’article.
Dans la voiture, Edward n’est pas content.
J’entendais vaguement ma propre voix feuler des obscénités incompréhensibles,
– Edward, tu es sûr que ça va ?
– Meugneugneu… puuuuute… salooooope…
– Edward, qu’est-ce que tu fais ?
– Je feule des obscénités incompréhensibles.
– Ben on les comprend bien, dis donc.
– Oh ? Passque pas moi. Ca veut dire quoi, « pute » ?
S’ensuit une explication durant laquelle Bella doit se retenir très fort pour ne pas impliquer les mamans. En effet nous sommes en 2025 : ton père aussi peut être une pute. C’est ça, le progrès.
Enfin : Edward explique à Bella qu’avec tout ça, elle ne va pas pouvoir rentrer chez elle, c’est trop dangereux.
Comment lui expliquer qu’elle n’avait plus de chez- elle, que le chasseur méprisable le lui avait dérobé ce soir, ainsi que tant d’autres choses ?
Alors que le type qui violait son intimité tous les soirs en restant discrètement dans sa chambre à la mater, lui ne dérangeait en rien, hein.
En tous les cas, Bella apprécie moyennement que son nouveau mec lui interdise de rentrer chez elle. Le frère d’Edward la choppe donc par ses petits bras pour la calmer parce que hé, ho, tu vas cesser de résister, sale femme !
Il emprisonna les poignets de Bella entre ses poings énormes.
— Non ! protesta- t- elle. Edward ! Tu n’as pas le droit de faire ça !
Que faisais- je, d’après elle ? Croyait- elle que j’avais le choix ? Sa rage et son désespoir m’empêchaient de me concentrer. J’avais l’impression que c’était moi le méchant, et non le dangereux traqueur.
— Si, Bella, et maintenant, tiens- toi tranquille, s’il te plaît
« Ferme ta gueule Bella steuplé. », lui glisse Edward en la maintenant de force dans la voiture avec l’aide de son frangin.
Aaaah… le romantisme !
Mais visiblement peu sensible au sujet, Bella insiste pour qu’on la laisse retourner chez son papounet.
— Non ! Tu dois me ramener. Charlie va appeler le FBI qui tombera sur le dos de ta famille ! Vous serez forcés de fuir, de vous cacher pour toujours !
C’était donc ça qui l’inquiétait ? J’imagine que je n’aurais pas dû m’étonner qu’elle craque devant la mauvaise menace.
— Calme- toi. Ce ne serait pas la première fois.
J’aime beaucoup comment ça sonne comme une échappée pédophile.
« Vous ne pouvez pas me kidnapper, vous aurez la police au cul !
– Boah, on a l’habitude. Maintenant, calme-toi et va à l’arrière de la camionnette, il y a des bonbons pour toi. »
C’est vrai, quoi : qu’y a-t-il de mal à ce que des Messieurs ayant entre 50 et 90 ans de plus que leur victimes emmènent de force une mineure loin de chez elle en lui expliquant qu’ils ne craignent pas la police ?
Vous voyez vraiment le mal partout.
Bella tente en conséquence une autre pirouette rhétorique pour essayer d’obtenir sa libération : oui, d’accord, ils peuvent l’emmener loin de la petite ville où elle vit. Mais et son papounet ? Et si les vampires vilains s’en prenaient à lui ?
— Argument irrecevable, décrétai- je d’un ton définitif. Nous nous assurerons de sa sécurité, et il n’y a que ça qui compte.
Sa sécurité à lui seul compte ? Ah.
Bon, et quand bien même : si vous pouvez assurer sa sécurité sans souci, pourquoi est-ce que Bella doit se barrer ? Hein ? Dites ? Une réponse ? Surtout venant du mec qui explique ne pas dormir et ne pas pouvoir s’en séparer au point de passer ses nuits à la mater au pieu ?
Eh bien non.
En attendant, et comme dans tous les films américains quand il y a du danger, il est proposé à la personne en péril de quitter la ville une semaine (parfois c’est deux, ou juste un weekend) « le temps que les choses se calment ». Ben oui, c’est connu, quand tu as la police ou des tueurs au cul, il suffit de partir un weekend à La Bourboule pour que la poursuite s’arrête.
Je suppose que ça doit fonctionner un peu comme les poursuites dans GTA. Vite, Edward ! Va repeindre ta voiture !
Cependant, Edward n’y pense pas, et préfère faire quelque chose de constructif comme… euh… disons, menacer lui-même Bella. Si :
— Bella. Elle me fixa dans le rétroviseur, plus sur la défensive qu’apeurée. Si jamais il t’arrive quoi que ce soit, je te tiendrai pour personnellement responsable. Compris ?
« Bella, si quelqu’un te fait du mal, je te pète la gueule, compris ? »
Edward a une logique bien à lui. On parle aussi de « neuneugique ». Aïgue. Ce qui ne l’empêche pas d’enfin, arriver chez Bella et son papounet, afin qu’elle puisse empaqueter une chaussette et deux culottes, et partir en trombe. Mais, l’ennemi est-il déjà là ?
Je tendis l’oreille, à l’affût de sons inhumains dans les parages, mais le traqueur n’était apparemment pas encore sur place.
Si l’ennemi fait des sons humains, par contre, Edward est bien niqué.
Par contre, un pet un peu aïgu, et là, ça bardera pour son matricule vampirique.
Pendant qu’Edward reste donc à guetter le son typique de la flatulence mort-vivante (elle a un fumet de boudin), Bella récupère donc l’équipement prévu et ressort pour bondir dans sa voiture, où Edward et son frangin grimpent à son tour pour l’escorter. Edward pense à prendre le volant, mais Bella dit qu’elle peut conduire seule. Aussitôt, on lui explique que non :
— Tu ne retrouverais pas le chemin, me justifiai- je.
Car non, Bella ne sait pas partir de chez elle toute seule comme une grande.
« Il n’y a qu’une seule route, Bella, mais conne comme tu es, c’est peut-être encore un peu compliqué. » En même temps, comme elle passe son temps à se vautrer en terrain plat, ce n’est peut-être pas totalement dénué de fondement.
Bella finit cependant par poser LA question :
« Mais au fait, pourquoi l’autre débile de vampire me chasse moi alors que je suis bien protégée contrairement à tout le reste de la population ? »
Mais oui Bella, pourquoi ? Edward fournit une réponse, supposée justifier cette intrigue foireuse :
Il n’a pas l’habitude d’être contrarié ; pour quoi que ce soit, d’ailleurs. Il ne s’envisage que comme prédateur, rien d’autre. Sa vie est entièrement dévouée à la traque, il n’en attend que des défis.
« C’est un prédateur. Il ne vit que pour ça.
– D’accord. Donc comme les prédateurs, il vise les faibles et les malades ?
– Non. Exactement l’inverse. »
Ah oui. L’opposé d’un prédateur, quoi. Juste un gros blaireau.
Et sinon, comment va le reste de son équipe ? Les deux autres vampires, dont une Madame ? Je vous laisse constater comment Edward en parle, lorsque le traqueur désireux de manger Bella file brièvement retrouver sa compagne, et qu’Edward perçoit ses pensées :
Il opère un contournement afin de retrouver la femelle.
La FEMELLE.
Dans Twilight, les hommes ont des prénoms, comme les deux vampires du méchants trio qui sont appelés « James » ou « Laurent ». Par contre, la femme est simplement qualifée de « femelle ».
Les femmes, ces petits animaux. Mesdames, je vous laisse affûter vos pieux.
Mais reprenons. Le trio Edward-son frangin-Bella fait un bref détour par la maison des Cullen, afin de s’y regrouper avec le reste de la famille et de décider de la marche à suivre.
À cet instant, Emmett revint du garage avec sur l’épaule un sac de sport assez grand pour y fourrer un individu de petite taille.
Vraiment, c’est rassurant : une famille qui embarque de force des gens dans leurs bagnoles, est habituée à semer la police, et sort directement des sacs de la bonne taille pour des corps d’étudiantes…
Je pense que cette série est en fait un documentaire sur la vie quotidienne à Charleroi.
Edward propose cependant un super plan : lui et son frangin vont filer dans une direction pour attirer le traqueur sur leur piste, pendant que Bella va aller se planquer ailleurs. Maintenant qu’ils sont séparés, Edward rappelle à l’équipe Bella comment s’occuper de la femel… la damoiselle.
Bella doit manger au moins trois fois par jour. Il est également important qu’elle s’hydrate. Arrangez- vous pour qu’elle ait de l’eau sous la main. Huit heures de sommeil seraient parfaites.
Ah oui. Que de bons conseils. Mais qui est assez con pour écouter ça sans le traiter de gros blaireau ? On parle de vampires qui sont supposés avoir fait des décennies d’études et qui vivent parmi les humains depuis fort, fort longtemps. Et il faudrait leur rappeler que l’humain moyen mange trois fois par jour ? Mais enfin, aucun d’entre eux ne serait assez idiot pour considérer ces instructions comme étant p…
Le portable sur les genoux, mon père tapait les messages au fur et à mesure que je les lui dictais.
Ah.
Donc le père d’Edward, médecin, je le rappelle, note « Les zumains, y doit boire le glouglou et fé le dodo 8 eurs par jourr. »
Médecin.
Je tenais à répéter ce mot. Entre ça et les « femelles », je n’ose imaginer les soins prodigués par le monsieur à l’hôpital.
« Monsieur, ma femme tousse énormément !
– Hmmm… laissez-moi voir ? Oui, elle a des lolos. C’est très probablement une femelle.
– Pardon ? Mais je viens de vous dire que c’était ma femme !
– Les femelles sont fragiles, vous savez. Elle ne s’en remettra pas. Je propose de la piquer.
– Pour une toux ? Et… attendez, elle est là, elle vous entend ! Comment osez-vous parler ainsi ?!
– Ah oui excusez-moi : HOLALA LA MADAME ELLE VA MANGER LA PETITE PILULE, HMMM, C’EST BON, APRES ELLE FERA LE GROS DODO, CA LUI FERA DU BIEN, HEIN PEPETTE ? ELLE VEUT QUE JE LUI GRATTE LE VENTRE ? »
Soit.
Mais au fait, me direz-vous, pour en revenir au plan, mais comment diable Edward fait-il pour opérer cette diversion et attirer le vilain vampire sur sa trace ? Comment lui fait-il croire que Bella est avec lui ?
Eh bien, avec son odeur. Et avec quoi donc ? Une écharpe ? Du parfum ? Non : mieux.
Les chaussettes dans ma poche allaient laisser dans l’air une infime trace de l’odeur de Bella.
Oui, apparemment, Bella pue sérieusement des panards. Au point que pour tromper l’ennemi, c’est le premier truc auquel on pense. Bella est donc une arme chimique en vadrouille.
« Femelle », « Ta gueule on cause », « Lâche el volant », « Passe-moi tes chaussettes, pue-des-pieds »…
Rappelez-moi qui lisait ce genre de chose avec délectation ?
Concluons d’ailleurs avec cette grande remarque, où par téléphone, Bella s’inquiète du sort de son bel ami (sûrement parce qu’il trimballe ses chaussettes de la mort) :
— Oh, Edward, soupira- t- elle, j’étais tellement inquiète. Comme par hasard.
— Bella, je t’ai interdit de te soucier d’autre chose que de toi- même.
Compris Bella ?
Ta gueule.
C’est donc sur cette note que nous nous donnons rendez-vous pour le prochain épisode, qui sera probablement le dernier.
Ouf, ai-je envie de dire.
28.03.2025 à 13:04
L’état électrique
Un odieux connard
Texte intégral (9462 mots)
– Bien, écoutez, j’ai ici le script d’un film, et à présent, il faut s’occuper de trouver des acteurs.
Dans la salle de réunion, tout le monde se tourne vers Roger, le directeur de casting, qui, les pieds sur la table, continue de lire un vieux Pif d’un air occupé. Le silence pesant finit par retenir son attention, et il lève les yeux pour rencontrer tous les autres de la pièce.
– Le casting ? Bah, vous bilez pas. C’est un film contemporain ?
– Non.
– Okay, quelle année ?
– 80-90.
– Ben Millie Bobby Brown, alors.
– Mais… je ne vous ai même pas parlé du rôle ?
– Pourquoi, il y a besoin ? Si vous avez un vieux lecteur de cassettes, une boite de Donjons & Dragons première édition ou des vestes en jean dans le film, vous voulez Millie Bobby Brown.
Le producteur ouvre la bouche pour dire que c’est idiot, avant de réaliser, en y pensant, que certes, c’est ridicule… mais ça colle parfaitement. Légèrement humilié, il tente une approche différente pour le second rôle.
– Soit, disons Millie Bobby Brown pour l’héroïne. Mais dans le film, elle est accompagnée d’un antihéros rigolo.
– Est-ce qu’il agite tout le temps les mains en roulant des yeux ?
– Euh… non ?
– Donc, pas Johnny Depp. Est-ce que votre antihéros fait des blagues au milieu de moments supposément sérieux ?
– Oui.
– Alors j’ai deux noms. Pour les départager : est-ce qu’il fait la plupart de ses blagues uniquement pour la caméra ?
– Non.
– Donc non pour Ryan Reynolds, c’est parti pour Chris Pratt.
Une fois de plus, le producteur s’apprête à dire que cette méthode est à la fois ridicule, caricaturale et sans une once de réflexion et de créativité… quand là encore, il se rend compte avec effroi que c’est exactement ce qu’il lui faut. Car c’est précisément ce que lui et ses équipes sont devenus. Un frisson le parcourt, alors qu’il fait signe à son secrétaire d’appeler les agents des deux acteurs. Il jette un dernier regard à Roger qui s’est replongé dans sa lecture de Pif. Il ne lève même pas les yeux pour ajouter :
– Oh, et j’ai cru entendre qu’il y avait des robots dans votre truc ? Comme pour tous les personnages animés, vous mettez pour leurs voix des célébrités disponibles, ça fait toujours bien. Et quitte à avoir des personnages animés, vous savez ce qui serait vraiment au top pour cocher tous les poncifs ? Qu’à la fin, l’armée des méchants faite intégralement en effets spéciaux s’effondre d’un seul coup comme ça, pouf, comme dans 99% des autres films.
Le producteur baisse les yeux vers le script de The Electric State, et se pose la question : Roger est-il très fort, ou est-ce simplement Hollywood qui est devenu très à chier ?
Pour en savoir plus… spoilons, mes bons !
Notre film commence en 1990, alors qu’un jeune garçon du nom de Chris est en train de passer un examen. Avec un tel brio que tous ses professeurs sont subjugués.
– Vous rendez-vous compte ? Il vient à peine d’entrer au lycée, et pourtant, il est déjà plus brillant que nos meilleurs mathématiciens ! Nous devons lui faire sauter toutes les classes et l’envoyer à l’université !
– Ah oui ? En quoi consiste le test ?
– À compter jusqu’à 18. Et lui s’est arrêté à 22. Dans notre système éducatif c’est… c’est un génie.
Certes, et pourtant, Chris n’a guère envie de filer découvrir la vie d’étudiant, et de découvrir ses petits bonheurs comme les partiels, les TD, ou le plaisir simple de se réveiller sans aucun souvenir des 18 dernières heures mais avec une bouteille de Jack Daniel dans le rectum. En effet, Chris préférerait rester à la maison avec sa grande sœur, Michelle, qu’il adore.
Mais, le destin va en décider autrement.
Car voyez-vous, ce sont les années 90 d’un monde parallèle où les humains ont conçu des robots aux IA super développées, et voici qu’un beau jour, elles se révoltent. Elles en ont assez de devoir se cantonner aux tâches qu’on leur assigne : oui, je suis un robot coiffeur avec des ciseaux à la place des mains ! Mais je veux devenir masseur, et alors ? Et moi, je suis un robot de construction de 30 mètres de haut, mais si je veux rejoindre une troupe de danse, qui va m’en empêcher ? Si au début, la situation est surtout problématique pour les conseillers d’orientation, tout dégénère quand les robots se syndiquent. Et là, c’est la descente aux enfers : ils se mettent à manger des merguez, brûler des pneus, mais c’est quand ils commencent à lâcher, à demi-bourrés à l’huile de moteur, que « Jean-Luc Mélenchon, on n’a jamais essayé », que la guerre éclate.
Dans un premier temps, les humains prennent leur peignée face à des ennemis qui ne dorment pas, sont faits d’acier, et sont déterminés à se battre jusqu’à la fin.
Et puis, arrive John Trériche.
John Trériche est très riche. Vous pouvez donc arrêter le film ici, puisque vous connaissez le cliché : « Si le type très riche n’est pas le héros, alors c’est forcément le méchant« . Et comme ce n’est pas le héros… ahem. Mais bref : le film nous explique que John Trériche, au beau milieu de la guerre, est arrivé avec une technologie révolutionnaire permettant à un humain de projeter son esprit dans un drone. Ce qui a rééquilibré le rapport de force, les robots ayant désormais à affronter des ennemis soudain plus solides, que les humains pouvaient produire en masse, et donc, sans avoir de soucis de pertes. La vapeur renversée, ce sont les robots qui ont pris leur raclée, et ont dû signer un traité de paix. Avant d’être enfermés dans une gigantesque zone au Nouveau Mexique, encerclée par un immense mur. Ils ont interdiction d’en sortir, de se syndicaliser, et une seule chaîne de télé : CNews. Ça suffit les conneries maintenant.
C’est donc après ces années de guerre que nous retrouvons Michelle, la sœur de Chris, qui n’en a désormais plus rien à foutre de quoi que ce soit. Devenue limite punkette, son avenir hume bon la 8-6 et la porte automatique du Monoprix, et à l’école, elle ne fout plus rien. En effet, la vie l’a un peu dégoûtée, puisque durant la guerre, elle a perdu ses parents et son génie de frère. Non pas dans une attaque de robots… mais parce qu’ils sont morts quand la voiture familiale s’est tapée un chevreuil.
Oui. Ah non, mais ce film sait vous vendre une histoire épique.
À l’école, tout le monde tente de la raisonner, lui expliquant que Michelle, ce n’est pas parce qu’un chevreuil t’as tout pris que tu dois en devenir un. Mais elle s’en moque bien, plus encore car maintenant qu’elle est pupille, elle est hébergée chez un gros con qui la méprise ouvertement. En substance : sa vie, c’est de la merde et elle l’échangerait bien contre celle du roi du Maroc, comme dirait l’autre.
Jusqu’à ce qu’un soir, tout bascule.
Car Michelle est réveillée par le bruit de quelqu’un qui fout le bordel dans les poubelles. Pour les Parisiens et autres Marseillais qui me lisent, ça peut paraître banal, mais en 1994, c’était peu courant. Aussi Michelle se lève, et aperçoit du coin de l’œil, dehors, un robot qui fait des bruits dégueulasses comme « AGREUGREU ! » ou encore « GROUGROUGROUM ! ». Elle a très peur, plus encore quand le robot commence à péter des vitres pour rentrer dans la maison. Et elle a beau secouer son connard d’hébergeur, ce dernier a son casque de projection virtuelle Trériche Corp sur la tête, et ne se rend donc compte de rien. Michelle se retrouve par conséquent à devoir se débrouiller seule, et va se cacher sous son lit.
Hélas, c’est là que le robot inquiétant la trouve, et si jusqu’ici, elle ne l’avait qu’à peine vu, tant elle courrait… il s’avère que ce robot est en fait mignon. C’est même un robot représentant un personnage de dessin-animé : Cosmo le petit robot, qui était le héros préféré de son frère. Et le robot de lui faire comprendre avec des gestes, et en ouvrant son capot, que s’il fait des bruits dégueulasses digne d’un usager du RER B c’est parce qu’il a un truc débranché. Michelle se saisit donc d’un tournevis, et à nouveau, le robot retrouve sa voix toute mignonne et s’exclame : « C’est moi, ton ami Cosmo ! »
Ah, le coup du module vocal endommagé sans raison qui de tous les bruits possibles (bips, sifflements, voix robotique basique), tombe par un iiiiiiiiiincroyable hasard uniquement sur des bruits qui font peur ! Quelle coïncidence !
Mieux : de TOUS les robots du film, je dis bien absolument TOUS les robots, ce sera le SEUL qui pour une raison inexplicable, ne peut causer par lui-même, et peut juste communiquer en utilisant des phrases issues du dessin animé Cosmo le petit robot. Quel incroyable hasard là encore ! Le pauvre être mécanique va donc devoir s’exprimer par geste et phrases automatiques du genre :
– C’est moi, ton ami Cosmo !
– C’est l’heure de la bagarre !
– En route vers la lune !
Et c’est ainsi que… attendez une seconde… pardon Diego ? Qu’est-ce que tu viens de dire, espèce de sbire napiforme ?
– Je disais juste que je trouvais ça rigolo, moi, patron. Quand un des personnages ne peut communiquer qu’avec des phrases limitées pour se faire comprendre.
– Bien. Diego, regarde bien. Tu vois ma main ?
– Oui patron.
– Tu vas venir jeter ta joue dessus très fort s’il te plait.
– Mais… aïe, patron !
Maintenant, laissez-moi vous expliquer pourquoi c’est complètement con, et pour cela poursuivons un peu la scène. Où le robot Cosmo se saisit d’une photo de Michelle et son frère Chris, et se met à tapoter ledit garçon en répétant :
– C’est moi, ton ami Cosmo !
– Ne touche pas à cette photo, robot inconnu ! J’y tiens !
– C’est moi, ton ami Cosmo ! C’est moi, ton ami Cosmo !
– Pourquoi insistes-tu en désignant ainsi mon frère ?
– C’est moi, ton ami Cosmo !
– Attends… tu veux dire que… Chris ? C’est toi ?
– Tu as gagné !
– Tu utilises ce robot comme un drone ? Tu as projeté ton esprit dedans ?
– Tu as gagné !
Bien. Vous avez lu ? Rien ne vous choque ? Alors permettez-moi de réécrire la scène, sauf que les deux personnages ne sont pas complètement neuneus. Recommençons donc ; le robot se saisit de la photo et désignant Chris, s’exclame :
– C’est moi, ton ami Cosmo !
– Alors déjà, tu reposes cette photo et tu touches à ton cul. Et si tu veux communiquer, voilà un papier et un crayon.
– … scritch… scritch…
– Voyons ce que tu as écrit : « Merci sœurette ! J’allais justement te demander de quoi écrire. Tu imagines, un film entier où alors que je suis un génie, à aucun moment je ne pense à écrire et qu’à la place, je me contente d’être bloqué avec un module vocal ultra-limité qui ne me permet pas d’expliquer quoi que ce soit ? Ce serait complètement débile !« . Je ne te le fais pas dire, frangin !
Voilà. Donc n’oubliez pas les enfants, si un personnage qui ne peut pas parler ne pense pas à écrire, c’est probablement qu’il est con. Et si le film vous assure qu’il ne l’est pas, c’est que le type qui l’a écrit l’est.

Ah, oui, Chris-Cosmo peut aussi projeter des films entiers, mais ne pense pas à s’en servir pour communiquer plus clairement.
Diego, tu peux aller masser ta joue rougie ailleurs. Et nous, reprenons. Mais comme les citations de Cosmo le petit robot sont à la fois nulles et cucu la praline, je vous propose pour les besoins de ce spoiler de les remplacer dans les dialogues par des citations tirées de Warhammer 40,000. Ça ne vous parlera pas forcément plus, mais ça donnera, disons, plus de peps aux dialogues.
– Chris, mais comment as-tu fini dans ce vieux robot pourri ?
– L’IGNORANCE EST UNE VERTU.
– Tu l’ignores ? Zut. Mais si ton esprit est là, ton corps doit bien être quelque part ?
– C’EST LA VÉRITÉ DE L’EMPEREUR !
– Je prends ça pour un oui. Tu sais où ?
– L’IGNORANCE EST UNE VERTU.
– Ah ben ça va être pratique. Alors que fait-on ?
– PURGER LES HÉRÉTIQUES. MASSACRER LES XENOS.
– Attends, c’est du Warhammer 40,000 ou du Eric Zemmour que tu me sors, là ?
– L’IGNORANCE EST UNE VERTU.
Oui, mais alors que ça papote, voici que soudain rentre dans la pièce le gros beauf qui héberge Michelle.
– Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Que fout un robot dans ma maison ? Michelle, que se passe-t-il ici ?
– D’où tu as été attiré par le bruit alors qu’il y a dix minutes quand je t’appelais à l’aide et te secouait physiquement en pensant que ce robot était méchant, tu n’entendais rien ?
– … le… l’ignorance est… euh… une vertu ?
– Eh, tu n’es pas Chris, me fais pas le coup du module vocal ! C’est encore le scénario qui se chie dessus, pas vrai ?
En effet. Raison pour laquelle le monsieur décide de couper court en appelant la police. Mais nos héros ont tôt fait de l’assommer, puis de voler la voiture du larron, et de filer loin d’ici. Mais pour aller où ?
– Chris, tu aurais une idée de l’endroit où nous devrions aller pour t’aider ?
– L’OEIL DE LA TERREUR !
– Hmmm. C’est pas clair. Tiens, regarde, il y a une carte. Mets tes grosses mains pleines de doigts dessus.
Et Chris de désigner un endroit au beau milieu de la fameuse zone d’exclusion du Nouveau-Mexique où sont enfermés les robots depuis la guerre.
– Mais enfin Chris, c’est impossible de rentrer dans cette zone !
– LA FOI DONNE LA FORCE !
– Tu veux vraiment y aller ?
– QUESTIONNER, C’EST DOUTER. LE DOUTE EST UNE HERESIE.
– Tu sais que t’es un peu chiant ? Bon, voyons voir… comment rentrer dans cette zone ?
Secouez votre boîte à « Ça alors ! » par avance, car soudain, Michelle a une illumination.
– Mais attendez ! Mon hébergeur achetait plein de trucs venant de la zone d’exclusion à des trafiquants ! Genre des jouets disparus ! Hmmm… une minute, pourquoi il n’y aurait eu certains jouets que dans cette zone ? Ça n’a aucun sens ? Bon, on va dire que les spectateurs sont trop cons pour le remarquer. Viens, on va regarder dans le coffre de la voiture. Mais oui, il y a encore les cartons ayant contenu ces objets ! Et dessus… IL Y A L’ADRESSE DES TRAFIQUANTS !
Je ne plaisante pas : les trafiquants collent leur adresse sur tous les cartons. Voilà voilà voilà. Je crois que ça résume en quoi finalement, quand on aura remplacé les scénaristes par des IA, on y gagnera peut-être pas, mais en tout cas, on n’y perdra certainement pas vu le niveau actuel. Ne reste donc à nos héros qu’à se rendre jusqu’à l’adresse indiquée, qui est une simple boite postale. Là, ils attendent de voir le propriétaire se manifester… et il s’avère que celui-ci est un camionneur du nom de Keats, mais qui en fait est Chris Pratt qui joue Chris Pratt. Comprendre donc qu’il passe son temps à faire des gaffes, à jouer les héros avant de se ridiculiser au dernier moment, bref, le monsieur est prisonnier du même rôle depuis des années, c’est douloureux à voir, que quelqu’un le débranche, il souffre.
Toujours est-il que Keats est bien le trafiquant qu’ils recherchent, toujours accompagné d’un robot du nom de Herm. Ensemble, ils volent, revendent, arnaquent… et ont un gros camion qui est donc parfait pour que Michelle et Chris s’y cachent, en espérant ainsi se faire convoyer jusqu’à la zone des robots. Leur plan fonctionne presque, car s’ils parviennent à grimper dans le camion sans se faire repérer, ils se font avoir lorsque le véhicule s’arrête dans une ancienne mine, qui est à la fois l’entrepôt et le point de passage de Keats pour faire circuler ses marchandises entre la zone des robots et le monde extérieur. C’est là que Keats découvre qu’à l’arrière de son véhicule, c’est n’importe quoi, dites-donc, c’est pas Calais ici, et pas de bol, je suis de droite.
– Que ? Qui êtes-vous et que faites-vous dans ma remorque ?
– Je suis Michelle et voici mon frère, Chris, dont l’esprit est dans ce robot !
– Une gamine et son frère ? Ecoutez, je suis un trafiquant respectable, alors vous descendez. Si j’ai des jouets dans la remorque, c’est pour les vendre, pas pour vous attirer. Si vous cherchez des camionneurs de ce style là, je peux vous indiquer quand partira le prochain bus pour Charleroi.
– Non, arrêtez ! Nous on ne veut pas aller à Charleroi ! On veut aller dans la zone où sont enfermés les robots depuis la guerre !
– Hmmm… c’est moins dangereux que la Belgique, mais ça reste quand même dangereux. Non, je vous propose plutôt de vous casser.
Le plan de Michelle a-t-il échoué ? Pas tout à fait, car soudain, quelqu’un d’autre entre dans la cachette… un drone militaire ! Piloté à distance par Butcher, une légende de la guerre qui depuis traque les robots ayant quitté la zone d’exclusion sans autorisation. Et il sort un gros flingue pour mieux appuyer son autorité naturelle.
– Vous êtes en état d’arrestation ! Surtout toi, Michelle, pour avoir fui ton foyer d’accueil, assommé ton hébergeur, et aidé un robot en cavale !
– Mais c’est mon frère !
– C’est un robot. En cavale.
– Tiens d’ailleurs… maintenant que j’y pense… c’est vrai ça ! Chris, d’où tu as réussi à récupérer un corps de robot qui n’était pas dans la zone réservée ? C’est pas logique ! Si tu pouvais prendre le contrôle d’un robot, c’est là-bas que tu aurais dû te retrouver !
Tout le monde regarde Chris, car c’est vrai que maintenant qu’on y pense, c’est pas très cohérent, non ?
– L’IGNORANCE EST UNE VERTU.
– Eeeeh bordel.
– Vous ne voudriez pas lui donner un papier et un crayon ?
– Surtout pas : si on l’avait fait au début du film, on aurait gagné vachement de temps. Donc merci de ne pas nous donner des idées qui permettraient de sauter toute l’intrigue.
– D’accord.
– Et puis quitte à parler d’incohérences… vous m’expliquez comment vous nous avez retrouvés ?
– J’ai retrouvé votre voiture, avec dedans, les cartons où un con de trafiquant avait écrit son adresse.
– Alors c’est vrai que notre ami ici présent est idiot, mais ça menait à une boite postale. Pas à cette cachette. Donc comment avez-vous pu nous retrouver ici ?
– … l’ignorance est… euh… une…
– Nan mais fermez tous vos gueules en fait.
Non, rien ne va. Mais oui, ça continue.
Puisque les dialogues sont ce qu’ils sont, Butcher préfère sortir son gros pétard, un pistolet qui désintègre tout ce qu’il a en face. Alors que nos héros, comme tous les héros dans ce genre de films, se battent en lançant des jouets, improvisant des pièges avec ce qu’ils trouvent dans les stocks d’objets de Keats, etc. Ce qui donne des moments fabuleux du genre :
– Bravo ! Tu as réussi à l’attraper avec un outil de levage, et il a lâché son arme ! Butcher est fait, hihihi !
– Bon, donc on ramasse son arme et on détruit ce drone qu’il pilote ? Comme ça on est tranquilles un moment ?
– Euh… ah ben non. Ca serait efficace. Et ça, JAMAIS !
Résultat ? Butcher se libère, récupère son arme, le combat qui n’a aucun sens continue, et finalement, une explosion finit par endommager salement le drone de Butcher. Mais cause aussi l’effondrement de la cachette de Keats : nos héros n’ont plus qu’une seule issue… vers la zone des robots ! Issue qui est en fait un gigantesque tunnel, probablement visible à des kilomètres à la ronde, mais durant des années, personne ne l’avait jamais remarqué, donc. Michelle, Keats, Herm et Chris n’ont guère le temps de souligner cette énième incohérence, car à peine sont-ils sortis qu’ils entendent des bruits et doivent se cacher.
– Ce sont des pillards, explique Keats. Des robots prisonniers de la zone qui, pour survivre, tuent d’autres machines et prennent leurs pièces pour tenir un peu plus longtemps.
– Wouah, c’est réaliste : on dirait vraiment l’histoire des PC des années 90 !
– L’HÉRÉSIE NAIT DE L’OISIVETÉ !
– Nan, sans déconner : Chris, ta gueule.
En attendant, nos amis sont embêtés, car leur tunnel effondré, ils sont enfermés dans la zone avec les robots. Heureusement, Keats trafiquant depuis longtemps dans le secteur, il a une planque sur place, à savoir un énorme hangar que les robots pillards à deux mètres n’ont jamais remarqués. Oui, ils sont sympas. Et dans ledit hangar, Keats a un robot géant que Herm peut piloter (un robot dans un robot : robot-ception), et c’est donc cette imposante machine qui va servir de véhicule à nos amis pour s’aventurer dans cette zone hostile.

Pour être exact, le robot géant va lui-même transporter un van, qui lui-même va transporter nos amis qui…
Mais où aller ? Chris continue à indiquer un endroit précis du doigt sur la carte.
– L’OEIL DE LA TERREUR !
– Keats ? Tu sais ce que c’est l’endroit qu’il pointe ?
– Oui… c’est un vieux centre commercial. Allons voir.
Grâce à des mimiques, Chris est parvenu à faire comprendre qu’il y avait sur place quelqu’un pouvant l’aider, à savoir un médecin à lunettes. Le même médecin qui avait annoncé à Michelle que son frère était mort après avoir pris un chevreuil dans la gueule (j’ai toujours du mal à me dire que c’est vraiment un élément du scénario). Donc qui a menti et doit en savoir plus sur ce qu’il est advenu de Chris, le sale petit rabouin !
– Tu sais, si ça se trouve, il n’y est pour rien.
– L’INNOCENCE NE PROUVE RIEN.
– Raaah, t’es chiant avec ton module, là !
Lorsque nos amis arrivent enfin en vue du centre commercial perdu au milieu du désert du Nouveau Mexique, ils constatent que celui-ci a l’air abandonné. L’air, seulement, car soudain, quelque chose fend les cieux en sifflant : un frigo ! Qui tombe sur la gueule du robot géant qui sert de véhicule à nos héros. Suivi d’autres projectiles électroménagers. Ce sont de petits robots qui balancent cela avec des trébuchets improvisés pour défendre le centre commercial.
Vous l’aurez compris : ils n’utilisent pas d’armes conventionnelles, donc ils sont forcément gentils.
Mais pour l’instant, une fois qu’ils ont neutralisé le véhicule de nos héros, ils s’empressent de les capturer et de les emmener dans le centre commercial, qui à leur grand étonnement, grouille d’activité. Par une baie vitrée, on voit même un robot géant publicitaire de 30 mètres de haut qui fait coucou.
– Hmmmm…
– Il te rappelle quelque chose, Michelle ?
– Il me rappelle la scène précédente : comment as-tu pu avoir un décor de centre commercial désert sans signe de vie sans apercevoir un robot de 30 mètres de haut en train de faire le con ?
La réponse est très simple : parce que ce film se fout de notre margoulette, ma bonne amie.
La fine équipe est promptement regroupée et envoyée devant le chef des lieux, M. Cacahuète (si, si), un ancien robot lui aussi publicitaire, qui fut autrefois le porte-parole et meneur de la révolte robotique syndicaliste. Mais à présent, il n’est plus que le grand chef de ce centre commercial au milieu de la prison à ciel ouvert qu’est la zone réservée aux robots. Et explique qu’il a un plan pour les lieux, et que c’est son projeeeeet :
– Ce site, c’est une oasis au milieu de cet endroit sauvage qu’est la Zone. Un lieu où les robots peuvent venir se réunir, s’abriter… au lieu de rester dehors à devenir soit un pillard, soit une victime des pillards.
Quel destin terrible pour ces robots, qui depuis des années, peinent à subsister ! Il faudra juste m’expliquer un truc : si c’est un endroit où il n’y a rien… comment diable ces robots se rechargent-ils en électricité ? Les humains leur fournissent gratos depuis l’extérieur parce qu’ils sont trop sympas ? Rassurez-vous, nous n’aurons aucune explication, et poursuivons. Car évidemment, Michelle demande si en ces lieux ne se cacherait pas un médecin à lunettes, puisque c’est ici que son frère l’a guidé.
– Quelle description pas du tout vague. Mais soit : il y avait bien un médecin, un humain à lunettes, mais on l’a dégagé, car pardonnez-moi, mais on n’aime pas trop les humains.
– C’est un peu spéciste, M. Cacahuète.
– Oui, ben tu diras ça quand t’auras fait la guerre, trou de balle. Alors vous allez passer la nuit ici parce qu’on est sympa, et demain matin, je vous vire à coups de pied au cul.
– M. Cacahuète, je vous soupçonne d’être de droite vous aussi.
– Ouais, ben c’est M. Cacahuète, pas Mme Quinoa, alors ferme bien ta bouche.
C’est un peu rude, mais voilà : on dirait que la route de nos amis s’arrête ici.
Pendant qu’ils désespèrent, allons voir ce qu’il se passe du côté de chez quelqu’un dont nous avons parlé en début de film : John Trériche. Souvenez-vous : John Trériche est l’inventeur de la technologie qui permet, grâce à un casque, de piloter un drone à distance. Après la fin de la guerre, il a popularisé cette technologie pour que les gens puissent eux aussi piloter des drones pour aller au boulot et faires les courses à leur place, ou même juste visiter des mondes virtuels, et il est donc devenu encore plus riche (il a failli changer son nom en John Trétrériche). Le monde entier profite de ses technologies, Trériche Corp est partout…
Mais il y a une crise en cours chez Trériche Corp. Et retrouvons donc John Trériche qui convoque deux de ses directeurs pour leur en parler.
– Messieurs, la technologie des casques qui permettent de faire des trucs et des machins est fabuleuse. Mais depuis quelques jours, la qualité de la connexion s’effondre. À ce rythme, bientôt, nos casques ne marcherons plus. Et ce sera la fin de Trériche Corp. Alors expliquez-moi d’où ça vient.
– Eh bien… chef, comment dire ? Vous vous souvenez de comment on a obtenu toute cette puissance de calcul ? Créé l’internet de ce monde ?
– Mais oui en…
Attention. Aaaaattention… accrochez-vous…
– …KIDNAPPANT UN PETIT GÉNIE QUI ETAIT DANS LE COMA APRES AVOIR MANGÉ UN CHEREUIL POUR LE TRANSFORMER EN ORDINATEUR CENTRAL !
Ça alors ! John Trériche est très méchant ! Si on avait pu le voir venir, dites donc !
– Oui chef. Grâce à son incroyable cerveau, nous avons une puissance de calcul extraordinaire !
Soit 1,33 gigas. On est en 1994, hein.
– Certes, et donc ?
– Eh bien en étudiant le code, nous avons découvert qu’il était parvenu à faire quitter son corps à son esprit. Il l’a envoyé dans un robot, quelque part. Le seul moyen de le remettre à 100% de ses capacités consiste à retrouver son esprit pour le remettre dans son corps.
– Il n’y a pas d’autre solution ?
– Ben non. C’est pas comme si on avait, je ne sais pas moi, des super ordinateurs tellement puissants qu’ils pensent comme des humains, et qu’on appellerait « robots ». Intelligents au point de s’être rebellés par le passé. Le genre qu’on pourrait mettre en réseau en plus, pour encore plus de puissance de calcul, vu que ce sont des machines.
– Oui, c’est trop bête qu’on n’ait pas ça sous la main !
Toi aussi, fait un film sur un monde peuplé de robots, et fait tourner toute l’intrigue autour du thème « Si seulement on avait des ordinateurs corrects !« .
John Trériche a cependant une solution à tout cela. Il appelle une légende qui sait résoudre ce genre de problèmes… Butcher !
– Allô, Butcher, la légende de la guerre qui désormais, traque les robots ? J’aurais besoin de vous pour en traquer un. Qui a la gueule de Cosmo le petit robot.
– Vous allez rire, c’est ce que je faisais jusqu’à ce qu’une explosion ne mette le drone avec lequel je le traquais hors-service.
– Bon, vous inquiétez pas : Trériche Corp a les moyens de vous aider. On ne peut pas envoyer notre armée personnelle car c’est dans le traité d’armistice avec les robots, mais rien ne nous interdit de vous aider, vous.
Par « aider », je m’attendais à ce qu’ils lui envoient un nouveau drone, voire une version encore plus moderne et redoutable. Mais figurez-vous que non : Trériche Corp… rallume juste son drone endommagé et à demi-enfoui. Par quel miracle est-ce qu’un drone détruit se remet en route à distance et sans aucune aide physique ? Est-ce que ce n’est pas con, puisque justement, il est enfoui, et donc complètement bloqué et incapable de poursuivre sa mission ?
Si, mais pour ne pas avoir à nous montrer à quel point c’est débile…
Changeons de scène.
Et revenons à nos héros, dans leur centre commercial paumé. Où après avoir vu Michelle être trop kikinoute avec son robot de frère, M. Cacahuète et d’autres robots décident que finalement, ils méritent un peu d’aide.
– Bon, écoutez, on sait où se trouve le médecin que vous cherchez. Il avait laissé un message pour vous en partant, si jamais vous veniez à passer par ici. Il est situé au 2, rue Ersilia Soudais. Ce n’est pas loin. On peut y aller dans ma voiture en forme de cacahuète.
– Super !

Je rappelle que c’est donc ce véhicule que le chef des robots a utilisé pour aller à la réunion pour négocier la fin de la guerre mondiale.
Oui, c’est un peu comme si vous, vous conduisiez une voiture en forme d’humain. Mais apparemment, ça ne dérange pas les cacahuètes. Une troupe de robots bigarrée grimpe donc dans le véhicule, et avec Michelle et Keats, se dirige vers l’adresse indiquée. Un parc d’attraction abandonné où rapidement, nos larrons se font encercler par des robots pillards, qui ont envie de cannibaliser tout ce petit monde. Heureusement, voici que soudain, de la musique résonne dans le parc et fait fuir les robots (nous ne saurons jamais pourquoi, pouf pouf c’est magique), et qu’une trappe s’ouvre pour faire tomber nos protagonistes droit dans un laboratoire secret… où ils sont accueillis par le docteur Lunettes !
– Bonjour les amis, je suis le docteur Lunettes. Je m’attendais à votre visite.
– Très bien, première question, la plus importante de toutes…
– Oui Michelle ?
– Qu’est-ce que vous mangez ? Je veux dire : vous êtes isolé au milieu du désert, dans une zone sans livraison, et ce ne sont pas les robots à qui vous allez piquer du miam-miam. Alors ?
– … euh…
– Nan, je déconne ! Allez-y, dites-moi ce que vous avez fait à mon frère, p’tit bâtard !
Et le docteur Lunettes, plein de remords, de s’épancher.
– Vois-tu Michelle, quand pendant la guerre, on a trouvé ton frère suite à votre accident… John Trériche a vite compris que son cerveau surpuissant était la clé pour une technologie pouvant sauver l’humanité. Il m’a donc menacé pour que je te dise qu’il était mort, alors que je l’envoyais, dans le coma, dans un centre secret de Trériche Corp, où il a été relié à une machine pour devenir un serveur vivant. Toute la technologie de Trériche Corp repose sur lui.
– Vous êtes un monstre !
– Et tu ne sais pas tout : un jour, ton frère est sorti du coma, regarde j’ai même la vidéo. Et John Trériche m’a forcé à l’y replonger. Là encore, en me menaçant de mort. Alors je me suis enfui. Mais d’abord, j’ai rajouté un trou dans le code permettant à l’esprit de ton frère de s’enfuir lui aussi, puisque je ne pouvais pas emmener son corps. Et voilà comment il a atterri dans ce robot.
– Pourquoi ce robot ?
– Euh…
– Et où l’a-t-il trouvé ?
– Euuh…
– Et comment ce robot a-t-il quitté la zone ?
– Euuuh en fait, hihihih, bon, tu sais quoi ? Parlons d’autre chose. Tiens, tu sais pourquoi ton frère savait qu’il fallait venir dans la zone des robots pour me trouver ? Parce que j’avais aussi rajouté ça dans le code ! Je voulais qu’il puisse fuir, venir au centre commercial des robots… et y trouver une famille.
– Ben ? Attends, non. Tu étais sur place. Tu as même laissé un message pour qu’il puisse te retrouver ici. Donc aucun rapport avec une famille : tu voulais qu’il te trouve, toi, non ?
– Ah merde, oui, nos dialogues aussi sont à chier.
Tout le monde est cependant interrompu par une alarme : un drone est à la porte… celui de Butcher ! Comment les a-t-il retrouvés ? Comment a-t-il su pour la trappe cachée menant au laboratoire secret ? Eh bieeeeeeeeeeen…
Vous l’aurez compris : vous ne le saurez jamais. La situation tourne donc à la baston, mais pas avant que le docteur Lunettes n’explique :
– Oh, et au fait, je vous ai présenté mon assistant robot ? Lunettes Bis ? Je l’ai appelé ainsi car j’ai transféré toute ma mémoire dedans, et je lui ai même donné ma voix, hihihi !
Hmmm… présenter un personnage qui peut vous remplacer en cas de mort… je me demaaaande si ça va servir !
Et en effet. Car baston il y a, là encore, les gentils se battent avec des balles de base-ball ou des pistolets de paint-ball contre le vilain Butcher, et la situation tourne au désastre le plus complet lorsque Butcher, signale que puisque les robots ont aidé des fugitifs humains dans la zone, ils ont donc violé le traité de paix… ce qui autorise l’armée de Trériche Corp à venir s’en mêler. Butcher est ainsi rejoint par moult drones, dont un piloté par John Trériche lui-même. Qui n’hésite pas à tuer robots ET humains, comme, et ça va vous surprendre… le docteur Lunettes !
Vous êtes autorisés à secouer votre boîte à « Ça alors ! »
Comme le veut la tradition de l’écriture automatique de script, nous devons en arriver à la partie de l’intrigue « Tout semble perdu ». Aussi, les méchants parviennent à quitter les lieux en emmenant avec eux Chris. Le petit robot mignon se retrouve menotté, et emporté par la voie des airs hors du Nouveau Mexique. Les gentils ne peuvent que pleurer très fort, et retourner au centre commercial qui leur servait de planque… pour découvrir que les méchants sont aussi passés par là et ont tué plein de robots. Mais pas tous : juste un ou deux, comme ça. Non, ne demandez pas pourquoi, je pense qu’à ce stade, vous aurez compris que ça ne sert à rien. On va supposer que les vilains ont juste traversé le centre commercial en hurlant « Yayaya on est vilains ! » en tirant partout avant de poursuivre leur route sans s’arrêter.
Et ne me dites pas « Peut-être qu’une partie des robots a eu le temps de se cacher » : le bidule de 30 mètres de haut est toujours en pleine forme, merci, et je doute qu’il se soit planqué sous un lit.
Tout le monde est désespéré. Mais pas Michelle, qui ne compte pas abandonner son petit frère. Elle se lance en conséquence dans un long discours sur la tolérance, l’amitié, et le lattage de molaires, que les robots approuvent. M. Cacahuète lui-même annonce qu’il ira péter la gueule de John Trériche avec quelques amis si Michelle le désire. Et oui, elle le désire. Fort, même. Presque comme un pot de Häagen-Dazs.
– Rassemblez tous les robots disponibles, M. Cacahuète ! Nous partons combattre John Trériche dans son quartier général de Seattle ! Car grâce à Lunettes Bis, qui avait toutes les connaissances de son patron, nous savons que c’est là que se trouve le corps de Chris ! Rassemblez des camions, et en route !
– Un instant ?
– Oui, Caporal Robobo ?
– Déjà, vous allez les trouver où, ces camions ? Dans un coin de désert où les robots eux-mêmes en sont réduits à se cannibaliser tant il n’y a plus rien de mécanique à récupérer ?
– On… on va dire que… qu’on avait des camions cachés sous un caillou.
– Bon, mettons. Mais comment allez-vous sortir de la zone ? Je vous rappelle qu’elle est entourée d’un gigantesque mur.
– On… on va dire que… que Lunettes Bis a les codes…
– Mais pourquoi ? Et quand bien même : vous n’allez pas me dire que ce sont des murs de prison… qui s’ouvrent de l’intérieur avec juste un code !
– Eh bien si !
– Mais et les gardes ?!
– Il n’y a pas de gardes. Il y a des portes gigantesques, mais juste un digicode.
– Okay, mettons : vous trouvez des camions. Vous avez les codes des portes. Personne n’a pensé à garder lesdites portes. Vous comptez traverser tout le pays avec des dizaines de robots interdits, dont un de 30 mètres, sans que personne ne remarque rien ?
– Exactement !
– Mais comment vous…
– Caporal Robobo ? Vous êtes débranché.
Et c’est ainsi que tout ce que vous venez de lire est vrai : en fait, la prison de super-sécurité visant à empêcher des robots tueurs de sortir, c’est juste un mur avec des portes non-gardées qui s’ouvrent avec un simple digicode. Et oui, ils ont des camions sortis de nulle part pour transporter leur petite armée de robots… et non, on ne voit celui de 30 mètres sur aucun plan. On va dire qu’il se téléporte entre les scènes pour faciliter le travail de ses amis.
Ce film est un gigantesque foutage de gueule.
Mais, finissons-en. Car peu après, à Seattle, toute l’armée de robots surgit pour attaquer le quartier général de John Trériche. Vous me direz « Holala, ça va être compliqué ! C’est quand même le quartier général de la seule entreprise qui produit les drones et logiciels qui ont permis de vaincre les robots partout dans le monde ! Ca doit être bien gardé, et les forces de l’ordre vont débouler en renfort promptement, si ce n’est l’armée ! »
Eh bieeeeeeeeeen…
Non.
Toute l’armée robotique improvisée peut se pointer sur la pelouse du QG, a même le temps de monter des trébuchets à frigos (oui, ils ont aussi emmené ça dans leur convoi), et c’est uniquement quand ils commencent à lancer des bagnoles dans les fenêtres de Trériche Corp que les employés décident de donner l’alarme. Alarme qui consiste à ce que John Trériche décroche un téléphone pour dire :
– Envoyez 100% de tous mes drones de sécurité à la porte nord !
– Vous…
– 100% ! Tous ! Aucune exception ! Ne laissez surtout aucune protection à l’intérieur du bâtiment !
– Vous êtes sûr que…
– Oui !
Et voilà comment absolument toute la sécurité de Trériche Corp tombe dans le piège à neuneus : tout cela n’est qu’une diversion pour permettre à Michelle de se faufiler dans le QG maintenant que toute la sécurité est partie. Elle y parvient sans aucun souci, gagne la salle où se trouve son frangin dans le coma, avec près de lui, le robot Cosmo éteint qui lui avait temporairement servi de corps. Car les méchants ont donc bel et bien remis son esprit dans son corps biologique. Heureusement, grâce aux casques magiques de Trériche Corp, Michelle peut plonger dans l’esprit de son frère, et lui parler.
– Chris ! Oh, mon frangin, tu m’as tellement manqué !
– Hmmm… maintenant que j’y pense, puisque je suis relié à tous les casques pour faire les calculs, p’têtre qu’on aurait pu faire ça depuis le début du film… toi qui mets un casque pour me parler ?
– Je te rappelle qu’on n’a jamais pensé à un papier et un crayon. Alors un casque, bon. En attendant, frangin, je vais te sortir d’ici !
– Impossible frangine ! Mon corps est dans le coma. Si on me débranche, je meurs. J’ai donc le choix entre être un outil de calcul pour Trériche Corp, ou mourir.
– Euh… mais sinon, la scène, que le docteur Lunettes avait même filmé, où tu sors du coma ? Qui prouve qu’en fait, tu peux le faire ? Même que c’est pour ça qu’il a été dégoûté de devoir t’y replonger de force, et qu’il a fui Trériche Corp tout en laissant une porte de sortie pour ton esprit ?
– Ah, tu veux dire le noyau de tout le film ?
– Oui.
– Ben on n’a qu’à dire qu’on a oublié, hihihi !
Je ne plaisante pas. Ça n’est même pas mentionné. À la place, on a juste Chris qui nous sort le fameux « Tu dois me débrancher, la mort, c’est mieux que d’être prisonnier ! »
Snif snif snouf, fait Michelle en enlevant son casque pour revenir au monde réel, clic clic clac font les boutons quand elle débranche son frangin, et prouprouproush font tous les drones de l’armée de Trériche Corp en s’effondrant tous en même temps maintenant que le cerveau de Chris n’est plus là pour gérer la connexion. Non, vraiment, je propose d’exécuter sans sommation tout scénariste qui propose de mettre à la fin du film une armée qui s’effondre sitôt qu’on ne sait quel bitoniau est détruit/débranché/volé.
Je vous passe d’ailleurs le récit de la baston au-dehors du QG pendant ce temps, qui n’a aucun intérêt, puisque tous les poncifs y passent. Comme les méchants en drones blindés… qui sont vaincus par des balles de baseball (sûrement des stortroopers), ou les vilains qui ne tirent jamais avec leurs armes pour ne pas gagner (ça vaut le coup d’œil tellement c’en est ridicule, on les voit juste courir avec leurs fusils). On a bien sûr le cliché de John Trériche qui intervient en personne avec un drone plus gros que les autres pour tuer le maximum de gentils possibles. Ce qui dégoûte Butcher, qui est là, et qui décide de changer de camp parce que « En fait, il est encore moins humain que les robots, donc je passe dans le camp des robots. »
Mec, t’as pas dû rencontrer beaucoup d’humains dans ta vie.
Sans Chris, non seulement l’armée de John Trériche s’effondre, mais aussi toute son entreprise. Partout dans le monde, les casques permettant de piloter des drones ou de visiter des mondes virtuels cessent de fonctionner, et c’est la grosse panique. Et quand en plus les gentils diffusent les images du corps de Chris, révélant que John Trériche a exploité un enfant pour faire des gros sous… le sieur Trériche tente de fuir le pays, et finit arrêté.
Quant à Michelle, elle retourne dans la zone à robots, dont on débat déjà de faire tomber les murs chez nos amis humains, et elle envoie un message aux médias, qui le diffusent partout dans le monde :
« Bonjour, je suis Michelle, la jeune femme qui a mené la révolte des robots contre Trériche Corp. Je veux vous dire que je sais que vous êtes tristes d’avoir perdu vos casques de VR, mais vous devez cesser de vivre dans un monde virtuel, et réapprendre à être en contact avec les gens autour de vous ! »
Voilà qui fera plaisir à Gégé, ouvrier dans le bâtiment, qui au lieu de piloter un drone tout en se grattant à la maison (car les casques permettaient de jouer tout en travaillant), va devoir retourner s’éclater le dos à soulever des poutrelles. On appréciera aussi le message digne d’un Powerpoint de Josiane des RH. Et ça continue :
« Vivez votre vie avec ceux que vous aimez, pas avec des outils numériques. Et si vous n’avez personne, venez avec nous, dans la zone. Nous serons votre nouvelle famille ! »
Alors d’accord, mais sinon ? Pourquoi est-ce qu’on entend qu’il va y avoir un débat pour faire tomber les murs de la zone ? Quel rapport y a-t-il entre la chute de John Trériche et ça ? Aux dernières nouvelles, lui avait juste conçu la technologie qui a mis fin à la guerre. Là, aucun rapport avec la choucroute. En fait, c’est même le contraire : maintenant que Michelle a détruit la seule technologie qui pouvait arrêter les robots, la guerre ne risque-t-elle pas de reprendre ? Surtout vu qu’une partie des robots sont devenus des pillards fous dans la zone ? Et donc, sans murs pour les retenir, ils risquent de vadrouiller ? Quant au fait qu’une armée de robots ait détruit le QG de la défense humaine, on en parle ou ça va, c’est cool en fait de mener des attaques comme ça ? En fait, Michelle ne vient-elle pas de foutre une merde gigantesque qui risque de…
Non, rassurez-vous, personne ne se pose ces questions.
À la place, on voit juste le robot de Chris, Cosmo, qui se réactive au milieu d’une décharge, comme si un certain esprit était de retour et…
… FIN !
On ne l’avait pas vu venir non plus, dites voir. Que de créativité.

Vous ai-je parlé des ennemis volants qui volent juste à portée des mains des gentils ? Bon, ben c’est fait.
Pour votre information, avec 320 millions de dollars, The Electric State est le film le plus cher de l’histoire de Netflix.
320 millions.
Pour ça.
Diego ? Du brandy. Beaucoup de brandy, mon bon.
12.03.2025 à 09:10
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